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  • PMA-GPA : Le consentement à nos limites : un chemin de fraternité et de fécondité

    Chers amis,

    Merci d’être là.

    Nous sommes là parce que nous ne cédons pas aux modes et aux passades, « comme la paille balayée par le vent » (Ps. 1, v. 4). Nous sommes là pour « dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, dire bêtement la vérité bête, ennuyeusement la vérité ennuyeuse, tristement la vérité triste » comme l’écrivait Charles Péguy[1].

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    Quelle est-elle cette vérité ?

    C’est que notre société, adolescente, est incapable de poser des limites aux volontés individuelles, quelles qu’en soient les conséquences sur l’ensemble du corps social. (« Dire que je veux et le choix et ce que le choix m’interdit, ça devient une forme d’adolescence d’une société » disait Aïm Korsia, Grand Rabbin de France, devant l’Assemblée nationale, le 29 août 2019).

    C’est que la ‘PMA’ sans père n’a rien à faire dans une loi relative à la bioéthique, parce qu’aucun progrès médical n’est en cause - la première insémination artificielle date de 1790 (Hunter) - !

    C’est que ce n’est pas en créant, par la loi, des familles monoparentales, comme autant d’îlots balayés par le vent et par les vagues, que nous retrouverons le fil d’un projet national.

    C’est qu’après avoir réduit le père à un fournisseur de ressource biologique, c’est-à-dire à sa semence, nous réduirons la mère à son utérus. Édouard Philippe écrivait, d’ailleurs, en 2013 : « Nous nous opposerons résolument à la PMA pour les couples homosexuels féminins, et à la GPA qui, au nom de l'égalité, ne manquera pas d'être réclamée par la suite ».

    C’est que le relativisme des ”valeurs” et des ”lignes rouges” (même à la présidence du CCNE !) fait de nous un bateau ivre, sans boussole ni port d’attache.

    C’est que la suppression, par cette loi, du cadre pathologique de l’AMP nous conduira, cahin-caha, au bébé parfait pour tous… et à l’eugénisme libéral.

    C’est qu’un enfant, n’en déplaise au Rapporteur Touraine, a bien le droit d’avoir un père !

    C’est, Madame la Ministre de la Santé, que M. Elie Buzyn, dont la vie est une victoire contre la barbarie et contre la mort, n’est pas « une femme, une altérité, un oncle ou une grand-mère » mais est votre père !

    C’est que si l’intérêt de l’enfant est une ‘considération primordiale’, il n’est pas possible de consacrer - en même temps - le droit de tout adulte à accéder à une semence labellisée et à une assistance à la procréation, c’est-à-dire au droit à avoir un enfant !

    *

    Dira-t-on demain de nous, de la France : C’est un triste pays, celui dont le Président n’aime pas les enfants !

    *

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    Mais si nous avons à témoigner de la vérité, nous avons, aussi, à rendre compte de l’Espérance qui habite en nous

    Une autre société et autre projet de loi sont possibles.

    Une société dans laquelle la lutte contre l’infertilité serait une grande cause de santé publique.

    Une société dans laquelle l’indisponibilité et la non-patrimonialité du corps humain seraient gravées dans le marbre de la Constitution.

    Une société dans laquelle on prendrait soin, avec précaution, du scarabée pique-prune mais dans laquelle les enfants ne compteraient pas pour des prunes !

    Une société qui, au lieu d’adapter le corps des femmes au monde du travail (avec cette autoconservation ovocytaire qui est de la poudre aux yeux !), adapterait le monde du travail au corps des femmes.

    Une société qui limiterait l’absolutisme des techniques sur notre environnement mais, aussi, sur notre nature humaine, pour le bien des générations futures…

    Une société dans laquelle on continuerait à célébrer la Gloire de son père, tellement plus que celle d’un tiers donneur !

    Une société dans laquelle l’être humain, quel que soit le stade de son développement, serait toujours considéré comme une fin et jamais comme un moyen pour des chercheurs et pour des marchés…

    Une société dans laquelle l’homme et la femme feraient du consentement aux limites de leur corps et de l’acceptation de leurs manques, un chemin de fraternité et de fécondité…

    *

    L’espérance est

    « comme un enfant qui n’aurait pas la force de marcher

    et qu’on traînerait sur la route malgré elle.

    Et en réalité […], c’est elle […] qui fait marcher tout le monde.

    Et qui le traîne.

    Car on ne travaille jamais que pour les enfants »

    comme disait Péguy[2].

    Bertrand & Gaëlle Lionel-Marie
    Avocats au Barreau de Paris

    #Marchons Enfants ! Mobilisation nationale
    6 octobre 2019, Place du 18 juin 1940, Paris

     

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    [1] Charles Péguy, Lettre du Provincial, I, pp. 291-292.

    [2] Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu, IV, p. 537.

     

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  • La science-fiction pour tous c'est (toujours & encore) maintenant !

    lucien fornello,la france,politique,théorie du genre,homophobie,conscience,pma,gpa,lmptLa Vaillante souhaite donner à lire à nouveau cet article du 5 juin 2013, de Lucien Fornello, qui annonce la logique de l'histoire des transformations sociétales brutales amorcées avec le mariage pour tous : PMA sans père et GPA, contre lesquelles nous Marcherons pour la Liberté l'Égalité & la Paternité Marchons Enfants ! - Mobilisation nationale, ce dimanche 6 octobre 2019, à partir de 13h place Edmond Rostand, entre le Sénat et le Panthéon.
    Départ du cortège 1h-1h30 après. Direction Montparnasse, place du 18 juin 40 !

     

    lucien fornello,la france,politique,théorie du genre,homophobie,conscience,pma,gpa,lmpt

    Deux photographies de La Manif Pour Tous Île-de-France — #Marchons Enfants ! - Mobilisation nationale n°1
    Place Edmond Rostand, au départ, et Place du 18 juin 1940, à l'arrivée.

    lucien fornello,la france,politique,théorie du genre,homophobie,conscience,pma,gpa,lmpt

     

           On ne comprend rien à la problématique de la loi Taubira si on n'en mesure pas la dimension ultra-libérale, mondialiste et totalitaire. Les grandes banques de la planète, à commencer par la Goldman Sachs ; l'écrasante majorité, si ce n'est la totalité des grands groupes économiques ; enfin l'ensemble des institutions supranationales, comme le Conseil de l'Europe, soutiennent activement, d'une manière ou d'une autre, l'introduction de la théorie du genre dans l'éducation et dans les structures politiques de tous les pays, ainsi que le mariage homosexuel qui en est un premier fruit, un symbole et un cheval de Troie. Loin d'être une émancipation, je tiens que ce projet vise un asservissement. Il nous faut mettre des mots là où le pouvoir a placé des leurres, et retourner, là où on l'identifie, le retournement lexical qu'il aura opéré. Retourner le retournement, voilà une tâche qu'il ne faut pas faire trop mécaniquement... Pour notre bonheur, l'ennemi désigné, mais innommable au sens propre, ne peut avancer constamment masqué ni informulé. Aussi, même s'il est difficile de définir la nature du pouvoir contre lequel nous luttons, il est temps d'en dessiner quelques contours et d'essayer d'en saisir l'essence.

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           Certaines contradictions sont à interroger dans leurs nuances. Vivien Hoch, journaliste prometteur, rendait sur une radio libre, entre deux diatribes contre la loi Taubira, un vibrant hommage à Margaret Thatcher à l'occasion de ses obsèques. La dame de fer et Ronald Reagan, dans les années 1980, formèrent le redoutable duo qui accéléra la dérégulation économique. On ne peut sans doute pas les réduire à cela. On ne peut non plus nier que la gauche plus hypocrite n'a cessé de faire la même chose en prétendant le contraire. Mais les faits sont là, et nous vivons aujourd'hui les conséquences de ces décisions. Si Vivien Hoch en tant que « libéral-conservateur » salue celle qui représente le capitalisme triomphant, je lui suggère un petit effort de clairvoyance envers un certain nombre de paradoxes, de contradictions, de conflits que porte ce quasi-oxymore de libéral et conservateur. Ces tensions, pour être exposées et même incarnées en clivage politique, à commencer par celui entre gauche et droite, n'en restent pas moins des questions intérieures pour le penseur, des problèmes insolubles pour la collectivité, voire des dilemmes générateurs de souffrance. Je pense qu'il y a un piège pour la pensée de la liberté à rester dans ce droitisme qui ne mène qu'à la moitié du réel. Il n'est qu'à observer combien les médias et les hommes politiques cherchent à tout prix à politiser le mouvement « manif pour tous » dans le sens de ce clivage pour se convaincre qu'il s'y cache plus que jamais l'un des nœuds par lesquels un système nous tient.

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           Une difficulté, quels que soient nos fondements intellectuels, est de penser la nature du pouvoir ; de reconnaître qu'il ne s'agit pas de camps, ni même de classes, mais de quelque chose de plus insaisissable, qui a rapport au système politique et à la structure de notre économie. Nous devons admettre que même les institutions démocratiques ne suffisent pas à la justice ni même à la considération du peuple et de la nation. La liberté réelle, c'est-à-dire en grande partie économique, n'est pas mieux garantie dans un monde libéral où règnent les multinationales que dans un système plus mixte. Le problème est que nous appelons libéral ce qui en est par endroits presque l'opposé, et que nous qualifierons facilement d'anti-libérale une lutte qui a pourtant tous les aspects d'une défense de la liberté, y compris économique. Quel est ce paradoxe ? Comment voir à l'endroit ce qui se propose à l'envers depuis si longtemps à notre esprit ?

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           La complexité de ce monde et de ce système ne peut nous empêcher une simplicité radicale du constat : aujourd'hui la finance, les banques, ainsi que les multinationales de l'agro-alimentaire, de l'industrie (notamment militaire) et des services – parfois des deux ou des trois ensemble – tiennent le pouvoir politique et médiatique d'une manière qui ne s'est jamais vue auparavant. Le politique apparaît dissous dans ce méta-pouvoir qui l'englobe et qui lui donne ses missions. Mais on n'a rien compris à notre époque si on n'a pas identifié la part idéologique nécessaire à ces puissances désincarnées : la mission de l’État, un peu partout, n'est plus seulement de faire le flic ou l'éducateur, mais de vertébrer idéologiquement l'énorme Mammon autrement trop mollusque ou trop brutal et qui, pour puissant qu'il soit, n'est jamais qu'une illusion. Illusion, certes, qui devient réelle – notamment lorsqu'elle s'appuie sur des armes ou qu'elle crée de la monnaie – mais illusion quand même. Ainsi devient-il quasiment proverbial que le dollar maintient sa valeur du fait qu'en dernière instance il ne trouve sa réalité, sa protection, sa vérité que dans les bombes atomiques américaines, alors même que l'armement exorbitant des États-Unis n'a été possible en large partie que par le leurre du dollar... Nous voilà apparemment loin de la France, de la souffrance du citoyen sincère de gauche, qui ne comprend pas pourquoi on devrait liquider un système social protecteur ou interdire une participation de l’État à l'économie en vue du bien commun ; et de celle du citoyen sincère de droite, qui reste pétrifié et souvent impuissant face au gâchis des énergies, à la haine de soi et au renversement des valeurs. Nous voilà loin apparemment du sujet lancé, la question du mariage homosexuel dont les opposants, après tout, aurait pu se recruter sur notre gauche en cas de référendum. Pourtant, on peut se demander si les angoisses de l'un et de l'autre ne sont pas non seulement toutes les deux légitimes, mais souvent les mêmes – et si, finalement, il ne faut pas aller voir d'un peu plus près comment s'organise entre droite et gauche une alternance-leurre qui nous dessaisit de notre destin. Ainsi pourrons-nous nous désenvoûter de ce système entré dans les psychismes, et mieux construire une alternative populaire affranchie de ce clivage. Comme le référendum de 2005, le mouvement contre le mariage homosexuel est une occasion de repenser la chose politique, d'identifier le pouvoir qui nous menace, mais aussi de prendre en considération l'existence d'un levain par-delà gauche et droite, qui est notre seul trésor en tant que peuple.

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           Jean-Claude Michéa dans ses derniers ouvrages, notamment Le Complexe d'Orphée (éditions Climats), rappelle quelques vérités oubliées : l'origine philosophique de la gauche est les Lumières, une pensée économiquement et politiquement libérale. Au XIXème siècle, la gauche est le parti bourgeois, libéral et anti-conservateur. Les mouvements socialistes et ouvriers en sont distincts. Ce n'est que tardivement, au début du XXème siècle, que ces mouvements, largement contaminés par le matérialisme marxiste, s'y coaliseront à l'occasion de l'affaire Dreyfus. La gauche devient alors un camp bourgeois et ouvrier. Le progrès, un temps, sera le terme incarnant la jonction. L'anticléricalisme pourra faire ciment – ce qui prouve d'ailleurs que la gauche, qui a certains aspects d'un christianisme sans Dieu, détruit ce qui s'oppose le mieux à la folie économique, à savoir la religion. Du coup, cette gauche libérale et marxiste incarne le sens de l'Histoire, la marche en avant, la table rase. Toute sorte de charmantes locutions rappellent ce tropisme du progrès plus ou moins révolutionnaire. Dès le début, cela chante les louanges du libéralisme autant que du marxisme et cela contrarie, inquiète l'homme en sa chair, c'est-à-dire l'ouvrier, le pauvre que nous sommes tous, qui risque de perdre son bien le plus précieux – ses racines et son horizon spirituel. D'où, dès le XIXème siècle, les soupirs dépités des élites contre le peuple réactionnaire... Écoutez comme ce mouvement résonne dans l'Assemblée Nationale ou dans les médias, comme il se chuchote dans les petits bureaux, pour définir et lancer de telles réformes que la loi Taubira.

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           Il y a certes une différence fondamentale entre l'enthousiasme des lendemains qui chantent décliné en fascisme (qui a, ne l'oublions pas, des racines dans le syndicalisme révolutionnaire) ou en stalinisme, c'est-à-dire en volontarisme et en constructivisme, et, d'autre part, la marche en avant du libéralisme qui compte sur le pluralisme économique et politique autant que sur le fameux laisser-faire. Mais si effectivement on nous laissait faire, si on laissait la société vivre un peu d'elle-même, il n'est pas du tout sûr qu'on aboutirait au sans-frontiérisme économique et symbolique d'aujourd'hui. L'un des meilleurs exemples de la torsion que font subir certaines élites à la société est la Révolution Française. Turgot est comme un symbole de sa double-face. Du « parti des philosophes », devenu ministre des finances, il lancera des réformes libérales notamment sur le contrôle des prix et des spéculations. Il s'en est suivi ce qu'on a appelé la « révolte des farines » dans les années 1770, dont on a dit qu'elle préfigurait 1789. Ainsi, cet homme des Lumières par sa main gauche annonce la République des droits de l'homme tandis que par sa main droite il pousse le peuple à la faim et à la sédition ! Ce n'est pas un simple paradoxe. On voit de même les lois d'Isaac Le Chapelier détruire dès le début de la Révolution tout ce que l'Ancien Régime avait construit d'équilibre économico-social, notamment certains droits des travailleurs de se rassembler en corporations. Il n'est pas sûr que le peuple y ait gagné. La dérive totalitaire de la Terreur, la répression génocidaire contre le peuple vendéen forment une autre face du phénomène. Les français ont vécu dans ces années à peu près toutes les problématiques de notre modernité. Mais la question est toujours la même : où est la vraie liberté des individus, des corps, de la société, comment trouver le vrai libéralisme et le mettre en mouvement ? 

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           À l'heure actuelle, il se dessine une forme de totalitarisme par les décisions d'un pouvoir mondial ni élu, ni représentatif, ni transparent. Or, ce pouvoir se forme d'un mélange entre un libéralisme financier et une idéologie libertaire, entre la fiction d'une planète mixée et une dureté économique de plus en plus palpable. La gauche, c'est toujours ce mouvement en avant, qu'il soit de construction ou de destruction, tandis que l'idée de droite est éminemment conservatrice. Aussi, les mouvements nationaux-socialistes, ou fascistes, sont des bêtes bizarres qu'on ne peut placer à droite ni à gauche, car la droite peut être autoritaire, non pas révolutionnaire ni totalitaire. Être de droite, c'est seulement ne pas être de gauche et, pour des raisons diverses, ne pas adhérer à une idéologie ou un projet. C'est ce qui aujourd'hui se retourne plusieurs fois pour faire du socialiste réel un conservateur et du libéral de droite un liquidateur. Si on refuse de penser ce retournement et cette « pensée double » du système, on risque de toujours se tromper de combat, qu'on soit de droite ou de gauche. Mais il y a plus : l'idée de gauche repose sur l'idée que l'homme peut lui-même non seulement faire son monde mais se refaire lui-même. Cela a peut-être une origine dans cette préférence hautement libérale et révolutionnaire pour la notion de droit par rapport à celle plus religieuse de personne – substitution qui mène au relativisme. Ainsi, les humanismes promothéens du communisme ou du fascisme, l'humanisme plus ouvert du libéralisme juridique, ou encore l'humanisme utopique-naturaliste de l'écologie, si différents paraissent-ils entre eux, s'opposent tous à l'humanisme chrétien, qui repose sur l'unicité de la personne et l'égale dignité des êtres, où il place quelque chose de sacré, c'est-à-dire qu'on ne peut toucher ni remplacer. La technologie et la science peuvent aujourd'hui réaliser partiellement le fantasme de dépassement de l'homme par l'homme et elles produisent une gauche d'un nouveau genre, « stade suprême du capitalisme » selon Jean-Claude Michéa, et que j'appelle, pour ma part, la gauche transformiste.

