— Cœur Eucharistique de Jésus – Élévations de Sophie Prouvier
Sur cette page enrichie, nous vous proposons de découvrir
la dévotion au Cœur Eucharistique de Jésus
(révélation au Tabernacle en 1854)
par les Élévations sur la prière au Cœur Eucharistique de Jésus
de Sophie Prouvier – Mère Marie de l'Eucharistie – à Besançon.
EN LIEN AVEC LA COMMUNAUTÉ DE PRIÈRE SUR HOZANA :
https://hozana.org/community/10595/coeur-eucharistique-de-jesus-elevations-de-sophie-prouvier
Introduction aux circonstances de la révélation
Il existe deux cultes du Cœur de Jésus, reconnus, encouragés par l'Église, deux cultes qui mettent en lumière l'Amour de Jésus, deux cultes qui ne font pas double emploi et qu'il ne s'agit ni d'opposer ni de confondre : le culte du Sacré-Cœur et le culte du Cœur Eucharistique.
Le 22 janvier 1854, Mlle Sophie Prouvier, originaire du diocèse de Saint-Claude, en adoration devant le Saint Sacrement exposé à la chapelle Notre-Dame du Refuge de l'Hôpital Saint-Jacques à Besançon, entend en son sens intime, mais sans bruit de paroles, ce seul mot : Cœur Eucharistique de Jésus. Ses notes spirituelles relatent ensuite le développement de cette intuition révélatrice, qui aboutit à la fondation définitive de la Société des Vierges de Jésus et de Marie, religieuses vivant dans le monde.
Chapelle Notre-Dame du Refuge – dessinée dans le style baroque - plan tracé en ellipse & coupole -
par l'architecte Nicolas Nicole - érigée entre 1739-45 –
de l'Hôpital Saint-Jacques (XVIIe), Besançon.
Essor de la dévotion
Désormais la dévotion au Cœur Eucharistique ne tardera pas à être connue :
• Un article lui sera consacré dans ”Les annales du Saint-Sacrement” (Lyon 1860) ;
• tandis qu'à Rouen, les 3-9 juin 1860, le Père Eymard en fera le sujet des exercices de la retraite préparatoire à l'Octave du Saint Sacrement pour l'adoration perpétuelle (PD25) ;
• Octave du Saint Sacrement qu'il prêchera à Tours, paroisse Saint-Julien, les 11-17 juin 1860.
Saint Pierre-Julien Eymard – PD 25,14 : 5ème Méditation : Sur le Sacré Cœur – :
« Alors qu'ai-je à faire d'un cœur représentatif, d'or, de marbre, quand j'ai le cœur vivant ? Ne pétrifiez donc pas le cœur de Jésus ! Ayez :
• un culte de reconnaissance pour l'amour passé, présent, futur (rentes assurées).
• un culte d'amour pour l'amour. Il faut vous inspirer des pensées actuelles, des sentiments, des désirs du cœur eucharistique de Jésus. Fils, donne-moi ton cœur (Pr 23,26) ; le sien est donné. (…) »
Des notes intimes à la publication
C'est au cours de cette année 1854 que Sophie bénéficia à deux reprises de révélations qu'elle fut invitée à consigner dans ses notes intimes, à la demande expresse de ses supérieurs et particulièrement de Mgr Mabile, évêque de Saint-Claude (futur évêque de Versailles). C'est ce qu'elle fit par obéissance, comme ce fut le cas pour Marguerite-Marie Alacoque, en 1673.
La publication en fut faite de façon intégrale, au Congrès Eucharistique de Lourdes en 1889, par le Père Albert Tesnières, de la Congrégation du Très Saint-Sacrement, décédé en 1909. Ce même Père Tesnières qui avait organisé le premier Congrès eucharistique de Faverney, le 4 septembre 1878, auquel participèrent 7 évêques, 1000 prêtres et 30 000 fidèles.
