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— Faire œuvre de beauté – Du don de soi avec Édith Stein & Étty Hillesum

ENCIELLEMENT ÉDITH ETTY

Vidéographie de Sandrine Treuillard

23 min 10 _ III 2014
coul. _ 4:3 _ mini-dv
1 plan-séquence
avec     Sylvain Treuillard
     à     La Sourdaie

Une vidéo(graphie) qui touche à la vie, la mort, la beauté…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Synopsis : Pendant 7 ans, ce vidéogramme, dernière image du plan-séquence filmé en 2006, me restait en mémoire en me faisant penser aux camps de concentration… Rien de plus. Entretemps, vinrent s'y greffer les deux vies de Edith Stein et Etty Hillesum…        

Hier matin (8 mars 2014), lors de la Journée de la Femme, j'ai finalisé la vidéographie « Enciellement Édith Etty » (sur Youtube).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour une bonne définition vidéo je peux mettre à votre disposition un dvd.
Me contacter à l'adresse san.treuil@gmail.com. N'hésitez pas !


« En fait d'impressionnabilité l'enfant, l'artiste & le saint sont frères » Édith Stein.
Citation méditée par Sandrine Treuillard

Édith Stein « Comme l'or purifié par le feu - Édith Stein : 1891-1942 » de Élisabeth de Miribel
Etty Hillesum « Une vie bouleversée » 

L'offrande intégrale de soi - Édith Stein & Etty Hillesum de Marguerite Léna 


L'encielement Édith & Etty 4.jpgArticles :

— LE LIEU D’« ENCIELLEMENT » - ST
— FILMER LE LIEU C’EST LE CONTEMPLER - ST
 
— Personne n'a jamais vu Dieu face à face.
Pour le moment il nous arrive d'en percevoir
des manifestations dans des miroirs. - ST

À propos de Etty Hillesum

— Certains êtres reçoivent des grâces qui, à vue
d’homme, peuvent nous paraître scandaleuses - ST

 

       C'est l'image finale du plan-séquence (vidéogramme ci-dessus reproduit) qui me revenait en mémoire, une réminiscence forte, insistante, dans laquelle je voyais des fils de fer barbelés. J'associais cette image aux camps de concentration & d'extermination.
Rien de plus pendant longtemps.

       Je rencontrai Etty Hillesum, dans mes lectures, puis Édith Stein. Cette dernière, très intensément : d'abord dans son approche phénoménologique de l'expérience du monde. Elle a nourri d'autres de mes travaux en vidéographie (« Les Affections Mutuelles ») ; puis je la pris pour accompagnatrice spirituelle, à la suite de Thérèse d'Avila & Jean de la Croix (tous les trois sont de l'ordre du Carmel).

       À la lecture de leur vie respective, je finis par les confondre, tant elles se ressemblent, se correspondent, jusque dans leur mort. Édith et Etty se sont croisées au camp de transit de Westerbork, aux Pays-Bas, avant d'être déportées toutes deux à un an d'intervalle (Édith en août 1942 avec sa soeur Rosa et Etty en novembre 1943) à Auschwitz. Leur comportement d'oubli d'elles-mêmes, de charité et de compassion est le même à Westerbork & font d'elles des sœurs.

       Ce plan-séquence de la contemplation du reflet des arbres sur un plan d'eau devient un moment de méditation de leur vie. Il datait de novembre 2006. Je l'ai donc comme exhumé 7 ans après le filmage.

       Ce qu'apporte du hors-champ le son donne un sens particulier aux images & au texte qui apparaît parcimonieusement, incrusté à l'image.

Cette vidéo est à vivre : une expérience de la perception & du temps à méditer.