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           Aujourd'hui, la gauche fournit l'alibi du progrès à la liquidation permanente qu'opère le capitalisme total tandis que la droite l'établit comme le règne de la liberté. Nous pouvons observer cependant à quelle époque la gauche cesse d'être elle-même double (bourgeoise-ouvrière), c'est-à-dire, en somme, à quel moment elle abandonne la thématique sociale et au moins l'apparence d'un discours de défense des travailleurs. En France, c'est dans les années 80 que s'opère ce changement. Au sujet de l'immigration, c'est spectaculaire : alors que tous les mouvements ouvriers se déclaraient contre, non par xénophobie, mais parce que fondamentalement ce n'était pas l'intérêt du travailleur ni d'ailleurs une aspiration de l'intellectuel sincère, voilà que soudain les élans anti-racistes se multiplient ; que l'accueil de l'étranger, vertu essentielle, devient le socle dévoyé d'une propagande immigrationniste larmoyante et que, suprême détournement, on invoque la diversité, réalité humaine vitale, comme une valeur obligée, uniformisante. Il faut se souvenir des déclarations en 1980 du premier secrétaire du Parti Communiste Georges Marchais qui condamnait l'immigration comme une demande patronale contre les intérêts de l'ouvrier pour se convaincre du changement radical de logiciel. Il faut se souvenir aussi que c'est à partir de 1969 un gouvernement appuyé sur la majorité la plus droitière de notre Histoire qui a, d'une part, accéléré l'immigration, au prétexte, selon Pompidou, « qu'ils en voulaient toujours plus » – ce « ils » désignant les industriels – et, d'autre part, les premières lois contre la discrimination qui, sous de nobles aspects, commençaient à défaire la préférence nationale, autre nom de la citoyenneté, en distribution généreuse des droits « à tous », allant vers une dépossession progressive du travailleur français.

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           Ce même Pompidou, ex-employé de la banque Rotschild, fera voter la fameuse « loi 73 » qui ôte à l’État français sa capacité de battre monnaie, le mettant du coup dans la main des marchés, changement conçu avec le ministre des finances Giscard promis à un bel avenir. (Notons au passage qu'aujourd'hui le fait, pour un état, de mettre la main sur sa banque centrale n'est même plus critiqué pour des raisons techniques mais idéologiques : comble du retournement lexical, on considère ce geste comme une atteinte à la démocratie, par exemple au sujet de Victor Orban en Hongrie, alors que c'est le retour de l'argent au service du bien commun). C'est sous ce même Giscard devenu à son tour président que les premières lois du regroupement familial furent promulguées. En substituant l'étranger à l'ouvrier, la gauche n'a donc fait que se convertir à ce projet économico-politique de l'immigration massive en lui donnant, il est vrai, sa caution morale et en étouffant, que dis-je, en culpabilisant les protestations du petit travailleur qui aspirait à une légitime priorité. Jean-Marie Le Pen et les médias se chargeront de colorer de soufre une revendication pourtant si juste, si modérée. Entendons-nous bien : ce ne sont pas les immigrés, nos frères comme tout autre, souvent eux-mêmes le jouet de ces puissances, ce sont les pouvoirs cyniques de la grosse économie et de la fiction idéologique du métissage universel qu'il faut ici pointer. À partir du moment où ces personnes sont entrées sur le sol, les conséquences de leur accueil et de leur droit non seulement ne sont pas à remettre en cause, mais tout renouveau ne se fera qu'en incluant tous les citoyens dans un projet national. En revanche, on peut s'interroger sur la sincérité d'une gauche qui appelle à toujours plus d'immigration au nom des droits de l'homme ainsi que d'une vision multicolore de la société déracinée, accomplissant en cela l'un des vœux principaux du marché qu'elle prétend combattre – et sur la sincérité d'une droite qui en dénonce les méfaits alors qu'elle en est l'instigatrice, qui fait mine sans arrêt de la modérer ou d'en durcir les conditions sans rien faire qu'attiser des sentiments de plus en plus vains, malsains et impuissants. On peut se demander si l'intégration, concept qui ne va pas de soi, est aujourd'hui seulement possible et si ce n'est pas ça le but recherché : le fractionnement des nations et le déracinement surplace des populations européennes.

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           Quel rapport avec le mariage homosexuel, me direz-vous ? J'en vois plusieurs. D'abord, il s'agit d'une loi qui concilie le pire de la gauche et de la droite, en bref qui incarne la jonction entre le transformisme social et le libéralisme économique. L'autre enseignement, c'est que les forces politiques « tournent ». La gauche passe du libéralisme à l'étatisme, puis, comme la droite, elle fait le contraire, et l'une et l'autre oscillent entre des désirs de « marche en avant » d'un côté et de protection ou de reconstruction de l'autre – du moins dans leurs discours, afin d'amadouer le peuple. Aussi, la revendication du mariage homosexuel ne me semble pas être un combat « de gauche » ni, à fortiori, notre opposition être un combat spécifiquement « de droite » au sens où sont les clivages d'aujourd'hui. Cela, si différent parût-il au premier abord, se rapprocherait plutôt de la mobilisation populaire contre le projet européen de 2005. Et c'est un signe des temps. L'opinion change au gré de ses difficultés et de l'épreuve du réel, par exemple au sujet de l'euro et de l'Union Européenne, et c'est une vertu de la démocratie que d'avoir toujours ce thermomètre. Or, les élites ne prennent plus en compte les températures qu'il indique. Elles mettent en scène, au contraire, la disqualification de ce thermomètre en invoquant l'extrémisme ou le populisme.

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           Il est temps de l'admettre : nous ne sommes plus maîtres chez nous. Pas plus nous, petit peuple, que le sous-fifre François Hollande. Et s'il tient bon à tout prix, s'il ne reviendra probablement pas sur la loi Taubira et si aucun homme politique n'y touchera dans les années qui viennent, c'est parce qu'un certain pouvoir supranational l'exige : il y a des pressions dans ce sens et cette loi doit absolument passer en France comme dans d'autres pays. Comment expliquer autrement qu'elle soit votée en ce moment à Chypre, en Angleterre et ailleurs, sous diverses formes ? Nous devrions en tenir compte dans notre stratégie de communication et d'information : plutôt que de crier au pourvoir « cède ! » nous devrions lui dire « résiste en notre nom ! ». Aussi, entre le référendum sur l'Europe et les mouvements d'aujourd'hui, on observe d'étranges similitudes : même fracture entre les élites et le peuple, même désinformation et propagande, même activité militante et multiple, même désir de dignité, même diabolisation du peuple. Et, plus que tout, même fracture entre un pouvoir devenu insaisissable, international, et une conscience d'en bas qui, passant sans doute par quelques fantasmes, commence à entrevoir à qui elle a affaire. D'où l'enseignement essentiel à en tirer dans notre lutte : ce n'est pas en validant et en durcissant le clivage gauche-droite comme le veut ce pouvoir qui divise pour mieux régner que nous réussirons à le combattre, c'est au contraire en rassemblant le peuple autour de ses intérêts vitaux en attendant, en espérant qu'en émanent des forces politique nouvelles. D'ailleurs, il ne faut pas faire un effort si violent pour s'imaginer une situation exactement inverse : à savoir un pouvoir de droite libérale décontractée proposant le mariage homosexuel au nom du libéralisme et de la marche en avant, dans le but d'étendre à la procréation et à l'enfant le marché tout-puissant qui est son dieu avoué, et une partie de la gauche mobilisée sincèrement contre au nom du refus de la marchandisation de l'être humain, avec une partie plus centriste gênée aux entournures qui jouerait la carte de l'opposition politique en surface avec une connivence de fond. C'est plus que plausible et c'est un cas de figure dont on doit pouvoir trouver l'exemple, peut-être en Angleterre.

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           La stratégie de l'affrontement parfois bizarre, comme si nos gouvernants provoquaient volontairement le peuple, s'explique donc parce que le pouvoir ne doit pas céder, mais aussi pour une raison encore moins avouable : elle vise à cacher la misère dans laquelle il se trouve du fait de son obéissance au schéma économique global sans aucune alternative, misère qui pour l'instant se traduit par un dilemme plus ou moins à l'esprit des gens avertis, à savoir que notre gouvernement tarde à s'engager dans un cycle de réformes d'adaptation extrêmement impopulaires pour éviter d'être balayé par l'opinion, au risque de l'être par le défaut de paiement... Il temporise, attendant le moment de panique et de bousculade qui permettra de faire toutes les liquidations nécessaires, avec peut-être un resserrement de nos libertés politiques (internet, notamment, pourrait subir une restriction car, comme vous le constatez, c'est dangereux...) Le pouvoir jouera donc à fond la carte du « bouclier légitime » contre une révolution qu'ils s'empresseront de placer à l'extrême-droite, à mesure d'ailleurs que cette qualification finira par devenir réelle tout en étant, de fait, fabriquée. J'aimerais préciser quelque chose : l'adaptation économique au mondialisme qu'on nous propose est presque sans fin. On nous demandera toujours d'aller plus loin. Aussi, si on se laisse dépouiller, nous n'aurons bientôt plus aucun moyen de riposter et le pays fracturé sera littéralement à vendre. En clair, quand les français n'auront plus d'armée de haut niveau, il ne restera presque plus rien pour résister à leur intégration dans le meilleur des mondes, rien que nos corps, nos sueurs et notre vocation spirituelle.

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           Nous voilà entrés dans un moment que je propose d'appeler, en badinant un peu, la science-fiction pour tous. En effet, beaucoup d'ingrédients d'un film ou d'un livre, d'ailleurs assez mauvais, sont réunis dans les événements que nous vivons. D'abord, il y a une complète déconnexion entre un pouvoir de représentation dans tous les sens du terme – politique, linguistique et médiatique – et ce qu'il est censé représenter, à savoir les citoyens d'une part, le réel d'autre part. Cette disjonction devient si criante que même nos efforts pour ne pas basculer dans la fameuse « théorie du complot » finissent par être les sages modérateurs qui nous permettent seulement d'aller plus loin dans l'élucidation de ce cauchemar. Mais le plus grave, ce n'est pas cette déconnexion comme une sorte de dérive de l'élite en sa cage dorée, c'est la profondeur de la modification du réel par le langage. La dernière phase avant le vote du texte a vu le trucage des photos et des chiffres des manifestations ; un vote au Sénat pour le moins trouble ; et surtout la fabrication médiatique massive d'agressions hélas banales dans notre « France d'après » mais transformées en une montée nationale de l'homophobie astucieusement associée, voire carrément assimilée à notre mouvement qui n'avait rien à voir. Mais le chef-d’œuvre en terme de science-fiction est le projet lui-même : indistinction des sexes ; modification du vocabulaire ; éducation idéologique ; fabrication de bébés en vue de les vendre ; location de ventres... Une pondeuse humaine peut, en Inde, porter un embryon dont le sperme vient d'Australie, l'ovule d'Espagne, conçu dans un laboratoire américain, et elle devra rester dans une chambre collective neuf mois sous surveillance avant d'accoucher d'un enfant qui ne sera pas de sa couleur et qui sera, aussitôt, livré à des homosexuels aux Pays-Bas. Et si vous vous opposez à ce charmant tableau, vous serez un ennemi de la liberté et du progrès, tandis qu'un néo-puritanisme incriminera toute allusion à la différence des sexes. La science-fiction pour tous, c'est maintenant !

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           Nous voyons les habituelles dérives du pouvoir prendre ces formes d'autant plus effrayantes qu'elles paraissent durables : le peuple protestant contre son asservissement, pour sa dignité, est assimilé à une menace contre la liberté, voire à une racaille terroriste, alors qu'une autre partie du peuple apparaît lobotomisée en accréditant ce discours de haine. Le renversement du vocabulaire est permanent. Ainsi, le mariage homosexuel, victoire du nombrilisme pour ses rares défenseurs sincères, devient selon Mme Taubira une « victoire de l'altérité » avec Lévinas à l'appui, philosophe pourtant conservateur. Il devient « choquant » selon Monsieur Bergé de s'opposer à la gestation pour autrui alors que pour n'importe quelle conscience claire le terme « choquant » s'applique à la pratique elle-même. Enfin, nous avons entendu que la loi votée est une « victoire de l'amour contre la haine », là où, pendant des mois, les opposants ont essuyé les opprobres et parfois les matraques sans perdre leur sang froid parce qu'ils étaient mus justement par un certain amour, tandis qu'ils voyaient, de l'autre côté, se dessiner une forme de haine d'autant plus inquiétante qu'elle jouit de moyens étatiques, économiques et médiatiques presque écrasants. Oui, cela a quelque chose de la science-fiction. Mais gardons courage. Fourbissons nos armes intel-lectuelles. Convainquons les citoyens. Travaillons, mes amis. Notre révolution sera une contre-révolution par sa profondeur et sa paix – même si sur le plan symbolique une démonstration un peu musclée est sans doute nécessaire. Quant à la force, il faudra se mettre en position de l'employer au moment où elle sera devenue légitime.

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           Entendre tous les jours des mensonges finit par les rendre réels – en fausse monnaie, certes – mais tout de même efficacement. Nos lieux de travail ou de rencontre nous permettent de vérifier, hélas, que si nous sommes de plus en plus nombreux à démasquer au moins une partie de ce pouvoir mensonger, il reste puissant sur une grande partie de nos concitoyens. Ainsi une collègue, connaissant mes opinions, vint vers moi affolée, au moment de la « semaine sanglante », pour me dire : « Alors ? Tu as vu ? Les homos s'en prennent plein la gueule. Faut quand même faire attention à ce qu'on dit, hein ? » Le plus triste était la sincérité de sa colère, après même que je lui eus expliqué qu'il y avait au moins une part de manipulation. Démontons, sans nous lasser, ce mécanisme de sidération dès qu'il nous apparaît. Quand la droite alerte sur la dette et sur le système social trop coûteux, quand la gauche nous inquiète sur notre retard en termes de mœurs ou sur notre repli identitaire, elles font le même travail de culpabilisation des consciences par la sidération, au service du même pouvoir invisible, adémocratique et bancaire, dont le but de plus en plus transparent est de nous asservir pour se gorger de notre travail.

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           La loi Taubira s'inscrit dans un projet mondial totalitaire. On nous dit que le peuple a voté, que la gauche n'a pas caché son programme, qu'il y a donc une légitimité démocratique dans cette loi et que leurs opposants deviennent des menaces pour la République – on se moque de nous. Rappelons d'abord qu'au second tour des présidentielles, pour la première fois dans la Vème, François Hollande a été élu sans obtenir la majorité des votants, tant le nombre de bulletins blancs a été massif, autour de deux millions. Ensuite, posons-nous plus fondamentalement la question de savoir qui écrit ces programmes, par qui ils sont demandés, et à qui ils sont destinés. Non seulement les français pour la plupart n'en ont que faire, mais les homosexuels eux-mêmes n'ont jamais réclamé le mariage à part une minorité agissante qu'ils apprécient peu. Et il est évident que, passé l'effet comique du « ah, s'ils s'aiment, qu'ils se marient » et que les véritables conséquences du projet apparaissent, le peuple se réveille et refuse catégoriquement. Qui donc veut, qui donc voulait cette loi ? Si vous vous concentrez sur François Hollande ou le Parti Socialiste, vous vous fourrez le doigt dans l’œil. Ils furent convaincus par qui ? Je vous le donne en mille : Dominique Strauss-Kahn, car c'est un projet de l'oligarchie mondiale et c'est pour cette raison, cette unique raison, que le gouvernement ne reculera pas. S'il reste une gauche populaire authentique, on peut lui demander de nous affranchir de cette peste oligarchique qui nous impose la fabrication et la vente des bébés, dans un but final qu'il ne vaut mieux pas imaginer tant il nous glace les veines... Entre la gauche transformiste et la droite décontractée il n'y a pas l'épaisseur d'un papier à cigarette, même s'il existe des parlementaires qui ont pour l'occasion sincèrement défendu notre mouvement et lutté contre ce projet. Les autres, au service d'un pouvoir mondial bancaire, n'ont que faire des jérémiades – ils font leur boulot : liquider la France (bientôt son armée) ; asservir son peuple ; déraciner sa culture et sa langue ; car le peuple français est un ennemi viscéral, par sa conscience et son Histoire, de ce pouvoir à dominante anglo-saxonne, impersonnel comme le silence de l'or. Leur but sera bientôt de vous arracher à votre langue. La défense du Français fait intégralement partie de notre résistance par la dignité. On a le droit de refuser l'imposition de la langue unique de la mondialisation et son introduction à travers les médias, la publicité et bientôt l'éducation. Il existe un projet de passage à l'anglais de tout notre système éducatif. Cela passe par la « tête », d'abord, l'enseignement dans les facultés et les grandes écoles, comme cela vient d'être voté, puis cela redescendra jusqu'à faire jonction avec les projets d'écoles maternelles en anglais qui ne tarderont pas à fleurir. Pour en revenir au fond, et c'est la thèse essentielle de cet article, nous assistons depuis déjà quelque temps à la fusion du Marxisme et du Libéralisme qui étaient déjà des frères, dans un projet mondial de liquidation de toutes les structures au profit du seul élan capitaliste-progressiste. Un élan lui-même liquide... Si je suis favorable à une plus grande liberté économique des petits, étouffés qu'ils sont par une fiscalité délirante, je n'ai en revanche pas de fascination particulière pour le libéralisme global tel qu'il se dessine aujourd'hui en énorme absorption d'énergie, d'image et de matière... 

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           Le mariage homosexuel est une bonne affaire pour ce pouvoir idéologique. D'abord, il dissout la famille un peu plus, seule structure qui échappe à la domination politique ou économique. Il dégrade le mariage au statut de simple droit, accentuant la judiciarisation libérale. Il défait la vision séculaire du couple et de la famille. Il relativise les bases anthropologiques et crée un flottement des êtres. L'individu déconstruit est plus facile à modeler. Mais surtout, il fonde un nouvel ordre parental et dissocie la procréation de son acte naturel. Il ouvre un marché juteux (deux milliards de dollars en Inde) et fait considérablement reculer les tabous. Acheter un enfant, c'est aussi un enfant à jeter, si vous me permettez cette violence du jeu de mots. Aussi, non pas immédiatement, mais à long terme, c'est le moyen de jouir d'esclaves, éventuellement de victimes sacrificielles. Bien sûr, les conséquences ne seront pas immédiates, ce pouvoir a tout son temps, et il le prend, pour accomplir un projet qui nous est de plus en plus clair, mais qui n'aboutira jamais, du moins pas complètement. Entre le marxisme et ce libéralisme, il y a de nombreux points communs, le premier étant de considérer l'homme comme une matière – et ce n'est pas un accident : la pensée de Marx doit beaucoup aux Lumières anglaises et françaises, même si ses inspirateurs principaux sont les penseurs allemands comme Hegel et Feuerbach. C'est pourquoi j'interpelle amicalement Vivien Hoch et, à travers lui, ces blogueurs qui se définissent comme libéraux-conservateurs. Peut-être cela suscitera-t-il un débat difficile, mais fécond. Je ne résiste pas à vous resservir cette prophétie de Bernanos qui, dès 1948 – je le cite en substance – déclarait : libéralisme et marxisme apparaîtront bientôt pour ce qu'ils sont, les deux mâchoires d'une seule gueule – le matérialisme – qui ne tardera pas, s'il n'y prend garde, à broyer l'homme tout entier. Et la science-fiction revient : on fabriquera un homme volontairement déraciné. Certains livres comme les contes de fée seront interdits aux enfants parce qu'ils leur donneraient une image trop orientée des sexes. L'introduction de la théorie du genre dans l'éducation des plus petits fait partie d'un projet de contrôle : le fameux « diviser pour mieux régner », utilisé à l'échelle des nations, des peuples, des tribus, sera dorénavant introduit dans l'individu multipolaire. L'être flottant qui ne connaît même pas son sexe me semble un excellent candidat à une certaine forme d'asservissement par l'auto-éclatement et la consommation de ses existences. Hannah Arendt disait que l'un des critères du totalitarisme était l'abolition des différences. En s'attaquant à la distinction sexuelle, le nouvel ordre mondial s'en prend à la plus intime, la plus fondamentale, la plus féconde sur tous les plans de nos différences créatrices d'ordre. Est venu le temps où les puissances ne dominent plus par l'ordre, mais par le chaos et la liberté. Mais c'est cette liberté pourtant, que nous chérissons, qui vaincra – une liberté retrouvée dans son sens vrai, c'est-à-dire ayant retourné le retournement pour enfin voir clair – une liberté réelle, vivante, ouverte – qui déteste la fiction qu'on lui substitue.

