Temps & rituels (catholique) - Eucharistie & Sacré Cœur – Séminaire Artisans de Paix 2025
Cet exposé eut lieu à deux voix, le ve. 23 avril 2025, entre Claire Coumeff-Toader (orthodoxe) & Sandrine Treuillard (catholique), au sein du séminaire d'Artisans de Paix 2025 Temps & rituels.
Ce qui suit est la seule partie catholique. En toute fin, après les notes, vous aurez accès à l'enregistrement de la visioconférence dans son ensemble sur YouTube, avec les 2 diaporamas respectifs à l'appui.
Cet exposé se déploie en 3 parties, comme suit :
I UNE VOCATION ANCRÉE DANS LE SACRÉ CŒUR – Ce qui donne le vertige – Le temps court-circuité
II EUCHARISTIE & TRIDUUM PASCAL – ou de l’amour siphonné de Dieu – Le siphonnage du temps
III L’HEURE DE PRÉSENCE AU CŒUR DE JÉSUS – avec le Cadran de la GDH – L’union au temps de Dieu
[1] NOTE de bas de page : Les numéros en bleu et gras renvoient aux images du diaporama pdf en pendant de ce document écrit.
I UNE VOCATION ANCRÉE DANS LE SACRÉ CŒUR – Ce qui donne le vertige – Le temps court-circuité
[1] Pour ceux qui s’en souviennent, en 2021, lors de l’exploration des Demeures spirituelles d’Artisans de Paix, j’avais pris l’image d’une douce tornade pour exprimer les « Heureux » des Béatitudes, que Jésus égraine lors du sermon sur la montagne[2]. [2] « Heureux les pauvres de cœur, le Royaume des cieux est à eux » ; « Heureux ceux qui pleurent, ils seront consolés ». Comme de petits cyclones, chaque « heureux » a sa zone de calme, de paix du Christ au milieu des tourments. Ce paradoxe, qui donne le vertige, fonde la foi chrétienne. [3] C’est par la croix que nous recevons la paix. Par l’oblation de soi que nous trouvons le bon-heur. Dans la souffrance du Christ que sa joie est parfaite. Par la douleur de l’enfantement que l’Amour est manifesté. Il en est de même pour le temps. « Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel (c’est-à-dire : Dieu-avec-nous). »[3] Cette parole disruptive de Dieu dans la bouche d’Isaïe au roi Acaz prophétise la venue du Messie attendu par Israël, environ 734 années avant l’avènement de Jésus Christ. [4] Voici que la vierge est enceinte : dans le plan de Dieu elle l’est depuis toute éternité et cette parole se réalise aussitôt qu’elle est proférée. Elle enfantera un fils : ce fils d’homme est déjà engendré consubstantiel au Créateur ; Fils de Dieu ; et Roi de l’univers. Jésus Christ, Dieu fait homme dans l’Esprit par le Père, Créateur de toute chose, court-circuite le temps.
Dans l’œil du cyclone est ce grand calme de l’Éternel, comme la colonne nébuleuse qui pré-cède Moïse et le peuple dans le désert. [5] À chaque fois que nous recevons un sacrement, au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, que ce soit le baptême, le sacrement de la réconci-liation ou celui du mariage, le sacrement des malades, de l’Eucharistie, ou de l’ordre sacer-dotal, nous avons part à cette éternité, à cette immortalité divine, qui est au cœur du sacre-ment, ineffable et caché, invisible et agissant le plus souvent insensiblement dans la durée qui suivra le don du sacrement. C’est ce qu’on appelle la Grâce. La grâce divine est cette part d’immortalité, d’éternité épousant imperceptiblement nos vies : alliance de l’Éternel avec la finitude humaine qui nous donne part à son infini : « [6] Dieu est amour »[4]. Dieu est essence de l’Amour infini qui veut se communiquer aux hommes. Dès le oui de Marie à l’annonce que lui fit l’archange Gabriel de l’avènement de Jésus en et par elle, l’Éternel épouse notre temps. En la personne de