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La Vaillante >>> Ère 4 - Page 7

  • La honte face à notre nudité est justifiée lorsque cette nudité constitue une menace pour la dignité de la personne

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    Éloge de la pudeur

    Louis-Marie Guitton, théorie du genre,

    Tout récemment nous avons assisté à un véritable festival autour de la nudité, à l’occasion de la polémique causée par la diffusion du livre pour enfant « Tous à poil ». Scandale d’un côté, dérision de l’autre, escalade verbale et assaut de caricatures de plus ou moins bon goût. Rien de bien extraordinaire à se mettre sous la dent tellement les qualificatifs paraissent désormais usés fatigués et élimés : ridicule, rétrograde, archaïque, conservateur, réactionnaire, pudibond, puritain, hypocrite… et le fameux nauséabond ! Il faut dire que nous ne sommes pas habillés depuis très longtemps, puisque ce n’est que depuis Pâques que nous avons revêtu le Christ (Gal, 3).

    Louis-Marie Guitton, théorie du genre, christianisme, dignité, conscienceAlors, « Tous à poil » ou « Revêtez le Christ » ? Une réflexion sur le vêtement ne peut se borner seulement à une pieuse méditation. Et pourtant, il est bien vrai que Dieu se préoccupe de nous habiller: après le péché originel, découvrant leur nudité, Adam et Eve se cachent. Avant de les chasser du paradis, Dieu se fait tailleur -le premier couturier !- et leur confectionne des tuniques de peau. Cette précision donnée par la Genèse n’est sûrement pas un détail. Depuis lors, le vêtement occupe dans notre vie une place importante. Voilant la chair, il reflète la personne et devient aussi un langage pour l’âme.

       Inoubliables méditations de saint Jean-Paul II sur la nudité, la honte, le langage du corps… Un trésor de réflexions longuement menées et finement ciselées au fil de 4 années de catéchèse hebdomadaire. Quelle délicatesse il faut pour aborder cette question de la pudeur. On parlait autrefois (?) « d’attentat à la pudeur » : il y a des choses que l’on ne fait pas en public. Mais aujourd’hui, on voudrait faire comme s’il existait encore des tabous, histoire de s’y attaquer et de les renverser. Alors, « Tous à poil » ! La nudité ne choque que celui qui a l’esprit mal tourné, répète-t-on à l’envie. L’enfant lui-même n’est pas étonné par le corps dénudé… Et voilà même qu’un professeur accomplit la « performance » de se déshabiller à l’Université pendant son cours.

        La pudeur a ceci de particulier qu’elle disparaît chez les saints, omnia munda mundis, et … les débauchés (Saint Thomas ajoute aussi les vieillards). Faut-il croire que la sainteté s’est démocratisée à ce point qu’elle tend à faire disparaître la pudeur ? La pudeur voile ce qui doit rester caché, dans la crainte d’être instrumentalisé. La honte face à notre nudité est justifiée lorsque cette nudité constitue une menace pour la dignité de la personne ; or la nudité qui fait de la femme un objet pour l’homme (et vice-versa) est source de honte. Jean-Paul II conclut : « Au commencement, la femme n’était pas un objet pour l’homme, ni lui pour elle ». Oui, la honte protège la dignité de la personne, elle manifeste un besoin profond d’acceptation et de reconnaissance de notre personne et, dans le même temps, une crainte que l’autre ne reconnaisse pas et n’affirme pas la vérité de ma personne, révélée par ma nudité. On se couvre alors.

       Il y a une bonne crainte qui désire non pas cacher, mais protéger ce qui est précieux ; et plus une chose a de la valeur, plus on est attentif à la préserver. La pudeur n’est peut-être pas une vertu, mais elle permet de jeter les premiers fondements de la tempérance, dit saint Ambroise. C’est l’attitude des médiocres, sans doute, ou plutôt de ceux qui ont « un certain amour du bien et qui ne sont pas totalement affranchis de l’empire du mal », … c’est-à-dire la plupart d’entre nous.

       Le vêtement ne fera jamais partie des stéréotypes à déconstruire : au contraire, il est un indice précieux sur la santé d’une société, de sa culture et de son histoire. Il y a une manière de se vêtir ou de se dévêtir qui est conforme à la dignité de la personne ou qui la dégrade. Et l’enfant est précisément celui qui a le plus besoin d’être protégé et éduqué dans ce domaine. « Malheur à celui qui scandalise un seul de ces petits ! » (Mt 18, 6) La nudité à tout prix n’est le signe ni d’un hypothétique retour aux origines ni d’une simplicité retrouvée. Elle ne constitue encore moins une réponse adaptée aux questions des enfants sur le corps. L’exhibition forcenée du corps dénudé provoque généralement l’effet contraire de celui escompté : il n’y a qu’un pas entre le nudisme intégral et le voile intégral.

       « La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres », disait Mallarmé. L’oubli de la pudeur ne conduit pas seulement à fausser le regard sur le corps, mais laisse le cœur désarmé contre ces blessures de l’affectivité qui ont tant de mal à cicatriser. La nudité n’est pas non plus un outil au service de la dernière croisade à la mode : contre les discriminations. Loin de rassurer sur les différences, la nudité ne facilite ni la communication ni le respect.

       Au fond, la pudeur est au service d’une plus grande liberté intérieure pour pouvoir aimer en vérité. Elle s’éduque, s’entretient et, bien cultivée, elle se conjugue avec élégance et beauté : pudeur et fascination cohabitent volontiers. Faut-il rappeler que mode vient d’un mot qui signifie d’abord équilibre et mesure ? Alors, n’oubliez pas d’aller vous rhabiller !

    Père Louis-Marie Guitton

    in Observatoire Socio-Politique
    du diocèse de Fréjus-Toulon
    7 mai 2014
    Louis-Marie Guitton, théorie du genre, christianisme, dignité, conscience

  • La critique du nihilisme contemporain serait très maladroite si elle s’appuyait sur le lexique des valeurs

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    FX Bellamy Photo.jpgLa société contemporaine ne se reconnaît pas comme une société nihiliste. Nous ne cessons de rapporter nos comportements politiques, sociaux, et même économiques, à des postulats éthiques : comme individus, comme citoyens, comme consommateurs, nous voudrions agir en fonction de nos valeurs, au point que le vocabulaire des valeurs a littéralement envahi le débat public. Rien ne semble plus indiscutable que l’importance des valeurs ; certaines sont contingentes – les instituts de sondage distingueront les « valeurs de droite » des « valeurs de gauche » ; de quelques autres, au contraire, on voudrait qu’elles soient unanimement partagées : ainsi des « valeurs de la République », par exemple. Le discours de la défense des valeurs, qu’il soit partisan ou universaliste, donne aux discussions politiques, médiatiques et intellectuelles, une tonalité dogmatique bien paradoxale pour notre société.

    Paradoxale, parce que notre époque est en même temps celle du pouvoir absolu de l’ironie. La post-modernité se conçoit comme l’heure du crépuscule de toutes les idoles ; rien ne doit tenir en place de ce qui pourrait nous surplomber. Rien de certain, de sérieux ou de sacré ne saurait être épargné par la corrosion libératrice de l’universelle parodie. La responsabilité politique est dévaluée, la fonction enseignante déclassée, le modèle familial traditionnel dépassé ; tout ce qui pouvait faire fonction d’autorité se trouve progressivement disqualifié. La figure même de l’intellectuel a perdu sa légitimité ; la fonction critique est désormais assumée par l’univers du divertissement, le seul qui puisse encore produire des idoles. La dérision générale s’exerce en particulier sur la religion comme un signe de contradiction posé face à l’affirmation de nos libertés – et en particulier sur la religion catholique, considérée comme la plus dangereuse de toutes puisqu’elle a si longtemps marqué de son emprise une culture que nous voudrions voir enfin laïcisée. Tous les colosses de l’ancien temps sont donc peu à peu abattus ; de performances en pièces de théâtre, de plateaux de télévision en vidéos de grande diffusion, les acteurs médiatiques dissolvent tout ce qui semble encore tenir trop fermement. Rien ne doit rester intouchable, rien ne doit échapper aux coups de marteau que prodigue avec persévérance cette ironie qui ne rit pas.

    Dans cette perspective, l’incantation des valeurs apparaît pour ce qu’elle est : un symptôme. Elle est simplement l’expression de notre peur du vide. La destruction jubilatoire des figures de l’autorité s’opère en effet au nom de notre liberté – une liberté qui ne se déploie plus dans un monde balisé, repéré, mais dans l’espace indéfini, sans bornes, où l’individu  contemporain, débarrassé des normes dont il héritait, évolue à présent. Cette expérience originaire, que nous avons recherchée avec tant d’ardeur, nous fascine et nous terrifie. L’ironie supprime toutes les limites qui s’imposaient à notre désir, mais par là elle nous rend incapables de rien désirer vraiment. C’est exactement cette situation que Hans Jonas décrit dans Le Principe responsabilité : « Nous frissonnons dans le dénuement d’un nihilisme dans lequel le plus grand des pouvoirs s’accouple avec le plus grand vide, la plus grande capacité avec le plus petit savoir du à quoi bon. »

    Nous voilà libres, de cette liberté d’indifférence qui semble constituer, d’une certaine façon, le projet même de la modernité. Liberté d’indétermination, qui suppose d’affirmer l’indifférence du bien et du mal, et donc un relativisme impensable et impraticable, mais nécessaire à notre indépendance. Comme l’écrivait Descartes, dans une lettre célèbre au Père Mesland, « il nous est toujours possible de nous retenir de poursuivre un bien clairement connu ou d’admettre une vérité évidente, pourvu que nous pensions que c’est un bien d’affirmer par là notre libre arbitre. » Au nom de la liberté de l’individu, ne plus laisser une norme objective s’imposer à l’action ou à la raison : voilà, si tôt et déjà parfaitement exprimé, le principe du relativisme contemporain – ce qui le fonde, et ce qui l’explique. Car ainsi compris, le relativisme que nous partageons n’est pas sceptique : il est nihiliste.

    Il correspond en effet au culte du vouloir pour lui-même, du vouloir vide, indéterminé. Une volonté que rien ne précède, « volonté de puissance » ou, plus simplement encore, « volonté de volonté ». Pour la jeunesse européenne, ces expressions de Nietzsche et Heidegger trouvent leur effectuation concrète dans la « mondialisation de l’indifférence » dont le Pape François parlait à Lampedusa ; nos vies sont désormais inscrites dans l’universel marché où chacun peut faire ses choix, en fonction de ses ressources. Le culte individualiste de l’autodétermination a conduit à un mouvement d’ « économisation » du monde, structuré autour de la figure du consommateur : le marché est en effet le lieu du libre choix, qu’aucun jugement a priori ne précède et ne détermine. Tout y est commensurable, mesurable, relatif. Le marché n’admet pas de norme absolue – c’est d’ailleurs là le seul absolu qu’il défende : l’éviction de toute transcendance qui viendrait perturber l’espace du libre échange. Dans cette « économisation » du monde, tout devient affaire de transactions : les relations sociales, l’amour, les corps… Les récents débats de société révèlent bien ce mouvement progressif de dérégulation, la suppression des barrières héritées d’une culture de la transcendance au nom d’un espace accru de liberté, qui s’accompagne bientôt de sa traduction économique.

    Dans cette perspective, la rhétorique des valeurs n’est qu’un masque, qui voudrait dissimuler à nos propres yeux l’horizontalité totale de cette axiologie dont la fragilité, dans le relativisme universel, nous angoisse. Comme toutes les autres, les « valeurs de l’humanisme », ou les « valeurs de la République », n’ont aucun fondement dans l’absolu. La valeur est toujours le résultat d’une évaluation ; à l’intérieur du marché, tout prend une valeur – mais une valeur relative, dépendant des besoins du moment, des habitudes du passé et des calculs sur l’avenir. La valeur s’estime et s’ajuste, elle croît et décroît. Que le contexte évolue : le bien qui avait une valeur considérable peut, en un seul instant, ne plus rien valoir du tout. Et puisque, à l’intérieur du marché, rien n’a de valeur absolue, on peut dire en fait que rien ne vaut rien.

    La critique de ce nihilisme contemporain serait donc très maladroite si elle s’appuyait à son tour sur le lexique des valeurs. Qu’elle vienne de la philosophie, de la politique ou de la religion, la « défense des valeurs » signe d’une certaine façon la victoire ultime de ce relativisme contre lequel elle prétend s’armer. À titre personnel, je refuse l’idée de m’engager pour promouvoir « mes valeurs »: notre société ne sera sauvée du nihilisme inassumé qui la caractérise que par une parole qui assume le caractère non relatif des buts auxquels elle tend. Je voudrais parler et écrire pour servir en vérité le bien et la justice dans le monde contemporain ; ce ne sont pas « mes » valeurs, mais ce à quoi aspirent nos consciences, et qu’il nous appartient de rechercher ensemble. C’est cette recherche de l’absolu qui peut seule, aujourd’hui, redonner à nos vies le sens qui les sauvera du désespoir, et à nos sociétés la possibilité du dialogue, d’où vient toute authentique relation.