     

    Lucien Fornello

    5 juin 2013
    pour La Vaillante

     

     

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  • Valeurs chrétiennes : ni défense, ni abandon : incarnation !

    Visuel Défenses Valeurs Eric Lemaître.JPG
    À l’ère des étonnantes mutations technologiques, de l’incroyable révolution numérique, des remises en cause anthropologiques, des manipulations génétiques, nous prenons conscience au sein de nos sociétés d’une transformation radicale et accélérée de certains choix éthiques, de la fragilisation des socles civilisationnels, du basculement des valeurs morales.

    Les transformations éthiques de nos sociétés se sont opérées avec les bouleversements liés à la mondialisation. Les transformations morales se sont adossées aux turbulences sociales résultant du multiculturalisme, transformations renforcées également par la fragilisation de nos modes de vie du fait de la mondialisation.

    Tous ces facteurs ont une incidence profonde sur nos relations aux autres, sur la libre conscience, l’orientation morale de chacun. Nous prenons conscience dès lors de ces tumultes. Tumultes qui résultent de l’émergence d’une culture fondée sur le relativisme, une culture qui nous inscrit dans la nouveauté sociale y compris sociétale qui devient peu à peu la nouvelle norme morale. Une norme humaniste avec ses nouvelles lois factices et artificielles fondées sur la liberté pour tous, l’égalité pour tous, la fraternité pour tous.

    • - Libertés pour tous : Jamais la norme ne s’est autant imposée, entravant la dimension de la responsabilité et de la libre conscience. La loi sur l’entrave numérique en est, hélas, la parfaite illustration.
    • - L’égalité pour tous : La crise économique et celles qui nous attendent vont conduire à des mesures drastiques augmentant de nouvelles précarités et de grandes injustices sociales. L’égalité est devenue une revendication sociétale conduisant demain à l’émergence d’une société eugéniste et purement consumériste avec ces nouvelles normes autorisant la gestation pour autrui et la procréation médicalement assistée, créant forcément de nouvelles injustices en catégorisant les êtres humains entre eux.
    • - La fraternité pour tous : La vraie fraternité est celle qui nous conduit au respect de l’autre et à la main tendue, et non à l’encouragement des communautarismes qui excluent l’autre. Nous vantons le multiculturalisme et nous oublions de dénoncer ses dérives culturelles quand ces dernières sont ouvertement antisémites, anti chrétiennes et discriminant la femme.

    Le monde nous impose ainsi de nous ouvrir aux nouveautés technologiques et transhumanistes, mais également culturelles et morales. Peu à peu, nous sommes sommés de nous habituer, de nous conformer à l’esprit de ce monde post chrétien. Nous entrons dans une forme de totalitarisme humaniste qui fixe ses normes et ses règles, un moment ouvert à toutes les doctrines et à toutes les confusions. Si dans ces contextes de bouleversements, nous évoquons également nos propres références (qu’à tort sans doute nous assimilons à des valeurs), nous sommes sommés de rentrer dans le rang.

     Notons qu’une frange du christianisme est aussi gagnée par un certain conformisme, le relativisme, l’esprit de ce monde, par cette culture de la tolérance, que ce christianisme mou confond avec la grâce. Aussi, il nous semblait important d’apporter un éclairage sur les débats qui visent parfois à culpabiliser ceux parmi les chrétiens attachés à ses "valeurs" en les jugeant trop radicaux, focalisés sur la seule dimension anthropologique et insuffisamment ancrés dans la dimension sociale.

    Dans l’ensemble des milieux chrétiens, la notion de valeurs fait aujourd’hui débat.

    Avant de rentrer précisément dans ce débat qui agite les milieux chrétiens, il importe de rappeler le sens étymologique du mot valeur. En effet, le mot valeur vient du latin valor, dérivé de valere, ce qui signifie la force, la puissance, la vigueur ou bien la bravoure. Nous prenons ainsi conscience, en premier lieu, que le terme valeur va évoluer au cours de l’histoire épousant des sens divers qui se sont distanciés de cette notion de vigueur, de robustesse, qui était le sens premier et étymologique du mot "valeur".

    Or, à ce jour, nous entendons au sujet de ce mot "valeur" de nombreuses polémiques, chacun glosant, commentant, interprétant un terme qui n’a pas le même sens pour tous.

    Ainsi, plusieurs font valoir que par "valeur", il faut entendre les valeurs sociales, celles qui relèvent de la dignité humaine, de l’émancipation humaine, ou celles qui s’inscrivent dans la dimension d’un projet social. Ou bien celles, plus identitaires, qui visent à défendre des convictions morales face à une menace sociale ou sociétale.

    Ainsi, lors de l’Assemblée plénière du Conseil National des Évangéliques Français (Le CNEF), Étienne Lhermenault, son président, s’était inquiété des dérives dans le discours de certains évangéliques, et a rappelé que le christianisme ne prône pas la défense de "valeur".

    Pour beaucoup cette explication apparaissait comme insuffisamment argumentée, puisque, de façon laconique, elle était relayée sur les réseaux sociaux sans autre développement. Pourtant, la citation d’Étienne Lhermenault a été écrite dans un contexte, celui d’un discours adressé aux milieux évangéliques pour prévenir tout discours radical où ce dernier déplorait « une focalisation sur les questions de sexualité au détriment des questions sociales ». Étienne Omnès, avec beaucoup d’humour, dans un récent article évoquait cette opposition valeurs sociales / valeurs identitaires, en parlant de l’opposition entre « les évangéliques à braguettes et les évangéliques à gamelles ». Le ton de ce billet d’humeur était bien entendu bienveillant et humoristique. Ce billet avait le mérite de nous réinterroger sur nos engagements, nos convictions, notre morale et la manière également d’appréhender la notion de valeur.

    Récemment, sur une antenne de Radio France, Jean-Luc Marion, philosophe et membre de l’Académie française faisait valoir que  « La foi n’est pas une valeur, c’est une manière », selon lui, « de se comporter qui vous rend plus solide ». Il ajoutait que d’un point de vue théologique la notion de valeur ne pouvait faire sens puisque c’est un terme économique. Il ajoutait que défendre la valeur est une forme de nihilisme pur et simple, une forme contre-productive d’appréhender la dimension de la foi, qui va bien au-delà de la valeur qui est tout au plus une forme d’ersatz remplaçant la dimension de la loi morale.

    Mais il importe, selon nous, de revenir au sens des mots puis de dévoiler ce que cachent, finalement, ces débats qui s’expriment et qui visent, finalement, à marginaliser les voix qui, sans doute maladroitement, s’expriment et souhaitent faire entendre le cri d’un monde judéo-chrétien. Ce monde au fil des siècles, et surtout des dernières décennies, se laisse engloutir dans ce monde néo libéral, libertaire, hédoniste et individualiste qui promeut une conception progressiste, humaniste et post-chrétienne.

    Or, trop de chrétiens dans nos milieux craignent, appréhendent d’être marginalisés, ont, de fait, quelques scrupules d’être perçus comme radicaux et s’en tiennent à des discours convenus, empreints de bonne volonté mal guidée. Or, à force de s’en tenir à un message apaisé et extrêmement bienveillant, nous pouvons diluer la qualité du message évangélique. Certes, ce message est ancré fondamentalement dans la grâce et s’adresse en premier lieu à un monde déchu, à des hommes et des femmes perdus qui ont besoin de retrouver le chemin, la vie et la vérité. Or, pour retrouver ce chemin, il importe que nous soyons sel et lumière et que notre propre vie soit un authentique témoignage rendu à la vérité. Nous sommes en effet appelés à agir comme témoins de l’Évangile. Ce témoignage est ancré dans la transmission de la parole faite chair. Nous sommes dès lors appelés à témoigner en vérité, en paroles et en actes sans se conformer à l’esprit de ce siècle.

    Nous, chrétiens, partout où nous sommes amenés à vivre, nous sommes tenus de manifester par l’exemplarité de notre vie l’homme nouveau dont nous avons été revêtus par la foi en Jésus-Christ, et ce, afin de toucher les cœurs, de les gagner à Christ.

    Les sens du mot valeur

    Le philosophe Emmanuel Kant, disait qu’en ce qui concerne l’homme, il ne faut pas penser en termes de valeurs, il est en quelque sorte rejoint par l’académicien Jean-Luc Marion, « car les choses ont un prix mais l’homme a une dignité », affirmait le philosophe Kant, puis le philosophe ajouta « Fixer le prix d’un être, c’est le considérer comme un moyen et non comme une fin en soi ».

    Nonobstant nous aurons tendance plutôt à raisonner à propos de la valeur en notion d’effets, de résultats ou de fruits. Si nous nous en tenons aux textes de l’Évangile, se rapportant à ce propos de Jésus, lu dans l’Évangile de Matthieu 7. 15-17 :

    « Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous en vêtements de brebis, mais au dedans ce sont des loups ravisseurs.  Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Cueille-t-on des raisins sur des épines, ou des figues sur des chardons ? Tout bon arbre porte de bons fruits, mais le mauvais arbre porte de mauvais fruits ».

    L’Évangile parle finalement de fruits, de résultats que produisent les bons ou les mauvais arbres. La dimension de valeurs est dès le départ, corrélativement, liée à la pratique de sa foi et de son obéissance aux écritures, comme le mentionnent par ailleurs les écritures rapportant la prospérité des rois d’Israël ou inversement la confusion qu’ils semèrent en désobéissant, en transgressant les commandements de Dieu.

    Pour revenir à la notion même de valeurs, nous devons reconnaître que le terme "valeur" a en effet plusieurs sens et au moins deux principaux :

    •         - Un sens économique
    •         - Un sens moral

    La valeur au sens économique

    De nombreux économistes au-delà des notions de travail, d’usage et d’échanges ont déduit que la valeur est en soi une production collective qui permet la vie en commun. Elle a la nature même, selon eux, d’une institution. La valeur est en soi ce qui caractérise fondamentalement la possibilité de répondre à des désirs comblant des besoins réels ou suggérés par la société.

    Dans le monde marchand qui caractérise la société d’aujourd’hui le mot "valeur" symbolise, le pouvoir ou la puissance de l’argent. La valeur revêt également une dimension purement consumériste que résume la définition marketing qui en est donnée : les valeurs sont ainsi, selon cette définition, l’expression d’un positionnement donné au produit et le rapport entre une dépense escomptée et le bénéfice que j’en tire en faisant usage des fonctions du produit. Dans cette dimension de valeur c’est l’esprit de consommation qui s’infiltre y compris dans l’ensemble de nos représentations, jusque dans nos rapports à la famille et à la religion.

    Nous sommes entrés dans une ère d’hyper marchandisation, ou tout s’achète et tout se vend, y compris l’embryon humain, le sperme humain. Avec ce monde de la consommation numérisée on joue à se maquiller, à se travestir, à jouer un statut, un personnage, à masquer la réalité de ce que l’on est. Nous sommes dans l’ère de la mutation anthropologique, l’ère du néo consommateur avec ses nouvelles valeurs virtuelles, apparaître plutôt qu’être.  Nous faisons usage d’une liberté factice ou nous pensons que le divertissement est devenu la valeur cardinale de la société, mais nous oublions de penser et de donner du sens. L’hyper consommation nous a offert la jouissance de l’irresponsabilité et pire. Pour citer Bossuet, nous déplorons les effets après en avoir chéri les causes. Nous plaidons ainsi la nécessité d’inverser le climat sans changer les causes :

    • - notre vaine manière de vivre,
    • - nos futiles valeurs de consommation pour être à la mode, à la page.
    • - notre goût pour une consommation sans conscience, cette consommation du jetable qui méprise l’épargne et le durable.

    La valeur au sens moral

    Dans le mythe de la caverne, le philosophe Platon prétendait qu’il existait un monde des idées pures, intangibles et universelles, qu’il fallait s’employer à les chercher. Pour d’autres, à l’inverse, dans une approche plus relativiste, les valeurs sont l’expression de nos désirs collectifs.  Les valeurs n’ont pas de caractère immuable, elles s’inscrivent comme le reflet de nos engagements transformant les valeurs dominantes du moment.

    L’Évangile, en revanche, est imperméable aux changements de ce monde contrairement à ce que certains théologiens prétendent. Dieu ne change pas de discours à l’égard du monde. Certes, la Bible témoigne de regrets concernant l’homme qui se détourne de son créateur, mais jamais les écritures ne reflètent une volonté de modifier la substance même des lois divines. Celles-ci, invariablement et de manière intemporelle, s’imposent à l’homme. Les dix commandements expriment à la fois cette universalité morale et sa dimension intemporelle.

    Nous voyons bien que le sens donné aux valeurs économiques et morales peut, en effet, être antinomique. Les valeurs économiques et morales se percutent, semblent se contredire en apparence, mais si l’on considère que la valeur est un résultat elle l’est aussi d’un point de vue moral ou spirituel. Ainsi, une nation qui s’écarte des lois divines, les transgresse, finit par périr ou s’appauvrir… L’immoralité peut ainsi se traduire par un gain ou une perte, l’enrichissement au sens spirituel ou la pauvreté au sens moral.

    Ainsi, il ne s’agit pas de défendre des valeurs (lois morales) sans en comprendre la source, les fondements les racines spirituelles.

    La valeur est dès lors plutôt le fruit amer, ou le fruit qui est un bienfait participant à la vraie croissance morale d’une cité. Aussi nous appartient-il de proclamer la vérité (les lois universelles et morales) ce que Jésus fit :

    • - dénonçant ainsi le légalisme (la norme imposée qui annihile la conscience responsable),
    • - fustigeant l’amour de l’argent  et sa puissance corruptible,
    • - rappelant également les lois infaillibles concernant la dimension anthropologique de l’altérité, comme l’ombre des choses à venir, l’épouse et l’époux.
    • - soulignant le respect sans conditions du plus faible, la nécessité d’en prendre soin.
    • - le pardon et l’invitation à changer d’attitude pour plaire à Dieu.

    La vraie question est de savoir si nous voulons défendre des valeurs sociales, identitaires, humaines ou proclamer la vérité…

    L’Écriture dans sa totalité, nous introduit dans la dimension d’une « loi morale universelle et révélée » en évoquant la nature de l’homme pécheur. Les écritures parlent de l’homme racheté qui peut naître de nouveau, revêtu d’une nouvelle identité. Si l’homme est incapable en soi de faire le bien, sa nouvelle nature en Christ le conduit à rechercher le bien.

    Aussi nous n’avons pas, en effet, à défendre des valeurs morales si elles ne nous habitent pas. Nous sommes appelés plutôt à incarner les fruits (les valeurs ou les lois morales) de cette vérité puis à rendre témoignage à la vérité par les actes que nous posons.

    Il nous semble dès lors préférable de proclamer la vérité, d’incarner en soi la dimension des fruits (valeurs) que je vis. Pour autant, balayer la défense des lois divines, autrement dit les "valeurs spirituelles", au point de dire que celles-ci ne font pas sens sur le plan théologique est, selon moi, relativement inexact.

    Derrière l’annonce il y a en effet  la grâce de Jésus-Christ, la dimension de son amour. Or l’amour de Christ est total, radical et ne relève pas d’un évangile conformiste, tiède et de confort, sans vagues ni bruits. L’amour absolu de la vie contre une conception mortifère (eugéniste) ou meurtrière qui tue et ne soulage pas (euthanasie).

    L’amour radical, notre amour radical, relève du domaine de la protection. L’amour c’est en effet protéger ! Or nous sommes bien appelés à annoncer pour secourir le plus pauvre, prendre soin de la mère et l’enfant, accueillir l’étranger, soutenir l’exclu, protéger sa famille, dénoncer l’immoralité qui blesse, qui meurtrit.

    Il s’agit bien, de fait, de fruits moraux ou de valeurs spirituelles, non ? Celles que défendait également Martin Luther King quand il dénonçait les discriminations, les exclusions… Mais quand il s’agit de Martin Luther King tout le monde est d’accord et personne ne discute cette dimension sociale de l’annonce. 0r, les valeurs que nous annonçons et défendons s’étendent aussi à la dimension anthropologique, la famille et à sa protection ! Nous revendiquons ainsi une éthique chrétienne intégrale tant sur le plan de la consommation, de la vie sociale, que sa dimension anthropologique. Nous ne posons pas ici de hiérarchie sur la dimension de ces valeurs, nous indiquons que l’absolue interdépendance  de toutes ces dimensions interagissent avec une même loi spirituelle fondée sur l’amour, sans équivoque, de son prochain.

     

    Plus que défendre les valeurs, les Incarner est une priorité, bien plus, une nécessité

    Dès lors, la famille serait-elle, par exemple, moins importante et secondaire alors qu’elle constitue l’essence et le fondement même de toute société, de toute vie sociale ? Les enfants restent à jamais marqués par leur vie familiale, ils peuvent en être meurtris, blessés, d’où la nécessité de prendre soin de la famille, de son épouse de ses enfants…

    Ainsi, le témoignage s’incarne au sein de la famille se vit en son sein ; pilier essentiel d’une vie d’église…

    Or, qu’est-ce qui fragilise une vie de famille, que nous dénonçons ?