Jésus Christ, le Verbe éternel fait chair incarne la Grâce sanctifiante au sein du temps. La grâce divine est condensé d’éternité manifesté dans le temps. [7] Lors de la Visitation à Ein-Karen, la Vierge enceinte de quelques jours porte la Source de la Vigne à Élisabeth. Entre Jean, le fœtus, Jésus-embryon & les deux mères enceintes, la joie du miracle circule et ne finira pas. [8] Dans le silence des jours et les entrailles de Marie, à Nazareth, et dès sa naissance à Bethléem, la source de l’eau vive éternelle a commencé de s’écouler dans le Cœur du divin Enfant. Aux Noces de Cana, lors de son premier miracle où Jésus change l’eau en vin sous l’impulsion de sa mère, la Grâce se manifeste au sein du manque de vin, lors de cette fête de l’alliance conjugale. Tous les miracles du Christ sont des moments de rupture du temps où l’Éternel visite le temps humain, le recrée, le transfigure, le restaure à la ressemblance divine perdue, en son immortalité. [9] Plus tard, à la croix, la source d’eau vive mêlée au sang jaillira du Cœur de l’Homme-Dieu pour nous donner d’avoir part à sa Vie éternelle. Zacharie l’avait prophétisé : « Ils regarderont vers celui qu’ils ont transpercé »[5] : irruption de la Grâce, invincible et ineffable. Et Isaïe : « Exultant de joie vous puiserez les eaux aux sources du salut[6] ». [10] Une fois mort, Jésus Christ ayant rejoint l’Éternel, le Ressuscité se manifeste dans nos vies et nous donne sa Paix, à des moments précis de l’Histoire et de notre histoire personnelle & particulière, à des dates significatives du calendrier : fête des saints ou fêtes liturgiques. [11] Sur ce schéma, ces instants d’éternité, ces visitations de Dieu dans ma vie sont symbolisés par des vignettes. Chacun de ces 7 symboles est une porte s’ouvrant sur l’Éternité comme autant d’appels d’air, de souffles de l’Esprit suscitant le vertige, à l’image de la douce tornade des « Heureux ». [12] La flèche du temps qui se termine en fer de lance représente l’histoire linéaire, chronologique de l’ère chrétienne. Elle commence, en bas à gauche, à l’AN 0 : avènement du Christ, naissance de l’Église au pied de la Croix dans la première effusion de l’Esprit Saint de l’Histoire, dans laquelle les chrétiens seront tous baptisés, plongés dans sa mort et sa résurrection, dans le Sang et l’Eau jaillis de son Cœur. La flèche du temps représente le récit linéaire, le déroulement de la temporalité historique. [13] La spirale représente l’enroulement de la temporalité spirituelle vers son but : les Noces spirituelles, le cœur à Cœur avec Jésus, l’Alliance éternelle avec le Père dans l’Esprit, quand nous verrons Dieu face à face et pour toujours. Le fer de lance de la flèche plonge dans « ce Cœur qui a tant aimé les hommes »[7] dont le sang & l’eau ne cesse de s’écouler depuis le centre du Cadran de la Garde d’Honneur du Sacré Cœur. C’est le but de la vie : l’Amour éternel. [14] Les vignettes sont autant de petits tourbillons des événements dans l’effusion de l’Esprit Saint, des Touchers de l’Esprit transfigurant notre temps, le plus souvent dans la durée. C’est aussi ce qui se passe quand nous recevons les sacrements : par Jésus, avec Lui et en Lui qui est à l’origine des sacrements : leurs fondements découlent de sa vie terrestre. [15] C’est lui notre Prêtre & unique Médiateur, et les prêtres desquels nous recevons les sacrements sont autant d’autres Christs, canaux de la grâce divine. Notre temps, par transfusion de la Grâce, commence alors à être sanctifié : rendu saint à l’image de l’Éternel.