    François-Xavier Bellamy

    In la Revue Esprit mars-avril 2014
    numéro spécial sur le nihilisme
      Logo Revue Esprit.jpg

     

     

     

  • Des enfants endoctrinés par des théories féministes ne seront en rien demain des personnes libres, mais des esclaves…

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    JP Delaume_Myard.jpg« Cher(e)s ami(e)s, depuis le début de mon engagement, je n’ai eu de cesse de répéter que je suis homosexuel et pas gay. Si je précise de nouveau cela, à l’occasion du bilan de notre grenelle de la Famille, c’est que cette distinction n’est en rien une subtilité linguistique de ma part. Elle revêt une réalité qui est la cause de ce qui s’est passé hier aux États-Unis, ce qui se passe aujourd’hui en France, et ce qui se passera demain dans toute l’Europe, contre la Famille. Le lobby gay est déterminé à détruire, et peut importe les moyens, les institutions du mariage et de la famille ; aidée en cela par certains lobby féministes, comme les femen, mais pas seulement.

    Après la loi Taubira pour le mariage entre personnes de même sexe voici que maintenant risque d’arriver les conséquences directes de celle-ci, la PMA et la GPA.

    Le désir d'enfant, et je le sais, est une réalité sincère et douloureuse, mais nous homosexuels, nous n’avons pas à demander, pour autant, à la société de bricoler quelque chose pour transformer cette réalité-là 

    Mais revenons un instant sur un des multiples mensonges de la loi Taubira. Je veux parler de l’adoption.

    Les couples hétérosexuels ont déjà bien du mal à pouvoir adopter un enfant. Il existe très peu de pupilles de la Nation qui le soient. Ces couples doivent alors se diriger la plupart du temps vers des pays d’Afrique ou d’Amérique Latine.

    Il est peut-être utile de rappeler que dans ces pays, leur convention rejette toute adoption par des parents de même sexe. Et aujourd’hui, certains d’entre eux ferment même leur frontière pour les couples hétérosexuels.

    L’enfant n’a pas à être traité comme un cobaye. Il n’a pas à s'adapter à une dictature « Homo-parentale ».

    Le gouvernement, à force de vouloir faire des lois et des concessions pour le lobby gay, fait de l’apartheid non seulement vis-à-vis des autres citoyens, mais plus encore vis-à-vis des homosexuels eux-mêmes. Et je dis bien de l’apartheid, c’est-à-dire une politique ultra-minoritaire et communautariste à l’encontre d’une majorité de Français.

    Pour faire croire qu’un homme avec un homme ou une femme avec une femme pouvait avoir un enfant, on nous impose l’idéologie du genre. On nous dit mensonge lorsqu’on l’évoque.

    Nous avons beau brandir « Papa porte une robe », « Tango a deux papas » ou bien encore « Jean a deux mamans », on nous dit que nous sommes d’affreux réactionnaires.

    N’ayons pas peur de dire haut et fort que des enfants endoctrinés par des théories féministes ne seront en rien demain des personnes libres, mais des esclaves bien plus que le machisme qu’elles sont censées combattre.

    Une Nation construite ainsi ne pourra adhérer qu’aux idées les plus ridicules et les plus aberrantes et cela avec la même servilité.

    J’aimerais faire une comparaison hasardeuse, mais en réalité je ne le pense pas.

    Le 4 décembre 2013, la majorité a adopté une loi pénalisant les clients de prostitués.

    Si la GPA passe au détour de la PMA, est-ce que le fait de se servir du corps d’une femme contre rémunération ne sera-t-il pas considéré comme un acte du coup répréhensible par la loi ?

    Ce n’est pas seulement moi qui m’interroge ainsi, mais la ministre des droits de la femme elle-même quand elle a dit devant l’Assemblée nationale, je cite :

    JP Delaume-Myard 2.jpg« La détresse de l’un ne se soigne pas par l’exploitation de la détresse de l’autre. Elle n’est jamais une justification… Depuis quand notre pays admettrait-il que la liberté aille au-delà de ce qui ne nuit pas à autrui ? Depuis quand privilégierions une souffrance par rapport à une autre ? Depuis quand le corps humain devrait-il être assimilé à un médicament ? Depuis quand se soignerait-on aux dépens d’une autre personne. »

    Pour une fois, vous avez raison Madame la Ministre.

    Enfin, pour conclure, je voudrais dire comme je l’avais déjà dit, il y a un an à la même date à Tours, il est quand même incroyable qu’en ce 8 mars, journée de la Femme, que cela soit un homme qui plus est homosexuel qui défende l’intégrité de la Femme.

    Lorsque je vois que ce sont des femmes elles-mêmes qui veulent exploiter la misère d’autres femmes, je me dis dans quel monde vit-on ? Femmes réveillez-vous ! Indignez-vous comme aurait dit Stéphane Heissel. »

     

    Jean-Pier Delaume-Myard
    Porte-Parole de La Manif Pour Tous

    Grenelle de la Famille
    8 mars 2014
    Mutualité de Paris

     

     

     

     

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    Comment une Secrétaire d’État m’a demandé de me taire 

    Par Jean-Pier Delaume-Myard, porte-parole national de La Manif Pour Tous, auteur de "HOMOSEXUEL contre le mariage pour tous"

     

    Le 28 avril 2014, la Secrétaire d’État à la Famille et aux Personnes âgées, Laurence Rossignol, a reçu une délégation de La Manif Pour Tous, dans le cadre de ses rencontres avec des associations familiales ou des mouvements citoyens. Une rencontre que nous avions réclamée de longue date et que la Ministre en charge de ce dossier du précédent gouvernement avait toujours refusé.


    Comme le 25 janvier 2013, lors de l’entrevue avec Monsieur le Président de la République, je faisais partie de la délégation, mais j’ai été reçu, cette fois-ci, beaucoup moins courtoisement, la Secrétaire d’État m’a demandé purement et simplement de me taire.

    La délégation autour de Ludovine de la Rochère, Présidente, était composée de quatre personnes, Jérôme Brunet, Porte-parole de L’Appel des professionnels de l’enfance et de La Manif Pour Tous, Albéric Dumont, Coordinateur général de La Manif Pour Tous, Anne-Claude Venot, porte-parole des Adoptés pour l’enfance, mouvement du collectif de La Manif Pour Tous et de moi-même.

    Avant la conclusion de Ludovine de la Rochère, je fus le dernier à prendre la parole.

    J’eus à peine le temps de commencer de donner mon point de vue : « Je représente de nombreux homosexuels - hommes et femmes, qui sont contre la loi qui a ouvert le mariage entre personnes de même sexe. En leurs noms, je vous remercie de me recevoir car nous avons eu, jusqu’ici, l’impression que l’on nous volait notre voix. 

    Madame la Ministre vous avez appelé à l’apaisement. Nous ne pouvons que nous en réjouir.

    Cependant, dès le mois de mai, débuteront dans toute la France, les gay pride 2014. Et je m’en inquiète fortement en tant que porte-parole de La Manif Pour Tous, mais aussi en tant qu’homosexuel.

    Je m’en inquiète en tant que porte-parole de la Manif Pour Tous car je ne voudrai pas que vous écoutiez les sirènes de la LGBT qui vont, réclamer, à cors et à cris, à cette occasion, l’obtention de la PMA et ses dérives directes, la GPA. »

    Paradoxalement, alors que je l’avais remercié, quelques instants plus tôt, de nous donner (nous homosexuels) la parole que la Secrétaire d’État me demandait si « je souhaitais vraiment poursuivre ». 

    Pour Madame Rossignol, il n’était pas question de revenir sur la loi Taubira. En outre, elle-même, ainsi que le Premier Ministre et Madame Marisol Touraine, ministre des Affaires Sociales et de la Santé, avaient été très claires, « il n’y aura pas de PMA sous cette mandature et pas plus d’amendement » de qui que se soit ; pas plus de madame Esther Benbassa, Sénatrice EELV, qui pour la Secrétaire d’État lorsqu’on lui a fait part de notre inquiétude quant à son souhait de déposer un article, nous a affirmé qu’ « elle était seule à avoir cette position ».

    Lorsque je retentai de prendre la parole pour indiquer que « des associations gays comme l'Association des Parents et futurs parents Gays et Lesbiens » souhaitaient la « voir reprendre l'accès à la PMA à toutes les femmes, en couples ou célibataire, le statut du beau-parent, la reconnaissance de la pluriparentalité, et la reconnaissance des états civils étrangers des enfants nés par GPA. » 

    Que je poursuivis, en rappelant que « la circulaire Taubira » inquiétait « également La Manif Pour Tous. Cette circulaire signifie la régularisation, en France, d'enfants qui seraient nés, entre guillemets, illégalement. Mais, Madame la Ministre comme vous le savez tout enfant-né, par exemple, sur le sol américain est américain. Cette circulaire introduit en réalité un premier pas vers la légalisation de la GPA et la mercantilisation de l'enfant ce qui est pour nous totalement insupportable. »

    La Secrétaire d’État a affirmée, alors que cette circulaire fait actuellement l’objet, depuis plusieurs mois, d’un recours devant le Conseil d’État, qu’elle « faisait partie à part entière de la Loi Taubira ».

    Puis, elle ignora la suite de mes propos souhaitant aborder les futures propositions de la Loi Famille dont la première devrait passer dès le mois de mai en commission des lois.

    Alors que la Secrétaire d’État demande l'apaisement avec les associations contre le mariage homosexuel, elle commence fort mal, du moins avec un des représentants homosexuels.

    On verra bien, si Madame Rossignol demandera à la LGBT de se taire sur la PMA, on verra bien si Madame Rossignol demandera à Madame Esther Benbassa, Sénatrice EELV, de se taire au Sénat.

    Si le gouvernement ne veut plus attendre parler de la Loi Taubira et de la PMA, pourquoi alors ne demande-t-il pas au Comité Consultatif National d’Éthique de se dessaisir de la demande du Président de la République de donner un avis sur la PMA ? Pourquoi ne demande-t-il pas à Madame Taubira de retirer sa circulaire qui introduit une suspicion quant à la GPA ?

    Enfin, si la Secrétaire d’État ne souhaite plus que soit abordé la question de la PMA, condition très clairement sine qua non pour être de nouveau reçu, pourquoi laisser alors l’adoption dans la loi ouvrant le mariage pour personnes de même sexe, puisque tout le monde sait que l’adoption pour des couples homosexuels est pratiquement impossible, la majorité des conventions des pays autorisant l’adoption l’interdisant pour les homosexuels… il faudra, donc, bien qu’un jour ou l’autre, face à la pression des associations gays ce gouvernement traite de nouveau la question de la PMA.

    Pour l’heure, circulez il n’y a rien à voir. Taisez-vous, Jean-Pier… Delaume-Myard.

     

  • La construction de cet édifice demandé par Dieu à la France a été décidée par un vote de l'ASSEMBLÉE NATIONALE

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    Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre

    Inscription sur un pilier de la Basilique :

    Paray-le-Monial 1689

    Extrait de la lettre CIV de sainte Marguerite-Marie Alacoque :

    Marguerite-Marie Alacoque Clignancourt.jpg

     

    « Le Père Éternel voulant réparer les amertumes et angoisses que l'Adorable Cœur de son divin fils a ressenties parmi les humiliations et outrages de sa Passion veut un édifice où serait le tableau de ce divin Cœur pour y recevoir consécration et hommages. »

     

     La construction de cet édifice demandé par Dieu à la France a été décidée par un vote de l'ASSEMBLÉE NATIONALE

    le 23 juillet 1873
    à la majorité de 244 voix.

     

    Vitrail de Lorin, années 30
    Notre-Dame-de-Clignancourt

    UNE ADORATION DE LA SAINTE EUCHARISTIE

     Dieu qui simplifie tout

    simplifie-moi

    Eucharistie

    Offrande sainte de Dieu

    Par laquelle je touche à Ta Présence

    Rends-moi pure

    Simplifie-moi

    Hostie sainte sertie dans l’Ostensoir du Saint-Sacrement

    Tu es l’Essence de ma foi

    Sa fin et son commencement

    Ô disque pur

    Cœur de Dieu

    Plexus solaire d’où rayonne l’Amour divin

    Lumière-source de toute Miséricorde

    Durée éternellement présente fixée à la Blancheur

    Où le spectre entier des couleurs est résumé

    Touché de Dieu inaltérable

    Qu’aucune prière n’usera jamais

    Cercle chéri de l’abnégation

    Comblé de Toi qui demeure partout

    Et que rien ne peut contenir

    Ô Christ

    Ta Passion est donnée en ce disque parfait

    Le Sang et l’Eau de Ton Côté

    Nourrissent sans cesse

    Ton Corps saint

    Corps du Christ pure offrande

    Qui ne tarit jamais

    Abreuve-moi

    Laisse se répandre en moi l’eau éternelle du Baptême

    Que chacun de mes membres et toute cellule

    Vivent de Toi

    Que mes organes et toute âme

    Soient drainés de Toi

    Que ma peau et tout muscle

    Respirent en Toi

    Par Toi et pour Toi

    Que mon être entier exulte

    Et s’accomplisse en Toi

    Ô

    Lettre parfaite

    Imprononçable à mon cœur de femme

    Ô

    Toi que j’aime pourtant

    Et aspire à aimer de toute mon âme

    Ô Jésus

    Dieu qui te fis lumière et chair

    Verbe venu au secours de mon imperfection

    Hostie sainte sertie dans l’Ostensoir du Saint-Sacrement

    Sacré-Cœur de Jésus résumé en Cela

    Tu m’attires à Ta Résurrection

    Vers laquelle je tends tout mon être éploré

    Laisse-moi toucher la frange du Salut

    Laisse-moi goûter à la beauté de Ton Visage

    Jésus !

     Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
    sa. 12 avril 2014, veille des Rameaux
    Sandrine T.

                                                  

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  • La technique : instrument au service de l'homme et non instrumentalisation de l'humain

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    Sphère Enciellement.jpg

    Vidéogramme de "Enciellement Édith Etty"
    de l'artiste vidéographe Sandrine Treuillard

     

    Dans son article intitulé « technophilie et technophobie : quelle critique possible ? » [1], Marc Grassin présente la critique de la modernité par le philosophe allemand Peter Sloterdijk à travers la tension qui apparaît entre l’« appropriation de soi pour faire et décider du lien » (ce que l’homme réalise aujourd’hui par la technique), et la « dé-liaison avec tout ce qui ne correspondrait pas avec l’exigence imposée par le besoin d'une généralisation et d'une extension de ce rapport fabriquant à tous les niveaux de l’homme » (p. 84). Ou comment la conception « post-moderne » de l’individu ingénieur de lui-même rencontre les apories de l’universalisme technicien qu’elle suppose.

    Sphère Enciellement.jpgL’auteur développe alors comment « le rêve d'une technique anthropocentrique et humaniste, au service de l'homme en général et de tous les hommes en particulier, s'évanouit à mesure que la subjectivité libérale contemporaine se comprend de plus en plus comme unique finalité de l'existence et de l'activité » (p. 83). Qualifiant ce « repli sur soi » comme « le renversement le plus décisif de la modernité contemporaine » (p. 83), il en appellera à vivre autrement le projet de la modernité : il s’agit de revenir sur « l’éclipse de la parole » (p. 88) refoulée par la puissance d’imposition de la technique ; seule la parole pourra « ouvr[ir] la voie et la voix à une autre forme d’être actif dans le monde » (p. 89), laquelle ne doit pas être laissée à la seule technique.

    Si nous souscrivons volontiers à l’intention d’ensemble, nous voudrions attirer l’attention ici sur les présupposés philosophiques et même religieux qui sous-tendent la réflexion globale de cet article, et qui, nous semble-t-il, sont en contradiction avec cette intention. Dans la perspective de cette réflexion, en effet, le projet de la modernité exprime le propre de l’homme ; son seul tort est d’avoir été captée par la subjectivité libérale qui la fait verser dans la seule recherche d’intensification de soi et de puissance. Mais, pour notre part, nous dirions que la subjectivité libérale est celle qui exprime le plus sûrement le projet de la modernité. Il n’y a pas là renversement mais aboutissement et intensification du même projet.

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    L’homme descend-t-il de la technique ?

    Les présupposés de l’article le montrent, où la technique est conçue comme « l'organe d'une reconfiguration de la nature en tant que telle et de la condition humaine » (p. 75), entendant par là qu’elle n’est pas moins que la condition même d’être homme. Voilà « la dimension anthropologiquement constitutive de la technique » [2] : la technique constitue l’homme ; l’homme se constitue lui-même par la technique. Dans cette perspective, « l’aventure humaine naît du geste technique. […] L'homme naît véritablement par ce fait qu'il est possible, outils en main et technologie au cœur, de transformer la réalité, de "forer des trous dans la cage de l’environnement". Cette transformation, loin d'être une simple mise sous la main, possession ou arraisonnement, porte le nom de liberté. L'environnement dans lequel il s'agit de s'inscrire devient un monde parce qu'il est possible de décider de sa forme et aussi de son fond. […] Être au monde ou être de ce monde humain, c'est configurer et reconfigurer la réalité. » (p. 79-80). Il nous semble qu’on ne saurait mieux décrire « l’âme » (ou plutôt son effacement) de la « post-modernité ». Et l’article de citer Peter Sloterdijk, pour qui l’homme ne descend ni du singe ni du signe mais de la technique : c’est elle qui le fait passer du « pré-homme » à l’« homme ».

    La technique serait ainsi notre origine. Elle serait aussi notre avenir. Car « il n'est pas exagéré de dire qu'avec la technique, c'est la liberté qui croît et c'est l'homme qui grandit et devient. […] Techniciser le monde, c'est jouer le chemin d'une liberté. » (p. 80). En fait, la technique se voit tout le long de cet article définie à partir de la liberté, et la liberté à partir de la technique, dans une impeccable circularité. C’est la technique qui nous rendra libres… Libres de quoi ? Libres de techniciser toujours plus, libres de (nous) fabriquer, libres de (nous) produire [3]. Non seulement la liberté n’est comprise que d’après la technique, mais encore la définition qui lui est donnée fait abstraction complète du règne de fer, de nécessités et de déterminations qu’elle a imposé à l’homme en échange des déterminations du passé. Tout cela se voit renvoyé aux torts de la seule subjectivité libérale. La technique, elle, n’est que liberté.

    C’est même cette liberté que l’homme n’arriverait pas à « assumer » aujourd’hui. Le coquin. C’est pourtant sa nature, sa vocation, d’être technicien, et technicien de lui-même ! Mais non, il faut qu’il angoisse de cette trop grande « liberté » : « c'est sans doute cela qui génère l'inquiétude contemporaine. L'homme qui jouit de son pouvoir technique rencontre l'angoissante situation d'avoir tout à décider, même sa nature, d'avoir à assumer sa liberté jusqu'au bout de lui-même. Plus de terre de repos où il n'y aurait qu'à être. Être s'inscrit dans une existence qui assume l'obligation pratique d'avoir à décider du monde et de soi. C'est cela qui, aujourd'hui, apparaît au grand jour, mais qui, en réalité, est inscrit dès le premier geste technique, dès le premier geste humain. Les biotechnologies du vivant ne font à cet égard qu'achever la révélation de cette vérité "humaine" de l'homme […] » (p. 80) – biotechniques auxquelles il conviendrait d’ajouter toutes les « techniques de soi », de l’éthique de Foucault aux fantasmes dugender… Il nous paraît quant à nous beaucoup plus simple de supposer que c’est au contraire et précisément à force de « configurer et reconfigurer la réalité » que l’homme de ce temps n’a tout simplement plus nulle part ou « être au monde » [4].

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    Sacralisation de la technique et désacralisation de la nature

    Depuis cette « vérité révélée" » (pas moins !), les formules de foi s’enchaînent alors : « tout cela quoi que nous puissions en penser, dit cette condition humaine enfin mise à jour. La nature a défié le pouvoir de l'homme. En relevant ce défi, l'homme a fait de ce pouvoir sa marque de fabrique. […] Dire cela ne revient pas à dire pour autant que toute technologisation soit souhaitable, mais seulement que le souhaitable prendra corps, s'inscrira et s'ouvrira sur fond de cette naturelle et humaine transformation "fabricante" et "maîtrisante" du tout de l'homme » (p. 81). Pas moins, là encore. On se demande juste à quoi peut bien faire référence le « souhaitable » dans cette perspective résolument « post-moderne » i.e. « ultra-moderne », où la nature de l’homme est précisément de la défaire et de la refaire à volonté : « avec la technique, c'est toute l'anthropologie qui bascule dans un monde fait d'une liberté ouverte à l'indéterminé de ce que nous déciderons de produire » (p. 81). 

    Et avec cela « la représentation même de la nature […] cessant d'être appréhendable comme une réalité permanente, éternelle et sacrée [se voit] désacralisé[e] » (p. 80). L’évocation de la désacralisation de la nature achève ici de rendre compte de la sacralisation dont la technique a fait l’objet. Ainsi que l’auteur deLa technique où l’enjeu du siècle l’avait exprimé il y a déjà longtemps, « c’est le facteur de désacralisation qui devient en même temps le centre du nouveau sacré. La puissance qui a provoqué la transgression de l’ancien ordre ne peut être elle-même que sacrée : elle entre dans le monde sacral, et se trouve investie d’une évidence d’autant plus aveuglante qu’elle a précisément triomphé de l’évidence première  [5].» La certitude de la fabrication de l’homme par lui-même par la technique, et la promesse de la technique de nous rendre de plus en plus libres ne signifient qu’une chose : « la technique est sacrée parce qu'elle est l'expression commune de la puissance de l'homme et que, sans elle, il se retrouverait pauvre, seul et nu, sans fard, cessant d'être le héros, le génie, l'archange qu'un moteur lui permet d'être à assez bon compte. En définitive la technique est pour l'homme actuel ce qui assure son avenir […] [6]. »

    Son avenir, et son origine, nous l’avons vu. Ellul écrivait alors en 1973 le sous-texte de l’article de 2011 ici critiqué : « En contrepartie de cette certitude, cet homme se donne pour origine d'avoir toujours été Homo faber. Cette réversion de la technique vers le passé, cette proclamation que l'homme n'a été homme qu'à partir du moment où il était faber, c'est-à-dire technicien, est probablement une des marques les plus sûres de ce sacré : car c'est toujours dans son sacré qu'il établit son origine. Dans un monde peuplé de dieux, l'homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux. Mais dans un monde peuplé de machines, il n'a comme origine que le point de départ de la technique. Sa façon de représenter son point de départ, sa première caractéristique exclusive dénote immédiatement où est son sacré. Et à partir de là, il reconstitue son histoire en fonction de la technique. Là encore, la façon de raconter l'histoire est indicative du sacré. Et maintenant, ce n'est plus l'histoire des grands héros, des guerres, des charismes et des dieux, c'est l'histoire édifiée peu à peu dans le progrès des techniques : il ne pouvait pas s'y tromper, ce n'est pas là une histoire séculière, c'est une autre histoire sacrée [7]. »

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    Humiliation de la parole

    Dès lors, quelle critique possible de la technique ? demandait Marc Grassin. Faire place de nouveau à la parole et au symbolique, hérités de notre passé mais refoulés par l’automatisme de la technique, répond-il. Nous sommes bien d’accord. Sauf que, à notre idée, on en reste là à un vœu pieu et contradictoire en maintenant la technique dans le domaine à partir duquel elle a justement humilié la parole et nié toute symbolisation. L’on espère toujours pouvoir servir deux maîtres. Comment la technique pourrait-elle faire l’objet d’une critique qui la reçoit comme sacrée ?

    La technique étant sacrée, la technique étant « l’âme » de la modernité, la critique qui porte est obligatoirement profanatoire. Elle se reconnaît à ce qu’elle attire sur elle la condamnation des prêtres de notre temps, la vindicte populaire, et le lynchage médiatique - à l’image de ce qu’ont provoqué les paroles limpides de Benoît XVI il y a 3 ans sur « le sida et le préservatif » : là non plus, on ne pouvait pas s’y tromper : c’était un sacrilège.

    Aussi, à notre avis, la seule vérité que le progrès des techniques révèle, et en particulier le progrès évoqué des biotechniques [7], c’est qu’il « impos[e] de choisir entre deux types de rationalités, celle de la raison ouverte à la transcendance et celle d’une raison close dans l’immanence technologique. On se trouve devant un "ou bien, ou bien" (aut, aut) décisif [8]. »  C’est, concrètement, le travail patient et obstiné, à temps et (en l’occurrence surtout) à contre-temps, des disciples du Christ qui témoignent que la technique n’est ni l’origine ni l’avenir de l’homme, et moins encore ce qui rend libre. Elle est seulement, ou devrait être, un instrument de sa liberté (véritable) et c’est uniquement en tant qu’instrument qu’elle pourra être liée au développement humain : instrument et non instrumentalisation (de l’autre ou de soi), instrument subordonné au « sens pleinement humain du "faire" de l’homme, sur l’horizon de sens de la personne prise dans la globalité de son être [9]. » 

    Une ambition immense et « déraisonnable », une folie pour la sagesse de ce monde - la parfaite mesure, donc, de l’Espérance.

     

    JÉRÔME SAINTON
    publié le 11 mai 2012
    in Liberté Politique

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    [1] Marc Grassin, enseignant à la faculté de philosophie de l’Institut Catholique de Paris ; article paru dans la Revue d’éthique et de théologie morale, CerfParis, n°265, sept. 2011, p. 75-89. 

    [2] p. 77. Dimension qu’il ne faudrait pas refuser, à l’image des « technophiles et technophobes, radicaux ou modérés [qui] se donnent la main sans en avoir l’air, pour éviter d'assumer jusqu'au bout l'incidence de [cette dimension], c'est-à-dire l'obligation de penser et de vivre le mouvement d'un homme "innové" par cette part active de lui-même (la technique). » (ibid.)

    [3] C.-à.-d.. le fantasme ultime de l’homme « "post-moderne »", celui qui se constitue lui-même. Cf.l’ouvrage magistral d’Olivier Rey, Une folle solitude : le fantasme de l’homme auto-construit.

    [4] Comme certains l’ont bien montré, la « "subjectivité libérale »" est parfaitement liée à l’objectivation croissante imposée par la science-technique, le subjectivisme venant en réaction compensatoire à la disparition du sens et à la dissolution du sujet dans la science et la technique, avec pour corollaire que la science-technique est en retour le seul ordre extérieur opposable à l’individualisme : « les deux vont de pair. L’individualisme a trouvé en la science un puissant allié — pour déconstruire les institutions et les ordres anciens, pour affranchir l’homme des héritages et des autorités traditionnelles. Et, chemin faisant, la science est devenue le seul contrepoids possible à l’individualisme. L’équilibre ne se fait pas par conciliation, irréalisable, mais par un va-et-vient entre les deux positions extrêmes. […] Plus l’individualisme croît, plus on a besoin de science : face aux vérités particulières, dont plus rien n’assure la concordance, la science est le seul ordre admissible. » (Olivier Rey, Itinéraire de l’égarement : le rôle de la science dans l’absurdité contemporaine, p. 144-145). Cf. aussi Bernard Charbonneau, le système et le chaos, et Jacques Ellul, le système technicien.