    Il s’agit bien, de fait, de fruits moraux ou de valeurs spirituelles, non ? Celles que défendait également Martin Luther King quand il dénonçait les discriminations, les exclusions… Mais quand il s’agit de Martin Luther King tout le monde est d’accord et personne ne discute cette dimension sociale de l’annonce. 0r, les valeurs que nous annonçons et défendons s’étendent aussi à la dimension anthropologique, la famille et à sa protection ! Nous revendiquons ainsi une éthique chrétienne intégrale tant sur le plan de la consommation, de la vie sociale, que sa dimension anthropologique. Nous ne posons pas ici de hiérarchie sur la dimension de ces valeurs, nous indiquons que l’absolue interdépendance  de toutes ces dimensions interagissent avec une même loi spirituelle fondée sur l’amour, sans équivoque, de son prochain.

    Derrière l’annonce il y a en effet  la grâce de Jésus-Christ, la dimension de son amour. Or l’amour de Christ est total, radical et ne relève pas d’un évangile conformiste, tiède et de confort, sans vagues ni bruits. L’amour absolu de la vie contre une conception mortifère (eugéniste) ou meurtrière qui tue et ne soulage pas (euthanasie).

    Aussi nous n’avons pas, en effet, à défendre des valeurs morales si elles ne nous habitent pas. Nous sommes appelés plutôt à incarner les fruits (les valeurs ou les lois morales) de cette vérité puis à rendre témoignage à la vérité par les actes que nous posons.

    La vraie question est de savoir si nous voulons défendre des valeurs sociales, identitaires, humaines ou proclamer la vérité…

    • - L’amour de l’argent, la tentation de vivre à crédit ?
    • - La perte d’un emploi résultant aujourd’hui de la casse sociale qui demain viendra d’un monde numérique et d’une mécanisation totale de la société ?
    • - Le sexe…. les dégâts de la pornographie, de l’adultère, et d’une déconstruction, sans doute, demain, de l’image de soi dans ce qui fait l’altérité, dévisageant la singularité sexuée de l’être humain ?

    Si un Chrétien ne défend pas ses lois morales (ou valeurs spirituelles)  il ne témoigne pas en réalité, il se conforme à l’esprit et à la norme de ce siècle. Le psalmiste disait : Que fera le juste si la terre chancelle ?

    Annoncer n’est dès lors pas antinomique du souhait aussi de savoir dénoncer ce qui abîme l’homme, le blesse, nuit à sa vie.

    Quand nous nous exprimons également sur l’écologie, que faisons-nous ? Nous nous exprimons bien sur les valeurs, sur la nécessité de prendre soin et d’être attentif à ne pas adopter des comportements consuméristes qui dégradent notre planète. Nous parlons donc tous de fruits spirituels, incarnés dans nos existences, et cela n’est absolument pas secondaire dans le témoignage que nous avons à rendre. C’est en nous regardant vivre que nous donnons du sel à la terre, ce sont bien ces valeurs-là, qui touchent les cœurs.

    Nous annonçons et témoignons à partir d’un message. Ce message est incarné et il s’incarne autour de valeurs non théologiques mais de valeurs substantielles comme l’amour du prochain, le secours, l’accueil, l’écoute… Ce sont bien des fruits (valeurs) d’une vie spirituelle.

    Il est grand temps d’avoir des chrétiens matures, intelligents, exemplaires, et qui arrêtent de donner des leçons en permanence aux autres en prétendant incarner la voix de la raison et de la sagesse. Leur sagesse est lissée et polie mais elle ne secoue pas, n’a pas de valeur prophétique, elle se confond avec celle du monde, en réalité.

    Je mentionnerai également ce point : il y a un juste équilibre à trouver, entre témoigner et annoncer, dénoncer et prophétiser, mais ne jamais  moraliser les autres. Le monde, ce monde a surtout besoin d’exemples et nous avons sans doute péché nous chrétiens par le manque d’exemples… !

    Enfin m’adressant à tous, l’important est de se positionner dans une dimension de cohérence. Si j’annonce sans incarner les valeurs que j’annonce, je ne suis qu’un airain qui résonne sans aucune dimension, sans sel, sans saveur, sans lumière…

    Je pense ainsi à cette figure du Monde évangélique, David Wilkerson, qui reçut une vision de l’état futur du monde en 1958. Or, force est de reconnaître parfois le silence des chrétiens. De nos jours, sous prétexte que nous n’avons pas à défendre des valeurs, sommes sommés de nous taire sur les causes d’un immense désastre humain qui se prépare dans le monde, du fait de l’endettement des sociétés néo-libérales, d’une confiance quasi aveugle dans une technicité sauvage qui déconstruit et dévisage l’être humain, des idéologies malthusiennes et celles du genre qui prônent la liberté du corps, mais sont en passe de fabriquer des bébés OGM et d’orienter le monde sur une société parfaitement eugéniste.

    Enfin, comment ne pas conclure en faisant référence à cette voix prophétique qui continue de résonner dans un siècle devenu liquide, s’adressant en particulier à la mollesse, à la tiédeur, au conformisme des chrétiens, face au déluge de la corruption morale qui envahit toutes les sphères de la société ?

    Nous invitons pour conclure tous nos lecteurs, à lire ce texte de David WILKERSON qui sonne comme un véritable avertissement prophétique, rappelons que ce texte date de 1958. 


    Éric Lemaître

    Phileosophia LOGO.JPG

    Texte précédemment publié sur le blog Phileosophia :
    https://phileosophiablog.wordpress.com/2017/07/24/valeurs-chretiennes-ni-defense-ni-abandon-incarnation/

     

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  • Les électeurs voulant protéger la famille face à un dilemme : voter blanc ou voter Le Pen


    anne schaub-thomas,pma,gpa,politique,lmpt,conscience,transmission,la france,Écologie humaine,théorie du genreChère Anne,
     
    Ce qui est dans le document que vous pointez est exact. Macron est officiellement contre la GPA mais pour la filiation "artificielle" des enfants issus de GPA à l'étranger dans l'état-civil Français.
    Cette position est incohérente à mon avis, et va permettre d'arriver à la légalisation de la GPA en France en deux étapes :
    1. Le business de la GPA peut se faire à l'étranger, on ferme les yeux sur ce que cela signifie réellement, et les habitudes sont prises.
    2. Puisque cela se fait à l'étranger, pourquoi ne pas le faire aussi en France avec un "encadrement" législatif d'une GPA "éthique" qui "respecterait la dignité des femmes" (c'est légal, donc la dignité des femmes est respecté !).
    Il faut aussi prendre en compte la lettre ouverte de Macron concernant les LGBTI disponible ici. Quand il écrit "ma priorité sera une lutte implacable contre les anti-LGBTI dans toutes leurs dimensions", je comprends qu'il luttera contre tous ceux qui contestent les revendications de la communauté LGBTI, en particulier sur la question du mariage homosexuel, de l'adoption par des couples homosexuels, de la PMA et GPA pour les homosexuels, et plus généralement, ceux qui contestent l'idéologie du genre sur laquelle se base toute la théorie LGBTI. Ainsi, la promesse de Macron peut être comprise comme une déclaration de guerre contre La Manif Pour Tous qui conteste pacifiquement ces revendications des LGBTI et qui dénonce de façon argumentée cette idéologie du genre. Ceci est très inquiétant dans une démocratie.

    D'autre part, la situation électorale actuelle est inédite. Constater que les grands partis traditionnels de droite (Les Républicains, ex UMP) et de gauche (PS) ne sont pas présents au second tour est une première depuis plus de 50 ans. Cela montre le délabrement de la vie politique en France. Il faut donc analyser la situation de façon précise et voir toutes les solutions possibles.

    D'abord, on peut analyser les programmes des deux candidats restant en lice. Pour cela, je vous renvoie à l'excellent site WEB Boomerang qui analyse et compare les programmes des deux candidats sur les question "sociétales". Le résultat est sans appel : Macron ne peut être sélectionné, et Marine Le Pen s'en sort relativement bien. Il reste les questions économiques pour lesquelles il est beaucoup plus difficile de trancher entre les deux. La priorité à donner entre les deux analyses revient à se demander si les problèmes actuels de notre société viennent de dérives économiques ou de dérives morales, l'un entrainant l'autre. Pour ma part, je pense qu'il s'agit, avant tout, de dérives morales qui provoquent ensuite des dérives économiques.

    Il faut aussi bien comprendre ce que sont réellement les deux mouvements politiques restant en lice.

    D'une part, on a le Front National. Il faut se garder de plaquer la même analyse qu'il y a 30 ans sur le parti de Jean-Marie Le Pen. Sa fille a pris ses distances avec son père, et cela a fait des vagues (c'est le moins que l'on puisse dire !). La bataille a été sanglante, et c'est la fille qui a gagné. Le fait que ce parti n'ait pas été interdit montre qu'il n'est pas antisémite ou fasciste, comme certains voudraient le faire croire pour pouvoir le diaboliser. En travaillant régulièrement au Parlement Européen et au contact de tous les courants politiques européens, je peux confirmer cela. Je n'ai jamais constaté ou même senti la moindre tendance antisémite, raciste ou fasciste au FN. Néanmoins, les positions de Florian Philippot, N°2 de ce parti, sont souvent inquiétantes, en particulier sur sa tendance à vouloir augmenter le contrôle de l'état sur le pays. Cela se traduit, entre autres, par une position sur l'école qui mettrait les écoles "libres" sous contrôle étatique. Or la liberté d'enseignement est une des libertés sur laquelle je ne transige pas. Notez également que sur ce point, le programme de Macron n'est pas meilleur...

    D'autre part, on a le nouveau mouvement En Marche. Ce mouvement politique est une création nouvelle qui a été appuyée ouvertement par les médias dominants en France. Dans son livre "Un Président ne devrait pas dire cela", Hollande explique fin 2015 que lorsque l'on est bloqué par des partenaires politiques qui refusent d'aller dans la même direction que le PS, il faut créer une nouvelle formation politique sur la base de l'ancienne formation (le PS), procéder par élargissement et non par alliance, et le faire dans la perspective d'une élection présidentielle de préférence. (voir cet extrait ici). Vu les divers ralliements à En Marche, on voit bien qu'ils sont en majorité issus de l'aile libérale/libertaire du PS. Tout porte à croire que En Marche est la nouvelle version du PS sous "fausse bannière" apparente, et créée par François Hollande. Ce n'est pas bon signe...

    Pour le second tour de l'élection présidentielle, nous avons 4 possibilités :
    • L’abstention, 
    • Le vote blanc,
    • Le vote Macron,
    • Le vote Le Pen.
     
    L’abstention n'est normalement pas admissible en politique. Cela revient à abandonner le droit de vote. C'est, dans une certaine manière, abandonner la démocratie.
    Le vote blanc ne sert à rien en France, et c'est un grave problème de démocratie. Si on avait la possibilité de dire que s'il y a plus de 50% de votes blancs, tous les candidats du 1er et du second tour sont éliminés définitivement et que l'on recommence l'élection à zéro, on pourrait utiliser cette solution pour relancer cette élection sur de nouvelles bases. Mais ce n'est malheureusement pas le cas. Le vote blanc est maintenant comptabilisé dans les statistiques, mais, comme pour l'abstention, c'est une attitude qui conduit à laisser à d'autres le droit de décider à votre place.
    Le votre Macron revient à approuver son programme anti-famille et libertaire. C'est accepter de continuer sur la voie tracée par François Hollande, et je ne peux m'y résoudre.
    Le vote Le Pen reste difficile à faire vu l'histoire de ce parti et certaines orientations politiques (étatisme).

    Donc, en disant "NON A MACRON !" comme l'a décidé La Manif Pour Tous, on laisse le choix à tout le monde de décider en son âme et conscience entre le vote Le Pen et l'abstention ce qui est le mieux pour la France. C'est, de mon point de vue, la meilleure façon de respecter les personnes, en respectant leur choix, un choix qui n'est pas facile.

    Mais il faut aussi replacer cette élection dans la perspective des autres élections. Nous aurons dans un mois les élections législatives, et ce sont elles qui décideront réellement des orientations politiques du pays. Un président sans une majorité à la chambre ne peut pratiquement rien ; c'est la cohabitation. D'habitude, les élections législatives donnent au président élu un parlement qui lui est acquis, mais ce n'est pas une règle. En particulier, si le président est élu avec une faible majorité, il est moins probable que les élections législatives lui donnent également une majorité, plus encore dans le contexte actuel. Certaines personnes font ce calcul politique, et vont voter pour le candidat le moins bien placé dans les intentions de vote pour affaiblir au maximum celui qui est donné vainqueur dans tous les sondages. Dans le cas présent, ils voteront Marine Le Pen au second tour par calcul électoral et non par adhésion aux idées du Front National, sachant que Marine Le Pen n'a pratiquement aucune chance d'être élue selon les sondages. Ce raisonnement peut sembler absurde à première vue, mais il est parfaitement justifiable. D'autres voteront blanc pour montrer leur désapprobation des deux candidats. C'est aussi parfaitement justifiable, mais cela signifie également qu'ils laissent aux autres le choix de décider à leur place.

    D'autre part, appeler à voter Macron ou Le Pen au second tour des élections présidentielles n'est pas sans conséquences sur les élections législatives. Appeler à voter pour un des deux partis maintenant et appeler à voter pour un autre parti dans un mois est incohérent et décrédibilise ceux qui diront cela. Ils passeront pour des girouettes, et on n'a pas besoin de girouettes en politique. Ces politiciens de droite qui appellent actuellement à voter Macron et qui vont ensuite appeler à voter contre Macron vont se ridiculiser. Peut-être espèrent-ils sauver ainsi leur prébendes ?

    Bref, les électeurs français qui veulent protéger la famille sont face à un dilemme : voter blanc ou voter Le Pen. Cela se traduit dans tous les cas par "Non à Macron !". À eux de choisir la voie qui leur semble préférable.

    Je mets également en pièce jointe à ce message une autre analyse d'Yves Meaudre, un grand chrétien qui était, jusqu'à l'été dernier, le directeur général d'Enfants du Mékong, ONG auquel il aura consacré sa vie pour sauver de jeunes asiatiques de la mort et/ou de la misère et leur offrir un avenir digne de ce nom. Il parle de cette élection présidentielle de façon très intéressante, en constatant combien de personnes réagissaient de façon affective mais irraisonnée sur ces sujets politiques. Je vous laisse lire cette belle lettre.

    Bien cordialement.
    Antoine

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  • GPA Commerciale / GPA Altruiste ?

    Un rapport condamnant la GPA ”commerciale” et vantant la GPA ”altruiste” est présenté devant le Conseil de l'Europe. Pour le collectif No Maternity Traffic, cette distinction sert à avaliser le principe même de la GPA.

     

             La parlementaire et gynécologue belge Petra De Sutter revient à la charge. Après le rejet de son rapport le 15 mars dernier, puis son report en juin dernier doublé d'une accusation de conflit d'intérêt, elle va tenter une nouvelle fois, le 21 septembre, de faire adopter un rapport favorable à la maternité de substitution (GPA) par la Commission des affaires sociales de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe.

    Gpa-Inde Dr+FemEnceinte.jpg         Une fois encore, contre toute transparence parlementaire, les débats seront à huis clos et le projet de rapport est tenu secret. Rappelons que la rapporteur est une professionnelle de la GPA et de la PMA à l'hôpital de Gand, en outre, elle collabore avec une entreprise de GPA commerciale en Inde (Seeds of innocence). Elle a donc tout intérêt à faire accepter la GPA.

     

             La forte opposition à laquelle elle est confrontée semble l'avoir conduite à adopter une position de repli : renoncer à demander explicitement la légalisation de la GPA, et condamner uniquement la GPA commerciale tout en invoquant ”l'intérêt de l'enfant”. Cette approche, apparemment consensuelle, est un piège.

             Le piège repose sur une opposition largement fictive entre GPA altruiste et commerciale : la première serait bonne, et la seconde mauvaise. D'altruiste, la GPA deviendrait commerciale lorsque la somme versée à la mère porteuse serait supérieure aux ”frais raisonnables” causés par la GPA, or ceux-ci incluent nourriture, logement, perte de revenus, etc., ainsi que l'indemnisation de ”l'inconvénient d'être enceinte”. Autant dire que, le plus souvent, ces frais raisonnables sont une rémunération déguisée.

             La dialectique opposant GPA commerciale et altruiste est un piège qui réduit et enferme l'appréciation morale de la GPA à l'un de ses aspects secondaires : l'argent. De fait, le problème avec la GPA, ce n'est pas tant l'argent que la situation de l'enfant et de la mère qui le porte. Une GPA moins chère n'en serait pas moins préjudiciable et condamnable.


    Gpa-Inde FemEnceinteAuscultée.jpg         
    Plus encore, l'opposition entre GPA commerciale et altruiste est fictive : la seule différence porte sur le nom donné à la rétribution de la mère : on parle d'un paiement pour la GPA commerciale et d'une indemnité pour la GPA altruiste. Mais notez que le montant de l'indemnité peut être très supérieur à celui du paiement ! Alors qu'une mère porteuse reçoit environ 20 000 € ”d'indemnités” au Royaume Uni, elle ne reçoit que 10 000 € de ”paiement” en Europe de l'Est et 2 000 € en Asie. Verser 20 000 € ”d'indemnités” serait plus éthique que 10 000 € de ”paiement”

             En tout état de cause, une GPA dite altruiste génère plus de flux financiers qu'une GPA dite commerciale.

     

    Gpa-Inde FemsEnceintesAlitées.jpg         Si l'opposition entre GPA commerciale et altruiste est fictive, elle recouvre en fait une autre distinction, bien réelle : entre la GPA ”low cost” d'Europe de l'Est, et la GPA ”premium” d'Europe de l'Ouest, telle qu'elle se pratique notamment dans le service de Petra De Sutter. Ainsi, condamner la GPA commerciale, revient en fait à promouvoir la GPA ”premium”, présentée en outre comme une pratique exemplaire.

