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• Fruits de Retraite en Foyer de Charité

MORCEAUX CHOISIS DE MON CAHIER « GENESIS »
Retraite au Foyer de Charité Notre-Dame de Lacépède
du 29 avril au 5 mai 2013 - Chambre n°13
Sandrine Treuillard 

Retraite prêchée par le père Guillaume de Menthière
 

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« Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur » (Ps 33,9)
« Je sais en qui j’ai mis ma foi » (2Tm 1,12)

 

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Marthe Robin       Le Voyage Immobile

 

RÊVE

La scène se passe au cœur de la nuit quand le monde dort.
Dans un centre commercial où tous les magasins sont fermés.
Devant l’entrée fermée, parce qu’endormi, d’une communauté religieuse, donc au milieu, au cœur de ce centre commercial.

Je suis parmi des personnes qui veillent, font un sitting devant cette communauté spirituelle endormie, du sommeil des spirituels, c’est-à-dire dormant en Dieu. Les personnes rassemblées sont homosexuelles et catholiques. Nous sommes assis, l’ambiance est calme et conviviale. À un certain moment, il y a une sorte d’humour : un homosexuel dit : « Homophobe, homophobe » à d’autres et ces autres répondent en riant : « Cathophobe, cathophobe ». C’est très drôle parce que tout est mélangé, il y a une union homo-catho.

La porte de la communauté religieuse s’ouvre, et par la porte entrouverte nous voyons une femme de ménage habillée en bleu de travail (comme une blouse de cette couleur-là), qui s’active avec un seau et une serpillère. Comme si le jour se levait dans ce bâtiment, loin de la réalité naturelle de la lumière à la surface (dans ce centre commercial de béton).

Samedi 4 mai, entre 9h00 & 9h30, avant d’aller au Chant précédent l’enseignement.

 

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Même jour, 10h41, après l’enseignement et le verre de verveine : 

BALAYER L’ESCALIER DE LA CHAPELLE DERRIÈRE LE RIDEAU

Je pensais aller balayer « l’escalier de la chapelle derrière le rideau », comme je m’étais inscrite à cette tâche sur le tableau. Je cherchais un des hôtes consacrés pour lui demander où prendre les balai, pelle et balayette pour ce faire. J’ai trouvé Mireille et Colette ensemble et leur ai demandé. Mireille m’a dit que ce n’était pas la peine, on ne le fait qu’à l’automne pour retirer les feuilles à l’extérieur de la chapelle. Colette a dit avoir oublié de barrer « escalier de la chapelle derrière le rideau » sur le tableau des tâches. J’avais entretemps repéré le rideau. Et je m’étais préparée à balayer dans le silence les marches, en commençant par le haut des escaliers situés dans la tourelle de la chapelle. Je l’aurais bien fait, volontiers, et avec recueillement et joie. Et tout est retombé comme un soufflet. J’ai donc simplement répondu à Mireille et à Colette que j’irai balayer les escaliers de la chapelle, derrière le rideau, « dans ma tête ». Juste avant la messe… C’est-à-dire maintenant et depuis que j’avais inscrite « Sandrine » dans la case du tableau. Du reste, il n’y avait plus d’autres cases vacantes dans le tableau quand j’y ai inscrit mon prénom…

« Balayer les escaliers de la chapelle, en commençant par le haut, dans la tour, derrière le rideau », c’est déjà une localisation comme dans un rêve, plein de symboles que l’on peut lire spirituellement. Du haut vers le bas, faire descendre la poussière sur les degrés ; du spirituel vers le matériel ; du céleste vers le terrestre ; la poussière céleste (la lumière) se mêle en bas à celle terrestre. Les quelques grains de lumière comme le sel dans la terre ; ce geste de descente comme le Saint Esprit sur terre ; moi, balayant, instrument du Seigneur, véhicule simple du Saint Esprit. Je me serais volontiers courbée à cette tâche que j’avais comme entamée en esprit, « en coulisse », derrière le rideau du réel voilant le spirituel. Je l’aurais fait joyeusement, en souriant dans le silence caressé au bruit du balayage. Peut-être passant de la lumière extérieure, assez monotone ce matin après le brouillard, à l’ombre dans le colimaçon de l’escalier, puis à nouveau rejoignant la tombée de lumière d’un autre carré de fenêtre, le quittant doucement pour l’ombre encore, jusqu’en bas, lumière et ombre mêlée dans la poussière recueillie dans la petite pelle. Et j’aurais porté dehors ce petit tas de poussière comme le fruit d’une pénitence, la réconciliation de ce jour, en faisant bien attention de ne pas en renverser une pincette et que le vent ne l’envole pas, jusqu’à un petit coin dans l’herbe, au pied d’un muret, ou sur un tas de crasse déjà amassé… au sein du foyer de charité, dans le jardin.

