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  • Les réflexions philosophiques de Bertrand Vergely sur les questions sociétales 7 ans après le Mariage Pour Tous

    Cette année 2022, Artisans de Paix invite Bertrand Vergely à s'exprimer lors de la Retraite interreligieuse au Centre spirituel des frères carmes de Avon. Le thème proposé est Les sens spirituels. Il en est question à travers l'émission ci-après.

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    Quand La Vaillante est née, le 16 février 2013, elle avait relayé la parole de Bertrand Vergely : Le mariage gay ou la dictature de la confusion. Dans l'émission suivante de KTO Conversations philosophiques, 7 ans plus tard et à la veille des 10 ans du Mariage Pour Tous, il formule a nouveau sa pensée, très clairement. Elle peut être entendue par chacun, loin de toute idéologie, revenant, au contraire, au bon sens et à la sagesse ordinaires qui savent s'émerveiller devant la vie.

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  • PMA-GPA : Le consentement à nos limites : un chemin de fraternité et de fécondité

    Chers amis,

    Merci d’être là.

    Nous sommes là parce que nous ne cédons pas aux modes et aux passades, « comme la paille balayée par le vent » (Ps. 1, v. 4). Nous sommes là pour « dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, dire bêtement la vérité bête, ennuyeusement la vérité ennuyeuse, tristement la vérité triste » comme l’écrivait Charles Péguy[1].

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    Quelle est-elle cette vérité ?

    C’est que notre société, adolescente, est incapable de poser des limites aux volontés individuelles, quelles qu’en soient les conséquences sur l’ensemble du corps social. (« Dire que je veux et le choix et ce que le choix m’interdit, ça devient une forme d’adolescence d’une société » disait Aïm Korsia, Grand Rabbin de France, devant l’Assemblée nationale, le 29 août 2019).

    C’est que la ‘PMA’ sans père n’a rien à faire dans une loi relative à la bioéthique, parce qu’aucun progrès médical n’est en cause - la première insémination artificielle date de 1790 (Hunter) - !

    C’est que ce n’est pas en créant, par la loi, des familles monoparentales, comme autant d’îlots balayés par le vent et par les vagues, que nous retrouverons le fil d’un projet national.

    C’est qu’après avoir réduit le père à un fournisseur de ressource biologique, c’est-à-dire à sa semence, nous réduirons la mère à son utérus. Édouard Philippe écrivait, d’ailleurs, en 2013 : « Nous nous opposerons résolument à la PMA pour les couples homosexuels féminins, et à la GPA qui, au nom de l'égalité, ne manquera pas d'être réclamée par la suite ».

    C’est que le relativisme des ”valeurs” et des ”lignes rouges” (même à la présidence du CCNE !) fait de nous un bateau ivre, sans boussole ni port d’attache.

    C’est que la suppression, par cette loi, du cadre pathologique de l’AMP nous conduira, cahin-caha, au bébé parfait pour tous… et à l’eugénisme libéral.

    C’est qu’un enfant, n’en déplaise au Rapporteur Touraine, a bien le droit d’avoir un père !

    C’est, Madame la Ministre de la Santé, que M. Elie Buzyn, dont la vie est une victoire contre la barbarie et contre la mort, n’est pas « une femme, une altérité, un oncle ou une grand-mère » mais est votre père !

    C’est que si l’intérêt de l’enfant est une ‘considération primordiale’, il n’est pas possible de consacrer - en même temps - le droit de tout adulte à accéder à une semence labellisée et à une assistance à la procréation, c’est-à-dire au droit à avoir un enfant !

    *

    Dira-t-on demain de nous, de la France : C’est un triste pays, celui dont le Président n’aime pas les enfants !

    *

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    Mais si nous avons à témoigner de la vérité, nous avons, aussi, à rendre compte de l’Espérance qui habite en nous

    Une autre société et autre projet de loi sont possibles.

    Une société dans laquelle la lutte contre l’infertilité serait une grande cause de santé publique.

    Une société dans laquelle l’indisponibilité et la non-patrimonialité du corps humain seraient gravées dans le marbre de la Constitution.

    Une société dans laquelle on prendrait soin, avec précaution, du scarabée pique-prune mais dans laquelle les enfants ne compteraient pas pour des prunes !

    Une société qui, au lieu d’adapter le corps des femmes au monde du travail (avec cette autoconservation ovocytaire qui est de la poudre aux yeux !), adapterait le monde du travail au corps des femmes.

    Une société qui limiterait l’absolutisme des techniques sur notre environnement mais, aussi, sur notre nature humaine, pour le bien des générations futures…

    Une société dans laquelle on continuerait à célébrer la Gloire de son père, tellement plus que celle d’un tiers donneur !

    Une société dans laquelle l’être humain, quel que soit le stade de son développement, serait toujours considéré comme une fin et jamais comme un moyen pour des chercheurs et pour des marchés…

    Une société dans laquelle l’homme et la femme feraient du consentement aux limites de leur corps et de l’acceptation de leurs manques, un chemin de fraternité et de fécondité…

    *

    L’espérance est

    « comme un enfant qui n’aurait pas la force de marcher

    et qu’on traînerait sur la route malgré elle.

    Et en réalité […], c’est elle […] qui fait marcher tout le monde.

    Et qui le traîne.

    Car on ne travaille jamais que pour les enfants »

    comme disait Péguy[2].

    Bertrand & Gaëlle Lionel-Marie
    Avocats au Barreau de Paris

    #Marchons Enfants ! Mobilisation nationale
    6 octobre 2019, Place du 18 juin 1940, Paris

     

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    [1] Charles Péguy, Lettre du Provincial, I, pp. 291-292.

    [2] Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu, IV, p. 537.

     

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  • La science-fiction pour tous c'est (toujours & encore) maintenant !

    lucien fornello,la france,politique,théorie du genre,homophobie,conscience,pma,gpa,lmptLa Vaillante souhaite donner à lire à nouveau cet article du 5 juin 2013, de Lucien Fornello, qui annonce la logique de l'histoire des transformations sociétales brutales amorcées avec le mariage pour tous : PMA sans père et GPA, contre lesquelles nous Marcherons pour la Liberté l'Égalité & la Paternité Marchons Enfants ! - Mobilisation nationale, ce dimanche 6 octobre 2019, à partir de 13h place Edmond Rostand, entre le Sénat et le Panthéon.
    Départ du cortège 1h-1h30 après. Direction Montparnasse, place du 18 juin 40 !

     

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    Deux photographies de La Manif Pour Tous Île-de-France — #Marchons Enfants ! - Mobilisation nationale n°1
    Place Edmond Rostand, au départ, et Place du 18 juin 1940, à l'arrivée.

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           On ne comprend rien à la problématique de la loi Taubira si on n'en mesure pas la dimension ultra-libérale, mondialiste et totalitaire. Les grandes banques de la planète, à commencer par la Goldman Sachs ; l'écrasante majorité, si ce n'est la totalité des grands groupes économiques ; enfin l'ensemble des institutions supranationales, comme le Conseil de l'Europe, soutiennent activement, d'une manière ou d'une autre, l'introduction de la théorie du genre dans l'éducation et dans les structures politiques de tous les pays, ainsi que le mariage homosexuel qui en est un premier fruit, un symbole et un cheval de Troie. Loin d'être une émancipation, je tiens que ce projet vise un asservissement. Il nous faut mettre des mots là où le pouvoir a placé des leurres, et retourner, là où on l'identifie, le retournement lexical qu'il aura opéré. Retourner le retournement, voilà une tâche qu'il ne faut pas faire trop mécaniquement... Pour notre bonheur, l'ennemi désigné, mais innommable au sens propre, ne peut avancer constamment masqué ni informulé. Aussi, même s'il est difficile de définir la nature du pouvoir contre lequel nous luttons, il est temps d'en dessiner quelques contours et d'essayer d'en saisir l'essence.

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           Certaines contradictions sont à interroger dans leurs nuances. Vivien Hoch, journaliste prometteur, rendait sur une radio libre, entre deux diatribes contre la loi Taubira, un vibrant hommage à Margaret Thatcher à l'occasion de ses obsèques. La dame de fer et Ronald Reagan, dans les années 1980, formèrent le redoutable duo qui accéléra la dérégulation économique. On ne peut sans doute pas les réduire à cela. On ne peut non plus nier que la gauche plus hypocrite n'a cessé de faire la même chose en prétendant le contraire. Mais les faits sont là, et nous vivons aujourd'hui les conséquences de ces décisions. Si Vivien Hoch en tant que « libéral-conservateur » salue celle qui représente le capitalisme triomphant, je lui suggère un petit effort de clairvoyance envers un certain nombre de paradoxes, de contradictions, de conflits que porte ce quasi-oxymore de libéral et conservateur. Ces tensions, pour être exposées et même incarnées en clivage politique, à commencer par celui entre gauche et droite, n'en restent pas moins des questions intérieures pour le penseur, des problèmes insolubles pour la collectivité, voire des dilemmes générateurs de souffrance. Je pense qu'il y a un piège pour la pensée de la liberté à rester dans ce droitisme qui ne mène qu'à la moitié du réel. Il n'est qu'à observer combien les médias et les hommes politiques cherchent à tout prix à politiser le mouvement « manif pour tous » dans le sens de ce clivage pour se convaincre qu'il s'y cache plus que jamais l'un des nœuds par lesquels un système nous tient.

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           Une difficulté, quels que soient nos fondements intellectuels, est de penser la nature du pouvoir ; de reconnaître qu'il ne s'agit pas de camps, ni même de classes, mais de quelque chose de plus insaisissable, qui a rapport au système politique et à la structure de notre économie. Nous devons admettre que même les institutions démocratiques ne suffisent pas à la justice ni même à la considération du peuple et de la nation. La liberté réelle, c'est-à-dire en grande partie économique, n'est pas mieux garantie dans un monde libéral où règnent les multinationales que dans un système plus mixte. Le problème est que nous appelons libéral ce qui en est par endroits presque l'opposé, et que nous qualifierons facilement d'anti-libérale une lutte qui a pourtant tous les aspects d'une défense de la liberté, y compris économique. Quel est ce paradoxe ? Comment voir à l'endroit ce qui se propose à l'envers depuis si longtemps à notre esprit ?

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           La complexité de ce monde et de ce système ne peut nous empêcher une simplicité radicale du constat : aujourd'hui la finance, les banques, ainsi que les multinationales de l'agro-alimentaire, de l'industrie (notamment militaire) et des services – parfois des deux ou des trois ensemble – tiennent le pouvoir politique et médiatique d'une manière qui ne s'est jamais vue auparavant. Le politique apparaît dissous dans ce méta-pouvoir qui l'englobe et qui lui donne ses missions. Mais on n'a rien compris à notre époque si on n'a pas identifié la part idéologique nécessaire à ces puissances désincarnées : la mission de l’État, un peu partout, n'est plus seulement de faire le flic ou l'éducateur, mais de vertébrer idéologiquement l'énorme Mammon autrement trop mollusque ou trop brutal et qui, pour puissant qu'il soit, n'est jamais qu'une illusion. Illusion, certes, qui devient réelle – notamment lorsqu'elle s'appuie sur des armes ou qu'elle crée de la monnaie – mais illusion quand même. Ainsi devient-il quasiment proverbial que le dollar maintient sa valeur du fait qu'en dernière instance il ne trouve sa réalité, sa protection, sa vérité que dans les bombes atomiques américaines, alors même que l'armement exorbitant des États-Unis n'a été possible en large partie que par le leurre du dollar... Nous voilà apparemment loin de la France, de la souffrance du citoyen sincère de gauche, qui ne comprend pas pourquoi on devrait liquider un système social protecteur ou interdire une participation de l’État à l'économie en vue du bien commun ; et de celle du citoyen sincère de droite, qui reste pétrifié et souvent impuissant face au gâchis des énergies, à la haine de soi et au renversement des valeurs. Nous voilà loin apparemment du sujet lancé, la question du mariage homosexuel dont les opposants, après tout, aurait pu se recruter sur notre gauche en cas de référendum. Pourtant, on peut se demander si les angoisses de l'un et de l'autre ne sont pas non seulement toutes les deux légitimes, mais souvent les mêmes – et si, finalement, il ne faut pas aller voir d'un peu plus près comment s'organise entre droite et gauche une alternance-leurre qui nous dessaisit de notre destin. Ainsi pourrons-nous nous désenvoûter de ce système entré dans les psychismes, et mieux construire une alternative populaire affranchie de ce clivage. Comme le référendum de 2005, le mouvement contre le mariage homosexuel est une occasion de repenser la chose politique, d'identifier le pouvoir qui nous menace, mais aussi de prendre en considération l'existence d'un levain par-delà gauche et droite, qui est notre seul trésor en tant que peuple.

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           Jean-Claude Michéa dans ses derniers ouvrages, notamment Le Complexe d'Orphée (éditions Climats), rappelle quelques vérités oubliées : l'origine philosophique de la gauche est les Lumières, une pensée économiquement et politiquement libérale. Au XIXème siècle, la gauche est le parti bourgeois, libéral et anti-conservateur. Les mouvements socialistes et ouvriers en sont distincts. Ce n'est que tardivement, au début du XXème siècle, que ces mouvements, largement contaminés par le matérialisme marxiste, s'y coaliseront à l'occasion de l'affaire Dreyfus. La gauche devient alors un camp bourgeois et ouvrier. Le progrès, un temps, sera le terme incarnant la jonction. L'anticléricalisme pourra faire ciment – ce qui prouve d'ailleurs que la gauche, qui a certains aspects d'un christianisme sans Dieu, détruit ce qui s'oppose le mieux à la folie économique, à savoir la religion. Du coup, cette gauche libérale et marxiste incarne le sens de l'Histoire, la marche en avant, la table rase. Toute sorte de charmantes locutions rappellent ce tropisme du progrès plus ou moins révolutionnaire. Dès le début, cela chante les louanges du libéralisme autant que du marxisme et cela contrarie, inquiète l'homme en sa chair, c'est-à-dire l'ouvrier, le pauvre que nous sommes tous, qui risque de perdre son bien le plus précieux – ses racines et son horizon spirituel. D'où, dès le XIXème siècle, les soupirs dépités des élites contre le peuple réactionnaire... Écoutez comme ce mouvement résonne dans l'Assemblée Nationale ou dans les médias, comme il se chuchote dans les petits bureaux, pour définir et lancer de telles réformes que la loi Taubira.

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           Il y a certes une différence fondamentale entre l'enthousiasme des lendemains qui chantent décliné en fascisme (qui a, ne l'oublions pas, des racines dans le syndicalisme révolutionnaire) ou en stalinisme, c'est-à-dire en volontarisme et en constructivisme, et, d'autre part, la marche en avant du libéralisme qui compte sur le pluralisme économique et politique autant que sur le fameux laisser-faire. Mais si effectivement on nous laissait faire, si on laissait la société vivre un peu d'elle-même, il n'est pas du tout sûr qu'on aboutirait au sans-frontiérisme économique et symbolique d'aujourd'hui. L'un des meilleurs exemples de la torsion que font subir certaines élites à la société est la Révolution Française. Turgot est comme un symbole de sa double-face. Du « parti des philosophes », devenu ministre des finances, il lancera des réformes libérales notamment sur le contrôle des prix et des spéculations. Il s'en est suivi ce qu'on a appelé la « révolte des farines » dans les années 1770, dont on a dit qu'elle préfigurait 1789. Ainsi, cet homme des Lumières par sa main gauche annonce la République des droits de l'homme tandis que par sa main droite il pousse le peuple à la faim et à la sédition ! Ce n'est pas un simple paradoxe. On voit de même les lois d'Isaac Le Chapelier détruire dès le début de la Révolution tout ce que l'Ancien Régime avait construit d'équilibre économico-social, notamment certains droits des travailleurs de se rassembler en corporations. Il n'est pas sûr que le peuple y ait gagné. La dérive totalitaire de la Terreur, la répression génocidaire contre le peuple vendéen forment une autre face du phénomène. Les français ont vécu dans ces années à peu près toutes les problématiques de notre modernité. Mais la question est toujours la même : où est la vraie liberté des individus, des corps, de la société, comment trouver le vrai libéralisme et le mettre en mouvement ? 

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           À l'heure actuelle, il se dessine une forme de totalitarisme par les décisions d'un pouvoir mondial ni élu, ni représentatif, ni transparent. Or, ce pouvoir se forme d'un mélange entre un libéralisme financier et une idéologie libertaire, entre la fiction d'une planète mixée et une dureté économique de plus en plus palpable. La gauche, c'est toujours ce mouvement en avant, qu'il soit de construction ou de destruction, tandis que l'idée de droite est éminemment conservatrice. Aussi, les mouvements nationaux-socialistes, ou fascistes, sont des bêtes bizarres qu'on ne peut placer à droite ni à gauche, car la droite peut être autoritaire, non pas révolutionnaire ni totalitaire. Être de droite, c'est seulement ne pas être de gauche et, pour des raisons diverses, ne pas adhérer à une idéologie ou un projet. C'est ce qui aujourd'hui se retourne plusieurs fois pour faire du socialiste réel un conservateur et du libéral de droite un liquidateur. Si on refuse de penser ce retournement et cette « pensée double » du système, on risque de toujours se tromper de combat, qu'on soit de droite ou de gauche. Mais il y a plus : l'idée de gauche repose sur l'idée que l'homme peut lui-même non seulement faire son monde mais se refaire lui-même. Cela a peut-être une origine dans cette préférence hautement libérale et révolutionnaire pour la notion de droit par rapport à celle plus religieuse de personne – substitution qui mène au relativisme. Ainsi, les humanismes promothéens du communisme ou du fascisme, l'humanisme plus ouvert du libéralisme juridique, ou encore l'humanisme utopique-naturaliste de l'écologie, si différents paraissent-ils entre eux, s'opposent tous à l'humanisme chrétien, qui repose sur l'unicité de la personne et l'égale dignité des êtres, où il place quelque chose de sacré, c'est-à-dire qu'on ne peut toucher ni remplacer. La technologie et la science peuvent aujourd'hui réaliser partiellement le fantasme de dépassement de l'homme par l'homme et elles produisent une gauche d'un nouveau genre, « stade suprême du capitalisme » selon Jean-Claude Michéa, et que j'appelle, pour ma part, la gauche transformiste.

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           Aujourd'hui, la gauche fournit l'alibi du progrès à la liquidation permanente qu'opère le capitalisme total tandis que la droite l'établit comme le règne de la liberté. Nous pouvons observer cependant à quelle époque la gauche cesse d'être elle-même double (bourgeoise-ouvrière), c'est-à-dire, en somme, à quel moment elle abandonne la thématique sociale et au moins l'apparence d'un discours de défense des travailleurs. En France, c'est dans les années 80 que s'opère ce changement. Au sujet de l'immigration, c'est spectaculaire : alors que tous les mouvements ouvriers se déclaraient contre, non par xénophobie, mais parce que fondamentalement ce n'était pas l'intérêt du travailleur ni d'ailleurs une aspiration de l'intellectuel sincère, voilà que soudain les élans anti-racistes se multiplient ; que l'accueil de l'étranger, vertu essentielle, devient le socle dévoyé d'une propagande immigrationniste larmoyante et que, suprême détournement, on invoque la diversité, réalité humaine vitale, comme une valeur obligée, uniformisante. Il faut se souvenir des déclarations en 1980 du premier secrétaire du Parti Communiste Georges Marchais qui condamnait l'immigration comme une demande patronale contre les intérêts de l'ouvrier pour se convaincre du changement radical de logiciel. Il faut se souvenir aussi que c'est à partir de 1969 un gouvernement appuyé sur la majorité la plus droitière de notre Histoire qui a, d'une part, accéléré l'immigration, au prétexte, selon Pompidou, « qu'ils en voulaient toujours plus » – ce « ils » désignant les industriels – et, d'autre part, les premières lois contre la discrimination qui, sous de nobles aspects, commençaient à défaire la préférence nationale, autre nom de la citoyenneté, en distribution généreuse des droits « à tous », allant vers une dépossession progressive du travailleur français.

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           Ce même Pompidou, ex-employé de la banque Rotschild, fera voter la fameuse « loi 73 » qui ôte à l’État français sa capacité de battre monnaie, le mettant du coup dans la main des marchés, changement conçu avec le ministre des finances Giscard promis à un bel avenir. (Notons au passage qu'aujourd'hui le fait, pour un état, de mettre la main sur sa banque centrale n'est même plus critiqué pour des raisons techniques mais idéologiques : comble du retournement lexical, on considère ce geste comme une atteinte à la démocratie, par exemple au sujet de Victor Orban en Hongrie, alors que c'est le retour de l'argent au service du bien commun). C'est sous ce même Giscard devenu à son tour président que les premières lois du regroupement familial furent promulguées. En substituant l'étranger à l'ouvrier, la gauche n'a donc fait que se convertir à ce projet économico-politique de l'immigration massive en lui donnant, il est vrai, sa caution morale et en étouffant, que dis-je, en culpabilisant les protestations du petit travailleur qui aspirait à une légitime priorité. Jean-Marie Le Pen et les médias se chargeront de colorer de soufre une revendication pourtant si juste, si modérée. Entendons-nous bien : ce ne sont pas les immigrés, nos frères comme tout autre, souvent eux-mêmes le jouet de ces puissances, ce sont les pouvoirs cyniques de la grosse économie et de la fiction idéologique du métissage universel qu'il faut ici pointer. À partir du moment où ces personnes sont entrées sur le sol, les conséquences de leur accueil et de leur droit non seulement ne sont pas à remettre en cause, mais tout renouveau ne se fera qu'en incluant tous les citoyens dans un projet national. En revanche, on peut s'interroger sur la sincérité d'une gauche qui appelle à toujours plus d'immigration au nom des droits de l'homme ainsi que d'une vision multicolore de la société déracinée, accomplissant en cela l'un des vœux principaux du marché qu'elle prétend combattre – et sur la sincérité d'une droite qui en dénonce les méfaits alors qu'elle en est l'instigatrice, qui fait mine sans arrêt de la modérer ou d'en durcir les conditions sans rien faire qu'attiser des sentiments de plus en plus vains, malsains et impuissants. On peut se demander si l'intégration, concept qui ne va pas de soi, est aujourd'hui seulement possible et si ce n'est pas ça le but recherché : le fractionnement des nations et le déracinement surplace des populations européennes.

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           Quel rapport avec le mariage homosexuel, me direz-vous ? J'en vois plusieurs. D'abord, il s'agit d'une loi qui concilie le pire de la gauche et de la droite, en bref qui incarne la jonction entre le transformisme social et le libéralisme économique. L'autre enseignement, c'est que les forces politiques « tournent ». La gauche passe du libéralisme à l'étatisme, puis, comme la droite, elle fait le contraire, et l'une et l'autre oscillent entre des désirs de « marche en avant » d'un côté et de protection ou de reconstruction de l'autre – du moins dans leurs discours, afin d'amadouer le peuple. Aussi, la revendication du mariage homosexuel ne me semble pas être un combat « de gauche » ni, à fortiori, notre opposition être un combat spécifiquement « de droite » au sens où sont les clivages d'aujourd'hui. Cela, si différent parût-il au premier abord, se rapprocherait plutôt de la mobilisation populaire contre le projet européen de 2005. Et c'est un signe des temps. L'opinion change au gré de ses difficultés et de l'épreuve du réel, par exemple au sujet de l'euro et de l'Union Européenne, et c'est une vertu de la démocratie que d'avoir toujours ce thermomètre. Or, les élites ne prennent plus en compte les températures qu'il indique. Elles mettent en scène, au contraire, la disqualification de ce thermomètre en invoquant l'extrémisme ou le populisme.

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           Il est temps de l'admettre : nous ne sommes plus maîtres chez nous. Pas plus nous, petit peuple, que le sous-fifre François Hollande. Et s'il tient bon à tout prix, s'il ne reviendra probablement pas sur la loi Taubira et si aucun homme politique n'y touchera dans les années qui viennent, c'est parce qu'un certain pouvoir supranational l'exige : il y a des pressions dans ce sens et cette loi doit absolument passer en France comme dans d'autres pays. Comment expliquer autrement qu'elle soit votée en ce moment à Chypre, en Angleterre et ailleurs, sous diverses formes ? Nous devrions en tenir compte dans notre stratégie de communication et d'information : plutôt que de crier au pourvoir « cède ! » nous devrions lui dire « résiste en notre nom ! ». Aussi, entre le référendum sur l'Europe et les mouvements d'aujourd'hui, on observe d'étranges similitudes : même fracture entre les élites et le peuple, même désinformation et propagande, même activité militante et multiple, même désir de dignité, même diabolisation du peuple. Et, plus que tout, même fracture entre un pouvoir devenu insaisissable, international, et une conscience d'en bas qui, passant sans doute par quelques fantasmes, commence à entrevoir à qui elle a affaire. D'où l'enseignement essentiel à en tirer dans notre lutte : ce n'est pas en validant et en durcissant le clivage gauche-droite comme le veut ce pouvoir qui divise pour mieux régner que nous réussirons à le combattre, c'est au contraire en rassemblant le peuple autour de ses intérêts vitaux en attendant, en espérant qu'en émanent des forces politique nouvelles. D'ailleurs, il ne faut pas faire un effort si violent pour s'imaginer une situation exactement inverse : à savoir un pouvoir de droite libérale décontractée proposant le mariage homosexuel au nom du libéralisme et de la marche en avant, dans le but d'étendre à la procréation et à l'enfant le marché tout-puissant qui est son dieu avoué, et une partie de la gauche mobilisée sincèrement contre au nom du refus de la marchandisation de l'être humain, avec une partie plus centriste gênée aux entournures qui jouerait la carte de l'opposition politique en surface avec une connivence de fond. C'est plus que plausible et c'est un cas de figure dont on doit pouvoir trouver l'exemple, peut-être en Angleterre.

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           La stratégie de l'affrontement parfois bizarre, comme si nos gouvernants provoquaient volontairement le peuple, s'explique donc parce que le pouvoir ne doit pas céder, mais aussi pour une raison encore moins avouable : elle vise à cacher la misère dans laquelle il se trouve du fait de son obéissance au schéma économique global sans aucune alternative, misère qui pour l'instant se traduit par un dilemme plus ou moins à l'esprit des gens avertis, à savoir que notre gouvernement tarde à s'engager dans un cycle de réformes d'adaptation extrêmement impopulaires pour éviter d'être balayé par l'opinion, au risque de l'être par le défaut de paiement... Il temporise, attendant le moment de panique et de bousculade qui permettra de faire toutes les liquidations nécessaires, avec peut-être un resserrement de nos libertés politiques (internet, notamment, pourrait subir une restriction car, comme vous le constatez, c'est dangereux...) Le pouvoir jouera donc à fond la carte du « bouclier légitime » contre une révolution qu'ils s'empresseront de placer à l'extrême-droite, à mesure d'ailleurs que cette qualification finira par devenir réelle tout en étant, de fait, fabriquée. J'aimerais préciser quelque chose : l'adaptation économique au mondialisme qu'on nous propose est presque sans fin. On nous demandera toujours d'aller plus loin. Aussi, si on se laisse dépouiller, nous n'aurons bientôt plus aucun moyen de riposter et le pays fracturé sera littéralement à vendre. En clair, quand les français n'auront plus d'armée de haut niveau, il ne restera presque plus rien pour résister à leur intégration dans le meilleur des mondes, rien que nos corps, nos sueurs et notre vocation spirituelle.

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           Nous voilà entrés dans un moment que je propose d'appeler, en badinant un peu, la science-fiction pour tous. En effet, beaucoup d'ingrédients d'un film ou d'un livre, d'ailleurs assez mauvais, sont réunis dans les événements que nous vivons. D'abord, il y a une complète déconnexion entre un pouvoir de représentation dans tous les sens du terme – politique, linguistique et médiatique – et ce qu'il est censé représenter, à savoir les citoyens d'une part, le réel d'autre part. Cette disjonction devient si criante que même nos efforts pour ne pas basculer dans la fameuse « théorie du complot » finissent par être les sages modérateurs qui nous permettent seulement d'aller plus loin dans l'élucidation de ce cauchemar. Mais le plus grave, ce n'est pas cette déconnexion comme une sorte de dérive de l'élite en sa cage dorée, c'est la profondeur de la modification du réel par le langage. La dernière phase avant le vote du texte a vu le trucage des photos et des chiffres des manifestations ; un vote au Sénat pour le moins trouble ; et surtout la fabrication médiatique massive d'agressions hélas banales dans notre « France d'après » mais transformées en une montée nationale de l'homophobie astucieusement associée, voire carrément assimilée à notre mouvement qui n'avait rien à voir. Mais le chef-d’œuvre en terme de science-fiction est le projet lui-même : indistinction des sexes ; modification du vocabulaire ; éducation idéologique ; fabrication de bébés en vue de les vendre ; location de ventres... Une pondeuse humaine peut, en Inde, porter un embryon dont le sperme vient d'Australie, l'ovule d'Espagne, conçu dans un laboratoire américain, et elle devra rester dans une chambre collective neuf mois sous surveillance avant d'accoucher d'un enfant qui ne sera pas de sa couleur et qui sera, aussitôt, livré à des homosexuels aux Pays-Bas. Et si vous vous opposez à ce charmant tableau, vous serez un ennemi de la liberté et du progrès, tandis qu'un néo-puritanisme incriminera toute allusion à la différence des sexes. La science-fiction pour tous, c'est maintenant !

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           Nous voyons les habituelles dérives du pouvoir prendre ces formes d'autant plus effrayantes qu'elles paraissent durables : le peuple protestant contre son asservissement, pour sa dignité, est assimilé à une menace contre la liberté, voire à une racaille terroriste, alors qu'une autre partie du peuple apparaît lobotomisée en accréditant ce discours de haine. Le renversement du vocabulaire est permanent. Ainsi, le mariage homosexuel, victoire du nombrilisme pour ses rares défenseurs sincères, devient selon Mme Taubira une « victoire de l'altérité » avec Lévinas à l'appui, philosophe pourtant conservateur. Il devient « choquant » selon Monsieur Bergé de s'opposer à la gestation pour autrui alors que pour n'importe quelle conscience claire le terme « choquant » s'applique à la pratique elle-même. Enfin, nous avons entendu que la loi votée est une « victoire de l'amour contre la haine », là où, pendant des mois, les opposants ont essuyé les opprobres et parfois les matraques sans perdre leur sang froid parce qu'ils étaient mus justement par un certain amour, tandis qu'ils voyaient, de l'autre côté, se dessiner une forme de haine d'autant plus inquiétante qu'elle jouit de moyens étatiques, économiques et médiatiques presque écrasants. Oui, cela a quelque chose de la science-fiction. Mais gardons courage. Fourbissons nos armes intel-lectuelles. Convainquons les citoyens. Travaillons, mes amis. Notre révolution sera une contre-révolution par sa profondeur et sa paix – même si sur le plan symbolique une démonstration un peu musclée est sans doute nécessaire. Quant à la force, il faudra se mettre en position de l'employer au moment où elle sera devenue légitime.

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           Entendre tous les jours des mensonges finit par les rendre réels – en fausse monnaie, certes – mais tout de même efficacement. Nos lieux de travail ou de rencontre nous permettent de vérifier, hélas, que si nous sommes de plus en plus nombreux à démasquer au moins une partie de ce pouvoir mensonger, il reste puissant sur une grande partie de nos concitoyens. Ainsi une collègue, connaissant mes opinions, vint vers moi affolée, au moment de la « semaine sanglante », pour me dire : « Alors ? Tu as vu ? Les homos s'en prennent plein la gueule. Faut quand même faire attention à ce qu'on dit, hein ? » Le plus triste était la sincérité de sa colère, après même que je lui eus expliqué qu'il y avait au moins une part de manipulation. Démontons, sans nous lasser, ce mécanisme de sidération dès qu'il nous apparaît. Quand la droite alerte sur la dette et sur le système social trop coûteux, quand la gauche nous inquiète sur notre retard en termes de mœurs ou sur notre repli identitaire, elles font le même travail de culpabilisation des consciences par la sidération, au service du même pouvoir invisible, adémocratique et bancaire, dont le but de plus en plus transparent est de nous asservir pour se gorger de notre travail.

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           La loi Taubira s'inscrit dans un projet mondial totalitaire. On nous dit que le peuple a voté, que la gauche n'a pas caché son programme, qu'il y a donc une légitimité démocratique dans cette loi et que leurs opposants deviennent des menaces pour la République – on se moque de nous. Rappelons d'abord qu'au second tour des présidentielles, pour la première fois dans la Vème, François Hollande a été élu sans obtenir la majorité des votants, tant le nombre de bulletins blancs a été massif, autour de deux millions. Ensuite, posons-nous plus fondamentalement la question de savoir qui écrit ces programmes, par qui ils sont demandés, et à qui ils sont destinés. Non seulement les français pour la plupart n'en ont que faire, mais les homosexuels eux-mêmes n'ont jamais réclamé le mariage à part une minorité agissante qu'ils apprécient peu. Et il est évident que, passé l'effet comique du « ah, s'ils s'aiment, qu'ils se marient » et que les véritables conséquences du projet apparaissent, le peuple se réveille et refuse catégoriquement. Qui donc veut, qui donc voulait cette loi ? Si vous vous concentrez sur François Hollande ou le Parti Socialiste, vous vous fourrez le doigt dans l’œil. Ils furent convaincus par qui ? Je vous le donne en mille : Dominique Strauss-Kahn, car c'est un projet de l'oligarchie mondiale et c'est pour cette raison, cette unique raison, que le gouvernement ne reculera pas. S'il reste une gauche populaire authentique, on peut lui demander de nous affranchir de cette peste oligarchique qui nous impose la fabrication et la vente des bébés, dans un but final qu'il ne vaut mieux pas imaginer tant il nous glace les veines... Entre la gauche transformiste et la droite décontractée il n'y a pas l'épaisseur d'un papier à cigarette, même s'il existe des parlementaires qui ont pour l'occasion sincèrement défendu notre mouvement et lutté contre ce projet. Les autres, au service d'un pouvoir mondial bancaire, n'ont que faire des jérémiades – ils font leur boulot : liquider la France (bientôt son armée) ; asservir son peuple ; déraciner sa culture et sa langue ; car le peuple français est un ennemi viscéral, par sa conscience et son Histoire, de ce pouvoir à dominante anglo-saxonne, impersonnel comme le silence de l'or. Leur but sera bientôt de vous arracher à votre langue. La défense du Français fait intégralement partie de notre résistance par la dignité. On a le droit de refuser l'imposition de la langue unique de la mondialisation et son introduction à travers les médias, la publicité et bientôt l'éducation. Il existe un projet de passage à l'anglais de tout notre système éducatif. Cela passe par la « tête », d'abord, l'enseignement dans les facultés et les grandes écoles, comme cela vient d'être voté, puis cela redescendra jusqu'à faire jonction avec les projets d'écoles maternelles en anglais qui ne tarderont pas à fleurir. Pour en revenir au fond, et c'est la thèse essentielle de cet article, nous assistons depuis déjà quelque temps à la fusion du Marxisme et du Libéralisme qui étaient déjà des frères, dans un projet mondial de liquidation de toutes les structures au profit du seul élan capitaliste-progressiste. Un élan lui-même liquide... Si je suis favorable à une plus grande liberté économique des petits, étouffés qu'ils sont par une fiscalité délirante, je n'ai en revanche pas de fascination particulière pour le libéralisme global tel qu'il se dessine aujourd'hui en énorme absorption d'énergie, d'image et de matière... 

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           Le mariage homosexuel est une bonne affaire pour ce pouvoir idéologique. D'abord, il dissout la famille un peu plus, seule structure qui échappe à la domination politique ou économique. Il dégrade le mariage au statut de simple droit, accentuant la judiciarisation libérale. Il défait la vision séculaire du couple et de la famille. Il relativise les bases anthropologiques et crée un flottement des êtres. L'individu déconstruit est plus facile à modeler. Mais surtout, il fonde un nouvel ordre parental et dissocie la procréation de son acte naturel. Il ouvre un marché juteux (deux milliards de dollars en Inde) et fait considérablement reculer les tabous. Acheter un enfant, c'est aussi un enfant à jeter, si vous me permettez cette violence du jeu de mots. Aussi, non pas immédiatement, mais à long terme, c'est le moyen de jouir d'esclaves, éventuellement de victimes sacrificielles. Bien sûr, les conséquences ne seront pas immédiates, ce pouvoir a tout son temps, et il le prend, pour accomplir un projet qui nous est de plus en plus clair, mais qui n'aboutira jamais, du moins pas complètement. Entre le marxisme et ce libéralisme, il y a de nombreux points communs, le premier étant de considérer l'homme comme une matière – et ce n'est pas un accident : la pensée de Marx doit beaucoup aux Lumières anglaises et françaises, même si ses inspirateurs principaux sont les penseurs allemands comme Hegel et Feuerbach. C'est pourquoi j'interpelle amicalement Vivien Hoch et, à travers lui, ces blogueurs qui se définissent comme libéraux-conservateurs. Peut-être cela suscitera-t-il un débat difficile, mais fécond. Je ne résiste pas à vous resservir cette prophétie de Bernanos qui, dès 1948 – je le cite en substance – déclarait : libéralisme et marxisme apparaîtront bientôt pour ce qu'ils sont, les deux mâchoires d'une seule gueule – le matérialisme – qui ne tardera pas, s'il n'y prend garde, à broyer l'homme tout entier. Et la science-fiction revient : on fabriquera un homme volontairement déraciné. Certains livres comme les contes de fée seront interdits aux enfants parce qu'ils leur donneraient une image trop orientée des sexes. L'introduction de la théorie du genre dans l'éducation des plus petits fait partie d'un projet de contrôle : le fameux « diviser pour mieux régner », utilisé à l'échelle des nations, des peuples, des tribus, sera dorénavant introduit dans l'individu multipolaire. L'être flottant qui ne connaît même pas son sexe me semble un excellent candidat à une certaine forme d'asservissement par l'auto-éclatement et la consommation de ses existences. Hannah Arendt disait que l'un des critères du totalitarisme était l'abolition des différences. En s'attaquant à la distinction sexuelle, le nouvel ordre mondial s'en prend à la plus intime, la plus fondamentale, la plus féconde sur tous les plans de nos différences créatrices d'ordre. Est venu le temps où les puissances ne dominent plus par l'ordre, mais par le chaos et la liberté. Mais c'est cette liberté pourtant, que nous chérissons, qui vaincra – une liberté retrouvée dans son sens vrai, c'est-à-dire ayant retourné le retournement pour enfin voir clair – une liberté réelle, vivante, ouverte – qui déteste la fiction qu'on lui substitue.

     

    Lucien Fornello

    5 juin 2013
    pour La Vaillante

     

     

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  • Audition (PMA/AMP) de La Manif Pour Tous à l'Assemblée Nationale - 24/10/2018 : Texte intégral de l'exposé

     

    Vidéo sur Périscope : Audition de La Manif Pour Tous à l'Assemblée Nationale - 24/10/2018

     

    Texte intégral de l’exposé

    1 – La question qui nous est posée

    Toutes les 40 secondes en moyenne, un bébé vient au monde en France. Même lorsqu’il naît d’un couple homme-femme uni au moment de la naissance, nul ne sait si quelques mois ou quelques années plus tard, il ne vivra pas, par exemple, avec un seul de ses parents ou l’un de ses parents et un autre conjoint, de sexe différent ou de même sexe.

    Depuis toujours en effet, des enfants ont été élevés par leur mère seule ou par l’un de leur parent et un « beau-parent », ce qu’on appelle aujourd’hui des familles monoparentales, recomposée ou homoparentale.

    Ce sont là des faits, qui n’ont rien de nouveau : une réalité, que nul ne peut contester.

    Nous commençons par là pour souligner un point essentiel : la question qui nous est posée aujourd’hui sur l’éventuelle extension de l’assistance médicale à la procréation aux femmes seules et aux couples de femmes n’a rien à voir avec cela. Il ne s’agit pas de parler des familles monoparentales, recomposées ou homoparentales. La question n’est pas celle-ci. Et d’ailleurs nombre de déclarations politiques et médiatiques sont trop souvent à côté de la question en jeu. Il ne faut pas se tromper de sujet !

    La question qui nous est posée, la seule, c’est de déterminer si nous pouvons – en termes d’égalité, de justice, d’éthique – décider de priver délibérément, sciemment, des enfants de père dès avant leur conception :

    Est-il envisageable qu’une société décide de créer volontairement les conditions qui feront que des enfants naissent de père inconnu ? des enfants qui seront privés de père toute leur vie !

    Autrement dit peut-on dire qu’avoir – ou ne pas avoir – de père est sans importance, indifférent dans la vie d’un enfant ?

    Alors que tous les enfants ont un père et une mère – qu’ils connaissent leur père ou non, qu’ils vivent avec lui ou non – peut-on considérer que les enfants nés de AMP, eux,pourraient être volontairement privés de père ?

    Pour le dire autrement, les enfants nés de PMA n’auraient-ils pas les mêmes droits que tous les enfants ?

    Peut-on aller, en somme, à l’encontre de l’article 1 de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen selon lequel « les hommes naissent libres et égaux en droits » ?

     

    2 – Que représente le fait de naître de père inconnu ?

    Pour chercher des réponses objectives à cette question, nous avons deux possibilités :

    La première serait de s’appuyer sur des études scientifiques. Malheureusement, le CCNE nous dit lui-même, dans son avis n°126, que « les études sur le vécu des enfants nés ou non d’IAD dans des familles homo- et monoparentales a fait l’objet d’études récentes, mais souvent entachées d’erreurs méthodologiques et dénuées de pouvoir statistique ».

    Cette absence d’études fiables devrait au moins nous inciter à appliquer le principe de précaution, c’est-à-dire à ne pas avancer en l’absence de certitudes étant donné le risque d’injustice pour l’enfant.

    Il y a cependant une seconde possibilité, qui est de nous appuyer sur l’expérience humaine.

    Nous pensons d’abord aux enfants adoptés. S’ils ont été adoptés, c’est parce qu’ils ont d’abord été orphelins. Parce qu’ils sont nés à l’étranger dans des contextes difficiles, ou parce qu’ils sont nés sous X en France, un certain nombre ne savent rien de leurs parents d’origine. Or, nous constatons que nombre d’entre eux, alors qu’ils ont été adoptés par des familles aimantes, recherchent leurs origines.

    Cette quête peut envahir toute leur vie, parfois même jusqu’à l’âge adulte. Je me souviens de Lucas, un homme de 65 ans, né et adopté en France, qui avait pu compter chaque jour de sa vie sur l’amour de ses parents adoptifs, et qui me racontait, les larmes aux yeux, le vide qu’il ressentait en lui-même, le fait qu’il ne pouvait se rattacher à rien ni personne, qu’il ne pouvait se connaître vraiment. De fait, le CCNE indique que la connaissance de ses origines est « un élément structurant de l’identité des personnes ».

    D’autres cas, plus proches encore de la question qui nous intéresse, sont ceux des enfants nés d’une insémination avec donneur.

    Les premiers enfants nés à l’issue d’une IAD ont aujourd’hui plus de trente ans. Nous avons donc du recul à ce sujet. Et le fait est que nous savons que c’est une source de souffrance pour un certain nombre d’entre eux, au point qu’ils ont constitué des associations pour mettre fin à l’anonymat des donneurs, pour qu’il n’y ait plus d’enfants qui, par décision de la société, naissent d’un inconnu.

    Leurs nombreux témoignages sont éloquents. Ils emploient souvent les termes d’ « abîme », « flottement », « exclusion », « solitude », « torture psychologique », etc.

    Nous ne pouvons donc prétendre qu’être né d’un inconnu est indifférent.

    Reconnaissons-le, nous tous présents dans la salle ou suivant nos débats en vidéo, personne ne peut souhaiter à quelqu’un de naître de naître d’un inconnu.

    Alors, pourquoi provoquer volontairement de telles situations ?

     

    3 – L’absence de père est-elle sans importance pour l’enfant ?

    Cependant, les enfants nés d’une AMP avec IAD, jusqu’à présent, ont bien toujours un père qui les élève, un père « social » comme on dit, puisque l’encadrement de l’AMP la réserve depuis la 1e loi de bioéthique de 1994 aux couples homme-femme.

    Mais si l’assistance médicale à la procréation était ouverte aux femmes seules et aux couples de femmes, les enfants concernés vivraient en outre une absence totale de père : pas de présence paternelle, pas d’amour paternel, pas de père du tout.

    Certes, nous comprenons tous la puissance du désir d’enfant. Et nous sommes convaincus qu’une femme seule ou un couple de femmes apporteront de l’amour à l’enfant, qu’il sera choyé. Mais l’amour répond-il à tous les besoins d’un enfant ?

    La réponse est négative puisque, déjà, nous venons de voir que même élevés par des parents aimants, les enfants nés d’un don anonyme se posent des questions existentielles, parfois même envahissantes.

    Mais allons un peu plus loin :

    Se pose en effet la question du père : est-il important pour l’enfant ? Compte-t-il dans la vie d’un enfant ? Ou peut-on dire qu’un père peut être remplacé par une mère – ou deux mères ? Suffit-il d’aimer un enfant pour remplacer son père ?

    Ces questions nous renvoient en fait à la différence père-mère et donc à la différence homme-femme, c’est-à-dire à la différence des sexes et même, pour creuser un peu plus la question, à l’identité sexuelle. Est-elle importante, pour nous-mêmes ? pour notre entourage, pour nos enfants, pour leur construction psychique ?

    Le sexe, nous le savons bien, est une dimension fondamentale de notre être. Il n’est pas possible de balayer d’un revers de la main l’importance de l’identité sexuelle, et par suite l’importance incontournable de la différence des sexes.

    Et c’est bien pourquoi père et mère diffère l’un de l’autre, non d’une simple altérité, mais bien d’une altérité sexuelle.

    La paternité et la maternité sont différentes, et elles sont complémentaires l’une de l’autre.

    Un père, évidemment, peut remplir les mêmes tâches qu’une mère, et réciproquement. Mais ce n’est pas le sujet.

    La véritable question est beaucoup plus profonde que cela et il est clair que la manière d’être à l’enfant, d’être en relation avec l’enfant, diffère entre la mère et le père. Cela explique aussi que l’enfant a éminemment besoin de chacun de ses parents : il a non seulement besoin de connaître ceux dont il est né, mais aussi d’être en relations avec eux,proches d’eux, autant que faire se peut.

    Il est d’ailleurs des réalités sur lesquelles il est bien difficile de mettre des mots, et parler de ce qu’est un père, ou une mère, en fait partie. Mais cela n’empêche pas de vivre cette réalité au plus profond de son cœur et de reconnaître que, s’il est difficile de définir ce que représente un père pour chacun d’entre nous, il nous est plus aisé de savoir qu’il est le plus souvent irremplaçable.

    Alors nous entendons dire, parfois, qu’un grand père, par exemple, pourra tenir le rôle de « référent masculin » auprès de l’enfant.

    Ce besoin de proximité avec des personnes des deux sexes est donc bien identifié par tous.

    Cependant, cette idée d’un référent masculin ne tient pas, d’abord parce qu’un « référent masculin » ne fait pas un père : un grand-père, un oncle, un ami a sa propre vie, ses responsabilités, sa famille, etc.