             En invitant les autres députés à condamner avec elle, de façon véhémente, la GPA lorsqu'elle est commerciale, Petra De Sutter fait porter la condamnation sur le seul caractère commercial de la GPA et épargne ainsi la GPA en elle-même. Elle tend ainsi aux députés un autre piège : celui d'entériner le principe même de la GPA, puis la nécessité de l'encadrer, c'est-à-dire de la légaliser. Il est à craindre que certains députés, heureux de condamner avec force la GPA commerciale ne se rendent pas compte du pot aux roses.

     

    NoMaternityTraffic,gpa,politique,vulnérabilité,conscience,lmpt,la france         Plus encore, la situation préjudiciable dans laquelle la GPA place l'enfant ne change pas selon qu'elle est qualifiée de commerciale ou d'altruiste. Dans tous les cas, l'enfant est l'objet d'un contrat, donné ou vendu comme un bien, objet d'un droit de propriété, ce qui le place objectivement en situation d'esclavage au sens du droit international. Dans les deux cas, l'enfant est abandonné par la mère porteuse, et les risques de rejet de l'enfant, par exemple en cas de divorce des commanditaires ou de malformation, sont les mêmes. Les conséquences sur la filiation ne sont pas moins graves, mais pires lorsque l'enfant a été porté par une tante ou sa grand-mère !

             En réalité, le problème avec la GPA, c'est la GPA elle-même.

             La seule démarche réaliste est de s'engager à combattre cette forme de trafic humain, ou alors il faut se résigner à ce que l'homme soit une marchandise pour l'homme.

             Espérons que l'Assemblée du Conseil de l'Europe saura faire prévaloir les valeurs pour lesquelles le Conseil a été institué contre cette nouvelle forme de dégradation et de servitude.

     

    NoMatternityTraffic.jpgCollectif No Maternity Traffic

    Gregor Puppinck est directeur du Centre européen pour le droit et la justice.

    Ludovine de la Rochère est présidente de La Manif pour Tous.

    Caroline Roux est déléguée générale d'Alliance Vita.

    Ils sont tous les trois membres du collectif No Maternity Traffic, qui a remis au Conseil de l'Europe plus de 110 000 signatures pour l'abolition de la GPA.

    Tribune publiée en septembre 2016 dans Figaro Vox

    nomaternitytraffic,gpa,politique,vulnérabilité,conscience,lmpt,la franceGPA : LE DÉBAT CONTINUE AU CONSEIL DE L’EUROPE

             No Maternity Traffic salue le rejet, par la Commission des questions sociales de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, du projet de résolution sur la Gestation par autrui (GPA)  ou maternité de substitution. Ce projet était dangereux car il contenait l’acceptation implicite du principe même de la GPA.

             Ce rejet prouve qu’il est possible de réunir une majorité de parlementaires en faveur d’une interdiction explicite de toute forme de GPA dans la mesure où sa pratique est contraire aux Droits de l’Homme.

             No Maternity Traffic note que le projet de recommandation annexé à la résolution a été néanmoins adopté, après amendement. Il sera débattu lors de la prochaine session de l’Assemblée en octobre.

             Ce projet recommande aux Etats européens d’adopter des lignes directrices visant à préserver les droits des enfants nés dans le cadre d’une GPA.

             No Maternity Traffic partage le souci premier de préserver les droits des enfants. Néanmoins, vouloir préserver sincèrement les droits des enfants suppose de poser d’abord le principe de l’interdiction de la GPA sous toutes ses formes. Il est vain, et même malhonnête, de prétendre lutter contre les conséquences de la GPA pour les enfants, sans en condamner d’abord la cause. La GPA, ou maternité de substitution, est une régression absolue du droit des femmes et de l’intérêt supérieur de l’enfant. La GPA, quelle que soit sa forme, exploite des femmes et génère un trafic d’enfants, privés en tout ou partie de leur filiation.

             Le collectif international No Maternity Traffic poursuit son engagement et invite tous les députés de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe à adopter prochainement une recommandation qui, comme l’a fait le Parlement européen en décembre dernier, condamne explicitement toute forme de GPA et recommande aux États d’adopter une politique commune en ce sens au plan européen.

    No Maternity Traffic

     

     

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  • La multiplication récente des attaques idéologiques et concrètes contre l’enfant et sa famille

    Politique de la famille &…LMPT 2016.jpg— L’ambition de « libérer l’individu » et de parvenir à « l’égalité réelle »

     

    - La famille, « lieu d’oppression et d’inégalité »

                      « La seule question qui vaille, c’est comment orienter la modernité pour accélérer l’émancipation des individus », Manuel Valls[1]. 

                      Pour la gauche de gouvernement, la famille est un lieu d’oppression et de déterminismes qui empêche l’individu d’être libre.

                      À leurs yeux, il faut que l’Etat intervienne auprès des enfants « dès le plus jeune âge » (Vincent Peillon, Najat Vallaud-Belkacem) et ce, d’autant plus que la famille est également un lieu d’inégalité, à commencer par l’inégalité homme-femme[2], que le couple transmet systématiquement à ses enfants : la famille est censée reproduire les inégalités, d’où la nécessité de la chasse aux stéréotypes de genre dès la crèche… 

     

                         - La différence sexuelle, source d’inégalité

                      Depuis quelques dizaines d’années, le terme « genre » est principalement employé pour remplacer le mot « sex » qui, en anglais, tendait à se spécialiser pour désigner l’activité sexuelle.

                      Le « genre » désigne aussi les manières variables dont une société donnée perçoit et organise la différence entre les sexes : le « genre » est alors le système des « codes » régissant les attentes, les images, les rôles, etc. de chacun des deux sexes.

                      Ce terme a donc permis de théoriser la différence entre le sexe biologique et le sexe psychologique et social.

                      En outre, depuis le début des années 70, une deuxième acception est celle qui est utilisée couramment aujourd’hui pour combattre les « stéréotypes de genre », tandis que la troisième acception est à l’arrière-plan des combats pour la reconnaissance des « identités de genre » (par exemple dans la mouvance LGBTIQ[3]). La « déconstruction » du genre, inspirée notamment par Judith Butler, cautionne dans les deux cas l’idée que le sexe lui-même relève d’une « construction sociale ».

                      Le point commun à ces nouvelles acceptions est le refus de l’enracinement de la condition féminine ou masculine dans un corps naturellement sexué. Une frontière étanche devrait séparer ce qui est considéré comme un pur « donné » biologique, sans valeur intrinsèque, et ce qui relève de la liberté individuelle (choix des identités subjectives, « rôles » adoptés dans la vie sociale, etc.) 

                      Ainsi, « l’idéologie du genre » est une position philosophique et sociologique qui affirme que l’identité sexuelle n’est qu’une construction sociale, indépendante de toute réalité biologique comme le corps sexué. 

                      Cette idéologie a justifié et structuré les revendications LGBT et donné un deuxième souffle au féminisme radical.

                      Cette idéologie – que certains appellent « théorie », au singulier ou au pluriel – n’est pas assumée par la gauche de gouvernement : Najat Vallaud-Belkacem, pour éviter tout débat sur le fond et sur ses propres objectifs, ne cesse de déclarer que « la théorie du genre n’existe pas » en dépit de l’évidence. Cette posture est d’autant plus facile que le genre est une notion complexe, voire fourre-tout. En outre, ce que nous appellons « théorie du genre » en France est intitulée « Gender theory » aux Etats-Unis.

                      L’idéologie du genre fonde certaines interventions de l’Etat, au nom de la libération des individus, dans le domaine éducatif, au détriment de la liberté individuelle et de la responsabilité propre des parents.
     

                         - Les revendications de l’Inter-LGBT 

                      Depuis des années, l’influence de l’inter-LGBT n’a cessé de prendre de l’ampleur.

                      Le fait est que ses revendications vont avec l’esprit individualiste du temps, qu’elles convergent avec certaines revendications du féminisme dit « de la deuxième vague » ... et avec des intérêts financiers puissants. A lui seul, le marché de la GPA est estimé aujourd’hui à 4 milliards de dollars minimum[4].

                      L’influence de l’Inter-LGBT repose sur la nécessité – bien réelle – de lutter contre l’homophobie.

                      Mais l’Inter-LGBT est loin de s’en tenir à la seule lutte contre l’homophobie. Celle-ci lui sert de paratonnerre pour avancer sur d’autres sujets. De fait, toute personne ne partageant pas les vues de l’inter-LGBT est aussitôt accusée d’homophobie. La victimisation est une arme puissante, remarquablement maniée par ce lobby ultra-minoritaire, pourtant non représentatif, loin s’en faut, de l’ensemble des personnes homosexuelles[5]. Leaders d’opinion et politiques sont terrifiés face au risque de telles accusations. 

                      La longue liste des revendications de l’Inter-LGBT, portées officiellement notamment lors de la Gay Pride annuelle, est bien souvent méconnue du grand public, mais aussi des médias et des politiques. 

                      Outre le mariage et l’adoption pour deux hommes ou deux femmes, l’Inter-LGBT réclame que soit « redéfinie la filiation pour la fonder sur l’engagement parental, ce qui permettrait d’établir la filiation des enfants dès la naissance avec tous leurs parents, indépendamment de leur genre, de leur nombre (pluriparentalité) et de leur mode de conception » (ce qui inclue la PMA « sans père » et la GPA).

                      Elle vise aussi le changement d’identité sexuelle à l’état civil sur simple déclaration, comme si l’identité sexuelle n’était que subjective et non objective.

                      L’Inter-LGBT souhaite également que soit mise en place « une éducation à la sexualité prenant en compte la question du genre et de l’homosexualité féminine, masculine, ainsi que la bisexualité et une éducation à la vie affective dès l’école primaire. »[6]

     

                         - Les argumentaires scientifiques 

                      Les partisans du mariage gay et de l’homoparentalité nient la nécessité anthropologique, dans la construction psychologique de l’enfant, d’être élevé par deux référents, l’un masculin, l’autre féminin.

                      Ils s’appuient sur des études biaisées, dépourvues de toute rigueur scientifique parce que ce sont des militants de la cause13 qui y participent, que les adultes répondent à la place des enfants et que le nombre de cas étudiés (44 au maximum) ne signifie rien et défie même toutes les règles scientifiques en la matière. 

                      Ces pseudo-études n’ont d’ailleurs pas été mises en avant lors des débats sur la loi Taubira. C’est dans la période précédente qu’elles ont été utilisées, préparant les esprits. Dès lors que le sujet a été explicitement ouvert, les militants promariage gay se sont prudemment abstenus de s’appuyer sur ces études au cours des débats politiques et médiatiques : la malhonnêteté de ces études serait apparue aussitôt.

             En fait, les travaux menés avec la méthodologie scientifique requise pour toute étude sociologique n’aboutissent pas du tout aux mêmes conclusions : cf par exemple l’étude « How different are the adult children of parents who have same-sex relationships ? Findings from the New Family Structures Study », Mark Regnerus, Department of Sociology and Population Research Center, University of Texas. La rigueur et le sérieux de cette étude ont été attestés par le communauté scientifique, notamment dans « Further comments on the papers by Marks and Regnerus », Social Science Research 41, no. 4 (juillet 2012), 779-783, de Cynthia Osborne, ou encore dans « First Look at Mark Regnerus’s Study on Children of Parents In Same-Sex Relationships », boxturtlebulletin.com, juin 10, 2012, de Jim Burroway (lui-même favorable aux revendications des associations LGBT).

                      Mark Regnerus commente ainsi les conclusions de son étude : « La famille nucléaire biologiquement intacte et stable demeure l’environnement le plus sain et sécurisant pour le développement de l’enfant. [...] Ce qu’affirmaient les sociologues Sarah McLanahan et Gary Sandefur en 1994 reste une réalité : “S’il nous était demandé de concevoir un système destiné à répondre aux besoins essentiels de l’enfant, nous finirions probablement par inventer quelque chose d’assez proche de l’idéal d’une famille avec deux parents.”[7] »

                      Par ailleurs, est mise en avant l’existence de familles monoparentales, des enfants étant élevés par l’un de ses parents et un 2e conjoint de même sexe[8]. En réalité, même dans ce contexte, l’enfant a bien un père et une mère. Cela ne justifiait en rien le mariage et l’adoption pour deux hommes ou deux femmes.  

    Politique de la famille &…LMPT 2016.jpg

     

    Extrait de Politique de la famille et intérêt de l'enfant, 40 propositions concrètes de La Manif Pour Tous

    Texte intégral :
    Politique de la famille et intérêt de l'enfant.pdf

     

     

    Bannière 16OCT16.jpg

     

     

     

     

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  • "Le genre en images" : Quelle société voulons-nous pour nos enfants ? Le livret VigiGender est arrivé !

    théorie du genre, VigiGender, éducation, transmission

     

    LIVRET

    "LE GENRE EN IMAGES"

    © VigiGender

    vigi-gender.fr

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  • Quand on n’a que l’amour et qu’on ne peut pas avoir d’enfant, on est autorisé, aujourd’hui, à en programmer un qui sera arraché à sa mère dès la naissance

    AC Venot 1 - 18 juin 2015.jpg         Quand on n’a que l’amour et qu’on ne peut pas avoir d’enfant, on est autorisé, aujourd’hui, à en programmer un qui sera arraché à sa mère dès la naissance. Tout se passera bien pour cet enfant, on lui expliquera tout : ton papa et ta maman, ou tes deux mamans, ou tes deux papas, ne pouvaient pas te concevoir. Alors ils ont loué une dame très gentille qui avait des enfants et ils sont  allés te chercher très loin pour te ramener chez eux. Quand on n’a que l’amour… Et puis le petit bébé va grandir, il va demander qui est sa maman, et réaliser qu’il a deux ou trois mamans : mais alors qui est ma vraie maman ?

             Alors j’ai été abandonné ? Alors vous m’avez négocié, fabriqué, trié, acheté ? Pas de problème, dites-vous, quand on a que l’amour, on sait expliquer… c’est moi, ta vraie maman : moi qui avait l’intention de t’avoir ! Oui mais, à qui je ressemble ?  Quand on n’a que l’amour…

             Et puis l’adolescent se fait jour et avec lui le temps des questions tortueuses, le temps des frottements, le temps de la construction de l’identité et des remises en cause : Vous n’êtes pas mes vrais parents, je veux ma maman, j’irai la chercher. Quelles sont mes origines ? Je déteste me voir dans la glace, je ne sais pas à qui je ressemble, je me sens mal, pourquoi ? Quelle est cette colère sourde qui gronde en moi sans s’apaise… ? Quand on n’a que l’amour… Mais nous t’avons élevé, nous t’aimons, pourquoi ne vas-tu pas bien mon chéri ? Tu as été choisi parmi les meilleurs, pourquoi n’es-tu pas heureux ? Ah oui, entre la case assurance handicap et le choix de la couleur des yeux, cette case n’était pas prévue dans le contrat de GPA.

    MaternitéMarchandisée 18:06:2015.jpg         À tous ceux qui parlent de la Gestation Pour Autrui, de ce bonheur d’être né et abandonné par sa mère, à tous ceux-là, il est temps de dire que nous, les adoptés, nous avons une vraie expérience de la situation. Laissez-nous vous dire que nous portons pour toute notre vie cette blessure d’abandon. Nos parents adoptifs nous ont donné une vraie chance de bien redémarrer et c’est un sacré défi pour tous. Comment derrière vos prétoires, Messieurs les juges, comment assis sur vos bancs, Messieurs les Députés, pouvez-vous ne pas réaliser qu’un enfant n’est pas une chose, qu’il a des sentiments et un ressenti de ce qui lui arrive, même tout petit ? Comment pouvez-vous ignorer que nous avons une peur panique de l’abandon et que nous n’aimons pas le changement ? Pourquoi ne pas vouloir entendre que nous sommes marqués par cet arrachement de départ ?

             Mais, nous les adoptés, savons aussi que nos parents adoptifs ne sont pour rien dans ce qui nous est arrivé. Nos parents adoptifs ne nous ont pas soumis à cette blessure. Ils se sont employés à la guérir. Au contraire, ces petits sans voix, nés d’une GPA et arrachés à leur mère, comment pourront-ils exprimer plus tard leur souffrance et leur mal-être, auprès de parents qui ont programmé l’abandon de leur propre enfant ? Nous, enfants adoptés, n’avons pas ce conflit de loyauté qui sera le leur, et leur interdira de dire leur souffrance, allant même jusqu’à les priver de mots pour la penser et se la dire à eux-mêmes.

    AC Venot 2 - 18 juin 2015.jpg         Réalisez-vous sérieusement que ces filles arrachées à la naissance à leur mère deviendront un jour elles-mêmes ”maman”. Mais le pourront elles seulement, tant leur petite mémoire leur rappellera la souffrance de leur départ dans la vie ? Comment vous faire comprendre cette évidence : nous les enfants nous ne voulons pas être créés pour être abandonnés. Quand on a que l’amour… on n’arrache pas un enfant à sa mère.  

    Anne-Claude Venot 
    Présidente de l’Agence Européenne des Adoptés

    Discours du 18 juin 2015 devant le Palais de Justice de Paris
    repris de Atlantico.

    Photos : Chяistophe † =


     

     

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  • Quand on n’a que l’amour et qu’on ne peut pas avoir d’enfant, on est autorisé, aujourd’hui, à en programmer un qui sera arraché à sa mère dès la naissance

    AC Venot 1 - 18 juin 2015.jpg         Quand on n’a que l’amour et qu’on ne peut pas avoir d’enfant, on est autorisé, aujourd’hui, à en programmer un qui sera arraché à sa mère dès la naissance. Tout se passera bien pour cet enfant, on lui expliquera tout : ton papa et ta maman, ou tes deux mamans, ou tes deux papas, ne pouvaient pas te concevoir. Alors ils ont loué une dame très gentille qui avait des enfants et ils sont  allés te chercher très loin pour te ramener chez eux. Quand on n’a que l’amour… Et puis le petit bébé va grandir, il va demander qui est sa maman, et réaliser qu’il a deux ou trois mamans : mais alors qui est ma vraie maman ?