Voilà ce que j’aurais fait avec mon corps et mon esprit et que je réalise par écrit et en pensées. (11h02)

Je reviendrai plus tard dans la journée sur le rêve, avec la femme de ménage habillée en blouse, « bleu de travail ». Nous sommes samedi. C’est le jour de la Vierge Marie. La couleur de Marie c’est le bleu. Marthe allait et venait, s’activant à servir le Seigneur, alors que Marie était assise aux pieds du Seigneur et l’écoutait.

Marie avait caressé les pieds du Seigneur de ses cheveux et parfumé. Le parfum mêlé à ses cheveux sur les pieds. Quel geste sensuel et amoureux ! Marthe s’activait et Marie avait choisi la meilleure place qu’elle gardera dans le Royaume, regardant et écoutant la face du Seigneur. En communion avec le Seigneur. En Union avec Lui, totale et pour toujours.

La femme de ménage de mon rêve, est, je crois, à la fois Marthe et Marie. Elle travaille sur terre, dès le petit matin, à préparer la journée, à rendre accueillante la maison de prière de la Communauté. Elle entrouvre la porte, rangeant serpillère et seau, ayant lavé l’entrée et la maison avant le réveil et le levé de la communauté religieuse qui prie déjà dans son sommeil. Le sommeil des consacrés et des religieux, et peut-être celui de tout chrétien, est une veille avec le Seigneur. Dormir est une communion avec l’Esprit Saint. C’est l’acquiescement à l’abandon à Dieu. Quand nous dormons, l’Esprit poursuit son œuvre en nous. S’il nous est donné de nous souvenir d’un rêve, pour peu que nous l’écoutions, il se révèle être un songe où Dieu nous communique quelque chose de Lui, nous parle. La Vierge Marie a préparé mon réveil ce matin, elle a nettoyé ma demeure intérieure pour que je m’y réveille accueillie. Dormir est une prière. Rêver est un songe. Se souvenir de ses rêves une bénédiction. Donner, retrouver l’intelligence des rêves un travail de l’âme inspiré. Je rends grâce pour ces rêves de retraites. Là, je remercie Marthe Robin et la Vierge Marie. (…)

 