    [5] Jacques Ellul, Les nouveaux possédés, p. 107. Un exemple parmi tant d’autres mais tellement parlant : ces déclarations du rapporteur de la mission parlementaire lors de la dernière modification des lois de bioéthique, Jean Léonetti, pour autoriser le sacrifice de l’embryon de l’homme à la recherche : « Il faut faire la distinction entre l’éthique sociétale, qui implique de la prudence, et l’éthique scientifique, qui doit privilégier la témérité » (Le Journal du Dimanche, 07/11/2010). Tout est dit du caractère sacré de la technoscience, ce temple de la modernité : à l’intérieur du temple, les prêtres-techniciens ne participent pas de la société usuelle : il s’agit bien d’une sacralisation, c’est-à-dire d’une séparation entre un domaine sacré et un domaine profane — qui n’ont pas les mêmes devoirs.

    [6] Jacques Ellul, Les nouveaux possédés, p. 118. La technique est sacrée aussi dès lors que passent par elle le faire vivre et le faire mourir. Il n’y a qu’à considérer sa puissance de légitimation : dans l’avortement, dans l’euthanasie prénatale, dans les procréations artificielles ; des choses qui seraient pour la majorité inconcevables par elles-mêmes iront de soi dès lors que "strictement encadrées", "médicalisées" bref, dès lors que médiatisées par la technique … Disons ici un mot de l’euthanasie, puisque elle fait l’actualité. N’est-elle pas archétypique de la dimension sacrale de la technique ? Le geste en question est à la portée de quiconque, alors pourquoi un médecin ? N’est-ce pas là qu’il faut que cela passe par le corps médical, c’est-à-dire tout l’apparat religieux de la technique ? Il faut que cette "interruption volontaire de vie" reçoive la bénédiction d’un prêtre-technicien, il faut qu’elle soit le dernier sacrement conféré par la technique. L’euthanasie arrivera ainsi à boucler les nécessités intrinsèques du "système technicien", éliminant les individus qui n’ont plus rien à "faire" ; tout en étant réclamée "librement" par eux, la "liberté" en question les ayant précipités dans le néant, indétermination ultime offerte par la « reconfiguration de la réalité ».

    [7]Ibid.

    [8] Ce « domaine particulièrement délicat et décisif, où émerge avec une force dramatique la question fondamentale de savoir si l’homme s’est produit lui-même ou s’il dépend de Dieu » (Benoit XVI, L’amour dans la Vérité, n. 74).

    [9] Benoit XVI, L’amour dans la Vérité, n. 74.

    [10] Benoit XVI, L’amour dans la Vérité, n. 70.

  • Devenir un peuple demande un processus constant dans lequel chaque nouvelle génération se trouve engagée

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    Blason Pape François.jpgEn chaque nation, les habitants développent la dimension sociale de leurs vies, en se constituant citoyens responsables au sein d’un peuple, et non comme une masse asservie par les forces dominantes. Souvenons-nous qu’ « être citoyen fidèle est une vertu, et la participation à la vie politique une obligation morale »[i]. Mais devenir un peuple est cependant quelque chose de plus, et demande un processus constant dans lequel chaque nouvelle génération se trouve engagée. C’est un travail lent et ardu qui exige de se laisser intégrer, et d’apprendre à le faire au point de développer une culture de la rencontre dans une harmonie multiforme.

             

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    Pour avancer dans cette construction d’un peuple en paix, juste et fraternel, il y a quatre principes reliés à des tensions bipolaires propres à toute réalité sociale. Ils viennent des grands postulats de la Doctrine Sociale de l’Église, lesquels constituent «  le paramètre de référence premier et fondamental pour l’interprétation et l’évaluation des phénomènes sociaux »[ii]. À la lumière de ceux-ci,  je désire proposer maintenant ces quatre principes[iii] qui orientent spécifiquement le développement de la cohabitation sociale et la construction d’un peuple où les différences s’harmonisent dans un projet commun. Je le fais avec la conviction que leur application peut être un authentique chemin vers la paix dans chaque nation et dans le monde entier.

     

    Le temps est supérieur à l’espace

              

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    Il y a une tension bipolaire entre la plénitude et la limite. La plénitude provoque la volonté de tout posséder, et la limite est le mur qui se met devant nous. Le "temps", considéré au sens large, fait référence à la plénitude comme expression de l’horizon qui s’ouvre devant nous, et le moment est une expression de la limite qui se vit dans un espace délimité. Les citoyens vivent en tension entre la conjoncture du moment et la lumière du temps, d’un horizon plus grand, de l’utopie qui nous ouvre sur l’avenir comme cause finale qui attire. De là surgit un premier principe pour avancer dans la construction d’un peuple : le temps est supérieur à l’espace.

             

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    Ce principe permet de travailler à long terme sans être obsédé par les résultats immédiats. Il aide à supporter avec patience les situations difficiles et adverses, ou les changements des plans qu’impose le dynamisme de la réalité. Il est une invitation à assumer la tension entre plénitude et limite, en accordant la priorité au temps. Un des péchés qui parfois se rencontre dans l’activité socio-politique consiste à privilégier les espaces plutôt que les temps des processus. Donner la priorité à l’espace conduit à devenir fou pour tout résoudre dans le moment présent, pour tenter de prendre possession de tous les espaces de pouvoir et d’auto-affirmation. C’est cristalliser les processus et prétendre les détenir. Donner la priorité au temps c’est s’occuper d’initier des processus plutôt que de posséder des espaces. Le temps ordonne les espaces, les éclaire et les transforme en maillons d’une chaîne en constante croissance, sans chemin de retour. Il s’agit de privilégier les actions qui génèrent les dynamismes nouveaux dans la société et impliquent d’autres personnes et groupes qui les développent, jusqu’à ce qu’ils fructifient en événements historiques importants. Sans inquiétude, mais avec des convictions claires et de la ténacité.

      

    Articles 220 à 223

    de l’Exhortation apostolique

    du Saint-Père François

    La joie de l’Évangile

    EVANGELII GAUDIUM

     

     


    [i] CONFERENCE DES ÉVÊQUES CATHOLIQUES DES ÉTATS-UNIS, Lettre pastorale Forming Consciences for Faithful Citizenship (2007), 13.

    [ii] CONSEIL PONTIFICAL JUSTICE ET PAIXCompendium de la Doctrine Sociale de l’Église, n. 161.

    [iii] Ici, deux de ces principes seulement sont repris.

  • Par sa nature et par sa vocation la France était prédestinée à posséder d'une manière spéciale et plus intime le Cœur royal de son Christ

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    [Retrouvez la page enrichie LA FRANCE & LE SACRÉ CŒUR]

     

    StLongin BibleHistorialeXIIIèGuiarddesMoulins.jpgBible historiale XIIIème siècle - Guiard des Moulins

    «          Par sa nature et par sa vocation la France était pré-destinée à posséder d'une manière spé-ciale et plus intime le Cœur royal de son Christ.

    Ce Cœur de Jésus-Christ est le foyer et le symbole de son amour : amour ardent, généreux, magnanime jusqu’à la mort. Or, c’est l’amour surtout, qui parle à l’âme française. On ne gouverne guère le Français par la seule force ; on ne le fait pas agir ou combattre par contrainte : bientôt il brise le joug, et foule aux pieds son tyran quel qu’il soit. Au contraire, prenez-lui le cour ; passionnez-le pour un noble but, pour une idée désintéressée, montrez-lui l’exemple du sacrifice, qu’il se sente aimé : il n’est pas d’effort qu’on puisse obtenir de lui, son élan est irrésistible, son courage indomptable ; son dévouement ne connaît plus de bornes.

    Aussi, dès que Jésus-Christ, dans sa beauté et son amour, se fut révélé à Clovis, et que les francs, d’enthousiasme, eurent conclu avec lui au baptistère de Reims leur pacte d’alliance, il s’établit entre la France et son divin Roi un courant de mutuelle confiance, un perpétuel échange de faveurs et de services, une étroite solidarité d’intérêts et d’aspirations, tels que l’histoire d’aucun peuple n’offre rien de comparable. Voilà ce qui devait amener, dans le cours des âges, une manifestation de plus en plus éclatante du Sacré Cœur de Jésus, manifestation qui atteint aujourd’hui son apogée [nous sommes en 1892], et dont nous espérons pour notre pays des bienfaits toujours plus magnifiques. 

    Carte La France du Sacré Cœur.jpg Carte tirée de l'ouvrage La France et le Sacré Cœur
    du P. Victor Alet de la Compagnie de Jésus
    Paris, D. Dumoulin et Cie, Imprimeurs-Éditeurs, 1892
    Cinquième édition

     

    Le Père Félix[i] a bien mis en lumière ces providentielles harmonies entre le Cœur de Jésus et la nature et les destinées de la France. Ce que Notre-Seigneur attendait, avant tout, du peuple qu’il choisirait pour lui donner son divin Cœur, à la charge d’en propager le culte et d’en affermir le règne, c’était une puissance de prosélytisme capable de tous les dévouements. Or, où a trouver plus prompte, plus irrésistible, que dans notre patrie ? Le Français est d’une nature tellement expansive, qu’une fois en possession d’une idée, bonne ou mauvaise, il est tourmenté du besoin de la communiquer. La semence qu’il a reçue, semence de vie ou de mort, il faut qu’il la confie à tous les souffles qui passent, pour la disperser au-delà de ses frontières. Ne lui demandez pas de garder pour lui la vérité ou l’erreur dont il est dépositaire : non, il faut qu’avec lui on adore, ou qu’avec lui on blasphème ; et que, selon la nature des dons qu’il présente au monde, il en devienne le sauveur ou le fléau. L’apostolat du bien, le prosélytisme du mal, c’est sa passion, c’est sa vie. Et pour servir ce besoin d’expansion, le Français possède un merveilleux organe, une langue nette et précise, lumineuse et persuasive, envahissante et dominatrice, dont tous, amis et ennemis, subissent l’ascendant. 

    Cathédrale StÉtienne Bourges 18.jpgVitrail Baie 6 Cathédrale Saint Étienne de Bourges (18) 

    Il faut compléter ces réflexions en replaçant dans leur glorieux cadre historique les révélations de Paray-le-Monial. C’est qu’en effet, à cette influence du caractère et de la langue s’ajoutait alors la prépondérance irrésistible que la France tirait de sa situation politique. C’était l’apogée du grand règne ; la voix de Louis XIV était écoutée avec respect dans le conseil des rois ; il maintenait encore sur tous les champs de bataille la supériorité de ses armées, et ses flottent victorieuses portaient sur tous les rivages le prestige de nom français. Nos colonies étaient florissantes, nos missionnaires partout ! Au Canada et à Saint-Domingue, dans les Indes orientales et en Chine, dans les Échelles du Levant, la religion du grand roi était en honneur,  et à Stamboul même, le sultan avait des égards pour l’ambassadeur qui représentait la France. Enfin, dans toutes les factoreries de la Méditerranée, en Égypte et en Syrie, dans la Palestine et sur le mont Liban, dans toutes les îles de la Grèce, les Francs reprenaient l’influence que le temps leur avait enlevée, ils reconstituaient, au profit de leur patrie et de leur foi, les vieil héritage des croisades.

    On conçoit dès lors que Notre-Seigneur ai fait à une cité française la révélation de son amour, et qu’il ait choisi pour évangéliste de son Cœur une Française, pour son premier apôtre un Français. Mais il voulut les prendre dans la vie religieuse : Marguerite-Marie, au sein d’un Ordre si éminemment français qu’on ne peut nommer ses fondateurs, François de Sales et Françoise de Chantal, sans faire résonner le nom même de la France, et Claude de la Colombière, membre de cette Compagnie de Jésus, qui, cosmopolite par son recrutement, n’en est pas moins française par sa naissance : Montmartre fut son berceau. »


    Extrait de La France et le Sacré Cœur
    du P. Victor Alet de la Compagnie de Jésus
    Paris, D. Dumoulin et Cie, Imprimeurs-Éditeurs, 1892
    Cinquième édition

     


    [i] La France devant le Sacré Cœur, discours prononcé à Paray-le-Monial, le 20 juin 1873, dont nous donnons ici un résumé.

  • Messe pour la France au Sacré-Cœur de Montmartre tous les jeudis 18h

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    StLongin BibleHistorialeXIIIèGuiarddesMoulins.jpg[Retrouvez la page enrichie LA FRANCE & LE SACRÉ CŒUR]

    Depuis les Veillées pour la Famille des 23 mars & 25 mai 2013, La Vaillante s'est attachée à prier pour La France à la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre - Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique & de la Miséricorde Divine. Le 25 mai, le Père Bernard Peyrous (auteur de Connaître & aimer son pays, & postulateur de la cause de béatification de Marthe Robin) nous rappelait la vocation de la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, le Vœu National pour laquelle elle a été construite : prier pour la France. Depuis 40 ans, on n'avait prié pour la France aussi ardemment, "grâce" aux lois à l'encontre de la famille actées en 2013.
    Aussi, voici la première chose importante que je vous communique sur cette page : tous les jeudis, à 18h30, est célébrée une messe pour La France à la 
    Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, en présence du Recteur & des Bénédictines, et précédée des Vêpres, à 18h. La litanie des Saints de France en assurant la transition.  