    D’autre part, si l’on étend l’AMP aux couples de femmes et aux femmes seules, il y aura donc des familles dans lesquelles, au bout de quelques années, il n’y aura pas de grand père.

    C’est en somme une réflexion de court terme de dire qu’un « référent masculin » tiendra la place du père.

    Et j’ajoute que la proximité et la légitimité d’un père sont particulières auprès de l’enfant. Quelle légitimité a un ami, par exemple, au moment de l’adolescence, période de contestations et remises en cause parfois très vives ?

    Un « référent masculin », n’est-ce pas une illusion ?

    Nous nous félicitons d’ailleurs, aujourd’hui, et à juste titre, de voir que des pères s’occupent beaucoup plus qu’auparavant de leur enfant. Ces « nouveaux pères » sont une bonne nouvelle pour les enfants, comme pour les mères et l’ensemble de la société.

    Or notre réaction commune, très positive à ce phénomène nouveau dit bien que nous savons, profondément et intuitivement, toute l’importance des pères.

    A contrario, la Cour de cassation, dans un arrêt du 14 décembre 2017, tout récent donc, a jugé qu’être privé de père est un « préjudice d’affection ». Elle soulignait que l’enfant concerné dans l’affaire, dont le père était mort d’un accident pendant la grossesse de sa mère, « souffre à l’évidence de l’absence définitive de son père ». Et encore, dans ce cas, l’enfant sait au moins qui était son père, connaît sa filiation et sa famille paternelle !

    De fait, nous constatons combien l’absence de père pose problème. La magistrate Dominique Marcilhacy indique, par exemple, que 80% des mineurs qui passent au tribunal en comparution immédiate n’ont pas ou plus de lien avec leur père.

    Quant au phénomène de délinquance grandissante des mineurs – bien connu des services de police et de justice et qui a défrayé la chronique ces derniers temps, n’est-il pas,justement, à mettre en relation avec l’absence, la démission ou l’impossibilité de nombre de pères d’assumer leur rôle – pour diverses raisons ?

     

    4 – Peut-on éviter la commercialisation des gamètes si on étend la AMP ?

    Nous souhaitons maintenant aborder la question des gamètes.

    Nous savons tous que la France manque de gamètes disponibles pour l’assistance médicale à la procréation : la France plafonne à 300 donneurs par an. Cette insuffisance est telle que les 3,9% de couples ayant besoin d’un don de sperme dans le cadre d’une AMP peuvent attendre jusqu’à 2 ans pour en bénéficier, alors que l’âge est un facteur clé du point de vue de la fécondité. Quant aux campagnes de communication sur ce sujet, dont la dernière en 2017, on sait qu’elles ont peu d’impact.

    Or il est évident qu’étendre l’AMP aux femmes seules et aux couples de femmes nécessitera beaucoup plus de gamètes puisque, au contraire du couple homme-femme pour lequel c’est exceptionnel, 100% d’entre elles auront besoin d’apport de gamètes. La situation changerait donc radicalement au regard des besoins en gamètes masculines.

    Alors comment ferions-nous ?

    Le CCNE met pour condition à l’extension de l’AMP, la diffusion, je cite, « de campagnes énergiques, répétées dans le temps ». Qu’est-ce que cela signifie ? Que les campagnes deviendraient tout à coup 10 ou 20 fois plus efficaces ? Qu’on va mettre la pression sur les hommes ? Qu’on va les culpabiliser de ne pas avoir envie de donner leur sperme ?

    Ce n’est ni sérieux, ni crédible !

    Alors comment font les autres pays, les quelques-uns qui ont étendu l’AMP aux femmes seules et aux couples de femmes ?

    Hélas, le fait est qu’aucun Etat n’a pu maintenir la gratuité des gamètes en ayant étendu l’AMP. En effet, soit les Etats ont rendu les gamètes payants, comme l’Espagne et le Danemark ; soit ils achètent à l’étranger, dans des pays où les gamètes sont rémunérés.

    La Grande-Bretagne a ainsi publiquement expliqué, le 31 août dernier, que si les accords sur le Brexit n’incluaient pas aussi l’assistance médicale à la procréation, elle serait confrontée à une pénurie de gamètes parce qu’elle ne pourrait pas continuer à en acheter à d’autres pays. Au passage, elle a précisé qu’elle achetait près de 50% de ses échantillons de sperme au Danemark. Il en est de même pour la Belgique. Nous avons apporté des documents à ce sujet, qui ont été déposés sur vos bureaux.

    Etendre l’AMP, c’est démultiplier le besoin en apport de sperme, ce qui conduit au commerce des gamètes.

    Or le CCNE souligne lui-même qu’ « une fois le principe de la gratuité rompu sur les gamètes, on voit mal ce qui empêcherait de faire la même chose pour les autres produits et éléments du corps humain, y compris les organes (…) Il existe, comme le montre le marché international du sang et de ses dérivés, des gamètes, ou des mères porteuses, un immense vivier de personnes qui, en raison de leurs difficultés économiques, acceptent de vendre les éléments de leur corps. »

    Et le CCNE souligne que ce point « ne peut être ni évacué, ni minimisé ».

    Ce point est fondamental et il impose de ne pas être naïfs : si elle étend l’AMP à des femmes fécondes mais ayant besoin d’apport de sperme, la France participera au commerce international des gamètes. Et comme le dit le CCNE, ce seront ensuite les autres éléments du corps humain qui seront concernés.

    Voulons-nous de la marchandisation de l’humain ?

    Est-ce conforme à nos principes bioéthiques ?

    Est-ce conforme à nos valeurs républicaines ?

     

    5 – L’encadrement actuel de l’AMP ne pose pas de problème au regard de l’égalité

    Le temps nous manque pour développer d’autres points pourtant essentiels pour les générations à venir. Nous pensons à la finalité de la médecine comme à la finalité de notresystème de santé et de l’assurance maladie, lequel est d’ailleurs en difficulté.

    Nous préférons insister sur les conséquences de l’extension de l’AMP sur la pratique de l’AMP elle-même :

    Les couples homme-femme ne peuvent eux-mêmes recourir à l’AMP qu’à des conditions médicale précises : autrement dit, en l’absence d’une pathologie de la fertilité ou d’une maladie d’une particulière gravité susceptible d’être transmise à l’enfant ou au conjoint, les couples homme-femme ne peuvent accéder à l’AMP.

    Il arrive par exemple que des femmes dont le conjoint est décédé, mais dont le sperme a été conservé, réclament ce qu’on appelle une AMP post mortem. Elle n’est pas autorisée à ce jour, justement pour ne pas faire naître sciemment un enfant orphelin de père.

    Mais si l’AMP est étendue aux femmes seules, obligera-t-on des femmes veuves à détruire le sperme de leur mari alors qu’elles pourront faire ensuite une AMP seule avec un apport de sperme anonyme ? Non, évidemment.

    On voit bien, avec ce seul exemple, que sortir du motif médical pour justifier l’accès à l’acte médical qu’est l’AMP serait un engrenage, lequel rapprocherait d’ailleurs la médecine d’une « prestation de service » suivant l’expression employé par le Conseil d’Etat dans son étude « Révision de la loi de bioéthique : quelles options pour demain ? »

    A propos du Conseil d’Etat, nous voulions aussi rappeler qu’il souligne, dans son étude précitée et encore dans un arrêt du 28 septembre dernier, que l’encadrement actuel de l’AMP n’est pas contraire au principe d’égalité et qu’il ne pose pas de problème de discrimination. En effet, écrit-il, « les couples formés d’un homme et d’une femme sont, au regard de la procréation, dans une situation différente de celle des couples de personnes de même sexe (…) La différence de traitement (…) entre les couples formés d’un homme et d’une femme et les couples de personnes de même sexe est en lien direct avec l’objet de la loi qui l’établit et n’est, ainsi, pas contraire au principe d’égalité. »

    L’extension de l’AMP, en revanche, créerait des inégalités nouvelles :

    –          Entre enfants, les uns ayant un père et une mère, les autres ayant été privés de père par la société

    –          Entre femmes et hommes, les unes ayant accès à un mode de procréation qui leur permettrait d’avoir un enfant, les autres non, la gestation pour autrui étant à ce jour interdite en France.

     

    6 – La consultation publique et officielle a montré que les Français ne souhaitent pas cette extension

    Avant de conclure, nous souhaitons rappeler l’engagement pris par le Président de la République.

    Contrairement à ce que nous entendons souvent, pas un mot n’était dit de l’AMP dans la profession de foi d’Emmanuel Macron en vue de la présidentielle : l’extension de l’AMP ne figurait pas dans son programme.

    En revanche, dans la dernière ligne droite de sa campagne, puis après son élection, Emmanuel Macron a effectivement exprimé son opinion favorable, mais il a systématiquement précisé qu’il s’agissait de son opinion « personnelle ». Et il a toujours posé plusieurs conditions, dont celle d’un débat favorable. Il disait ainsi, à Têtu, dans une interview du 24 avril 2017 : « Je souhaite qu’il y ait un vrai débat dans la société. Si un tel débat aboutit favorablement, je légaliserai la PMA, mais je ne le porterai pas comme un combat identitaire ».

    Or il est de notoriété publique que la consultation légale, publique et officielle des Etats généraux de la bioéthique a montré qu’ « il n’y a pas de consensus », comme l’a souligné à plusieurs reprises le Pr Delfraissy, président du CCNE.

    Dans le détail, les Etats généraux de la bioéthique, dans les réunions publiques qui ont eu lieu partout en France, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, dans les auditions (en prenant en compte la représentativité des organismes auditionnés), comme sur le site internet de consultation en ligne, ont montré que seule une minorité est favorable à l’extension de l’AMP.

    Et en ce qui concerne les sondages, si nous les prenons tous, sans écarter ceux qui ne nous conviendraient pas, nous voyons tout de suite que les Français sont certesspontanément favorables à l’ouverture d’un nouveau « droit », mais quand on leur pose la question concrètement, en incluant l’enfant – premier concerné par l’AMP -, les réponses sont à l’opposé : ainsi, mi-septembre 2018, d’après un sondage IFOP, 82% des Français estiment que « l’Etat doit garantir à l’enfant né par PMA le droit d’avoir un père et une mère ».

    Nous avons apporté des documents à ce sujet, qui ont été déposés sur vos bureaux.

     

    Conclusion

    Toutes les instances publiques qui ont réfléchi sur l’éventuelle extension de l’AMP constatent l’ampleur de ses implications et de ses risques.

    Leurs préoccupations, qui rejoignent les nôtres, portent sur des questions essentielles, sans réponses à ce jour. Cela explique, naturellement, qu’aucune institution n’ait déclaré que l’extension de l’AMP est une nécessité et encore moins qu’il y aurait urgence à la légaliser.

    En outre, comme l’a déclaré le président du CCNE, « il n’y a pas de consensus » sur ce sujet. Il n’existe même dans aucun secteur de la société. Là aussi, nous avons apporté des documents à ce sujet, qui ont été déposés sur vos bureaux.

    Au contraire, la consultation publique et officielle, d’une ampleur inédite, a montré la volonté massive de respecter les droits de l’enfant, la finalité de la médecine et la protection du principe de gratuité des éléments du corps humain.

    J’ajoute que nous qui vivons, pour l’immense majorité, le confort de connaître nos origines paternelles et maternelles, nous avons sans doute un devoir de courage pour protéger les enfants d’un projet qui priverait délibérément, sciemment, volontairement certains d’entre eux de père.

    La société ne peut pas dire, d’une part, que les femmes ne peuvent pas se passer d’enfant et, d’autre part, que les enfants peuvent se passer de père !

    En effet, les enfants nés par PMA ont les mêmes droits que tous les enfants.

    Il semble donc raisonnable de reporter toute initiative qui remettrait en cause l’encadrement de l’accès à l’assistance médicale à la procréation.

    Un renvoi du débat sur la PMA en l’absence de père pour l’enfant permettra de poursuivre sereinement, et à l’abris de toutes polémiques, les échanges sur les nombreuses implications soulevées et soulignées par toutes les parties prenantes ; ce report donnerait en outre le temps au gouvernement de poser des actes forts attestant d’une opposition réelle et d’une lutte effective contre la pratique des mères porteuses.

    Au-delà des différents avis sur la PMA en l’absence de père, nous partageons tous la crainte de l’engrenage qui conduirait de la PMA sans père à la GPA, celle-ci étant même déjà présente sur la scène pubique.

    On nous dit que la PMA sans père n’entraînerait pas la GPA. Avant toute chose, des actes sont attendus.

    Merci de votre attention.

    Ludovine de La Rochère, présidente de La Manif Pour Tous

     

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  • Ma priorité c’est la France : défendre l’intégrité de notre pays et de notre civilisation

    Chers amis,

    C'est avec très grand plaisir que je vous fais suivre, avec son autorisation, la belle lettre que mon ami Yves Meaudre a adressée à ses enfants.

    Jusqu'à l'été dernier, Yves Meaudre était le directeur général d'Enfants du Mékong, ONG auquel il aura consacré sa vie pour sauver de jeunes asiatiques de la mort et/ou de la misère et leur offrir un avenir digne de ce nom.

    Sans doute, un certain nombre d’entre vous ont-ils répondu à ses appels à la générosité.

    Ce texte élevé constitue un bel appel à l'amour de la patrie, la nôtre, la France. On aurait aimé entendre plus de candidats s'exprimer avec cette hauteur de vue.

    Bonne lecture

    Antoine

     

    Mes chers enfants,

    Je vous confie mes réflexions à la suite d’un dîner d’il y a quelques jours avec des amis à qui je porte une réelle estime mais ceux-ci m’ont profondément troublé. Appartenant sans doute aux familles dont les noms sont les plus prestigieux de France, dont la fortune encore aujourd’hui reste relativement considérable avec un niveau d’étude pour certains au plus haut niveau, ils m’ont déstabilisé. Toutes ces facilités n’excluant pas leurs drames intimes et profonds que le siècle provoque dans leurs propres familles. Nul ne peut se targuer d’être imperméable aux assauts d’un monde très offensif à l’encontre de nos convictions les plus profondes.

    Le sujet du dîner était politique et les choix très ”marqués” avec des positions qui interdisaient tout désir de comprendre la raison pour laquelle tel ou tel adhérait à telle option. Certains sont mondains (parisiens), d’autres plus dans la réflexion affective, mais la plupart assez conditionnés et peu autonomes. Insister aurait risqué de rendre à l’avenir les relations pénibles. Sans trahir ce qui m’habite : l’amour profond de mon pays et de sa grandeur. Avec une certaine peine je constatais que ces petits fils de ”morts héroïques” pour la France avaient une vision ”sentimentale et mondaine” de la chose politique. Lieu grave parce que c’est un lieu de guerre. Comme nous les aimons bien nous n’avons pas voulu poursuivre. Comment se positionner en face d’arguments ”définitifs” ? Aussi ai-je réfléchi à ceux qui m’ont beaucoup marqué.

    politique, yves meaudre, la france,  Je me souviens de la démarche intellectuelle des deux derniers papes, Jean Paul II et Benoit XVI. Tous les deux professeurs d’université qui, voyant un élève adhérer à des positions inverses de celles qu’ils développaient, se taisaient et se mettaient avec une acuité accrue à l’écoute profonde et sincère de ”leur adversaire”. Ils cherchaient en celui-ci les raisons justes qui l’avaient amené à cette position. Non pas pour les réfuter systématiquement mais pour dégager la vérité profonde qui pouvait sortir des éléments passionnels ou idéologiques. Cette position fût celle du Cal Ratzinger avec ”son ami” Hans Küng, ou Wojtyla proposant les conférences au journal Znack avec des personnalités comme Martin Frybes ou Adam Michnick ”marxiste anti communiste !! ”. C’est grâce à cette logique du principe des recoupements que le régime de fer communiste est tombé. Le diable diabolos effaçant toute possibilité de raisonnement pour ne retenir que la peur et la colère qui sont les lieux où il se complait en insistant sur ce qui divise les personnes, même les plus proches.

    Le principe des recoupements est l’attitude d’un Tugdual Derville. Il a su en réunissant des personnes idéologiquement très lointaines voire opposées, les faire adhérer à des principes fondamentaux sur lesquels ils étaient en accord. Il a fait tomber des forteresses d’incompréhension sur son combat et a provoqué les manifestations monstres de 2013. Aussi est-il devenu l’objet de véritables violences depuis.

    politique, yves meaudre, la france,  Mon temps polonais pour moi a beaucoup construit mon jugement. Une violence d’état interdisant tout débat sur le fond, comme aujourd’hui en France, nécessitait une intelligence de comportement dans les positions politiques. Les professeurs Tischner et Wojniakowski rappelaient à tous la priorité du combat au-delà de toute attache partisane : Défendre l’identité polonaise, l’apport de la culture polonaise dans la construction de l’unité de la patrie et rassembler autour de ces principes simples la nation polonaise. Les héroïques professeurs de l’université Jagelon, comme le Pr Wojniakovski soutenus par l’archevêque de Cracovie Mgr Wojtyla, maintenaient le fil.


    Jerzy Popieluszko Issy.jpgÀ l’exemple de cet immense pape, sans renier notre personnalité ni nos convictions, définissons paisiblement dans nos positions politiques nos priorités : l’identité de ma patrie et la culture propre de ma civilisation. Le Père Popiełuzsko, dans ses sermons pour la patrie, touchait là les fondements de l’autorité morale de l’Etat communiste. Celui-ci avait bien compris que cette catéchèse mettait à jour l’incohérence de son système et la contradiction brutale de l’idéologie marxiste avec l’âme polonaise. On connaît sa réponse à celui dont la cause de canonisation est en route. La mort. Comme Jean Paul II, sera l’objet d’un attentat. Tout le travail de résistance de ce dernier s’est centré sur ce ”combat”. Abattre le marxisme pour lui passait par la construction de l’âme polonaise comme Soljenitsyne fera un immense travail de reconstruction culturelle de l’âme russe. On en trouve la synthèse dans son dernier petit livre : Comment reconstruire notre Russie. C’est un peu la réponse à son fameux discours de Harvard qui dénonçait la mort de l’âme de nos nations, ce qui pour nous est d’une cruelle actualité.

    politique, yves meaudre, la france,  Il faut prendre acte que l’autre, en raison des innombrables couches sédimentaires qui ont construit son raisonnement et sa psychologie, ne peut pas en un dîner adhérer à tout ce qui nous a structurés parfois de façon privilégiée. Présentons à l’exemple de Ste Bernadette ce que nous savons de notre patrie mais avec la conscience que nous ne savons pas si notre interlocuteur le croira. « Nous ne sommes pas là pour vous le faire croire mais pour vous le dire » ! Or Bernadette Soubirous est venu au moment où les loges prenaient une grande ampleur sur les consciences en France.

    Le dire est justement ce que déjà le système veut interdire. D’où la loi ahurissante et anticonstitutionnelle du « délai d’entrave ». La campagne électorale est la démonstration la plus claire du déni de démocratie.

    Le démon joue avec un brio extraordinaire sur les affectivités blessées, les éducations très marquées socialement, les expériences personnelles. L’embrigadement intellectuel de l’école primaire à l’université, les mass media interdisent pratiquement toute autonomie intellectuelle. Raison pour laquelle le principe démocratique semble complètement cironné (vermoulu). La campagne électorale atteint un niveau de non raisonnement abyssal révélant par-là que le combat se fera dans l’éducation des âmes et des cœurs sur le long terme. Comme les fils des officiers de Katyn ont su reprendre le cours de l’histoire en permettant à Solidarnosk (non pas limité au seul mouvement ouvrier de Walesa) d’émerger et de chasser les assassins de leurs pères par la volonté des consciences.

    politique, yves meaudre, la france,  Contingentement et sans passion :

    Pour le court terme je m’en tiens à la pertinente position maurassienne. La politique est l’art du possible ; aujourd’hui elle n’est ni du domaine de la morale ni de celui du religieux, c’est du pragmatisme pur ou entre deux maux on choisit le moins pernicieux. Cela n’a pas une valeur morale propre. Les démocrates-chrétiens se sont, à la suite de Marc Sangnier du Sillon, toujours fourvoyés dans une vision irénique. Ils ont toujours exigé des hommes politiques des positions de dames d’œuvres. Les évêques ont souvent sur ces questions-là des jugements qui confondent le jugement moral sur la personne d’avec le jugement sur l’efficacité d’une politique. Si le ”saint” Louis XIII avait lu Sangnier il n’aurait jamais pu à 14 ans (!) faire assassiner sous ses yeux le redoutable Concini ! Si jeune il a su trancher pour le salut du royaume. Quelle leçon politique ! Si Louis XVI, très marqué par la vision sentimentale de l’abbé Soldini, avait fait le roi à la demande de sa très sainte sœur Madame Elizabeth il nous aurait épargné vingt-cinq ans d’hémorragie sanglante et le drame d’une lutte des classes endémique que nous vivons encore aujourd’hui. Faire le roi consistait à la façon de Bonaparte à monter sur son cheval et charger les révolutionnaires pour galvaniser ses troupes.

    Vous voyez où j’en viens :

    Que m’importe que Fillon ait abusé de sa position pour favoriser ”légalement” sa famille, s’il décide de défendre notre patrie, ce qui est pérenne et assure la continuité de notre culture et de notre rayonnement, que m’importe les outrances et les provocations d’une Marine Le Pen et ses positions économiques qu’elle adaptera sûrement à la situation qu’elle trouvera si elle était élue... cela ne me fait pas bouger de mes intentions de vote.

    Ma priorité c’est la France. C’est de défendre mon pays actuellement en situation d’être submergé par une culture et une religion ou par la négation de nos racines spirituelles (ces deux logiques s’alimentant). Le fait d’aimer la France dans les termes que de Gaulle développait, le fait de désigner la mondialisation comme le moteur de désubtanciation de notre peuple appellent mon soutien. Que j’eusse de la sympathie pour l’un ou pour l’autre n’a aucun intérêt, je n’en ai ni pour l’une ni pour l’autre ! Je soutiens simplement le fait qu’il me semble impossible qu’un futur chef d’état devant les ennemis de son pays - et chez eux - insulte sa propre patrie en l’accusant de génocide. Pour moi cette déclaration - s’il venait à devenir chef d’état - est passible de la haute cour. Qu’il y ait un vice dans la construction intellectuelle et morale de ce garçon jouet de la grande finance et des libertaires les plus enragés est une chose, mais insulter les innombrables morts de nos propres familles est tout simplement impossible. Que Macron - puisque c’est lui que j’évoque - soit soutenu par les personnages les plus malsains qu’une société engendre, Xavier Niel pourvoyeur des sites pornographiques et du minitel rose, d’une Taubira chef d’un parti qui voulait mettre la France dehors de la Guyane, d’un Bergé qui a tweeté que si une bombe explosait au milieu de la Manif pour tous ce n’est pas lui qui allait pleurer, etc. le définit pour moi comme l’ennemi à qui il faut tout faire pour l’empêcher d’accéder au pouvoir. Mon choix obéit à une question d’âme.

    J’ai fait le choix de donner la priorité à ceux qui aiment et disent vouloir défendre l’intégrité de notre pays et de notre civilisation. Que ce soit de l’opportunisme, du calcul peu importe, ils le disent et les paroles engagent. Ma prise de position justifiera pour les ennemis de notre pays les douze balles dans la peau qu’ils m’infligeront. Pour moi il est impossible de mettre sur un même plan ce personnage sans substance et otage des forces internationales les plus sulfureuses d’avec une fille sans doute outrancière mais se disant convaincue ”en termes sommaires” de son attachement à sa patrie.

    Je ne veux en aucun cas des socialistes qui haïssent la France et tout ce qui est le fondement même de notre être : ils se sont attaqués à l’âme de nous-même. Le quinquennat terrifiant qui se prolongera avec son héritier est résumé dans un document qu’a sorti Tugdual Derville. Celui-ci est effrayant : 36 décisions politiques sociétales, le mariage pour tous est le plus connu, mais la suppression de la clause de conscience, le contournement de la PMA/GPA que Macron et l’inquiétant Mélenchon légiféreront, l’absolutisation de l’avortement, le divorce à l’amiable, la promotion du genre à l’école primaire, la diminution des prestations familiales font un document de 27 pages ! Une descente aux enfers.

    politique, yves meaudre, la france,  Ma priorité est de bloquer au premier tour toute possibilité à ce monde délétère d’être présent. C’est mon choix pour Fillon. Si malgré cela Macron devait passer au premier tour je voterai sans hésiter pour une fille qui dit vouloir défendre la France, refuser tout compromis avec la GPA et la PMA et proclame haut et fort que la France a une longue histoire fondée sur ses racines chrétiennes. Je n’ai aucune sympathie et pour l’un et pour l’autre et je comprends qu’on puisse ne pas en avoir ; ceux qui m’ont développé leur opposition à celle-ci ont des arguments. Mais je reste Maurrassien (toujours) ; j’estime que dans une guerre il faut faire des choix, les non choix sont des choix par défaut qui profitent à l’ennemi ; ici ils donnent du terrain à celui qu’on a défini comme le plus dangereux pour notre âme. Toujours Maurras : la politique du pire n’est jamais la meilleure. Pie XII a officiellement soutenu ceux qui prêchaient l’alliance avec l’URSS en 1942 pour abattre le nazisme. De Gaulle n’a eu aucun état d’âme à employer les communistes qui, six mois plus tôt étaient les alliés des allemands ! dans sa lutte contre les nazis. Sans vouloir accabler la pauvre Marine d’une telle comparaison j’ai conscience que l’alternative proposée est pire pour notre âme avec Macron qu’avec celle-ci. C’est la position cohérente de Villiers, même si celui-ci fait l’erreur de laisser entendre qu’il soutiendrait celle-ci dès le premier tour, ce qui n’est pas tactiquement judicieux. Mais ses raisons tiennent pour lui à des règlements de compte personnels à assouvir.

     

    politique, yves meaudre, la france,  Dans tous les cas nous devrons travailler à l’exemple de Soljenystsine pour la Russie, de Jean Paul II pour la Pologne, à la reconstruction des intelligences de nos enfants.

    Christ est bientôt ressuscité !

    Votre père.

    Yves Meaudre

    Avril 2017

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  • Les électeurs voulant protéger la famille face à un dilemme : voter blanc ou voter Le Pen


    anne schaub-thomas,pma,gpa,politique,lmpt,conscience,transmission,la france,Écologie humaine,théorie du genreChère Anne,
     
    Ce qui est dans le document que vous pointez est exact. Macron est officiellement contre la GPA mais pour la filiation "artificielle" des enfants issus de GPA à l'étranger dans l'état-civil Français.
    Cette position est incohérente à mon avis, et va permettre d'arriver à la légalisation de la GPA en France en deux étapes :
    1. Le business de la GPA peut se faire à l'étranger, on ferme les yeux sur ce que cela signifie réellement, et les habitudes sont prises.
    2. Puisque cela se fait à l'étranger, pourquoi ne pas le faire aussi en France avec un "encadrement" législatif d'une GPA "éthique" qui "respecterait la dignité des femmes" (c'est légal, donc la dignité des femmes est respecté !).
    Il faut aussi prendre en compte la lettre ouverte de Macron concernant les LGBTI disponible ici. Quand il écrit "ma priorité sera une lutte implacable contre les anti-LGBTI dans toutes leurs dimensions", je comprends qu'il luttera contre tous ceux qui contestent les revendications de la communauté LGBTI, en particulier sur la question du mariage homosexuel, de l'adoption par des couples homosexuels, de la PMA et GPA pour les homosexuels, et plus généralement, ceux qui contestent l'idéologie du genre sur laquelle se base toute la théorie LGBTI. Ainsi, la promesse de Macron peut être comprise comme une déclaration de guerre contre La Manif Pour Tous qui conteste pacifiquement ces revendications des LGBTI et qui dénonce de façon argumentée cette idéologie du genre. Ceci est très inquiétant dans une démocratie.

    D'autre part, la situation électorale actuelle est inédite. Constater que les grands partis traditionnels de droite (Les Républicains, ex UMP) et de gauche (PS) ne sont pas présents au second tour est une première depuis plus de 50 ans. Cela montre le délabrement de la vie politique en France. Il faut donc analyser la situation de façon précise et voir toutes les solutions possibles.

    D'abord, on peut analyser les programmes des deux candidats restant en lice. Pour cela, je vous renvoie à l'excellent site WEB Boomerang qui analyse et compare les programmes des deux candidats sur les question "sociétales". Le résultat est sans appel : Macron ne peut être sélectionné, et Marine Le Pen s'en sort relativement bien. Il reste les questions économiques pour lesquelles il est beaucoup plus difficile de trancher entre les deux. La priorité à donner entre les deux analyses revient à se demander si les problèmes actuels de notre société viennent de dérives économiques ou de dérives morales, l'un entrainant l'autre. Pour ma part, je pense qu'il s'agit, avant tout, de dérives morales qui provoquent ensuite des dérives économiques.

    Il faut aussi bien comprendre ce que sont réellement les deux mouvements politiques restant en lice.

    D'une part, on a le Front National. Il faut se garder de plaquer la même analyse qu'il y a 30 ans sur le parti de Jean-Marie Le Pen. Sa fille a pris ses distances avec son père, et cela a fait des vagues (c'est le moins que l'on puisse dire !). La bataille a été sanglante, et c'est la fille qui a gagné. Le fait que ce parti n'ait pas été interdit montre qu'il n'est pas antisémite ou fasciste, comme certains voudraient le faire croire pour pouvoir le diaboliser. En travaillant régulièrement au Parlement Européen et au contact de tous les courants politiques européens, je peux confirmer cela. Je n'ai jamais constaté ou même senti la moindre tendance antisémite, raciste ou fasciste au FN. Néanmoins, les positions de Florian Philippot, N°2 de ce parti, sont souvent inquiétantes, en particulier sur sa tendance à vouloir augmenter le contrôle de l'état sur le pays. Cela se traduit, entre autres, par une position sur l'école qui mettrait les écoles "libres" sous contrôle étatique. Or la liberté d'enseignement est une des libertés sur laquelle je ne transige pas. Notez également que sur ce point, le programme de Macron n'est pas meilleur...

    D'autre part, on a le nouveau mouvement En Marche. Ce mouvement politique est une création nouvelle qui a été appuyée ouvertement par les médias dominants en France. Dans son livre "Un Président ne devrait pas dire cela", Hollande explique fin 2015 que lorsque l'on est bloqué par des partenaires politiques qui refusent d'aller dans la même direction que le PS, il faut créer une nouvelle formation politique sur la base de l'ancienne formation (le PS), procéder par élargissement et non par alliance, et le faire dans la perspective d'une élection présidentielle de préférence. (voir cet extrait ici). Vu les divers ralliements à En Marche, on voit bien qu'ils sont en majorité issus de l'aile libérale/libertaire du PS. Tout porte à croire que En Marche est la nouvelle version du PS sous "fausse bannière" apparente, et créée par François Hollande. Ce n'est pas bon signe...

    Pour le second tour de l'élection présidentielle, nous avons 4 possibilités :
    • L’abstention, 
    • Le vote blanc,
    • Le vote Macron,
    • Le vote Le Pen.
     
    L’abstention n'est normalement pas admissible en politique. Cela revient à abandonner le droit de vote. C'est, dans une certaine manière, abandonner la démocratie.
    Le vote blanc ne sert à rien en France, et c'est un grave problème de démocratie. Si on avait la possibilité de dire que s'il y a plus de 50% de votes blancs, tous les candidats du 1er et du second tour sont éliminés définitivement et que l'on recommence l'élection à zéro, on pourrait utiliser cette solution pour relancer cette élection sur de nouvelles bases. Mais ce n'est malheureusement pas le cas. Le vote blanc est maintenant comptabilisé dans les statistiques, mais, comme pour l'abstention, c'est une attitude qui conduit à laisser à d'autres le droit de décider à votre place.
    Le votre Macron revient à approuver son programme anti-famille et libertaire. C'est accepter de continuer sur la voie tracée par François Hollande, et je ne peux m'y résoudre.
    Le vote Le Pen reste difficile à faire vu l'histoire de ce parti et certaines orientations politiques (étatisme).

    Donc, en disant "NON A MACRON !" comme l'a décidé La Manif Pour Tous, on laisse le choix à tout le monde de décider en son âme et conscience entre le vote Le Pen et l'abstention ce qui est le mieux pour la France. C'est, de mon point de vue, la meilleure façon de respecter les personnes, en respectant leur choix, un choix qui n'est pas facile.

    Mais il faut aussi replacer cette élection dans la perspective des autres élections. Nous aurons dans un mois les élections législatives, et ce sont elles qui décideront réellement des orientations politiques du pays. Un président sans une majorité à la chambre ne peut pratiquement rien ; c'est la cohabitation. D'habitude, les élections législatives donnent au président élu un parlement qui lui est acquis, mais ce n'est pas une règle. En particulier, si le président est élu avec une faible majorité, il est moins probable que les élections législatives lui donnent également une majorité, plus encore dans le contexte actuel. Certaines personnes font ce calcul politique, et vont voter pour le candidat le moins bien placé dans les intentions de vote pour affaiblir au maximum celui qui est donné vainqueur dans tous les sondages. Dans le cas présent, ils voteront Marine Le Pen au second tour par calcul électoral et non par adhésion aux idées du Front National, sachant que Marine Le Pen n'a pratiquement aucune chance d'être élue selon les sondages. Ce raisonnement peut sembler absurde à première vue, mais il est parfaitement justifiable. D'autres voteront blanc pour montrer leur désapprobation des deux candidats. C'est aussi parfaitement justifiable, mais cela signifie également qu'ils laissent aux autres le choix de décider à leur place.

    D'autre part, appeler à voter Macron ou Le Pen au second tour des élections présidentielles n'est pas sans conséquences sur les élections législatives. Appeler à voter pour un des deux partis maintenant et appeler à voter pour un autre parti dans un mois est incohérent et décrédibilise ceux qui diront cela. Ils passeront pour des girouettes, et on n'a pas besoin de girouettes en politique. Ces politiciens de droite qui appellent actuellement à voter Macron et qui vont ensuite appeler à voter contre Macron vont se ridiculiser. Peut-être espèrent-ils sauver ainsi leur prébendes ?

    Bref, les électeurs français qui veulent protéger la famille sont face à un dilemme : voter blanc ou voter Le Pen. Cela se traduit dans tous les cas par "Non à Macron !". À eux de choisir la voie qui leur semble préférable.

    Je mets également en pièce jointe à ce message une autre analyse d'Yves Meaudre, un grand chrétien qui était, jusqu'à l'été dernier, le directeur général d'Enfants du Mékong, ONG auquel il aura consacré sa vie pour sauver de jeunes asiatiques de la mort et/ou de la misère et leur offrir un avenir digne de ce nom. Il parle de cette élection présidentielle de façon très intéressante, en constatant combien de personnes réagissaient de façon affective mais irraisonnée sur ces sujets politiques. Je vous laisse lire cette belle lettre.

    Bien cordialement.
    Antoine

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  • GPA Commerciale / GPA Altruiste ?

    Un rapport condamnant la GPA ”commerciale” et vantant la GPA ”altruiste” est présenté devant le Conseil de l'Europe. Pour le collectif No Maternity Traffic, cette distinction sert à avaliser le principe même de la GPA.

     

             La parlementaire et gynécologue belge Petra De Sutter revient à la charge. Après le rejet de son rapport le 15 mars dernier, puis son report en juin dernier doublé d'une accusation de conflit d'intérêt, elle va tenter une nouvelle fois, le 21 septembre, de faire adopter un rapport favorable à la maternité de substitution (GPA) par la Commission des affaires sociales de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe.

    Gpa-Inde Dr+FemEnceinte.jpg         Une fois encore, contre toute transparence parlementaire, les débats seront à huis clos et le projet de rapport est tenu secret. Rappelons que la rapporteur est une professionnelle de la GPA et de la PMA à l'hôpital de Gand, en outre, elle collabore avec une entreprise de GPA commerciale en Inde (Seeds of innocence). Elle a donc tout intérêt à faire accepter la GPA.

     

             La forte opposition à laquelle elle est confrontée semble l'avoir conduite à adopter une position de repli : renoncer à demander explicitement la légalisation de la GPA, et condamner uniquement la GPA commerciale tout en invoquant ”l'intérêt de l'enfant”. Cette approche, apparemment consensuelle, est un piège.

             Le piège repose sur une opposition largement fictive entre GPA altruiste et commerciale : la première serait bonne, et la seconde mauvaise. D'altruiste, la GPA deviendrait commerciale lorsque la somme versée à la mère porteuse serait supérieure aux ”frais raisonnables” causés par la GPA, or ceux-ci incluent nourriture, logement, perte de revenus, etc., ainsi que l'indemnisation de ”l'inconvénient d'être enceinte”. Autant dire que, le plus souvent, ces frais raisonnables sont une rémunération déguisée.

             La dialectique opposant GPA commerciale et altruiste est un piège qui réduit et enferme l'appréciation morale de la GPA à l'un de ses aspects secondaires : l'argent. De fait, le problème avec la GPA, ce n'est pas tant l'argent que la situation de l'enfant et de la mère qui le porte. Une GPA moins chère n'en serait pas moins préjudiciable et condamnable.


    Gpa-Inde FemEnceinteAuscultée.jpg         
    Plus encore, l'opposition entre GPA commerciale et altruiste est fictive : la seule différence porte sur le nom donné à la rétribution de la mère : on parle d'un paiement pour la GPA commerciale et d'une indemnité pour la GPA altruiste. Mais notez que le montant de l'indemnité peut être très supérieur à celui du paiement ! Alors qu'une mère porteuse reçoit environ 20 000 € ”d'indemnités” au Royaume Uni, elle ne reçoit que 10 000 € de ”paiement” en Europe de l'Est et 2 000 € en Asie. Verser 20 000 € ”d'indemnités” serait plus éthique que 10 000 € de ”paiement”

             En tout état de cause, une GPA dite altruiste génère plus de flux financiers qu'une GPA dite commerciale.

     

    Gpa-Inde FemsEnceintesAlitées.jpg         Si l'opposition entre GPA commerciale et altruiste est fictive, elle recouvre en fait une autre distinction, bien réelle : entre la GPA ”low cost” d'Europe de l'Est, et la GPA ”premium” d'Europe de l'Ouest, telle qu'elle se pratique notamment dans le service de Petra De Sutter. Ainsi, condamner la GPA commerciale, revient en fait à promouvoir la GPA ”premium”, présentée en outre comme une pratique exemplaire.

             En invitant les autres députés à condamner avec elle, de façon véhémente, la GPA lorsqu'elle est commerciale, Petra De Sutter fait porter la condamnation sur le seul caractère commercial de la GPA et épargne ainsi la GPA en elle-même. Elle tend ainsi aux députés un autre piège : celui d'entériner le principe même de la GPA, puis la nécessité de l'encadrer, c'est-à-dire de la légaliser. Il est à craindre que certains députés, heureux de condamner avec force la GPA commerciale ne se rendent pas compte du pot aux roses.

     

    NoMaternityTraffic,gpa,politique,vulnérabilité,conscience,lmpt,la france         Plus encore, la situation préjudiciable dans laquelle la GPA place l'enfant ne change pas selon qu'elle est qualifiée de commerciale ou d'altruiste. Dans tous les cas, l'enfant est l'objet d'un contrat, donné ou vendu comme un bien, objet d'un droit de propriété, ce qui le place objectivement en situation d'esclavage au sens du droit international. Dans les deux cas, l'enfant est abandonné par la mère porteuse, et les risques de rejet de l'enfant, par exemple en cas de divorce des commanditaires ou de malformation, sont les mêmes. Les conséquences sur la filiation ne sont pas moins graves, mais pires lorsque l'enfant a été porté par une tante ou sa grand-mère !

             En réalité, le problème avec la GPA, c'est la GPA elle-même.

             La seule démarche réaliste est de s'engager à combattre cette forme de trafic humain, ou alors il faut se résigner à ce que l'homme soit une marchandise pour l'homme.

             Espérons que l'Assemblée du Conseil de l'Europe saura faire prévaloir les valeurs pour lesquelles le Conseil a été institué contre cette nouvelle forme de dégradation et de servitude.

     

    NoMatternityTraffic.jpgCollectif No Maternity Traffic

    Gregor Puppinck est directeur du Centre européen pour le droit et la justice.

    Ludovine de la Rochère est présidente de La Manif pour Tous.

    Caroline Roux est déléguée générale d'Alliance Vita.

    Ils sont tous les trois membres du collectif No Maternity Traffic, qui a remis au Conseil de l'Europe plus de 110 000 signatures pour l'abolition de la GPA.

    Tribune publiée en septembre 2016 dans Figaro Vox

    nomaternitytraffic,gpa,politique,vulnérabilité,conscience,lmpt,la franceGPA : LE DÉBAT CONTINUE AU CONSEIL DE L’EUROPE

             No Maternity Traffic salue le rejet, par la Commission des questions sociales de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, du projet de résolution sur la Gestation par autrui (GPA)  ou maternité de substitution. Ce projet était dangereux car il contenait l’acceptation implicite du principe même de la GPA.

             Ce rejet prouve qu’il est possible de réunir une majorité de parlementaires en faveur d’une interdiction explicite de toute forme de GPA dans la mesure où sa pratique est contraire aux Droits de l’Homme.

             No Maternity Traffic note que le projet de recommandation annexé à la résolution a été néanmoins adopté, après amendement. Il sera débattu lors de la prochaine session de l’Assemblée en octobre.

             Ce projet recommande aux Etats européens d’adopter des lignes directrices visant à préserver les droits des enfants nés dans le cadre d’une GPA.

             No Maternity Traffic partage le souci premier de préserver les droits des enfants. Néanmoins, vouloir préserver sincèrement les droits des enfants suppose de poser d’abord le principe de l’interdiction de la GPA sous toutes ses formes. Il est vain, et même malhonnête, de prétendre lutter contre les conséquences de la GPA pour les enfants, sans en condamner d’abord la cause. La GPA, ou maternité de substitution, est une régression absolue du droit des femmes et de l’intérêt supérieur de l’enfant. La GPA, quelle que soit sa forme, exploite des femmes et génère un trafic d’enfants, privés en tout ou partie de leur filiation.

             Le collectif international No Maternity Traffic poursuit son engagement et invite tous les députés de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe à adopter prochainement une recommandation qui, comme l’a fait le Parlement européen en décembre dernier, condamne explicitement toute forme de GPA et recommande aux États d’adopter une politique commune en ce sens au plan européen.

    No Maternity Traffic

     

     

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  • La multiplication récente des attaques idéologiques et concrètes contre l’enfant et sa famille

    Politique de la famille &…LMPT 2016.jpg— L’ambition de « libérer l’individu » et de parvenir à « l’égalité réelle »

     

    - La famille, « lieu d’oppression et d’inégalité »

                      « La seule question qui vaille, c’est comment orienter la modernité pour accélérer l’émancipation des individus », Manuel Valls[1]. 

                      Pour la gauche de gouvernement, la famille est un lieu d’oppression et de déterminismes qui empêche l’individu d’être libre.

                      À leurs yeux, il faut que l’Etat intervienne auprès des enfants « dès le plus jeune âge » (Vincent Peillon, Najat Vallaud-Belkacem) et ce, d’autant plus que la famille est également un lieu d’inégalité, à commencer par l’inégalité homme-femme[2], que le couple transmet systématiquement à ses enfants : la famille est censée reproduire les inégalités, d’où la nécessité de la chasse aux stéréotypes de genre dès la crèche… 

     

                         - La différence sexuelle, source d’inégalité

                      Depuis quelques dizaines d’années, le terme « genre » est principalement employé pour remplacer le mot « sex » qui, en anglais, tendait à se spécialiser pour désigner l’activité sexuelle.

                      Le « genre » désigne aussi les manières variables dont une société donnée perçoit et organise la différence entre les sexes : le « genre » est alors le système des « codes » régissant les attentes, les images, les rôles, etc. de chacun des deux sexes.

                      Ce terme a donc permis de théoriser la différence entre le sexe biologique et le sexe psychologique et social.

                      En outre, depuis le début des années 70, une deuxième acception est celle qui est utilisée couramment aujourd’hui pour combattre les « stéréotypes de genre », tandis que la troisième acception est à l’arrière-plan des combats pour la reconnaissance des « identités de genre » (par exemple dans la mouvance LGBTIQ[3]). La « déconstruction » du genre, inspirée notamment par Judith Butler, cautionne dans les deux cas l’idée que le sexe lui-même relève d’une « construction sociale ».

                      Le point commun à ces nouvelles acceptions est le refus de l’enracinement de la condition féminine ou masculine dans un corps naturellement sexué. Une frontière étanche devrait séparer ce qui est considéré comme un pur « donné » biologique, sans valeur intrinsèque, et ce qui relève de la liberté individuelle (choix des identités subjectives, « rôles » adoptés dans la vie sociale, etc.) 

                      Ainsi, « l’idéologie du genre » est une position philosophique et sociologique qui affirme que l’identité sexuelle n’est qu’une construction sociale, indépendante de toute réalité biologique comme le corps sexué. 

                      Cette idéologie a justifié et structuré les revendications LGBT et donné un deuxième souffle au féminisme radical.

                      Cette idéologie – que certains appellent « théorie », au singulier ou au pluriel – n’est pas assumée par la gauche de gouvernement : Najat Vallaud-Belkacem, pour éviter tout débat sur le fond et sur ses propres objectifs, ne cesse de déclarer que « la théorie du genre n’existe pas » en dépit de l’évidence. Cette posture est d’autant plus facile que le genre est une notion complexe, voire fourre-tout. En outre, ce que nous appellons « théorie du genre » en France est intitulée « Gender theory » aux Etats-Unis.

                      L’idéologie du genre fonde certaines interventions de l’Etat, au nom de la libération des individus, dans le domaine éducatif, au détriment de la liberté individuelle et de la responsabilité propre des parents.
     

                         - Les revendications de l’Inter-LGBT 

                      Depuis des années, l’influence de l’inter-LGBT n’a cessé de prendre de l’ampleur.

                      Le fait est que ses revendications vont avec l’esprit individualiste du temps, qu’elles convergent avec certaines revendications du féminisme dit « de la deuxième vague » ... et avec des intérêts financiers puissants. A lui seul, le marché de la GPA est estimé aujourd’hui à 4 milliards de dollars minimum[4].

                      L’influence de l’Inter-LGBT repose sur la nécessité – bien réelle – de lutter contre l’homophobie.

                      Mais l’Inter-LGBT est loin de s’en tenir à la seule lutte contre l’homophobie. Celle-ci lui sert de paratonnerre pour avancer sur d’autres sujets. De fait, toute personne ne partageant pas les vues de l’inter-LGBT est aussitôt accusée d’homophobie. La victimisation est une arme puissante, remarquablement maniée par ce lobby ultra-minoritaire, pourtant non représentatif, loin s’en faut, de l’ensemble des personnes homosexuelles[5]. Leaders d’opinion et politiques sont terrifiés face au risque de telles accusations. 

                      La longue liste des revendications de l’Inter-LGBT, portées officiellement notamment lors de la Gay Pride annuelle, est bien souvent méconnue du grand public, mais aussi des médias et des politiques. 