LA NICHE DU CŒUR SACRÉ DE JÉSUS 

Hier, avant de partir, sachant que la retraite finissante je partirai aujourd’hui, j’ai fait le tour du Foyer de Charité. Juste tout près des murs où habitent les membres de la Communauté. J’y ai vu la baie vitrée qui donne sur une salle à manger, de laquelle on voit le paysage, les arbres. J’ai continué à marcher, et j’ai découvert, redécouvert, un petit enclos, cimetière minuscule que j’avais vu en allant me promener le mercredi sur la route. Il y a une tombe ou deux. Une grille cadenassée empêche les visites non-intimes. Voyant que je retrouvais la route en haut du chemin dont l’herbe avait été fraîchement coupée, la veille, par François, je rebroussai chemin et voulu en prendre un autre, esquissé en pente vers la droite, que j’avais repéré en allant vers l’enclos du petit cimetière. J’entrepris d’y descendre doucement. J’ai vu une drôle d’architecture, une construction comme un toit en v. Deux chaises en plastique blanc grisé par les intempéries s’offraient-là, vides, au milieu des arbres et des herbes. Je vis des pervenches. Il y avait beaucoup d’insectes, des araignées. Je m’approchai des deux chaises. Et je vis ce que ce toit assez massif protégeait. Une statue assez kitsch de Jésus offrant son cœur, avec les plaies peintes sur le dos des mains, ces mains ouvrant le pan de sa tunique pour y dévoiler son cœur. J’ai eu des sentiments mêlés en voyant ce spectacle, à première vue assez mauvais : l’« art » de cette sculpture n’étant pas très à mon goût, trouvant cela, pour tout dire, vraiment moche. Du point de vue artistique, totalement insignifiant. L’expression même du Christ… je n’ai pas eu envie de lire ce visage de statue peinte. Très étrange cette grande installation, un peu lourd dingue. Bon. Je passai les chaises et m’aventurais à petits pas sur le sentier assez sauvage. Je portais mes mules en cuir du Portugal. Comme je suis aussi en collant de contention, une herbe un peu rêche commença à attraper et tirer une maille. J’allai jusqu’au bout quelques mètres plus loin en regardant le sol, ces insectes et ces feuilles de pervenche. Tout en pensant à cette étrange statue de Jésus au Sacré-Cœur offert. Bon. Je fis demi-tour constatant le sentier impraticable dans la tenue où j’étais. Je fis demi-tour et choisis de m’asseoir sur la chaise de gauche devant cette statue peinte sous son toit. Je l’ai regardée à nouveau. J’avais vu avant de m’asseoir que le pied droit du Christ esquissait le pas, le pied gauche étant en arrière. Alors, j’ai juste regardé et écouté. C’était charmant. Pas la statue, mais la situation physique du lieu. Géologique, même. Et les insectes survolant les plantes et quelques fleurs très bleues (bourraches ?). Je pensais à la situation du lieu, à ces deux chaises. Même si cette statue est moche, elle doit être chargée, comme une pile l’est d’énergie électrique. Le lieu était doucement chargé. Le toit, cette chapelle, ou plutôt niche architecturée, se détachait, comme un petit théâtre immobile, des strates de la roche derrière. De grands arbres s’élançaient et dépassaient la surface, le chemin qui passe au-dessus, sur la roche, sur lequel j’étais avant de descendre jusqu’ici, par le sentier plus sauvage. J’entendais un doux bruit, toujours assise sur la chaise en plastique blanc grisé par les intempéries. Et donc j’élevai les yeux vers ce bruit, qui semblait venir d’en haut. Ou bien des arbres, ou bien de la paroi rocheuse. C’était un bruit d’effritement, de grains tombant sur les feuilles de la végétation. Ç’aurait pu être le pollen des arbres agité par les mouches à miel. Ou l’effritement de cette roche, perpétuel, que je voyais, insoupçonnée depuis la surface, le chemin herbeux au-dessus. Ce petit bruit tout doux, ce crépitement enveloppait le lieu où j’étais. Peut-être que le centre en était le cœur sacré de Jésus. 

Juste avant, alors que je marchais sur le chemin herbeux qui conduit à la route, en passant devant le petit cimetière, revoyant ce lieu que je vis pour la première fois depuis l’intérieur, depuis le réfectoire, j’avais pensé à cette image du premier soir de notre arrivée, quand le Père Bostyn nous avait ramené de la gare le Père de Menthière et moi. J’étais la seule retraitante arrivée, par le train le plus tôt. Il avait commencé à pleuvoir. Je devais faire la connaissance de Gisèle et Jeanne préparant les tables du dîner. Jeanne s’occupait des fleurs qu’elle avait cueillies avant qu’il ne pleuve. Et le Père Bostyn a surgi d’un côté de la pièce et est sorti vivement, d’un pas allant et joyeux, déployant un grand parapluie multicolore en sortant. Et j’ai vu le parapluie multicolore se déplacer dans la verdure mouillée… je ne connaissais alors pas encore ce dehors-là, ce périmètre du terrain.

Mais alors, sur le chemin herbeux au-dessus de la roche insoupçonnée quand on y chemine, je me suis dit, comme si j’avais reçu l’aveu d’un secret spirituel, que le Père Bostyn devait aller de ce pas, sous son grand parapluie multicolore, rejoindre ce lieu en contrebas, de Jésus offrant son cœur. Je peux très bien imaginer la beauté de ce lieu sous la pluie, le petit bruit des gouttes sur les feuilles comme autant d’étincelles sonores comme provenues du cœur palpitant de Jésus.