II EUCHARISTIE & TRIDUUM PASCAL – ou de l’amour siphonné de Dieu – Le siphonnage du temps
Un sacrement est un signe, un geste manifestant la présence de Dieu qui insuffle en nous sa Grâce, ce qui est à sa ressemblance et donc empreint d’éternité. Le sacrement de l’Eucharis-tie, c’est le Ciel sur terre, la communion à l’Amour divin, l’union du cœur de l’homme avec celui de l’Éternel. [16] À la messe, nous sommes rendus contemporains de la Sainte Cène que le Christ institua le Jeudi saint, la veille de sa Passion. On appelle anamnèse le moment de la messe où nous faisons mémoire des hauts faits de Dieu. Au centre de l’anamnèse le prêtre répète les paroles & les gestes du Christ au soir du Jeudi saint, intériorisés par les membres de l’assemblée, l’Église[8]. Ce rappel est un « mémorial » par lequel le sacrifice du Christ est rendu présent. Au Cénacle, le Jeudi saint, Jésus demande à ses disciples de reproduire ses gestes de prendre le pain, de le bénir, de le donner à ses disciples, et de même avec le vin.[9] En saint Luc, Jésus déclare à ses disciples : « J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous »[10], c’est-à-dire désiré depuis toute éternité. C’est le désir infini de Dieu de s’offrir totalement par Amour et dans l’Amour à ses créatures, à chaque instant et pour toujours. [17] Le sacrifice non sanglant célébré à la messe est un siphonage du temps : il comprend l’insti-tution de l’Eucharistie le soir du Jeudi saint avec le disciple bien-aimé qui entend le trouble du Cœur de Jésus à l’annonce de la trahison d’un des siens ; la Passion qui commence la nuit de son agonie à Gethsémani, avec le baiser de Judas qui le livre aux autorités romaines au petit matin, jusqu’à sa mort sur la Croix du Vendredi saint ; la descente aux enfers du Samedi saint ; et la Résurrection du Dimanche[11]. Chaque célébration de la messe englobe donc tout le Mystère Pascal du Jeudi soir au Dimanche matin. Et cela à chaque instant, sur toute la terre. Au moment de l’offertoire, quand le prêtre prépare les dons du pain et du vin, il verse une goutte d’eau dans le calice en disant : « Comme cette eau se mêle au vin pour le sacrement de l’Alliance, puissions-nous être unis à la divinité de celui qui a voulu prendre notre humanité ». C’est bien cela : en Jésus, l’Éternel épouse notre temps dans une nouvelle Alliance. Admirable échange avec notre finitude. Après la fraction du pain, le prêtre laisse tomber un petit bout de l’hostie consacrée dans le vin consacré, en disant à voix basse : « Que le Corps et le Sang de Notre Seigneur Jésus-Christ, réunis dans cette coupe, nourrissent en nous la vie éternelle ». Consacré revient à dire Pain des anges ; et pour le Vin, substance d’Éternité.
[18] Plus tard, le prêtre élève ensemble la Coupe et l’Hostie : il les présente à l’assemblée. Souvent, l’Hostie est alors coupée en deux. Dans cette brisure, le temps de Dieu s’engouffre. Réminiscence de Jésus rompant le pain à Emmaüs, avec deux des disciples en déroute après la Passion où ils avaient fui le supplice de leur Maître. Sur le chemin d’Emmaüs, ils n’ont pas reconnu le Ressuscité qui leur parlait. C’est à la fraction du pain, dans l’auberge, que, sou-dain, les disciples reconnaissent Jésus qui instantanément disparaît à leurs yeux. Dans cette brisure, l’Éternel est plus-que-présent. Hostie et Coupe exposées à nos regards, le prêtre pro-clame : « Voici l’Agneau de Dieu »[12]. [19] Jean prononça ces paroles au moment où Jésus venait à lui, le lendemain où il le baptisa dans le Jourdain. Jean, le Précurseur, continuait ainsi : « C’est de lui que j’ai dit : ”Derrière moi vient un homme qui a sa place devant moi, car avant moi il était.” » Jean révèle par là que l’identité de Jésus est permanence divine. Du point de vue humain, Jean Baptiste est de 6 mois l’aîné de Jésus. Mais Jésus est l’Éternel lui-même, la Sagesse assise auprès du Créateur de l’univers : Il embrasse toute l’histoire humaine. [20] Sur le trône de la Croix, « l’Agneau de Dieu » est « consumé par le feu » de l’Amour divin, nouvel « holocauste perpétuel » offert à l'Eternel[13] : à la fois prêtre, victime & autel sur lequel il est immolé. Dans l’Apocalypse, dernier livre biblique et prophétie des Temps derniers, Jésus dira par trois fois : « Je suis l’alpha et l’oméga ». Ainsi, le Corps glorieux de Jésus Eucharistie élevé sur les autels est Présence réelle de l’Éternel. Présent jusqu’en chaque miette d’hosties auxquelles nous communions. [21] Maintenant l’Hostie dans le geste de l’élévation, le prêtre déclame une autre parole extraite de l’Apocalypse : « Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau »[14]. [22] « Heureux » dans la Jérusalem céleste, la Cité du Royaume de Dieu à venir, dans l’assemblée des saints… Tout cela est déjà compris quand nous goûtons le Pain des anges. L’Eucharistie est alors vraiment le Ciel sur terre, dans notre bouche et tout notre être… et déjà communion à l’Amour de Dieu, avec toute l’Église de tous les temps. De quoi être pris dans l’œil du cyclone, dans l’amour siphonné de Dieu !