             Alors j’ai été abandonné ? Alors vous m’avez négocié, fabriqué, trié, acheté ? Pas de problème, dites-vous, quand on a que l’amour, on sait expliquer… c’est moi, ta vraie maman : moi qui avait l’intention de t’avoir ! Oui mais, à qui je ressemble ?  Quand on n’a que l’amour…

             Et puis l’adolescent se fait jour et avec lui le temps des questions tortueuses, le temps des frottements, le temps de la construction de l’identité et des remises en cause : Vous n’êtes pas mes vrais parents, je veux ma maman, j’irai la chercher. Quelles sont mes origines ? Je déteste me voir dans la glace, je ne sais pas à qui je ressemble, je me sens mal, pourquoi ? Quelle est cette colère sourde qui gronde en moi sans s’apaise… ? Quand on n’a que l’amour… Mais nous t’avons élevé, nous t’aimons, pourquoi ne vas-tu pas bien mon chéri ? Tu as été choisi parmi les meilleurs, pourquoi n’es-tu pas heureux ? Ah oui, entre la case assurance handicap et le choix de la couleur des yeux, cette case n’était pas prévue dans le contrat de GPA.

    MaternitéMarchandisée 18:06:2015.jpg         À tous ceux qui parlent de la Gestation Pour Autrui, de ce bonheur d’être né et abandonné par sa mère, à tous ceux-là, il est temps de dire que nous, les adoptés, nous avons une vraie expérience de la situation. Laissez-nous vous dire que nous portons pour toute notre vie cette blessure d’abandon. Nos parents adoptifs nous ont donné une vraie chance de bien redémarrer et c’est un sacré défi pour tous. Comment derrière vos prétoires, Messieurs les juges, comment assis sur vos bancs, Messieurs les Députés, pouvez-vous ne pas réaliser qu’un enfant n’est pas une chose, qu’il a des sentiments et un ressenti de ce qui lui arrive, même tout petit ? Comment pouvez-vous ignorer que nous avons une peur panique de l’abandon et que nous n’aimons pas le changement ? Pourquoi ne pas vouloir entendre que nous sommes marqués par cet arrachement de départ ?

             Mais, nous les adoptés, savons aussi que nos parents adoptifs ne sont pour rien dans ce qui nous est arrivé. Nos parents adoptifs ne nous ont pas soumis à cette blessure. Ils se sont employés à la guérir. Au contraire, ces petits sans voix, nés d’une GPA et arrachés à leur mère, comment pourront-ils exprimer plus tard leur souffrance et leur mal-être, auprès de parents qui ont programmé l’abandon de leur propre enfant ? Nous, enfants adoptés, n’avons pas ce conflit de loyauté qui sera le leur, et leur interdira de dire leur souffrance, allant même jusqu’à les priver de mots pour la penser et se la dire à eux-mêmes.

    AC Venot 2 - 18 juin 2015.jpg         Réalisez-vous sérieusement que ces filles arrachées à la naissance à leur mère deviendront un jour elles-mêmes ”maman”. Mais le pourront elles seulement, tant leur petite mémoire leur rappellera la souffrance de leur départ dans la vie ? Comment vous faire comprendre cette évidence : nous les enfants nous ne voulons pas être créés pour être abandonnés. Quand on a que l’amour… on n’arrache pas un enfant à sa mère.  

    Anne-Claude Venot 
    Présidente de l’Agence Européenne des Adoptés

    Discours du 18 juin 2015 devant le Palais de Justice de Paris
    repris de Atlantico.

    Photos : Chяistophe † =


     

     

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  • GPA-PMA : Un libéralisme effréné a transformé toute personne en marchandise soumise à la loi de l’offre et de la demande

    JP Delaume Myard 30 mai 2015Vincennes.jpg

    Le 30 mai 2015, Ludovine de La Rochère & Jean-Pier Delaume-Myard
    étaient les invités des AFC du Val-de-Marne,
    dans le cadre du Tour de France pour la Famille de LMPT.
     

     Après le rappel de ce qu'est la GPA, 
    voici l'intervention de Jean-Pier Delaume-Myard :

     

             Mes cher(es) ami(es), merci de m’accueillir, aujourd’hui, parmi vous.

             La question de savoir si la loi Taubira prenait en compte les droits de l’enfant a été cruciale dès mes premières interventions. Elle a été, aussi et bien sûr, le fondement de l’immense mobilisation contre le mariage de personnes de même sexe.

             Pourtant, des centaines et des centaines de milliers de personnes dans la rue ont été méprisées, une pétition de 700 000 signatures déposée au CESE a été balayée d’un revers de main, des débats ont été bâclés et orientés. Nous avons connu également un vote à main levée au petit matin au Sénat, une deuxième lecture sans débat à l’Assemblée Nationale, et tout cela, paraît-il, au nom de la démocratie et afin d’opérer un changement de civilisation dans le pays dits des ”Droits de l’Homme”.

             Depuis la première manifestation fin 2012, La Manif Pour Tous a avancé un certain nombre d’arguments pour s’opposer à la loi Taubira. Ils ont été ignorés par les médias et dénigrés par les partisans du mariage pour tous, au motif que nous mentions ou que nous propagions de fausses informations.

             Si je me suis engagé contre la loi Taubira ouvrant le mariage pour personnes de même sexe, c’est que cette loi est en réalité la porte ouverte à la GPA et à la PMA. La preuve nous a été apportée dès le 25 janvier 2013, par l’envoi de la Garde des Sceaux de la navrante « circulaire Taubira » demandant aux juridictions de délivrer « des certificats de nationalité française aux enfants nés à l’étranger d’un père français et d’une mère porteuse et ce, avec « application immédiate » ».

             Il est à noter que cette circulaire est envoyée, à la surprise générale, au moment même où le gouvernement annonce la saisine du Comité consultatif National d’Éthique, dont, entre parenthèse, nous attendons toujours la réponse.

             Revenons un instant sur cette circulaire. Que dit-elle exactement ? La circulaire recommande « lorsqu’il apparaît avec suffisamment de vraisemblance qu’il a été fait recours à une convention portant sur la procréation ou la gestation pour le compte d’autrui », de « veiller à ce qu’il soit fait droit » à de telles demandes. Cette circulaire est la preuve, depuis le début, du double langage du gouvernement. Alors qu’il jure qu’il ne saurait être question d’accepter la GPA, c’est tout l’inverse dans les faits. C’est en réalité une légalisation de la gestation par et pour autrui.

             C’est aussi et surtout une immense hypocrisie de la part du gouvernement français qui préfère pour ses citoyens la pratique de la GPA en dehors du territoire français.

             Ce ne sont plus seulement les droits de l’enfant que l’on viole, mais aussi ceux de la personne humaine. La GPA n’est pas plus ni moins que la légalisation d’une prostitution étatisée, une nationalisation organisée du corps de la femme.

     

    AFF TDF Vincennes et AFC.jpg   Mais au fait, pourquoi nous à La Manif Pour Tous s’obstine-t-on à parler de GPA ? En promulguant la loi Taubira, le mariage pour tous inclut de facto l’adoption, la GPA et la PMA, car c’est tout ou rien : qui dit mariage dit tout cela, car la finalité du mariage est la fondation d’une famille, il en est le cadre institutionnel.

             On sait bien que les enfants adoptables sont rares et que les couples de même sexe auront beaucoup de mal à en adopter. De fait, environ 25 000 couples hétérosexuels ont un agrément pour seulement 2 000 enfants à adopter. Autre complication induite par la promulgation de la loi Taubira : un certain nombre de pays ont fermé l’adoption aux pays ayant voté une loi sur l’homoparentalité. Le nombre d'adoptions a été de moins de 1 000 en 2014, soit la moitié des adoptions il y a encore trois ans. De plus en plus de pays ont arrêté de collaborer avec la France. Certains, comme Djibouti, n'acceptent plus de candidatures venant de France. D'autres, comme le Congo, ont arrêté net, bloquant ainsi des enfants déjà adoptés, mais pas encore sortis du pays, dans leur orphelinat.
C’est une double catastrophe : d'une part, les enfants sont de plus en plus nombreux dans les orphelinats, d'autre part, les ressources de ces mêmes orphelinats ont chuté brutalement, puisque c'étaient les adoptants qui les finançaient pour la plus grande part.

             Il n’y a pas que des hommes politiques de gauche qui se disent favorables à l’adoption, il y a aussi des hommes politiques de droite comme le maire de Bordeaux qui, dans une interviewe pour un magazine a déclaré : « Après mûre réflexion, je suis favorable à l’adoption par un couple de même sexe, après qu’on aura vérifié, comme c’est le cas pour les couples hétérosexuels, que les conditions d’épanouissement de l’enfant sont réunies ». En ce qui me concerne, j’ai vérifié mes conditions d’épanouissement pour les prochaines élections présidentielles. Et bien en 2017, j’ai décidé, en tant qu’homosexuel, de ne pas adopter Alain Juppé, puisqu’il s’agit de lui. 

             Ceci étant dit, quelle solution reste-t-il alors pour que les couples de même sexe puissent se prévaloir des mêmes droits que les couples hétérosexuels ? Pour les femmes, c’est la pratique de la PMA, légale notamment en Belgique et en Espagne. 

             Est-ce une pratique qui mérite d’être encouragée et admise en France ? Si tel était le cas, les couples d’hommes qui, pour des raisons physiologiques, ne pourront jamais accéder à la procréation, ne seraient-ils pas fondés à réclamer l’égalité par rapport aux couples de femmes en matière d’enfants ? Dans ce cas de figure, seule la légalisation de la GPA permettrait de satisfaire leurs revendications avec toutes ses conséquences.

             Bien sûr  qu’un couple de même sexe peut apporter autant de bonheur qu’un couple hétérosexuel. Certes et après ? Quels seront les repères pour cet enfant, sa filiation ?  Son non rapport à la mère ou au père ? Il y a aussi les grands parents, ils jouent un rôle considérable dans l’éducation, on l’oublie un peu trop souvent. L’enfant n’a pas à être traité comme un cobaye. Il n’a pas à s'adapter à une dictature « Homo-parentale ».

             Le 4 décembre 2013, la majorité a adopté une loi pénalisant les clients de prostitués. Si la GPA passe au détour de la PMA, est-ce que le fait de se servir du corps d’une femme contre rémunération ne sera-t-il pas considéré comme un acte répréhensible par la loi ? Ce n’est pas seulement moi qui m’interroge ainsi, mais Najat Vallaud Belkacem, alors ministre des droits de la femme quand elle dit devant l’Assemblée nationale :

             « La détresse de l’un ne se soigne pas par l’exploitation de la détresse de l’autre. Elle n’est jamais une justification… Depuis quand notre pays admettrait-il que la liberté aille au-delà de ce qui ne nuit pas à autrui ? Depuis quand privilégierions-nous une souffrance par rapport à une autre ? Depuis quand le corps humain devrait-il être assimilé à un médicament ? Depuis quand se soignerait-on aux dépens d’une autre personne. »

             Pour une fois, vous avez raison Madame la Ministre. Ni la femme, ni l’enfant ne doivent être traités comme une marchandise. Ceci est contraire à la reconnaissance de la dignité inhérente de l’être humain. Traiter une personne comme une marchandise est la caractéristique de  l’esclavage, comme une caractéristique de la prostitution.

    DSCN6296.JPG         En tant qu’homosexuel, depuis le début de mon engagement, je ne me bats pas pour une communauté, je me bats en mon âme et conscience pour que chaque enfant ait un père et une mère.  Je suis avant tout un citoyen, un citoyen engagé, si j’avais été hétérosexuel, je me serais battu tout autant au côté de La Manif Pour Tous : c’est-à-dire du côté de la raison ! Mon engagement n’a rien à voir avec mon orientation sexuelle.

             Si demain en France, la GPA et la PMA passent les grands perdants ne seraient pas vous, ni moi. Les grands perdants seraient malheureusement les enfants eux-mêmes en leurs confisquant leur droit à une légitime filiation. En les privant de leur égalité vis-à-vis des autres enfants reconnus d’un père et  d’une mère. Le gouvernement, à force de vouloir faire des lois et des concessions pour le lobby gay, fait de l’apartheid non seulement vis-à-vis des autres citoyens, mais plus encore vis-à-vis des homosexuels eux-mêmes. Et je dis bien de l’apartheid, c’est-à-dire une politique ultra-minoritaire et communautariste à l’encontre d’une majorité de Français.

             En conclusion, la GPA au nom de qui ? Au nom de quoi ?

             Au nom d’un lobby gay non représentatif des homosexuels.

             Au nom d’une idéologie eugéniste.

             Comment pouvons-nous cautionner, accepter la vente d’enfants et l’exploitation de femmes ? Comment pouvons-nous rester aveugle devant tant de souffrance ? 

             Un libéralisme effréné a transformé toute personne en marchandise soumise à la loi de l’offre et de la demande. On veut nous faire croire que c’est au nom des ”droits de l’homme”, caution morale indiscutable, que la GPA doit être acceptée, au nom de l’intérêt supérieur des enfants et du droit au respect de la vie familiale. 

             Mensonge, dix fois, cent fois, mille fois mensonges. Il est urgent d’abroger la loi Taubira qui permet implicitement cette ignominie. Demandons aussi que soit, sans délai, retirée la circulaire Taubira qui est le mensonge le plus odieux en laissant croire qu’un enfant peut être apatride. Taubira à travers cette circulaire octroie de façon scandaleuse, purement et simplement, un droit à la filiation censitaire.

             Cour Européenne des Droits de l’Homme réveillez-vous ! Avec l’arrêt inique que vous avez rendu le 27 janvier dernier, vous réduisez à néant la liberté des États de refuser la GPA et de ne pas lui reconnaître d’effets juridiques. Plus encore, votre arrêt est une incitation au trafic international d’enfants. 

             Non et non, la GPA est ni altruiste, ni généreuse, ni éthique. Elle n’est en rien démocratique. Toute légalisation représenterait une régression du droit, une extension du domaine de l’aliénation.

             Les violeurs d’âme et d’intégrité, par billets de banque ou par cartes bancaires occultent les circonstances d’une naissance obtenue par le manquement le plus élémentaire des droits fondamentaux des mères et des enfants. 

             Outre être des violeurs et des voleurs, ceux qui font appels à la GPA sont aussi le plus souvent de futurs assassins. Les cliniques indiennes réduisent les frais de soins de la mère porteuse entraînant, ainsi, un taux élevé de mortalité maternelle. Telle est la réalité de la GPA dont on demande la libéralisation au nom des droits de l’homme, et qui, aux dires de certains, serait un progrès pour l’humanité. 

             On regrette l’époque où la gauche prônait la lutte des classes, se battait contre l’exploitation de la femme, car il n’y a pas plus pauvre et pas plus en détresse qu’une femme que l’on réduit à l’état de poule pondeuse. Aujourd’hui, cette gauche bien pensante proclame de façon arbitraire le droit à l’enfant, « si je veux et quand je veux », comme un bien de consommation, c’est inacceptable et irresponsable ! 

             En laissant entrer odieusement sur notre territoire des vendeurs d’enfants, on confisque leur droit à une légitime filiation, on les prive de leur égalité vis-à-vis des autres enfants reconnus d’un père et d’une mère.

             Certains hommes politiques  - et pas des moindres -, se refusent de dire si oui ou non ils reviendront sur la loi Taubira, certains hommes politiques - et pas des moindres -, disent clairement que s’ils reviennent au pouvoir, ils seront contre l’abrogation du mariage pour tous. 

             Je voudrais clairement et explicitement leur dire, voir leur expliquez que s’ils n’abrogent pas cette loi, ils légaliseront de fait la polygamie, car comme dirait Lapalisse, deux hommes entre eux ou deux femmes entre elles, ne peuvent pas avoir d’enfant et qu’il faut bien une troisième personne : la mère ou le père génétique. Messieurs et mesdames les politiques, et je sais qu’il y en a dans cette salle, osez dire non à cette loi, ne légalisez pas, en plus de la marchandisation de la femme et de l’enfant, le triolisme. 

             Osez dire non à un lobby qui vous manipule, n’en soyez pas les marionnettes. Prenez garde aux aveugles, ils jalousent la lumière ! 

             En tant qu’homosexuel, je refuse que mon orientation sexuelle devienne l’expression d’une loi imposée à tous ; je refuse d’être la caution d’une loi qui tôt au tard va tuer purement et simplement la Famille. 

             Le désir d'enfants, et je le sais, est une réalité sincère, mais nous homosexuels, nous sommes des personnes responsables, nous n’avons pas à demanderà la société d’organiser légalement des vols d’enfants, des viols de femmes pour transformer cette réalité-là 

             Non le ventre des femmes n’est en rien comparable avec les bras d’un ouvrier. Non le ventre des femmes n’est pas à louer. Non le ventre des femmes n’est pas un distributeur d’enfants pour bobo gay en mal d’affection.

             La GPA pas en notre nom, pas en mon nom !

             Je vous remercie.

    JPDelaume Portrait.jpg

     

     

     

     Jean-Pier Delaume-Myard
    Porte-parole de La Manif Pour Tous

     

     

    Photographies : ©Chantal Desmoulins-Lebeault, AFC Val-de-Marne, LMPT

     

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  • GPA : la fine pointe de l'esclavage

     

      lucien fornello,Écologie humaine,économie,foi,christianisme,politique,théorie du genre,homophobie

     

      

    Pourquoi la religion des droits
    ne peut défendre la personne 

     

    I 

             Une marchandisation de la personne humaine s'accomplit aujourd'hui au nom de la lutte contre les discriminations, par l'accès des homosexuels, des couples stériles ou de toute autre personne à la « gestation pour autrui ». La personne est fabriquée pour être vendue au nom de l'égalité et de la liberté, puisqu'une technique est disponible, qui permet de pallier l'infécondité. Le droit de la personne devient droit à la personne – jusqu'à cette possibilité de se faire l'acquéreur d'un être humain. Une société fondée uniquement sur la liberté individuelle ne peut qu'aboutir à ce genre de paradoxe et de sauvagerie.

             Si les droits de l'homme, au départ, furent sans doute sincèrement constitués autour de la liberté, ils en sont venus à permettre la chosification de l'être humain. Sans contester leur importance, voire leur universalité, on peut s'interroger sur le fondement caché de notre société qui, au sacré, a substitué la religion du droit, de la science et du progrès. Or, sans justice qui le transcende, le droit devient pure technique et se dévore lui-même. Il peut même adouber l'infâme.

