Effusions de l’Esprit Saint lors de ma re-conversion – 1•Témoignage en préparation à l'effusion de l'Esprit saint au sein du groupe de prière charismatique Béthanie – Paray-le-Monial

1 • Témoignage en préparation à l’Effusion de l’Esprit Saint
dans le groupe de prière & louange charismatique
Béthanie de Fraternité Pentecôte
Chapelle La Colombière – Paray-le-Monial
« Moi, je suis né dans la faute, j’étais pécheur dès le sein de ma mère. » Ps 50,7
Ma mère est tombée enceinte de moi pour sa majorité, à 21 ans, du seul homme qu’elle n’ait jamais connu, au sens biblique du terme. Mon père est de 6 mois son aîné. De parents agriculteurs, elle a dû choisir : « Ou tu te maries, ou tu avortes… ». Mon père l’aimait follement ; elle a donc choisi de quitter les bals populaires, l’accordéon qu’elle écoute encore avec joie. À l’usine, où elle agrafait des tickets de métro parisien en carnets de 10, une collègue plus âgée se pris à ne pas croire qu’elle était enceinte, et la mis au défi : ma mère a fermement défendu sa grossesse et mes parents se sont mariés précipitamment. Nous avons d’ailleurs fêté leurs 50 ans de mariage, ici-même, Chapelle La Colombière, le 15 décembre 2023 (avec le Père Guy Lepoutre, SJ)… Je suis née prématurément dans la panique et avec un faible poids, un jeudi 16 mai 1974, à 16h, à la Clinique Notre-Dame du Bon Secours, à Orléans. Il y a bientôt 8 ans, au Carmel d’Alençon, j’ai découvert que le 16 mai est la fête de saint Simon Stock, le carme anglais qui avait reçu le scapulaire des mains de la Vierge du Mont Carmel, en 1251. Ma conception dans les entrailles maternelles, ma naissance, les trois premières semaines passées en couveuse et le début de ma vie ont été douloureux pour ma mère, comme pour le bébé. J’ai donc été conçue et suis née dans une certaine adversité. Le combat spirituel a été engagé tout de suite. Après ma naissance, ma mère était désemparée avec le bébé, souffrant du baby blues. Un jour, elle manqua une hanse du couffin et le bébé est tombé par terre. Elle a encore raconté récemment combien elle avait été surprise, dans son affolement pour me ramasser, du sourire que le bébé lui avait tendu, malgré la chute…
Saint Simon Stock recevant le scapulaire des mains de la Vierge
« C'est toi qui a créé mes reins, qui m'a tissé dans le sein de ma mère.
Je reconnais devant toi le prodige, l'être étonnant que je suis : * étonnantes sont tes œuvres toute mon âme le sait. Mes os n'étaient pas cachés pour toi * quand j'étais façonné dans le secret, modelé aux entrailles de la terre. J'étais encore inachevé, tu me voyais ; * sur ton livre, tous mes jours étaient inscrits, recensés avant qu'un seul ne soit ! » Ps 138, 13-16
Mon rapport à Dieu est de toujours. Sandrine, le bébé, a fait la joie des veuves : d’abord de ma grand-mère paternelle, Lucette, puis de Suzanne, la veuve du menuisier du village mort brutalement dans un accident de la route et dont mon père avait repris l’atelier pour commencer l’exercice de son métier d’ébéniste. Suzanne devint ma Tati : elle me gardait quand ma mère allait aider mon père à restaurer les meubles. C’est avec ma Tati que j’ai connu la tendresse, la complicité joyeuse, les promenades main dans la main…
À 1 an & 9 jours, le 25 mai 1975 qui était le Dimanche de la Sainte Trinité, j’ai été baptisée à l’église Saint-Martin de Sury-ès-Bois, ce village du Cher où mes parents avaient atterri après avoir quitté Orléans, 6 mois après ma naissance. Église romane sous le patronage de saint Martin de Tours, le soldat romain converti au Christ, suite à sa rencontre d’un pauvre à la Porte d’Amiens ; Saint Martin de Tours, fondateur du premier monastère occidental, à Saint-Martin de Ligugé ; grand évangélisateur de la Gaule païenne et devenu évêque malgré lui, dont les reliques avait été translatées à Léré, à une dizaine de kilomètres de mon village, au VIIe siècle, lors des invasions normandes. Beaucoup d’églises du Centre–Val-de-Loire ont pour titulature Saint Martin. D’ailleurs, le Seigneur me tissait dans le sein de ma mère quand j’ai, de-là, assisté au mariage de mes parents, dans l’église Saint-Martin d’Aubigny-sur-Nère…
Église Saint-Martin de Sury-ès-Bois (18) – Pilier central au Sacré Cœur séparant la nef (à droite)
de la chapelle de la Vierge, à gauche.