III L’HEURE DE PRÉSENCE AU CŒUR DE JÉSUS – avec le Cadran de la GDH – L’union au temps de Dieu
[23] Dans le chœur de la chapelle du Monastère Sainte-Claire du Sacré-Cœur, à Paray-le-Monial, sur la porte du Tabernacle, les deux lettres grecques alpha et oméga, sont rassemblées par le Tau franciscain qui reproduit la croix, centré sur les deux battants. La Croix embrasse tous les temps et, glorieuse, elle appartient à la victoire éternelle de la vie sur la mort. La cloison est traversée d’une grosse crevasse, passant derrière le Tabernacle. [24] Le vitrail de cette crevasse est un dégradé vertical du rouge au jaune, jusqu’au vert d’eau, en bas. Le jaune s’éclaircit au point de devenir aussi clair que la lumière au niveau du Tabernacle, où demeure Jésus Eucharistie. En la petite Hostie de pain, l’Éternel se fait finitude et accomplit la fin des temps. La crevasse représente le rideau du Temple qui fut déchiré au moment où le Christ en Croix exhala son dernier soupir et remit son esprit entre les mains du Père : [25] « Et voici que le rideau du Sanctuaire se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas ; la terre trembla et les rochers se fendirent. Les tombeaux s’ouvrirent ; les corps de nombreux saints qui étaient morts ressuscitèrent, et, sortant des tombeaux après la résurrection de Jésus, ils entrèrent dans la Ville sainte, et se montrèrent à un grand nombre de gens. »[15] Vendredi saint à 15h, nous sommes pourtant déjà au Samedi saint. La mort du Christ est une percée sur la vie éternelle.
[26] L’écartèlement de sa poitrine avait fait se déchirer les tissus à l’intérieur et la membrane qui entoure le cœur. Or, une heure après sa mort, « ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais un des soldats d’un coup de lance lui perça le côté : aussitôt il en sortit du sang et de l’eau. »[16] Depuis cet instant, Dieu nous donne la vie en abondance. « Le Christ transpercé, c’est le Christ glorieux. »[17] [18] En son Sacré Cœur – à la Croix – & sa sainte Eucharistie – Corps de gloire du Ressuscité –, le Christ-Roi saisit l’univers entier et tous les temps passés, présent, à venir[19]. Ce qui s’opère à chaque messe, pendant nos adorations eucharistiques et durant l’adoration perpétuelle du Cœur de Jésus. [27] En 1863, la vision du Cadran de Sr Marie du Sacré Cœur Bernaud, à la Visitation de Bourg-en-Bresse, a déclenché tout le processus qui aboutit à la création de la Garde d’Honneur du Sacré Cœur. « Un cadran sert à calculer, à préciser le temps et l’emploi du temps. Le temps est une créature de Dieu. Il n’y a pas de temps en Dieu. Le temps est comme au service de l’homme. » Il convient de ne pas « le dépenser, afin de le mettre au service du plan de Dieu sur nous et sur le monde. Il y a donc un temps du plan de Dieu : il a une valeur particulière, et il prépare à l’éternité. »[20] [28] Quand nous nous mettons en sa Présence, nous rendons Dieu présent dans le temps. Nous le remettons à Dieu qui le sanctifie. C’est à cet usage du temps que le Cadran a été créé. En son centre, nous voyons le Cœur du Christ qui se consume sans brûler, comme Moïse observant le buisson ardent. Amour divin éternel du Sacré Cœur tel qu’apparu à Marguerite Marie Alacoque, à Paray-le-Monial, deux siècles plus tôt. [29] Jésus lui avait dit qu’il ne pouvait plus contenir en lui-même cet amour et qu’il fallait qu’il le répande par son moyen. À l’heure du Jubilé des 350 ans des Apparitions, où les engagements se multiplient comme jamais, la Garde d’Honneur est un moyen très pertinent pour faire circuler cet Amour. Si le Cœur du Christ est brûlant, il est aussi blessé par le coup de lance.