                      Outre le mariage et l’adoption pour deux hommes ou deux femmes, l’Inter-LGBT réclame que soit « redéfinie la filiation pour la fonder sur l’engagement parental, ce qui permettrait d’établir la filiation des enfants dès la naissance avec tous leurs parents, indépendamment de leur genre, de leur nombre (pluriparentalité) et de leur mode de conception » (ce qui inclue la PMA « sans père » et la GPA).

                      Elle vise aussi le changement d’identité sexuelle à l’état civil sur simple déclaration, comme si l’identité sexuelle n’était que subjective et non objective.

                      L’Inter-LGBT souhaite également que soit mise en place « une éducation à la sexualité prenant en compte la question du genre et de l’homosexualité féminine, masculine, ainsi que la bisexualité et une éducation à la vie affective dès l’école primaire. »[6]

     

                         - Les argumentaires scientifiques 

                      Les partisans du mariage gay et de l’homoparentalité nient la nécessité anthropologique, dans la construction psychologique de l’enfant, d’être élevé par deux référents, l’un masculin, l’autre féminin.

                      Ils s’appuient sur des études biaisées, dépourvues de toute rigueur scientifique parce que ce sont des militants de la cause13 qui y participent, que les adultes répondent à la place des enfants et que le nombre de cas étudiés (44 au maximum) ne signifie rien et défie même toutes les règles scientifiques en la matière. 

                      Ces pseudo-études n’ont d’ailleurs pas été mises en avant lors des débats sur la loi Taubira. C’est dans la période précédente qu’elles ont été utilisées, préparant les esprits. Dès lors que le sujet a été explicitement ouvert, les militants promariage gay se sont prudemment abstenus de s’appuyer sur ces études au cours des débats politiques et médiatiques : la malhonnêteté de ces études serait apparue aussitôt.

             En fait, les travaux menés avec la méthodologie scientifique requise pour toute étude sociologique n’aboutissent pas du tout aux mêmes conclusions : cf par exemple l’étude « How different are the adult children of parents who have same-sex relationships ? Findings from the New Family Structures Study », Mark Regnerus, Department of Sociology and Population Research Center, University of Texas. La rigueur et le sérieux de cette étude ont été attestés par le communauté scientifique, notamment dans « Further comments on the papers by Marks and Regnerus », Social Science Research 41, no. 4 (juillet 2012), 779-783, de Cynthia Osborne, ou encore dans « First Look at Mark Regnerus’s Study on Children of Parents In Same-Sex Relationships », boxturtlebulletin.com, juin 10, 2012, de Jim Burroway (lui-même favorable aux revendications des associations LGBT).

                      Mark Regnerus commente ainsi les conclusions de son étude : « La famille nucléaire biologiquement intacte et stable demeure l’environnement le plus sain et sécurisant pour le développement de l’enfant. [...] Ce qu’affirmaient les sociologues Sarah McLanahan et Gary Sandefur en 1994 reste une réalité : “S’il nous était demandé de concevoir un système destiné à répondre aux besoins essentiels de l’enfant, nous finirions probablement par inventer quelque chose d’assez proche de l’idéal d’une famille avec deux parents.”[7] »

                      Par ailleurs, est mise en avant l’existence de familles monoparentales, des enfants étant élevés par l’un de ses parents et un 2e conjoint de même sexe[8]. En réalité, même dans ce contexte, l’enfant a bien un père et une mère. Cela ne justifiait en rien le mariage et l’adoption pour deux hommes ou deux femmes.  

    Politique de la famille &…LMPT 2016.jpg

     

    Extrait de Politique de la famille et intérêt de l'enfant, 40 propositions concrètes de La Manif Pour Tous

    Texte intégral :
    Politique de la famille et intérêt de l'enfant.pdf

     

     

    Bannière 16OCT16.jpg

     

     

     

     

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  • Quand on n’a que l’amour et qu’on ne peut pas avoir d’enfant, on est autorisé, aujourd’hui, à en programmer un qui sera arraché à sa mère dès la naissance

    AC Venot 1 - 18 juin 2015.jpg         Quand on n’a que l’amour et qu’on ne peut pas avoir d’enfant, on est autorisé, aujourd’hui, à en programmer un qui sera arraché à sa mère dès la naissance. Tout se passera bien pour cet enfant, on lui expliquera tout : ton papa et ta maman, ou tes deux mamans, ou tes deux papas, ne pouvaient pas te concevoir. Alors ils ont loué une dame très gentille qui avait des enfants et ils sont  allés te chercher très loin pour te ramener chez eux. Quand on n’a que l’amour… Et puis le petit bébé va grandir, il va demander qui est sa maman, et réaliser qu’il a deux ou trois mamans : mais alors qui est ma vraie maman ?

             Alors j’ai été abandonné ? Alors vous m’avez négocié, fabriqué, trié, acheté ? Pas de problème, dites-vous, quand on a que l’amour, on sait expliquer… c’est moi, ta vraie maman : moi qui avait l’intention de t’avoir ! Oui mais, à qui je ressemble ?  Quand on n’a que l’amour…

             Et puis l’adolescent se fait jour et avec lui le temps des questions tortueuses, le temps des frottements, le temps de la construction de l’identité et des remises en cause : Vous n’êtes pas mes vrais parents, je veux ma maman, j’irai la chercher. Quelles sont mes origines ? Je déteste me voir dans la glace, je ne sais pas à qui je ressemble, je me sens mal, pourquoi ? Quelle est cette colère sourde qui gronde en moi sans s’apaise… ? Quand on n’a que l’amour… Mais nous t’avons élevé, nous t’aimons, pourquoi ne vas-tu pas bien mon chéri ? Tu as été choisi parmi les meilleurs, pourquoi n’es-tu pas heureux ? Ah oui, entre la case assurance handicap et le choix de la couleur des yeux, cette case n’était pas prévue dans le contrat de GPA.

    MaternitéMarchandisée 18:06:2015.jpg         À tous ceux qui parlent de la Gestation Pour Autrui, de ce bonheur d’être né et abandonné par sa mère, à tous ceux-là, il est temps de dire que nous, les adoptés, nous avons une vraie expérience de la situation. Laissez-nous vous dire que nous portons pour toute notre vie cette blessure d’abandon. Nos parents adoptifs nous ont donné une vraie chance de bien redémarrer et c’est un sacré défi pour tous. Comment derrière vos prétoires, Messieurs les juges, comment assis sur vos bancs, Messieurs les Députés, pouvez-vous ne pas réaliser qu’un enfant n’est pas une chose, qu’il a des sentiments et un ressenti de ce qui lui arrive, même tout petit ? Comment pouvez-vous ignorer que nous avons une peur panique de l’abandon et que nous n’aimons pas le changement ? Pourquoi ne pas vouloir entendre que nous sommes marqués par cet arrachement de départ ?

             Mais, nous les adoptés, savons aussi que nos parents adoptifs ne sont pour rien dans ce qui nous est arrivé. Nos parents adoptifs ne nous ont pas soumis à cette blessure. Ils se sont employés à la guérir. Au contraire, ces petits sans voix, nés d’une GPA et arrachés à leur mère, comment pourront-ils exprimer plus tard leur souffrance et leur mal-être, auprès de parents qui ont programmé l’abandon de leur propre enfant ? Nous, enfants adoptés, n’avons pas ce conflit de loyauté qui sera le leur, et leur interdira de dire leur souffrance, allant même jusqu’à les priver de mots pour la penser et se la dire à eux-mêmes.

    AC Venot 2 - 18 juin 2015.jpg         Réalisez-vous sérieusement que ces filles arrachées à la naissance à leur mère deviendront un jour elles-mêmes ”maman”. Mais le pourront elles seulement, tant leur petite mémoire leur rappellera la souffrance de leur départ dans la vie ? Comment vous faire comprendre cette évidence : nous les enfants nous ne voulons pas être créés pour être abandonnés. Quand on a que l’amour… on n’arrache pas un enfant à sa mère.  

    Anne-Claude Venot 
    Présidente de l’Agence Européenne des Adoptés

    Discours du 18 juin 2015 devant le Palais de Justice de Paris
    repris de Atlantico.

    Photos : Chяistophe † =


     

     

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  • GPA-PMA : Un libéralisme effréné a transformé toute personne en marchandise soumise à la loi de l’offre et de la demande

    JP Delaume Myard 30 mai 2015Vincennes.jpg

    Le 30 mai 2015, Ludovine de La Rochère & Jean-Pier Delaume-Myard
    étaient les invités des AFC du Val-de-Marne,
    dans le cadre du Tour de France pour la Famille de LMPT.
     

     Après le rappel de ce qu'est la GPA, 
    voici l'intervention de Jean-Pier Delaume-Myard :

     

             Mes cher(es) ami(es), merci de m’accueillir, aujourd’hui, parmi vous.

             La question de savoir si la loi Taubira prenait en compte les droits de l’enfant a été cruciale dès mes premières interventions. Elle a été, aussi et bien sûr, le fondement de l’immense mobilisation contre le mariage de personnes de même sexe.

             Pourtant, des centaines et des centaines de milliers de personnes dans la rue ont été méprisées, une pétition de 700 000 signatures déposée au CESE a été balayée d’un revers de main, des débats ont été bâclés et orientés. Nous avons connu également un vote à main levée au petit matin au Sénat, une deuxième lecture sans débat à l’Assemblée Nationale, et tout cela, paraît-il, au nom de la démocratie et afin d’opérer un changement de civilisation dans le pays dits des ”Droits de l’Homme”.

             Depuis la première manifestation fin 2012, La Manif Pour Tous a avancé un certain nombre d’arguments pour s’opposer à la loi Taubira. Ils ont été ignorés par les médias et dénigrés par les partisans du mariage pour tous, au motif que nous mentions ou que nous propagions de fausses informations.

             Si je me suis engagé contre la loi Taubira ouvrant le mariage pour personnes de même sexe, c’est que cette loi est en réalité la porte ouverte à la GPA et à la PMA. La preuve nous a été apportée dès le 25 janvier 2013, par l’envoi de la Garde des Sceaux de la navrante « circulaire Taubira » demandant aux juridictions de délivrer « des certificats de nationalité française aux enfants nés à l’étranger d’un père français et d’une mère porteuse et ce, avec « application immédiate » ».

             Il est à noter que cette circulaire est envoyée, à la surprise générale, au moment même où le gouvernement annonce la saisine du Comité consultatif National d’Éthique, dont, entre parenthèse, nous attendons toujours la réponse.

             Revenons un instant sur cette circulaire. Que dit-elle exactement ? La circulaire recommande « lorsqu’il apparaît avec suffisamment de vraisemblance qu’il a été fait recours à une convention portant sur la procréation ou la gestation pour le compte d’autrui », de « veiller à ce qu’il soit fait droit » à de telles demandes. Cette circulaire est la preuve, depuis le début, du double langage du gouvernement. Alors qu’il jure qu’il ne saurait être question d’accepter la GPA, c’est tout l’inverse dans les faits. C’est en réalité une légalisation de la gestation par et pour autrui.

             C’est aussi et surtout une immense hypocrisie de la part du gouvernement français qui préfère pour ses citoyens la pratique de la GPA en dehors du territoire français.

             Ce ne sont plus seulement les droits de l’enfant que l’on viole, mais aussi ceux de la personne humaine. La GPA n’est pas plus ni moins que la légalisation d’une prostitution étatisée, une nationalisation organisée du corps de la femme.

     

    AFF TDF Vincennes et AFC.jpg   Mais au fait, pourquoi nous à La Manif Pour Tous s’obstine-t-on à parler de GPA ? En promulguant la loi Taubira, le mariage pour tous inclut de facto l’adoption, la GPA et la PMA, car c’est tout ou rien : qui dit mariage dit tout cela, car la finalité du mariage est la fondation d’une famille, il en est le cadre institutionnel.

             On sait bien que les enfants adoptables sont rares et que les couples de même sexe auront beaucoup de mal à en adopter. De fait, environ 25 000 couples hétérosexuels ont un agrément pour seulement 2 000 enfants à adopter. Autre complication induite par la promulgation de la loi Taubira : un certain nombre de pays ont fermé l’adoption aux pays ayant voté une loi sur l’homoparentalité. Le nombre d'adoptions a été de moins de 1 000 en 2014, soit la moitié des adoptions il y a encore trois ans. De plus en plus de pays ont arrêté de collaborer avec la France. Certains, comme Djibouti, n'acceptent plus de candidatures venant de France. D'autres, comme le Congo, ont arrêté net, bloquant ainsi des enfants déjà adoptés, mais pas encore sortis du pays, dans leur orphelinat.
C’est une double catastrophe : d'une part, les enfants sont de plus en plus nombreux dans les orphelinats, d'autre part, les ressources de ces mêmes orphelinats ont chuté brutalement, puisque c'étaient les adoptants qui les finançaient pour la plus grande part.

             Il n’y a pas que des hommes politiques de gauche qui se disent favorables à l’adoption, il y a aussi des hommes politiques de droite comme le maire de Bordeaux qui, dans une interviewe pour un magazine a déclaré : « Après mûre réflexion, je suis favorable à l’adoption par un couple de même sexe, après qu’on aura vérifié, comme c’est le cas pour les couples hétérosexuels, que les conditions d’épanouissement de l’enfant sont réunies ». En ce qui me concerne, j’ai vérifié mes conditions d’épanouissement pour les prochaines élections présidentielles. Et bien en 2017, j’ai décidé, en tant qu’homosexuel, de ne pas adopter Alain Juppé, puisqu’il s’agit de lui. 

             Ceci étant dit, quelle solution reste-t-il alors pour que les couples de même sexe puissent se prévaloir des mêmes droits que les couples hétérosexuels ? Pour les femmes, c’est la pratique de la PMA, légale notamment en Belgique et en Espagne. 

             Est-ce une pratique qui mérite d’être encouragée et admise en France ? Si tel était le cas, les couples d’hommes qui, pour des raisons physiologiques, ne pourront jamais accéder à la procréation, ne seraient-ils pas fondés à réclamer l’égalité par rapport aux couples de femmes en matière d’enfants ? Dans ce cas de figure, seule la légalisation de la GPA permettrait de satisfaire leurs revendications avec toutes ses conséquences.

             Bien sûr  qu’un couple de même sexe peut apporter autant de bonheur qu’un couple hétérosexuel. Certes et après ? Quels seront les repères pour cet enfant, sa filiation ?  Son non rapport à la mère ou au père ? Il y a aussi les grands parents, ils jouent un rôle considérable dans l’éducation, on l’oublie un peu trop souvent. L’enfant n’a pas à être traité comme un cobaye. Il n’a pas à s'adapter à une dictature « Homo-parentale ».

             Le 4 décembre 2013, la majorité a adopté une loi pénalisant les clients de prostitués. Si la GPA passe au détour de la PMA, est-ce que le fait de se servir du corps d’une femme contre rémunération ne sera-t-il pas considéré comme un acte répréhensible par la loi ? Ce n’est pas seulement moi qui m’interroge ainsi, mais Najat Vallaud Belkacem, alors ministre des droits de la femme quand elle dit devant l’Assemblée nationale :

             « La détresse de l’un ne se soigne pas par l’exploitation de la détresse de l’autre. Elle n’est jamais une justification… Depuis quand notre pays admettrait-il que la liberté aille au-delà de ce qui ne nuit pas à autrui ? Depuis quand privilégierions-nous une souffrance par rapport à une autre ? Depuis quand le corps humain devrait-il être assimilé à un médicament ? Depuis quand se soignerait-on aux dépens d’une autre personne. »

             Pour une fois, vous avez raison Madame la Ministre. Ni la femme, ni l’enfant ne doivent être traités comme une marchandise. Ceci est contraire à la reconnaissance de la dignité inhérente de l’être humain. Traiter une personne comme une marchandise est la caractéristique de  l’esclavage, comme une caractéristique de la prostitution.

    DSCN6296.JPG         En tant qu’homosexuel, depuis le début de mon engagement, je ne me bats pas pour une communauté, je me bats en mon âme et conscience pour que chaque enfant ait un père et une mère.  Je suis avant tout un citoyen, un citoyen engagé, si j’avais été hétérosexuel, je me serais battu tout autant au côté de La Manif Pour Tous : c’est-à-dire du côté de la raison ! Mon engagement n’a rien à voir avec mon orientation sexuelle.

             Si demain en France, la GPA et la PMA passent les grands perdants ne seraient pas vous, ni moi. Les grands perdants seraient malheureusement les enfants eux-mêmes en leurs confisquant leur droit à une légitime filiation. En les privant de leur égalité vis-à-vis des autres enfants reconnus d’un père et  d’une mère. Le gouvernement, à force de vouloir faire des lois et des concessions pour le lobby gay, fait de l’apartheid non seulement vis-à-vis des autres citoyens, mais plus encore vis-à-vis des homosexuels eux-mêmes. Et je dis bien de l’apartheid, c’est-à-dire une politique ultra-minoritaire et communautariste à l’encontre d’une majorité de Français.

             En conclusion, la GPA au nom de qui ? Au nom de quoi ?

             Au nom d’un lobby gay non représentatif des homosexuels.

             Au nom d’une idéologie eugéniste.

             Comment pouvons-nous cautionner, accepter la vente d’enfants et l’exploitation de femmes ? Comment pouvons-nous rester aveugle devant tant de souffrance ? 

             Un libéralisme effréné a transformé toute personne en marchandise soumise à la loi de l’offre et de la demande. On veut nous faire croire que c’est au nom des ”droits de l’homme”, caution morale indiscutable, que la GPA doit être acceptée, au nom de l’intérêt supérieur des enfants et du droit au respect de la vie familiale. 

             Mensonge, dix fois, cent fois, mille fois mensonges. Il est urgent d’abroger la loi Taubira qui permet implicitement cette ignominie. Demandons aussi que soit, sans délai, retirée la circulaire Taubira qui est le mensonge le plus odieux en laissant croire qu’un enfant peut être apatride. Taubira à travers cette circulaire octroie de façon scandaleuse, purement et simplement, un droit à la filiation censitaire.

             Cour Européenne des Droits de l’Homme réveillez-vous ! Avec l’arrêt inique que vous avez rendu le 27 janvier dernier, vous réduisez à néant la liberté des États de refuser la GPA et de ne pas lui reconnaître d’effets juridiques. Plus encore, votre arrêt est une incitation au trafic international d’enfants. 

             Non et non, la GPA est ni altruiste, ni généreuse, ni éthique. Elle n’est en rien démocratique. Toute légalisation représenterait une régression du droit, une extension du domaine de l’aliénation.

             Les violeurs d’âme et d’intégrité, par billets de banque ou par cartes bancaires occultent les circonstances d’une naissance obtenue par le manquement le plus élémentaire des droits fondamentaux des mères et des enfants. 

             Outre être des violeurs et des voleurs, ceux qui font appels à la GPA sont aussi le plus souvent de futurs assassins. Les cliniques indiennes réduisent les frais de soins de la mère porteuse entraînant, ainsi, un taux élevé de mortalité maternelle. Telle est la réalité de la GPA dont on demande la libéralisation au nom des droits de l’homme, et qui, aux dires de certains, serait un progrès pour l’humanité. 

             On regrette l’époque où la gauche prônait la lutte des classes, se battait contre l’exploitation de la femme, car il n’y a pas plus pauvre et pas plus en détresse qu’une femme que l’on réduit à l’état de poule pondeuse. Aujourd’hui, cette gauche bien pensante proclame de façon arbitraire le droit à l’enfant, « si je veux et quand je veux », comme un bien de consommation, c’est inacceptable et irresponsable ! 

             En laissant entrer odieusement sur notre territoire des vendeurs d’enfants, on confisque leur droit à une légitime filiation, on les prive de leur égalité vis-à-vis des autres enfants reconnus d’un père et d’une mère.

             Certains hommes politiques  - et pas des moindres -, se refusent de dire si oui ou non ils reviendront sur la loi Taubira, certains hommes politiques - et pas des moindres -, disent clairement que s’ils reviennent au pouvoir, ils seront contre l’abrogation du mariage pour tous. 

             Je voudrais clairement et explicitement leur dire, voir leur expliquez que s’ils n’abrogent pas cette loi, ils légaliseront de fait la polygamie, car comme dirait Lapalisse, deux hommes entre eux ou deux femmes entre elles, ne peuvent pas avoir d’enfant et qu’il faut bien une troisième personne : la mère ou le père génétique. Messieurs et mesdames les politiques, et je sais qu’il y en a dans cette salle, osez dire non à cette loi, ne légalisez pas, en plus de la marchandisation de la femme et de l’enfant, le triolisme. 

             Osez dire non à un lobby qui vous manipule, n’en soyez pas les marionnettes. Prenez garde aux aveugles, ils jalousent la lumière ! 

             En tant qu’homosexuel, je refuse que mon orientation sexuelle devienne l’expression d’une loi imposée à tous ; je refuse d’être la caution d’une loi qui tôt au tard va tuer purement et simplement la Famille. 

             Le désir d'enfants, et je le sais, est une réalité sincère, mais nous homosexuels, nous sommes des personnes responsables, nous n’avons pas à demanderà la société d’organiser légalement des vols d’enfants, des viols de femmes pour transformer cette réalité-là 

             Non le ventre des femmes n’est en rien comparable avec les bras d’un ouvrier. Non le ventre des femmes n’est pas à louer. Non le ventre des femmes n’est pas un distributeur d’enfants pour bobo gay en mal d’affection.

             La GPA pas en notre nom, pas en mon nom !

             Je vous remercie.

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     Jean-Pier Delaume-Myard
    Porte-parole de La Manif Pour Tous

     

     

    Photographies : ©Chantal Desmoulins-Lebeault, AFC Val-de-Marne, LMPT

     

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  • GPA : la fine pointe de l'esclavage

     

      lucien fornello,Écologie humaine,économie,foi,christianisme,politique,théorie du genre,homophobie

     

      

    Pourquoi la religion des droits
    ne peut défendre la personne 

     

    I 

             Une marchandisation de la personne humaine s'accomplit aujourd'hui au nom de la lutte contre les discriminations, par l'accès des homosexuels, des couples stériles ou de toute autre personne à la « gestation pour autrui ». La personne est fabriquée pour être vendue au nom de l'égalité et de la liberté, puisqu'une technique est disponible, qui permet de pallier l'infécondité. Le droit de la personne devient droit à la personne – jusqu'à cette possibilité de se faire l'acquéreur d'un être humain. Une société fondée uniquement sur la liberté individuelle ne peut qu'aboutir à ce genre de paradoxe et de sauvagerie.

             Si les droits de l'homme, au départ, furent sans doute sincèrement constitués autour de la liberté, ils en sont venus à permettre la chosification de l'être humain. Sans contester leur importance, voire leur universalité, on peut s'interroger sur le fondement caché de notre société qui, au sacré, a substitué la religion du droit, de la science et du progrès. Or, sans justice qui le transcende, le droit devient pure technique et se dévore lui-même. Il peut même adouber l'infâme.

             Rappelons ce qu'est une « gestation pour autrui » : d'abord, conception en laboratoire d'un être humain à partir de deux gamètes, un spermatozoïde et un ovule, provenant souvent de deux pays différents ; puis, insémination artificielle dans une « mère porteuse » qui portera l'enfant avec lequel elle n'a généralement aucun lien génétique ; enfin, livraison du bébé aux parents commanditaires. En résumé, en parodiant à peine, on a un ovule venu d'Australie, un spermatozoïde venu d'Espagne, une conception dans un laboratoire américain et une gestation en mère porteuse en Inde, le tout pour être livré à des parents hollandais ! Voilà un vrai bébé mondialisé, dont l'origine éclatée est, de surcroît, en partie technique. La mère porteuse – qui n'est d'ailleurs pas la plus coûteuse dans cette transaction – puisqu'il faut payer des biologistes, des laboratoires, des médecins – perd donc aussitôt cet enfant qui, lui, en gardera d'inévitables troubles, puisque tout être humain désire savoir d'où il vient. Cependant, même si ces considérations sont essentielles, nous nous en tiendrons à contester le fondement d'une telle pratique : l'idée qu'on peut volontairement fabriquer un être humain en vue de le commercialiser – ou de le donner, selon une dernière hypocrisie qui sera balayée par notre argumentaire. 

             Et pourquoi pas le trafic d'organes ? Loin d'être combattu par les droits de l'homme, ce genre d'aberration en est parfois favorisé. Pour contester la « gestation pour autrui », on ne peut donc s'en tenir à une argumentation juridique. Un discours philosophique fondamental est nécessaire. Le droit peut empêcher l'esclavage, il peut aussi l'autoriser. Il y a une sorte d'envoûtement, aujourd'hui, autour du droit individuel, devenu si sacré qu'il permet de laisser passer l'énormité de la vente des êtres humains.

             Pour nous défaire des interdits contemporains, revenons à la question du sacré non pas en tant qu'objet que nous aurions perdu, mais en tant qu'énergie refoulée, méconnue, sourdement agissante chez ceux mêmes qui la nient. Notre société ne manque pas de sacré, mais de clarté. L'homme est comme obnubilé par un sentiment de toute-puissance où toute limite apparaît comme une violence. Pourtant, même si elle peut provenir de la contrainte, la violence vient plus sûrement encore du manque de structure. La question n'est donc pas de se débarrasser du sacré, des tabous, des interdits, mais de savoir les placer au bon endroit. 

             La religion de la liberté, s'étant fondée contre le christianisme mais aussi avec lui, est une sorte de contre-religion qui en a absorbé des éléments. Le libéralisme politique a quelque chose de chrétien et d'antichrétien. Ainsi de beaucoup de nos mouvements politiques, comme le socialisme. Cela, loin d'être paradoxal, est contenu dans les Évangiles. Leur fécondité particulière – certains diront subversive – recèle comme la semence de toute modernité. En effet, Jésus ne cesse de critiquer le faux sacré, l'hypocrisie des prêtres, et finalement la religion afin de la réduire à l'essentiel : la relation à Dieu et la conformation de nos agissements à sa sainteté. Le dépouillement christique n'est pas seulement matériel, il est une dénudation du sacré jusqu'à son point d'exactitude et de rayonnement libérateur : la contemplation du créateur en esprit et en vérité. Cette exigence d'adéquation intérieure et extérieure suscitant, à travers l'Histoire, les différentes crises du christianisme, reste comme le ferment réformateur de l’Église.

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    II

             La victoire des philosophes au XVIIIème siècle est celle d'un certain matérialisme, mais l'élan qui porte la société vers la Révolution a quelque chose de religieux. Ce mouvement a gardé la force de libération de l’Évangile mais en en supprimant la source. Curieusement, en ce qu'il est religieux, il est antichrétien, et en ce qu'il est laïcisé, il est pétri de christianisme. N'interpréter la Révolution qu'en terme de triomphe de l'intérêt bourgeois ne pourrait rendre compte du mouvement plus large dans lequel elle s'inscrit et dont elle forme une sorte de concrétion ou de synthèse. Il y a ici un point aveugle qui est la contradiction même de son dogme : la négation de tout mystère au profit de la Raison ne peut se fonder que de manière mystique et ne peut déboucher que sur une religion certes refoulée, mais tout aussi obligatoire qu'une autre. 

             L'idée que la raison suffit à interpréter le monde et à gouverner nos vies accompagne le développement du capitalisme et se traduit par une conception de plus en plus gestionnaire de la vie sociale. La montée en puissance de l'argent comme agent organisateur n'a sans doute pas que des conséquences négatives. Le progrès matériel, l'égalisation juridique, la liberté individuelle viennent pour une part de cette rationalisation. Pourtant, nous voyons bien que si le « dieu Intérêt » devient le prince unique du monde, cela nous conduira vers l'enfer d'un matérialisme pur. Face à cette possibilité insupportable, le droit individuel joue sa partition mystique : la rationalisation trouve son contrepoint dans le culte de la liberté, synonyme de jouissance et de vie.

             Si deux conceptions de l'homme s'affrontaient, l'une matérialiste, l'autre sacrée, vous n'auriez pas tant d'adorateurs de la matière chez les religieux, ni tant d'idolâtres cachés chez les matérialistes. La question se pose donc autrement, en terme de mouvement. Le sacré est un principe organisateur que la modernité vient rationaliser et transférer en technique, en culture, en institution. Je ne parle pas spécialement de notre modernité, mais de toute modernité qu'il nous est donné, depuis le néolithique, d'observer à travers l'Histoire.

             Le sacré, c'est l'intouchable. L'homme, dépassant la nature, doit trouver de nouveaux moyens d'équilibre s'il ne veut basculer dans la violence. La culture sera ce nouvel ordre, lui-même en mouvement. Le sacré en est l'acte initial : il dresse des limites, oriente l'énergie, donne forme et sens aux pratiques. L'interdit et l'adoration en sont les deux versants – que ce soit d'un objet, d'un lieu, d'une personne, voire d'une idée ou d'un nom. Le sacré est la séparation qui instaure le règne de la culture, autrement dit de l'humanité. Est-ce à dire que notre monde est exclusivement culturel – certes pas : le premier sacré n'est pas un acte d'arrachement à la nature, mais le rétablissement d'un équilibre alors que notre sortie du règne naturel ouvrait une béance. Il élabore une seconde nature. Tout cela ne vient pas d'un instant, bien sûr, mais d'un long processus qui se poursuit toujours. 

             Deux qualités de sacré s'esquissent. L'une, disons, plus totémique, l'autre plus légale. Prenant de la distance envers les interdits ou les adorations, l'homme en décompose les nécessités, en pointe les aspects arbitraires, il en comprend le sens comme le poids mais il en relativise, du même coup, le caractère inamovible. À travers le temps, le sacré se transfert en savoir. L'interdit devient juridique, la notion devient scientifique, l'adoration devient artistique. Sans lui, la civilisation n'existerait pas, mais celle-ci, prise dans un mouvement irrésistible qui l'éloigne du sacré, le fera dès lors apparaître comme archaïque. Une question se pose : s'il est nécessaire à l'origine, notre croissance en humanité permettrait-elle de sortir définitivement du sacré, afin d'entrer dans l'âge de raison ? C'est ce que nous disent deux frères pourtant ennemis – le libéralisme et le marxisme – fils du matérialisme – qui du moins sur ce point seront d'accord. 

             En vérité, si vous éliminez le sacré, vous le verrez renaître sous diverses formes. Si vous détruisez l'idée de Dieu, vous divinisez d'autres choses, à commencer par la matière, et vous figerez en dogme cet acte de négation qui formera une croyance inversée. Il est ainsi d'irréductibles mécanismes que notre raison, capable de les discerner, s'obstine à ne pas voir car elle serait obligée de reconnaître ce qui la dépasse. Si votre Dieu est la Raison, alors, fatalement, votre raisonnement sera amputé de l'immense partie du réel qui vous échappe. Rien de plus irrationnel que la raison sans dehors, qui prétend surplomber le monde. Auguste Comte en est devenu fou. D'autres victimes courent les rues en ce moment. 

             Certes, il y a du mauvais sacré, du sacré figé, et figeant, il y a surtout du sacré violent. Soyons donc modernes, opérons notre critique du mauvais sacré ou plutôt œuvrons à préciser ce que cachent nos interdits – c'est-à-dire essentiellement des blessures – sans nous lasser de le faire, mais sans non plus croire que nous pourrons un jour arriver au bout d'un tel processus en éliminant le mystère lui-même. 

             Nous sommes à peu près tous pour cette modernité, celle qui éclaircit notre rapport au réel sans faire sauter le suprême interdit, de nous croire les auteurs de nos destins et les maîtres de la Création. Mais, pour ce moderne que nous sommes, qui a accepté le grand dépouillement du sacré au profit de la spiritualité et de la connaissance, que reste-t-il de sacré ? D'abord, une évidence : ce bon sacré se réduit presque à une admission du mystère de l'existence, un mystère de l'origine qui nous échappe... Ce mystère, il n'est pas obligatoire dans un premier temps d'en décider, simplement de l'admettre. De là, je crois, ce qui ne peut que réconcilier les bonnes volontés : le sacré, notre sacré le plus caché et le plus brandi, le plus intime et en même temps le plus universel, c'est le respect de la personne humaine, l'affirmation de son éminente et intangible dignité, de son caractère irremplaçable et singulier. Or, cela, auquel portent gravement atteinte les dernières avancées du libéralisme – mais pas seulement lui – à travers par exemple la commercialisation des utérus et des bébés – cela, que nous chérissons au plus près en son mystère lié à celui de l'origine, s'identifie à l'humanisme chrétien.

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    III 

             Pour répondre aux promoteurs de la vente des êtres humains, je ne vois pas de plus vigoureuse prise de parole que celle, énoncée au quatrième siècle par un Père de l’Église, Saint Grégoire de Nysse, dans sa quatrième homélie sur l'Ecclésiaste, qui est aussi l'un des premiers argumentaires contre l'esclavage.

             L'originalité de son approche est que, loin d'attaquer cette pratique, comme d'autres chrétiens de son époque, pour des raisons morales ou sentimentales, Grégoire s'en tient à l’Écriture et à l'orthodoxie. Son approche est théologique. Parmi les devoirs d'un chrétien, la précision est essentielle. Parler juste, sous l'autorité de l’Église, fait partie des dons de notre personne au monde. J'oserais même dire que c'est le premier devoir d'un prêtre, à fortiori d'un pape, un devoir de charité. Préférons un pape rude, pointilleux sur le dogme, à un prélat onctueux qui, allant ostensiblement embrasser les pauvres, en oublierait la précision de la doctrine ! Ainsi Grégoire, dans son argumentaire contre l'esclavage, ne cherche pas l'émotion mais la solidité. Il part de deux affirmations de la Genèse : la création de l'homme à l'image de Dieu, d'une part ; et d'autre part sa suprématie sur la nature, sa capacité à la gérer et à régner sur elle. De ces postulats, Grégoire tire une conséquence majeure : l'homme n'est pas monnayable. La nature elle-même pourrait-elle être achetée ? Et quand bien même ce serait possible, Dieu pourrait-il l'être ? Il attaque d'abord assez classiquement la transaction sur le plan de l'orgueil :

    St Grégoire de Nysse.jpgY a-t-il autant matière à fatuité (…) que lorsque un homme se considère le maître de ses congénères ? « J'ai acquis, dit-il, des esclaves et des servantes, et j'ai eu des serviteurs nés chez moi. » Vois-tu l'énormité de la forfanterie ? Une telle parole s'élève ouvertement contre Dieu.

             La force avec laquelle Grégoire place l'esclavage comme un défi à Dieu se trouve justifié, fondé par l’Écriture :

    St Grégoire de Nysse.jpg

    Car nous avons entendu dire par la prophétie que toutes choses sont les esclaves du pouvoir qui est au-dessus de tout. Or, l'homme qui fait de ce qui est à Dieu son propre bien et qui s'attribue domination sur son semblable, au point de se croire le maître d'hommes autant que de femmes, que fait-il d'autre que transgresser la nature par son orgueil, lui qui se voit différent de ceux qu'il commande ?

             On notera l'importance de cette différence faite entre les hommes, signe d'un péché essentiel – l'orgueil – qui en engendre d'autres – tous les saints, tous les pères de l’Église ont ainsi affirmé la fondamentale égalité de tous les hommes. Cependant, la critique de cette mauvaise différence ne saurait être la négation de nos singularités, voire de nos hiérarchies, puisque cette profonde égalité devant Dieu repose précisément en cet amour qu'il a pour chaque créature, et plus encore pour chaque personne. C'est l'un des génies du christianisme et la clef de l'humanisme chrétien : notre commune et singulière dignité se réalise dans la distinction. L'argumentaire se termine justement sur l'égalité fondamentale issue non pas d'un désir politique mais de la nécessaire humilité :

    St Grégoire de Nysse.jpg

    Car je ne vois rien que tu possèdes en plus que ton « sujet » – tu le nommes ainsi – à part le nom. En effet, qu'est-ce que ton pouvoir a ajouté à la nature ? Ni temps, ni beauté, ni bonne santé, ni les avantages que donne la vertu. Tu nais des mêmes êtres humains, ta vie se déroule de la même manière, les passions de l'âme et du corps vous dominent autant, toi, le maître, et celui soumis au joug de ta domination : douleurs et satisfactions, joies et inquiétudes, chagrins et plaisirs, colères et craintes, maladies et morts. Y a-t-il là une différence entre esclave et maître ? N'aspirent-ils pas le même air avec leurs poumons ? Ne voient-ils pas pareillement le soleil ? Ne se conservent-ils pas pareillement en se nourrissant ? Leurs organes ne sont-ils pas disposés de la même façon ? Ne sont-ils pas tous deux une même poussière après la mort ? N'y a-t-il pas un même jugement ? N'ont-ils pas un royaume commun, une commune géhenne ? Toi donc qui as en tout un sort égal, en quoi as-tu davantage, dis-moi, pour te croire, toi, un homme, souverain d'un autre homme et pour dire : « J'ai acquis des esclaves et des servantes », comme on acquiert quelques troupeaux de chèvres et de cochons ? En effet, après avoir dit : « J'ai acquis des esclaves et des servantes », il a ajouté l'abondance en troupeaux de brebis et de bœufs qui était devenue la sienne. « J'ai fait acquisition, dit-il, de brebis et de bœufs en quantité », comme si animaux et esclaves étaient à rang égal soumis à son pouvoir. 
     

             Grégoire de Nysse était médecin. On remarque, au-delà de l'éloquence du lettré grec, combien l'intériorité organique du corps, sa composition et ses nécessités, sont accompagnées des considérations morales pour montrer que rien, du dedans, du dehors, ne peut distinguer les hommes sinon la vertu. Or celle-ci, jamais acquise, n'aura pour juge que Dieu. 

             Le mystère chrétien est en un sens celui de la modernité. L'émancipation – au sens propre la sortie d'esclavage – est une conséquence essentielle de la Révélation et de la Rédemption. « La Vérité vous rendra libre ». En effet, toutes les sacralités, toutes les distinctions artificielles tomberont plus ou moins vite dans les sociétés chrétiennes, au profit du développement spirituel et humain – processus que notre modernité a affolé et détourné pour nous faire entrer dans un âge d'indistinction – vers une régression pire, en un sens, que l'ordre sacral dont nous sortions. Cette liberté originelle, corollaire de la création de l'homme à l'image de son créateur, essentielle pour qu'il y ait amour, est aussi une épreuve – puisque elle contient la possibilité de se détourner de Dieu, voire de se tourner résolument vers le mal. Ainsi dit la Genèse, la prise du fruit nous coupe de la grâce. Enfermé dans le gouvernement et la jouissance d'un soi qui usurpe la place de Dieu, on perd la capacité d'accueillir le réel, l'imaginaire conflictuel reprend violemment le dessus. C'est précisément, me semble-t-il, le geste sacral et sacrilège de la modernité occidentale.

             Notre liberté a une limite : si on en jouit pour soi, on la perd, car on se soumet à un esclavage qui est le pire de tous : de soi-même. On doit donc, si on veut qu'elle soit féconde, rendre au Créateur cette liberté qu'il nous offre et qu'il fera grandir. Certains – voyant là un sujet de révolte – refusent un tel échange d'amour entre le Créateur et sa créature. Le péché, c'est vouloir s'approprier la liberté et le jugement en supprimant la filiation divine. Ainsi l'acheteur ou le marchand d'esclave :

    St Grégoire de Nysse.jpg

    « J'ai acquis des esclaves et des servantes. » Que veux-tu dire ? Tu condamnes à l'esclavage un homme dont la nature est libre et autonome, et tu légifères en t'opposant à Dieu, en renversant la loi qu'il a établie pour la nature. En effet, celui qui est né pour être maître de la terre (l'homme, d'après Genèse, I, 26, nda), qui a été placé par le créateur pour commander, tu le soumets au joug de l'esclavage en combattant, en transgressant pour ainsi dire l'ordre divin. Tu as oublié les limites de ton pouvoir, tu as oublié que le commandement t'a été imparti dans les limites de l'autorité sur les êtres sans raison. « Qu'ils commandent, dit l’Écriture, aux volatiles, aux poissons, aux quadrupèdes et aux reptiles. » Comment, outrepassant ton droit à l'asservissement, t'élèves-tu contre la nature libre elle-même (c'est-à-dire l'homme, nda), en comptant au nombre des quadrupèdes et des animaux sans pattes celui qui est de la même race que toi ? « Tu as tout soumis à l'homme », proclame la prophétie à propos de Dieu (Psaume 8) et cette parole met dans le nombre des êtres qui sont en notre pouvoir « troupeaux, bœufs, et bétail ». Mais toi, tu as déchiré la nature par l'esclavage et la domination, tu l'as faite esclave d'elle-même et dominatrice d'elle-même. 
     

             Le désir d'égaler Dieu, de le singer ne peut se faire qu'en supprimant, d'une manière ou d'une autre, l'image divine. On perd la divine ressemblance à vouloir l'acquérir. « Vous serez comme des dieux », suggère le Serpent pour inciter à la prise du fruit, le seul interdit, qui pend à l'arbre de la connaissance du bien et du mal, autrement dit du jugement. À cela, Jésus répond qu'au contraire nous devons devenir « petits enfants », non pas dans le sens d'une régression, mais d'une acceptation de la filiation divine. Qu'est-ce qu'un enfant ? Quelqu'un qui grandit. À mesure que nous recevons Dieu, nous nous dépouillons de l'orgueil vis-à-vis du prochain : il y a là un système vertueux qui produit la maturité collective et individuelle des sociétés chrétiennes.

             C'est la singularité même de la personne la signature de cette liberté et de cette ressemblance. En effet, si chaque personne est à aimer d'un même amour c'est qu'elle est singulière, singulièrement l'image de Dieu pourrait-on dire, et que nul ne peut l'égaler en ce qu'elle est elle-même. Ce qui revient à dire qu'aimer Dieu, c'est aimer aussi une personne, la personne objective et singulière par excellence. La limite à notre liberté est la fragilité de la personne, l'effroi que nous aurions à l'offenser, car ainsi nous offenserions Dieu. Le jour, alors, devient ce lieu de partage que Jésus appelle le Royaume « au milieu de vous ». Il est tout intériorité – caché en Dieu – certes – mais il affleure ici dès qu'il y a accueil et partage de charité. Quelle boucle plus parfaite pourrait être esquissée que cette vérité : l'homme, à l'image de Dieu, reçoit cette image en l'autre, met en acte cette ressemblance en aimant son prochain pour aimer Dieu, et aime Dieu pour mieux aimer son prochain, se conformant ainsi à cette divine ressemblance.

             Le péché, certes, a brisé cette relation vertueuse, produisant notre monde fragmenté et cupide. C'est là que le Christ, en donnant toute sa plénitude à cette ressemblance, restaure le Pont entre la créature et Dieu. Le manque d'amour, l'opacification de cette ressemblance par la préoccupation que nous avons de nous diriger et de juger est alors travaillée par la grâce, raclée, et l'âme, qu'on ne voyait plus, retrouve sa nature de miroir de Dieu. L'Incarnation, en effet – folie pour les Grecs, scandale pour les Juifs, blasphème pour les musulmans – oui, cette folie est nécessaire pour nous faire comprendre enfin – et jusqu'à la Croix – que ce n'est pas un jeu : nous sommes vraiment à l'image de Dieu, libres, précieux, chacun, mais ce don est d'un tout autre poids qu'une simple application des droits modernes. Et chaque être, ainsi, a un prix infini, qui n'est pas même celui du monde. Grégoire le dit déjà, dans un passage qui ne peut aujourd'hui encore que nous interpeller par sa précision :

    St Grégoire de Nysse.jpg

    « J'ai acquis des esclaves et des servantes. » A quel prix, dis-moi ? Qu'as-tu trouvé, parmi les êtres, de même prix que la nature ? À quelle somme as-tu évalué la raison ? Combien de pièces de monnaie as-tu payé en échange de l'image de Dieu ? Contre combien de statères as-tu échangé la nature façonnée par Dieu ? « Dieu dit : Faisons l'homme à notre image et ressemblance. » Celui qui est à la ressemblance de Dieu, qui commande à toute la terre et qui a reçu de Dieu en héritage le pouvoir sur tout ce qui est sur la terre, qui peut le vendre, dis-moi, et qui peut l'acheter ? À Dieu seul ce pouvoir : et encore, pas même à Dieu ! Car « il ne se repent pas de ses dons », est-il dit. Dieu ne saurait asservir la nature, lui qui volontairement nous a appelés à la liberté, alors que nous nous étions asservis au péché. 

     

             On ne saurait insister sur la force avec laquelle le christianisme détruit toute sacralité de pouvoir et de superstition pour placer le seul sacré dans la personne – divine en premier lieu, humaine ensuite – mais pratiquement à égalité – non que l'homme soit son égal, mais parce que Dieu se porte vers lui pour le combler de grâce, lui qu'il a fait à sa ressemblance : Combien de pièces de monnaie as-tu payé pour acheter l'image de Dieu ? La question rhétorique va bien au-delà d'un argumentaire contre l'esclavage, elle exige une vigilance dans notre rapport quotidien à ces unités de Dieu que sont nos époux, nos enfants, nos collègues et n'importe quel passant ! Oui, fussent-ils pécheurs, ils sont l'image de Dieu – déformée, parfois brisée, toujours fragile, mais, au fond, intacte jusqu'au bout : qui peut le vendre, dis-moi, et qui peut l'acheter ? À Dieu seul ce pouvoir : et encore, pas même à Dieu ! Car il ne se repent pas de ses dons.

             Ainsi Malebranche, à la suite de Saint Augustin, rappelle qu'il faut haïr le crime, mais toujours aimer le pécheur. Cette distinction entre le crime et la personne va pour nous plus loin, elle est une distinction entre les idéologies, les religions, les pensées, et les personnes elles-mêmes. Ce discernement doit nous accompagner dans le combat. Je peux détester l'idéologie du genre, la promotion de la mort et du commerce humain, mais non pas les personnes qui véhiculent ces horreurs, et qui sont, qu'elles le sachent ou non, enfants de Dieu. De même, je peux contester la véracité d'autres religions, et, si je suis chrétien, je ne peux que le faire ; en revanche, je dois aimer leurs pratiquants comme tous ceux qui vont sans religion, et prier pour eux, rester humble devant eux – car tout à l'heure, à coup sûr, l'un d'eux me donnera une leçon de charité ou de courage. Ne l'oublions pas, l'offense à Dieu, nous l'avons aussi portée, en tant que société, en tant qu'individu, tous, sans exception.

             Nous devrions en finir avec nos sempiternelles argumentations autour des droits, il y a quelque chose d'à la fois plus ouvert et plus précis pour affirmer l'éminente dignité de chacun : la Vérité ! Celle-ci ne nous appartient pas, certes, et c'est bien ce que nous sommes en train de dire. Comment mieux contester la pratique barbare des mères porteuses, la fabrication et la vente des bébés, que par des arguments théologiques ? À moins de nous perdre en exemples, en suggestions sentimentales, en circonvolutions philosophiques plus ou moins vagues, nous devons en revenir au dogme. Oui, la Foi est nécessaire, mais une Foi qui s'énonce ainsi est entendue de tout homme, car elle est articulée à ses conséquences concrètes : la sacralité intangible de la personne humaine. Il s'ensuit une théologie de la fragilité et de la liberté qui a des conséquences politiques. Voilà ce qu'au IVème siècle un homme disait déjà dans sa prose d'une rare profondeur.