Au fond, vitrail de l'évêque saint Martin de Tour, dans le chœur.
À 7 ans, surgit mon premier souvenir de théâtre à l’occasion de l’Arbre de Noël de l’école. On m’avait mis un sous-pull blanc, une descente de lit en peau de mouton sur le dos et des collants blancs. J’étais un petit mouton avec une seule réplique dont je me souviendrai toujours : « Bêêê… Bêêê… Je suis l’étoile du Berger… Bêêê… Bêêê… ». Je pointais cette étoile du doigt dans la salle des fêtes de Vailly… Je la voyais, cette étoile, je la suivais et la petite fille pensais aussi qu’elle était cette étoile : « Je suis l’étoile du Berger… ».
À 12 ans, lors de ma 1ère communion et profession de foi, je me vivais épouse du Christ. J’étais véritablement amoureuse de Jésus. Je voulais être carmélite après avoir entendu le témoignage d’une religieuse en clôture, au monastère de Bourges. En cette année 1986, je décidai de faire du latin, car une religieuse, ça prie en latin ! Ce que je fis en 5e. J’avais un niveau assez bas, avec 7/20 de moyenne. Mais, notre professeur de français récompensait notre courage d’apprendre cette langue morte et refusait de mettre une note en dessous de la moyenne. Donc, j’obtenais 10/20 de moyenne en latin. On se moquait de moi en famille et à l’école avec mon projet de devenir religieuse. Et le démon s’y ait mis allègrement.
Après ma 1ère communion/profession de foi, j’ai vécu un drame de sa part où il réussit dans sa tâche de Diviseur : lors de la confirmation à l’archevêché de Bourges, quand Mgr Pierre Plateau me donna l’onction sur le front, plutôt que l’huile du saint Chrême, j’ai perçu des cendres. J’aurais voulu être 1000 pieds sous terre, persuadée d’avoir trahi le Christ, indigne de l’amour de Dieu et me sentant comme excommuniée. À partir de ma confirmation et de cet événement dramatique qui l’a précédée, j’ai vécu 21 ans d’enfer sur terre : j’étais certaine d’être séparée de Jésus et de Dieu, envahie par un sentiment de culpabilité immense. Coupable d’exister, de vivre. Travail de maître du Séparateur, le Satan, qui utilisa les blessures familiales et les failles de ce milieu rural du Berry profond où j’avais grandi.
En fait, le Seigneur ne m’avait jamais abandonnée, mais j’ai vécu 21 ans d’errance, dans la dépression. Écrire est alors devenu un moyen de survie. D’abord de la poésie : à 14 ans, j’offris un poème à ma grand-mère Jeanne, sur le sourire, et un autre Mourir sans voir la mer, car elle ne l’avait jamais vue. Durant l’adolescence, interne à Vierzon, l’esprit du suicide me tentait et beaucoup de mon énergie partait dans le combat contre ”l’appel de la fenêtre”, où j’avais peur de céder et de passer à l’acte de me jeter par la fenêtre. Lire, écrire et faire du théâtre de 7 à 21 ans m’a aussi beaucoup aidée à ne pas sombrer complètement.
J’ignorais que j’étais protégée par la Vierge Marie du Mont Carmel ; par Jeanne d’Arc qui est la sainte du Combat spirituel – étant née à Orléans et portant Jeanne pour 3e prénom ; et mon époux, Jésus, tout au fond de moi qui veillait sans que je le sache… : « Vraiment tu es un Dieu qui se cache, Dieu d’Israël, Sauveur ! » Is. 45,15.