[21] [30] Mais aussitôt, c’est la fruition du Vin nouveau, la fruition de l’amour. Comme le soleil porte la guérison dans ses rayons,[22] le Cœur de Jésus englobe toutes situations en tous temps, exactement comme au jour du Samedi saint. L’Heure de Présence épouse le mouvement de la Croix embrassant tous les temps passé & à venir depuis 1863 & y compris avant 1863[23] – année de fondation de la GDH. [31] Nous offrons l’Heure de Présence pour nos contemporains en concluant avec les mots de Jésus : « Par Lui, avec Lui et en Lui, je me sanctifie afin qu’ils soient eux aussi sanctifié dans la vérité »[24]. Ainsi, les gardes d’Honneur sont unis au Cœur de Jésus comme les rayons le sont au soleil. Ensemble, ils arrosent de la Grâce sanctifiante leurs frères et sœurs en tous lieux et pour tous les temps. Ils ont répondu, attirés par l’appel du divin Époux : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive, et des fleuves d’eau vive couleront de sa poitrine »[25], fleuves intarissables, qui jaillissent en vie éternelle[26]. [32] Transporté en esprit au Tabernacle, chaque priant se rend présent à « la charité infinie de Jésus-Christ qui nous pousse à l’aimer en retour. »[27] Il voit alors son propre cœur s’élargir au temps divin, uni au « Fils éternel qui est tourné vers « le sein du Père »[28] depuis & pour toujours. »[29] Ainsi, le garde d’Honneur participe à l’infini de Dieu au sein de ses activités les plus prosaïques, ce qui sanctifie l’Heure de Présence choisie[30], mais encore bien au delà : Dieu étant omniprésent, la force de cette prière est dans son infinie générosité dont l’Amour déborde jusqu’à nous, com-me dans un monastère invisible de milliers de frères et sœurs unis en Christ, par delà le temps et l’espace.
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CONCLUSION
[33] Trois remarques ouvrant sur la démarche d’Artisans de Paix :
- J’ai été frappée par la Transfiguration se situant AU MIDI du calendrier liturgique ortho-doxe de Claire. Si nous devions établir sur ce modèle un calendrier œcuménique, voire interreligieux d’Artisans de Paix, la Transfiguration ne devrait-elle pas aussi se situer au midi ?
- En filigrane de mon exposé on peut deviner la présence des 7 Demeures spirituelles d’Ar-tisans de Paix. Le temps spirituel représenté par le labyrinthe du logo, où les Demeures sont contemporaines les unes des autres, peut s’y appliquer. Ce temps-là ne peut être enfermé dans nos critères de mesure habituels. Dans le souffle de l’Esprit, il touche à l’éternel qui fruc-tifie au centre du labyrinthe.
- Comme porteuse de la 6e Demeure spirituelle de la Fraternité Œcuménique d’Artisans de Paix, ma vocation dans le mystère de la Visitation a encore été approfondie dans ma rela-tion avec la sensibilité de Claire. La représentation d’Antoine Gunin qui m’a été donnée de découvrir, avec les gestes spirituels de Jésus et Jean dans les entrailles de leur mère « qui ne sucent pas leur pouce », ne pourrait-elle pas figurer ce mystère de toute vraie rencontre pour les artisans de Paix ?
Enfin, grâce à cet exposé œcuménique, j’ai véritablement fait l’expérience du chemin de sanctification d’Artisans de Paix au cœur de ma relation avec Claire.
Sandrine Treuillard
Chargée de mission de la Fraternité eucharistique catholique d'Artisans de Paix
Déléguée à Paray-le-Monial
N O T E S
[1] Les numéros en bleu et gras renvoient aux images du diaporama pdf en pendant de ce document écrit.
[2] Mt 5, 3-12.
[3] Is 7,14.
[4] 1 Jn 4,8b.
[5] Za 12,10.