    Carte La France du Sacré Cœur.jpg Carte tirée de l'ouvrage La France et le Sacré Cœur
    du P. Victor Alet de la Compagnie de Jésus
    Paris, D. Dumoulin et Cie, Imprimeurs-Éditeurs, 1892
    Cinquième édition

     

  • L’islam est une chance et une opportunité aujourd’hui en France, afin que la France puisse renouer avec ses valeurs traditionnelles qui ont fait d’elles cette grande nation

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    Retranscription de l’entretien avant municipales avec l’association
    Des Françaises Voilées S’expriment

     

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    Bonjour Mesdames, tout d’abord je suis ravie de vous recevoir. On connaît votre association Des Françaises Voilées S’expriment, grâce à votre première vidéo. J’aimerais vous demander dans un premier temps de vous définir personnellement.

    Hynd Habach.jpgHynd : Se définir personnellement, c’est vrai que c’est un exercice qui n’est jamais aisé, mais je vais essayer de me prêter au jeu. Hynd, présidente de l’association que vous citiez : Des Françaises Voilées S’expriment, jeune diplômée d’école de commerce, champenoise d’origine, région viticole et agricole.

    Pour comprendre qui je suis, mais aussi pour comprendre l’un des socles fondamentaux de l’association, c’est vrai que je me définis en tant que Française patriote.

    Pour ma part, un patriotisme qui naît au cœur de mon rapport à la littérature française. Je vous avouerais que j’ai un petit faible pour la littérature du XIXème siècle avec Flaubert, Balzac pour le roman en passant par Baudelaire pour la poésie. Le XIXème est un siècle tellement riche en France en termes de changements et de mouvements sociétaux, économiques, mais aussi politiques que ça ne pouvait engendrer qu’une très grande production artistique et notamment littéraire.

    Et puis en effet lorsque je passe devant le Panthéon et que je vois inscrit sur son fronton cette magnifique phrase : « Aux grands hommes, la patrie toujours reconnaissante », je me sens héritière de cette reconnaissance-là face à l’héritage fabuleux que ces grands hommes du passé nous ont laissé.

    Voilà pour un premier point.

    Un deuxième point qui est très important également, je me définis en tant que musulmane bien sûr, depuis le berceau et je l’espère jusqu’au tombeau.

    Et enfin le dernier point qui n’est pas des moindres : enfant d’immigrés. Une immigration des années 60/70, ouvrière, pauvre, à ne pas confondre avec une immigration d’élite. Je tiens à ce distingo parce que c’est très important afin de comprendre qui l’on est et ce qui nous habite.

    Donc en quelques mots, pleinement Française, profondément musulmane et foncièrement enfant d’immigrés.

     

    Et vous Souâd, vous vous définissez comment ?

    Souâd sourire.jpgSouâd : Pour ne pas être répétitive, la base est commune avec Hynd. Ce que je peux ajouter c’est que je suis ingénieure de formation, et que c’est aussi en tant que femmes que nous nous engageons. 

    Parce que nous tenons à la dignité de la femme et que nous rejetons totalement le féminisme d’aujourd’hui parce que le slogan c’est : « plus tu te dénudes, plus tu es libre », et nous notre philosophie est complètement contraire à cela. Pour nous la femme, c’est un être doué d’intelligence, un être de raison, un être qui s’investit dans la société… 

     

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    Hynd : …et pour aller au bout de ce que tu es en train de dire, je pense qu’il y a duperie et escroquerie, il faut être clair, quand on est une femme, il faut choisir, soit on veut être respectée pour son travail etc, soit on veut être désirée. On est en train de nous faire croire que les deux sont possibles en une seule et même personne, je ne crois pas. 

     

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    Souâd : D’ailleurs à ce sujet-là, pour dénoncer cette duperie, Hynd a écrit un article sur Bd Voltaire concernant ce féminisme radical. Alors pour me définir je dirais : Française, musulmane, enfant d’immigrés, et c’est en tant que femme que nous nous engageons. 

     

     

    Et sinon, votre position sur l’islam de France, c’est quoi exactement ?

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    Hynd : Je pense que ça c’est un point extrêmement important et central dans notre engagement également. Si vous le voulez bien, avant de répondre à votre question, on va commencer par un constat, on va être factuel. Aujourd’hui l’islam est la 2ème religion de France, c’est-à-dire qu’on est 8 à 10 millions je crois de Français musulmans et je crois même ne pas trop m’avancer en disant que l’islam en termes de pratique est certainement la première religion de France. N’en déplaisent à certains, les mosquées sont pleines. Ça c’est la première des choses.

    Cela étant dit, moi je pense que l’islam en France, est un enjeu incroyable et formidable, positif ! C’est-à-dire ? En tant que religion universelle, je pense que l’islam est une chance et une opportunité aujourd’hui en France, afin que la France puisse renouer avec ses valeurs traditionnelles qui ont fait d’elles cette grande nation. À savoir, le sens de la famille, du travail, l’engagement, le dévouement, l’instruction… toutes ces valeurs sur lesquelles la grande nation, la grande France a toujours reposé.

    Je vous invite à lire « L’identité de la France » de Fernand Braudel ou « Histoire passionnée de la France » de Jean Sévilla, et vous découvrirez au fil des pages que ce qui a fait cette grande France, cette grande nation, celle que certains ont même appelé la France immortelle, c’étaient les valeurs citées précédemment et non pas les valeurs que notre gouvernement essaie de nous faire passer.

    Souâd : J’aimerais rebondir sur le parti socialiste.

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    Hynd : Donc pour conclure sur l’islam de France, je crois en effet qu’en tant que système de valeur universel, c’est une chance pour la France, et qu’il ne faut pas sous-estimer la communauté musulmane de France qui est essentiellement jeune et qui a une énergie incroyable à communiquer. Donc nous croyons que l’islam sera la solution au retour de la tradition en France.

     

    Souâd, vous avez relevé un point sur le parti socialiste, qu’avez-vous à dire là-dessus ?

    Souâd : Tout à fait, comme disait Hynd, aujourd’hui nous comptons 8 à 10 millions de Français de confession musulmane, et à la veille des élections municipales, qui trouve-t-on à la sortie des mosquées ?

    Hynd : Les agents PS.

     

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    Souâd : Il est extrêmement important de comprendre une chose à l’échelle politique concernant les Français musulmans, c’est cette maturité politique, qui veut dire qu’aujourd’hui nous sommes en mesure de ne plus voter PS et comprenez-moi c’est une véritable révolution. Parce qu’avant c’était automatique, et d’ailleurs le parti socialiste comptait sur cet électorat, sans se poser de question.

    Et ils savaient que cet électorat était loyal et fidèle et que donc on votait pour le PS. Aujourd’hui c’est terminé ! D’ailleurs il n’y a pas plus islamophobe qu’eux, il y a beaucoup d’exemples, je vais en prendre un significatif. Le ministre de l’intérieur, Manuel Valls, que dit-il ? Il dit que le danger de la République c’est le voile. Et de l’autre côté, il dit qu’il faut condamner fermement tout acte anti musulman. C’est le pompier pyromane. Alors pour aller au bout de la trahison, ils ont introduit des valeurs complètement contraires à celles de cet électorat. Le mariage pour tous, la théorie du genre, GPA, PMA…

     

    Attendez, on parle de GPA, PMA, pour l’instant rien n’a été décidé ni voté.

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    Souâd : Oui mais il ne faut pas être naïf, à partir du moment où le mariage pour tous est passé, c’est automatiquement lié, c’est juste une question de temps, c’est reculer pour mieux sauter. Et ils (PS) ajoutent une carte classique, « la refondation de la politique d’intégration », encore une fois de l’assistanat, on est fatigué, comme si on était prédisposé génétiquement à l’échec.

    Les véritables problèmes de la France, ils sont connus, c’est le chômage, l’écologie, l’économie, l’agriculture… nous sommes issus d’une région agricole on est vraiment touchées par cela.

     

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    Hynd : Tout à fait, et ce qui est d’autant plus insupportable, c’est qu’en tant que Français musulmans, enfants d’immigrés, on nous cantonne à ne nous intéresser qu’à ces sujets-là d’intégration, d’immigration, la banlieue,… non ! Ces sujets-là d’accord, mais également l’agriculture.

    On est originaire d’une région agricole. Au passage la France est majoritairement rurale, la France ça n’est pas Paris. Donc qu’est-ce qu’on fait pour nos agriculteurs et nos paysans ? Qui sont en train de souffrir, qu’on est en train de pousser au suicide parce qu’ils ne peuvent plus vendre si ce n’est à perte. C’est inacceptable ! Eh bien nous, nous souffrons de cette situation-là. Qu’on sauve nos agriculteurs, qu’on sauve nos paysans.

    En France, il faut savoir que l’agriculture a toujours été l’un des fleurons de son économie, c’est-à-dire qu’avec nos producteurs et nos agriculteurs, on nourrit 60 millions de Français. Jusqu’à quand ? Sauvons nos agriculteurs !

     

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    Souâd : Absolument, alors avec tout cela, vous serez d’accord avec moi, que ça devient ridicule que le danger de la France et de la République c’est le voile acheté à 20€ chez Zara.

    Alors avec cette maturité politique, puisqu’il y a eu trahison d’un côté, eh bien il y aura sanction de l’autre. Donc on va sanctionner le parti socialiste aux prochaines élections municipales qui auront lieu fin mars.

     

    On a très bien compris votre position sur ces sujets d’actualités, j’aimerais Hynd, un petit mot de la fin ?

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    Hynd : Si je devais avoir un mot de la fin, ce serait le suivant, j’aimerais dire à mes concitoyens : refusez, la contradiction à laquelle on est en train de vous pousser. Je m’explique. On est en train de nous faire comprendre que islamité et francité fonctionnerait en système de vases communicants : plus tu es musulman pratiquant et moins tu es Français. Non catégorique à cela. C’est ce que nous disons, c’est ce que nous affirmons, c’est ce que nous sommes.

    Pleinement Français et pleinement musulmans pratiquants, sans antinomie, sans contradiction, quand bien même cela vous déplaît.

     

    Pouvez-vous nous dire où l’on peut suivre vos actions ?

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    Souâd : Vous trouverez l’ensemble de nos actions, sur notre site internet, également sur notre page Facebook. Sachez qu’il y a eu deux articles publiés sur Bd Voltaire, un qui se titre « Mondialisation ou radicalisation » signé par Hynd et également un deuxième qui dénonce la duperie du féminisme radical.

    Des interventions sont à prévoir, nous vous informerons de la date et du lieu sur le site internet, de façon générale, allez sur le site !

     

     

     

  • Fabrice Hadjadj #Grenelle de la Famille - 8 mars - Mutualité

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    « Qu’est-ce qu’une famille ? On peut s’étonner que nous soyons ici, ensemble, à poser cette question, et certains ne manqueront pas de croire que notre démarche ne pourra que conduire soit au ressassement de choses banales, soit à la complication de choses simples. Nous n’aurions pas d’autre alternative, avec une telle question, que d’enfoncer des portes ouvertes ou de couper les cheveux en quatre.

    En même temps, on le devine, les premières évidences se cachent toujours dans leur lumière. Ce n’est pas seulement comme le nez au milieu de ma figure, trop proche pour être vu ; ni comme le paysage cent fois retraversé, tellement connu qu’il s’efface. C’est surtout comme une source qui éclaire et fonde les autres choses, mais qui ne peut pas, dès lors, être elle-même fondée ni éclairée. Devant cette source, nous sommes semblables à des oiseaux de nuit qui voudraient regarder le soleil en face.

    Nous provenons tous d’une famille, nous commençons tous avec un nom de famille, nous avons tous eu une certaine famille pour berceau. La famille est un fondement. Or, si elle est un fondement, on ne saurait « fonder la famille ». Si elle se situe au principe de nos vies concrètes, il devient impossible de la justifier ou de l’expliquer, parce qu’il faudrait recourir à un principe antérieur, et la famille ne serait plus qu’une réalité secondaire et dérivée, non pas une matrice. Les théoriciens qui voudraient que la première communauté humaine fût issue d’un contrat passé entre individus asexués et solitaires, déclarent eux-mêmes qu’il s’agit là d’une fiction, d’une hypothèse de travail, et non d’une réalité[1]. Il n’y a pas, au niveau humain, de principe antérieur à la famille. On ne peut donc pas l’expliquer ni la justifier, on peut seulement expliciter sa présence qui nous devance toujours.

    Et c’est pourquoi ceux qui attaquent la famille dans son évidence sont si difficiles à contester. Expliquer que l’homme descend du singe est plus facile que d’expliquer qu’un enfant descend d’un homme et d’une femme, parce que dans le premier cas, la thèse réclame effectivement des explications, et même des explications nombreuses, alors que dans le second, il n’y rien à expliquer, il ne s’agit même pas d’une thèse, mais d’un donné absolument initial, comme l’existence du monde extérieur. Or comment prouver que le monde extérieur existe ? Comment montrer à quelqu’un que le soleil éclaire ?

     

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    Et pourtant le soleil manifeste les couleurs et, par là, indirectement, se manifeste. Et la famille, dont nous avons à parler, manifeste et se manifeste. On a beau contester, cela se manifeste. Et cela ne se manifeste pas que dans les rues, cela se manifeste en nous, dans nos culottes, si j’ose dire, qu’on le veuille ou non, cela se manifeste aussi bien à l’église que dans une soirée LGBT, cela se manifeste par la barbe d’un capucin aussi bien que par la poitrine d’une Femen. Pour que cela ne se manifeste plus, il faudrait être un ange.