             Cette sacralité réduite à l'essentiel – la personne humaine – ne saurait nous conduire au mépris de la nature. C'est d'ailleurs un équilibre spécial que nous risquons de perdre dans nos villes, où tout, même le sol, a été remplacé. Oui, nous sommes tellement entourés de nos propres constructions que nous en oublions plus facilement le Créateur de l'univers. Il y a pourtant un sentiment qui n'est nullement profane, d'admiration, de contemplation de la nature, et j'oserais dire qu'il est même nécessaire au poids que nous donnons à cette notion d'image de Dieu. Voilà le dernier coup que porte Saint Grégoire de Nysse à la maudite transaction de l'esclavage :

    St Grégoire de Nysse.jpg

    Mais si Dieu n'asservit pas ce qui est libre, qui peut établir au-dessus de Dieu sa propre domination ? Comment sera vendu celui qui commande à la terre et à ce qui se trouve dessus ? Car obligatoirement on achète, avec l'homme qui est vendu, tout ce qui lui appartient. À combien estimerons-nous la terre ? Et à combien tout ce qui est sur la terre ? Et si c'est inestimable, à quel prix estimes-tu, dis-moi, celui qui est au-dessus de tout ? Dirais-tu « le monde entier » que tu ne trouverais même pas le prix qui convient. Car celui qui sait estimer la nature humaine à son juste prix a dit que le monde entier n'est pas digne d'être échangé contre l'âme d'un homme. Chaque fois qu'un homme est à acheter, ce n'est pas moins que le maître de la terre qui est conduit au marché. Donc ce qui sera vendu à la criée en même temps que cet homme, c'est évidemment aussi la création existante. Et la création, ce sont la terre, les îles, la mer, et tout ce qu'elles contiennent. Que paiera donc l'acheteur ? Que recevra le vendeur, si c'est une telle possession qui accompagne la transaction ? Mais le petit livret, l'engagement écrit et le paiement en espèces t'ont-ils convaincu avec leur tromperie que tu étais maître de l'image de Dieu ? Ô folie ! Et si le contrat se perdait, si les lettres étaient mangées par les vers, si une goutte d'eau en tombant les effaçait, où seraient les gages de ton droit à asservir ; et où, les moyens de ta domination ?

             Nous vivons dans une fiction que nous croyons réelle : le contrat. Et ce contrat, si nécessaire soit-il par ailleurs, nous en avons fait le dernier sacré. Les forces de négation et de cupidité se sont engouffrées dans la faille, et voilà le retour pervers de l'esclavage. Oh, je sais, lorsqu'on vend un enfant on ne vend pas un esclave, on destine un être à des parents d'intention. Mais comment peut-on nier qu'il y aura, à l'origine, la même transaction exactement que celle dénoncée par Grégoire de Nysse ? Et si l'enfant était donné comme le prétendent certains – ce qui est difficile à croire étant donné le processus de fabrication et les fatigues de la grossesse – cela voudrait dire qu'on en dispose comme d'une possession, puisqu'on ne peut donner que ce qui nous appartient. Or, un être humain n'appartient à personne, pas même à ses parents – à personne si ce n'est à Dieu – encore celui-ci nous laisse libre de nous détourner et ne reprend pas ses dons.

             La chosification de l'être humain ne peut donc être combattue avec les arguments du droit, nous devons ramener le débat aux fondements qui constituent ce en quoi nous croyons. Même un athée comprendra symboliquement cette sacralité de la personne humaine. La singularité est le seul contrepoint à l'infini. Or, aujourd'hui, certains voudraient tout simplement nier la personne humaine. Nous trouverons des alliés partout dans ce combat, mais n'ayons plus peur d'employer ces arguments théologiques, car ils sont en vérité les seuls solides. Sinon, nous serons incohérents et nous aurons craint davantage le regard des hommes que celui de Dieu.

             À la suite de la quatrième homélie sur L’ecclésiaste, Grégoire dans la cinquième engage une attaque contre l'or et le prêt à intérêt. En faisant un culte à la matière – ou au néant du métal jaune – ou, aujourd'hui, au chiffre apparemment efficace de nos comptes en banque – nous adorons une illusion au lieu de la sainte et invisible réalité du Créateur qui nous regarde à tout instant. Notre seul vrai bien est notre prochain, non pas que nous le possédions, mais parce que nous l'accueillons et que par lui nous pouvons accueillir Dieu. En substituant à la sacralité de la personne l'équivalent universel, nous nous éloignons considérablement de notre pauvreté essentielle, qui est la seule vraie richesse, puisqu'elle seule nous ouvre à la Grâce. Voilà l'ultime et merveilleux mystère chrétien : Dieu se fait pauvre. Dieu lui-même se fait fragile. Oui, pour te conformer à son image, cher lecteur, tu n'as que cela à faire : l'aimer, lui, pour ce qu'il est, dans son incompréhensible richesse et profusion, toute transcendance, mais l'aimer, lui, pour ce qu'il est, dans l'image de ton frère – même déformée, même brisée par le péché ou la folie – l'amour infini qui se dépouille jusqu'à nous. Tu marcheras, alors, avec la liberté des enfants de Dieu...
     

    Lucien Fornello
    pour La Vaillante

     

             Voici in-extenso cette partie de la quatrième homélie sur L'ecclésiaste, de Saint Grégoire de Nysse, traduite et annotée par Françoise Vinel aux éditions du Cerf en 1996, dans la très belle collection des Sources Chrétiennes (il m'est arrivé, dans le texte, de légèrement modifier la traduction).

     

    St Grégoire de Nysse.jpg            Homélie IV 

             C'est encore le sujet de la confession qui retient notre texte. En effet, l'ecclésiaste, en racontant ce qui chez lui fait reconnaître la vanité des choses de cette vie, passe pour ainsi dire tout en revue. Et maintenant, il aborde comme objet d'une accusation plus grave que celles de ses actions qui lui font dénoncer la passion de l'orgueil. Y a-t-il autant matière à fatuité dans les biens qu'il a dénombrés – maison somptueuse, abondance de vignes, l'agrément des potagers et, pour les eaux, leur collecte dans les bassins et leur répartition dans les jardins – que lorsque un homme se considère le maître de ses congénères ? « J'ai acquis, dit-il, des esclaves et des servantes, et j'ai eu des serviteurs nés chez moi. » Vois-tu l'énormité de la forfanterie ? Une telle parole s'élève ouvertement contre Dieu. Car nous avons entendu dire par la prophétie que toutes choses sont les esclaves du pouvoir qui est au-dessus de tout. Or, l'homme qui fait de la possession de Dieu sa propre possession et qui s'attribue domination sur sa race, au point de se croire le maître d'hommes aussi bien que de femmes, que fait-il d'autre que transgresser la nature par son orgueil, lui qui se regarde comme différent de ceux qu'il commande ?

             « J'ai acquis des esclaves et des servantes. » Que veux-tu dire ? Tu condamnes à l'esclavage l'homme dont la nature est libre et autonome, et tu légifères en t'opposant à Dieu, en renversant la loi qu'il a établie pour la nature. En effet, celui qui est né pour être maître de la terre (l'homme, d'après Genèse, I, 26), celui qui a été placé pour commander par le créateur, tu le soumets au joug de l'esclavage, en combattant et en transgressant pour ainsi dire l'ordre divin. Tu as oublié les limites de ton pouvoir, tu as oublié que le commandement t'a été imparti dans les limites de l'autorité sur les êtres sans raison. « Qu'ils commandent, dit l’Écriture, aux volatiles, aux poissons,  aux quadrupèdes et aux reptiles. » Comment, outrepassant ton droit à l'asservissement, t'élèves-tu contre la nature libre elle-même, en comptant au nombre des quadrupèdes et des animaux sans pattes celui qui est de la même race que toi ? « Tu as tout soumis à l'homme », proclame la prophétie à propos de Dieu (Psaume 8) et cette parole met dans le nombre des êtres qui sont en notre pouvoir « troupeaux, bœufs, et bétail ». Mais toi, tu as déchiré la nature par l'esclavage et la domination, tu l'as faite esclave d'elle-même et dominatrice d'elle-même. « J'ai acquis des esclaves et des servantes. » A quel prix, dis-moi ? Qu'as-tu trouvé, parmi les êtres, de même prix que la nature ? À quelle somme as-tu évalué la raison ? Combien de pièces de monnaie as-tu payé en échange de l'image de Dieu ? Contre combien de statères as-tu échangé la nature façonnée par Dieu ? « Dieu dit : Faisons l'homme à notre image et ressemblance. » Celui qui est à la ressemblance de Dieu, qui commande à toute la terre et qui a reçu de Dieu en héritage le pouvoir sur tout ce qui est sur la terre, qui peut le vendre, dis-moi, qui peut l'acheter ? À Dieu seul appartient ce pouvoir : bien plus, pas même à Dieu lui-même ! Car « il ne se repent pas de ses dons », est-il dit. Dieu ne saurait asservir la nature, lui qui volontairement nous a appelés à la liberté, nous qui avions été asservis au péché.

             Mais si Dieu n'asservit pas ce qui est libre, qui peut établir au-dessus de Dieu sa propre domination ? Et comment sera aussi vendu celui qui commande toute la terre et tout ce qui est sur la terre ? Car il est de toute nécessité que le bien de celui qui est vendu soit cédé en même temps que lui. À combien estimerons-nous donc toute la terre ? Et à combien tout ce qui est sur la terre ? Et si c'est inestimable, à quel prix estimes-tu, dis-moi, celui qui est au-dessus ? Dirais-tu « le monde entier » que tu ne trouverais même pas le prix qui convient. Car celui qui sait estimer la nature humaine à son juste prix a dit que le monde entier n'est pas digne d'être échangé contre l'âme d'un homme. Chaque fois qu'un homme est à acheter, ce n'est pas moins que le maître de la terre qui est conduit au marché. Donc ce qui sera vendu à la criée en même temps que cet homme, c'est évidemment aussi la création existante. Et la création, ce sont la terre, les îles, la mer, et tout ce qu'elles contiennent. Que paiera donc l'acheteur ? Que recevra le vendeur, si c'est une telle possession qui accompagne la transaction ? Mais le petit livret, l'engagement écrit et le paiement en espèces t'ont-ils convaincu avec leur tromperie que tu étais maître de l'image de Dieu ? Ô folie ! Et si le contrat se perdait, si les lettres étaient mangées par les vers, si une goutte d'eau en tombant les effaçait, où seraient les gages de ton droit à asservir ; et où, les moyens de ta domination ?

             Car je ne vois rien que tu aies en plus par rapport à ton sujet – tu le nommes ainsi – que le nom. En effet, qu'est-ce que le pouvoir a ajouté à la nature ? Ni temps, ni beauté, ni bonne santé, ni les avantages que donne la vertu. Tu nais des mêmes êtres humains, ta vie se déroule de la même manière, les passions de l'âme et du corps vous dominent autant, toi, le maître, et celui qui est soumis au joug de ta domination : douleurs et satisfactions, joies et inquiétudes, chagrins et plaisirs, colères et craintes, maladies et morts. Y aurait-il en cela une différence entre l'esclave et le maître ? N'aspirent-ils pas le même air avec leurs poumons ? Ne voient-ils pas pareillement le soleil ? Ne conservent-ils pas semblablement leur nature à l'aide de la nourriture ? Leurs entrailles ne sont-elles pas disposées de la même façon ? Ne sont-ils pas tous deux une même poussière après la mort ? N'y a-t-il pas un même jugement ? N'ont-ils pas un royaume commun et une commune géhenne ? Toi donc qui as en tout un sort égal, en quoi as-tu davantage, dis-moi, pour te croire, toi, un homme, souverain sur un homme et pour dire : « J'ai acquis des esclaves et des servantes », comme on acquiert quelques troupeaux de chèvres et de cochons ? En effet, après avoir dit : « J'ai acquis des esclaves et des servantes », il a ajouté l'abondance en troupeaux de brebis et de bœufs qui était devenue la sienne. « J'ai fait acquisition, dit-il, de brebis et de bœufs en quantité », comme si animaux et esclaves étaient soumis à rang égal à son pouvoir.

    Grégoire de Nysse

    Icône mosaïque datant du XIIIème siècle

    Article repris par Ichtus : http://www.ichtus.fr/gpa-la-pointe-de-lesclavage/

     

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  • Rebâtir la France, Terre d'Espérance

    Retranscription de l’émission Le Grand Témoin, du 20 janvier 2015.

    Louis Daufresne invite le général Didier Tauzin à l’occasion de la sortie de son livre Rebâtir la France (Éditions du Mareuil) et pour son association France, Terre d’Espérance.

    http://www.france-terre-esperance.com/index.html

     

    Louis Daufresne Potrait Radio ND.jpgLouis Daufresne : Quand la grande muette commence à l’ouvrir c’est que les choses ne vont pas si bien que cela. Les scènes de guerre en plein Paris habitent toujours les esprits d’autant que la nouvelle caricature de Mahomet publié par Charlie Hebdo, édition diffusée à des millions d’exemplaires, risque fort de mettre le feu à la planète. Déjà des églises brûlent, des hommes meurent. À qui la faute ? Le principe de précaution que s’imposent de plus en plus les peuples vieux et frileux aurait sans doute eu ici toute sa pertinence. Le général Didier Tauzin connaît bien les forces spéciales : il a commandé le premier RPIMA Régiment Parachutiste d’Infanterie de Marine, prestigieuse unité. Il a dirigé plusieurs opérations de libération d’otages. Aujourd’hui, il s’engage en fondant une association, France, terre d’Espérance et en publiant un essai dont nous allons parler au fil de cette émission : Rebâtir la France. Général Tauzin, bonjour.

    Général Didier Tauzin : Bonjour.

    L.D. : Vous avez dit sur une chaîne de télévision, en tout cas c’est ce que j’ai aperçu sur un bandeau de BFMTV : « Ce n’est qu’un début, ce que nous vivons… ». C’est vrai ?

    D. Tauzin 11.37.jpgG. D.T. : Oui, absolument, c’est vrai. Ce n’est qu’un début. Nous sommes maintenant… D’ailleurs monsieur Valls l’a dit lui-même : nous sommes maintenant dans une guerre qui a tous les aspects d’une guerre mondiale. Non pas du tout de celles que nous avons connues au XXème siècle, mais une guerre d’abord complètement asymétrique : du point de vue technologique, au moins, c’est-à-dire des gens extrêmement rustiques qui se contentent de vraiment très peu de choses, qui passent complètement inaperçus, qui ne coûtent rien à leurs commanditaires… face à des armées ou les polices installées et lourdement équipées… face à des populations qui ne s’attendent pas du tout à cela, ne comprennent pas encore qu’elles sont dans une guerre. Asymétrique, aussi, dans le sens où nous ne sommes pas dans une guerre d’armées. Il n’y a pas de champ de batailles. Le champ de bataille c’est le monde entier et c’est en même temps chacun d’entre nous, c’est notre conscience… Il s’agit de nous terroriser, de nous faire progressivement baisser la garde intellectuelle — si je peux dire — pour aller dans le sens idéologique que veulent ces gens-là. C’est aussi une guerre idéologique.

    L.D. : Quel est le but de guerre ? 

    G. D.T. : Le but de guerre, très clairement : il faut se dire que nous sommes face à l’islamisme. L’islamisme dérive d’une lecture du Coran. Il est clair que le Coran prête dans beaucoup de ses sourates a interprétations diverses. J’en ai lu quelques passages récemment, dans le cadre de cette affaire. Il est clair, pour certains passages, que des esprits frustes et très peu cultivés et, surtout, manipulés par des commanditaires peu recommandables, peuvent en faire une lecture vraiment dramatique pour le monde. Dans certains passages est quand même écrit : « Il faut tuer les infidèles ». D’ailleurs, c’est ce que le patron de Daesh, de l’État Islamique, Abou Bakr al-Baghdadi préconise. D’après ce que je sais de lui, c’est quelqu’un qui n’a aucune haine contre quiconque. Simplement il est écrit : « Il faut tuer les mécréants », eh bien, ils tuent les mécréants. Voilà. C’est tout. Donc, le but de guerre en fait dérive d’une lecture extrêmement littérale du Coran. Beaucoup de musulmans font une lecture beaucoup plus spirituelle du Coran, en particulier les soufis, mais d’autres en font une lecture extrêmement littérale. Et donc, il s’agit maintenant de convertir le monde, là, par le sang et le feu. Il ne faut pas non plus se leurrer : on ne regarde plus l’histoire. Mais le Djihad tel qu’il est pratiqué par Al Qaïda, par Daesh, a été pratiqué tout au long de l’histoire de l’islam. L’étendard noir que nous voyons aujourd’hui sur les télévisions, qui est brandi en Iraq et en Syrie par Daesh, est le même étendard noir que brandissaient les armées de Mahomet dès la conquête, par exemple, de l’Espagne. 

    L.D. : Cela veut dire que vous faites l’amalgame, là… 

    G. D.T. : Ce n’est pas un amalgame… Attendez, il faut faire très attention. L’amalgame qu’il ne faut pas faire c’est entre la grande majorité des musulmans qui n’a pas de sang sur les mains, qui n’accepte pas du tout cette interprétation littérale du Coran, et qui ne se reconnait pas du tout dans les crimes commis au nom du Coran et au nom de Mahomet, l’amalgame entre ces gens là et les massacreurs, les terroristes. C’est cet amalgame-là qu’il ne faut pas faire. Par contre, cela n’empêche pas de regarder les choses en face. Quand on veut résoudre un problème il faut le poser correctement. Et je remarque que le président égyptien, le Général al-Sissi, a dit très récemment qu’il faut faire le ménage dans l’islam. Il s’était levé contre le fait que dans les mosquées égyptiennes aujourd’hui on parle encore des juifs comme de singes et des chrétiens comme de porcs. Donc, voyez-vous, même l’islam se remet en question. Cela est très bon et nécessaire. Un écrivain algérien écrivait récemment dans une tribune — du Figaro je crois, peu importe — que la vocation de l’islam c’est de convertir et non de gouverner. Il écrivait que l’immense majorité des musulmans font cela à titre personnelle et dans leur famille, d’une manière pacifique à l’égard de la société. Une infime minorité, au contraire, fait une lecture littérale du Coran.

    L.D. : Général Didier Tauzin, c’est au Sénégal, à Dakar, que vous voyez le jour en 1950. Votre père militaire a fait la guerre de 39-45, l’Indochine et l’Algérie. Vous le dites, votre vocation d’officier est venue très rapidement. Sans doute en 1954 : alors que vous aviez à peine quatre ans, votre père avait alors adressé une lettre à votre mère pensant que ce serait la dernière. Lettre dans laquelle il annonçait qu’il était volontaire pour sauter sur Diên Biên Phu. Une histoire qui a bercé toute votre vie, votre enfance et votre jeunesse. Votre vocation, elle, s’est confirmée avec le temps : à 21 ans, vous intégrez Saint-Cyr.


    Marion Duchêne ortrait Radio ND.jpgMarion Duchêne : Portrait 

             Didier Tauzin a 25 ans, à peine, lors de sa première opération. Il s’agissait de protéger Houphouët-Boigny avec moins de quinze hommes, se souvient-il : « Le commandement m’a transformé. Cela demandait exigence et amour. C’était avant tout un service ». 1992 : Didier Tauzin prend la tête des Para du Premier Régiment d’Infanterie de Marine. La Somalie, la Yougoslavie, le Rwanda entre 92 et 94. En 2006, c’est la retraite. Didier Tauzin le répète : « Ma conversion chrétienne m’a beaucoup aidé à m’épanouir dans les fonctions de commandement. » Élevé dans la religion catholique, il n’a jamais été très pratiquant jusqu’à une retraite ignacienne à Bayonne, en 1975 : « Cela a tout changé dans ma vie ! », dit-il. Le général Tauzin n’a jamais caché sa foi. Mieux : il a toujours eu une statue de la Vierge sur son bureau. La Parole qui le guide aujourd’hui : « Vous êtes la Lumière du monde. » « Ce n’est pas une invitation, c’est un ordre », souligne celui qui a toujours refusé de s’encarter. « On n’a qu’un seul parti, c’est la France », disait-on dans sa famille. L’année 2013 et La Manif Pour Tous ont poussé Didier Tauzin à écrire Rebâtir la France aux éditions Mareuil et à fonder l’association France, Terre d’Espérance. « Nous sommes à la fin d’une époque, c’est pour moi une certitude », déclare le général. « L’objectif de mon livre est d’éviter que notre pays ne bascule dans la guerre civile. On nous a monté les uns contre les autres », insiste-t-il. Et à ceux qui ont trop souvent dénigré les soldats, les gendarmes et les policiers, le général Didier Tauzin répond en citant Anatole France : «  Les vertus militaires ont enfanté la civilisation entière ».  

    Louis Daufresne Potrait Radio ND.jpgL.D. : Je reviens à ce que vous disiez tout à l’heure, général Didier Tauzin, à propos de cette infime minorité qui a une lecture littérale du Coran. Comment peut-on évaluer le soutien dont elle dispose dans les banlieues, cette infime minorité ? Je crois que vous avez des statistiques à nous faire partager…

    D Tauzin 11.36.jpgG. D.T. : Oui. D’après une émission de CNN, la chaîne américaine que j’ai capté sur internet : 15 à 25% de la population musulmane serait plus ou moins favorable au djihadisme, tel qu’il est pratiqué par ces gens-là. 15 à 25% ce qui, au niveau mondial, fait une population de 300 millions d’habitants, d’après cette émission des Services de Renseignements occidentaux. On peut considérer que CNN est une chaîne sérieuse… Il faut d’ailleurs prendre cela avec précaution : la fourchette est large, 15 à 25%. Je prends la moitié de cette fourchette : 20%. Si cette fourchette est avérée, en France, cela fait 1 million de musulmans qui seraient, peu ou proue, favorable au djihadisme tel qu’il est pratiqué. C’est énorme ! Dans cette population importante, dans ce million, une toute petite minorité passe à l’acte. Mais cette minorité se renouvelle en permanence. 

    L.D. : Cela a toujours été le cas dans l’histoire que les minorités… La révolution Russe, c’était pareil…

    G. D.T. : Cela a toujours été le cas. D’ailleurs c’est ce que disait CNN. Il ne faut, bien sûr, pas faire d’amalgame mais… À l’époque de Hitler, il n’y avait qu’une minorité d’allemands qui était nazie. Ils ont mis le feu au monde. Leur objectif étant de terroriser pour faire plier nos consciences et nos volontés, ils peuvent employer à peu près n’importe quels moyens. Je ne sais pas sous quelle forme, mais c’est une guerre qui va durer et qui ne fait que commencer.   

    L.D. : On peut se poser la question. Vous dites : « C’est pour faire plier nos consciences ». Mais on peut avoir le réflexe inverse qui consiste à dire : « Eh bien non, justement cela ne va pas nous faire plier, cela va nous raidir ». Puisque face à l’horreur de ce type de tuerie il peu y avoir une prise de conscience. C’est peut-être ce qui s’est produit, d’ailleurs, il y a un peu plus d’une semaine à la République. C’est peut-être un résultat qui est aléatoire — le fait de chercher à faire plier les consciences. Cela peut produire l’effet inverse.

    G. D.T. : Exactement ! Et ça va produire l’effet inverse. Surtout en France. Parce que nous sommes un peuple rebelle. Et c’est très bien en soi, d’ailleurs. Ça va produire l’effet inverse. Mais peut-être que ces gens-là ne sont pas allés jusqu’au bout de l’étude psychologique des peuples. Ces erreurs-là sont très fréquentes. De toute façon, cela va tomber à plat… enfin, cela va faire beaucoup de mal, mais ça ne peut pas réussir à notre égard parce que, en France, le réveil chrétien est commencé. 

    L.D. : À quoi le voyez-vous ?

    G. D.T. : J’ai vu que le réveil chrétien a commencé à La Manif Pour Tous. Ce n’était pas que des chrétiens, mais suscité largement par des chrétiens. Et j’y ai participé moi-même avec beaucoup de ferveur. Là, j’ai vu un changement radical par rapport à toute la période que j’ai connue depuis mai 1968. Nous sommes vraiment dans un changement radical, un tournant de civilisation. Je partage l’idée fondamentale de Houellebecq — et c’est d’ailleurs cette idée qui a donné lieu à ce livre — qui a été commencé au printemps 2013, quand il dit que nous sommes à la fin de ce cycle qui a commencé avec la Renaissance, la Réforme, qui s’est poursuivit avec les Lumières, qui s’est incarné politiquement avec la Révolution Française. Nous sommes à la fin. Alors, je ne vais pas dire comme lui que la République est morte, parce que de quelle République parle-t-il ? La République-institution ?, ou bien cette République théorique, idéologique, à fond de laïcisme exacerbé, qu’on nous sert en permanence ? Je pense que celle-là, oui, est morte. Mais « son cadavre va bouger encore longtemps » pour prendre le mot de Karl Marx à propos de Dieu. Donc, ce réveil chrétien fait que les islamistes ont perdu d’avance. Ils ont perdu d’avance pour une autre raison. Je ne connais pas les chiffres exacts, mais je crois, à divers signes, je pense qu’en France il y a beaucoup plus de musulmans qui deviennent chrétiens, que des chrétiens qui deviennent musulmans. J’ai récemment rencontré une jeune marocaine qui s’est convertie de l’islam au christianisme, au catholicisme. Elle me l’a confirmé. Ce mouvement avec ce qui s’est passé, par exemple, la semaine dernière, à mon avis, ne peut que s’amplifier. C’est d’ailleurs un de nos devoirs, à nous, chrétiens : un devoir de chrétiens et un devoir politique en même temps, que d’aller à la rencontre de ces gens-là et de les aider. Et je trouve scandaleux que notre République laisse diffuser des fatwas contre ces gens-là. Par exemple, cette jeune femme fait l’objet d’une fatwa, condamnation à mort, si elle ne revient pas à l’islam.

    L.D. : Et la république ne réagit pas, pour vous… ?        

    G. D.T. : Elle a porté plainte. Pour l’instant n’a été donné aucune suite. L’imam qui a émis la fatwa est toujours en liberté.

    L.D. : Vous seriez pour son expulsion ? 

    G. D.T. : Mais évidemment, il faut faire quelque chose ! Soit les Droits de l’Homme sont quelque chose, soit notre République a un sens et dans ce cas on ne peut pas tolérer que sur notre sol la charia s’applique. Soit elle n’a plus de sens, elle est morte, réellement, déjà. Mais elle va entraîner du chaos. Voilà !

    L.D. : Général Tauzin, vous dites qu’on assiste à des mouvements de conversion d’une ampleur importante.

    G. D.T. : Non, je n’ai pas dit ça ! Je dis qu’il y a plus de musulmans qui se font chrétiens que de chrétiens qui se font musulmans.

    L.D. : C’est une intuition, c’est une appréciation fondée ? 

    G. D.T. : C’est beaucoup plus une intuition qu’une appréciation étayée parce que ces gens-là ne le manifeste pas. Ils ne peuvent pas le manifester parce qu’ils sont automatiquement coupés de leur communauté initiale musulmane. De plus, pour l’instant, notre Église n’est pas encore bien ”équipée” pour les accueillir. J’ai quand même rencontré des gens, récemment, qui se donnent à cette mission d’accueillir les musulmans qui deviennent chrétiens. Ou même, d’ailleurs, d’essayer de convertir. C’est très beau, c’est magnifique. Et je crois franchement que l’avenir est par-là. Mais forcément cela ne peut de toute façon qu’attiser les conflits. Les islamistes vont se retourner vers les musulmans qui se convertissent. Ils vont même sans doute leur faire beaucoup de mal. Je pense que, d’un point de vue chrétien, c’est là que vont se trouver les martyrs qui vont permettre le renouveau national.    

    L.D. : On peut imaginer aussi que ces attentats sont une forme de… une façon de discipliner peut-être aussi la communauté musulmane.

    G. D.T. : C’est évident. C’est une façon de l’encadrer. Mais c’est peut-être aussi le combat de la dernière chance pour ces gens-là, ces attentats. Au niveau mondial l’islam est très perturbé en ce moment. Il a beaucoup de mal à s’adapter à la modernité. Je vais souvent en Afrique et je sais que des chefs musulmans africains s’inquiètent beaucoup du nombre de conversions de musulmans au christianisme. Je dis ”au christianisme” parce qu’ils vont vers des communautés chrétiennes diverses, vers le catholicisme, les protestantismes, etc. Ils s’en inquiètent beaucoup parce qu’il y a un véritable mouvement en Afrique noire musulmane. Et ce mouvement tend à s’amplifier.      

    L.D. : Et ça c’est l’Afrique aussi… ! 

    G. D.T. : C’est l’Afrique, d’accord, mais cela peut passer très vite dans d’autres régions, et particulièrement en Europe.

    L.D. : Mais en Afrique on est peut-être d’abord déjà animiste et puis après catholique, protestant, musulman… 

    G. D.T. : Ohhh, bien sûr, bien sûr. Mais vous savez, même en France il y a encore des relents d’animisme ou de… c’est évident. Mais enfin, quand même, l’islam y est bien implanté. Et même le christianisme. 

    L.D. : Général Didier Tauzin… Je voudrais d’abord aborder une question avant de voir comment on va ”rebâtir la France”, puisque c’est quand même votre ambition… Est-ce que du point de vue sécuritaire la réponse apportée par les autorités françaises vous paraît adaptée ? Est-ce que l’on sait dans quel sens on va ? Parce qu’on a le sentiment que droite et gauche, déjà, se divisent sur la question des libertés individuelles, la restriction des libertés que supposerait une démarche anti-terroriste beaucoup plus pertinente. Quelle est votre analyse sur ce point ? Qu’attendez-vous de la part des autorités ?

    G. D.T. : Mon analyse est justement que notre système politique n’est plus adapté, n’est pas adapté à cette affaire. Parce que ce n’est pas une affaire de partis. Comment fonctionne un parti ? Sur le mode marxiste : thèse/antithèse. Automatiquement, c’est le conflit. Pourquoi ? Parce que le parti a des besoins propres : il a son identité propre, sa stratégie de parti. Tout est vu au travers du prisme de la stratégie du parti. Or, en l’occurrence, il s’agit de quoi ? D’une guerre. Avec des morts. Donc, la stratégie du parti n’a plus lieu d’être. Il y a des mesures techniques à envisager. La première chose est de stopper le gel, la diminution des effectifs et la diminution des budgets. Qu’ils soient militaires, pour la gendarmerie ou pour la police. 

    L.D. : Il aura fallu un attentat…

    TourEiffelMilitaires.jpgG. D.T. : C’est terrible ! C’est absolument terrible qu’il faille un attentat pour en arriver là ! Mais cela fait des années ! Ensuite, il faut prendre la mesure de la menace. On peut considérer que Clausewitz, qui pourtant vivait à l’époque napoléonienne, a vu juste. Il envisageait une montée aux extrêmes de la violence. On y arrive. Parce que la violence non seulement se répand à l’intérieur même des sociétés — nous sommes nous-mêmes personnellement de plus en plus violents, parfois à l’égard de nous-mêmes, d’ailleurs — : 10000 jeunes se suicident chaque année, en France. Et puis les moyens de destructions sont de plus en plus importants. Aujourd’hui, on peut très bien envisager que les djihadistes emploient d’ici à quelque temps, peut-être très rapidement, des armes nucléaires miniaturisées. Puisqu’on sait faire une arme nucléaire miniaturisée depuis pas mal de temps, déjà.         

    L.D. : Ils ont les capacités de le faire ? 

    G. D.T. : Je pense qu’ils peuvent l’avoir. Parce que vous savez que l’argent achète tout, malheureusement, dans notre monde. Et l’argent, ils en ont. Il faut mêler cela aux stratégies des puissances. Un exemple passé : ce sont les américains qui ont créé les Talibans. Qui ensuite se sont retournés contre eux. Au bout du compte cela fait quinze ans de guerre américaine en Afghanistan, avec trois milles morts américains contre les Talibans que les américains ont créés. Si vous voulez, on peut très bien avoir dans le monde quelqu’un possédant la technologie de cette arme nucléaire miniature et qui la vende à Daesh ou Al-Quaïda. Cela peut très bien se produire.

    L.D. : C’est un risque. Est-ce qu’on est à la hauteur de ce risque-là aujourd’hui ? 

    G. D.T. : Je ne pense pas que nous soyons à la hauteur de ce risque-là aujourd’hui, tout simplement parce que… Il faut absolument que nous développions, que nous intensifiions nos services de renseignements et nos moyens d’action. 

    L.D. : Par quel biais ? 

    G. D.T. : D’abord le financement, évidemment. Écoutez, cela fait partie des missions…

    L.D. : Un million de personnes à suivre potentiellement… On ne les suivra jamais. Il n’y aura jamais les budget, ni… 

    G. D.T. : Non, il n’est pas possible de suivre au jour le jour un million de personnes. Ce n’est pas possible. Il faut d’ailleurs dans ce million de personnes repérer ceux qui sont potentiellement… 

    L.D. : Mais c’est colossal, en tout cas. Même s’il y a 10% à suivre, c’est énorme. 

    G. D.T. : C’est colossal. Pour suivre un frère Kouachi en permanence il faut 20 ou 30 personnes. C’est énorme. En estimant qu’il y en a 1500 en France, voilà, vous avez tout de suite une dimension énorme. Mais c’est une mission régalienne ! 

    L.D. : Est-ce qu’il faut changer les lois ? 

    G. D.T. : C’est évident, il faudra changer les lois parce que tout évolue en permanence.    

    L.D. : La gauche, pour vous, prendra l’initiative de restreindre les libertés… ?  

    G. D.T. : La gauche peut devenir, ne serait-ce que par besoin électoral — si je puis dire — démagogie électorale, ou réflexe, sentant qu’elle s’est trompée, peut devenir très dure. Les régimes les plus dictatoriaux et totalitaires, quand même, pratiquement toujours étaient des régimes de gauche ou dits de gauche. Il ne faut pas l’oublier. Donc, oui, la gauche peut faire ça. Mais est-ce qu’il est bon que ce soit la gauche qui le fasse. Et la droite s’opposant plus ou moins… Non. Les missions régaliennes de l’État, à mon avis, ne doivent pas être abordées dans un contexte droite/gauche, dans un contexte de partis. Pour moi c’est une faute. Parce que les missions régaliennes sont la survie de la nation.   

    L.D. : Justement général Tauzin, on va rester sur cette idée pour voir où vous voulez en venir pour Rebâtir la France, c’est aux éditions Mareuil. Je signale que vous avez fondé une association qui s’appelle France, Terre d’Espérance et on va voir où cela va nous conduire après les infos.


    Gérard Leclerc Portrait.jpgChronique de Gérard Leclerc : Michel Onfray et René Girard 

             La question des rapports de l’islam avec la violence est aujourd’hui partout. J’ai regardé en différé l’intervention de Michel Onfray sur le sujet, samedi soir dans l’émission de Laurent Ruquier On n’est pas couché. Elle m’a beaucoup intéressé, d’autant que le fondateur de l’université populaire de Caen se trouvait opposé, dans un véritable bras de fer, avec le journaliste Aymeric Caron, bien connu pour ses positions à propos de l’islamophobie. On pourrait certes reprocher à Michel Onfray une sorte d’hostilité anti-religieuse, thématisée dans son Traité d’athéologie, un ouvrage que, personnellement, je récuse totalement, mais l’intéressé a au moins un mérite : celui d’argumenter ses positions. Avec lui, on peut toujours discuter.

             Or, samedi soir, Onfray avait des arguments incontestables contre lesquels Caron avait du mal à présenter des objections. Son recours consistait à désigner le danger d’essentialiser un islam violent et ainsi de stigmatiser l’ensemble des musulmans. Telle n’était pas l’intention de Michel Onfray, qui réclamait la liberté d’interroger l’histoire et les sources. Là-dessus, je ne puis qu’être d’accord, d’autant plus que je suis disposé à la même acribie à l’égard de ma propre religion, à condition que le travail soit fait sérieusement. Ce n’est pas souvent le cas, la tentation étant de mettre toutes les traditions sur le même pied à partir de postulats rationalistes. L’ennemi intellectuel, c’est bien le fondamentalisme, qui récuse toute intelligence de la foi et toute approche critique du corpus de toutes les traditions. 

             Je ne nie pas qu’il y a un problème de la violence dans le corpus biblique, mais il n’est pas tabou aussi bien chez les juifs que chez les chrétiens. Peut-être conviendrait-il aussi de reprendre les choses sur le mode de René Girard, qui a montré que, dès l’origine, le sacré est en relation directe avec la violence qu’il a pour mission de limiter, non sans dérives dangereuses. Reprendre l’analyse girardienne serait un bon moyen de discernement, en prenant quelques distances avec les passions présentes.


    Louis Daufresne Potrait Radio ND.jpgL.D. : C’est le général Didier Tauzin, général des Forces Spéciales qui est avec nous ce matin, notre grand témoin. Rebâtir la France aux éditions Mareuil. Telle est son ambition, sans cynisme, résolu à quitter la logique des partis et des sondages. François Hollande et Manuel Valls sortent des abysses d’impopularité grâce, paraît-il, à l’unité retrouvée. Le général Tauzin en appelle à la conscience citoyenne estimant, ce sont vos mots mon général, « que l’État ne sert plus la nation que la politique, que la France n’est plus qu’une étape dans un parcours professionnel au service de l’oligarchie mondiale. » Mon général, ce n’est pas si fréquent que des officiers supérieurs se retournent contre le système qu’ils ont servi, qu’ils se lancent dans une autre bataille. Une bataille autrement difficile qui est celle des idées.           

    D. Tauzin 11.36.jpgG. D.T. : C’est assez rare, en effet. Dans notre pays c’est mêmes très rare et cela suscite toujours des questions. Je peux tout de suite rassurer Manuel Valls — ou alors lui occasionner un regret, peut importe… Il ne s’agit pas pour nous, bien entendu — je dis pour nous parce que je ne suis pas seul — il ne s’agit pas de coup d’État, de putsch, etc. C’est évident. Nous restons dans la plus parfaite légalité, c’est clair. Surtout en ce moment où la situation est très tendue en France : il ne s’agit pas d’en rajouter, c’est évident.   

    L.D. : Mais le dire cela signifie que c’est quand même assez ”chaud”, les relations avec les pouvoirs institués… 

    G. D.T. : Non, ce n’est pas ”chaud” avec les pouvoirs institués parce que je n’ai aucune relation avec eux. Ce livre, je l’ai écrit seul dans mon coin, avec beaucoup d’avis que j’ai pris autour de moi mais dans la grande discrétion. Pour l’instant personne n’est au courant. Depuis quelques jours, bien sûr, les journalistes sont au courant. Mais il n’y a pas de distension avec les gens qui sont au pouvoir. Je me situe vraiment sur un autre terrain. J’estime que nous sommes revenu à ce que de Gaulle appelait « le système désastreux des partis ». Je m’explique : en 1962, il provoque un référendum qui finalement décide que le président de la République sera élu au suffrage universel direct. Et à ce moment-là, après le référendum, le général de Gaulle estime que ce faisant, « nous avons mis fin au système désastreux des partis ». L’expression est de lui. Il décède en 1970 et à ce moment-là, dans le monde, notamment aux États-Unis, les observateurs envisageaient que, du fait de ce qu’elle était devenue et de ses fondamentaux, la France était à coup sûr, la grande puissance européenne de la fin du XXème siècle et que la vraie question était de savoir ce qu’elle ferait de sa puissance. Et qu’elle serait aussi l’une des plus grandes puissances mondiales du XXIème siècle. Or, en  2011, Jean-Pierre Chevènement publie un livre La France est-elle finie ?. Que s’est-t-il passé entre temps ? Eh bien, quatre ans après la mort de de Gaulle, avec l’élection du président Giscard d’Estaing, le régime désastreux des partis a commencé à se réinstaller. Et ça n’a fait que se développer, et aujourd’hui nous sommes dans une…   

    L.D. : Et qui l’a voulu, ça ? 

    G. D.T. : Je ne sais pas si cela a été voulu par les acteurs. Certainement par des influences, des gens qui sont derrière les acteurs de premier plan, les présidents, les ministres, etc. Mais en fait, c’est une logique. Normal : un parti, qu’est-ce que c’est ? C’est une équipe, ou une entreprise. Je compare cela maintenant à des entreprises dont l’objectif est de conquérir le pouvoir puis de le conserver. Il y a une stratégie de parti. Ces partis développent une stratégie commerciale, aujourd’hui : du marketing. Nous sommes le marché. Et c’est un marché qui est fini. On ne peut pas l’étendre. Sauf à donner la nationalité française à des immigrés. C’est ce qui a beaucoup été fait. Donc là, on peut étendre le marché. Autrement ce marché est fini. Et donc, la bataille commerciale entre les partis fait rage, à coups de démagogie, à coups d’achat des consciences et des votes, surtout, et cela au détriment de la France. Parce que la stratégie de parti peut…  

    L.D. : À coups de financement aussi : les associations, etc. Aucune transparence quant au financement associatif…

    G. D.T. : Voilà ! Cela fait partie de la démagogie tout cela. Ces stratégies de partis, conquérantes, peuvent très bien aller contre le bien commun, contre l’intérêt général. Peu importe, au bout du compte, puisque c’est bon pour le parti. 

    L.D. : Mais qui met de l’ordre, alors, là-dedans ?

    G. D.T. : Mais personne ne met de l’ordre. Parce que ce système des partis qui… 

    L.D. : Mais vous, vous le souhaitez…        

    G. D.T. : Mais, il faut impérativement mettre de l’ordre…

    L.D. : Par qui ?

    G. D.T. : Par quelqu’un qui s’engage en politique. Je ne sais pas où me mènera cette affaire…

    L.D. : Donc, un militaire… Il faut qu’un militaire remette de l’ordre… C’est souvent un militaire, d’ailleurs, qui vient… 

    G. D.T. : Dans notre histoire c’est souvent un militaire et parfois, d’ailleurs, cela se termine mal pour lui en particulier, et même parfois pour la France. Parce qu’il ne s’y prend pas forcément bien. Mais ça peut être quelqu’un d’autre. J’établis, ici, les grandes orientations qu’il faut prendre pour remettre la France à flot et lui redonner un avenir. Je ne sais pas du tout où va me mener cette affaire. Aujourd’hui en 2014…  

    L.D. : Pas à un coup d’État militaire en tout cas… 

    G. D.T. : Certainement pas. Il ne faut pas faire ça. C’est hors de question. Aujourd’hui, début 2015, on peut se poser la question : Est-ce que l’on pourra réaliser les élections présidentielles en 2017 ? La situation est tellement tendue que l’on peut vraiment se poser la question. Donc, j’ai décidé, dans un premier temps, d’établir les conditions du renouveau français, ou d’un redressement de la France. Et les conditions d’une nouvelle politique d’avenir, une politique de l’espérance. 

    L.D. : Alors, expliquez-moi, général Tauzin… Comment concevez-vous le renouveau en sortant de cette logique de partis ? Puisque vous nous dites, précisément d’ailleurs, un rien agacé, que ce système verrouille tout.

    G. D.T. : Ce système verrouille tout, oui. Agacé, c’est peu. Je suis scandalisé. 

    L.D. : Quitte à emmener la nation dans l’abîme, peu importe à vrai dire. Il y a une logique, en fait, perverse, qui fait que le système se répète… 

    G. D.T. : Tout à fait. Mais qui n’est pas nouvelle dans notre histoire. 

    L.D. : Qui n’est pas nouvelle. Mais alors comment fait-on pour sortir de cela, ou alors rebâtir quelque chose en dehors de ce système ? Que fait-on ? De l’entrisme et on prend le pouvoir dans le système ? De quelle manière casse-t-on les choses ? 

    G. D.T. : Ma démarche est de créer quelque chose en dehors du système. 

    L.D. : Un parti supplémentaire ?

    G. D.T. : Ça peut-être un parti. Parce qu’aujourd’hui, du point de vue économique, du point de vue organisationnel, on peut estimer que le parti est presque incontournable. Pour l’instant, ce n’est qu’une association. Je souhaiterais ne pas la transformer en parti. Mais s’il faut le faire, on le fera. Mais ce parti aura comme objectif, comme raison d’être, de mettre fin au système des partis. Non pas aux partis eux-mêmes, parce que c’est un mal congénital à l’humanité.   

    L.D. : Mais vous aurez tout le monde contre vous : tous les partis et tous les médias. Enfin, peut-être pas le nôtre…

    G. D.T. : Peut-être pas le vôtre, et peut-être pas non plus les français. Parce que regardez les partis : d’après le sondage SEVIPOF de janvier 2014 — j’ai un an de retard — les partis n’ont plus la confiance que de 10 à 12% des français. C’est-à-dire moins que le président Hollande. Ce n’est pas peu dire ! Donc les partis sont quasiment hors jeu. Les médias institutionnels, si je peux dire, les médias politiquement corrects, eux-mêmes… 

    L.D. : ”Main stream” : ceux qui influencent l’opinion.          

    G. D.T. : Voilà ! Ces médias aussi ont eux-mêmes une cotte d’amour, une cotte de confiance de plus en plus rétrécie. 

    L.D. : Oui et non, mon général, parce que regardez, BFMTV : c’est quand même la consécration de BFMTV, qui est quand même un média… Les événements nous ont montré que tout le monde était devant sa télé.  

    G. D.T. : Mais tout le monde est devant sa télé, bien entendu, parce qu’il n’y a que cela ! Mais d’un autre côté, le sentiment des français est qu’ils sont de plus en plus décalés par rapport à ce qui est annoncé. Je ne vais pas vous faire une grande confidence en vous disant que je ne regarde plus jamais les informations télévisées, sauf dans les cas comme cela pour avoir les images. Et uniquement les images. Les commentaires, dans la plupart des cas, sont biaisés.

    L.D. : Vous écoutez la radio, c’est l’essentiel ! 

    G. D.T. : J’écoute certaines radios. La vôtre…

    L.D. : Général Tauzin, vous dites que les partis sont désavoués mais observez que quand il y a des élections, il y a une vraie différence entre une personne qui est investie par un parti et la personne qui ne l’est pas. Celle qui n’est pas investie a un risque inouï d’être ratatinée. Cela veut dire que les partis…

    G. D.T. : C’est évident. Jusqu’à maintenant. Mais regardez quand même ce qui se passe. Maintenant on en arrive à 50% de votants, à peu près. Quand un parti dit : « Je pèse 25% des électeurs, il pèse 25% des votants. C’est-à-dire, en fait, combien ? 12%. Un quart de la moitié. Donc, leur légitimité démocratique, comme on dit, est extrêmement faible aujourd’hui. 12% des français suffisent à élire un président de la République. 

    L.D. : Oui, mais c’est un rapport symbolique, ce n’est pas un rapport de nombres. Cela pourrait être même 2%, ce serait pareil.          

    G. D.T. : Oui, bien sûr, cela pourrait être 2%, ce serait exactement pareil. Cela veut dire que notre système démocratique… existe-t-il vraiment ? Voilà ! Somme-nous vraiment en démocratie ? Or, il y a aujourd’hui, c’est manifeste… J’aime beaucoup parler avec les gens — c’est un défaut, peut-être, enfin non, je ne crois pas. J’aime beaucoup parler avec les gens et énormément de gens, qui votent, par ailleurs — moi-même, je vote — énormément de gens disent : « Mais il faut qu’on change de système ! Ça ne va plus. On va dans le mur ! Ces gens-là, », en parlant des élus du niveau national en particulier, « ces gens-là sont complètement déconnectés de la réalité et ne connaissent pas la France ! »

    L.D. : Alors, comment faites-vous ?    