[Photographie ci-contre : Reproduction de l'ostensoir du miracle eucharistique de Faverney (1608) Basilique Notre-Dame de Faverney]
L'ouvrage Élévations sur la prière au Cœur Eucharistique de Jésus de Sophie Prouvier a été publié une première fois aux Éditions de la Vie Spirituelle, en 1926, à Saint-Maximin, préfacé par le père dominicain Régis Garrigou-Lagrange. La seconde impression – sur laquelle nous nous appuyons – a été réalisée par les dominicaines de l'Atelier du Monastère Sainte-Catherine de Langeac, en 2018.
Venons-en donc à l'exposé des manifestations du Seigneur en la chapelle Notre-Dame du Refuge de l'Hôpital Saint-Jacques, à Besançon, qui eurent pour témoin et confidente : Sophie Prouvier. Née à Paris le 6 novembre 1817, baptisée à Montmorot (Jura), en formation –pour la gouvernance de la Société des Vierges de Jésus et Marie – auprès des Sœurs hospitalières de cet hôpital, en 1851 et 1854.
Source : D'après une conférence de l'aumônier de l'hôpital Saint-Jacques et restaurateur de la chapelle Notre-Dame du Refuge, le père Boillon (XXème siècle).
L'ÉVÉNEMENT : révélation à Sophie Prouvier
Tel qu'il a été rapporté par Sophie Prouvier et publié au Congrès Eucharistique à Lourdes, en 1889.
« Pendant mon séjour à Besançon le 22 janvier 1854, un dimanche, le Très Saint-Sacrement étant exposé, je me sentis très vivement pressée d'aller l'adorer. Cette impulsion était si forte que je ne pus finir ce que je tenais et qu'il me fallut aller. Je me plaçais d'abord dans le chœur, à côté de l'autel, mais je ne fus en repos qu'agenouillée en face du Tabernacle.
Là un profond silence me saisit. Je reste embarrassée pour dire ce qui se passa alors, car je ne comprends pas.
Ce n'est pas que je perdis la connaissance, non, j'entendais ce qui se passait autour de moi, et malgré cela j'étais plongée dans la contemplation de Notre-Seigneur que je voyais navré de douleur devant le peu d'amour que lui portent les âmes favorisées de ses dons et admises à la communion fréquente :
« Elles m'entourent et ne me consolent pas ! »
Ce Cœur divin se répandait en plaintes, avec une expression de bonté et de profonde douleur, c'est-à-dire quelque chose d'ineffablement doux dans son infinie désolation :
« Mon Cœur demande l'amour comme un pauvre demande du pain ».
« Ton cœur est-il droit avec mon Cœur comme le mien l'est avec le tien ? »
Il faudrait me recueillir longtemps pour retrouver ces plaintes et il faudrait des pages pour les écrire. Et cependant je restai un quart d'heure à peine à les écouter.
Je dis que j'ai entendu, mais non pas avec mes oreilles, les paroles ne s'articulaient pas. C'était la substance de ces choses qui prenait une forme capable d'entrer dans mon intelligence ; mais ce n'était absolument pas la forme dont je me sers. D'autres expressions pourraient rendre également ces paroles entendues si elles en rendaient le sens.
Il en est de même pour ce que je dis avoir vu, et c'est ce qui m'embarrasse. Et cependant, c'était Notre Seigneur me montrant son Cœur. Mon âme garde l'impression de son air triste et doux. Il était dans le Tabernacle et le Tabernacle est petit, mais Notre-Seigneur n'était pas réduit à ces proportions. Il était éclairé et je ne pourrais pas le peindre. Souvent j'ai voulu faire une image du Cœur Eucharistique et je n'ai rien pu trouver qui rendit la vérité. Tout peut l'exprimer, rien ne peut le montrer. La seule parole qui s'est formulée nettement c'est : « Mon Cœur Eucharistique ». Tout disparu et je restai longtemps à recueillir ces plaintes, à laisser mon âme s'en pénétrer, à demander à Jésus ce que je pourrais faire pour le comprendre et le consoler, pour amener les âmes à ce qu'Il désire.