    Cette manifestation est si irrésistible que nous assistons depuis quelques décennies, de la part de ceux-là même qui voulaient se débarrasser la famille, à un étrange retour du refoulé familial. Ceux qui dénonçaient la famille comme l’institution répressive et oppressive de base, veulent à présent faire de l’enfant le produit d’une manipulation génétique (puisque l’égalité réclame que deux femmes ou deux hommes puissent également en avoir avec leurs propres gamètes), ce qui est aller bien au-delà de l’oppression ou de la répression, puisque c’est courir vers une fabrication pur et simple, et faire despotiquement de l’enfant, l’objet d’un planning, la réalisation d’un fantasme, et plus encore un cobaye de laboratoire. Cette contradiction prouve qu’on ne peut déconstruire le naturel, mais seulement construire à côté son simulacre, comme on ne fabrique une intelligence artificielle que d’après le peu que l’on a compris de l’intelligence humaine.  

     

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    Qu’est-ce donc qu’une famille ? Les gens les mieux intentionnés à son égard insistent sur certains éléments de définition. J’en retiendrai trois : 1° La famille est d’abord le lieu du premier amour. Il est fondamental que les parents s’aiment et que l’enfant soit aimé, sans quoi la famille ne peut que se dessécher ou se décomposer. 2° La famille est le lieu de la première éducation. L’enfant y naît à partir d’un projet parental responsable, où l’on songe à son futur, à son édification, à sa qualification avec la plus grande compétence possible. 3° La famille humaine est aussi un lieu de respect des libertés. Les parents s’y sont unis par un contrat, et, à travers leur mission éducative, ils contribuent, non à renforcer la dépendance, mais à promouvoir l’autonomie de l’enfant.

    Nous insistons souvent sur ces caractéristiques, parce que nous songeons au bien de l’enfant. Mais ce faisant nous manquons l’essence de la famille, et, alors même que nous pensons la défendre, nous fourbissons les armes qui permettent de l’attaquer. À trop se préoccuper du bien de l’enfant, on oublie l’être de l’enfant. À trop s’attarder sur les devoirs des parents, on oublie l’être du père et de la mère. Les éléments que nous venons de proposer, amour, éducation, liberté, disent tout sauf l’essentiel, à savoir que les parents sont les parents, et l’enfant est leur enfant.

     

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    Et voilà le conséquence fatale : en prétendant fonder la famille parfaite sur l’amour, l’éducation et la liberté, ce qu’on fonde, en vérité, ce n’est pas la perfection de la famille, mais l’excellence de l’orphelinat. Cela ne fait aucun doute : dans un excellent orphelinat, on aime les enfants, on les éduque, on respecte leur personne. On y est même en quelque sorte dans la plénitude du projet parental, puisque prendre soin des enfants est le projet constitutif d’une telle entreprise.

    Ne considérer la famille qu’à partir de l’amour, de l’éducation et de la liberté, la fonder sur le bien de l’enfant en tant qu’individu et non en tant qu’enfant, et sur les devoirs des parents en tant qu’éducateur et non en tant que parents, c’est proposer une famille déjà défamilialisée. Car on pourra toujours vous dire qu’un père et une mère peuvent être moins aimants, moins compétents et moins respectueux que deux hommes ou deux femmes, et certainement moins efficace que toute une organisation composée des meilleurs spécialistes. Cette organisation d’individus compétents pourra passer pour la meilleure des familles, et la meilleure des familles s’identifiera au meilleur des orphelinats.

     

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    Pourquoi manquons-nous si facilement l’essence de la famille ? Parce que le principe de la famille est trop élémentaire, trop humble, trop animal en apparence, et donc honteux (ne parle-t-on pas de « parties honteuses » ?). Vous avez compris, le principe de la famille est dans le sexe. Même quand il s’agit d’une famille adoptive, même quand il s’agit d’une famille spirituelle, où le père est un père abbé, et les frères sont des moines, les pures et hautes dénominations qu’on emploie viennent d’abord de la sexualité. Les noms du père et du fils s’énoncent à partir de ce fondement sensible qui est notre fécondité charnelle.

    C’est parce qu’un homme a connu une femme, et que de leur étreinte, par surabondance, ont jailli des enfants, qu’il y a ces noms de famille, ces noms de père, de mère, de fils, de fille, de sœurs et de frères. Le mot qui achève la devise républicaine : « fraternité » procède lui-même du sexe et de la famille naturelle. Quant aux fameuses théories du genre, qui croient pouvoir affirmer que la masculinité et la féminité ne sont que des constructions sociales, elles s’appuient elle aussi sur la différence des sexes, sans lesquels l’idée même du masculin ou du féminin ne nous viendrait pas à l’esprit.

     

    La famille est donc d’abord le lieu où s’articulent la différence des sexes et la différence des générations, ainsi que la différence de ces deux différences. La différence des sexes, à partir de la fécondité propre à leur union, engendre la différence des générations, et cette différence des générations n’a rien d’analogue avec la différence des sexes. L’interdit fondamental de l’inceste nous le signal, mais aussi le fait que lorsque l’homme s’unit à sa femme, il ne cherche pas d’abord à avoir un enfant, il cherche d’abord à s’unir à sa femme, et l’enfant advient, comme un surcroît.

    La famille noue ainsi cinq types de liens : conjugal (de l’homme et de la femme), filial (des parents aux enfants), fraternel (des parents entre eux), à quoi s’ajoutent deux autres que l’on oublie souvent, et qui sont pourtant décisif pour l’inscription historique et déjà politique de la famille. D’abord, le lien des grands-parents aux petits-enfants, qui permet de tempérer l’influence des parents, et d’ouvrir le temps de la famille à celui de la tradition[2]. Il y a encore un cinquième type de lien que tend à occulter l’idéal du couple mais que ne manque pas de rappeler la belle-mère, je veux parler du lien avec la belle-famille – ce que l’on pourrait appeler la « théorie du gendre ». Avec lui, l’alliance conjugale se double d’une alliance pour ainsi dire tribale, et ouvre l’espace de la famille à celui de la société.

    Or la particularité de ces liens familiaux, c’est qu’ils ne se fondent pas d’abord sur une décision, mais sur un désir, c’est qu’ils ne viennent pas d’abord d’une convention, mais d’un élan naturel. Bien sûr, le désir doit y être assumé dans la décision (ou plutôt le consentement), et la nature s’y déploie à travers des aspects conventionnels. Mais il y va d’abord de quelque chose qui nous traverse, une donation, qui vient de l’autre et va à l’autre, et donc dépasse nos calculs. Cela nous emporte plus loin que nous-mêmes, plus loin que nos projets individuels (qui peut former le projet d’avoir une belle-mère ?), parce que cela nous ouvre à l’autre sexe et à l’autre génération, parce que cela nous intéresse à un temps qui n’est déjà plus le nôtre.

     

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    Disons-le simplement : aucun calcul ne peut avoir pour résultat une naissance. Personne ne peut se dire honnêtement : « Ça y est, je suis prêt, je suis assez mûr, assez compétent pour avoir un enfant, je sais parfaitement comme il faut s’y prendre pour en faire un homme accompli, j’ai le droit souverain de le faire venir au monde et d’être son maître. » Comment donc pourrions-nous avoir le droit d’élever un enfant, quand nous sommes nous-mêmes si bas, quand nous ne comprenons pas le mystère de la vie ?

    Il ne s’agit donc pas d’un droit, mais d’un fait. L’enfant advient selon un don de la nature, et de ce don nous ne sommes jamais vraiment dignes. Il est le surcroît d’un amour sexuel, et non le résultat d’une visée directe. Car aucune assurance humaine, technique ou morale, ne peut être légitimement à l’origine de sa venue. Si sa présence relevait de notre compétence, alors nous le dominerions absolument, il serait un rouage dans un dispositif, une étape dans un projet, et non l’événement de la vie qui commence et toujours nous dépasse. Lorsqu’un enfant lance à ses parents : « Je n’ai pas choisi de naître », les parents peuvent toujours lui retourner la politesse : « Nous non plus, nous n’avons pas choisi, cela nous a été donné, et nous essayons de changer notre surprise en gratitude. »

     

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    Nous pouvons à présent reprendre les trois éléments dont nous avons parlé plus haut, l’amour, l’éducation, la liberté, et voir comment ils se spécifient au sein de la famille, à partir de cette donation qui nous dépasse.

    Première spécificité : l’amour familial est essentiellement un amour sans préférence. Il ne relève pas du choix ni de la comparaison. Cela vaut spécialement pour la relation entre les parents et les enfants. L’amour des parents et des enfants est fondé sur la filiation elle-même et non sur des affinités électives. On le sent très bien lorsque le père est un lecteur de Tite-Live tandis que le fils se consacre aux jeux vidéos. Jamais ils n’auraient songé à se trouver dans le même salon. Jamais ils n’auraient formé ensemble un club. Mais la famille est le contraire du club électif ou sélectif. Les liens du sang y brisent les chaînes du parti tout autant que les chaînettes du caprice.

    L’enfant est toujours tel que les parents ne l’auraient pas voulu, mais aussi tel qu’ils l’aiment, et donc qu’ils consentent inconditionnellement à l’accueillir. Les parents sont toujours tels que les enfants leur auraient préféré des héros de films, Charles Ingalls, par exemple, ou Yoda, mais aussi tels qu’ils les aiment, malgré tout, de cet amour constitutif, qui précéda leur propre conscience d’eux-mêmes, et donc tels qu’ils doivent inconditionnellement les honorer.

    La famille, c’est toujours l’amour du vieux con et du jeune abruti, et c’est cela qui la rend si admirable, c’est cela qui en fait l’école de la charité. La charité est l’amour surnaturel du prochain, celui qu’on n’a pas choisi et qui nous est de prime abord antipathique. Or les premiers prochains que l’on n’a pas choisis, et qui nous sont souvent insupportables, ce sont nos proches. 

     

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    Deuxième spécificité : dans la famille, le lien éducatif se fonde sur une autorité sans compétence. On n’attend pas d’être un bon père ou une bonne mère pour avoir un enfant. Sans quoi on attendrait toujours. La paternité vous tombe dessus, parce que le désir vous a tourné vers une femme. Quel rapport entre les deux ? La biologie y voit une continuité. Mais la phénoménologie, disons la lecture de l’expérience vécue, montre une disproportion radicale, sinon une rupture entre le désir érotique et l’accueil d’un enfant. La paternité n’est pas une anticipation. C’est la présence de l’enfant qui vous la donne, cette paternité, c’est lui qui vous en investit soudain, comme d’un costume trop grand.

    On peut comprendre, s’il en va ainsi, la réticence des fabricateurs du Meilleur des mondes : « En quoi celui qui a simplement couché avec une femme serait-il habilité à élever un enfant ? En quoi sa libido bestiale lui octroie-t-elle une quelconque compétence éducative ? » Cette réticence conduit fatalement au règne des incubateurs et des pédagogues, et à la mise au rebut des véritables parents. Le père est alors remplacé par l’expert, et la famille, par la firme professionnelle.

    Mais, dans la famille, il ne s’agit pas d’abord de projet d’éducation mais de réalité de la filiation. Ce n’est pas la compétence qui y fonde l’autorité. C’est l’autorité reçue, malgré ses faiblesses, qui se met par la suite en quête d’une certaine compétence, sans doute, mais qui possède aussi son efficacité propre quoique paradoxale. L’autorité sans compétence a une valeur en soi, et même une valeur sans prix. D’une part, le père y montre qu’il n’est pas le Père, avec une majuscule, qu’il est lui-même un fils, et donc qu’il doit avec son fils se tourner vers une autorité plus haute que la sienne. D’autre part, puisque son autorité ne vient pas d’une compétence, mais d’un don, le père ne peut pas faire de l’enfant sa créature, et essayer de le valoriser sur sa propre échelle de valeur : il doit l’accueillir comme un mystère. Et c’est cela l’autorité la plus profonde, qui se distingue de toute compétence fonctionnelle. Elle n’instruit pas l’enfant en vue de telle ou telle qualification particulière, elle lui manifeste le mystère de l’existence comme don reçu.

     

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    Enfin, troisième spécificité en droite ligne de celles qui précèdent : dans la famille s’exerce une liberté sans maîtrise, quelque chose, nous l’avons déjà vu, qui n’est pas la liberté d’indépendance ou de pure décision, mais une liberté de consentement à ce qui est donné. Le projet parental est vite brisé par l’aventure familiale. Car il s’agit bien d’une aventure, et non d’une projection. Toutes les tragédies antiques en témoignent, qui mettent toujours en scène des histoires de famille. Mais il y a aussi ce fait ordinaire qui appartient plutôt à la comédie selon Molière : le fils ou la fille n’ont de père et de mère que pour les quitter, fonder une autre famille, épouser un parti qui n’est souvent pas le meilleur aux yeux de leurs parents.

    La famille est toujours en excès sur elle-même, non seulement par le don de la naissance, mais aussi par les alliances extérieures dont elle procède et vers lesquelles elle va. Il y a votre belle-mère et puis il y a la belle-mère de votre propre fils, il y a cette extension de proche en proche qui, d’après Aristote, constitue le village puis la Cité.