(…)

Dans le tgv retour pour Paris, dimanche 5 mai, vers 18h30 

Pour le texte : Copyright ©Sandrine Treuillard, 2013

- établi le 20 mai 2013
lundi de Pentecôte -

 

LA PRIÈRE D’ABANDON À LA VIERGE MÉDIATRICE COMME ICEBERG

Voici ce que recéla pour moi cette image de l’iceberg avalé de force lors de la première lecture à voix haute de la prière des consacrés, au Foyer de Charité de Lacépède : une opération.

Le dernier petit déjeuner du dimanche interrompait le silence de la retraite, déjà levé la veille lors du dîner.

Le père Bostyn vînt s’asseoir à ma gauche. Il évoqua la veillée. Ou bien, avec Valérie, nous évoquions notre nuit et la fatigue.

J’ai répondu que la prière d’abandon à la Vierge Médiatrice de saint Louis-Marie Grignon de Montfort avait été pour moi comme d’avaler un iceberg. Il renchérit l’image en évoquant le sandwich de Mac Donald. Et je repris l’image de l’iceberg.

Un iceberg, c’est de la glace, c’est de la lumière prise dans la glace et rayonnant. Un iceberg c’est 1/3 visible à la surface, le reste sous l’eau elle-même glacée. La Vierge Médiatrice est contenue dans cette image de l’iceberg.

Ce don de lumière fait dans la bouche, comme une hostie géante et en relief, va fondre et se transformer en eau, en lumière qui va irriguer tout le corps, tout l’être.

Cette prière de Louis-Marie Grignon de Montfort, reprise par Marthe Robin et à laquelle les consacrés chaque matin à nouveau se livrent, est pour une retraitante débutante comme moi, un iceberg qui tombe sur moi, en la bouche.

Devoir lire à voix haute cette prière, comme je l’ai fait lors de la veillée, est une épreuve déjà physique de prononciation. C’était même plus qu’un abandon : je n’ai pas eu le choix, en la découvrant, qu’elle me pénètre, qu’elle pénètre mon intimité.

Ces paroles de prière où l’on remet toute sa Vie entre les Mains de Dieu par la Vierge Médiatrice, prononcée sans l’avoir ni lue ni méditée précédemment, est une sorte de viol. Je me souviens qu’en la lisant en même temps que les autres, au rythme du groupe, alors que Jeanne avait dû commencer pour lancer la prière, je soupirais entre les vers, quelque chose rentrait en moi, oui, quelque chose de phallique et plein de lumière.

Ma langue articulait ces mots à haute voix dans la salive abondante de ma bouche, une béance du souffle en fin des vers, pour reprendre comme bousculé, heurté, malgré tout sans perdre le fil, au vers suivant. 

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Comme si j’avais ingéré une montagne de lumière, matérielle, et que dorénavant la chaleur de mon cœur la ferait fondre, le feu de l’Esprit opérant à un certain rythme pour irriguer d’une connaissance nouvelle tout mon être.

Saint-Mandé, le 8 mai

  

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Marthe Robin écrivit sa prière d'abandon dans son cahier, le 15 octobre 1925.

 

« Dieu éternel, Amour infini ! ô mon Père ! Vous avez tout demandé à votre petite victime ; prenez donc et recevez tout... En ce jour, je me donne et me consacre à vous, tout entière et sans retour. Ô le Bien-Aimé de mon âme, mon doux Jésus, c’est vous seul que je veux, et pour votre amour, je renonce à tout ! 

Mon Dieu, prenez ma mémoire et tous ses souvenirs ;
prenez mon cœur et toutes ses affections ; prenez mon intelligence et toutes ses facultés, faites qu’elle ne serve qu’à votre plus grande gloire. Prenez ma volonté tout entière, c’est à jamais que je l’anéantis dans la vôtre. Non plus ce que je veux, ô mon très doux Jésus, mais toujours tout ce que vous voulez ! Prenez-moi, recevez-moi, dirigez-moi, guidez-moi ! À vous je me livre et je m’abandonne. Je me livre à vous comme une petite hostie d’amour, de louange et d’action de grâces, pour la gloire de votre saint nom, pour la jouissance de votre amour, le triomphe de votre Sacré-Cœur, et pour le parfait accomplissement de tous vos desseins en moi et autour de moi. (…) »

Marthe Robin
15 octobre 1925

Marthe Robin s’inspire d’un "Acte d'abandon" du Père Bouchaud, qu’elle personnalise.

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