    G. D.T. : Dans un premier temps, je vous l’ai dit, je fais une association. Je publie ce livre. J’établis : 1° Le diagnostic ; et 2° Les grandes lignes de ce que j’affirme qu’il faut faire pour redresser la France. 

    L.D. : C’est donc un livre manifeste, Rebâtir la France.

    Couv Rebâtir la France.jpgG. D.T. : C’est un livre manifeste. Et avec cette association France, Terre d’Espérance, avec un fonds de dotation et déjà des gens qui s’y accrochent, qui s’y réfèrent, qui vont adhérer. Nous avons décidé hier soir la création de ce qu’on appelle, pour l’instant — l’appellation est tout à fait temporaire — un bureau d’études, un think tank en français moderne, n’est-ce pas. Nous allons aussi créer ce qu’on appelle un club d’entrepreneurs, c’est lancé. Avant de créer des réseaux professionnels. Par exemple, il y a bien sûr des militaires en retraites intéressés par cette initiative et qui ont déjà commencé à se rapprocher de moi, en attendant d’autres professions : les enseignants, etc. Ce que nous voulons c’est diffuser cette initiative. Donner des arguments intellectuels et des objectifs à toute une quantité de gens. Par exemple, les gens de La Manif Pour Tous ont fait un travail remarquable — franchement, c’est fantastique —, mais ont du mal à transformer l’essai. Ils ont réussi à nous rassembler — encore une fois d’une manière magnifique — contre le Mariage Pour Tous. C’est parfaitement réussi, c’est beau ! Et maintenant, passer au niveau politique parce qu’il faut faire autre chose. Eh bien, là, j’essaie et je pense pouvoir leur donner une perspective politique. Alors, sans objectif personnel. Vous savez, à 65 ans, comme disait Giscard d’Estaing il y a quelques années : « Je commence à penser beaucoup plus aux valeurs d’éternité » qu’au reste.                

    L.D. : On est jeune en politique à 65 ans ! 

    G. D.T. : Oui (sceptique suivi d’un grand rire)… Le problème n’est pas là. Je suis officier. Quand je suis entré à Saint-Cyr en 1971, c’était l’époque de la Guerre Froide ”dur-dur” : vous savez, on ne se posait pas la question d’une carrière. On servait la France au risque de sa peau. Je suis toujours dans la même dynamique.

    L.D. : Alors quels savoir-faire, justement, puisque vous parlez de La Manif Pour Tous, qu’est-ce qui a manqué et qu’est-ce qui pourrait intervenir dans ce mouvement — qui continue finalement à exister parce qu’il a suscité des mobilisations — pour passer à l’étape supérieure ? 

    G. D.T. : J’ai rencontré récemment des gens de La Manif Pour Tous qui ont dit leur étonnement de l’ampleur qu’avaient prises les choses. Plusieurs ont dit : « Mais, on y est pour rien. C’est le Saint Esprit qui a fait. Nous, on a fait des bricoles et c’est Lui qui a fait le reste ». Bon. Je me place un petit peu dans la même perspective parce que je perçois combien je suis faible dans cette affaire-là, face à cette montagne que constituent à la fois les partis, les gens en place, les médias, etc. Avec la centaine de personnes qui maintenant me suivent, qu’est-ce que je suis ? Vraiment, une souri face au mammouth. Je le sais.

    L.D. : Vous êtes David. Face à Goliath.

    G. D.T. : Si je suis David, c’est super, parce que David a vaincu Goliath ! 

    L.D. : Mais vous comptez le faire. 

    G. D.T. : Oui, je compte le faire. J’ai vraiment la foi ancrée. Je ne peux pas dire le contraire. Je suis persuadé que nous réussirons. Quand ? Et qui concrètement, moi ou un autre, peu importe. Mais nous réussirons. Ça marchera. Parce que aujourd’hui nous sommes — je reprends un petit peu ce que je dis au début — nous sommes donc à ce changement radical de période politique. Un cycle de 500 ans qui a commencé à la Renaissance se termine maintenant. Une France nouvelle naît. Il y a un cisaillement. C’est une période très dangereuse, à tous points de vue. Dans 20 ans, la bascule… au plus tard — parce que ça peut être dans trois mois… 

    L.D. : La bascule démographique ?

    G. D.T. : La bascule sera faite. Non, pas la bascule démographique. Mais la bascule culturelle. La bascule politique sera faite. Dans 20 ans ce sera fait.

    L.D. : Vous dites : « disparition de la France par déclin démographique et perte de l’identité… »  

    G. D.T. : Attendez… Ça c’est autre chose. Là, on ne parle pas de la même chose. Ici, chez nous en France, il y a une France qui meurt : celle que nous avons vécu au XXème siècle, etc. elle est en train de disparaître — son cadavre va bouger longtemps encore, certes. Et une France qui naît : dans 20 ans au plus tard la bascule sera faite pour des raisons tout simplement d’âge. Mais en ce moment, c’est très dangereux. 

    L.D. : « Le changement, c’est maintenant. »

    G. D.T. : « Le changement, c’est maintenant ! » (rire). Il va se faire de toute façon. Tout simplement, pour l’instant, beaucoup de gens ne savent pas dans quel sens où aller. Alors moi j’ai souhaité  — avec des camarades qui m’y ont incité, d’ailleurs — formaliser ce qu’il faut faire. Cela a donné ce livre. 

    L.D. : Vous en êtes à l’étape ”constitution d’une réflexion de réseaux”…

    G. D.T. : Ah oui, on commence a constituer les réseaux.

    L.D. : Mais à quel moment est-ce qu’on passe dans le dur de l’action ? 

    G. D.T. : Mais qu’est-ce que c’est que le dur de l’action ? Nous nous sommes placés dans une hypothèse : essayer de faire face au pire. Ce n’est pas pour rien que nous sommes officiers généraux. Parce que nous sommes trois officiers généraux — un quarteron auraient dit certains, n’est-ce pas.

    L.D. : C’est le quart de cent, un quarteron.

    Rwanda Livre Didier Tauzin.jpgG. D.T. : (rire) Voilà… Nous avons connu le Liban. La Somalie. Le Rwanda. La Yougoslavie. Et l’un de nous a connu le Cambodge. On a vu — d’un peu plus loin parce que nous étions hors-circuit à ce moment là — la Côte d’Ivoire, etc. Sur le terrain, moi j’ai connu le Liban, la Somalie, le Rwanda, la Yougoslavie. Et au printemps 2013 certains signes nous laissaient croire que potentiellement notre pays allait dans cette direction. Pour nous, c’est insupportable. Insupportable ! Des voitures piégées avec de la viande humaine sur les murs… Je me souviens, en Somalie, j’étais sous un épineux en train de rédiger mes ordres pour le lendemain : eh bien sur 360°, à perte de vue, une tombe tous les deux mètres. Et entre les tombes, des gosses affamés. Je ne veux pas voir ça chez moi. Donc, notre idée est de préparer un recours — c’est très clair — à une situation dramatique. C’est ça notre point de départ. Cette situation dramatique peut survenir très rapidement. Alors on fera ce qu’on pourra. Mais on ne laissera pas la France tomber.  

    L.D. : C’est une question que l’on va vous poser, général Tauzin : Est-ce que vous avez des appuis, est-ce qu’il y a du monde dans le personnel politique que vous reprendriez ? Est-ce qu’il y a une forme de synergie qui pourrait se faire avec du personnel politique actuel ?

    G. D.T. : Ça vient, ça vient. Mais c’est évident. Attendez : nous ne sommes, très clairement, nous ne sommes en guerre contre aucun français. Qu’il soit musulman, chrétien, athée. Qu’il soit de gauche, de droite, de nulle part.

    L.D. : Enfin, La Manif Pour Tous est quand même plus proche de la droite et du catholicisme que de Charlie Hebdo  

    G. D.T. : La Manif Pour Tous est plus proche de la droite et du catholicisme que de Charlie Hebdo mais nous ne sommes en guerre contre aucun français. Ceux qui veulent nous rejoindre, blancs/blacks/beurs, chrétiens/juifs/musulmans/athées… du moment qu’ils reconnaissent, qu’ils acceptent la réalité de la France qui n’a pas seulement des racines chrétiennes, mais qui est chrétienne. Même si aujourd’hui la foi a tendance à s’étioler, quoiqu’elle redémarre… 

    L.D. : C’est un préalable que vous posez. Aucun parti ne pose ce préalable.        

    G. D.T. : Oui, bien entendu, parce qu’on ne peut pas reconstruire… Aucun parti ne pose ce préalable parce qu’ils ne veulent pas reconnaître la réalité. C’est logique qu’ils ne reconnaissent pas ce préalable. C’est logique, pourquoi ? Parce qu’ils se situent tous dans une culture issue du transfert, qui s’est produit en 1789, du transfert de souveraineté vers le peuple. Or, qu’a-t-on transféré au peuple comme souveraineté ? Non seulement la souveraineté du roi, mais aussi la souveraineté de Dieu. Le peuple est devenu, un petit peu, son Dieu, son propre référent. Cela donne les partis. Aujourd’hui, à 50% des voix plus une, on décide qui a le droit de vie ou qui n’a pas le droit de vie. C’est 100% des pouvoirs. Il est donc normal que ces partis ne reconnaissent pas mêmes les racines chrétiennes de la France. 

    L.D. : Merci général Didier Tauzin. Justement, je vais conclure avec ces « racines chrétiennes de la France » dont vous parlez dans cet ouvrage qui est une forme de profession de foi. Ça s’appelle Rebâtir la France aux éditions Mareuil et vous dites justement : « Tout en elle est marqué de l’empreinte chrétienne : sa civilisation, sa culture, sa conception de l’homme, de la liberté, du mérite, du travail. Ses paysages, ses lois, ses mentalités. Même ses partis politiques », que vous venez de fustiger, justement, « procédaient jusqu’à une époque récente « de vertus chrétiennes devenues folles »[i] ». Je précise que l’association que vous avez fondée s’appelle France, Terre d’Espérance, avec son site internet. C’est un projet que vous avez lancé et vous-même — et c’est à souligner parce que c’est assez rare — vous-même militaire, officier supérieur, général, expérience des opérations spéciales, des prises d’otages, eh bien vous-même vous décidez en quelque sorte de vous lancer en politique. À bientôt général Tauzin, merci. Et le Grand Témoin, bien sûr, chaque matin, à partir de 7h35. À demain.              

    Photographies : Portraits du Général Didier Tauzin & des militaires au pied de la Tour Eiffel par Simon Lambert / Haytham Pictures : http://www.haythampictures.com/



    [i] Gilbert Keith Chesterton, dans Orthodoxie, 1908.

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  • La LGBT en réclamant des droits que les homosexuels ne réclament pas nous enferment dans une catégorie de personnes particulières, au sein même de l’humanité ; ce qui crée une inégalité de fait

    Cher(es) ami(es),

    JPDelaume-Myard #5oct2014.jpgRégulièrement, des journalistes et le lobby gay attachent à mon nom le qualificatif de « caution homosexuelle ».

    Ils démontrent, ainsi, en creux ce que je n'ai de cesse de dénoncer : 
    la pensée unique voir la pensée inique.

    En me classant comme « caution homosexuelle », ils font preuve d'homophobie à mon égard et à l’égard de tous les homosexuels qui nous ont rejoints (et ils sont nombreux) depuis ces derniers mois.

    Un homosexuel, s'il n’est pas d’avis avec le lobby gay, est forcément manipulé, encadré.

    Et bien non, un homosexuel peut penser avec autre chose que son sexe !

    Certains disent que La Manif Pour Tous a contribué à une montée de l’homophobie, est-ce une blague ou quoi ?

    Qui créé une image malsaine de l’homosexualité, si ce n’est le lobby gay lui-même au moment, notamment, des gay prides où des individus se dandinent à moitié à poil sur des chars. Croyez-vous que cela donne une image positive de l’homosexualité ?

    Le lobby gay exerce une dictature insupportable.

    Il ne représente en rien les homosexuels.

    Le gouvernement, à force de vouloir faire des lois et des concessions pour ce lobby, fait de l’apartheid, et je dis bien de l’apartheid, non seulement vis-à-vis des autres citoyens, mais plus encore vis-à-vis des homosexuels eux-mêmes, c’est-à-dire une politique ultra-minoritaire et communautariste à l’encontre d’une majorité de citoyens, en l’occurrence VOUS ET MOI.

    En réclamant à cors et à cris, la GPA et la PMA, le lobby Gay souhaite par des lois scélérates enlever sciemment le droit des enfants à avoir un père et une mère, confondant, par là même, le droit à l’enfant et le droit des enfants et en exploitant les femmes les plus défavorisées, en les réduisant à de simples poules pondeuses, confondant, par là même, le droit des Femmes et le droit à la femme.

    En outre, la cour de cassation en validant le fait que deux lesbiennes puissent avoir un enfant par le biais de la Procréation Médicalement Assistée, et j’insiste sur le mot « Médicalement » considère qu’être lesbienne est une maladie, quelle avancée sociale !

    Depuis le début, NOUS, tous ensemble, homos ou hétéros, nous n’avons rien lâché et nous ne lâcherons rien.

    Il est temps de mettre un terme à tous ces projets LGBT et anti-famille.

    Certes, nous homosexuels, nous souhaitons les mêmes droits que tout un chacun, mais des droits sociaux et uniquement cela. Nous n’avons pas besoin pour se faire de revêtir une robe de marié.

    Nul besoin d’une manipulation législative diligentée par un groupuscule communautariste.

    La LGBT résume les homosexuels par rapport à une identité sexuelle, ce qui est blessant et insultant.

    La LGBT en réclamant des droits que les homosexuels ne réclament pas nous enferment dans une catégorie de personnes particulières, au sein même de l’humanité ; ce qui crée une inégalité de fait.

    Enfin, pour conclure, certains hommes politiques - et pas des moindres -, se refusent de dire si oui ou non ils reviendront sur la loi Taubira, certains hommes politiques - et pas des moindres -, disent clairement que s’ils reviennent au pouvoir, ils seront contre l’abrogation du mariage pour tous.

    Nous sommes, aujourd’hui, en France, des milliers, des millions dans la rue… nous avons le pouvoir de leur dire que de leur réponse il en va de l’avenir de nos enfants, nous avons le pouvoir de leur dire que de leur réponse ils peuvent éviter de faire légalement des orphelins, nous avons le pouvoir de leur dire que de leur réponse il en va du respect de la Femme.

    Messieurs les politiques osez dire non à cette loi ! Osez dire non à un lobby qui vous manipule, n’en soyez pas les marionnettes. Prenez garde aux aveugles, ils jalousent la lumière !

    Nous homosexuels, nous vous disons que nous refusons que notre choix sexuel devienne l’expression d’une loi imposée à tous.

    Nous refusons d’être caution d’une loi qui tôt au tard va tuer purement et simplement la Famille.

    PMA, GPA, Adoption

    PasEnMonNom

     

    Jean-Pier Delaume-Myard
    Porte-parole de La Manif Pour Tous
    Le 5 octobre 2014

    Photo : La Manif Pour Tous

     

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  • La France a créé la surprise en faisant jaillir avec nous une alternative, fidèle à son Histoire

    « Chers amis,

     

    Vous êtes revenus ! Nous sommes revenus, foule immense et pacifique, avec exactement la même motivation et pour la même raison que celles qui ont fait naître notre mouvement : la protection de l’être humain, de l’enfant contre une forme toute nouvelle de maltraitance, la maltraitance originelle. La privation délibérée de la moitié de son patrimoine généalogique, celle du père par détournement de la PMA, ou celle de la mère par la GPA.

    tugdual derville, lmpt, politique, conscience,

    Je ne reviendrai pas en détail sur ce que ces dernières semaines ont révélé. Ceux qui ont toujours tenté d’étouffer notre voix ne peuvent que constater aujourd’hui les faits : nous avions raison, depuis le début, nous disions vrai : cette loi nous vendait un immeuble entier, avec sa façade trompeuse (le mariage pour tous), sa pièce en fond de cour (l’adoption), et ses appartements cachés (la PMA et la GPA). Et le gouvernement n’a même pas eu le courage d’agir contre ces dérives, alors que de nombreuses personnalités de sa propre famille politique le lui avaient pourtant demandé.

    C’est pourquoi, chers amis, je veux constater avec vous combien notre mobilisation de ce jour est précieuse : le Premier ministre lui-même nous a rendu hommage à sa façon en s’exprimant enfin sur ces sujets avant-hier. En effectuant un revirement sur la GPA, contredisant ce qu’il avait affirmé en 2011, quitte à humilier ceux auxquels il avait alors apporté son soutien ; et pour la PMA en se défaussant sur le Comité d’éthique… Cela ne trompe personne, il est intervenu pour décourager nos manifestations. Mais il nous a surtout donné raison ! Car ce ne sont que des paroles, et nous attendons des actes !

    Avec les élus de tous bords qui nous soutiennent aujourd’hui, et qui sont plus nombreux que lors de notre dernière grande mobilisation, nous voulons donc adresser un message à tous les gouvernants d’aujourd’hui et de demain : à ceux qui s’étonnent encore que nous soyons simplement tenaces, redisons que nous le sommes parce que protéger le plus faible de la loi du plus fort est bel et bien un enjeu politique prioritaire.

    Nous ne pouvons pas accepter qu’une poignée de personnes s’octroie le droit de faire basculer notre pays dans un tel changement de civilisation : une société dans laquelle on passe commande d’un enfant.

    La politique digne de ce nom nécessite cohérence et constance, au service de la justice. La démocratie se dénature si elle piétine les droits des plus faibles, des sans-voix quels qu’ils soient : enfants, personnes handicapées, personnes rejetées, personnes isolées, personnes âgées.

    tugdual derville, lmpt, politique, conscience, Je voudrais surtout insister aujourd’hui sur la promesse magnifique que fait naître notre mouvement pour la France, pour l’Europe et le reste du monde : celle d’une autre culture, une culture altruiste, tournant le dos à l’individualisme dans lequel s’est engouffré la loi Taubira et ses conséquences. Cette nouvelle culture doit être fondée sur des repères anthropologiques qui ne trompent pas :

    -  L’altérité sexuelle, à la source de tout engendrement.

    -  La famille, écosystème de base à protéger en priorité, première source de solidarité, premier amortisseur de crise. Quand comprendront-ils qu’en période de chômage ou de crise du logement, c’est la famille qui est la valeur refuge ?

    -  Et – j’ose le dire – la maternité comme précieux élément du patrimoine de l’humanité, qu’on ne doit ni occulter, ni escamoter, ni éclater, comme c’est le cas dans la GPA. Oui, chers amis, c’est désormais le mot clé : maternité. Chacun d’entre nous, comme tout être humain, et quels que soient nos souffrances, nos errances et nos deuils, qu’il soit homme ou femme, a longuement séjourné dans le corps d’une autre. Cette expérience originelle fait partie intégrante de notre histoire intime et a un immense impact sur notre existence d’aujourd’hui. Valoriser et préserver la maternité : voilà le vrai progrès ! Dévaloriser la maternité, prétendre qu’elle peut être vécue comme un service marchand et s’achever par une séparation contractuelle, l’imaginer dans une machine comme certains scientistes persistent à la prévoir, qui prédisent l’utérus artificiel, c’est faire preuve d’un dangereux négationnisme anthropologique.

    Voilà pourquoi ce que nous demandons au gouvernement est urgent et prioritaire : nous demandons que la France, dans la belle tradition qui est la sienne de non marchandisation du corps et de protection des droits universels de la personne, s’engage – comme elle a su le faire contre le clonage – pour l’abolition de la GPA et du détournement de la PMA. Désigner ces dérives pour ce qu’elles sont, des maltraitances originelles, c’est faire progresser l’humanité. Nous voulons aussi sauver notre politique familiale qui fut un modèle dans le monde entier. Le gouvernement actuel la remet en cause et nous ne pouvons l’accepter.

    tugdual derville, lmpt, politique, conscience, Chers amis, notre mouvement social devra compter demain dans les grandes échéances qui déterminent l’histoire de notre pays. Je veux parler des échéances électorales et politiques. Nous devrons alors nous faire entendre, avec la constance de nos convictions et la force de notre liberté, c’est à dire notre indépendance absolue vis-à-vis des joutes partisanes. Avons-nous conscience qu’aucune association, aucun mouvement politique ou syndicat ne peut rassembler autant de personnes pendant trois ans ?

    Déjà nous agissons, chaque jour, dans nos associations, nos régions, nos quartiers, nos entreprises, parce que nous sommes tout simplement engagés au service du bien commun.

    Nous sommes tout simplement en train d’insuffler une espérance nouvelle et cela se sait, cela s’entend bien au-delà de nos frontières, comme en atteste la présence des soutiens internationaux qui témoignent aujourd’hui devant nous ! Oui, la France a créé la surprise en faisant jaillir avec nous une alternative, fidèle à son Histoire : courageuse, généreuse, et qui sait se rebeller contre la toute-puissance.

    Chers amis, l’âme de la France s’est réveillée, il ne tient qu’à nous qu’elle embrase le monde !

    Merci ! »

     

    Tugdual Derville
    Porte parole de La Manif Pour Tous
    Le 5 octobre 2014

     

    Photos : La Manif Pour Tous

     

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  • 5 octobre Journée Internationale de Lutte contre la GPA - Ludovine de La Rochère

    Discours sous embargo - seul le prononcé fait foi

     

             Comme une immense lame de fond, vous êtes le peuple qui se lève pour lancer un cri d’alarme : que faisons-nous de notre humanité ? Que faisons-nous de l’homme et de la femme ? Que faisons-nous de l’enfant ?

     

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              Bravant les difficultés matérielles et économiques, vous êtes venus de tous les territoires de France et du monde entier. De toutes conditions, de toutes confessions, de toutes opinions politiques et philosophiques, vous êtes des femmes et des hommes libres, vous n’avez pas peur de faire éclater la carcan du « politiquement correct » et ce, en dépit des sempiternelles accusations qui ne visent qu’à nous faire taire, qui tiennent lieu d’arguments à nos opposants. Ces accusations d’autant plus répétées que plus personne n’y croit.

     

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    Tous, vous êtes là pour l’abolition universelle de la GPA.

    Car il est encore temps d’agir.

    Notre civilisation s’est construite sur le respect des droits d’autrui. Or justement, les droits des uns s’arrêtent là où commencent ceux des autres, en l’occurrence ceux des femmes et ceux des enfants. 

             Nous ne pouvons pas nous mentir : la gestation pour autrui est un esclavage.

             La conscience universelle dit que la vie humaine n’a pas de prix, que la seule valeur qu’elle a, est infinie.

             Or la GPA est un marché effrayant avec offres et demandes, concurrence, prix et garanties.

             Et je pense naturellement à Gammy, cet enfant trisomique qu’un couple d’Australiens n’a plus voulu après l’avoir acheté. Mais sa mère a rompu ce contrat inhumain : elle ne l’a pas abandonné, elle l’a gardé, elle l’a sauvé.

    IMG-20141005-00230.jpg         De ce marché où l’enfant est une chose, nous ne voulons pas, sous aucun prétexte, aucun motif. Le désir d’enfant ne justifie pas de le traiter comme une marchandise que l’on produit et que l’on vend.

             L’humanité a déjà connu ce type de marché dans l’histoire. Cela s’appelait l’esclavage. Depuis l’Antiquité, chaque époque a connu sa forme d’esclavage. La déclaration universelle des droits de l’Homme de 1946 l’a définitivement condamné.

             C’est la grandeur de notre civilisation d’y avoir mis fin.

             Hélas, l’esclavage a resurgi sous une nouvelle forme, celle de la GPA. Mais nous ne pourrons pas dire : « nous ne savions pas », car nous savons.

             Et le nier, c’est être complice des agences qui l’organisent. 

             Cependant les lignes bougent. De tous les bords politiques, de toutes les familles de pensées, des voix autorisées se sont élevées ces derniers mois pour condamner sans appel ce marché. Encourageons-les ! Des pétitions sont en cours : signons-les !

             Car il est encore temps d’agir.

    IMG-20141005-00275.jpg         Avant-hier le Premier ministre a déclaré que « la GPA est et sera interdite en France… (et) que le gouvernement exclut totalement d’autoriser la transcription automatique des actes étrangers, car cela équivaudrait à accepter et normaliser la GPA. » Il a dit enfin que « La France entend promouvoir une initiative internationale sur la GPA. » 

             M. Valls a enfin compris la nature même de la GPA, et de cela nous pouvons être fiers, car c’est votre détermination, votre courage à manifester pacifiquement tant et tant de fois depuis deux ans qui l’ont fait comprendre à monsieur Valls !

             Merci à vous tous de n’avoir rien lâché ! C’est une très grande victoire collective !

             Mais, car il y a un mais, l’histoire n’est pas finie.

             Nous sommes ici pour que le Premier ministre passe de la parole aux actes, c’est-à-dire pour qu’il :

             - retire la circulaire Taubira qui tolère de fait la GPA ;

             - ne mette pas en oeuvre l’injonction faite à la France par la Cour Européenne des droits de l’Homme d’inscrire à l’état civil la filiation, bidon en partie ou totalement, exigée par les clients de mère porteuse ;

             - dissuade tout citoyen français de recourir à une mère porteuse, à l’étranger comme en France ;

             - poursuive en justice les agences qui proposent des mères porteuses en France en fraudant la loi, en toute impunité jusqu’à ce jour.

     

             Monsieur le Premier ministre, passez de la parole aux actes, dès aujourd’hui !

             Pouvons-nous avoir encore confiance dans la justice de notre pays ? Je m’interroge ! La Cour de cassation vient de dire un droit qui contredit la législation française et la mise en garde du Conseil constitutionnel sur la filiation. La Cour de cassation se fait ainsi complice de la fabrication d’orphelins de père !

    IMG-20141005-00244.jpg         Mais nous espérons encore, et nous sommes là pour cette raison, que le Conseil d’Etat ne cèdera pas aux scandaleuses injonctions de la CEDH sur la pratique des mères porteuses.

             Car, vous l'avez compris, la CEDH est en réalité favorable à la GPA, elle est complice de cet esclavage ! Et ce, alors même que l’existence de la CEDH est fondée sur la Convention européenne des droits de l’Homme ! Hélas, elle ne connaît plus le sens des mots et oublie totalement les droits de l’enfant, comme si le petit d’Homme n’était pas lui-même un Homme !

             Osons, espérons que le Conseil d’Etat ait le courage d’invalider la circulaire Taubira dans l’avis qu’il doit rendre... depuis maintenant un an et demi ! Aurait-il par hasard attendu l’avis de la CEDH ? Je m’interroge !...

             Espérons cependant que le Conseil d’Etat ne facilite pas le contournement de l’interdiction de la GPA, qu’il ne sera pas complice de l’asservissement de la femme et de la marchandisation de l’enfant !

             Hélas, nous sommes dans un contexte étonnant dans lequel les politiques laissent quelques personnes non mandatées, non élues, prendre les principales décisions, celles qui concernent notre humanité !

    IMG-20141005-00277.jpg         Ainsi, Mms Valls et Hollande ont déclaré qu’ils suivraient, sur la PMA sans père, l’avis du CCNE, le Comité Consultatif National d’éthique. Comme son nom l’indique, celui-ci n’est en principe que CONSULTATIF ! 

             Quelle lâcheté, Messieurs ! 

             Et ouvrons les yeux, regardons au-delà de nos frontières : La GPA, déjà autorisée dans trop d’Etats, est un marché fructueux, qui se chiffre en milliards d’euros. 

             Ce soir l’écho de notre mobilisation raisonne jusque dans les fermes d’Inde, du Nigeria, de Russie ou de Thaïlande où des femmes et des enfants subissent la sordide loi du marché qui se joue de leur pauvreté.

             Oui, le sort de ces femmes et de leurs enfants qui leur seront arrachés à la naissance est entre nos mains.

             Oui, ces femmes attendent que notre liberté permette qu’elles reconquièrent la leur et qu’elles n’entendent jamais l’écho de cette interrogation atroce : « mère, pourquoi m’as-tu vendu ? ».

             C’est une mère qui vous parle.

             Aujourd’hui je m’exprime au nom de toutes les femmes.

             Depuis l’aube de l’humanité, les femmes ont porté leurs enfants.

             Comme elles, comme les mères veilleuses que vous connaissez, j’ai porté mes enfants et jamais je n’aurai eu la force de me séparer de l’un d’eux.

    IMG-20141005-00245.jpg         Les enfants sont la chair de la chair des femmes.

             Et il ne peut y avoir une mère sociale, une mère biologique, une mère donneuse d’ovocyte, etc. Non, une mère, c’est tout cela, tout cela à la fois, en même temps, en harmonie, intimement lié.

             Et l’enfant n’est pas un objet. Il est comme chacun de nous un sujet à part entière : corps, cœur et esprit.

             Et l’enfant est lié à sa mère et à son père comme l’arbre aux racines dont il est issu et dont il vit.

             L’interdiction de la GPA ne se négocie pas. Elle se décrète. Car la GPA juste n’existe pas.

             La GPA éthique n’existe pas.

             La GPA est ou n’est pas.

             Or nous ne voulons pas du Meilleur des mondes, ce monde dans lequel les enfants ne se développent pas dans le sein maternel, ce monde qui bannit le terme de « mère » puisque la femme ne porte plus son enfant ! 

    IMG-20141005-00281.jpg         Aujourd’hui, nous avons rendez-vous avec l'Histoire. Elle nous appelle à mener une lutte pacifique pour l’abolition de ce nouvel esclavage.

             Nous sommes les héritiers du pays qui inventa les droits de l’Homme.

             Notre responsabilité est immense. Le monde entier nous regarde.

             Soyons le fer de lance d’un peuple que blesse la GPA, qu'elle soit pratiquée en France ou à l'étranger !

             Soyons fidèles au principe gravé dans le marbre de la tradition française de la non disponibilité du corps humain.

             Devant l’horreur, c’est notre humeur, notre honneur, de nous engager comme l’ont fait nos aînés contre l’esclavage. 

             J’appelle les Français, les Européens et tous les citoyens du monde à se mobiliser pour arrêter cette folie. C’est pourquoi je propose que nous fassions du 5 octobre la journée internationale de lutte contre la GPA.

             Et je vous propose aussi cet objectif, qui est notre issue : celle d’un traité international qui, seul, empêchera sa généralisation.

             Le mariage et l’adoption Taubira sont l’arbre qui voulait cacher la forêt de la PMA sans père, de la GPA et du genre. Et tous ceux qui ont prétendu le contraire ont menti. Les masques sont en train de tomber.

             Cette loi devra donc être abrogée, comme cela a été le cas dans d’autres pays. Ces États ont compris les conséquences et finalement préféré pour les couples de même sexe une alternative au mariage.

             Cette semaine le gouvernement a une nouvelle fois montré son désamour des familles en annonçant des mesures qui vont encore les fragiliser. Economiser de l’argent sur leur dos est un choix désastreux dont la France paiera les conséquences beaucoup plus vite qu’il ne le pense.

                 La force de notre pays est une démographie dynamique, résultat d’une politique familiale ambitieuse, originale et ancienne. La déconstruire est une lourde erreur, humainement et collectivement.

             Arrêtez cela dès aujourd’hui Monsieur le Premier ministre !

    IMG-20141005-00280.jpg         En ce qui nous concerne, nous continuerons à nous mobiliser toujours pacifiquement, mais sans relâche. Nous ne laisserons plus les ultra-libertaires dicter leur calendrier et les échéances de ces prétendus « progrès ». Il n’y pas plus obscurantiste que la GPA ! 

             Et nous ferons mieux : nous poursuivrons nos propositions pour consolider les familles, pour défendre l’enfant.

             Nous sommes en train de changer le cours de l’histoire. Ne relâchons pas nos efforts malgré les difficultés !` 

             Hommes et femmes libres, agissons pour libérer les opprimés, ces femmes utilisées et ces enfants vendus.

             Notre conscience sera notre récompense, et l’Histoire le juge ultime de nos actes. 

             Anti GPA de tous les pays, unissons-nous ! 

             Vive l’humanité homme/femme !

             Vive l’humanité libre !

             Nous ne lâcherons rien, jamais !

     

    Ludovine de La Rochère
    Présidente de La Manif Pour Tous
    Discours du 5 octobre 2014

     

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  • Les professionnels de l'enfance veillent…

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    Jérôme Brunet veille…

    J’ai travaillé, comme animateur, dans les quartiers dits « sensibles » à Dreux dans les années 80. J’y ai vu combien le manque de repères, l’absence des parents plongeaient les enfants et les jeunes adolescents dans des comportements marqués par la violence, la peur, les phénomènes de bandes… j’ai vu comment, pour se protéger des autres, ils devaient s’endurcir, se montrer agressif, faire peur à l’autre. J’ai vu cette violence qui naît de l’absence de sécurité psychique.

    Malik, je pense à toi qui as pu montrer, parce que nous avions pu construire la confiance, que derrière l’épaisse carapace de piquants, il y avait un cœur merveilleux, simple. Un cœur d’enfant.

    En formation, à l’école normale des instituteurs, j’ai entendu ces idéologues niant la place de l’inné dans la personne, nous dire que les enfants étaient tous égaux en capacité, dès la naissance. Que tout était une question de pédagogie, de façon de s’y prendre.

    Ceux-là même qui vantaient la méthode globale, méprisaient l’apprentissage par cœur des tables de multiplication, promouvaient la grammaire structuraliste (à laquelle nombre d’enseignants ne comprenaient pas grand-chose…).

    J’ai vu les regards perdus de l’enfant qui n’apprend pas, qui ne comprend pas, parce qu’on ne prend pas en compte sa capacité, sa forme d’intelligence…

    Christophe, Anthony et vous, les jumeaux, je pense à vous. A cette souffrance qu’a été la classe pour vous.

    Instituteur, j’ai découvert la dépression de l’enfant dont les parents se séparent, ou se disputent et à qui on demandait de continuer à être performant à l’école. J’ai frappé au mur de l’indifférence des adultes qui niaient le problème : il ne fallait pas dire que les enfants souffraient du divorce de leurs parents, car cela pouvait être interprété comme un jugement négatif. A l’époque, beaucoup de psychologues n’osaient pas s’exprimer sur cette question ou niaient le problème.

    Je pense à toi, Ariane, qui était pleine de vie et pétillante dans cette classe de grande section. Et qui du jour au lendemain est devenue éteinte… pleurait et me confiait que tes parents se séparaient. Je revois ta maman qui me disait qu’elle t’avait tout expliqué, et que tu allais bien.

    Directeur d’école, j’ai accompagné ces enfants qui perturbaient la classe. J’ai vu leur immense angoisse, leur détresse de ne pas comprendre les repères de la vie avec les autres, parce qu’on ne les leur avait pas appris.

    J’ai vu ces enfants rois, qui devenaient tyrans… ceux que l’on appelle maintenant les pervers narcissiques…

    J’ai accompagné cette angoisse – qu’un adulte ne supporterait pas – qui naît de l’absence des repères structurants, qui posent les limites de la liberté pour la faire naître et qui sécurisent dans un monde de relations si complexes.

    J’ai vu le fruit blette, empoisonné, mortel d’ « il est interdit d’interdire ».

    J’ai entendu ce psychologue qui me confiait son désarroi parce qu’il devait poser des diagnostics de psychopathe pour des enfants de 12 ans.

    Je pense à toi Thomas, qui a réussi à te construire parce que nous avons su baliser un chemin pour t’accompagner. Je pense à toi, Olivier que nous n’avons pu sortir de ta souffrance.

    J’ai vu la détresse de ces parents qui avaient peur de leurs enfants et n’osaient pas dire non et tenir bon face à la contradiction par peur de leur faire du mal.

    J’ai vu aussi des couples exploser à cause de la confusion des rôles.

    Et j’ai vu que le suicide des jeunes devenait une préoccupation de plus en plus grave. Que la violence gratuite entre jeunes apparaissait et se développait. Que la drogue, l’alcool deviennent des fléaux. Que la pornographie circule dans les cours d’école et de collège.

    J’ai vu que la plupart du temps, l’enfant souffre en silence.

    Et j’ai entendu tous ceux-là qui disent que les enfants s’adaptent aux nouvelles situations familiales, que la famille recomposée, c’est formidable, qu’il n’y a aucun problème à avoir deux papas ou deux mamans, à naître par GPA, ou PMA avec donneur anonyme, à être privé d’une partie de sa filiation biologique, puisqu’il « suffit d’expliquer aux enfants pour qu’ils comprennent ».

    Depuis plusieurs années, avec d’autres, j’ai décidé de ne plus me taire et de redire qu’un enfant a droit à une éducation qui le prépare à la vie d’adulte, qui n’est pas un long fleuve tranquille.

    Qu’il a droit à la sécurité physique et psychologique, aux soins, à l’amour de ses parents, à la construction de sa personnalité dans toutes les dimensions de la personne : physique, intellectuelle, psychique.

    Bien sûr, la vie, avec ses accidents ne s’écrit jamais avec des lignes droites, les règles ont toujours des exceptions. C’est la vie.

    Mais l’exception ne doit pas devenir la règle.
    Je suis devenu un veilleur.
    Alors, je veille.

     

    JÉRÔME BRUNET
    Président de l’Appel des Professionnels de l’Enfance
    Porte-parole de la Manif pour tous

    Article initialement publié sur
    APPEL DES PROFESSIONNELS DE L’ENFANCE

     

     

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  • Le genre à l'école (Ludovine de la Rochère #5oct14)

    Chers compatriotes,

     

    ABC égalité.jpg         Benoît Hamon (que Najat Vallaud-Belkacem remplace) prend les français pour des crétins. Pourquoi ? Parce que ”ABCD de l’égalité”, ”plan égalité”, c’est bonnet blanc et blanc bonnet. C’est même encore pire. Pourquoi ? Parce que Benoît Hamon et Mme Najat Vallaud-Belkacem ont dit qu’ils allaient étendre ce plan à tous les niveaux scolaires, de la maternelle au baccalauréat, et à toutes les disciplines, puisque les programmes scolaires sont en cours de refonte. On va en fait beaucoup plus loin.

             Alors quel est le problème ? L’égalité, c’est formidable, on est tous pour, bien entendu. La question qui nous préoccupe est le contenu réel de ce ”plan égalité”.

    ThéoGenreDécryptageFJL.jpg         Premier point : quand on se plonge dans ce contenu, on découvre que tout ce qui est féminin est dévalorisé. Tout ce qui est féminin est considéré comme moins bien. Quel est l’objectif ? L’objectif est que la femme soit un homme comme les autres. Exemple : il est dit, notamment, que ”quand on joue au ballon” on peut mesurer, évaluer la force et la réussite de ce que l’on fait. Et ”quand on joue à la poupée” rien n’est en jeu. Vous voyez tout simplement que ce qui est féminin est déconsidéré. C’est parfaitement anti féministe.

    Pas leur Genre.jpg

             Deuxième point : il est demandé aux enseignants de considérer leurs élèves comme des êtres neutres, absolument neutres. Et eux-mêmes, de manière neutre. Par exemple, dans la grille d’auto-évaluation de l’académie de Créteil, il est demandé à l’enseignant de s’interroger lui-même : « Fais-je référence à mon appartenance sexuelle ? À celle des élèves ? ». Ainsi, l’enseignant doit faire comme s’il avait devant lui ni garçon ni fille, comme si lui-même n’était ni homme ni femme. Il ne doit même pas l’évoquer. On est dans le déni de la réalité humaine.

             Troisième point : ”Déconstruire les stéréotypes de genre”. Une expression difficile à comprendre, et par-là, on enfume les français. Alors moi je vais la décrypter : déconstruire, cela veut dire démolir. Peut-on démolir, alors que nous avons tous à nous construire nous-mêmes, à commencer par les enfants, bien sûr, et à construire notre société et son avenir ?

    StéréoTypesGenres.jpg         ”Les stéréotypes de genre” : voilà une expression des gender studies (études de genre). L’identité de genre est une identité floue, ambiguë. L’identité de genre est ce que je ressens, est ce que je me sens être, c’est subjectif. On ne peut pas se fonder là-dessus pour se comprendre.

             Je vais parler des ”stéréotypes sexués”, une notion plus objective. Les ”stéréotypes sexués” sont toutes les manifestations, les signes de notre féminité et de notre masculinité. C’est ainsi que nous savons qui est notre interlocuteur, c’est ainsi aussi que nous sommes nous-mêmes compris par notre interlocuteur. Autrement dit, ce sont des repères fondamentaux dans les relations humaines pour vivre ensemble et pour vivre avec soi-même. Donc, déconstruire les stéréotypes c’est catastrophique.

             Il est vrai qu’il y a quelques stéréotypes sexistes et il faut les combattre. Mais de manière générale, vouloir déconstruire les stéréotypes de genre - comme ils disent - c’est très grave. Surtout auprès des jeunes enfants.

              Je vous invite donc à continuer à signer la consultation nationale de La Manif Pour Tous. Vous la trouverez sur le site internet www.lamanifpourtous.fr.

             Je renouvelle aussi mon invitation à réserver votre week-end du 4-5 octobre prochain. Cochez dans votre agenda. Nous allons vous appeler à descendre massivement dans la rue. Nous devons obtenir le retrait de toute intrusion de l’idéologie du genre à l’école. Le genre n’a rien à faire à l’école : ni à la maternelle, ni au collège, ni au lycée.

             Je vous remercie. Rappellez-vous : on ne lâche rien, jamais.

               LUDOVINE DE LA ROCHÈRE

    Vidéo du Décryptage du « Plan égalité » : Esther Pivert – Coordinatrice de VIGIGENDER.        

     

     

         

              

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  • Français, musulman et patriote ? Camel Bechikh à Lyon

    La Vaillante  a adapté à l'écrit la retranscription faite par Fils de France de la conférence filmée que donna Camel Bechikh à Lyon, en janvier 2014. Vous retrouverez les interventions publiques de Camel Bechikh retranscrites sur la page Une raison d'espérance.

     

    http://www.filsdefrance.fr/Bonsoir, merci pour votre présence, merci à l'ensemble de l’équipe de Fils de France de Lyon d'avoir organisé cette soirée. Depuis deux années d'existence de Fils de France, c'est la première fois que nous venons en province, très heureux de commencer par Lyon, sachant que pour nous, Lyon est un des terrains les plus difficiles en France pour tout un ensemble de raisons que j'évoquerai peut-être tout à l'heure. Si vous le voulez bien, je ne vais pas énormément parler mais plutôt laisser libre les questionnements de façon à ce que nous puissions tordre un peu la ligne Fils de France tout en étant, je l'espère, critique. Que je puisse être stimulé par vous, pour essayer de répondre à tout ce qui n'est pas forcément clair dans vos esprits. J'imagine qu'il doit y avoir pas mal de points d'interrogations sur ce qu'est cet objet un peu non identifié dans le champ métapolitique qu'est aujourd'hui Fils de France. Donc, je fais une présentation relativement succincte et je vous laisse la parole pour discuter sur les points obscurs de Fils de France.

     

    Pour faire simple, Fils de France qu'est-ce que c'est ? Tout à l'heure, je suis allé faire la prière du vendredi dans une mosquée de banlieue. Quelques personnes m'ont reconnu, une conversation s'est engagée avec des personnes qui ne me connaissaient pas du tout et me disaient : « Qu'est-ce que Fils de France ? ». D'après les aspects vestimentaires, on ne peut pas dire qu'ils étaient "clients" potentiels de Fils de France : ils étaient assez lookés qamis, etc... J'ai donc commencé à expliquer… La ligne de Fils de France est relativement simple : c'est de dire que l'individu dans son identité est composé de plusieurs lignes : une ligne nationale, une ligne ethnique, une ligne religieuse, etc… Et que nous, à Fils de France, nous avions le désir ardent de distinguer ce qui relevait du culte de ce qui relevait de la culture. Pour quelles raisons ? Parce que dans un contexte d'immigration relativement important, comme a été celui de la France dans les années soixante-dix et quatre-vingt, le fait qu'une population importante extra-européenne et extra-chrétienne se retrouve à l'intérieur de l'Hexagone, a questionné les identités des uns et des autres et donc produit aussi un certain nombre de tensions. Dans la volonté de faire baisser ces tensions, l’idée était simplement de dire que l'on pouvait être musulman dans son identité spirituelle, et totalement français dans son identité culturelle. Lorsque nous disons cela, nous répondons à un certain nombre d'acteurs du moment qui insistent dans les revendications sociales, notamment en convoquant l'islam, ou dans un certain rapport à la mémoire où l'on convoque encore la religion musulmane. L'islam se retrouve donc mêlé à des revendications tout à fait légitimes, par une partie des acteurs de quartiers qui, dans leur islamité, combattent les injustices sociales. Or, nous, nous disons que l’appartenance à une strate sociologique ne relève pas de la confession. On peut être riche et musulman et on peut être pauvre et catholique. Constamment amalgamer l'idée de l'islam et de sa condition sociale enferme l'image musulmane dans une stratification sociale, tandis que l'islam est une idée universelle.

     

    Pareillement concernant la mémoire. Notamment concernant la guerre d'Algérie et la mémoire du colonialisme en général ­­─ d'ailleurs c'est pour cela que Lyon est un terrain peu aisé pour Fils de France, puisqu'une grande communauté algérienne est présente. L'Algérie et la guerre d'Algérie en particulier sont souvent amalgamées à l'identité religieuse. Or, tous les musulmans ne sont pas fils ou petits-fils de résistants algériens et tous les résistants algériens n'étaient pas musulmans. Il y a eu un nombre conséquent de communistes, notamment durant la guerre d'Algérie. Ainsi, des français de vieille souche se sont engagés corps et âmes pour l'indépendance de ce pays et qui sont d'ailleurs aujourd'hui considérés comme des résistants. Que l'on soit dans le social, que l'on soit dans l'historique ou dans tout un tas de revendications, il y a un amalgame malheureux entre une identité spirituelle et une condition, une trajectoire sociale. Á Fils de France, nous avions ce désir ardent de distinguer tout cela en disant que oui, nous pouvons être musulman et pas forcément lié à ces trajectoires de revendications sociales ou historiques. Pourquoi ? Parce que la France s'est créée sur des régions aux cultures fortes et qu'elle possède une culture, même si elle est très malmenée en ce moment par cette américanisation rampante qui déstructure des habitudes bien françaises. Cette identité française demeure forte. Maintenir une sorte de fantasme des origines maghrébines ou arabes au fur et à mesure des générations n'avait pas de sens avec la réalité. Vous allez avoir des gens qui revendiquent une appartenance, par exemple, et de manière très pompeuse, à l'Algérie ou au Maroc, mais qui finalement vivent en France de façon bien, ou relativement bien, mais n'émettent pas l'idée du retour dans les pays d'origine. Là encore, l'islam est convoqué comme un adjuvant ou un additif identitaire alors que ce n'est finalement pas son rôle. En terme de perception pour le français de vieille souche, de ce fait religieux à travers ces revendications sociales, à travers la (sur)revendication des origines, etc… cela pose d'énormes points d'interrogations. Si on y ajoute les tensions internationales dues aux différentes guerres du Golf, d'Afghanistan et éventuellement l'aspect belliqueux de certains groupes musulmans, on a un paysage islamique français extrêmement hétérogène mais composé uniquement de trains qui arrivent en retard, en négligeant et en ignorant par une sélection involontaire, tous les trains qui arrivent à l'heure.