J’ai donc traversé ces 21 ans de souffrances, de nuit obscure et le Seigneur m’attendait pour vivre ma reconversion. Il m’a d’abord attirée par des lectures : les Confessions de saint Augustin ; des sermons choisis de saint Bernard ; et une mystique béguine qui fut brûlée par l’Inquisition, place de la grève, à l’actuel Hôtel de Ville de Paris, en 1310, à cause de son livre Le miroir des âmes simples & anéanties & qui seulement demeurent en vouloir & désir d’Amour[1]…
Le Seigneur me cueillit donc à nouveau en m’attirant à la Basilique Notre-Dame de Fleury, à Saint-Benoît-sur-Loire, que j’avais visitée avec le diocèse de Bourges, vers 10-11 ans. Un appel pressant me poussait à y retourner. Ce jour-là, le 28 juillet 2008, j’avais 34 ans, j’ai vécu une effusion de l’Esprit Saint que je n’aie commencé à comprendre que 3 ans plus tard, quand je revins à la basilique pour la messe du 15 août. Ce jour de l’Assomption 2011, après la messe, en remontant de la crypte où sont les reliques de Saint Benoît, et regagnant la sortie par le bas-côté, je vis de l’autre côté de la nef, dans le bas-côté opposé à celui où nous déambulions, une petite statue de la Vierge, toute délicate, pleine de grâce, les mains en prière, la tête couronnée et le buste légèrement penché. J’étais avec Rémi qui m’avait conduite dans cette basilique 3 ans auparavant, et dont le Seigneur s’est servi pour me ramener à Lui. Je lui fis remarquer cette statue de la Vierge en lui faisant part de mon désir d’aller la voir de plus près. Ce faisant, nous approchions du portail principal devant lequel faire demi-tour, par où chacun pénètre dans la basilique, et nous vîmes la sculpture d’un oiseau, en l’air, au-dessus de l’endroit-même où j’avais vécu ma reconversion. Rémi s’exclama : « Oh ! Un aigle ! ». Je pouffai et répliquai : « Ce n’est pas un aigle, c’est une colombe ! ». Nous était dévoilée la sculpture, en effet imposante puisqu’en pierre, de la colombe de l’Esprit Saint, les ailes déployées, dans la continuité de la coquille saint Jacques qui épouse la voussure, au-dessus du portail d’entrée.
Je fus alors projetée 3 ans plus tôt, le 28 juillet 2008, où j’avais franchis ce portail… « En ce temps-là, je franchissais les portails ! » : le psaume 41 « comme un cerf altéré cherche l’eau vive, ainsi mon âme te cherche, toi mon Dieu », me rappelle toujours ce moment-là où j’avais levé le pied droit tout en poussant la lourde porte, pour franchir le chambranle du portail, à l’entrée de la nef. Une fois entrée, les deux pieds campés sur le pavement, je restais immobile dans un instant d’éternité, plongée dans la lumière de la nef, dans les mouvements silencieux des moines vêtus de la bure noire, enveloppée par la clarté de la pierre. Puis, je fis quelques pas sur la gauche et une voix tombée en oblique dans mon cœur murmura : « J’entre dans la maison du Seigneur… ». Un pas, deux pas, trois pas vers la gauche… et je m’écroule en pleurs contre le pilier, déversant toutes les larmes de mon corps, de ces 21 années de vocation religieuse contrariée, de déréliction, de péché, de souffrance, d’errance… Aux vêpres qui suivirent, je priai le Notre Père avec les moines pour la première fois, sans cesser de pleurer…
Ma 1ère communion après ces 21 ans de jeûne eucharistique, eut lieu 17 jours plus tard, le 14 août 2008, au sanctuaire marial de Rocamadour, après les vigiles, pendant la messe. Il faisait nuit. La basilique était pleine à craquer. Rémi, – mon ex-futur mari que le Seigneur avait choisi comme instrument de ma reconversion, qui m’emmena à Saint-Benoît-sur-Loire 17 jours plus tôt –, Rémi, dans cette foule suffocante me soufflait : « Va communier, va communier… ». Hésitante, je finis par céder et mâchais le Corps du Christ qui fondait en moi, tout en pleurant abondamment. Le Père Guy Lepoutre, jésuite à Paray-le-Monial qui m’accompagnait, m’a dit que c’était Amadour, le saint ermite de Rocamadour, qui avait intercédé pour que j’aille recevoir le Corps du Christ. Amadour, que la Tradition tient pour n’être personne d’autre que Zachée, que les vagues de la Méditerranée auraient fait aborder les côtes du Midi de la France, comme Marie-Madeleine, Marthe et Lazare. Zachée, qui voulait voir Jésus, posté là-haut dans son sycomore. « Arrivé à cet endroit, Jésus leva les yeux et lui dit : ”Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison.” » Pour la 1ère fois après 21 ans, Jésus Eucharistie vînt donc à nouveau demeurer en moi. Pour ne plus jamais nous quitter…
À l’été 2008, je fus donc gratifiée de deux effusions de l’Esprit Saint, en 17 jours, qui forment ce que j’appelle l’événement global de ma reconversion. D’abord à Saint-Benoît-sur-Loire, le 28 juillet 2008 : après avoir franchi le portail, je reçus une douche de l’Esprit, sous la colombe et comme enveloppée par la coquille céleste. La coquille de la voussure au-dessus du portail, que nous découvrons en sortant de la basilique, indique le chemin vers saint Jacques de Compostelle. La conque est aussi celle du baptême. Piero della Francesca, par exemple, représente saint Jean baptisant Jésus à l’aide d’une telle conque.