LE LIEU D’« ENCIELLEMENT »

 

 

FILMER LE LIEU C’EST LE CONTEMPLER

 

  

Certains êtres reçoivent des grâces qui, à vue d’homme, peuvent nous paraître scandaleuses

  

Extrait du mail écrit par Sœur Michèle-Marie, carmélite à Nevers 

1 décembre 2013 14:34

« Chère Sandrine, 

            (…)
        En effet, je veux d'abord vous remercier de nous faire partager vos recherches de vidéographe et de graphiste, que je suis parce qu'elles m'intéressent personnellement et qu'elles entrent singulièrement en résonance avec ce qui m'habite et ma propre recherche depuis presque quarante ans ! Je suis touchée par votre démarche... et communie quelque part à ce qui vous anime.

       En découvrant l'été dernier tout ce que vous avez publié dans "Machina perceptionis" : que de résonances en moi... Je suis sensible à ce que vous laissez percevoir, en laissant le réel, la nature se découvrir dans la durée... Vous avez ce regard contemplatif, attentif, cette virginité du regard qui libèrent une "parution", une "épiphanie" ; votre regard participe d'une révélation et il est donc éminemment poétique - au sens fort de ce terme (racine grecque : "Poëin") = co-créateur (et c'est bien ce que le Seigneur attend de nous en nous donnant le "jardin de la création" à cultiver...). 

       Vous nous révélez la beauté d'une tractopelle, ... et du travail…, celle d'une théière qui révèle elle-même la dentelure des ramures... J'aime comment votre regard se met au ras du réel, dans sa durée, son rythme, son éclosion, sa croissance, sa lumière, - la patience et l'humilité (humus) de votre regard qui sait vivre dans le temps et les rythmes végétal, animal, humain...  C'est cela la présence, - une présence qui participe de la Présence.

        (…)  »

C'est à Sœur Michèle-Marie du Carmel de Nevers que je dois d'avoir découvert l'univers phénoménologique & spirituel de Édith Stein (Sainte Thérèse Bénédicte de La Croix), dans lequel je me suis retrouvée et qui a unifié toute ma personne dans ses composantes d'artiste et de femme avec la philosophie et la spiritualité. Qu'elle en soit ici vivement remerciée.

_________________________________________________

 

Etty Hillesum, une petite voix au cœur d'Auschwitz

         J'avais entendu l'émission radio avec Cécilia Dutter l'auteur de « Un cœur universel. Regards croisés sur Etty Hillesum », livre publié aux Editions Salvator. Cela tombait en plein la conception de ma propre vidéographie « Enciellement Édith Etty » où les deux figures de Édith Stein & de Etty Hillesum se répondaient au point que je ne savais plus si l'on parlait d'Édith ou d'Etty dans cette émission que j'écoutais (mes pensées se greffant à mon écoute, les deux figures féminines se brouillaient…). 

         Après lui avoir consacré une biographie en 2010 : « Etty Hillesum, une voix dans la nuit », (Robert Laffont), Cécilia Dutter revient avec un nouvel ouvrage sur l’itinéraire spirituel de celle en qui elle voit une héroïne moderne qui bouleverse sa sensibilité de femme, de romancière et fait écho à sa foi judéo-chrétienne. Pour élargir son propos, à ses côtés, elle a invité cinq auteurs de confessions et d’horizons différents : Delphine Horvilleur, Alain Delaye, Ghaleb Bencheikh, Jacques Arènes, Emmanuel Jaffelin.
Éditions Salvator, novembre 2013, 169 pages.
[À propos de Etty Hillesum (« Enciellement Édith Etty »)]

 

Articles rattachés 

Personne n'a jamais vu Dieu face à face. Pour le moment il nous arrive d'en percevoir des manifestations dans des miroirs
FILMER LE LIEU C’EST LE CONTEMPLER
À propos de Etty Hillesum (« Enciellement Édith Etty »)

Sachsenhausenlager Complet.pdf : Actualisation d'un lieu : le camp de concentration berlinois de Oranienburg-Sachsenhausen

Sphère Enciellement.jpg

FILMER LE LIEU C’EST LE CONTEMPLER

            La décision de sortir la caméra de son sac et de se mettre à filmer répond à l’appel du lieu. Avant ma pratique de la vidéographie (”écriture du voir”), sortir l’appareil photo, la petite camera oscura de mon sac, obéissait à la même vocation, convocation du lieu. Mais la dimension de la durée manquait à l’instantané photographique qui ne pouvait rendre compte de l’expérience de rencontre du lieu, qui s’effectue dans la durée.