[6] Is 12, 3.
[7] Jésus à Marguerite-Marie, le 27 décembre 1673, lors de la 1ère apparition.
[8] En grec, ekklêsia signifie assemblée.
[9] Au Cénacle, le Jeudi saint, Jésus demanda à ses disciples de reproduire ses gestes de prendre le pain, de le bénir, de le rompre et de le donner à ses disciples, en disant : « Prenez et mangez en tous : ceci est mon Corps livré pour vous ». Il leur demanda aussi de reproduire ses gestes de prendre la coupe remplie de vin et de rendre grâce, en disant : « Prenez et buvez en tous, car ceci est la coupe de mon Sang, le Sang de l’Alliance nouvelle et éternelle, qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés. Vous ferez cela en mémoire de moi ».
[10] Lc, 22, 15.
[11] Source de l’image : Le Cœur de Jésus et l’effusion de l’Esprit Saint de Didi Marmoud – Illustration de couver-ture (détail) de Dilexit nos, Éditions Emmanuel, 2024.
[12] « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde » Jn 1, 29 & suivant.
[13] Des Hébreux en Exode : « Voici le sacrifice consumé par le feu que vous offrirez à l'Éternel : chaque jour, deux agneaux d'un an sans défaut, comme holocauste perpétuel. » Nb 28,3.
[14] Ap 19,9.
[15] Mt 27, 51-53.
[16] Cf. Jn 19, 13b-14.
[17] Et toi, comment lis-tu ? Quand la parole de Dieu semble difficile, Loïc Bonisoli, Paris, Cerf, 2022. Cité dans la Revue Magnificat, mars 2025, p. 77.
[18] Dieu « dévoile ainsi le mystère de sa volonté, selon que sa bonté l’avait prévu dans le Christ : pour mener les temps à leur plénitude, récapituler toutes choses dans le Christ, celles du ciel et celles de la terre. » Ep 1, 9-10.
[19] C’est ce que nous fêtons lors de la fête du Christ-Roi de l’Univers, solennité qui clôture l’année liturgique avant la période de l’Avent pour aller vers Noël, Temps de l’Avent qui commence la nouvelle année liturgique.
[20] Cf. Geneviève Vigne Quand le Cœur de Dieu parle au cœur de l’homme – Sœur Marie du Sacré-Cœur et la spiritualité de la Garde d’Honneur, Édition de La Visitation de Paray-le-Monial, 2013, Ch. Les traits principaux de la Garde d’Honneur – Réflexions sur une spiritualité, p. 150. Nous reprenons sa réflexion sur le temps et la GDH.
[21] Avec Marguerite Marie, la blessure est symbolisée par la plaie, la croix et la couronne d’épines. Sr Marie du Sacré-Cœur y adjoint la lance.
[22] « Mais pour vous qui craignez mon nom, le Soleil de justice se lèvera : il apportera la guérison dans son rayon-nement. Vous sortirez en bondissant comme de jeunes veaux à la pâture. » Livre du prophète Malachie 3, 20.
[23] Depuis 1863, où la visitandine fondatrice, sœur Marie du Sacré Cœur Bernaud, reçut le Cadran de la GDH et qu’avec ses sœurs du Monastère de la Visitation de Bourg-en-Bresse, elle mit en pratique cette prière.
[24] Prière de l’Heure de Présence au Cœur de Jésus de la Garde d’Honneur du Sacré Cœur :
« Seigneur Jésus, présent au Tabernacle, je t’offre cette heure avec toutes mes actions, mes pensées, mes joies et mes peines, pour glorifier ton Cœur par ce témoignage d’Amour.
Puisse cette offrande profiter à mes frères et sœurs et faire de moi un instrument de ton dessein d’Amour.
Par Toi, avec Toi et en toi, « pour eux je me sanctifie afin qu’ils soient eux aussi sanctifiés dans la vérité. » (Jn, 17, 9) – Cœur Sacré de Jésus, Que ton Règne vienne !
[25] Jn 7, 37-38.
[26] Cf Jn 4,14.
[27] Léon XIII, Lett. Enc. Annum sacrum [25 mai 1899] : AAS 31 [1898-99], p. 649 : Denz. n° 3353, cité dans Dilexit nos, n°79, Éditions Emmanuel, 2024, p.56, note 69.