    Cette liberté sans maîtrise, qui vous lance dans une aventure et même dans un drame, répond à des liens qui ne sont pas contractuels. On aimerait bien ne vivre que selon des contrats et pouvoir ajuster les rapports selon sa convenance, se dégager dès que ça sent la crise. Or, on peut changer d’associé, mais on ne peut pas changer d’enfant. Et l’on peut devenir copain avec un plus âgé que soi, mais on ne peut, sans fausseté, devenir le copain de son père. Comme la différence sexuelle empêche la fusion, la différence générationnelle interdit le nivellement. Il faut faire avec un ordre causal, une hiérarchie donnée, un patrimoine hérité, ce qui invite la liberté à s’ouvrir aux distinctions du réel, et à ne pas sombrer dans l’indifférenciation d’une prétendue toute-puissance.

     

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    Nous pouvons à présent approcher la famille dans le secret de son essence. Elle n’est pas une chose parmi d’autres, mais foyer, et non pas « foyer clos », mais foyer rayonnant. Un foyer, en peinture, n’est pas un objet qui apparaît dans une perspective, mais le point à partir duquel s’ouvre la perspective. Un foyer est aussi un feu, à savoir lumière et chaleur, et donc quelque chose qu’on n’éclaire pas avec autre chose, mais qui s’éclaire de lui-même, qui se manifeste de lui-même. Je veux dire par là que la famille, avant d’être un objet de pensée, est ce à partir de quoi nous nous sommes mis à penser. Souvent, on l’oublie, comme on oublie le sol, comme on ne voit pas ce qui nous tient et nous pousse en avant. À partir de cet oubli et de la fiction individualiste qui en découle, nous avons tendance à dissocier le logique et le généalogique. Nous posons l’homme comme individu doué de raison, et refusons de le reconnaître comme fils de ses pères. Or il est l’un avec l’autre. La tradition chrétienne nous le rappelle divinement. Pour elle, le Logos est le nom grec de la raison, mais c’est aussi le nom évangélique du Fils.

    Qu’est-ce donc qu’une famille ? On peut l’envisager à partir de ce que nous avons dit : la famille est le socle charnel de l’ouverture à la transcendance. La différence sexuelle, la différence générationnelle, et la différence des ceux deux différences, nous y apprennent à nous tourner vers l’autre en tant qu’autre. C’est le lieu du don et de la réception incalculable d’une vie qui se déploie avec nous mais aussi malgré nous, et qui nous jette toujours plus avant dans le mystère d’exister.

     

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    C’est comme ce premier lieu de l’existence qu’elle est aussi lieu de résistance. Résistance à l’idéologie, à la bien-pensance, à la programmation. La famille est la communauté originelle, donnée d’abord par nature et non seulement instituée par convention. Elle offre donc toujours, par son ancrage sexuel, un contrepoint à l’artifice, et ménage un espace pour ce qu’on peut appeler une vérification.

    L’homme public peut cultiver son image de façade, montrer son plus beau profil sur les réseaux sociaux, mais quel est son visage dans le privé, devant sa femme et ses enfants ? Le grand Hercule, qui a vaincu les monstres, se trouve minable devant Déjanire. Le jeune génie, qui perce sur les étalages, a honte d’être vu avec son papa et sa maman, lesquels attestent de son origine commune. La volonté de puissance est toujours contrariée par la proximité familiale. Et c’est pourquoi le totalitarisme aussi bien que le libéralisme, l’emprise technologique aussi bien que le fondamentalisme religieux, commencent toujours par mettre la famille sous tutelle, avant d’essayer de la détruire. »

     

    Fabrice Hadjadj

    Grenelle de la Famille

    8 mars 2014

    La Mutualité

     

    [1]Rousseau écrit dans l’introduction de son Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1754) :« Commençons donc par écarter tous les faits. » Mais, au début du Contrat Social (I, 2), il ne peut s’empêcher d’admettre le fait fondamental : « La plus ancienne de toutes les sociétés et la seule naturelle est celle de la famille. »

    [2] Je pense à l’usage grec de la papponymie : « Selon cette coutume, le fait pour un homme de prénommer son fils aîné du prénom de son propre père confirme à la fois et transcende que tout parent retrouve ses propres parents à travers ses enfants. La permutation symbolique implique au minimum la succession de trois générations pour fabriquer de l’humain institué » (Pierre Legendre, Filiation, Filiation. Leçon IV, Fayard, 1990, p. 62.)  

     

     

     

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  • Artiste : témoin d'intériorité & d'extériorité - Quelle forme au témoignage ?

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    L'encielement Édith & Etty 4.jpgLe 25 février 2014, à 04:45 Gérard Leclerc a écrit : 

    Pardonnez-moi, mais c'est un peu par hasard que j'ai pris connaissance de vos textes, à vrai dire suite à une Insomnie. Et j'ai été extrêmement intéressé et touché par tout. Par exemple votre découverte de cet auteur très singulier qu'est Pascal Quignard, et plus encore ce que vous dites de l'immense Édith Stein. 

    Merci pour votre belle expérience intérieure. 

    Cordialement, 
    Gérard Leclerc


    L'encielement Édith & Etty 7.jpgLe 13 février 2014 à 15:29, Sandrine Treuillard a écrit : 

    Cher Marc, 

    Je voulais te répondre plus longuement et d'abord te remercier d'avoir amorcé ce dialogue. 

    Hier j'étais à ma tâche de gouvernante (d'un enfant de 14 ans dont je m'occupe depuis ses 9 ans), & j'ai profité de la journée d'hier & de la nuit pour méditer ce que tu m'as écrit.

    J'ai en effet "repris à mon compte" une partie de ce texte de « La Joie de l'Évangile » du Pape François Le temps est supérieur à l'espace sur « Machina Perceptionis ». 

    Je voulais te répondre en tant qu'artiste.  

    Mon cheminement intérieur, spirituel, en tant qu'artiste (qui forme un tout) a été contextualisé dans une époque, une sensibilité sociale puis politique. Une sensibilité avant tout liée à des lieux & à un sentiment religieux, & d'abord païen, de la nature dans ces lieux de campagne et de petites villes rurales (le Cher, villages au nord de Bourges, & le Loiret, Briare-le-Canal, puis à nouveau le Cher, Vierzon).

    La petite église romane de mon village d'origine (Sury-ès-Bois), où j'ai été baptisée à l'âge de un an, a été la première architecture à accueillir & à canaliser mon sentiment religieux, & la vie mystique qui avait commencé très tôt dans mon enfance. 

    Les séances de catéchisme avec une dame du village qui nous transmettait sa foi & son amour, puis avec le prêtre de la paroisse, & les pèlerinages à la Basilique de Saint-Benoît-sur-Loire, Vézelay, la visite de la châsse de sainte Bernadette à Nevers, & surtout le témoignage d'une carmélite au Carmel de Nevers, ont encore renforcé cet élan religieux que j'avais développé naturellement au contact de la nature, de ce Pays Fort, paysan… si bien, que lors de la profession de foi/Communion, à mes 12 ans, j'entrais tout sourire dans les ordres, devenais l'épouse de Jésus, avais le grand désir de consacrer ma vie à la religion catholique, carmélite (cloîtrée, absolument).

    Mais la vie en avait décidé autrement. 

    Je devins femme durant cette douzième année, mon corps me faisait vivre des choses sexuels dont je débordais sans les comprendre, ni les maîtriser, avec un grand sentiment de culpabilité, laissée à moi-même, sans accompagnement personnel qui aurait pu permettre de canaliser ces énergies & de comprendre ce que la puberté fait vivre à chacun. 

    À mes 13 ans, lors de la Confirmation, j'eus l'horrible sentiment d'être abandonnée de Dieu : je ne recevais plus ce que je lisais entre les lignes dans les Évangiles, cet amour de Jésus qui m'irriguait alors, j'eus le sentiment de trahir l'Église qui confirmait ma foi en le catholicisme (au passage, une étymologie du catholicisme : "selon le tout", "cat" : selon ; "holisme" : le tout). 

    J'ai vécu depuis lors 21 ans d'enfer sur terre, ce qu'on appel la déréliction. L’enfer étant cette coupure d’avec l’Amour de Dieu. 

    Au contact de Pascal Quignard, en le lisant, puis en lui écrivant, j'ai touché à nouveau à ce sentiment religieux de mon enfance & prime adolescence. 

    En 2005, j'eus quelques expériences de respiration en apnée. 

    De ces expériences est née la performance (« Ce qu'il y a de pierre en moi ») à laquelle tu assistas sur l'île Pomègues à Marseille, & dont les "Instants Vidéo" ont été l'écrin avec « Par ce passage… infranchi » initié par Christophe Galatry. 

    Puis, j'explorais en vidéo cet espace-temps spirituel en contemplant la nature dans la durée du temps présent. 

    Je continuais de découvrir Quignard. En lisant « L'être du balbutiement » (Essai sur Sacher-Masoch), je tombai sur une description de mon processus en vidéographie qui me subjugua, tant ce qu'il écrivit à l'âge de 20 ans me semblait parler directement de ce que je vivais en filmant. 

    Ce passage s'intitule « Sur la question de l'Exspectatio », une notion d'Augustin d'Hippone (saint Augustin, en Afrique du Nord…). 

    À la suite de ceci, tout naturellement, je lu les « Confessions » de saint Augustin. 

    Et là, c'est en 2007-2008, je fais retour à la source, à l'origine de mon sentiment religieux de la vie. Mais ce n'est pas encore consciemment déclaré. 

    Je pars en Sicile & Naples pour la seconde fois en février 2008. Je ne comprends rien à ce que je vis, à ce pour quoi je suis là-bas. 

    À mon retour, je revois Quignard qui me rapporte mes lettres pour que je les photocopie.

    C'est Pâques 2008. J'eus alors une expérience lors d'une séance de respiration en apnée qui me fit très peur, de l'ordre d'une manifestation spirituelle dans le corps, un parcours initiatique intérieur en 45 minutes, où un chant s'éleva en moi, une vibration s'augmentant des pieds à la tête, très musicale, qui se termina par le son le plus aigu que jamais je n'imaginais que mon corps puisse produire, avec la sensation couplée d'un faisceaux de lumière sortant par le haut de mon crâne… 

    Ce fut la dernière respiration en apnée, je décidai de cesser, j'avais été atteinte par quelque chose qui m'effraya. 

    Le 21 juin 2008, je rencontre Rémi sur le Marché de la poésie, place Saint-Sulpice, sur le stand de Jérôme Mauche qui deviendra mon témoin lors de notre mariage religieux le 14 février 2009. 

    Rémi avait été lui-même baptisé la nuit de Pâques 2008. 

    Cet été là, je lui demandai de m'emmener à la basilique de Saint-Benoît-sur-Loire, attirée par une force irrésistible. 

    C'est là que j'eus ma "reconversion", quand je mis si longtemps à franchir le seuil de la basilique, un remuement intérieur inédit, le temps, justement, n'était pas celui naturel & habituel, & j'avançai sur la gauche, une phrase s'est dite à mon cœur "J'entre dans la maison du Seigneur" et je m'écroule en pleurs derrière le premier pilier. 

    Ce que je vis alors, avant de me mouvoir sur la gauche, immobilisée par l'émotion, je le vis lors de la vision intérieure de cette séance de respiration en apnée, aux alentours de Pâques : la nef romane baignée d'une douce lumière… 

    Je demandai alors à Rémi, qui me ramassa à la petite cuillère, de rester à l'office du soir des moines bénédictins (les Vêpres). À la prière du "Notre Père", une grande émotion m'étreint. 

    Je suis alors accueillie à nouveau par Dieu. 

    Toutes mes explorations en vidéographie prennent alors enfin leur sens qui était caché au sein de ma pratique. Filmer, prier & célébrer se confondent, se répondent… Je suis enfin centrée, rassemblée, unifiée dans mon être entier. 

    Le social dans tout cela : Lutte ouvrière à l'internat au lycée de Vierzon de 16 à 18 ans. 

    Mon père "patron" d'un ouvrier, artisan ébéniste amoureux de son métier & ne comptant pas ses forces, compagnon du devoir sur le tard, son nom "L'amour du bois". 

    Longtemps je lui en ai voulu d'être l'esclave de son travail, sans percevoir l'amour qu'il déployait à l'exercer (déformation de mon regard due en grande partie au militantisme obtus de Lutte Ouvrière). Quand j'entrai à 18 ans aux Beaux-Arts de Bourges, j'en étais là. 

    J'ai recontacté ma vérité intérieure bien longtemps après les 7 années qui ont séparé l'entrée & la sortie des écoles d'art. C'est en filmant que j'y ai vraiment accédé. En contemplant. En écrivant aussi. 

    foiLa dernière vidéographie « Institut de beauté » qui date de juin 2012 est un achoppement qui résume assez bien les rapports esthétiques, artistiques, intérieures… au "loisir" de filmer, au "loisir" de "travailler" dans la nature, au "loisir" d'observer avec bonheur mon père se réaliser dans son domaine, La Sourdaie. 

    Je ne t'avais pas envoyé ce film, un problème technique jamais résolu m'avait empêchée d'en produire des dvds. Il est entièrement en ligne sur Youtube, & le texte qui l'accompagne sur ce lien est ce que je souhaitais te donner à lire, qui est en relation avec la société, les événements au sein d'un processus historique du rapport au travail. 

    foi"Institut de beauté" : Portrait d'un homme dans son paysage

    J'ai aussi produit un texte qui fait office de manifeste, en lien avec la grande phénoménologue allemande, Édith Stein, disciple de Hüsserl, juive convertie au catholicisme, devenue carmélite et exterminée à Auschwitz en 1942 : 

    "En fait d'impressionnabilité, l'enfant, l'artiste & le saint son frères". 