     

    Finalement, les trains qui arrivent à l'heure sont tous ces jeunes musulmans français socialisés, de manière tout à fait classique, par l'école républicaine, la télévision, les groupes d'amis, etc… qui ont une islamité soit héritée, soit culturelle, soit pratiquante, et parfois même littéraliste, mais qui n'éprouvent pas de contradictions entre leur identité culturelle et leur identité cultuelle, qui assument tout à fait le fait d'être culturellement français, même si ce culturellement français pose énormément de points d'interrogations dans un contexte de mondialisation destructrice pour les identités culturelles. Donc, ne voyant pas ces trains qui arrivent à l'heure, ne voient pas de contradictions notoires entre le fait de l'identité musulmane et de l'identité française.

     

    Ensuite, on va dire : « Oui, mais il y a des incompatibilités fortes entre la dimension musulmane, qui lie la foi et la loi, et la dimension laïque et française. » Ce sont, je pense, de petites questions auxquelles on peut très simplement et très facilement répondre s’il y a une mise en perspective de ce qu'est l'islam dans son processus d'acculturation, de transmission, ou de passage dans des cultures diverses et variées et la tradition monarchique et républicaine française, qui a toujours fait sa place à l'altérité, qu'elle soit ethnique ou même religieuse.

     

    Puisque l'islam est à la fois un système éthique et à la fois religieux et politique, comment peut-il s'adapter au contexte laïcisé, sécularisé, qu'est le contexte français républicain ?

     

    http://www.filsdefrance.fr/La religion musulmane a produit une civilisation qu'on a appelée la civilisation musulmane, islamique. Il faut juste distinguer l'islam avec un i minuscule de l'Islam avec un I majuscule. L'islam avec un i minuscule est cet ensemble religieux, universel, qui est une spiritualité. L’Islam avec un I majuscule est l'islam de la civilisation musulmane qui commence avec les omeyades, pour faire simple, donc dynastique, etc… Pourquoi l'islam est-il devenu un système politique ? Parce qu'à l'époque, et les chrétiens avant les musulmans, on imbriquait le religieux dans le politique. La conversion de l'empereur Constantin au christianisme aboutit à ce que l'Empire byzantin, qui était païen, ait pour religion le christianisme. Les musulmans, dans ce contexte-là, ont créé un empire en calquant leur système de gouvernance sur l'Empire byzantin. C'est donc une occurrence historique qui produit un système. Le système califal, où le politique et le religieux s’imbriquent, n'est pas un système qui rencontre la profondeur des textes musulmans, pas du tout. C’est simplement une rencontre avec une donnée politique, historique de l'époque. Et les musulmans ont adopté cette manière de fonctionner qui avait été adoptée par les chrétiens eux-mêmes. Le processus de sécularisation, donc de distinction du religieux et du politique, existait malgré tout puisque les théologiens étaient consultés par le pouvoir politique, mais n'étaient pas le pouvoir politique. Le système califal, dynastique, consultait les théologiens mais les théologiens n'étaient pas les tenants du pouvoir. Je dirais que cette idée que l'islam ne distingue pas le système politique du système religieux est une extrapolation de ce qu'a été l'Islam avec un I majuscule dans un cadre historique particulier. C'est ce qui fait dire à un nombre de théologiens, aujourd'hui, que la possibilité de réinventer les systèmes de gouvernance dans les pays musulmans ou chez les musulmans en tant que minorité dans les pays non-musulmans est constamment en mouvement. Il n'y a donc pas de système arrêté.

     

    Quelle est la position de Fils de France sur l'islam de France ?

     

    http://www.filsdefrance.fr/L'islam est né dans un pays arabe qui s'appelle la péninsule arabique. Le Coran a été révélé en arabe à un Prophète arabe. Mais c'est un message universel : il y a une réalité anthropologique de ces primo musulmans qui se situe dans l'arabité. Mais le message étant universel, il va très vite dépasser cette arabité et va rencontrer un ensemble de cultures, de races, d'ethnies, de langues extrêmement différentes. Á tel point qu'aujourd'hui, les arabes ne sont qu'un cinquième de la population musulmane mondiale. Quoi de commun entre un malien et un indonésien ? Manifestement, du point de vue culturel, ils s'habillent différemment, ils mangent différemment, ils parlent différemment, ils pensent différemment. Mais si vous les mettez ensemble pour accomplir la prière de midi, de Dohr, ils feront quatre unités de prière tous les deux. Parce que la mécanique religieuse, qu'elle soit liée à l'orthodoxie ou à la pratique, sont identiques quel que soit le lieu où l'on se trouve.

     

    Mais quand on parle d'un islam de France, à Fils de France, on parle même d'un islam français car nous percevons trois étapes. Nous parlons d'abord d'un islam en France qui est l'islam de nos parents : c'est-à-dire que ce sont des gens qui ont vécu vingt ans, trente ans dans le sud de la méditerranée et qui arrivent en France avec une identité religieuse, mais qui est cantonnée à leur culture façonnée par leur vie au Maroc, en Algérie ou en Afrique subsaharienne, en Tunisie, en Turquie, etc… Ensuite, il y a ce que nous appelons l'islam de France : c'est l'islam de leurs enfants, qui commencent à composer avec un environnement nouveau qui accueille une foi nouvelle (nouvelle avec beaucoup de guillemets parce qu'en vérité la France et l'islam connaissent une relation historique bien plus importante que cela). Pour la première fois, massivement, des musulmans vont commencer à réfléchir aux concepts de laïcité, de république, de citoyenneté en les liant, en les confrontant à leur identité religieuse. Nous appelons cela un islam de France. C'est le moment où l'on va tenter d'aménager la rencontre entre cette foi musulmane, cette pratique musulmane et les concepts forts qui font la République française. Et en troisième lieu, nous à Fils de France, nous parlons d'un islam français. L'islam français, c'est celui qui ne se pose plus la question. Je suis musulman, je prie cinq fois par jour. Comme je mange trois fois par jour pour nourrir mon corps, je prie cinq fois par jour pour nourrir mon âme. Ma dimension spirituelle, ma dimension verticale sont intrinsèquement musulmanes. Mais, mon horizontalité, ma socialisation, mes codes culturels, mes codes d'interactions sont inscrits, sans que je me pose la question, puisque c'est un fait j'ai grandi avec, dans la culture française. Il n'y a plus de question posée entre cette verticalité eschatologique, spirituelle ─ pour certains qui en ont la chance, mystique ─ et cette horizontalité culturelle, française. Avec, pour caricaturer à outrance, la baguette et le béret. Baguette et béret avec un mois de jeûne annuel et mes cinq prières par jour. Ça c'est l'islam français.

     

    N’avez-vous pas peur que cet islam français dénature le message authentique de l'islam?

     

    http://www.filsdefrance.fr/C'est un islam français qui est encadré, il n'est pas anarchique. Il est encadré par les théologiens qui ont la capacité de distinguer ce qui peut être acculturé de ce qui ne doit pas l'être. Si on est en France, on priera cinq fois par jour, que l'on soit à New-York, à Médine ou à Bamako, les prières canoniques sont inscrites cinq fois par jour. On peut les faire ou ne pas les faire, ce n'est pas la question. L'orthodoxie musulmane est valable pour l'ensemble des musulmans. Notre spécificité c'est d'être, de vivre et de respirer français et d'aimer notre pays la France avec une spiritualité qui est musulmane. Alors on me dira : « Mais cette spiritualité est étrangère à la culture française ». Je réponds : « Oui, mais le christianisme n'est pas né au Mont St Michel. Le christianisme lui-même est un produit proche-oriental ou sémite. » Il n'y a finalement pas d'opposition entre les deux.

     

    Je vais vous donner un exemple très clair de la plasticité. C'est très important cette idée de plasticité. L'islam est quelque chose d'extrêmement plastique, il a une forte capacité d'adaptation aux cultures que la religion musulmane rencontre. Cette forte capacité d’adaptation se traduit notamment par quelque chose d'important qui est le mariage. Le mariage est une pratique sociale, universelle, à tel point même qu'on nous a fait le "Mariage pour Tous" maintenant. Ce mariage entre un homme et une femme en islam possède quelques conditions. La première condition est l'acceptation mutuelle : le fait que l'homme veuille se marier avec cette femme et que cette femme veuille se marier avec cet homme. Quand on parle de mariage forcé islamique, on est déjà dans l'antinomie de ce qu'est la religion musulmane qu'on amalgame souvent avec des traditions, de malheureuses traditions. Donc, d’abord, l'acceptation mutuelle. Ensuite, la dote : qui peut être presque symbolique. Et les témoins : en islam, contrairement au catholicisme, le mariage n'est pas un sacrement. Le mariage est un contrat entre deux personnes en vue de vivre ensemble et de procréer. Si nous sommes dans un cadre contractuel, il faut que le contrat puisse être respecté, que les deux parties puissent faire respecter leurs droits et devoirs : il faut donc un cadre légal. Au début des années quatre-vingt-dix, un ensemble de théologiens se sont réunis en disant : « Mais puisque la finalité de la jurisprudence musulmane dans le mariage est de faire respecter les droits et devoirs de l'époux et de l'épouse, seul un cadre légal peut assurer la finalité de la jurisprudence musulmane. » Ce n'est donc pas symboliquement le mariage devant un imam qui fera foi puisque la loi ne le reconnaît pas. C'est donc le mariage à la mairie qui devient le mariage musulman. Parce que seul le mariage à la mairie propose un cadre contractuel qui respecte la finalité de ce contrat de mariage, qui est de faire respecter les droits et devoirs de l'époux et de l'épouse. C'est un petit exemple de processus d'acculturation. Je pourrais vous en produire peut-être des dizaines qui exposent cette plasticité de la religion musulmane. Et souvent, nous sommes dans une position très identitaire aujourd'hui en France. Il faut aussi analyser ça à l'aune d'une psychologie sociale. Car être fils d'immigré c'est être quelque part déraciné et en voie d'enracinement. Cette période de fragilité identitaire, souvent, pousse à une forme de rigidité identitaire. D'où la convocation de l'islam, parfois, comme objet de protestation, notamment.

     

    Fils de France semble proche d'une certaine mouvance de droite. Peut-on en déduire que Fils de France est de droite et en quoi seriez-vous de droite ? Et est-ce que vous avez rencontré des résistances de certains partis ?

     

    http://www.filsdefrance.fr/La ligne de Fils de France a été fondée il y a deux ans par les membres fondateurs. L'idée principale étant le patriotisme français. Donc, nous nous plaçons à droite puisque historiquement la droite est héritière de ces valeurs catholiques, du point de vue de la morale. Mais la droite est aussi, si je schématise à outrance, le réceptacle du néolibéralisme, ou du libéralisme, ou du capitalisme, contre lequel nous nous plaçons en porte à faux puisque souhaitant une résistance de la culture française face à cette mondialisation. Nous savons très bien que c'est le néolibéralisme, la marchandisation à outrance qui détruit les cultures en les uniformisant. Donc nous serions plutôt de ce point de vue-là "social" ou dans un capitalisme social à la De Gaulle. C’est-à-dire un entreprenariat qui ne soit pas bridé mais qui ne devienne pas le centre de la vie du pays. Une économie au service des français et non pas des français au service de quelques patrons. Je ne vais pas reprendre le célèbre slogan "droite des valeurs, gauche du travail"… mais on n'est pas très loin.   

     

    Y a-t-il vraiment une possibilité d'ouverture avec le Front National ?

     

    http://www.filsdefrance.fr/Lorsque je me déplace au Front National (Idée Nation est une composante du Front National) je me déplace chez des gens qui sont islamo-sceptiques, voire islamophobes. Et islamophobe, ça veut dire qu'ils craignent l'islam. Pour certains qu’ils détestent l'islam. Et lorsque les journalistes me disent : « Mais pourquoi allez-vous chez Idées Nation ? Ne pensez-vous pas créditer le Front National d'un musulman de service qui viendrait jouer le rôle de valider quelque part leur ligne ? ». Je réponds : « Pas du tout ». Je dis, si moi je dois dialoguer, si moi j'ai choisi de me battre dans ce pays pour apaiser les tensions… Parce que je pense que fondamentalement plus les français seront divisés plus la France sera faible ; et plus la France sera faible et plus elle risquera de se noyer dans la mondialisation ; et plus elle se noiera dans la mondialisation, plus nous perdrons l'héritage de ce que des générations et des générations d'hommes et de femmes en France nous ont légué. Et ça, on n'a pas le droit de le faire. Donc moi, quand je me déplace chez Idées Nation ou ailleurs, je le fais dans un esprit de dialogue. Je ne vais pas dialoguer avec celui qui est d'accord avec moi, ça n'a aucun sens. Je vais dialoguer avec celui qui me craint, qui me redoute, celui qui me déteste, celui qui me hait, celui avec qui j'ai absolument besoin de parler. Lorsque je me déplace chez des gens qui sont très hostiles à l'islam, aux musulmans, je le fais dans le cadre de l'apaisement, pas dans le cadre d'aller signer un bulletin d'adhésion. Je suis musulman, ça n'échappera à personne, mais Dieu a parlé avec tout le monde même avec le diable, c'est vrai ou c'est pas vrai ? Il y a bien un dialogue entre le diable et Dieu dans le Coran. De plus, je pense que c'est très utile, car souvent les rapports humains permettent de lever beaucoup d'amalgames, de fantasmes, etc…  

     

    Avez-vous rencontré des résistances dans ces milieux de droite, à part le FN ?

     

    http://www.filsdefrance.fr/Non. Même à Idées Nation où la salle était aussi importante que celle-là. Vous savez qu'à la fin de mon intervention, des personnes ont rendu leur carte du FN. Et à côté de ça, j'ai été applaudi quelques fois quand même, et moi je n'ai pas vendu mon identité. Avant la conférence j'étais musulman et après je l'étais toujours. J'ai simplement exposé ce que nous à Fils de France nous avions à dire.

     

    Et avec les monarchistes aussi ?

     

    Oui, avec l'ensemble des courants de droite ou de droite nationale, je n'ai pas rencontré de résistance.

     

    Le prosélytisme fait-il vraiment parti du code génétique de l'islam ? Quel avenir pour nous chrétiens quand on voit cet islam progressant et menaçant ?

     

    http://www.filsdefrance.fr/Vous parlez de l'aspect "missionnaire" ? Qui existe d'ailleurs dans le christianisme et dans l'islam, et pas dans le judaïsme. Je ne suis pas le porte-parole des musulmans de France, loin s'en faut. Mais je crois qu'avant d'envisager l'aspect missionnaire vis-à-vis des autres confessions, ou en dehors des musulmans de France, il y aurait déjà beaucoup à faire au sein des musulmans de France eux-mêmes. En termes de réapprentissage de la foi profonde et du dépassement identitaire, dont je parlais tout à l'heure. Est-ce que les musulmans de France ont des velléités missionnaires ? Je pense qu'il y a des musulmans de France qui ont cette envie de partager leur foi et donc deviennent prosélytes. Mais je ne crois pas que six millions de musulmans en France soient des missionnaires patentés. Je crois que la plupart des musulmans de France vivent paisiblement leur foi, tentent très difficilement de la transmettre à leurs enfants, qui eux-mêmes tentent de la transmettre à leurs enfants, dans un environnement qui est quand même très hostile à la foi et à la morale, qu'elle soit catholique ou musulmane. Avant d'aller chercher en dehors de sa communauté respective, il y a tant à faire à l'intérieur. Déjà à l'intérieur de soi-même : demeurer fidèle à ses engagements, ce qui n'est pas simple, au sein de sa famille, puis au sein de la société ou de la communauté à laquelle on appartient. Mais, en effet vous avez raison, l'islam contient une partie qui est liée à la transmission. Maintenant, l'exposition de ces principes musulmans est d'avantage dans le fait du témoignage, de témoigner de sa foi. C'est comme si vous me posiez la question sur le djihadisme. Je vous dirais oui, la notion de djihad, notamment intérieur, fait partie de l'islam. Qu'il y ait une minorité de musulmans qui la comprenne pour aller en découdre au Proche-Orient, oui cela me semble inévitable. Mais cela reste extrêmement fragmentaire, minoritaire, et ne remet pas en cause l'équilibre global, je pense, de la relation entre la majorité chrétienne, catholique, en espérant qu'elle le reste, car la plus grande menace pour la majorité chrétienne et catholique, je ne crois pas que ce soit l'islam. C'est davantage le consumérisme et une certaine laïcité militante, agressive à l'endroit du catholicisme.

     

    Je crois au contraire que l'islam peut renforcer l'identité chrétienne de la France comme les chrétiens peuvent renforcer l'identité musulmane, à condition qu'il y ait cette logique, cette compréhension fondamentale de valeurs qui unifient.

     

    Que pensez-vous d'un certain aspect "belliqueux" de certaines sourates du Coran ?

     

    http://www.filsdefrance.fr/Je ne suis pas théologien, mais je sais que dans le Coran, il y a des versets principiels qui sont des principes ; et des versets contextuels, donc uniquement liés au moment coranique. Les versets belliqueux sont des moments où il y a eu des tensions entre les tribus chrétiennes, juives et musulmanes. Quand on me dit ça, je réponds que d'une part les musulmans lisent très très peu le Coran. Le Coran n'est pas un livre central chez les musulmans, il ne faut pas rêver. Cela fait partie des fantasmes de penser que les musulmans lisent le Coran, le liraient tous les jours, intégralement et le comprendraient. C’est absolument faux. Je ne sais combien il y a de musulmans dans cette salle, je ne vais pas faire un sondage, mais si je demandais de lever la main à ceux qui ont lu le Coran une seule fois dans les six mois derniers, il n'y aurait pas beaucoup de mains qui se lèveraient. Ce n'est pas parce qu'un texte possède des mots que ce texte se traduit par des comportements. Si je dis " qu'UN SANG IMPUR ABREUVE nos SILLONS !", de fait le texte est violent "du sang" " impur" et qui abreuverait des sillons. L'image est hyper violente mais cela ne fait pas des français des zigouilleurs patentés. En effet, dans l'hymne nationale, il y a un couplet qui est assez fort du point de vue de la violence. Mais les français sont-ils nourris par ce couplet de la Marseillaise dans leur manière de vivre au quotidien et même au-delà ? Je ne le crois pas.

     

    Il faut quand même distinguer ce qui relève de la réalité des comportements de ce qui est l'œuvre, d'ailleurs, des exégètes, de quelques versets du Coran, très contextuels à l'endroit de la violence.

     

    Mais la Marseillaise a été écrite par des hommes et le Coran par Dieu. Pourquoi Dieu s'arrêterait-il à des événements contextuels ?

     

    http://www.filsdefrance.fr/Il y a des versets qui sont abrogés dans le Coran car ils relèvent uniquement du contexte, du moment coranique. Mais je le redis : est-ce que le comportement aujourd'hui des musulmans que vous côtoyez au quotidien est imprégné de ces quelques versets dont on nous parle tout le temps, en ignorant d'ailleurs tous les autres versets qui parlent d'amour, de miséricorde, de partage, de générosité, de véracité, de magnanimité, etc... ? Il y a une focalisation qui me semble disproportionnée, hypertrophique, sur quelques versets qui ne se révèlent pas être une réalité dans le quotidien des six millions de musulmans en France, et même ailleurs. Et si l'on veut partir de là, je peux dire que l'histoire du christianisme aussi a été truffée d'épisodes d'une violence rare. Je ne vais pourtant pas stigmatiser ou mettre à l'index la spiritualité catholique qui a donné St Thomas d'Aquin, Jean Chrysostome, St Jean de la Croix, Charles de Foucault, Marthe Robin (que j'explore en ce moment). Il faut être honnête dans son approche : on ne peut pas envisager quelques lignes qui ne se reflètent pas dans le quotidien des musulmans et ignorer la majorité des textes scripturaires : Coran et hadiths, et les textes des théologiens ou des spiritualistes soufis qui ont mis l'amour au centre de tous les comportements. Pourquoi ne nous parle-t-on pas des versets liés à l'amour, à la miséricorde, à la générosité ? J'entends ce que vous dites Monsieur, mais de fait, il y a une sélection des textes musulmans qui vont souvent dans un sens plutôt que dans un autre.

     

    Ce sont les théologiens qui ont abrogé les textes parlant d'amour.

     

    http://www.filsdefrance.fr/Ce que vous dites n'existe pas. Les théologiens n'ont pas abrogé les versets parlant d'amour. Je ne sais pas où vous avez entendu ça. Je ne sais pas par quel canal vous êtes entré en connaissance avec l'islam. Souvent, les gens qui ont cette approche d'un islam violent, dénué d'amour, ont des sources bibliographiques très antimusulmanes. Elles existent, mais il y a aussi celles qui sont plus rationnelles que nous allons trouver chez Louis Massignon, Laoust, Sourdel, etc… qui ont été les grands islamologues français. Mais ceux-là, bizarrement, on ne les lit plus. On lit volontiers les quelques pamphlets antimusulmans et ça devient la seule porte d'entrée pour comprendre la religion musulmane. C'est comme si moi, pour m'intéresser au catholicisme, je passais par la porte d'entrée des libres penseurs, de l'anticléricalisme, des bouffeurs de curés et je me dirais : « Ben dis-donc, le catholicisme c'est ça ?! » Évidemment, si on s'intéresse à un fait religieux par ceux qui le combattent, ple dénigrent, le détestent, évidemment, on va aboutir à une vue de ce fait religieux très orienté.

     

    Mais il n'en reste pas moins que cette littérature très antimusulmane demeure extrêmement minoritaire à l'intérieur de l’ensemble de ce qu'a fourni l'orientalisme depuis le XIXème siècle.

     

    Peut-on admettre de la violence, car la violence fait aussi partie de la réalité humaine ?

     

    http://www.filsdefrance.fr/On peut tout relativiser. Mais aujourd'hui, l'actualité internationale est très anxiogène pour ceux qui ne sont pas musulmans en France, parce qu'ils ne connaissent pas de l'intérieur ce que vous vous connaissez de l'intérieur. De l'extérieur, quand on voit ce qui se passe en Afghanistan, au Pakistan ou en Arabie Saoudite, pour envisager son voisin musulman, ça produit forcément de l'anxiété. C'est à ça qu'il faut répondre.

     

    Quand je parle de violence, je parle de violence spirituelle...

     

    Mais les gens ne parlent pas de violence spirituelle. Ils parlent d'égorgement, de lapidation, d'attentats, etc…

     

    Certains médias vous accusent de faire de la taqiya, de la ruse. Que répondre à ces gens-là ?

     

    http://www.filsdefrance.fr/Le mot taqiya n'est pas lié à la tradition sunnite. Il est lié à a tradition chiite. Les chiites ont été persécutés par les sunnites. Á un moment, pour dissimuler leur foi chiite, pour ne pas être embêté, inquiété, les chiites ont dissimulé leur chiisme. Ils se sont autorisés le mensonge par ruse dans ce qu'ils appellent la taqyia. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie qu'en France, si les cathares avaient produit de la taqiya, il y aurait encore des cathares en France. Quand une majorité religieuse opprime, persécute une minorité religieuse, soit elle ruse pour survivre, soit elle se fait exterminer. Le mot taqiya n'est déjà pas approprié. Ces gens qui parlent de taqiya pour Fils de France ont l'impression qu'on est obligé de passer par eux pour aimer la France. Or, moi, très sincèrement, je me fiche complètement de ces gens-là ! Mon rapport charnel et amoureux à mon pays, il est dans mon enfance, dans mon Berry, il est dans mes souvenirs affectifs, amoureux, à la terre, à la forêt… Je ne passe pas par ces gens-là pour m'autoriser à avoir un rapport amoureux à mon pays. Après, on ne peut pas être d'accord avec tout le monde, c'est de bonne guerre en plus. Car du côté non musulman, on va nous dire qu’on fait de la taqiya ; et du côté musulman une minorité va nous dire que nous sommes en train de vendre nos principes. Le fait est qu’on ne peut pas plaire à tout le monde.

     

    En revanche, je crois qu’il faut garder sa ligne, être le plus argumenté, le plus articulé possible, rationnel. Mais aussi sentimental. Fils de France est quand même une démarche très sentimentale et aimante. Bien faire et laisser dire. C’est la devise : « Bien faire et laisser dire ».

     

    Je souhaiterais juste apporter un témoignage quant à la plasticité de l'islam. Sur l'Île de la Réunion, les imams demandent le certificat attestant le mariage à la mairie avant de prononcer le mariage au sein de la mosquée, et cela pour conforter ce que vous disiez quant à la plasticité de l'islam, qui est un fait.

     

    http://www.filsdefrance.fr/Concernant la mosquée… La mosquée a son fond et sa forme. Dans son fond, elle est un lieu de moralisation. La mosquée comme l'église, le temple ou la synagogue est un lieu où l'on se nourrit de la présence du divin pour, sorti de cette mosquée, rayonner de cette bienfaisance que nous avons captée dans la prière. C'est valable pour les chrétiens et pour les juifs. Je connais beaucoup moins les religions orientales. La mosquée est un lieu de moralisation dans un moment où la surconsommation pousse à être amoral. Aujourd'hui, le fait de maîtriser son instinct est l'enjeu du bien commun. Parce que maîtriser son instinct c'est maîtriser l'équilibre dans l'espace public. Si chacun s'adonnait et laissait libre court à son instinct, nous serions dans une situation des plus inquiétantes. La morale est là pour cadrer les instincts humains, que l'on soit catholique, juif ou musulman. Quand je parle de mosquée, il y a donc sa forme et son fond. Dans son fond elle est un lieu de moralisation. Á condition que l'imam, le responsable de la mosquée, ait un certain éclairage sur le rapport qui situe la religion et la Nation. Le culte et la culture. La communauté musulmane et la communauté non musulmane. Il faudrait que les imams aient cette conscience dialectique qui fait que le musulman n'est pas que musulman dans la mosquée, mais va interagir avec une majorité qui n'est pas musulmane, dans un pays qui découvre avec fracas médiatique cette présence musulmane importante. Donc dans son fond, la mosquée est un lieu de moralisation dans une époque où la morale n'existe plus. Je pense que c'est extrêmement positif. On ne pourra pas en reprocher l’existence lorsque les couches sociales défavorisées sont de fait plus enclines à produire de la petite délinquance, de la délinquance, de la criminalité, quelque soit son origine ethnique ou religieuse, par ailleurs. Si on prend l'immigration mexicaine aux États-Unis, on a bien des hispaniques de religion catholique qui produisent cette petite délinquance, délinquance, criminalité, banditisme. Au-delà de l'aspect identitaire, dans les classes populaires on est plus sensibles et plus vulnérables au fait de franchir la limite du droit. Maintenant, dans ces classes populaires, s’il n'y a pas comme ciment une moralité qui permette de recadrer cette tentation, c'est le chaos. Le fond de la mosquée est donc moralisateur, et Dieu sait que dans les quartiers populaires on a besoin évidemment de morale. On ne peut pas être musulman pratiquant et délinquant, ça ne va pas ensemble, même si on a tenté de nous le faire croire.

     

    Ainsi, il y a le fond de la mosquée, son enseignement, et il y la forme. La forme doit respecter l'architecture locale. La France, comme je le disais tout à l'heure, est construite sur des identités régionales extrêmement fortes. Je ne vois pas au nom de quoi l’on construirait en Normandie une mosquée à l'image d'une mosquée marocaine, ou algérienne, ou je ne sais quoi. La Normandie a une tradition architecturale, la Bretagne a une tradition architecturale, la Flandre française a une tradition architecturale. Il n'y a pas d'antinomie entre le fait de transmettre dans le fond cette morale, qui participe au bien commun, et l'identité extérieure, architecturale, qui doit s'adapter au cadre.

     

    Le problème de la "progression" de l'islam est surtout le problème de l'immigration. Á partir du moment où vous ouvrez les vannes et que vous faites rentrer 250 000 étrangers par an sur le sol français, dont la majorité est souvent de confession musulmane, l'islamisation de la France passe par l'immigration. Pas par les primo-migrants des années soixante, soixante-dix et par leurs enfants. On confond souvent l'islamisation de la France et l'immigration. Très souvent la confusion entre les deux fait qu'on va désigner un musulman, qui peut être un musulman converti, en plus, tandis que le problème est lié au pouvoir public qui ne limite pas les flux migratoires. Nous à Fils de France, nous sommes très clairs sur la question. Nous distinguons le culte et la culture. Notre culte est musulman, notre culture est française. Et nous sommes farouchement opposés à l'ouverture anarchique des flux migratoires. Pourquoi ? Parce que c'est déjà une violence pour ceux qui émigrent. Le déracinement est déjà une violence pour celui qui émigre. Je vous invite à aller voir un ethnopsychiatre qui s'appelle Hamid Salmi, qui a travaillé sur les pathologies psychiatriques liées au déracinement. Comment certains pères de famille, après avoir émigrés, se retrouvent malades. Malades de ne plus posséder le rôle que l'anthropologie d'origine leur conférait en tant que chef de famille, etc… En France, ils arrivent dans une société qui ne reconnaît pas leur place en tant que telle. Et cela provoque des pathologies. Quand on dit être opposé à l'immigration, ce n'est pas le fils d'immigré qui est content d'avoir immigré, qui se sent bien dans un pays riche et qui refuse le droit à ceux du sud de pouvoir bénéficier de ce dont lui a bénéficié. Ce n'est pas ça. C'est dire qu’il y a aujourd'hui un système néolibéral qui exploite la libre circulation des marchandises, des capitaux et des hommes et qui traite les hommes comme on traite les marchandises. On délocalise, finalement. C'est une forme de délocalisation. Sauf qu'on ne parle pas d'usines mais d'individus.

     

    Nous nous opposons donc à l'immigration parce que c'est destructeur pour les cultures, c'est destructeur pour les individus. Et puis ça fait surtout le jeu d'une minorité riche et mondialisée.

     

    Avez-vous des modèles d'homme dans l'Histoire de France ?

     

    http://www.filsdefrance.fr/Oui, Vauban. C'est un modèle parce qu'il fait figure du génie français incarné, de l'amour véritable d'un homme pour son pays. Ce génie d'avoir posé les forteresses pour le défendre. Et totalement intègre dans son rôle d'homme, de serviteur de l'État éminent. Vauban est pour moi le modèle.

     

    Nous sommes en pleine campagne électorale. Certains imams appellent à ne pas voter pour des raisons religieuses. Pensez-vous que le vote musulman soit indispensable à l'amélioration de la condition de la communauté en France ?

     

    Premièrement sur le vote, il me semble aberrant que des imams se mêlent de ces questions-là. Les imams ont un rôle spirituel, c'est déjà extrêmement lourd à porter pour aller s'intéresser aux questions politiques. Ce n’est pas leur rôle. D'autre part, décourager les musulmans d'aller voter est une aberration, puisque cela les coupe d'un droit citoyen fondamental qui est un des symboles d'appartenance à la Nation. Puisque en votant, on se soucie du destin de son pays. Ne votant pas, cela veut dire que l’on a un certain retrait qui n'est pas acceptable lorsque l’on est français. On n'est pas français de papiers, on est français parce qu'on aime son pays et qu'on veut le défendre. On doit pour cela participer au vote. J'espère que le vote musulman ne se confessionalisera jamais. J'espère que nous aurons des musulmans de l'extrême gauche à l'extrême droite. Moi, j'ai mes convictions mais ce ne sont que les miennes. J'espère que la coloration spirituelle n'épousera pas une coloration politique, ce serait dramatique. Je ne crois pas qu'il faille penser l'amélioration de la condition des musulmans de France par une sorte de chantage au vote. Je pense que nous aurons les politiques que nous méritons, mais au-delà de notre appartenance uniquement spirituelle, puisque nous ne sommes pas que musulmans. Nous sommes aussi travailleurs, assurés sociaux, utilisateurs de la route, de l'école publique, des transports publics, etc... La question du vote est liée à un ensemble de questions. Essentialiser la question du vote au bien-être de la communauté musulmane me semble ridicule. On vit dans un système global où le vote n'est qu'une partie. On ne peut pas vivre de manière sélective en disant : « Le vote c'est un péché, par contre les allocations familiales ne sont pas un péché ». Si on veut être "anti" dans sa démarche et donc courageux, eh bien on fait le choix objectif de vivre dans un lieu qui soit en adéquation complète avec ses convictions. Sauf que ça s'appelle le pays de « oui-oui ». Ça n'existe pas.

     

    Lorsque vous allez voter pour quelqu'un aujourd'hui, évidemment, il n'y a aucun français qui vote pour un politique qui répond à cent pour cent à ses aspirations. Vous allez voter pour le moins pire ou voter blanc.

     

    Comment vous situez-vous par rapport à Sheikh Imran Hossein qui appelle justement à ne pas voter ?

     

    http://www.filsdefrance.fr/Je vais vous faire une confidence. Je n'ai jamais vu une seule vidéo de cette personne. J'en entends parler, mais je ne le connais pas. J'ai juste entendu dire qu'il s'était autorisé à déclarer que les musulmans de France ne devaient pas voter. J'imagine qu'il a plein de bonnes idées et dis plein de choses intéressantes et très sensées. Mais là, il commettait une énormité. Ce n'est pas son rôle.

     

    Vous parliez de patriotisme et d'amour pour la France par rapport à votre enfance, à vos souvenirs, etc… Il y a des jeunes qui ne grandissent pas dans la campagne ou dans le Berry, qui sont en ville, et qui ont moins de souvenirs positifs que vous. Si aujourd'hui vous deviez vous adresser à eux, quels mots utiliseriez-vous ?

     

    Je vous remercie du fond du cœur, vraiment, vous me touchez beaucoup avec votre question. Parce que j'ai eu cet après-midi une personne qui m'a dit exactement la même chose que vous. Il m'a dit : « Camel, votre discours est trop lié à une partie des musulmans qui existe, mais à Fils de France vous oubliez ceux qui n'ont que le béton et les frustrations de ne pas avoir goûté à cette France charnelle. ». J'entends bien votre propos monsieur et il me touche. Pour vous répondre, je ne peux pas me mettre à votre place, ou à leur place. Mais je peux dire qu’à Fils de France beaucoup de jeunes issus de ces quartiers difficiles nous ont rejoints. Ils nous ont rejoints en signifiant parfaitement l'idée qu'ils ne nous rejoignaient pas par un amour charnel ou sentimental de la France, mais par une dimension intellectuelle. Le patriotisme est ce qui va permettre de recimenter l'ensemble des français qui ne sont pas black-blanc-beur, mais bleu-blanc-rouge pour un meilleur vivre ensemble à l'intérieur de nos frontières, et en terme de rayonnement international.

     

    C'est vrai que nous avons les deux grands ensembles à Fils de France. On a des gens qui, plutôt dans mon profil, ont vécu des choses extrêmement belles dans leur parcours. Et d'autres personnes qui ont vécu des choses très frustrantes, comme vous le disiez tout à l'heure. C'est-à-dire ne pas goûter à la beauté des châteaux de la Loire, ne pas goûter à la forêt, etc… qui n’ont vécu que dans de l'urbanité froide. Il faut prendre de la hauteur, ce n'est jamais trop tard. Une fois que nous avons vingt ans, trente ans, nous pouvons aller redécouvrir ce patrimoine-là. Des jeunes à Fils de France avaient les mêmes propos que vous et n'étaient jamais sortis de la banlieue parisienne. Par leur expérience à Fils de France ils ont choisi d'aller voir ce qu'était la France. Ils ont pris leur voiture, ont passé un mois sur les routes, en passant par les Alpes, ont découvert le Sud-ouest, etc… Et pour la première fois de leur vie, ils touchaient du doigt la beauté de ce pays. Ce qui n'a pas été fait en trente ans s'est produit en l'espace d'un mois. Ils sont devenus des amoureux de la France. Car la France est belle à pleurer en vérité. Il ne faut pas grand-chose.

     

    Merci de votre question monsieur.

     

    Que pensez-vous de la médiatisation soudaine de celui que j'appellerai "l'imam illettré", Chalghoumi, qui contraste avec le silence autour de Fils de France ?

     

    http://www.filsdefrance.fr/Il est utile à une minorité de militants pro-israéliens qui s'appuie sur cette personne... Lorsqu'il s'exprime, je pense que tous les musulmans ont envie de se cacher derrière leur fauteuil… Mais ça m'embête de dire du mal de cette personne-là, car humainement je n'ai pas de ressenti à son égard. J’éprouve plus de peine, de pitié pour le rôle qu'on lui fait jouer, que de ressenti à son égard.

     

    Tout à l'heure, vous parliez des valeurs qui réunissent, qui vous tiennent à cœur et vous évoquiez comment l'islam traditionnel peut s'adapter à la laïcité...

     

    La laïcité est un mot un peu fourre-tout. Mais on peut en distinguer trois grands types. La laïcité juridique est inscrite dans la loi. Elles est une chance pour les religions parce qu’elle permet, quand la loi est respectée, de pouvoir trouver un accommodement raisonnable entre les différentes spiritualités, une zone de neutralité. La laïcité anthropologique est celle que le peuple de France a assimilée dans sa manière d'être, qui fait qu'elle a une vue sécularisée de la foi. Le troisième type de laïcité est problématique : c’est la laïcité militante. Celle qui instrumentalise la laïcité contre la religion. Qui ne fait plus de la laïcité un objet de neutralité mais un objet d'attaque systématique de la religion.

     

    Il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain : il y a des choses extrêmement positives dans le processus de sécularisation qu'a vécu la France, pour les religieux et les religions elles-mêmes qui sont protégées du politique. Ce n'est pas uniquement le politique qui se protège du religieux, mais aussi les religions qui se protègent du politique. Dans le même temps, il y a cette instrumentalisation. Par exemple, une personne comme Caroline Fourest convoque la laïcité. Elle fait croire qu'elle attaque un communautarisme par le biais d'une laïcité. Or, elle-même parle depuis un communautarisme qui est celui de LGBT. Elle est farouchement en guerre contre tout ce qui pourrait menacer, de manière réelle ou fantasmée, son orientation sexuelle. Elle fait de cette orientation sexuelle un objet de guerre permanent en passant par la laïcité pour attaquer les religions. Là, on est dans un cas typique de laïcité militante qui, depuis un communautarisme, feint d'en dénoncer un autre.

     

    J'ai été choqué quand vous avez comparé l'Homme à Dieu. On ne peut comparer l'Homme à Dieu...

     

    http://www.filsdefrance.fr/Je vais vous dire pourquoi on peut. Je vais résumer ma réponse très rapidement. Quand on parle des 99 attributs de Dieu, ce sont 99 attributs qui nous servent de cheminement pour améliorer notre comportement et notre âme. Dieu est le Pardonneur. Nous nous devons, nous, d'être pardonneur. Nous n'atteindrons jamais la capacité de pardon que possède le divin, mais nous nous devons d'avoir comme exemple cet attribut. Quand on parle de "asma wa siffat", les noms et attributs de Dieu, ce sont des pistes qui permettent à l'homme de cheminer vers Dieu. Je ne compare pas Dieu à l’homme, mais… Lorsque, par exemple, on dit : « Dieu a créé l'homme à son image ». Pour un musulman, quelle est l'image absolue de Dieu ? Sa qualité fondamentale première, quelle est-elle ? L'unicité. Quand Dieu dit : « J'ai créé l'homme à mon image » c'est que l'Unicité divine se retrouve dans l’unicité de chacun des individus que nous sommes. Nous sommes tous uniques. Est-ce qu'il y a deux personnes comme vous ? Non, manifestement vous êtes seul. Vous êtes bien créé à l'image de Dieu. Votre unicité est à l'image de l'Unicité de Dieu. Je ne fais pas de comparaison en disant cela. Je dis simplement que le divin se dévoile en partie à l'homme de façon à ce que nous aspirions à le rejoindre dans Ses qualités absolues.

     

    Il est important que nos amis catholiques connaissent mieux la religion musulmane, comme il est aussi très important que les musulmans connaissent mieux la religion catholique. Pour ma part, moi qui ai été davantage socialisé dans les milieux catholiques que dans les milieux musulmans, je viens d'avoir quarante ans, et je redécouvre la mystique catholique. C'est un bonheur absolu parce qu'elle me renvoie à ma spiritualité musulmane. Je prie mieux cinq fois par jour depuis que je lis Marthe Robin, Charles de Foucault, ces grands mystiques chrétiens. Comme certains chrétiens ont mieux pratiqué leur christianisme en s'intéressant à la mystique musulmane. Il y a un effet de miroir, un effet d'altérité qui est extrêmement touchant et qui n'est pas une altérité d'enfermement, mais une altérité d'enrichissement. Je vous dis cela avec mon cœur, mes tripes, mon cerveau.

     

    Pour vous, n'y a-t-il pas d'incompatibilité entre islam et démocratie ?

     

    http://www.filsdefrance.fr/Qu'est-ce que la démocratie ? Comment l'islam définit les systèmes de gouvernance ? Ce sont des questions extrêmement larges. Est-ce qu'aujourd'hui, en France, nous sommes dans une démocratie, fondamentalement ? Les derniers événements nous ont montré que... Ce sont des questions qui me dépassent, il faut les poser à des personnes légitimes pour y répondre. Je n'ai pas de légitimité. Mais pour moi, évidemment, il n'y a pas à couper les cheveux en quatre.

     

    Quel est réellement l'objectif de Fils de France ? Est-ce uniquement un groupe de discussion ou est-ce qu'à terme il y a des projets, des actions sociales, politiques ou autres ?

     

    La vocation de Fils de France est de permettre de faciliter le processus d'acculturation. C'est-à-dire le passage de la culture de nos parents à celle qui est la nôtre, et qui sera encore plus celle de nos enfants et petits-enfants. C’est  désenclaver la communauté musulmane. Participer à "dépolluer" les musulmans de la propagande de SOS Racisme des années quatre-vingt, quatre-vingt-dix, qui consistait à systématiquement opérer une détestation de la France. C’est rationaliser notre idée au pays, vis-à-vis des musulmans. Et vis-à-vis des non-musulmans, c’est aller présenter au-delà des fantasmes ce qu'est la réalité très hétérogène des musulmans de France.

     

    Nous avons une double mission : celle de présenter, avec toute la modestie que cela impose, ce processus d'acculturation aux musulmans, en disant : « On nous a contaminé avec un certain nombre d'idées presque belliqueuses, depuis notre enfance, vis-à-vis du blanc catholique, etc… ». Et, dans le même temps, aller voir le blanc catholique et lui dire : « Attention, on est en train de polluer aussi votre cerveau avec des idées très arrêtées sur ce qu'est la réalité du fait hétérogène du musulman en France. » Notre mission fondamentale est de créer de l'apaisement, d'éviter la tension, d'essayer de réunir les français autour du bleu-blanc-rouge plutôt qu'autour du black-blanc-beur. C'est tenter de réunifier les français pour un vivre ensemble plus harmonieux et un pays plus fort. Parce que nous sommes patriotes. Nous n'avons pas du tout de projet politique.

     

    Qu'est-ce que l'acculturation?

     

    http://www.filsdefrance.fr/Le "a" n'est pas un "a" privatif quand nous parlons d'acculturation. C'est le passage d'une culture à une autre. L'acculturation est le fait qu'une minorité, après une vague migratoire, adopte les codes culturels de la majorité. Si nos parents ont vécu ─ et c’est le cas pour beaucoup d'entre nous à Fils de France ─ dans la campagne maghrébine, il est clair et évident que les notions culturelles, les notions de coutumes, de traditions, ne sont pas les mêmes dans la campagne maghrébine que dans la campagne berrichonne. Nos parents sont culturellement situés, et nous, nous le sommes différemment. Nos enfants et nos petits-enfants le seront encore différemment. Tout cela va dans un sens qui est le fait du passage de la culture de nos parents vers la culture qui sera celle de nos enfants et de nos petits-enfants et arrière-petits-enfants.

     

    Acculturation n'est pas la privation de la culture. C'est le passage d'une culture vers une autre sans altérer la transmission de la religion. C'est en cela que nous distinguons parfaitement le culte de la culture. S'acculturer ce n'est pas se dé-islamiser. Se séculariser ce n'est pas se dé-islamiser. Se laïciser ce n'est pas se dé-islamiser. C'est simplement adopter les codes d'interaction coutumiers, traditionnels, culturels de cet ensemble riche qu'est la France. Le problème est que cette acculturation se vit d'une minorité vis-à-vis d’une majorité à l'intérieur de nos murs. Et la France elle-même vit un processus d'acculturation, par l'impérialisme culturel américain qui transforme les traditions culturelles françaises. Je le disais l'autre jour à l'Action Française : il faut savoir que dans le plan Marshall, lorsque les États-Unis aident l'Europe à se reconstruire, et notamment la France, les quatre cinquième de l'aide sont un don. Il n'y a pas de retour. Mais est compris dans cette aide le fait d'accepter, sans condition aucune, la production cinématographique hollywoodienne. En effet, il y a une difficulté, ou des résistances de la minorité vis-à-vis de la majorité, à l'intérieur d'un pays. Parce que ce même pays connaît lui-même une perturbation identitaire, culturelle d'acculturation à une mondialisation qui perturbe. Je ne suis pas très vieux mais la France de mon enfance ne ressemble pas à celle d'aujourd'hui. C'est allé extrêmement vite.

     

    Et cela ne va pas dans le sens de l'identité française. Mais dans le sens de l'hégémonie américaine qui transforme notre environnement.

     

    Je me sens profondément française, mais aussi profondément algérienne, puisque je suis née en Algérie. Peut-on se penser seulement "français" ?

     

    http://www.filsdefrance.fr/Á Fils de France, nous ne sommes pas dans une logique binaire. Nous ne sommes pas en train de dire : « Transformez-vous maintenant, nous sommes purement français et totalement amnésiques de nos racines, etc… ». Pas du tout. Il est hyper important que les musulmans issus de l'immigration connaissent leurs origines, leurs racines, et qu’ils connaissent la possibilité de se rendre dans leur pays d'origine pour aller honorer la tombe de leurs aïeux. Il est important qu'ils transmettent à leurs enfants la mémoire de leur pays d'origine. Mais pas de manière fantasmée, pas de manière agressive et identitaire au sens de repli sur soi. Mais dans un apaisement généralisé.

     

    Par exemple, à Paris vous avez une communauté aveyronnaise extrêmement importante qui au XIXème siècle a immigré et est devenue tenancière des cafés. Les cafés à Paris sont tenus par des Auvergnats, des Aveyronnais et des Kabyles, généralement. Maintenant cela a changé : les chinois ont racheté. Il est tout à fait souhaitable que ces aveyronnais retournent en Aveyron se revivifier et maintiennent, malgré la sur-urbanité parisienne, la filiation culturelle de l'Aveyron. C'est tout à fait souhaitable. Ce que je dis tout le temps, c'est de regarder dans le rétroviseur lorsqu'on conduit. C'est hyper utile. Vous avez besoin de regarder dans votre rétroviseur. Regarder derrière assure votre sécurité. Mais vous ne pouvez pas rester braqué sur votre rétroviseur, sinon vous allez faire un accident. Vous regardez devant vous, vous regardez loin devant vous. Á Fils de France nous regardons loin devant nous. Et c'est parce que nous regardons loin devant que nous arrivons à dépassionner les questions immédiates. Et parce que nous regardons dans le rétroviseur, nous avons un développement que nous trouvons sain. Nous regardons vers le futur, mais sans oublier d'où nous venons.