Le Baptême du Christ (détail) par Piero della Francesca – 1458-60 – National Gallery, Londres
La 2e effusion de l’Esprit eut lieu le jour de ma seconde 1ère communion, en présence de la Vierge Noire à Rocamadour, lors de la messe qui clôtura les vigiles de l’Assomption. Durant ces deux moments, l’Esprit Saint s’est manifesté dans l’onction des larmes. Comme si l’eau vive de mon saint baptême, tapie au fond de moi depuis 33 ans[2], avaient rejaillie dans l’onction des larmes.
« Au jour solennel où se terminait la fête [des Tentes], Jésus, debout, s’écria : ”Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive, celui qui croit en moi ! Comme dit l’Écriture : De son cœur couleront des fleuves d’eau vive.” En disant cela, il parlait de l’Esprit Saint qu’allaient recevoir ceux qui croiraient en lui. » Jn 7,37-39a
Ce témoignage me conduit maintenant à vous parler de l’Effusion de l’Esprit Saint à la Croix. Nous avons eu le Baptême du Christ dans l’eau du Jourdain, au point le plus bas de la terre, à Béthanie, avec Luc, le 7 janvier. Aujourd’hui, 14 janvier – et toutes nos rencontres pour préparer le baptême dans l’Esprit ont lieu les mardis dans ces multiples du 7, le 7 signifiant la plénitude, la plénitude de la grâce… –, aujourd’hui, donc, nous allons vers le baptême du Sang, de l’Eau et de l’Esprit. Ce Sang du Christ qui va regorger le bois de la Croix et drainer notre terre en visitant nos enfers…
Jésus n’a-t-il pas dit ? : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! Je dois recevoir un baptême, et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il soit accompli ! »[3]. Et, lors de la dernière Cène : « J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous avant de souffrir. Car je vous le déclare : jamais plus je ne la mangerai jusqu’à ce qu’elle soit pleinement accomplie dans le royaume de Dieu. »[4]
Sandrine Treuillard
Membre du noyau de Béthanie
le 14 janvier 2025
Oratoire Saint Claude La Colombière – Maison des jésuites - Paray-le-Monial
N O T E S
[1] Le miroir des âmes simples & anéanties de Marguerite Porete, Éditions Albin Michel, 1984/1997. Introduction, traduction et notes de Max Huot de Longchamp.
[2] 33 ans se sont effectivement écoulés, entre 1975 et 2008.
[3] Lc 12,49-50.
[4] Lc 22,15.
I M A G E S
Affiche du groupe de prière Béthanie à la Chapelle La Colombière, Paray-le-Monial
Article L'Ascension vers Béthanie.
Saint Simon Stock recevant le scapulaire des mains de la Vierge – Huile sur toile
2e moitié du XVIIe siècle – Église paroissiale Saint-Denis – Largny-sur-Automne (Aisne)
Photo : Lefébure Thierry
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Saint-Martin de Sury-ès-Bois (18) – Pilier central au Sacré Cœur
Photo : @Sandrine Treuillard, 2014 - Page Facebook Adoration Saint Martin
Statue de Notre Dame de Fatima : Photo de Ku Bogu Mosty/Pologne Pixabay
Abbaye de Fleury, Saint-Benoît-sur-Loire (45)
Photo 1 : Loim Hem, 2022
Photo 2 : Vero, 2023
Photo tirée de la Page Facebook Sanctuaire Notre-Dame de Rocamadour