            Le risque du temps qui passe s’introduit dans l’acte de filmer au temps présent. Défi que le lieu me lance, ou me murmure, d’oser le rencontrer dans la durée, de me laisser aller à son propre temps extérieur, le laisser altérer (rendre autre) mon temps intérieur. Défi et désir de m’abandonner à une prière spacieuse. Mon ego acquiesce à cet abandon. Je[i] m’abandonne à la possibilité d’un non-événement ou à l’avènement d’un événement. J’ignore ce qui va se passer dans le lieu pendant le filmage, comment les choses vont interagir et comment je vais me situer avec elles, pendant cette prière spacieuse. Je scrute le lieu en le suivant, en filmant à sa suite : les lumières, les ombres, les frétillements du vent dans les feuilles, les sons en hors-champ me guident, me conduisent dans le temps et suggèrent des formes en formation, en transformationJe filme les métamorphoses. Le lieu devient métaphysique. Il devient le temple du temps (présent dans la durée). Je contemple le lieu, suis avec lui. Ce cadre que le filmage cherche à obtenir tout en scrutant ce qui advient sous mes yeux[ii], sans que je ne sache ce qui va advenir à l’instant suivant, ce cadre, dis-je, s’invente au fur et à mesure dans la durée de l’acte de filmer.

    Ce qui intervient depuis le hors-champ, les sons remarquables et la ”musique du lieu”, procède du sens métaphysique donné à cette durée du lieu vivant. Cette durée vivante (vivante parce que filmer le lieu, support de la durée, donne vie au temps) devient prière spacieuse. Acceptation calme de ce qui advient du temps sans événements particuliers autres que les mouvements de la lumière, du vent, des sons. On peut atteindre, alors, à une forme de communion avec le lieu tout en le filmant. S’abandonnant à l’acte de filmer comme on s’abandonne au temps de la prière.

            On est passé depuis longtemps de l’attente d’un événement, non sans quelque impatience, à l’acquiescement à se fondre dans la durée du temps qui s’écoule dans le lieu. C’est parce qu’on n’attend plus rien que quelque chose advient. Cette chose n’est pas de nature habituelle et quotidienne. Bien qu’elle se cache dans l’habituel et le quotidien : car le lieu a son double-fond. Elle est révélation. Dévoilement d’un temps autre, d’une durée inhabituelle. Cette durée devient célébration du lieu et du temps. Communion avec le lieu dans la durée du présent. J’ai cessé d’attendre, quelque chose advient. Je suis cessée. Ce n’est plus moi, mon ego qui agit volontairement. Je me laisse prier avec la caméra. Je suis l’instrument de la durée du présent dans le lieu. C’est alors qu’il se donne à moi qui suis abandonnée à lui.

            Le lieu devient sacré par l’attention de mon regard, et de toutes mes capacités perceptives. Il devient sanctuaire du seul fait de ma posture priante qui donne forme au cadrage quand je le filme, quand je le scrute avec la caméra dans la paume, quand j’écoute les sons qui interagissent avec lui. Je suis avec le lieu, en contemplation[iii]. Le fait de cadrer un espace du lieu, un coin de terre ou d’eau, c’est déjà le consacrer, le rendre sacré, lui donner une frontière qui fait autorité, qui enjoint à l’humilité, à l’écoute, à l’obéissance des choses invisibles et divines. Qui dévoile la Présence.


SANDRINE TREUILLARD


(14 juin 2014, Saint Mandé)

 



[i]Le ”je” en italique est l’indice de cette sorte d’abnégation, de mise en retrait de soi. Ce n’est plus l’ego qui agit. C’est être au présent dans une forme d’anéantissement de soi. Coloration de la spiritualité rhénane de Maître Eckhart.