     

    C'est extrêmement important sinon vous êtes schizophrène.

     

    Mais c'est quand même quelque chose d'assez compliqué de gérer deux cultures ?

     

    http://www.filsdefrance.fr/Oui, parce que nous sommes une génération charnière. Ce problème-là sera moins important pour vos enfants et vos petits-enfants. Nous sommes une génération très "entre-deux". Bien sûr, ce n'est pas facile.

     

    Quelle devrait-être la position d'un français musulman vis-à-vis d'Alain Soral et de Dieudonné ?

     

    La position d'un français musulman, pour moi, cela ne veut rien dire. Être français et musulman ne détermine pas son opinion dans le champ politique. On peut être musulman et être pour l'euro, être musulman et contre l'Euro ; on peut être musulman et apprécier les arts contemporains et être musulman et préférer le classicisme du XVIIIème siècle. Ce n’est pas déterminant.

     

    Concernant Alain Soral et Dieudonné : ils ont en ce moment beaucoup de souffrance, puisqu'ils sont attaqués de toutes parts. Le système se révèle dans son agressivité la plus visible, la plus violente. Mais je crois aussi que cela a créé des solidarités qui ont renforcé leur manière d'être et a eu l'effet de les faire connaître à des gens qui ne les connaissaient pas. Il n'y a pas eu seulement de la perte pour eux, à ce niveau-là.

     

    Quelle est la position de Fils de France par rapport aux JRE (Journée de Retrait de l'École) ?

     

    http://www.filsdefrance.fr/Je suis un des porte-parole de la Manif Pour Tous. D'ailleurs, j'espère qu'après demain, tout le monde dans cette salle sera Place Bellecour pour soutenir un tas d'oppositions à des horreurs que le gouvernement nous prépare. Ne comptez pas en disant : « Il y a aura du monde, je n'ai pas besoin d'y aller ». Tout au contraire, non seulement il faut que vous y alliez, mais en plus que vous alliez chercher des gens qui n'étaient pas disposés à y aller, pour vous y accompagner. C'est extrêmement important. Il ne faut pas que le gouvernement sente un essoufflement dans ce mouvement de contestation à la Loi Taubira. Concernant les JRE, nous à la Manif Pour Tous, avons choisi une manière plus "soft" de travailler. Il se trouve que Farida Belghoul, en l’espace d’un mois, a fait avancer les choses plus que nous l'aurions fait, peut être, en dix ans. Elle a bossé impeccablement et on ne peut que la féliciter. D'ailleurs, j'ai eu l'occasion de lui envoyer un message de soutien et de félicitation. Après…  C'est très difficile pour moi, parce que j'appartiens à un mouvement qui a choisi objectivement d'être dans des choses moins radicales, moins subversives. En même temps, je vois la démarche de Farida Belghoul comme étant un coup de génie.

     

    Je suis donc pris entre ma fidélité et ma loyauté à Ludovine de Larochère, la présidente de la Manif Pour Tous, et mon lien sympathique et amical envers Farida Belghoul.

     

    En ce moment le gouvernement veut interdire l'école à la maison. Qu'en pensez-vous ?

     

    http://www.filsdefrance.fr/Je ne sais pas si vous connaissez Anne Coffinier, une ancienne ambassadrice française, un des soutiens de la Manif Pour Tous qui a créé un mouvement très important qu'il faut aller voir : "Créer son école". Elle est dans une logique justement de dire que, si le gouvernement attaque les valeurs fondamentales de cette France catholique, traditionnelle, etc… par les horribles choses qu'on nous prépare, il ne s'agit pas de déscolariser mais au moins de pouvoir créer des écoles qui réuniront des enfants et des parents ayant envie de transmettre une éducation, une instruction qui soit différente. Elle a créé son site : créer-son-ecole.com. Une personne d'une intelligence rare.

     

    Tout à l'heure, vous parliez d'acculturation. Quelle est la différence entre assimilation et acculturation ?

     

    http://www.filsdefrance.fr/Intégration, assimilation… Les contours sont flous, on ne sait pas de quoi on parle. Parce que certains vont vous dire : « Intégrez-vous ! Pourquoi ne mangez-vous pas de porc ? », etc... L'intégration ou l'assimilation, dans la tête de certains, est la perte de l'identité religieuse, aussi. C'est pour cela que nous avons mis à l'honneur le mot "acculturation". Parce qu'il permettait de distinguer ce qui fait la religiosité de ce qui fait la culture. Sachant que la religiosité ou la religion musulmane elle-même, parce qu'elle est plastique, a possibilité de s'acculturer.

     

    Il y a une double acculturation. Celle de l'individu dans ce qui ne concerne pas son attachement au religieux. Et l'acculturation de la pratique religieuse qui, elle, englobe le fait de, plastiquement, composer avec un environnement nouveau. Nous ne sommes pas dans l'assimilation, nous ne sommes pas dans l'intégration. Ou alors si Fils de France parle d'assimilation ou d'intégration, il s’agit d'assimilation sociale. L'assimilation sociale ou l'intégration sociale étant le préalable pour le processus d'acculturation. Si vous êtes marginal dans l'école, dans le travail et dans le logement, il y a quasiment une impossibilité de pouvoir passer à la culture majoritaire. Parce que si vous vivez dans un ensemble où, constamment, des vagues migratoires supérieures s'ajoutent d'années en années ; où les codes d'interaction, de communication, le droit coutumier s'inscrivant dans ces zones sont presque refermés sur eux-mêmes… vous êtes coupé des codes de la majorité de la culture française. Évidemment, si on est mal logé, mal scolarisé et mal embauché, vous avez trois points majeurs qui bloquent l'assimilation ou l'intégration sociale.

     

    Á partir du moment où vous êtes dans un quartier relativement ouvert, dans une école où les fils d'immigrés ne sont pas ultra majoritaires ; à partir du moment où vous êtes dans un travail où vous côtoyez la France et les vieux français de souche, vous avez trois points majeurs qui font que vous allez entrer en interaction normale et adopter les codes de la majorité par les frottements avec elle. Je suis très surpris, par exemple, quand je vais à Marseille, de voir de jeunes enfants de troisième ou quatrième génération parler quasiment le dialecte algérois. En fait, Marseille étant un port, vous avez sans cesse des vagues migratoires qui font que les codes, et même les codes de langage de certains ensembles urbains, sont davantage marqués par le sud de la méditerranée que par le provençal.

     

    Ne pensez-vous pas que le voile serait une limite à cette acculturation ?

     

    http://www.filsdefrance.fr/Le fait qu'une musulmane souhaite couvrir ses cheveux peut se faire avec un béret, un chapeau, un bonnet, une casquette… avec ce qu'on veut. Si vous limitez le fait qu'une musulmane doive couvrir ses cheveux avec un voile, vous avez un signe exogène, un signe d'habillement qui n'est pas dans la tradition française et qui va être remarqué dans l'espace public. Si la femme musulmane choisit dans son attitude (parce que ce qui est demandé finalement c'est davantage la pudeur…) de couvrir ses cheveux avec un couvre-chef qui fait partie de la culture locale, cela deviendra totalement invisible.

     

    [L'Abbé de Tanoüarn est traditionnaliste et a des positions très islamo-sceptiques. J'utilise très volontairement un euphémisme. En une heure  et demie de discussion, on ne pouvait pas être fécond. La capacité intellectuelle des deux intervenants a été bridée par la limite du temps.]1

     

    Il y a un monastère, le monastère de Sainte Catherine, au pied du Mont Sinaï, au sein duquel est conservée une lettre du prophète, une lettre d'allégeance où le prophète dit clairement que les chrétiens sont sous notre protection, qu'on ne cherche pas à leur nuire, ni à les convertir, etc… C'est vraiment une lettre qui est intéressante à lire pour un chrétien pour comprendre l'engagement islamique envers le christianisme.

     

    http://www.filsdefrance.fr/Tout à fait. C'est aux musulmans de France, je pense, de remettre au goût du jour l'ensemble des sagesses liées à l'interreligieux qui sont dans nos mains, et que l'on ne montre pas assez...

     

    Je pense que nous avons fait le tour, merci chers amis.

     

     

     

    1 Se réfère au débat islamo-chrétien entre Guillaume de Tanoüarn et Tareq Oubrou organisé par Fils de France le 9 décembre 2013 : « Catholiques et musulmans, partenaires ou adversaires ? ».

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  • La honte face à notre nudité est justifiée lorsque cette nudité constitue une menace pour la dignité de la personne

    Éloge de la pudeur

    Louis-Marie Guitton, théorie du genre,

    Tout récemment nous avons assisté à un véritable festival autour de la nudité, à l’occasion de la polémique causée par la diffusion du livre pour enfant « Tous à poil ». Scandale d’un côté, dérision de l’autre, escalade verbale et assaut de caricatures de plus ou moins bon goût. Rien de bien extraordinaire à se mettre sous la dent tellement les qualificatifs paraissent désormais usés fatigués et élimés : ridicule, rétrograde, archaïque, conservateur, réactionnaire, pudibond, puritain, hypocrite… et le fameux nauséabond ! Il faut dire que nous ne sommes pas habillés depuis très longtemps, puisque ce n’est que depuis Pâques que nous avons revêtu le Christ (Gal, 3).

    Louis-Marie Guitton, théorie du genre, christianisme, dignité, conscienceAlors, « Tous à poil » ou « Revêtez le Christ » ? Une réflexion sur le vêtement ne peut se borner seulement à une pieuse méditation. Et pourtant, il est bien vrai que Dieu se préoccupe de nous habiller: après le péché originel, découvrant leur nudité, Adam et Eve se cachent. Avant de les chasser du paradis, Dieu se fait tailleur -le premier couturier !- et leur confectionne des tuniques de peau. Cette précision donnée par la Genèse n’est sûrement pas un détail. Depuis lors, le vêtement occupe dans notre vie une place importante. Voilant la chair, il reflète la personne et devient aussi un langage pour l’âme.

       Inoubliables méditations de saint Jean-Paul II sur la nudité, la honte, le langage du corps… Un trésor de réflexions longuement menées et finement ciselées au fil de 4 années de catéchèse hebdomadaire. Quelle délicatesse il faut pour aborder cette question de la pudeur. On parlait autrefois (?) « d’attentat à la pudeur » : il y a des choses que l’on ne fait pas en public. Mais aujourd’hui, on voudrait faire comme s’il existait encore des tabous, histoire de s’y attaquer et de les renverser. Alors, « Tous à poil » ! La nudité ne choque que celui qui a l’esprit mal tourné, répète-t-on à l’envie. L’enfant lui-même n’est pas étonné par le corps dénudé… Et voilà même qu’un professeur accomplit la « performance » de se déshabiller à l’Université pendant son cours.

        La pudeur a ceci de particulier qu’elle disparaît chez les saints, omnia munda mundis, et … les débauchés (Saint Thomas ajoute aussi les vieillards). Faut-il croire que la sainteté s’est démocratisée à ce point qu’elle tend à faire disparaître la pudeur ? La pudeur voile ce qui doit rester caché, dans la crainte d’être instrumentalisé. La honte face à notre nudité est justifiée lorsque cette nudité constitue une menace pour la dignité de la personne ; or la nudité qui fait de la femme un objet pour l’homme (et vice-versa) est source de honte. Jean-Paul II conclut : « Au commencement, la femme n’était pas un objet pour l’homme, ni lui pour elle ». Oui, la honte protège la dignité de la personne, elle manifeste un besoin profond d’acceptation et de reconnaissance de notre personne et, dans le même temps, une crainte que l’autre ne reconnaisse pas et n’affirme pas la vérité de ma personne, révélée par ma nudité. On se couvre alors.

       Il y a une bonne crainte qui désire non pas cacher, mais protéger ce qui est précieux ; et plus une chose a de la valeur, plus on est attentif à la préserver. La pudeur n’est peut-être pas une vertu, mais elle permet de jeter les premiers fondements de la tempérance, dit saint Ambroise. C’est l’attitude des médiocres, sans doute, ou plutôt de ceux qui ont « un certain amour du bien et qui ne sont pas totalement affranchis de l’empire du mal », … c’est-à-dire la plupart d’entre nous.

       Le vêtement ne fera jamais partie des stéréotypes à déconstruire : au contraire, il est un indice précieux sur la santé d’une société, de sa culture et de son histoire. Il y a une manière de se vêtir ou de se dévêtir qui est conforme à la dignité de la personne ou qui la dégrade. Et l’enfant est précisément celui qui a le plus besoin d’être protégé et éduqué dans ce domaine. « Malheur à celui qui scandalise un seul de ces petits ! » (Mt 18, 6) La nudité à tout prix n’est le signe ni d’un hypothétique retour aux origines ni d’une simplicité retrouvée. Elle ne constitue encore moins une réponse adaptée aux questions des enfants sur le corps. L’exhibition forcenée du corps dénudé provoque généralement l’effet contraire de celui escompté : il n’y a qu’un pas entre le nudisme intégral et le voile intégral.

       « La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres », disait Mallarmé. L’oubli de la pudeur ne conduit pas seulement à fausser le regard sur le corps, mais laisse le cœur désarmé contre ces blessures de l’affectivité qui ont tant de mal à cicatriser. La nudité n’est pas non plus un outil au service de la dernière croisade à la mode : contre les discriminations. Loin de rassurer sur les différences, la nudité ne facilite ni la communication ni le respect.

       Au fond, la pudeur est au service d’une plus grande liberté intérieure pour pouvoir aimer en vérité. Elle s’éduque, s’entretient et, bien cultivée, elle se conjugue avec élégance et beauté : pudeur et fascination cohabitent volontiers. Faut-il rappeler que mode vient d’un mot qui signifie d’abord équilibre et mesure ? Alors, n’oubliez pas d’aller vous rhabiller !

    Père Louis-Marie Guitton

    in Observatoire Socio-Politique
    du diocèse de Fréjus-Toulon
    7 mai 2014
    Louis-Marie Guitton, théorie du genre, christianisme, dignité, conscience

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  • L'islam et la France, un amour possible ?

    Conférence de Camel Bechikh, Président de Fils de France (Association Culturelle et Éducative des Musulmans de Moissy) à Moissy, en novembre 2013.
    Avec l'aimable autorisation de Camel Bechikh, La Vaillante reprend la retranscription réalisée par Fils de France de la vidéo postée en fin de ce message. Vous retrouverez les retranscriptions de ses interventions publiques sur la page Une raison d'espérance.

     

    camel bechikh,christianisme,foi,lmpt,conscience,théorie du genre,éducation,transmission« Merci à l'association de Moissy, d'inviter Fils de France. Comme le disait Selim, la position de Fils de France est un peu iconoclaste, parce que nouvelle dans le paysage islamique français. À Fils de France, nous faisons le pari de dire que non seulement il n'y a pas d'antagonisme entre l'identité musulmane et l'identité française, mais plus que ça, au-delà de la non-antinomie, il peut même y avoir une symbiose positive et épanouissante dans le fait que nous soyons de spiritualité musulmane et de nationalité française. Évidemment, le champ est un peu brouillé en ce moment car nous parlons plus d'islamophobie, qui devient presque le vecteur essentiel de notre perception à la France, or la France et l'islam ont une relation très ancienne depuis le Moyen-Âge, puisque, vous le savez peut-être, il y a eu ce qu'on appelait l’Émirat de Narbonne, où du VIIIème siècle au XIème siècle, les musulmans avaient administré un territoire propre des Pyrénées aux Alpes Maritimes d'aujourd'hui. Dans cet Émirat de Narbonne, les musulmans faisaient battre monnaie avec une face en caractère latin et une face en caractère arabe. C’est très intéressant car au VIIIème siècle, en plein Moyen-Âge, on aurait pu penser que cette présence musulmane aurait donné lieu à des combats incessants. Évidemment, au départ il y a eu des batailles pour occuper les territoires puisque le propre d'un peuple, d'une civilisation, c'est aussi l'expansion des territoires. Il y a eu la colonisation occidentale et bien avant il y a eu une colonisation européenne, byzantine, perse et évidemment arabo-musulmane. Tout cela est le B-A-BA de l'histoire des peuples.

    Camel Moissy 2.jpgJe voudrais prendre l'exemple de cet Émirat de Narbonne, un exemple que j'avais déjà donné au Bourget au Rassemblement Annuel des Musulmans de France il y a deux ans, pour expliquer que dans les années 60, on a fait des fouilles archéologiques à côté de la Cathédrale de Narbonne et lorsqu'on a fait ces fouilles archéologiques, on a découvert les fondations d'une mosquée. C'était la mosquée de l’Émirat. Étrangement cette mosquée, alors que les musulmans sont en situation de domination, n'est pas éloignée de l’Église mais elle est collée à l’Église. Déjà, d'une : l'église n'était pas détruite, cela n'est pas une révélation pour vous et moi, mais en plus les musulmans cherchent une certaine forme de proximité entre les deux lieux de culte. Si on fait l'analogie, la comparaison entre la forme architecturale de cette mosquée et celles qui sont construites en Afrique du Nord à la même période, on s'aperçoit que le minaret doit se trouver sur le mur mitoyen qui est le mur reliant les deux édifices, or sur ce mur mitoyen, on retrouve le clocher. Ce qui a fait dire aux archéologues qu'en situation de domination militaire, administrative, les musulmans n'ont pas détruit l'église, ils n'ont pas non plus construit la mosquée, l'édifice loin de l'église mais ils sont allés au-delà de cela, ils ont collé la mosquée à l'église, ils utilisaient en même temps que les chrétiens le clocher pour faire l'appel à la prière. Nous sommes au VIIIème siècle donc en termes d'exemple de cohabitation, je dirais que c'est assez éloquent. La France est une République laïque mais c'est un pays de confession catholique, de confession chrétienne. Son identité est principalement chrétienne et les valeurs du christianisme, du catholicisme sont de fait extrêmement proches de notre spiritualité musulmane.

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    Si on envisage le rapport entre les deux religions finalement, il ne peut être que vertueux. Je vous rappelle que le Prophète Muhammad (Paix et Bénédiction de Dieu sur lui) invite les primo musulmans à fuir Qoraïche, il les envoie sous la direction de Uthman Ibn 'Affan (que Dieu l'agréé) en Abyssinie auprès d'un roi chrétien juste comme l'appelle le Prophète (Paix et Bénédiction de Dieu sur lui). L'idée de départ est qu’entre le christianisme et l'islam il n'y a pas d'antinomie, même si quand, bien évidemment, les deux religions sont prises dans l'histoire, dans la politique, il peut y avoir des frictions, notamment les croisades. Mais si nous envisageons l'ensemble des rapports entre le catholicisme et l'islam depuis l'avènement de l'islam au VIIème siècle, on s'aperçoit qu'il y a d'avantage de rapports vertueux entre les deux spiritualités plutôt que des conflits. La France étant profondément chrétienne, il est de fait, de la part de ses valeurs profondes, pas d’antinomie, pas d'opposition possible entre notre foi et l'identité principale de la France qui est le christianisme. Cela est la première chose. Ensuite la France devient une république : du fait de la révolution de 1789 nous passons de la Monarchie à la République et la République ambitionne un projet nouveau qui s'appelle la sécularisation, c'est-à-dire qu'on sépare la religion et le pouvoir. Cela s'appelle aussi la laïcité. Cette laïcité, cette sécularisation, s'est beaucoup construite dans l'anticléricalisme, dans le fait d'être contre la religion. La République s'est construite en grande partie contre la religion, ce que je veux dire par là, c'est que lorsque nous, en tant que musulmans, nous arrivons près d'un siècle et demi plus tard en France et que nous connaissons des perturbations dans l'expression de notre foi dans l'espace public, il faut juste se rappeler que ce n'est pas complètement une situation qui vise les simples musulmans mais c'est une situation historique qui vise d'abord la religion. Je donne aussi cet exemple assez souvent qui est celui du mot "liberté" : le sens du mot "liberté" en France est « comment se défaire de la religion, comment se libérer de la religion ». Quand on prend le mot "liberté" aux États-Unis c'est exactement le contraire, c'est « pouvoir pratiquer librement sa religion ». Pourquoi ? Parce que l'Amérique s'est créée du fait des migrations des différents types de protestantismes persécutés par le catholicisme en Europe. Ces gens-là, à un moment, ont fui le catholicisme et se sont retrouvés en Amérique. Et leur principale préoccupation était la liberté religieuse. On a donc le même mot, mais de part et d'autre de l'Atlantique il a un sens inversé. Je vous dis tout ça, pourquoi ? Pour qu'en tant que musulmans français, nous ayons bien conscience que si parfois il y a des frictions entre notre identité musulmane et notre système français, ce n'est pas à destination unique de notre foi musulmane. C'est que nous sommes pris dans une histoire contemporaine qui s'est d'abord créée sur le fait de se séparer de la religion. En partant de là, on peut aussi considérer la laïcité comme une chance puisqu'elle permet de faire en sorte que l'ensemble des religions puissent cohabiter sans que les religions fortes prennent le pouvoir et ne domestiquent, ne persécutent les religions faibles. Je vous rappelle, comme je le disais tout à l'heure, que les protestants ont souffert de ces persécutions, que les athées ou que différentes congrégations à l'intérieur même du catholicisme ont souffert de ces persécutions. Par conséquent, à un moment donné, le législateur a initié un système de gouvernance nouveau qui était la laïcité et qui permettait à l'ensemble des religions de pouvoir cohabiter entre elles. Ceci dit, il faut distinguer trois types de laïcité : il y a la laïcité juridique qui, si elle était appliquée, ne poserait de problème à personne ; il y a la laïcité qu'on peut qualifier d'anthropologique qui est complètement intégrée dans les us et coutumes des gens, même les catholiques les plus pratiquants ont intégré le fait qu'il y ait la séparation du pouvoir et de la religion, de l’État et des Églises ; et la laïcité militante, c'est celle qui se situe dans le champ associatif et qui se construit de l'anti-religion. Il y a donc trois types, trois niveaux de laïcité. Quand en tant que musulman nous avons un souci de pratique religieuse, il est bon de savoir à quel canal nous avons à faire, de manière à ne pas commettre d'injustice, à ne pas mettre tout le monde dans le même panier. L'islam est une religion universelle, l'islam est né chez les arabes, révélé chez des tribus arabes qui avaient eux-mêmes leurs us et coutumes. Mais l'arabité de l'islam est un point de départ, ce n'est pas un point d'arrivée. Le point d'arrivée est de pouvoir proposer cette foi à des gens de différentes époques, de différentes cultures, qu'ils puissent l'accepter ou la rejeter. Je vais vous donner un exemple assez éloquent. Vous savez ce qu'est une société patriarcale ? Une société patriarcale est une société comme elles le sont généralement dans le pourtour méditerranéen, où les hommes ont le pouvoir, où les hommes sont au centre de la société et la plupart des ensembles culturels, la majorité, fonctionnent selon un mode patriarcal. La plupart des sociétés dans le monde, qu'elles soient industrielles ou traditionnelles fonctionnent sous un mode patriarcal où l'homme est au centre de la société et possède les pouvoirs.

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    Aujourd'hui, le plus grand ensemble ethnique au monde, huit millions d'individus, qui a conservé un système matriarcal où les femmes possèdent tous les pouvoirs, les biens, les terres et qui fait essentiellement hériter ses filles est une société musulmane que l'on trouve en Indonésie et qui s'appelle les Minangkabau. Pourquoi je vous dis cela ? C'est pour exprimer la plasticité de la religion musulmane. La religion musulmane est ferme dans sa 'Aquida, dans son dogme, l'Unicité de Dieu est indiscutable, le fait de croire aux anges, aux Livres, aux Prophètes, au Destin, ce sont des piliers de la Foi qui sont indiscutables. Les 'ibada, les adorations, le fait que nous prions cinq fois par jour, que nous jeûnons un mois dans l'année et que nous faisons une fois le Pèlerinage dans notre vie etc. sont des choses indiscutables mais aménageables, si nous sommes en voyage ou si nous sommes malades, bref vous connaissez bien ou mieux que moi ces choses-là. Et il y a une troisième partie que nous appelons el mu'amalat, les actions courantes du fait de la vie en société qui sont constamment en variance. C'est-à-dire que selon les sociétés que l'islam rencontre, il y a une capacité d'adaptation aux us et coutumes locales avec bien entendu la part d'éthique, de morale obligatoire dans ces actions courantes. Si par exemple, je fais un contrat, il y a des éléments stables dans le contrat qui sont l'honnêteté, la parole donnée, la véracité etc. Ensuite, la manière dont va se dérouler la transaction commerciale peut varier d'une culture à une autre. Donc l'islam encadre la troisième partie qu'on appelle el mou'amalat par ses principes moraux qui sont la justice, la véracité, la générosité, l'abnégation, le fait d'être magnanime etc. Toutes les qualités morales que le Prophète (Paix et Bénédiction de Dieu sur lui) portait en lui, il était rappelez-vous, « le Coran qui marchait » comme disait 'Aïcha (Que Dieu l'agréé), et toutes ces qualités morales doivent uniquement accompagner les us et coutumes des civilisations, des ensembles culturels que l'islam rencontre. Indéniablement, si on prend un sénégalais et si on prend un indonésien, ils mangent différemment, s'habillent différemment, ils pensent peut-être même différemment, mais si on les met dans une pièce l'un et l'autre, ils sauront tous les deux comment faire la Salat Dohr : il n'y en n’a pas un qui fera quatre unités de prière et l'autre trois unités mais tous deux savent que la prière de Dohr est de quatre unités. Ce que je veux dire par là est qu'il y a dans la religion musulmane des choses qui sont inscrites dans le marbre et il y a un ensemble de choses qui sont amenées à bouger. La célèbre parole d’Ibn Qayyim el Jawziya qui dit « l'avis juridique change selon l'époque, le lieu et l'individu », c'est-à-dire que pour une même question il peut y avoir une formulation différente de la part des savants. Et comment nous en sommes arrivés là ? C'est qu'il y a ce fameux hadith du Prophète (Paix et Bénédiction de Dieu sur lui) qui dit « Le Prophète était avec les compagnons et un homme est entré et lui a dit "Ô Prophète si je tue quelqu'un, est-ce que Dieu me pardonne ?", le Prophète lui a répondu "Non !". La personne est repartie et une autre entre et pose la même question au Prophète "Ô Prophète, si je tue quelqu'un, est-ce que Dieu me pardonne ?" et le Prophète de répondre "Oui !". Et les compagnons de s'étonner bien évidemment, " Ô Prophète, comment as-tu pu répondre différemment à une même question ?", le Prophète de répondre "le premier, je lui ai dit "non" car c'est quelqu'un qui partait pour tuer quelqu'un, qui avait l'intention de tuer quelqu'un, alors que le deuxième je lui ai dit "oui" parce qu'il cherchait à se repentir d'un acte qu'il avait commis dans le passé". » Ainsi à une même question, il peut y avoir une réponse différenciée. Ce que je veux dire par là est que notre situation aujourd'hui sociologique, historique, se situe dans une nouvelle réalité qui s'appelle la France, qui s'appelle l'Europe, qui s'appelle l'Occident. Si nous continuons à vouloir maintenir la culture maghrébine, je ne dis même pas arabe, je dis bien maghrébine et plein d'autres choses encore, dans un ensemble qui culturellement est homogène depuis quasiment deux mille ans, nous allons maintenir l'islam comme un corps étranger. Et nous serons toujours vus dans notre foi comme des étrangers parce que culturellement parlant, nous confondons la Foi musulmane qui est universelle, qui rencontre les cultures et s'y adapte et la maghrebinité qui fait qu'on peut être maghrébin musulman mais aussi maghrébin hindou, maghrébin bouddhiste et je ne sais quoi d'autre. Il est essentiel de situer, à chacun sa place, la notion de culte et la notion de culture. Et ce que nous disons nous à Fils de France, si notre culte est musulman, notre culture est française, un peu plus française que celle de nos parents qui eux étaient des primo-migrants, mais notre culture est un peu moins française que celle de nos enfants, qui sera un peu moins française que celle de nos petits-enfants, et moins française que celle de nos arrières petits-enfants et ainsi de suite, jusqu'à ce que nous arrivions à des générations de musulmans où ils ne se poseront même plus la question de savoir s’ils mettent des babouches ou pas des babouches. Pour eux, l'histoire de la babouche sera une chose complètement exotique. En revanche, le fait de prier cinq fois par jour demeure au-delà du temps, et au-delà de l'espace. Ce que je veux dire, ce n'est pas parce qu'on mange beaucoup de couscous qu'on est meilleur musulman, donc il y a des automatismes culturels qu'il va falloir penser pour les distinguer et ne pas les encombrer de la Foi musulmane. Parce que la Foi musulmane, de fait elle épouse, rencontre et s'adapte aux différents espaces qu'elle rencontre.

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    Donc pas d'antinomie profonde entre notre identité musulmane et l'identité profonde catholique de la France. Je ne sais pas si vous le savez mais la France est le seul pays au monde à avoir été sacré par l'Église. La France est le pays au monde à avoir le plus de Saints canonisés. Il y a des saints espagnols, des saints italiens, eh bien la France compte le plus de saints au monde canonisés par le Vatican. La France naît du Baptême de Clovis. Il y a une imprégnation profonde des valeurs catholiques avec l'identité française, même si aujourd'hui nous sommes dans une République laïque, qui distingue en termes de gouvernance l'Église et l’État. Hier, c'était la fête de la Toussaint, la Toussaint était férié pour l'ensemble des français. Si le calendrier français est rythmé par des fêtes catholiques et bien c'est parce que la France est un pays catholique.

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    D'ailleurs certains sociologues parlent de la France comme d’une catholaïcité. Si nous musulmans, nous n'envisageons pas le lieu de notre vie dans son histoire large et dans son identité large, nous passons à côté de tout. Si nous pensons que la France c'est TF1, la Star Academy et H&M, eh bien on n'a rien compris à cet espace culturellement extrêmement riche qui s'appelle la France. La France est construite sur des identités culturelles très fortes, Pays Basque, Bourgogne, Bretagne, Flandres, Auvergne, Ardennes etc. Donc avec des dialectes différents, avec des nourritures différentes, avec des façons de s'habiller différentes qui sont en train d'être complètement éradiquées par la mondialisation. Mais la beauté d'un pays finalement, c'est sa diversité. Dieu dit dans la Sourate Al Hujurat (Les appartements) « (...) Nous avons fait de vous des nations et des tribus, afin que vous vous entre-connaissiez. Le plus noble d'entre vous, auprès de Dieu, est le plus pieux (...) ». Si ces cultures disparaissent eh bien on va à l'encontre de la Volonté de Dieu d'avoir créé des peuples différents. Et la mondialisation aujourd'hui menace l'identité française, mais pas seulement. Moi je suis d'origine algérienne et quand je vais en Algérie, par exemple… une fois je recherchais une tenue traditionnelle de Tlemsen, je vous défis aujourd'hui de trouver un couturier qui la fasse, ça n'existe plus ! En l'espace de dix ans, ça a été totalement éradiqué ! Remplacé par le qamis saoudien fabriqué en Chine. C'est triste parce que ces cultures-là, elles ont mis du temps à se créer, à se former, tous les pays du monde possèdent une diversité culturelle qu'il faudrait entretenir puisque c'est la volonté divine. Donc nous, en tant que musulmans, nous sommes dans ce qu'on appelle en sociologie un processus d'acculturation, le "a" n'étant pas privatif : ça ne veut pas dire qu'on n'a pas de culture mais que nous sommes en train de passer de la culture de nos parents, qui était une culture maghrébine, à la culture de nos enfants, de nos petits-enfants et arrières petits-enfants qui est française. Mais comme le disais tout à l'heure le conférencier précédent, encore faut-il distinguer ce qui relève dans la culture du réel et du factice, du traditionnel, du naturel, de la synthèse et de l'artificiel. Indéniablement lorsque nos jeunes se tournent vers une sous culture américaine, ils sont dans un égarement culturel, je dirais. Puisque ce n'est pas leur culture en vérité. Nike, ce n'est pas notre culture, le rap n'est pas notre culture.

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    Nous habitons, nous vivons dans le pays le plus touristique au monde, le plus visité au monde ! Pourquoi ? Parce que c'est le pays le plus beau du monde, le pays le plus riche au monde en matière de culture, de patrimoine, d'ensemble urbain etc. Donc, on ne peut pas passer à côté de tout ça ! On ne peut pas s'américaniser et dire « la France c'est la colonisation, moi, je n'aime pas la France », sans dire qu'on est en train de s'américaniser. Finalement, à choisir entre l'ensemble culturel le plus visité au monde, qui a produit en termes d'art, d'artisanat, de littérature… parmi les choses les plus brillantes que l'humanité ait connu, moi, sincèrement, je préfère l'entité culturelle française dans sa complexité, sa beauté esthétique, au Mc Do américain ! Et quand je parlais tout à l'heure de processus d'acculturation — le passage de la culture de nos parents vers la culture de notre pays — ça passe par une réflexion ! Ça passe par le fait de faire des choix, des choix de vie notamment. Et ça passe aussi par le fait de pouvoir décrypter les arnaques, les artefacts qui nous ont été livrés dans les années 80, 90, notamment par SOS racisme. SOS racisme, nous a livré un logiciel en boîte pour détester la France, en nous victimisant à outrance : ils ont fait de nous des pleurnichards à vie. Et ça continue par d'autres formes d'ailleurs. Quand je parle d'islamophobie, bien sûr je dis qu'il ne faut pas laisser passer les actes islamophobes, mais ça se passe à travers le juridique, à travers le droit. Accompagner la lutte contre l'islamophobie par de la pleurnicherie, par de la victimisation, c'est contre-productif ! Il faut juste envisager les faits et combattre juridiquement et y opposer un discours digne et sain de ce qu'est réellement notre religion, mais surtout essayer de comprendre les peurs des autres. Parce qu’on peut évidemment dire « on nous aime pas ! », en vérité ce n’est pas tant qu'on ne nous aime pas mais qu'on ne nous connaît pas. Les musulmans de France ne sont pas connus et les musulmans de France ont finalement très peu fait pour mieux se faire connaître. Pour un tas de raisons d'ailleurs qui sont légitimes parce que lorsqu’on est en position d'acculturation, qu'on n'est pas vraiment français, qu'on n'est pas vraiment algérien ou marocain, on est dans une situation identitaire très inconfortable, on n'a pas les outils nécessaires pour traduire ce qu'on est ou ce qu'on n'est pas, d'ailleurs. Donc, on se réfugie parfois dans une forme hyper visible de religiosité pour exister dans l'espace, en disant « je ne suis pas français, je ne suis pas algérien, d'ailleurs je suis musulman ». Mais en vérité, ce n'est pas suffisant. Parce que l'islamité ne se traduit pas d'abord par le vêtement comme manière d'exister dans la société, c'est d'abord un comportement. On va puiser dans nos actes d'adoration, dans la 'Aquida, dans les 'ibadat, on va puiser dans les deux premiers niveaux pour les reverser dans le troisième niveau qui est el mou'amalat. Ça veut dire que plus je prie, plus je lis le Coran, plus je me rapproche de Dieu… plus je deviens véridique, plus je deviens honnête, plus je deviens sensible aux malheurs des autres, plus j'essaie d'avoir de l'empathie, plus j'aime, plus je me transforme intérieurement et plus cette formation intérieure produit un élément positif, admirable, apaisé, paisible et apaisant dans l'espace social. Nous sommes en vérité un peu dans le schéma inverse. Nous sommes, et notamment par le biais de l'islamophobie, constamment dans une situation de confrontation. Alors qu'en vérité, il n'y a pas lieu à ce qu'il y ait confrontation. Puisque nous, nous devons envisager au contraire la paix. Pourquoi ? Parce que la paix est l'essence de notre religion. Le mot islam est construit à partir du mot salam, Salam étant l'un des attributs de Dieu. Nous sommes 'abdosalam, les adorateurs de Celui qui incarne la paix. Nous devrions donc être au service permanent de la paix dans ce pays. Au lieu de ça, je m'aperçois que beaucoup d'acteurs ou une partie des acteurs de la communauté musulmane, même s’ils ne sont pas liés directement à la foi musulmane ou aux mosquées etc., sont des entrepreneurs de guerre. Nous sommes constamment dans un rapport post-colonial, et nous voilà asservi à l'homme blanc, mauvais par nature alors que nous, nous venons du Sud... Toute une rhétorique dont internet nous nourrit, qui est finalement le prolongement de ce qui a été institutionnalisé à l'époque par le parti socialiste qui était SOS racisme et qui se retrouve aujourd'hui d'une manière moins institutionnelle mais tout aussi réelle, qui est celui de se victimiser en permanence et de produire sur cette victimisation un discours belliqueux, belliciste qui cherche l'affrontement. Ce qui est antinomique avec nos valeurs. Parce que l'islam est basé sur la paix. Salam étant un attribut de Dieu, nous sommes les serviteurs de la paix. Est-ce que les attributs divins sont là pour être réciter sans être vécus ? Évidemment non, ils sont là pour d'abord être vécus puis récités. Les caractéristiques de Dieu doivent constituer notre manière de nous porter. On se dirige vers la sainteté. Mais finalement, on peut s'apercevoir les uns les autres pour être honnête, dans notre communauté, on a plus tendance à soigner les apparences exotériques, les apparences extérieures de notre foi, plutôt que les aspects ésotériques qui sont les aspects intérieurs de notre foi. En vérité, on va être extrêmement pointilleux sur le halal par exemple : c'est bien mais je m'aperçois qu'il y a une inversion des priorités. Je vois beaucoup de gens qui ne pratiquent pas, ou pire qui pratiquent des choses illicites, qui commettent de petites délinquances mais qui ne se posent pas la question de savoir si leur comportement est en accord avec l'éthique musulmane. Mais s’il s'agit d'aller manger un hamburger halal, là ça devient extrêmement tranché. En vérité, il y a une inversion des valeurs. Ce qui est le plus difficile, c'est de modifier son comportement, c'est un jihad, ce fameux grand jihad. Le grand jihad est celui qu'on mène contre soi-même pour modifier son comportement. Ça c'est très difficile. En revanche, aller au burger halal ou au Mac Donald, faire le choix entre deux fast-foods qui sont des importations américaines, est relativement simple. En plus, on nourrit sa bonne conscience en plus de nourrir son ventre, on nourrit sa bonne conscience en ayant acheté un hamburger halal. En vérité le vécu des attributs divins est complètement délaissé. Il faut être honnête à l'endroit de ce que nous sommes, sommes-nous réellement "ceux qui croient" et "font de bonnes actions" ? Où sommes-nous juste "ceux qui croient" sans avoir capté les richesses de la Foi ? La Foi qui se vit à travers les attributs divins. J'en reviens à notre idée de « l'islam et la France, un amour possible ? » point d'interrogation. Bien évidemment, si nous vivons notre spiritualité de manière profonde, avec l'empathie nécessaire vis à vis de nos frères catholiques et nos sœurs catholiques, et bien il y a toutes les raisons de penser que nous allons vers un avenir vertueux.

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    Vous savez, je suis porte parole national de La Manif Pour Tous. Vous savez ce que c'est la Manif Pour Tous ? La Manif Pour Tous c'est un grand mouvement populaire qui s'est levé conte le mariage des homosexuels en France. Pire que ça : contre l'adoption des enfants par les homosexuels en France. Intérieurement, dites-vous maintenant ce que chacun d'entre vous avait fait lorsque nous avons appelé les musulmans à manifester. Il y a eu des centaines de milliers de tracts distribués chaque vendredi pendant les manifestations devant les mosquées. Très peu de musulmans malheureusement ont été présents à ces manifestations, très peu. Et parce que nous ne nous sommes pas engagés, nous portons en partie la responsabilité de ce mariage homosexuel. Et nous portons la responsabilité en partie que des enfants auront comme parents deux homosexuels, deux hommes ou deux femmes dès le berceau. C'est vachement joyeux, vous ne trouvez pas ? On a tous eu un papa ou une maman ou les accidents de la vie ont fait que nous avons manqué d'un papa ou d'une maman. C'est l'horreur, c'est horrible ! Papa où t'es ? Maman où t'es ? Le cri du papa absent ou de la maman absente. Eh bien, en partie parce que les musulmans de France ne se sont pas levés contre cette loi, nous portons une partie de la responsabilité. Une partie de la responsabilité, je n'ai pas dit la responsabilité, mais une partie. Il y a eu des fuites du gouvernement, des fuites qui ont dit que si les musulmans s'étaient engagés en masse, il aurait été retiré ! Vous êtes sceptiques ? Nous en reparlerons après ! Moi, en tous cas, je me sens personnellement coupable, en partie coupable du fait que demain des enfants soient privés d'un père ou d'une mère, et que le droit ait été modifié quant à la filiation. Il y a des enfants qui ne sauront pas d'où ils viennent. La filiation est coupée. Dieu dit dans le Coran : « Ô hommes, Nous vous avons créé d'un mâle et d'une femelle... » Donc Dieu nous a créé à partir d'un homme et d'une femme et à partir de cet homme et de cette femme a été créé un nombre conséquent d'hommes et de femmes. Ce verset-là est répété dans toutes les mosquées du monde. Chaque vendredi incarne la filiation. Le fait que nous savons d'où nous venons. La loi sur ce mariage homosexuel, et bientôt la PMA dont je vous dirai un petit mot tout à l'heure, et bientôt la GPA, feront que les enfants naîtront sans filiation, la filiation sera coupée puisqu'on donnera une ovule ou un sperme selon que le couple soit de deux hommes ou de deux femmes, l'enfant sera coupé de sa filiation. Évidemment ce n'est pas trop tard, le mouvement de La Manif Pour Tous continue. Nous avons encore la lutte contre la PMA, puisqu'elle n'est pas encore juridiquement actée, comme on dit en mauvais français, mais le gouvernement prépare la PMA. Le Conseil d’Éthique qui disposait de dix-sept religieux en son sein et qui donne son avis sur l'éthique d'une loi, eh bien, on a viré dernièrement tous les religieux qui le composaient et on les a remplacé par des non religieux. Pourquoi ? Parce qu'on leur dit que la PMA (la PMA est le fait qu'un couple de femmes puisse avoir une gamète homme pour pouvoir avoir un enfant) sera acceptée si le Conseil d’Éthique se prononce en faveur. Donc, il y a un mois, le Conseil d’Éthique a été bouleversé et on a remplacé les religieux par des non religieux. La PMA n'est pas encore arrivée mais elle arrivera puisque c'est dans les projets du gouvernement, puisqu'il le prépare en chamboulant le Conseil d’Éthique. Ainsi les couples de femmes pourront avoir droit à la maternité et donc les couples d'hommes diront qu'au nom de l'égalité : «  ils l'ont accepté pour les femmes, maintenant reste à faire pour nous les hommes. » Sauf que les hommes ne peuvent pas porter d'enfants, donc ils feront appel à des mères porteuses. Ces gens-là achèteront un ovule, insémineront une femme dans le tiers-monde, parce que bien évidemment pour huit mille euros, ce n'est pas une européenne qui va le faire. Ça se passera en Inde, au Nigeria ou je ne sais où ailleurs et les couples d'hommes pourront accéder à la paternité en achetant des bébés, finalement.

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    Maintenant, j'en reviens à notre histoire entre islam et France, amour possible ou pas possible ? Évidemment oui c'est possible. Nous avons tout un tas de causes communes qui permettraient de mieux faire connaître les gens. Parce que quand vous avez distribué des tracts, lorsque vous avez manifesté, fait un sitting avec des gens qui n'étaient pas musulmans mais qui étaient catholiques convaincus, des chrétiens convaincus ou des juifs convaincus, eh bien vous vous trouvez tout de suite un certain nombre de points communs qui vont vous rapprocher. Moi, j'ai vu des catholiques très pratiquants, de conditions sociales très favorisées mais qui m'ont dit n'avoir jamais rencontré de musulman. Et depuis que je distribue des tracts avec Myriam et Leïla qui portent le voile, on se rend compte que notre anthropologie est identique. On a envie d'avoir une vie de famille saine, on n'a pas envie de voir des publicités comme celle que vous voyez dernièrement sur l'adultère "Eden.com". Vous avez vu ça ? C'est un site sur l'adultère. C'est-à-dire qu'aujourd'hui on est en train de commercialiser de l'adultère alors que l'adultère est interdite par la loi, puisque les époux lorsqu'ils se marient à la mairie se doivent mutuellement la fidélité. On est dans un monde où les valeurs qui sont les valeurs fondatrices de la France sont les valeurs fondatrices et fondamentales de notre religion. Nous avons un combat à mener, le halal c'est bien, le hijab aussi, pourquoi pas ?, mais fondamentalement ? Est-ce que le fait de faire la promotion de l’adultère, d'exploser la cellule familiale est un gain en terme de projet, d'environnement pour nos vies futures et les générations futures ? Évidemment non ! Ce qui sera présent demain se décide aujourd'hui. Donc, nous avons tout à faire en tant que musulman français avec les autres confessions et même les non confessions parce qu'il y a des gens qui sont athées mais qui ont du bon sens, pour s'ériger contre ce processus qui détruisent les sociétés. Si on prend les valeurs fondamentales de la parole donnée, le fait de donner sa parole, le respect intergénérationnel, le fait de respecter les personnes âgées, le fait de respecter la vie, le fait de respecter les valeurs familiales… tout ça se sont des choses qui nous sont très chères en tant que musulmans. Toutes ces valeurs là sont aussi les valeurs fondatrices de la France qui les a perdues en partie à cause de la Révolution française, qui les a perdues encore en plus grande partie à cause de Mai 68. Mais tout ça, se sont des chantiers pour nous en tant que musulmans, en tant que musulmanes. Évidemment, quand je dis ça j'enfonce des portes ouvertes parce que vous savez aussi bien que moi ce que je suis en train de vous dire, ce n'est uniquement qu'un rappel. J'ai tellement entendu de musulmans me dire : "de toute façon moi, le mariage homosexuel ne me concerne pas parce que dans ma vie ce n'est pas quelque chose qui existe". C'est faux, parce que de toute façon c'est quelque chose qui va vous toucher d'une manière ou d'une autre. Si ce n'est pas vous, ce sera vos enfants, si ce n'est pas vos enfants, ce sera vos petits enfants.