             Rappelons ce qu'est une « gestation pour autrui » : d'abord, conception en laboratoire d'un être humain à partir de deux gamètes, un spermatozoïde et un ovule, provenant souvent de deux pays différents ; puis, insémination artificielle dans une « mère porteuse » qui portera l'enfant avec lequel elle n'a généralement aucun lien génétique ; enfin, livraison du bébé aux parents commanditaires. En résumé, en parodiant à peine, on a un ovule venu d'Australie, un spermatozoïde venu d'Espagne, une conception dans un laboratoire américain et une gestation en mère porteuse en Inde, le tout pour être livré à des parents hollandais ! Voilà un vrai bébé mondialisé, dont l'origine éclatée est, de surcroît, en partie technique. La mère porteuse – qui n'est d'ailleurs pas la plus coûteuse dans cette transaction – puisqu'il faut payer des biologistes, des laboratoires, des médecins – perd donc aussitôt cet enfant qui, lui, en gardera d'inévitables troubles, puisque tout être humain désire savoir d'où il vient. Cependant, même si ces considérations sont essentielles, nous nous en tiendrons à contester le fondement d'une telle pratique : l'idée qu'on peut volontairement fabriquer un être humain en vue de le commercialiser – ou de le donner, selon une dernière hypocrisie qui sera balayée par notre argumentaire. 

             Et pourquoi pas le trafic d'organes ? Loin d'être combattu par les droits de l'homme, ce genre d'aberration en est parfois favorisé. Pour contester la « gestation pour autrui », on ne peut donc s'en tenir à une argumentation juridique. Un discours philosophique fondamental est nécessaire. Le droit peut empêcher l'esclavage, il peut aussi l'autoriser. Il y a une sorte d'envoûtement, aujourd'hui, autour du droit individuel, devenu si sacré qu'il permet de laisser passer l'énormité de la vente des êtres humains.

             Pour nous défaire des interdits contemporains, revenons à la question du sacré non pas en tant qu'objet que nous aurions perdu, mais en tant qu'énergie refoulée, méconnue, sourdement agissante chez ceux mêmes qui la nient. Notre société ne manque pas de sacré, mais de clarté. L'homme est comme obnubilé par un sentiment de toute-puissance où toute limite apparaît comme une violence. Pourtant, même si elle peut provenir de la contrainte, la violence vient plus sûrement encore du manque de structure. La question n'est donc pas de se débarrasser du sacré, des tabous, des interdits, mais de savoir les placer au bon endroit. 

             La religion de la liberté, s'étant fondée contre le christianisme mais aussi avec lui, est une sorte de contre-religion qui en a absorbé des éléments. Le libéralisme politique a quelque chose de chrétien et d'antichrétien. Ainsi de beaucoup de nos mouvements politiques, comme le socialisme. Cela, loin d'être paradoxal, est contenu dans les Évangiles. Leur fécondité particulière – certains diront subversive – recèle comme la semence de toute modernité. En effet, Jésus ne cesse de critiquer le faux sacré, l'hypocrisie des prêtres, et finalement la religion afin de la réduire à l'essentiel : la relation à Dieu et la conformation de nos agissements à sa sainteté. Le dépouillement christique n'est pas seulement matériel, il est une dénudation du sacré jusqu'à son point d'exactitude et de rayonnement libérateur : la contemplation du créateur en esprit et en vérité. Cette exigence d'adéquation intérieure et extérieure suscitant, à travers l'Histoire, les différentes crises du christianisme, reste comme le ferment réformateur de l’Église.

     lucien fornello,Écologie humaine,économie,foi,christianisme,politique,théorie du genre,homophobie

    II

             La victoire des philosophes au XVIIIème siècle est celle d'un certain matérialisme, mais l'élan qui porte la société vers la Révolution a quelque chose de religieux. Ce mouvement a gardé la force de libération de l’Évangile mais en en supprimant la source. Curieusement, en ce qu'il est religieux, il est antichrétien, et en ce qu'il est laïcisé, il est pétri de christianisme. N'interpréter la Révolution qu'en terme de triomphe de l'intérêt bourgeois ne pourrait rendre compte du mouvement plus large dans lequel elle s'inscrit et dont elle forme une sorte de concrétion ou de synthèse. Il y a ici un point aveugle qui est la contradiction même de son dogme : la négation de tout mystère au profit de la Raison ne peut se fonder que de manière mystique et ne peut déboucher que sur une religion certes refoulée, mais tout aussi obligatoire qu'une autre. 

             L'idée que la raison suffit à interpréter le monde et à gouverner nos vies accompagne le développement du capitalisme et se traduit par une conception de plus en plus gestionnaire de la vie sociale. La montée en puissance de l'argent comme agent organisateur n'a sans doute pas que des conséquences négatives. Le progrès matériel, l'égalisation juridique, la liberté individuelle viennent pour une part de cette rationalisation. Pourtant, nous voyons bien que si le « dieu Intérêt » devient le prince unique du monde, cela nous conduira vers l'enfer d'un matérialisme pur. Face à cette possibilité insupportable, le droit individuel joue sa partition mystique : la rationalisation trouve son contrepoint dans le culte de la liberté, synonyme de jouissance et de vie.

             Si deux conceptions de l'homme s'affrontaient, l'une matérialiste, l'autre sacrée, vous n'auriez pas tant d'adorateurs de la matière chez les religieux, ni tant d'idolâtres cachés chez les matérialistes. La question se pose donc autrement, en terme de mouvement. Le sacré est un principe organisateur que la modernité vient rationaliser et transférer en technique, en culture, en institution. Je ne parle pas spécialement de notre modernité, mais de toute modernité qu'il nous est donné, depuis le néolithique, d'observer à travers l'Histoire.

             Le sacré, c'est l'intouchable. L'homme, dépassant la nature, doit trouver de nouveaux moyens d'équilibre s'il ne veut basculer dans la violence. La culture sera ce nouvel ordre, lui-même en mouvement. Le sacré en est l'acte initial : il dresse des limites, oriente l'énergie, donne forme et sens aux pratiques. L'interdit et l'adoration en sont les deux versants – que ce soit d'un objet, d'un lieu, d'une personne, voire d'une idée ou d'un nom. Le sacré est la séparation qui instaure le règne de la culture, autrement dit de l'humanité. Est-ce à dire que notre monde est exclusivement culturel – certes pas : le premier sacré n'est pas un acte d'arrachement à la nature, mais le rétablissement d'un équilibre alors que notre sortie du règne naturel ouvrait une béance. Il élabore une seconde nature. Tout cela ne vient pas d'un instant, bien sûr, mais d'un long processus qui se poursuit toujours. 

             Deux qualités de sacré s'esquissent. L'une, disons, plus totémique, l'autre plus légale. Prenant de la distance envers les interdits ou les adorations, l'homme en décompose les nécessités, en pointe les aspects arbitraires, il en comprend le sens comme le poids mais il en relativise, du même coup, le caractère inamovible. À travers le temps, le sacré se transfert en savoir. L'interdit devient juridique, la notion devient scientifique, l'adoration devient artistique. Sans lui, la civilisation n'existerait pas, mais celle-ci, prise dans un mouvement irrésistible qui l'éloigne du sacré, le fera dès lors apparaître comme archaïque. Une question se pose : s'il est nécessaire à l'origine, notre croissance en humanité permettrait-elle de sortir définitivement du sacré, afin d'entrer dans l'âge de raison ? C'est ce que nous disent deux frères pourtant ennemis – le libéralisme et le marxisme – fils du matérialisme – qui du moins sur ce point seront d'accord. 

             En vérité, si vous éliminez le sacré, vous le verrez renaître sous diverses formes. Si vous détruisez l'idée de Dieu, vous divinisez d'autres choses, à commencer par la matière, et vous figerez en dogme cet acte de négation qui formera une croyance inversée. Il est ainsi d'irréductibles mécanismes que notre raison, capable de les discerner, s'obstine à ne pas voir car elle serait obligée de reconnaître ce qui la dépasse. Si votre Dieu est la Raison, alors, fatalement, votre raisonnement sera amputé de l'immense partie du réel qui vous échappe. Rien de plus irrationnel que la raison sans dehors, qui prétend surplomber le monde. Auguste Comte en est devenu fou. D'autres victimes courent les rues en ce moment. 

             Certes, il y a du mauvais sacré, du sacré figé, et figeant, il y a surtout du sacré violent. Soyons donc modernes, opérons notre critique du mauvais sacré ou plutôt œuvrons à préciser ce que cachent nos interdits – c'est-à-dire essentiellement des blessures – sans nous lasser de le faire, mais sans non plus croire que nous pourrons un jour arriver au bout d'un tel processus en éliminant le mystère lui-même. 

             Nous sommes à peu près tous pour cette modernité, celle qui éclaircit notre rapport au réel sans faire sauter le suprême interdit, de nous croire les auteurs de nos destins et les maîtres de la Création. Mais, pour ce moderne que nous sommes, qui a accepté le grand dépouillement du sacré au profit de la spiritualité et de la connaissance, que reste-t-il de sacré ? D'abord, une évidence : ce bon sacré se réduit presque à une admission du mystère de l'existence, un mystère de l'origine qui nous échappe... Ce mystère, il n'est pas obligatoire dans un premier temps d'en décider, simplement de l'admettre. De là, je crois, ce qui ne peut que réconcilier les bonnes volontés : le sacré, notre sacré le plus caché et le plus brandi, le plus intime et en même temps le plus universel, c'est le respect de la personne humaine, l'affirmation de son éminente et intangible dignité, de son caractère irremplaçable et singulier. Or, cela, auquel portent gravement atteinte les dernières avancées du libéralisme – mais pas seulement lui – à travers par exemple la commercialisation des utérus et des bébés – cela, que nous chérissons au plus près en son mystère lié à celui de l'origine, s'identifie à l'humanisme chrétien.

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    III 

             Pour répondre aux promoteurs de la vente des êtres humains, je ne vois pas de plus vigoureuse prise de parole que celle, énoncée au quatrième siècle par un Père de l’Église, Saint Grégoire de Nysse, dans sa quatrième homélie sur l'Ecclésiaste, qui est aussi l'un des premiers argumentaires contre l'esclavage.

             L'originalité de son approche est que, loin d'attaquer cette pratique, comme d'autres chrétiens de son époque, pour des raisons morales ou sentimentales, Grégoire s'en tient à l’Écriture et à l'orthodoxie. Son approche est théologique. Parmi les devoirs d'un chrétien, la précision est essentielle. Parler juste, sous l'autorité de l’Église, fait partie des dons de notre personne au monde. J'oserais même dire que c'est le premier devoir d'un prêtre, à fortiori d'un pape, un devoir de charité. Préférons un pape rude, pointilleux sur le dogme, à un prélat onctueux qui, allant ostensiblement embrasser les pauvres, en oublierait la précision de la doctrine ! Ainsi Grégoire, dans son argumentaire contre l'esclavage, ne cherche pas l'émotion mais la solidité. Il part de deux affirmations de la Genèse : la création de l'homme à l'image de Dieu, d'une part ; et d'autre part sa suprématie sur la nature, sa capacité à la gérer et à régner sur elle. De ces postulats, Grégoire tire une conséquence majeure : l'homme n'est pas monnayable. La nature elle-même pourrait-elle être achetée ? Et quand bien même ce serait possible, Dieu pourrait-il l'être ? Il attaque d'abord assez classiquement la transaction sur le plan de l'orgueil :

    St Grégoire de Nysse.jpgY a-t-il autant matière à fatuité (…) que lorsque un homme se considère le maître de ses congénères ? « J'ai acquis, dit-il, des esclaves et des servantes, et j'ai eu des serviteurs nés chez moi. » Vois-tu l'énormité de la forfanterie ? Une telle parole s'élève ouvertement contre Dieu.

             La force avec laquelle Grégoire place l'esclavage comme un défi à Dieu se trouve justifié, fondé par l’Écriture :

    St Grégoire de Nysse.jpg

    Car nous avons entendu dire par la prophétie que toutes choses sont les esclaves du pouvoir qui est au-dessus de tout. Or, l'homme qui fait de ce qui est à Dieu son propre bien et qui s'attribue domination sur son semblable, au point de se croire le maître d'hommes autant que de femmes, que fait-il d'autre que transgresser la nature par son orgueil, lui qui se voit différent de ceux qu'il commande ?

             On notera l'importance de cette différence faite entre les hommes, signe d'un péché essentiel – l'orgueil – qui en engendre d'autres – tous les saints, tous les pères de l’Église ont ainsi affirmé la fondamentale égalité de tous les hommes. Cependant, la critique de cette mauvaise différence ne saurait être la négation de nos singularités, voire de nos hiérarchies, puisque cette profonde égalité devant Dieu repose précisément en cet amour qu'il a pour chaque créature, et plus encore pour chaque personne. C'est l'un des génies du christianisme et la clef de l'humanisme chrétien : notre commune et singulière dignité se réalise dans la distinction. L'argumentaire se termine justement sur l'égalité fondamentale issue non pas d'un désir politique mais de la nécessaire humilité :

    St Grégoire de Nysse.jpg

    Car je ne vois rien que tu possèdes en plus que ton « sujet » – tu le nommes ainsi – à part le nom. En effet, qu'est-ce que ton pouvoir a ajouté à la nature ? Ni temps, ni beauté, ni bonne santé, ni les avantages que donne la vertu. Tu nais des mêmes êtres humains, ta vie se déroule de la même manière, les passions de l'âme et du corps vous dominent autant, toi, le maître, et celui soumis au joug de ta domination : douleurs et satisfactions, joies et inquiétudes, chagrins et plaisirs, colères et craintes, maladies et morts. Y a-t-il là une différence entre esclave et maître ? N'aspirent-ils pas le même air avec leurs poumons ? Ne voient-ils pas pareillement le soleil ? Ne se conservent-ils pas pareillement en se nourrissant ? Leurs organes ne sont-ils pas disposés de la même façon ? Ne sont-ils pas tous deux une même poussière après la mort ? N'y a-t-il pas un même jugement ? N'ont-ils pas un royaume commun, une commune géhenne ? Toi donc qui as en tout un sort égal, en quoi as-tu davantage, dis-moi, pour te croire, toi, un homme, souverain d'un autre homme et pour dire : « J'ai acquis des esclaves et des servantes », comme on acquiert quelques troupeaux de chèvres et de cochons ? En effet, après avoir dit : « J'ai acquis des esclaves et des servantes », il a ajouté l'abondance en troupeaux de brebis et de bœufs qui était devenue la sienne. « J'ai fait acquisition, dit-il, de brebis et de bœufs en quantité », comme si animaux et esclaves étaient à rang égal soumis à son pouvoir. 
     

             Grégoire de Nysse était médecin. On remarque, au-delà de l'éloquence du lettré grec, combien l'intériorité organique du corps, sa composition et ses nécessités, sont accompagnées des considérations morales pour montrer que rien, du dedans, du dehors, ne peut distinguer les hommes sinon la vertu. Or celle-ci, jamais acquise, n'aura pour juge que Dieu. 

             Le mystère chrétien est en un sens celui de la modernité. L'émancipation – au sens propre la sortie d'esclavage – est une conséquence essentielle de la Révélation et de la Rédemption. « La Vérité vous rendra libre ». En effet, toutes les sacralités, toutes les distinctions artificielles tomberont plus ou moins vite dans les sociétés chrétiennes, au profit du développement spirituel et humain – processus que notre modernité a affolé et détourné pour nous faire entrer dans un âge d'indistinction – vers une régression pire, en un sens, que l'ordre sacral dont nous sortions. Cette liberté originelle, corollaire de la création de l'homme à l'image de son créateur, essentielle pour qu'il y ait amour, est aussi une épreuve – puisque elle contient la possibilité de se détourner de Dieu, voire de se tourner résolument vers le mal. Ainsi dit la Genèse, la prise du fruit nous coupe de la grâce. Enfermé dans le gouvernement et la jouissance d'un soi qui usurpe la place de Dieu, on perd la capacité d'accueillir le réel, l'imaginaire conflictuel reprend violemment le dessus. C'est précisément, me semble-t-il, le geste sacral et sacrilège de la modernité occidentale.

             Notre liberté a une limite : si on en jouit pour soi, on la perd, car on se soumet à un esclavage qui est le pire de tous : de soi-même. On doit donc, si on veut qu'elle soit féconde, rendre au Créateur cette liberté qu'il nous offre et qu'il fera grandir. Certains – voyant là un sujet de révolte – refusent un tel échange d'amour entre le Créateur et sa créature. Le péché, c'est vouloir s'approprier la liberté et le jugement en supprimant la filiation divine. Ainsi l'acheteur ou le marchand d'esclave :

    St Grégoire de Nysse.jpg

    « J'ai acquis des esclaves et des servantes. » Que veux-tu dire ? Tu condamnes à l'esclavage un homme dont la nature est libre et autonome, et tu légifères en t'opposant à Dieu, en renversant la loi qu'il a établie pour la nature. En effet, celui qui est né pour être maître de la terre (l'homme, d'après Genèse, I, 26, nda), qui a été placé par le créateur pour commander, tu le soumets au joug de l'esclavage en combattant, en transgressant pour ainsi dire l'ordre divin. Tu as oublié les limites de ton pouvoir, tu as oublié que le commandement t'a été imparti dans les limites de l'autorité sur les êtres sans raison. « Qu'ils commandent, dit l’Écriture, aux volatiles, aux poissons, aux quadrupèdes et aux reptiles. » Comment, outrepassant ton droit à l'asservissement, t'élèves-tu contre la nature libre elle-même (c'est-à-dire l'homme, nda), en comptant au nombre des quadrupèdes et des animaux sans pattes celui qui est de la même race que toi ? « Tu as tout soumis à l'homme », proclame la prophétie à propos de Dieu (Psaume 8) et cette parole met dans le nombre des êtres qui sont en notre pouvoir « troupeaux, bœufs, et bétail ». Mais toi, tu as déchiré la nature par l'esclavage et la domination, tu l'as faite esclave d'elle-même et dominatrice d'elle-même. 
     

             Le désir d'égaler Dieu, de le singer ne peut se faire qu'en supprimant, d'une manière ou d'une autre, l'image divine. On perd la divine ressemblance à vouloir l'acquérir. « Vous serez comme des dieux », suggère le Serpent pour inciter à la prise du fruit, le seul interdit, qui pend à l'arbre de la connaissance du bien et du mal, autrement dit du jugement. À cela, Jésus répond qu'au contraire nous devons devenir « petits enfants », non pas dans le sens d'une régression, mais d'une acceptation de la filiation divine. Qu'est-ce qu'un enfant ? Quelqu'un qui grandit. À mesure que nous recevons Dieu, nous nous dépouillons de l'orgueil vis-à-vis du prochain : il y a là un système vertueux qui produit la maturité collective et individuelle des sociétés chrétiennes.