[ii]Sous mes sens, toute ma perception, à travers mon corps dont la caméra est un membre devenu aussi sensible.

[iii] "Contemplation" est à l’origine un terme de la langue augurale (dans la Rome antique) — composé de cum (avec) et de templum au sens ancien de « espace carré délimité dans le ciel et sur terre par l’augure, pour interpréter des présages ». Cet espace virtuel, sans n’avoir plus de visée augurale, est le tableau du Voir (vidéographie) : délimité par le cadre de la caméra fouillant dans le lieu réel, se laissant guider par la lumière sur les choses. Ce lieu délimité, ce périmètre est rendu sacré par le cadrage qui le mesure. Ce carré, ce coin de terre choisi, quand je le cadre, révèle un espace qui l’excède.

Contempler quand je filme c’est être concentrée dans l’observation minutieuse, dans une attention extrême de ce qui s’agite dans ce périmètre spatial délimité par le cadrage. La « contemplation » en vidéographie est être attentive et dans l’exspectatio. Dans l’attente d’un événement extérieur à soi, dans cet espace extérieur délimité dans lequel je projette mon attention qui est visuelle, sonore, kinésique et aussi intérieure. Ce cadre qui filme à l’extérieur est autant un espace que je rends disponible en moi pour accueillir cet extérieur-là. Comme deux vases communiquant. Ce n’est pas un simple enregistrement de l’image par une machine. La caméra n’est pas une machine à enregistrer. Elle n’est pas tout à fait extérieure à moi. Je suis aussi à l’intérieur de la caméra. La chambre intérieure, mon être, filme. La petite caméra dans la paume est un objet organique. Elle fait partie de de la caméra. La chambre intérieure, mon être, filme. La petite caméra dans la paume est un objet organique. Elle fait partie de mon organisme, de mon corps. Elle est une extension extérieure de mon attention intérieure. Contempler avec la caméra c’est opérer cet échange, ce repons, comme un chant sacré, entre le dehors délimité que je filme et mon intériorité qui est présente au lieu. Ma présence au lieu se réalise au sein du filmage, dans ce temps-là qui semble immobile. Il y a des transferts, des échanges entre mon intérieur et ce que perçoivent les sens par le biais de la caméra. La caméra enregistre cet échange vivant et est l’objet même des possibles tensions du filmage. Elle est l’instrument de la contemplation. Elle est traversée par les fluides qui viennent du lieu, comme la lumière, les sons, les mouvements multiples de la nature (s’entend aussi bien du réel, la nature comme réalité extérieure à mon corps). La caméra est aussi le vecteur de mes propres mouvements, à première vue purement mécaniques, comme ces sursauts nerveux du poignet, ou quand je décide de faire un zoom. Mais ces mouvements venant de mon corps ou de ma décision, affectant la caméra et donc affectant l’image qui en résulte, n’est pas seulement mécanique. Ce type de mouvement provenant de moi (mon corps et ma volonté) donne sens à l’image en l’affectant dans son cours, sa durée contemplative. Le heurt désarçonne le regard. Comme dans l’entrée dans le sommeil le sursaut nerveux électrise tout le corps et, au lieu de le réveiller tout de bon, l’entraîne dans l’abandon au sommeil, dans cet autre temps du psychisme. C’est comme un seuil, un palier. Le sens donné à l’image séquentielle évolue, se modifie soudain. Au sein de la durée qui frôle l’endormissement, qui frôle la mort, le sens est rendu, un sens nouveau est donné dans la durée, provoqué par ce jaillissement involontaire d’énergie. (Reprise des notes dans Machina perceptionis à propos de « LA VISION DE JEAN DE L’ALVERNE », vidéographie de janvier 2012 : http://treuilsanaturemorte.blogspot.fr/2013/05/le-heurt-desarconne-le-regard_28.html)

 

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