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    Vous savez ce qu'est la théorie du genre ? La théorie du genre, c'est une théorie qui nous arrive des États-Unis, qui est en train officiellement d'entrer dans nos écoles françaises, qui dit que la sexualité d'un individu n'est pas le fait de son appartenance biologique mais il est le fait de déterminismes culturels et sociaux. Je m'explique : ce n'est pas parce que vous avez un corps de femme ou un corps d'homme que vous êtes un homme ou une femme. Non, c'est la société qui vous dit que vous êtes un homme ou une femme. Donc si on fait jouer des enfants, des garçons à la poupée et des filles aux voitures ou aux pistolets, ils seront libres de dire "je suis un homme" ou "je suis une femme". On peut être pendant un certain temps un homme puis revenir à une femme etc. Ce n'est pas de la science fiction ce que je suis en train de vous dire, c'est la réalité. Najat Vallaut-Belkacem a inauguré une crèche dédiée à la théorie du genre, où on a séparé les garçons des filles, de manière imperméable : du côté garçons des poupées et du côté des filles des voitures. C'est ça la théorie du genre et c'est en train d'arriver et La Manif Pour Tous a créé des comités de vigilance sur le genre. Ces comités de vigilance sont ouverts à toutes et à tous, mais si les musulmans n'y participent pas, c'est un coup d'épée dans l'eau. Donc moi je pense qu'on peut s'aimer, on doit s'aimer et on va s'aimer. Parce que nous avons beaucoup de choses en commun, beaucoup plus de choses qui nous rapprochent que de choses qui nous font diverger. D'une part et d'une autre part parce qu'il y a un ensemble de luttes sociétales dans lesquelles les musulmans doivent être aux premiers plans, aux premières loges. Il suffit de conscientiser, de rationaliser, de penser, de faire passer ces choses-là par notre esprit, par notre raison, par notre logos et se dire comment moi en tant que musulman, priant cinq fois par jour, jeûnant un mois dans l'année, et pour les plus pieux, les lundis et jeudis, lisant mes deux hizbs de Coran par jour, faisant mes invocations le matin et le soir, espérant aller visiter les lieux saints, comment socialement, je me positionne sur ces questions-là ? Parce que lui, le catholique, il fait la même chose, et finalement comme on fait la même chose, eh bien on se rencontre sur les mêmes points. Donc comme on se rencontre sur les mêmes points, eh bien on vit des choses en commun. Et comme on vit des choses en commun, on n'a plus la télévision, on n'a plus le Point ni l'Express qui fait la médiation et l'interface entre les musulmans et les non musulmans, et enfin, nous avons une société unie, un socle commun, solide qui se crée sur des valeurs. »

     

     

    Votre discours consiste à oublier la culture d'origine ?

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    Non, ce n'est pas oublier. Souvent dans mes conférences, j'ai été très clair. Ce n'est pas de l'amnésie, tout au contraire : le devoir de mémoire est l'origine, et la filiation au sens historique, culturel et évidemment familial, doit être constamment rappelé. Il est très intéressant que les générations futures de jeunes d'origine algérienne, marocaine etc., puissent aller retrouver la tombe des anciens au village etc., parce que c'est très constructeur de l'identité, c'est-à-dire qu'il faut vraiment savoir d'où l'on vient. Ce que je veux dire c'est qu'il y a une forme de fantasme, d'illusion dans l'aspect culturel. Quand on glorifie l'arabité pour accéder à l'islam, je pense qu'on est en train de trahir l'islam car l'islam n'est pas la religion des arabes mais la religion de l'humanité. Les arabes — il y en a d’ailleurs qui sont chrétiens — ont des us et coutumes, des cultures et des traditions qui sont emprunts de l'arabité mais ne sont pas musulmans. Il ne faut pas confondre les deux. Confondre les deux signifie emprisonner une spiritualité qui se veut légère et universelle à quelque chose qui est très circonstancié qui sont nos origines. Mais ça ne veut pas dire qu'on va jouer l'amnésie, être plus français que les français, ce n'est pas ça ! C'est quelque chose qui simplement intègre dans notre dynamique historique, sociétale, le fait que, qu'on le veuille ou non, nous sommes moins maghrébins que nos parents et nous le sommes un peu plus que nos enfants et que nos enfants le sont un peu plus que nos petits enfants etc. C'est-à-dire qu'il y a une marge inéluctable du fait que nous soyons scolarisés, que nous vivions, que nous soyons inondés de messages etc. Moi, je vais souvent en Algérie et je fais en sorte que mes enfants aillent en Algérie mais en même temps, ils ont le drapeau français dans leur chambre. Ça ne veut pas dire que nous sommes dans une confrontation, ça veut dire : vous avez votre véhicule, vous avez une destination, votre pare-brise est grand comme ça et vous avez deux rétroviseurs qui vous permettent de regarder derrière. Mais si vous regardez constamment derrière, vous allez aller dans le décor. Or, le fait de regarder derrière est très utile pour pouvoir marcher droit, donc le fait de connaître son origine, le fait même d'entretenir vis-à-vis de nos enfants l'idée que nous venons d'un pays qui a été ceci ou cela, mais que notre avenir se porte dans une direction, fera que naturellement l'apport dont vous parlez se fait à travers ce que nous sommes. L'arabité est quelque chose de fantastique : l'arabité n'est pas raciale. Quoi de commun racialement entre un libanais et un soudanais ? Rien, pourtant ils sont arabes. L'arabité est une entité linguistique. Les gens sont arabes parce qu'ils parlent arabe mais en plus de ça il y a certaines caractéristiques, assez bien d'ailleurs caricaturalement développées dans Tintin au pays de l'or noir, c'est-à-dire des excès de grande générosité, l'hospitalité, mais en même temps l'impulsivité etc. qui sont très caractéristiques, très liées à l'identité des arabes. Moi, ça me fait très plaisir. Par exemple quand j'étais gamin, j'étais horrifié quand je trouvais quelqu'un qui mangeait un petit pain au chocolat devant moi et qui ne m'en proposait pas. On n'est pas habitué à ça, parce que dans  notre culture d'origine arabe, quand tu manges quelque chose, tu le partages. C'est normal. Vous comprenez ce que je veux dire ? Cette idée de l'arabité en tant que valeur qui va apporter en terme de générosité (d'ailleurs les français sont aussi généreux). Mais il ne faut pas folkloriser, fantasmer ou pire que ça, emprisonner notre religiosité. Quand je vois par exemple des convertis qui se mettent à parler avec quasiment un accent du bled, qui se déguisent pour aller à la mosquée, qui e baladent chez eux avec des sdaris, je dis qu'il y a de fait une fusion qui n'est pas souhaitable entre une religiosité universelle et une culture contextuelle.

    Vous dites que les musulmans ne sont pas allés manifester à La Manif Pour Tous et qu'ils sont en partie responsables du passage de cette loi...

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    Quand je dis que nous sommes en partie responsables, je veux dire que quand je vois des manifestations sur la Palestine, lorsque Gaza est bombardé, à juste titre les musulmans manifestent. J'ai conduit plusieurs convois humanitaire à Gaza donc je sais ce que c'est, je sais de quoi je parle, j'ai été responsable d'organismes d'aides humanitaires destinées à la Palestine, eh bien à mon sens, la cause palestinienne est moins grave du point de vue sociétale que le mariage gay. Parce que le conflit palestinien de toute façon se réglera et on doit faire valoir les droits des palestiniens à travers notre engagement aussi. Là, on est en contradiction avec El fitra, cette nature humaine. C'est la nature humaine qui est contredite par une loi et ça, en tant que musulmans qui avons très clairement distingué l'homme de la femme et entretenu l'idée de la filiation… cette loi entre en contradiction directe avec nos valeurs.

    Vous nous proposez d'aller plutôt vers le cassoulet halal que le burger halal en somme ?

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    Pourquoi j'avais opposé le kebab Mac Do au bistrot ? J'ai tenté de dire par cet exemple-là que les lieux de socialisation, ou en tout cas le commerce lié à la gastronomie, n'est pas anodin en France. La cuisine française, avec la cuisine chinoise et la cuisine marocaine, est des plus élaborée au monde. Ce que je crois c'est qu’en n'adoptant pas, ou en ne découvrant pas, ou en ne s'appropriant pas un art culinaire représentant une classe majeure dans l'art culinaire en règle générale, nous passons à côté de quelque chose… Alors on peut ne pas aimer le cassoulet mais on peut aimer le pâté aux pommes de terre, le magret de canard ou le lapin à la moutarde… la variété culinaire française et son élaboration sont si incroyablement diverses et raffinées que face à la pauvreté d'un hamburger ou d'un sandwich grec, on est face à une misère culinaire. On va faire des pieds et des mains, et à juste titre, lorsqu'une espèce animale disparaît parce qu'elle a mis des siècles et des siècles à évoluer et que quand elle disparaît, c'est le patrimoine de l'humanité qui disparaît, mais les arts, cultures, us et coutumes liés à un peuple ont aussi mis des années, des siècles et des siècles à se développer et à aboutir. Donc si nous en tant que citoyens français, musulmans ou pas musulmans, cédons à la mondialisation en délaissant le formidable patrimoine que nous ont légué les générations antérieures, eh bien on loupe un coche. Après ce n'est pas la question de halal ou pas halal, un magret de canard, le canard doit être halal tout simplement. Faisons découvrir ensemble à nos enfants, au lieu de simple pâtes-frites etc. Ce n'est pas beaucoup plus cher, c'est très ludique, c'est extrêmement appréciable à cuisiner et c'est beau ! Et ça fait partie des choses qui font qu'on construit, sans avoir à réciter la marseillaise tous les matins, une identité plus apaisée.

    Que pensez-vous de cette nouvelle Chartre de la laïcité à l'école ? Et de cette morale laïque militante ?

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    La Charte de la laïcité de Vincent Peillon à l'école, eh bien c'est très bien dit par Vincent Peillon : il dit que la Révolution française n'est pas arrivée à bout du catholicisme et qu'il faut effacer toutes traces du catholicisme en France. Mais quand on vous dit « toutes traces de catholicisme », le catholicisme n'est qu'un corps, je dirais. Ce qu'on veut c'est effacer la morale catholique. Et la morale catholique, c'est la morale musulmane. Ce sont les mêmes, la morale juive aussi bien évidemment. Lorsqu'on veut tuer la famille, on veut tuer la distinction homme-femme. Lorsque les enfants donnent des ordres aux parents, lorsque l'autorité devient un fait de subversion, eh bien nous sommes dans une société d'anarchie : les repères sont complètement détruits et c'est une société où l'économie de marché, où la consommation pourra davantage s'épanouir. Je n'invente rien : en 1972, quatre ans après 1968, un philosophe qui s'appelle Michel Clouscart, un marxiste, explique comment par Mai 1968, en disant qu'il faut une liberté sexuelle totale, qu'il faut plus de loisir, qu'il faut moins travailler, donc en détruisant les valeurs d'une société, on va pouvoir étendre les ressources du Marché de la consommation, donc du libéralisme.  Est-ce que vous me comprenez ? C'est-à-dire qu'on va détruire des valeurs morales pour nous amener à devenir de simples consommateurs, c'est tout ! Lorsqu'on éduque nos enfants, il y a des valeurs profondes de croyances, de vérité, d’abnégation, de générosité, et quand il est habité, structuré par des valeurs eschatologiques, le jour du jugement dernier, la présence des anges… eh bien, bien évidemment, que Pokemon et compagnie lui feront moins envie. C'est le vide spirituel, le vide identitaire qui a besoin d'être rempli par ces messages, ces bombardements médiatiques, de la sur-image, du surmarketing. Il y a un lien intrinsèque entre le fait de tuer une morale et la consommation. Et quand on parle de morale laïque, ce n'est rien de plus que tuer ce qui restait de morale chrétienne en France. Et ça, c'est aussi notre combat, parce qu'on a les mêmes valeurs. Aujourd'hui on commence à détruire des églises en France : les musulmans devraient être à la pointe de cette contestation de cette destruction des églises ! Parce que symboliquement parlant, détruire une église c'est grave ! Moi, ça me met en colère. Parce que demain, s’il se passait la même chose dans les pays musulmans, on serait très content de voir des chrétiens s'ériger contre la destruction des mosquées ou des synagogues. Parce qu'il y a un combat commun, on a des valeurs communes, des idées communes et il y a surtout un pays commun. Nous sommes dans un même espace.

    Quand on connaît le parcours sulfureux de l'avocat Karim Achoui, que pensez-vous de son initiative de créer la LDJM (Ligue de Défense Judiciaire des Musulmans) pour défendre les droits des musulmans ?

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    Concernant la LDJM, moi je crains que l'islam soit devenu un produit marketing. L'islam devient un moyen de vendre, un moyen commercial et, étrangement, une spiritualité qui devrait nous pousser à moins consommer devient quelque part une identité musulmane qui nous pousse à davantage consommer. Lorsque je vois que dans les grandes surface par exemple, il y a des grands rayons halal, finalement pourquoi l'islam est-il banni de l'école et a-t-il une si grande place dans les marchés ? Pourquoi ? : parce qu'à l'école, on transmet des valeurs et aujourd'hui dans certaines écoles on impose la Charte de la laïcité. Donc dans ces écoles-là, pas de morale, surtout pas catholique, surtout pas juive et surtout pas musulmane. En revanche dans les supermarchés, pour faire tourner la machine néo-libérale, l'islam a une place et un rayonnage où personne n'a rien à redire tant que vous donnez de l'argent. Donc, nous sommes dans une société qui ne retient pas l'idée des valeurs mais qui se sert des valeurs pour faire consommer. Et il est dangereux de voir des musulmans qui estampillent un tas de produits qui n'ont rien à faire dans le halal comme étant halal. J'ai vu des pubs sur internet "voyage halal" ! Je ne mens pas, je suis sérieux. En fait, aujourd'hui, les musulmans se ré-islamisent, donc ça devient une niche marketing, donc on va essayer d'avoir leur bonnes faveurs commerciales en passant par leur islamité, en passant par leur spiritualité. Mais c'est odieux comme manière de faire ! Ce qui est halal, et bien on le sait, il y a le Coran pour distinguer, c'est pour cela qu'on l'appelle "El fourqane", le discernement, Celui qui permet de distinguer le vrai, du faux. Donc voyage halal, défilé de mode de hijab. On en arrive à une spiritualité qui devrait nous distinguer, nous éloigner de la surconsommation et finalement cette spiritualité devient un faire-valoir pour la consommation. C'est là que nous en tant que musulmans, nous devrions faire fonctionner nos méninges. C'est-à-dire : qu'est ce qui relève authentiquement de la spiritualité, de la foi et qu'est-ce qui relève d'un acte de consommation qui me permette d'exister en tant que musulman dans l'espace public ? Concernant la LDJM, je crains que ce soit un fait marketing, quasiment commercial, qui touche l'affect des musulmans, leur pathos, leur sensibilité, leur sentimentalité, pour capter un fait juridico-marketing. Maintenant, il est évident que quand une musulmane est agressée, comme quand une non-musulmane est agressée, il y a des tribunaux, il y a un Droit qui existe et tout ça doit être porté devant les tribunaux. Mais devenir un objet marketing captant la sensibilité des musulmans, là je dis faites attention. Moi, je suis parti aux États-Unis, je suis allé rencontrer l'Anti Diffamation Ligue, c'est une organisation juive aux États-Unis qui lutte contre l'antisémitisme. Mais, il faut voir à quel point cet organisme a besoin de l'antisémitisme pour exister. Et quand il n'existe pas, il est obligé de l'inventer. Le moindre graffitis sur une synagogue devient un acte antisémite. Alors qu'en vérité, il n'y a pas d'acte antisémite. Ça veut dire qu'on enclenche une machine qui va avoir besoin de s'alimenter, et même si il n'y a plus d'islamophobie ou d'actes islamophobes, il va quasiment falloir en créer. Je ne sais pas si je suis clair… La machine se nourrit comme ça, on fait tourner la boutique. Donc, il faut distinguer ce qui relève de la légitimité, du droit, porter plainte de manière tout à fait conventionnelle quant il s'agit d'un acte islamophobe et la capacité d'acteurs à pouvoir domestiquer cette islamophobie pour pouvoir en faire un fond de commerce. Voilà, je suis un peu sévère dans mes mots mais il se passe exactement la même chose avec la communauté juive aux États-Unis. Et je n'ai pas fantasmé, parce que je suis allé les rencontrer dans leur bureau à Washington pour comprendre quels étaient les mécanismes de la victimisation qui permettaient de faire d'une minorité victimisée une minorité agissante dans le champ politique. Alors si nous faisons cela en France, qui n'est pas une société communautariste à l’anglo-saxonne, mais une société où la citoyenneté est partagée par tous, nous entrons en confrontation avec le logiciel basique de la constitution et de l'identité française et nous nous mettrons de fait à l'écart de l'ensemble de nos compatriotes français. Concernant l'islamophobie, toujours, je voudrais juste rappeler — et ce n'est pas pour dire que c'est normal ou pas normal, mais c'est important que ce soit rappeler aux musulmans — que la cathophobie au XVIIIème siècle a fait près de 600 000 morts, le génocide de Vendée. Durant la Révolution française, les révolutionnaires sont allés un peu loin, c'est-à-dire qu'ils voulaient interdire les églises, interdire la religion, brûler les Évangiles etc. En Vendée, un certain nombre de français, de catholiques, se sont levés contre la Révolution française. Ils les ont zigouillés à hauteur de 600 000 personnes. En ne tuant pas que les hommes, mais aussi les femmes et les enfants. Alors ceci n'excuse pas cela, ce n'est pas ce que je suis en train de dire. Je dis simplement qu'il faut que nous, en tant que musulmans, ayons une vision globale de ce qu'est l'histoire française parce que c'est aussi notre histoire, parce que nous sommes français, et savoir intégrer nos problématiques dans une dynamique historique et sociétale, de telle manière à ce que nous ne regardions pas seulement notre propre nombril, en disant que nous n'avons pas été les seuls à souffrir dans ce pays là, non ! Il y a une dimension anti-religieuse, anti-cléricale où le concept de liberté se crée en distinction, voire en opposition, voire en persécution de la religion en France. Mais il faut aussi envisager la chance qu'est la laïcité qui permet que les religions fortes ne prennent pas le pas sur les religions faibles, et la laïcité, comme le disait un sage, est la branche sur laquelle tout le monde est assis, s'il y en a un qui veut la scier c'est tout le monde qui tombe.

    Vous parlez uniquement des Catholiques et des Musulmans mais jamais de la communauté juive, pourquoi ?

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    De la communauté juive, très souvent je ne parle pas, je parle principalement des catholiques. Mais comme je ne parle pas des juifs, je ne parle pas non plus des protestants, ni des orthodoxes, ni des bouddhistes, ni des hindouistes etc. Parce qu'en faites ces religions : juives… même si la religion juive est plus ancienne en France que le christianisme. Le judaïsme arrive en France avec l'Empire Romain et les premiers évangélistes arrivent durant le premier siècle. Donc en terme de nombre c'est le catholicisme qui chapote, c'est pour ça que je parle souvent de "catholaïcité" et que je ne parle pas du judaïsme, du protestantisme, de l'hindouisme etc. Et surtout, je pense que fondamentalement, le catholicisme, pour peu qu'on essaie de le comprendre, de le connaître, partage des valeurs. Je reprends l'exemple de la Toussaint, j'ai appris hier que la Toussaint avait aussi comme sens le fait que tout être humain pouvait, s’il le voulait, devenir saint. C'est-à-dire que quand on parle en islam de muslim, mu'mim, mouhsin — le mouhsin est celui par lequel Dieu voit, entend — celui qui est habité par Dieu est élevé au rang de Saint. Et la Toussaint, dans son sens catholique, pas musulman, c'est de dire que la Sainteté est accessible aux humains, ce n'est pas quelque chose qui est du domaine de l'angélisme. J'ai trouvé le sens très percutant dans notre spiritualité. D'ailleurs si je vous fais lire une page des Confessions de St Augustin, ou si je vous fais lire une page de Rabi'a el 'Adawiyya, vous serez très embarrassés pour savoir qui a dit quoi. Parce qu'en vérité et fondamentalement, la mystique catholique et la mystique musulmane sont très très proches dans le sens et dans les valeurs. Alors bien évidemment, je ne parle pas du dogme, etc.

     

     

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  • Camel Bechikh : « Ce que j’aurais voulu dire le 2 février 2014 »

    Pour une politique familiale forte


    CB LMPT 2 février 2014.jpgLa politique familiale forte impose la mise en perspective des idées qui nous ont, au fil du temps, amenés à des politiques familiales faibles ! 

    Politiques familiales faibles ayant exposé dangereusement, puis explosé la famille française et ses valeurs.

    Il faut aujourd’hui le reconnaître, la pensée dominante, depuis le XVIIème en France, en construisant une république laïque a aussi tenté d’éteindre la France catholique. Mais que devient la France sans le souffle catholique qui l'a fait naître ? Ce souffle, fixant les points cardinaux des valeurs du respect de la vie, des valeurs de protection des plus faibles, des plus pauvres, de la famille...

    Je ne rentrerai pas dans les détails car si vous êtes présents aux côtés de La Manif Pour chrétiens, juifs, musulmans, athées… Tous, depuis plus d’un an, c’est que chacun d’entre vous à terminé de comprendre comment nous en sommes arrivés là, mais surtout, comment nous allons en sortir.

     

    CB LMPT 2 février 2014.jpg

    Marthe Robin, malheureusement trop peu connue des français, donna son avis sur la dégradation sociale et morale de la France en 1971 :

    « Ce n'est rien à côté de ce qui va arriver. Vous n'imaginez pas jusqu'où l'on descendra ! Mais le renouveau sera extraordinaire, comme une balle qui rebondit ! Non, cela rebondira beaucoup plus vite et beaucoup plus haut qu'une balle ! » 

    Il ne fait aucun doute qu’après l’avortement, le mariage pour tous, la théorie du genre… nous ayons atteint l’abîme, mais il ne fait aucun doute non plus que l’ensemble des dernières mobilisations populaires, La Manif Pour Tous en tête, forment ce début de Renaissance française.

    À ce titre, rendons hommage à celles et ceux dans l’ombre qui ont permis que nous soyons une de fois de plus si nombreux et, une pensée particulière pour notre présidente, Ludovine de la Rochère, pour avoir su maintenir l’élan malgré les épreuves traversées par le mouvement.

    Enfin merci aux musulmans de France qui ont joué un rôle décisif ces jours derniers pour que jamais l’école ne devienne un lieu totalitaire, un lieu d’endoctrinement de la morale laïque. Merci à eux pour leurs efforts afin que la France reste fidèle à son baptême, à son souffle et ne troque jamais son âme...

    Vive La Manif Pour Tous,

    Vive la France !

     

    CB LMPT 2 février 2014.jpg

    J'ajoute un petit post scriptum à ce discours, tel que j'aurais voulu le manifester le 2 février : Tous les jeudis, à 18h30, une Messe pour la France est célébrée avec les Bénédictines au Sacré-Cœur de Montmartre, précédée à 18h par les Vêpres, la litanie des saints de France en assurant la transition…

     

    Une raison d'espérance

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  • La Vaillante, genèse : la France se réveilla et secoua ses brumes

    En ce jour de Prière pour la France, je suis heureuse de mettre en ligne ce texte relatant la genèse de La Vaillante, à l'occasion de son premier anniversaire, le 18 janvier prochain.

     

    La Vaillante .jpgNous étions là, une foule parquée rue de Suffren, chacun souffrant patiemment le froid, attendant qu’on nous ouvrît le passage sur le Champ. Il faisait nuit depuis longtemps déjà. Nous trépignions pour nous réchauffer le corps. Le bruit avait couru comme un immense frisson que la pelouse du Champ de Mars était noire du monde de milliers personnes. Notre cortège avait glissé depuis Denfert-Rochereau, étirant le temps en un immense ruban bleu blanc rose. Mais là, dans la nuit striée des lumières électriques notre cortège était interdit. Dans un peu de neige fondu il était interdit de pénétrer davantage sur le Champs de Mars.

     

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    On nous fit enfin bouger. Ce fut lent et interrogatif. La chaussée formait un coude où le cortège s’engorgea et, goutte à goutte, nous passions pour aller où ? rejoindre quoi ? Les balayeuses mêmes avaient terminé leur travail et s’immobilisèrent en un collier bruissant de moteurs, caressant les bitumes. Mais la pelouse ? Le cortège désengorgeait la rue de Suffren pour quoi ? Pour le vide. Nous passâmes goutte à goutte sans y croire devant le champ du silence, lui qui à 18h saturait de bruit, s’amplifiait des voix, des discours passionnés que nous n’avions pu entendre, planté d’une myriade humaine, à 19h15 nous abasourdissait de silence. Stupeur, incrédulité nous étreignaient, nos pas longeant la longueur du rectangle. Seuls restaient les grues rouges chargées des énormes enceintes noires. Plus un écran géant, plus un portique, plus une scène, tout, même, était plié, disparu. La pelouse parfaitement dégagée laissait vibrer sa couleur verte, foncée par la nuit. Quelques poubelles restaient encore à être ramassées.

     

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    La goutte que je fus et celle que fut mon mari, nous retrouvâmes au pied de la Tour Vaillante et lumineuse. Elle, victorieuse perpétuelle, veillant avec constance, elle seule avait su nous attendre. À son pied, je levai la tête vers elle. Quelques flocons de neige se mêlaient à sa lumière. Le grand rectangle de nuit sur le champ incessamment nous ahurissait. La Tour Vaillante nous réchauffa, nous emplissant d’une tendre gravité. Qu’elle était belle et digne. Digne de confiance, noble à nous en tordre le cœur. Pour la première fois je vis la Tour Eiffel, véritablement. Et ce fut un appel. Oui, ce moment eut épaisseur propre et durée spécifique, ce 13 janvier 2013 me devenait intimement historique : La Vaillante s’empara de mon cœur en me demandant d’en être témoin. La France se réveilla secouant ses brumes. Cette goutte que j’étais au pied de la dentelle de fer érigée dans la nuit, répondit oui à sa vocation muette. Pour la première fois je sortis mon téléphone portable pour prendre une photo. Une seule, à 19h24. J’acquiesçai à sa lumière dans la nuit. Je dis oui je témoignerai de toi, je te serai fidèle.

    Nous passâmes sous elle, à travers elle, pour regagner plus haut encore la station Trocadéro.

     

    Le 18 janvier 2013, La Vaillante publia son premier article (Le mariage gay ou la dictature de la confusion de Bertrand Vergely).

     

    Camille Fornello
    10 janvier 2014

     

    la france,conscience,lmptLa Vaillante a pour patronne sainte Jeanne d'Arc : Ce qui donne une âme vivante et forme un corps concret à la réalité qu’est la France

    & pour marraine Marthe Robin : Marthe Robin & la France "Aux âmes chrétiennes"

     

    Mise en relief d'articles publiés depuis un an

    la france,conscience,lmpt

     

    Chorégraphie pour un dépliant Voulons-nous transmettre la confusion des genres aux générations naissantes ?

     

     

    Tugdual Derville invité par Louis Daufresne Retranscription de l'émission Le Grand Témoin du 28 janvier 2013

    Synthèse argumentative sur le projet de loi Taubira « mariage pour tous » de Lucien Fornello

    la france,conscience,lmptQui aurait imaginé devoir défendre l’altérité sexuelle à la source de toute vie ? de Tugdual Derville (Valeurs Actuelles)

     

    N’acceptons pas un État qui aurait pour seul but de combler les désirs de chaque catégorie de la population au détriment des plus faibles et de l’ensemble de la société de Jean-Marc Veyron

    Ce sont les hommes qui font l’institution : petite histoire du CESE de Théophane le Méné (Causeur)

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    Le printemps des consciences de Monseigneur Marc Aillet

     

     

    Les français sont-ils prêts à reconnaître comme juste la théorie du genre et à l’appliquer à leur modèle de société ? de Axel Nørgaard Rokvam à Mme Taubira, Garde des Sceaux, en Sorbonne, le 18 mars 2013

    Toutes sortes de choses qui étaient implicitement attachées à l’idée d’humanité disparaissent silencieusement : l'Écologie Humaine de Gilles Hériard-Dubreuil

    Résumé des 35h d'auditions sur le mariage pour tous au Sénat Vidéo

    Le credo de la secte "LGBT" prétend imposer sa conception du monde au nom de "l'égalité" de Victor Rességuier

    S'il-vous-plaît la France, ne perdez pas votre place dans l'histoire Bobby s'exprime sur Homovox

    Les Veilleurs : "La force intérieure de la non-violence irrépressible" (Tugdual Derville) Témoignage de Marie, veillée du 17 avril sur l'esplanade des Invalides

    Ce qu'est l'homophobie selon la Théorie du Genre Tugdual Derville & SOS Homophobie dans l'émission radio Du grain à moudre

    L'impasse Dominique Venner de Lucien Fornello

    Clément Borioli, Collectif Homovox : Discours du 26 mai aux Invalides Vidéo

    la france,conscience,lmpt

     

    La science-fiction pour tous c'est maintenant ! de Lucien Fornello

     

     

    La sainte colère du père Daniel-Ange Émission radio Eclesia magazine

    la france,conscience,lmpt

     

    En fait d’impressionnabilité l’enfant, l’artiste et le saint sont frères de Sandrine Treuillard

     

     

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    Fabrice Hadjadj & l'embryon : on ferait mieux de se demander si l'on est face à de la vie humaine ou pas

     

    la france,conscience,lmpt

    Décryptage de la Théorie du Genre pour Tous Retranscription du livret de la Fondation Jérôme Lejeune

     

    Le « genre » : un outil éducatif majeur qui permettra la déconstruction des repères élémentaires liés à la vie affective et sexuelle, à la vision de la famille et de la société Intervention de Ludovine de la Rochère auprès des Veilleurs lors de la veillée du 31 août à la Concorde – venue présenter aux côtés de Camel Béchikh les orientations de La Manif Pour Tous pour l’année à venir.

    la france,conscience,lmptNe pas tomber dans les travers de ceux qui pensent que aimer son pays c'est forcément détester les autres de Camel Bechikh (Fils de France)

     

    la france,conscience,lmpt

     

    L'euthanasie… jusqu'où ? Retranscription écrite du documentaire 

     

     

    la france,conscience,lmptL'éducation, un art, au sens « d'artisanat » : les parents : premiers et principaux éducateurs en humanité de Jérôme Brunet (Grenelle de la Famille)

    Un serment en soi-même : jamais nous n’abandonnerons les combats de la famille, pour nos familles et pour la France de Camel Bechikh (Grenelle de la Famille)

     

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    La lutte subventionnée contre l’"homophobie" renforce ladite homophobie parmi le peuple de France de Gaultier Bès

     

     

     

     

     

     

     

     

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  • Logo du Grenelle de la Famille : beau travail !

     

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    Grenelle de la famille

     

    Travail magnifique sur le logo dans ce Teaser du Grenelle de la Famille

     

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  • Un serment en soi-même : jamais nous n’abandonnerons les combats de la famille, pour nos familles et pour la France

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    Grenelle de la famille

     

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    « De nouvelles réalités s’imposent à tous. L’idée qu’on fasse aujourd’hui la promotion de l’adultère dans les couloirs du métro ne touche pas qu’une strate de la population, ne touche pas que les militants de La Manif Pour Tous, ne touche pas que les premiers engagés dans la résistance qu’est LMPT, mais touche bien l’ensemble des populations. Et l’ensemble des populations, bien sûr, est très choqué par cette évolution. J’ai trente neuf ans et je dois dire que la France de mon enfance me manque. Elle me manque. Pourquoi ? Parce que c’est allé beaucoup trop vite. L’accélération de l’histoire agit de manière extrêmement pernicieuse et en très peu de temps nous avons connu le Pacs, puis le mariage maintenant « pour tous », demain très certainement la Pma et au nom de l’égalité, la Gpa. Je dis tout cela parce que je pense que nous sommes gardiens d’un patrimoine. Lorsque nous évoquons la famille il s’agit là bien d’un patrimoine. Nous sommes à Bordeaux : Bordeaux est le plus grand ensemble urbain au monde classé par l’UNESCO et tout cela est le fruit d’une bataille. Préserver un patrimoine et le transmettre intact aux générations futures est de l’ordre quasiment de l’eschatologie. Il y a une dimension chevaleresque dans le fait de prendre conscience de l’importance de ce que peut être une faune, une flore ou un ensemble urbain. Mais qu’est-ce que la famille face à une faune, une flore ou un ensemble urbain ? Bien évidemment, elle est au-delà de tout cela. Et je pense que nous sommes une génération de résistants. Je pense que aujourd’hui soit on s'engage, soit on est complice, soit on collabore. Et notre idée à La Manif Pour Tous a tenu en deux temps. Un premier temps que nous n’avons pas vraiment contrôlé. Nous avons réagi : c’est le temps des manifestations, celui où, poussés par un élan « surhumain », nous avons été des millions à nous déplacer dans les rues. C’est le premier temps qui allait très bien d’ailleurs avec la figure de notre première porte-parole, Frigide Barjot. Mais aujourd’hui nous sommes dans un second temps. Un temps plus posé, plus mûr, qui est extrêmement dangereux parce que les médias parlent moins de nous. Ce soir, Sud-Ouest a choisi de ne pas venir couvrir cet événement. Et on peut se poser la question : est-ce que parce que les médias parlent moins de nous, de notre combat, notre résistance serait-elle moins légitime ? Évidemment non. Donc, je voudrais vous dire, mais avec mon cœur, que tous les gens qui ont pris les tgv pour partir à Paris, vous y étiez certainement, dites-vous que nous avons besoin tout autant de ces gens-là dans cette deuxième partie de travail qui sera plus posé, plus lié à la réflexion, lié à la « pro-activité ». Nous allons anticiper, maintenant, car nous savons que nous avons un impact certain sur le gouvernement, sinon nous aurions déjà la PMA et plus encore. Soyons extrêmement conscients que nous sommes le plus grand mouvement populaire que la France ait porté depuis mai 68. N'en déplaise aux médias. (…)

    La mobilisation continue, n'en déplaise aux médias. Nous sommes une génération charnière, ne soyons pas le maillon faible. Nous avons tous eu la chance de vivre dans une famille. Eh bien moi, personnellement, je souffre parfois d'insomnie, parce que je me dis : "Est-ce que j'ai vraiment tout fait pour que cette loi ne passe pas ?" L'idée d'imaginer un enfant qui n'a rien demandé, élevé par deux hommes ou par deux femmes, me fait terriblement mal au cœur. Le cœur ne suffit pas : au sentiment doit succéder la réflexion et à la réflexion doit succéder l'engagement, l'action. Nous avons connu comme je l’ai dit tout à l’heure une première phase, qui dépendait un peu des actions du gouvernement auxquelles nous avons réagi. Nous sommes dans une deuxième phase de réflexion. Nous devons dans cette deuxième phase absolument retrouver le maillage de toutes celles et ceux qui se sont engagé(e)s durant cette première période, sinon notre mouvement risque de se défaire, de se déliter, et nous n'aurions pas perdu qu'une bataille, mais peut-être la guerre.

     

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    Dans cet engagement, je voudrais souligner la bénédiction divine, et je pèse mes mots, d’avoir aujourd’hui comme présidente Ludovine de la Rochère. J’étais il y a deux semaines en séminaire avec elle dans une abbaye normande : nous étions 48 heures enfermés à réfléchir sur ce que seraient les prochaines étapes de LMPT. Je la connaissais finalement très mal avant ce séminaire et elle m’a beaucoup impressionné. Depuis 20 ans, j’avale des séminaires. Et je l’ai vu d’une acuité, d’une intelligence, d’une réactivité… Au moment où nous étions tous extrêmement fatigués, elle restait alerte, bienveillante. Elle porte ce mouvement comme une mère porte un enfant, véritablement. Attention à celles et ceux qui ont pensé ou qui pensent que Ludovine est une aristocrate qui, pour passer le temps de libre, se serait engagée dans une cause médiatique. Ce n’est pas ça. Ludovine c’est un moine-soldat, si je puis dire. Et véritablement c’est une bénédiction divine que de l’avoir. Je m’excuse, je sais que tu es très pudique, je m’excuse d’avoir à lui dire comme cela, mais il est terriblement important pour une troupe de savoir qu’elle est engagée avec un général, un chef qui en vaille la peine. Et Dieu sait que Ludovine est beaucoup plus que cela.

    Merci de m’avoir écouté. On ne lâche rien. Ce n’est pas qu’un slogan. Véritablement, on se fait un serment en soi-même en se disant que jamais nous n’abandonnerons les combats de la famille, pour nos familles et pour la France. »

     

    Camel Bechikh

    Grenelle de la Famille
    Bordeaux, 16.X.13

     

    Camel Bechikh au Grenelle de la Famille

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  • L'éducation, un art, au sens « d'artisanat » : les parents : premiers et principaux éducateurs en humanité

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    Grenelle de la Famille


    Il y a quelques jours, j'avais au téléphone un médecin responsable de la médecine scolaire d'un département. Il me faisait part de son désarroi devant le nombre croissant de signalements de jeunes enfants qui n'arrivent pas à s'adapter à l'école, et ce dès la maternelle.

    Depuis plusieurs années, les enseignants se plaignent de devoir faire de plus en plus d'éducatif en classe, parce que les bases élémentaires de l'éducation ne sont plus données aux enfants.
    Ils ont déjà tant à faire avec les réformes successives de l'école...
    Au cours de ma carrière professionnelle, j'ai vu évoluer les psychologues qui accompagnent les enfants. Aujourd'hui, je n'en connais pas un qui ne reconnaisse la souffrance psychologique d'enfants qui sont en manque de repères familiaux.
    Les structures sociales d'accueil des jeunes sont saturées, débordées.
    Depuis une vingtaine d'années, le gouvernement considère l'augmentation du suicide des jeunes comme un fléau national. On en parle très peu dans les medias, parce qu'on ne veut pas montrer notre impuissance face à ce phénomène. Il y a quelques années, j'apprenais qu'un enfant de 12 ans s'était donné la mort par pendaison. C'est inouï !

    On peut à l'infini développer le soutien aux enfants, refaire les programmes scolaires, déployer des équipes de psychologues, d'orthophonistes, de pédopsychiatres, d'ergothérapeutes, de maîtres spécialisés, noyer les enseignants sous des enquêtes, des réformes, des plans de remédiation...

    On ne fait que s'attaquer aux effets avec toujours plus de moyens, tout en délaissant les causes évidentes du problème. C'est exaspérant !

    Oui, l'enfance est en souffrance.

    Maslow, un sociologue réputé, a expliqué que les besoins premiers d'une personne sont les besoins physiologiques : se nourrir, avoir un toit, dormir, respirer...

    Il explique ensuite que le besoin qui suit immédiatement est le besoin de sécurité : sécurité physique, naturellement, mais également besoin de sécurité affective, psychologique.

    Dans notre société, c'est bien là que le bât blesse. Beaucoup d'enfants n'ont pas la sécurité affective nécessaire à une éducation épanouissante.

    En vingt ans, le taux de divorces en France a doublé, passant d'un peu plus de 20% en 1980 à plus de 40% en 2003, selon une étude de l'INED parue en avril 2006.

    Certains veulent nous faire croire que cette évolution serait positive, car elle démontrerait une plus grande liberté individuelle. On nous présente cela comme un « progrès sociétal ». À Paris, on peut même voir des affiches vantant « le premier site de rencontres extraconjugales pensé par les femmes ». Dans de nombreuses émissions, on nous a vanté les bienfaits de la famille recomposée, tellement 'nouvelle', tellement 'formidable', tellement 'moderne'.

    Pourtant : qui se pose sérieusement la question des conséquences sur les enfants ?

    Quel psychologue aujourd'hui niera que l'enfant souffre de la séparation de ses parents ? Je ne parle pas d'une souffrance passagère. Je parle d'un traumatisme profond, marquant, stigmatisant.
    Je me souviens de cette petite fille, en classe de maternelle, qui était pleine de vie et que je vis s'éteindre jour après jour, jusqu'à ce qu'elle me raconte que ses parents se séparaient. Sa maman se voulait rassurante : « vous savez, elle va bien, on lui a bien expliqué tout ce qui se passait. »

    Mais madame, s'il suffisait de tout expliquer aux enfants pour qu'ils acceptent, nous n'aurions plus aucun problème dans nos écoles, ni ailleurs !

    L'enfant a mal à sa famille.

    Ce que les adultes ont gagné en liberté, n'est-ce pas ce que les enfants ont perdu en sérénité, en sécurité ? Les enfants sont-ils donc devenus la variable d'ajustement des désirs des adultes ?
    Est-ce pour rien que la Convention internationale des droits de l'enfant, ratifiée par la France, rappelle en son article 7.1: « L'enfant a [...] dans la mesure du possible, le droit de connaître ses parents et d'être élevé par eux ».
    Comment ne pas faire le lien entre cet éclatement du couple et donc de la famille, et la détresse croissante des enfants ?
    C'est ce qu'exprimait il y a quelques années, une équipe de chercheurs sur la question de la petite enfance, qui, au cours d'une conférence, nous faisaient part, presqu'en s'excusant, de leurs conclusions: « pour l'enfant, ce qui est idéal, c'est d'être élevé par un homme et une femme, si possible qui soient son père et sa mère. » Encore mieux : géniteur et génitrice. Plus encore : qui s'aiment. Nec plus ultra : qui s'aiment dans la durée.
    Notre société n'est pas, n'est plus cohérente : elle ne met plus en avant l'éducation de l'enfant, mais le bonheur des adultes. Or, une société qui ne protège pas l'enfant, qui ne l'éduque pas dans un cadre sécurisant, cohérent, est une société finie.
    Car les enfants d'aujourd'hui sont les adultes de demain, et ce qui n'est pas donné aujourd'hui, qui le donnera demain ?

    Notre société est en mal de cohérence.

    Il n'y a pas d'éducation possible sans recherche de cohérence dans l'environnement de l'enfant : parents, école, société sont trois dimensions de l'éducation - avec des responsabilités diverses.
    Comment aujourd'hui éduquer un enfant quand le message de la famille est brouillé par l'environnement de la société ?
    Comment éduquer à la pudeur quand s'affiche la nudité dans la rue ? Comment éduquer à la sexualité et à l'amour, quand on sait que de plus en plus de jeunes, les enfants - je dis bien les enfants - ont un accès quasi libre à la pornographie (à douze ans, plus de la moitié des enfants ont vu un film pornographique).
    Certains voudraient « libérer l'enfant du 'carcan familial' » ; je cite M. Peillon : « Pour donner la liberté du choix, il faut être capable d'arracher l'élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel, pour après faire un choix. »
    Non, monsieur Peillon, la liberté ne vient pas d'un arrachement, mais au contraire, d'un enracinement patient, progressif, profond dans l'humanité. Et ce sont les parents qui sont les premiers et principaux éducateurs en humanité. Rien, ni personne, ne saurait les remplacer, car ce sont les parents qui sont au quotidien aux côtés de leurs enfants !

    L'éducation est un art, au sens « d'artisanat »...

    L'art de voir en l'enfant qui est devant vous, l'adulte de demain et de donner ainsi sens et cohérence à sa vie.

    L'art de s'inscrire dans la durée : on n'éduque pas avec un plan à deux ou trois ans.

    L'art de transmettre : encore faut-il avoir quelque chose à transmettre.
    L'art de poser les limites, de les faire respecter, tout en les repoussant un peu plus chaque fois que l'enfant gagne en liberté et en responsabilité.

    L'art de permettre à l'enfant de faire germer, puis croître les talents qui sont en lui.

    L'art de l'ouvrir sur la complexité du monde et de le rendre acteur de ce monde.

    L'art de le rendre autonome, libre, responsable, adulte.
    L'art de faire aimer l'effort et de lui donner du sens.
    Il ne suffit pas de « donner des ailes », il faut aussi apprendre à voler.
    Rendons l'enfance aux enfants !

    La souffrance de l'enfant est souvent silencieuse, car l'enfant a une capacité phénoménale à « encaisser ».

    C'est notre responsabilité d'adultes, de parents, d'éducateurs, de prendre résolument en mains cette grave question de l'éducation.
    Ensemble, redonnons une enfance aux enfants.

     

    Jérôme Brunet

    Président de l'Appel des professionnels de l'enfance
    Porte-Parole de la Manif pour tous

    Bordeaux , le 16 octobre 2013


    Jérôme Brunet

    Grenelle de la Famille Bordeaux (Toutes les vidéos)
    15 octobre 2013 

     

     

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  • Le Visage de la République s'avance sur les Champs-Élysées

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    Tract officiel de "La Manif pour Tous" du 24 mars prochain, Rect°

     

    La loi Taubira "mariage pour tous" a été votée à l'Assemblée Nationale le mardi 12 février à 329 voix pour, 229 voix contre et 10 abstentions. Seulement 100 voix d'écart. 

    En avril prochain le Sénat procédera au vote de cette même loi.

     

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    Dorénavant, les 700 milles voix (696 428), les voies de chacune des pétitions du CESE se rassemblent et forment le visage de notre démocratie menacée de dé-composition. Sursaut de Marianne, recomposition de son visage. Ces voies redonnent chair au visage de notre République en danger. Garant du Code Civil, le visage de la République s'avance sur les Champs-Élysées.

    Le million de manifestants du 13 janvier reviendra le 24 mars accompagné d'un autre million.

    Le Président de tous les français restera-t-il sourd et aveugle devant ce nouveau cri de la République ?

     

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    Tract officiel de "La Manif pour Tous" du 24 mars prochain, Vers°

     

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  • La phrase interdite de Philippe Ariño

    Genres
    1ère page d'un Dépliant Pédagogique interrogeant le Mariage Pour Tous

     

    « Personnellement, je n’aurais eu l’énergie de me déplacer que si on m’avait laissé dire plus tôt et tout haut la phrase interdite (ci-dessous) qui est notre talon d’Achille à tous si on s’obstine à ne pas l’assumer, et qui aurait pourtant suffi à elle seule à flinguer le projet de loi : « Au-delà des questions de filiation et d’engendrement, l’amour homosexuel n’est pas un amour comme un autre, aussi solide, complémentaire, paisible, porteur de vie, que l’amour fondé sur la différence des sexes… même s’il existe des couples qui intègrent la différence des sexes et qui n’en profitent pas. Il n’empêche que la différence des sexes, quand elle est accueillie et respectée, est le cadre privilégié et incontournable de l’amour vrai et concret. Les couples homosexuels, en ayant expulsé la différence des sexes qui leur aurait donné une consistance, sont moins comblants, satisfaisants, complémentaires, réels et incarnés, que les couples ou les célibataires qui ont accueilli la différence des sexes.Pour cette raison, on peut reconnaître que les couples homosexuels existent, on se doit de les respecter, et d’assurer socialement/légalement la protection de chacun des deux membres qui le composent, ainsi que parfois des enfants qu’ils éduquent… sans pour autant les justifier socialement/légalement comme un modèle d’amour structurant pour une société, ni leur faire croire qu’ils composeront un couple marié ou une famille. Il n’y a pas lieu de donner aux couples homosexuels le mariage (ils ne correspondent pas à la réalité du mariage, qui est définie par la différence des sexes ouverte à la génération, étant donné qu’ils n’intègrent pas la différence des sexes et qu’ils ne sont pas procréatifs),ni l’adoption(un enfant, pour exister et pour grandir au mieux, a besoin universellement que ses deux parents biologiques père et mère s’aiment),ni le PaCS(qui, en plus de garantir des droits individuels nouveaux à des couples de sexes différents ou de même sexe, était la première marche de justification sociale du couple homo en tant que modèle équilibré de civilisation). » Tant qu’on ne laisse pas les personnes homosexuelles énoncer publiquement cela, la « Manif pour Tous » ne sera pas efficace et n’a pas de raison d’être. Je resterai chez moi le 24 ! L’enjeu premier du mariage n’est pas l’enfant : c’est prioritairement le couple, l’amour et le Réel fondés par la différence des sexes ! »

     

    Philippe Ariño

    Araignée du Désert, 25 février 2013

     

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    2ème page d'un Dépliant Pédagogique interrogeant le Mariage Pour Tous

     

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    3ème page d'un Dépliant Pédagogique interrogeant le Mariage Pour Tous

     

     
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