             C'est la singularité même de la personne la signature de cette liberté et de cette ressemblance. En effet, si chaque personne est à aimer d'un même amour c'est qu'elle est singulière, singulièrement l'image de Dieu pourrait-on dire, et que nul ne peut l'égaler en ce qu'elle est elle-même. Ce qui revient à dire qu'aimer Dieu, c'est aimer aussi une personne, la personne objective et singulière par excellence. La limite à notre liberté est la fragilité de la personne, l'effroi que nous aurions à l'offenser, car ainsi nous offenserions Dieu. Le jour, alors, devient ce lieu de partage que Jésus appelle le Royaume « au milieu de vous ». Il est tout intériorité – caché en Dieu – certes – mais il affleure ici dès qu'il y a accueil et partage de charité. Quelle boucle plus parfaite pourrait être esquissée que cette vérité : l'homme, à l'image de Dieu, reçoit cette image en l'autre, met en acte cette ressemblance en aimant son prochain pour aimer Dieu, et aime Dieu pour mieux aimer son prochain, se conformant ainsi à cette divine ressemblance.

             Le péché, certes, a brisé cette relation vertueuse, produisant notre monde fragmenté et cupide. C'est là que le Christ, en donnant toute sa plénitude à cette ressemblance, restaure le Pont entre la créature et Dieu. Le manque d'amour, l'opacification de cette ressemblance par la préoccupation que nous avons de nous diriger et de juger est alors travaillée par la grâce, raclée, et l'âme, qu'on ne voyait plus, retrouve sa nature de miroir de Dieu. L'Incarnation, en effet – folie pour les Grecs, scandale pour les Juifs, blasphème pour les musulmans – oui, cette folie est nécessaire pour nous faire comprendre enfin – et jusqu'à la Croix – que ce n'est pas un jeu : nous sommes vraiment à l'image de Dieu, libres, précieux, chacun, mais ce don est d'un tout autre poids qu'une simple application des droits modernes. Et chaque être, ainsi, a un prix infini, qui n'est pas même celui du monde. Grégoire le dit déjà, dans un passage qui ne peut aujourd'hui encore que nous interpeller par sa précision :

    St Grégoire de Nysse.jpg

    « J'ai acquis des esclaves et des servantes. » A quel prix, dis-moi ? Qu'as-tu trouvé, parmi les êtres, de même prix que la nature ? À quelle somme as-tu évalué la raison ? Combien de pièces de monnaie as-tu payé en échange de l'image de Dieu ? Contre combien de statères as-tu échangé la nature façonnée par Dieu ? « Dieu dit : Faisons l'homme à notre image et ressemblance. » Celui qui est à la ressemblance de Dieu, qui commande à toute la terre et qui a reçu de Dieu en héritage le pouvoir sur tout ce qui est sur la terre, qui peut le vendre, dis-moi, et qui peut l'acheter ? À Dieu seul ce pouvoir : et encore, pas même à Dieu ! Car « il ne se repent pas de ses dons », est-il dit. Dieu ne saurait asservir la nature, lui qui volontairement nous a appelés à la liberté, alors que nous nous étions asservis au péché. 

     

             On ne saurait insister sur la force avec laquelle le christianisme détruit toute sacralité de pouvoir et de superstition pour placer le seul sacré dans la personne – divine en premier lieu, humaine ensuite – mais pratiquement à égalité – non que l'homme soit son égal, mais parce que Dieu se porte vers lui pour le combler de grâce, lui qu'il a fait à sa ressemblance : Combien de pièces de monnaie as-tu payé pour acheter l'image de Dieu ? La question rhétorique va bien au-delà d'un argumentaire contre l'esclavage, elle exige une vigilance dans notre rapport quotidien à ces unités de Dieu que sont nos époux, nos enfants, nos collègues et n'importe quel passant ! Oui, fussent-ils pécheurs, ils sont l'image de Dieu – déformée, parfois brisée, toujours fragile, mais, au fond, intacte jusqu'au bout : qui peut le vendre, dis-moi, et qui peut l'acheter ? À Dieu seul ce pouvoir : et encore, pas même à Dieu ! Car il ne se repent pas de ses dons.

             Ainsi Malebranche, à la suite de Saint Augustin, rappelle qu'il faut haïr le crime, mais toujours aimer le pécheur. Cette distinction entre le crime et la personne va pour nous plus loin, elle est une distinction entre les idéologies, les religions, les pensées, et les personnes elles-mêmes. Ce discernement doit nous accompagner dans le combat. Je peux détester l'idéologie du genre, la promotion de la mort et du commerce humain, mais non pas les personnes qui véhiculent ces horreurs, et qui sont, qu'elles le sachent ou non, enfants de Dieu. De même, je peux contester la véracité d'autres religions, et, si je suis chrétien, je ne peux que le faire ; en revanche, je dois aimer leurs pratiquants comme tous ceux qui vont sans religion, et prier pour eux, rester humble devant eux – car tout à l'heure, à coup sûr, l'un d'eux me donnera une leçon de charité ou de courage. Ne l'oublions pas, l'offense à Dieu, nous l'avons aussi portée, en tant que société, en tant qu'individu, tous, sans exception.

             Nous devrions en finir avec nos sempiternelles argumentations autour des droits, il y a quelque chose d'à la fois plus ouvert et plus précis pour affirmer l'éminente dignité de chacun : la Vérité ! Celle-ci ne nous appartient pas, certes, et c'est bien ce que nous sommes en train de dire. Comment mieux contester la pratique barbare des mères porteuses, la fabrication et la vente des bébés, que par des arguments théologiques ? À moins de nous perdre en exemples, en suggestions sentimentales, en circonvolutions philosophiques plus ou moins vagues, nous devons en revenir au dogme. Oui, la Foi est nécessaire, mais une Foi qui s'énonce ainsi est entendue de tout homme, car elle est articulée à ses conséquences concrètes : la sacralité intangible de la personne humaine. Il s'ensuit une théologie de la fragilité et de la liberté qui a des conséquences politiques. Voilà ce qu'au IVème siècle un homme disait déjà dans sa prose d'une rare profondeur.

             Cette sacralité réduite à l'essentiel – la personne humaine – ne saurait nous conduire au mépris de la nature. C'est d'ailleurs un équilibre spécial que nous risquons de perdre dans nos villes, où tout, même le sol, a été remplacé. Oui, nous sommes tellement entourés de nos propres constructions que nous en oublions plus facilement le Créateur de l'univers. Il y a pourtant un sentiment qui n'est nullement profane, d'admiration, de contemplation de la nature, et j'oserais dire qu'il est même nécessaire au poids que nous donnons à cette notion d'image de Dieu. Voilà le dernier coup que porte Saint Grégoire de Nysse à la maudite transaction de l'esclavage :

    St Grégoire de Nysse.jpg

    Mais si Dieu n'asservit pas ce qui est libre, qui peut établir au-dessus de Dieu sa propre domination ? Comment sera vendu celui qui commande à la terre et à ce qui se trouve dessus ? Car obligatoirement on achète, avec l'homme qui est vendu, tout ce qui lui appartient. À combien estimerons-nous la terre ? Et à combien tout ce qui est sur la terre ? Et si c'est inestimable, à quel prix estimes-tu, dis-moi, celui qui est au-dessus de tout ? Dirais-tu « le monde entier » que tu ne trouverais même pas le prix qui convient. Car celui qui sait estimer la nature humaine à son juste prix a dit que le monde entier n'est pas digne d'être échangé contre l'âme d'un homme. Chaque fois qu'un homme est à acheter, ce n'est pas moins que le maître de la terre qui est conduit au marché. Donc ce qui sera vendu à la criée en même temps que cet homme, c'est évidemment aussi la création existante. Et la création, ce sont la terre, les îles, la mer, et tout ce qu'elles contiennent. Que paiera donc l'acheteur ? Que recevra le vendeur, si c'est une telle possession qui accompagne la transaction ? Mais le petit livret, l'engagement écrit et le paiement en espèces t'ont-ils convaincu avec leur tromperie que tu étais maître de l'image de Dieu ? Ô folie ! Et si le contrat se perdait, si les lettres étaient mangées par les vers, si une goutte d'eau en tombant les effaçait, où seraient les gages de ton droit à asservir ; et où, les moyens de ta domination ?

             Nous vivons dans une fiction que nous croyons réelle : le contrat. Et ce contrat, si nécessaire soit-il par ailleurs, nous en avons fait le dernier sacré. Les forces de négation et de cupidité se sont engouffrées dans la faille, et voilà le retour pervers de l'esclavage. Oh, je sais, lorsqu'on vend un enfant on ne vend pas un esclave, on destine un être à des parents d'intention. Mais comment peut-on nier qu'il y aura, à l'origine, la même transaction exactement que celle dénoncée par Grégoire de Nysse ? Et si l'enfant était donné comme le prétendent certains – ce qui est difficile à croire étant donné le processus de fabrication et les fatigues de la grossesse – cela voudrait dire qu'on en dispose comme d'une possession, puisqu'on ne peut donner que ce qui nous appartient. Or, un être humain n'appartient à personne, pas même à ses parents – à personne si ce n'est à Dieu – encore celui-ci nous laisse libre de nous détourner et ne reprend pas ses dons.

             La chosification de l'être humain ne peut donc être combattue avec les arguments du droit, nous devons ramener le débat aux fondements qui constituent ce en quoi nous croyons. Même un athée comprendra symboliquement cette sacralité de la personne humaine. La singularité est le seul contrepoint à l'infini. Or, aujourd'hui, certains voudraient tout simplement nier la personne humaine. Nous trouverons des alliés partout dans ce combat, mais n'ayons plus peur d'employer ces arguments théologiques, car ils sont en vérité les seuls solides. Sinon, nous serons incohérents et nous aurons craint davantage le regard des hommes que celui de Dieu.

             À la suite de la quatrième homélie sur L’ecclésiaste, Grégoire dans la cinquième engage une attaque contre l'or et le prêt à intérêt. En faisant un culte à la matière – ou au néant du métal jaune – ou, aujourd'hui, au chiffre apparemment efficace de nos comptes en banque – nous adorons une illusion au lieu de la sainte et invisible réalité du Créateur qui nous regarde à tout instant. Notre seul vrai bien est notre prochain, non pas que nous le possédions, mais parce que nous l'accueillons et que par lui nous pouvons accueillir Dieu. En substituant à la sacralité de la personne l'équivalent universel, nous nous éloignons considérablement de notre pauvreté essentielle, qui est la seule vraie richesse, puisqu'elle seule nous ouvre à la Grâce. Voilà l'ultime et merveilleux mystère chrétien : Dieu se fait pauvre. Dieu lui-même se fait fragile. Oui, pour te conformer à son image, cher lecteur, tu n'as que cela à faire : l'aimer, lui, pour ce qu'il est, dans son incompréhensible richesse et profusion, toute transcendance, mais l'aimer, lui, pour ce qu'il est, dans l'image de ton frère – même déformée, même brisée par le péché ou la folie – l'amour infini qui se dépouille jusqu'à nous. Tu marcheras, alors, avec la liberté des enfants de Dieu...
     

    Lucien Fornello
    pour La Vaillante

     

             Voici in-extenso cette partie de la quatrième homélie sur L'ecclésiaste, de Saint Grégoire de Nysse, traduite et annotée par Françoise Vinel aux éditions du Cerf en 1996, dans la très belle collection des Sources Chrétiennes (il m'est arrivé, dans le texte, de légèrement modifier la traduction).

     

    St Grégoire de Nysse.jpg            Homélie IV 

             C'est encore le sujet de la confession qui retient notre texte. En effet, l'ecclésiaste, en racontant ce qui chez lui fait reconnaître la vanité des choses de cette vie, passe pour ainsi dire tout en revue. Et maintenant, il aborde comme objet d'une accusation plus grave que celles de ses actions qui lui font dénoncer la passion de l'orgueil. Y a-t-il autant matière à fatuité dans les biens qu'il a dénombrés – maison somptueuse, abondance de vignes, l'agrément des potagers et, pour les eaux, leur collecte dans les bassins et leur répartition dans les jardins – que lorsque un homme se considère le maître de ses congénères ? « J'ai acquis, dit-il, des esclaves et des servantes, et j'ai eu des serviteurs nés chez moi. » Vois-tu l'énormité de la forfanterie ? Une telle parole s'élève ouvertement contre Dieu. Car nous avons entendu dire par la prophétie que toutes choses sont les esclaves du pouvoir qui est au-dessus de tout. Or, l'homme qui fait de la possession de Dieu sa propre possession et qui s'attribue domination sur sa race, au point de se croire le maître d'hommes aussi bien que de femmes, que fait-il d'autre que transgresser la nature par son orgueil, lui qui se regarde comme différent de ceux qu'il commande ?

             « J'ai acquis des esclaves et des servantes. » Que veux-tu dire ? Tu condamnes à l'esclavage l'homme dont la nature est libre et autonome, et tu légifères en t'opposant à Dieu, en renversant la loi qu'il a établie pour la nature. En effet, celui qui est né pour être maître de la terre (l'homme, d'après Genèse, I, 26), celui qui a été placé pour commander par le créateur, tu le soumets au joug de l'esclavage, en combattant et en transgressant pour ainsi dire l'ordre divin. Tu as oublié les limites de ton pouvoir, tu as oublié que le commandement t'a été imparti dans les limites de l'autorité sur les êtres sans raison. « Qu'ils commandent, dit l’Écriture, aux volatiles, aux poissons,  aux quadrupèdes et aux reptiles. » Comment, outrepassant ton droit à l'asservissement, t'élèves-tu contre la nature libre elle-même, en comptant au nombre des quadrupèdes et des animaux sans pattes celui qui est de la même race que toi ? « Tu as tout soumis à l'homme », proclame la prophétie à propos de Dieu (Psaume 8) et cette parole met dans le nombre des êtres qui sont en notre pouvoir « troupeaux, bœufs, et bétail ». Mais toi, tu as déchiré la nature par l'esclavage et la domination, tu l'as faite esclave d'elle-même et dominatrice d'elle-même. « J'ai acquis des esclaves et des servantes. » A quel prix, dis-moi ? Qu'as-tu trouvé, parmi les êtres, de même prix que la nature ? À quelle somme as-tu évalué la raison ? Combien de pièces de monnaie as-tu payé en échange de l'image de Dieu ? Contre combien de statères as-tu échangé la nature façonnée par Dieu ? « Dieu dit : Faisons l'homme à notre image et ressemblance. » Celui qui est à la ressemblance de Dieu, qui commande à toute la terre et qui a reçu de Dieu en héritage le pouvoir sur tout ce qui est sur la terre, qui peut le vendre, dis-moi, qui peut l'acheter ? À Dieu seul appartient ce pouvoir : bien plus, pas même à Dieu lui-même ! Car « il ne se repent pas de ses dons », est-il dit. Dieu ne saurait asservir la nature, lui qui volontairement nous a appelés à la liberté, nous qui avions été asservis au péché.

             Mais si Dieu n'asservit pas ce qui est libre, qui peut établir au-dessus de Dieu sa propre domination ? Et comment sera aussi vendu celui qui commande toute la terre et tout ce qui est sur la terre ? Car il est de toute nécessité que le bien de celui qui est vendu soit cédé en même temps que lui. À combien estimerons-nous donc toute la terre ? Et à combien tout ce qui est sur la terre ? Et si c'est inestimable, à quel prix estimes-tu, dis-moi, celui qui est au-dessus ? Dirais-tu « le monde entier » que tu ne trouverais même pas le prix qui convient. Car celui qui sait estimer la nature humaine à son juste prix a dit que le monde entier n'est pas digne d'être échangé contre l'âme d'un homme. Chaque fois qu'un homme est à acheter, ce n'est pas moins que le maître de la terre qui est conduit au marché. Donc ce qui sera vendu à la criée en même temps que cet homme, c'est évidemment aussi la création existante. Et la création, ce sont la terre, les îles, la mer, et tout ce qu'elles contiennent. Que paiera donc l'acheteur ? Que recevra le vendeur, si c'est une telle possession qui accompagne la transaction ? Mais le petit livret, l'engagement écrit et le paiement en espèces t'ont-ils convaincu avec leur tromperie que tu étais maître de l'image de Dieu ? Ô folie ! Et si le contrat se perdait, si les lettres étaient mangées par les vers, si une goutte d'eau en tombant les effaçait, où seraient les gages de ton droit à asservir ; et où, les moyens de ta domination ?

             Car je ne vois rien que tu aies en plus par rapport à ton sujet – tu le nommes ainsi – que le nom. En effet, qu'est-ce que le pouvoir a ajouté à la nature ? Ni temps, ni beauté, ni bonne santé, ni les avantages que donne la vertu. Tu nais des mêmes êtres humains, ta vie se déroule de la même manière, les passions de l'âme et du corps vous dominent autant, toi, le maître, et celui qui est soumis au joug de ta domination : douleurs et satisfactions, joies et inquiétudes, chagrins et plaisirs, colères et craintes, maladies et morts. Y aurait-il en cela une différence entre l'esclave et le maître ? N'aspirent-ils pas le même air avec leurs poumons ? Ne voient-ils pas pareillement le soleil ? Ne conservent-ils pas semblablement leur nature à l'aide de la nourriture ? Leurs entrailles ne sont-elles pas disposées de la même façon ? Ne sont-ils pas tous deux une même poussière après la mort ? N'y a-t-il pas un même jugement ? N'ont-ils pas un royaume commun et une commune géhenne ? Toi donc qui as en tout un sort égal, en quoi as-tu davantage, dis-moi, pour te croire, toi, un homme, souverain sur un homme et pour dire : « J'ai acquis des esclaves et des servantes », comme on acquiert quelques troupeaux de chèvres et de cochons ? En effet, après avoir dit : « J'ai acquis des esclaves et des servantes », il a ajouté l'abondance en troupeaux de brebis et de bœufs qui était devenue la sienne. « J'ai fait acquisition, dit-il, de brebis et de bœufs en quantité », comme si animaux et esclaves étaient soumis à rang égal à son pouvoir.

    Grégoire de Nysse

    Icône mosaïque datant du XIIIème siècle

    Article repris par Ichtus : http://www.ichtus.fr/gpa-la-pointe-de-lesclavage/

     

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