Une seule chose me contrariait, c'était le nom de Cœur Eucharistique. J'aurais voulu que ce soit Sacré-Cœur. Il me semblait voir une singularité et je n'osais pas en parler à cause de cela. »
Coupole intérieure – Chapelle Notre-Dame du Refuge, Besançon
Quelques mois plus tard, le 1er septembre 1854, nouvelle manifestation, avec cette précision :
« C'est mon Cœur Eucharistique, fais-le connaître, fais-le aimer ».
« Seigneur, dis-je enfin, donnez-moi un signe que je ne me suis pas trompée et aussi un moyen pour vous faire connaître et pour vous aimer. Permettez que j'écrive ! Alors tout ce que j'avais compris le 22 janvier se retraça de nouveau et se résuma dans une formule qui se dicta clairement et que j'écrivis sur l'heure.
Mais cela ressemblait à une trace si fugitive, si spirituelle, et en même temps si abondante, que je ne pouvais le rendre ; et je traçai rapidement ce que je pus formuler de cet intraduisible langage, avec les sentiments qu'il semblait commander. C'était dans cette seconde communication, de même que dans la première, comme si Notre-Seigneur, voulant se servir de moi pour manifester sa volonté, se bornait au strict nécessaire. »
La prière : ÉLÉVATIONS d'après Sophie Prouvier
Élévations sur la prière au Coeur Eucharistique de Jésus
Coeur Eucharistique de Jésus, doux compagnons de notre exil, je vous adore.
Coeur Eucharistique de Jésus,
Cœur solitaire, Coeur humilié, cœur délaissé,
Cœur oublié, Cœur méprisé, Cœur outragé,
Cœur méconnu des hommes,
Cœur aimant nos cœurs,
Cœur suppliant qu'on l'aime,
Cœur patient à nous attendre,
Cœur pressé de nous exaucer,
Cœur désirant qu'on le prie,
Cœur foyer de nouvelles grâces,
Cœur silencieux voulant parler aux âmes, Cœur doux refuge de la vie cachée,
Cœur maître des secrets de l'union divine,
Cœur de Celui qui dort, mais qui veille toujours.
Coeur Eucharistique de Jésus, ayez pitié de nous.
Jésus-hostie, je veux vous consoler,
Je m'unis à vous, je m'immole avec vous,
Je m'anéantis devant vous,
Je vais m'oublier pour penser à vous,
Être oublié et méprisé par amour pour vous,
N'être compris, n'être aimé que de vous.
Je me tairai pour vous entendre et me quitterai pour me perdre en vous.
Faites que je soulage ainsi votre soif de mon salut, votre soif ardente de ma sainteté, et que, purifié, je vous donne un pur et véritable amour.
Je ne veux plus lasser votre attente : prenez-moi, je me donne à vous.
Je vous remets tout mon agir, mon esprit pour l'éclairer, mon cœur pour le diriger, ma volonté pour la fixer, ma misère pour la secourir, mon âme et mon corps pour les nourrir.
Coeur Eucharistique de mon doux Jésus dont le sang est la vie de mon âme, que je ne vive plus, mais que vous viviez seul en moi.
Ainsi soit-il.
« Cette prière renferme toute la doctrine, toute la substance de la dévotion au Cœur Eucharistique de Jésus. »
in préface du Père Régis Garrigou-Lagrange, O.P. des Élévations sur la prière au Cœur Eucharistique de Jésus de Sophie Prouvier – Première publication Éditions de la Vie Spirituelle, 1926, Saint-Maximin. Seconde impression sur laquelle nous nous appuyons : Atelier du Monastère Sainte-Catherine de Langeac, 2018).
Cœur Eucharistique de Jésus - Élévations de Sophie Prouvier sur Hozana