[28] Jn 1, 18. Dans le Prologue de l’Évangile de Jean, « il ne s’agit pas d’une origine chronologique mais ontolo-gique, avant la création du monde. Alors que les trois autres évangiles commencent par l’humanité de Jésus, Jean commence par son éternité et sa divinité.
[29] Pape François, Dilexit nos, n°74, Éditions Emmanuel, 2024, p.49. Dans son discours sacerdotal, Jésus s’adresse au Père en présence des disciples : « Tu m’as aimé avant la fondation du monde ». Jn 17,24. « Pour créer le monde, Dieu a prononcé son Verbe (cf. Gn 1,3-31) qui était avant le temps, et cela a été efficace (cf. Ps 33,9 ; Is 48,3 ; Sg 9,1 ; He 4,12). Ainsi, seul Dieu, source de tout être, était avant toute chose, qu’il créa à partir de rien (cf Gn 1,1-2). » LES QUATRE ÉVANGILES – Traduction de la Vetus Syra, Trad. Intro. & Notes : Étienne Méténier, Éditions des Béatitudes, 2024, Évangile de Jean, Prologue, note n°9, p. 263.
[30] Prière de l’Heure de Présence au Cœur de Jésus de la Garde d’Honneur du Sacré Cœur :
« Seigneur Jésus, présent au Tabernacle, je t’offre cette heure avec toutes mes actions, mes pensées, mes joies et mes peines, pour glorifier ton Cœur par ce témoignage d’Amour.
Puisse cette offrande profiter à mes frères et sœurs et faire de moi un instrument de ton dessein d’Amour.
Par Toi, avec Toi et en toi, « pour eux je me sanctifie afin qu’ils soient eux aussi sanctifiés dans la vérité. » (Jn 17, 9)
Cœur Sacré de Jésus, Que ton Règne vienne !
[31] Bien que contemporain de Sr Marie du Sacré Cœur Bernaud, S. Pierre-Julien Eymard ne l’a jamais rencontrée. Lui-même désirait créer une garde d’honneur au Saint Sacrement, ce qu’il réalisera en fondant la Congrégation des Pères, puis des Servantes du Saint Sacrement, en 1856-58. Voici ce qu’il dit dans sa Neuvaine au Sacré Cœur à Saint-Sulpice, à Paris, en 1861, deux ans avant la vision du Cadran par la visitandine : « Le cœur de Jésus est vivant au très saint Sacrement. Il n’est vivant que là. Donc l’Eucharistie doit être le centre de notre culte d’ado-ration du Sacré Cœur. » Dans la GDH du Sacré Cœur, même si nous n’y pensons pas, nous sommes transportés en esprit devant le Tabernacle, adorant Jésus Eucharistie. Rencontre avec l’Éternité de l’Amour de Dieu qui agit sans faire de bruit, perpétuellement dans notre être, dans ce que nous faisons et dans le monde, bien au delà de ce que nous pouvons imaginer. À ses pieds, comme « l’ami de l’époux, il se tient là, il entend la voix de l’époux, et il en est tout joyeux » (Jn 3,29). Et sa « joie est parfaite ». Aussi bien quand il mange le corps du Christ à la messe ; ou dans le cœur à Cœur avec Jésus caché dans les tabernacles de partout ; ou le contem-plant serti dans l’ostensoir.* Sur terre, c’est dans l’Eucharistie que nous rencontrons le Cœur immortel et battant de Dieu, éternellement. [* Il s’agit d’« offrir ce calice de bénédiction [le Cœur de Jésus] à la suradorable Trinité pendant cette heure, renouveler sans cesse la TRÈS PRÉCIEUSE OFFRANDE du sang et de l’eau sortis de la blessure du cœur du Christ ; d’une manière mentale et inaperçue, en allant, en venant, en travaillant, en souffrant, en conversant même ; en un mot par chaque battement de son cœur. » Manuel de l’Heure de Présence au Cœur de Jésus, Nouvel édition par le Monastère de la Visitation de Paray-le-Monial, 2009.]
À 1h27'40" intervention œcuménique à 2 voix alternées
de Sandrine Treuillard (catho) et Claire Toader (orthodoxe),
avec diaporamas à l'appui.