    Elle est aussi docteur de l'Église, ses textes sur la femme, la transmission, l'amour de Dieu sont magnifiques.

    foiActuellement, je boucle une vidéographie que j'espère t'envoyer à tant : il me reste à poser le titre & génériques : "Enciellement Édith Etty". 

    Je pense que ce n'est pas un hasard si tu as répondu à ce mail « Le temps est supérieur à l'espace », même si nous ne sommes plus, en cette fin de lettre, au même point qu'en son commencement… 

    Je te remercie amicalement de m'avoir "provoquée" à t'écrire tout ceci, et je termine en t'indiquant une autre lecture rafraîchissante : "Connaître & aimer son pays"…

    Car toute ma vie est sous le signe de connaître, reconnaître, aimer…

    Bien à toi, cher Marc,
    Sandrine

     

     

    MarcMercier-Bergers vallée du Jourdain.jpgLe 17 févr. 2014 à 06:47, Marc Mercier a écrit : 

    Chère Sandrine, 

    Je te remercie d'avoir pris ce temps pour me confier cette histoire de vie. Je perçois quelque chose, je crois, de ton cheminement. 

    C'est étrange de lire cela depuis la Palestine où je suis en ce moment. J'étais hier à Bethléem et ce soir je dormirai à Jérusalem. Territoire où règne la plus absolue des injustices. Comme à chaque fois où je m'y rends, je reviens chargé du devoir de témoigner, de dire ce que j'ai vu et entendu. Avec cette question : comment traduire poétiquement et politiquement une colère ? 

    Je te souhaite une douce journée et t'envoie cette image de bergers de la vallée du Jourdain, rieurs malgré tout, 

    Bien à toi,
    Marc

    MarcMercier-Bergers vallée du Jourdain.jpg


    Le 9 mars 2014 à 10:44, Marc Mercier a écrit : 

    Bonjour Sandrine, 

    Voici un petit compte rendu de mon séjour en Palestine… 

    Bien à toi,
    Marc 

     

    RETOUR DE PALESTINE DE DEUX MEMBRES DES INSTANTS VIDÉO (Marseille) 

    Une délégation composée de huit représentants d’associations membres du REF (Réseau Euromed France) s'est rendue en Palestine afin de rencontrer des associations et personnalités politiques locales. 

    Du 13 au 19 février, Nacer El Idrissi (ATMF), Tarek Ben Hiba (FTCR), Marc Mercier et Naïk M’Sili (Instants Vidéos Numériques et Poétiques), Stéphane Assézat (AP2i), Ahmed Jemai (Agence Act’Médias Presse), Giovanna Tanzarella (Fondation René Seydoux) et Marion Isvi (Chargée de mission du REF) sont allés à Ramallah, Jérusalem, Bethléem, Bil’in, Naplouse et dans la Vallée du Jourdain pour faire le point sur la situation sur place. 

    Tentative de restitution de ce que nous avons vu et entendu. 

    Un compte-rendu plus complet rédigé par l'ensemble de la délégation du REF sera bientôt rendu public. Ce document a été écrit à partir des notes de voyage de Marc Mercier. 

     

    13 février 

    Nous sommes dans l'avion Air France qui nous mène depuis Paris à Tel Aviv. Soudain, une voix nous annonce : « Dans 30 minutes, nous entrerons dans l'espace aérien d'Israël. Nous vous demanderons de ne plus circuler dans la cabine ». Naïk a demandé à un steward les raisons de cette annonce : « Ce sont les Israéliens qui exigent que nous fassions cet appel. Nous sommes même sensés donner les noms des personnes qui n'appliquent pas ces consignes. » 

    Aéroport, quelques interrogatoires prolongés pour trois ou quatre d'entre nous, un pied de caméra cassé… 

    Le soir, Ramallah. Au sortir d'un restaurant, nous assistons à une dispute entre un jeune niché dans une voiture de luxe et un petit groupe de jeunes gens. Nous apprenons que la colère provient du fait que le conducteur est membre d'une famille de riches corrompus, proche de l'Autorité Palestinienne. 

    Nous discutons longuement avec eux de la situation actuelle de la Palestine. Ils ne sont pas très optimistes : « Ils sont forts. Nous sommes faibles ». « Résister, c'est déjà rester vivre en Palestine ». 

    Nous finissons par leur poser deux questions que nous reposerons systématiquement à tous nos interlocuteurs, auxquelles (à notre grande surprise), nous obtiendrons toujours les mêmes réponses : 

    — Que pensez-vous que nous (étrangers) pouvons faire pour vous aider dans votre lutte pour la libération de la Palestine ? Tous ont répondu : Faire connaître cette initiative non-violente de la société civile palestinienne : le BDS (Boycott. Désinvestissement. Sanctions). 

    — Que souhaitez-vous ? Deux états ou un seul ? Tous répondent qu'étant donné l'état d'avancement de la colonisation, du morcellement de la Cisjordanie, de la coupure avec Gaza, la solution des deux États n'est plus sérieusement envisageable. Nous voulons un seul État. Une Palestine laïque dans laquelle vivront ensemble des musulmans, chrétiens, juifs, samaritains, athées…  

     

    Marc Mercier Bill'In %22bataille%22.jpg14 février
    Matin 

    Notre délégation se rend au village de Bil'in située à une douzaine de kilomètres à l'ouest de Ramallah, à proximité du mur de séparation israélien et de la colonie de Modin Illit. Depuis la Conférence de Solidarité qui s'est tenue les 20 et 21 février 2006 pour que cessent les expropriations de terres, les Palestiniens ont initié une résistance populaire pacifiste en organisant notamment une manifestation hebdomadaire face au mur. Nous avons pu constater le caractère international de la mobilisation. Certains d'entre nous ont eu le désagrément de tester l'effet sur les yeux et la gorge des bombes lacrymogène lancées par les soldats israéliens, sous les applaudissements de colons regroupés sur une colline derrière le mur. 

    Nous avons aussi rencontré un Palestinien qui a pris l'initiative d'une collecte internationale pour planter 1 million d'oliviers en remplacement du million arrachés par les colons. 

    Après-midi 

    Nous nous rendons à Naplouse. Visite « politique » de la vieille ville qui porte encore les traces des massacres (plus de 500 morts et des milliers de blessés rien qu'entre 2000 et 2005) perpétués par l'armée d'occupation israélienne.

    Nous sommes reçus par une association d'aide aux jeunes enfants créée après 2002 pour que puissent s'exprimer (par des pratiques artistiques notamment) les traumatismes, et aussi pour tenter de renouer une confiance entre enfants et adultes qui n'ont pas été en capacité de les protéger et qui ne sont pas en mesure de leur assurer un avenir décent. Ils apprennent aussi à inventer collectivement des actes de résistance pacifique, comme rédiger et apporter des messages de paix aux soldats des cheik-points, ou y organiser des piques-niques familiaux auxquels sont conviés les soldats, même si ceux-ci les chassent très rapidement. Ces activités ne visent pas à échapper à la réalité, à évacuer la colère mais à la métamorphoser en une énergie créatrice. 

    Que faire pour aider l'association ? Ils ont besoin d'échanges d'expériences, d'avoir des éclairages culturels venus d'ailleurs, que nous venions voir la réalité de la vie ici et témoigner. 

     

    MarcMercier-Bergers vallée du Jourdain.jpg15 février
    Matin 

    Vallée du Jourdain 

    Nous sommes accueillis par des paysans et éleveurs du secteur et l'association UAWC. Jéricho, seule ville palestinienne (25 000 habitants) de la Vallée du Jourdain. Ailleurs, des villages (96% sont en zone C, donc sous contrôle israélien), 21 colonies, des zones militaires… Le Jourdain n'est plus qu'une petite rivière (l'eau est détournée en amont par la Jordanie et Israël), asséchant petit à petit la Mer Morte. 60 000 palestiniens exploitent 5% du territoire, 6 200 israéliens le reste. Seulement 22% de l'eau est accessible aux Palestiniens qui, depuis les Accords d'Oslo n'ont plus le droit de forer des puits. Quant aux puits déjà existants, la plupart leur sont interdits.

    Les terres auxquelles les paysans et éleveurs n'ont plus accès sont soit celles que se sont accaparées les colons, soit des terrains militaires (eux-mêmes cernés par des zones de sécurité), ou des zones jugées « dangereuses » à cause de mines datant de la guerre contre la Jordanie, même si il y a encore peu de temps elles étaient cultivées sans dommage, ou bien des zones de protection de la nature pour préserver des plantes !!! 

    Nous sommes allés dans le village de Bardala où, grâce à une aide internationale, les paysans ont pu construire quelques citernes pour parer aux pénuries d'eau. 

    Nous apprenons aussi que les paysans n'ont pas le droit d'être sur leurs terres avant 6h ni après 18h. 

    Nous roulons en direction d'un village, laissant sur notre passage des colonies entourées d'une végétation abondante qui contraste avec l'aridité des villages palestiniens pourtant juste à côté, soudain nous voyons un panneau en hébreux et en anglais indiquant que cette route mène à un village palestinien et qu'il peut être dangereux pour un Israélien de l'emprunter.

    Marc Mercier Prudence aux Israéliens en village Pales.jpg

    Nous nous arrêtons dans une vallée où nous sommes accueillis près d'un puits « fermés » par un paysan. Derrière lui, l'horizon. Cependant, nous apercevons non loin une ligne droite de terre retournée : « ils » sont en train de construire un nouveau mur » !!! 

    Soir 

    Il pleut. Cela peut paraître anecdotique, mais nous pensons aux agriculteurs (pour qui cette eau est la bienvenue) sur le chemin du retour vers Ramallah où nous avons rendez-vous avec deux députés de la gauche palestinienne. 

    Tout d'abord, avec Mustapha Barghail. Il nous fait un exposé (avec des images, des cartes, un film) sur l'évolution déplorable de la situation. 

    Il nous parle de ses inquiétudes si venait à être adopté le « Plan Kerry », du nom du secrétaire d'État américain qui accompagne les négociations actuelles entre Israël et l'Autorité Palestinienne, qui s'éloignent des résolutions de l'ONU, remettant en cause le « droit au retour », « Jérusalem Est comme capitale de la Palestine » et même l'idée d'un État palestinien indépendant. 

    Pour modifier le rapport de force à ce jour défavorable aux Palestiniens, Mustapha Barghail préconise la résistance populaire, le BDS et l'unification des forces palestiniennes. 

    Il qualifie les accords d'Oslo de « scélérats ». 

    Il dit que la situation actuelle est comparable à l'Apartheid en s'appuyant sur cette définition : « L'Apartheid, ce sont deux peuples vivant sur une même terre mais avec des droits différents ». 

    Il dit ne pas se battre seulement pour l'indépendance, mais aussi pour la liberté, l'égalité, la justice. 

    Puis nous rencontrons Khalida Jarrar, députée notamment en charge des dossiers concernant les prisonniers politiques. 

    Elle a la même inquiétude que Mustapha Barghail quant au plan Kerry. 

    Les prisonniers : environ 5000, dont 14 parlementaires, 280 enfants (certains ont 9 ans), 16 femmes, des malades… De nombreux cas de tortures. Pas de véritables procès, car ils sont jugés par des militaires. Sans parler des détentions dites « administratives ». Par ce système hérité du mandat britannique, Israël peut arrêter qui bon lui semble sans acte d'accusation, sans jugement pendant 6 mois et reconduire l’emprisonnement sans limitation. 

    Depuis 1967, près de 750 000 Palestinien-ne-s ont connu la prison. 

    Elle nous propose de soutenir la « campagne internationale pour la libération des prisonniers politiques » (http://www.addameer.org), de soutenir les campagnes de boycott du BDS : 
    http://www.bdsfrance.org 

     

    Marc Mercier Maison Hébron Porte Fenêtre.jpg16 février
    Matin

    Hébron 

    Nous sommes accueillis par l'Association pour des échanges culturels France/Hébron. La ville de 200 000 habitants est divisée en 2 zones : H1 sous autorité palestinienne, H2 sous contrôle israélien. 

    Nous partons visiter la vieille ville où règne une véritable situation d'Apartheid avec une implantation de colonies, des rues interdites aux palestiniens, 2/3 de la mosquée est devenue une synagogue… Il faut passer un cheik-point pour entrer dans la vieille ville. Ce sont des soldats israéliens qui contrôlent l'entrée de la mosquée. Certaines rues sont couvertes de grillages pour que les Palestiniens cessent de recevoir sur la tête des détritus, bouteilles vides… Tout est fait pour que les Arabes partent, déjà 80% des maisons et des magasins sont fermés. 

    Un exemple de résistance : une famille palestinienne n'a plus accès à la rue où se trouve la porte de leur maison. Une solution aurait été d'ouvrir une porte de l'autre côté donnant sur un parking où ils ont accès. Ce serait accepter la situation. Ils ont opté pour une échelle leur permettant d'entrer provisoirement par la fenêtre. 

    L'Association qui nous guide dans la ville, nous invite à visiter un petit centre culturel pour enfants, des ateliers de peintures, un petit espace de jeux… Petit oasis. Un thé nous est offert. 

    Après-midi 

    Bethléem. Camp de réfugiés de Aïda collé au mur. Association culturelle Al Rowwad dirigée par Abdel Fattah Abusrour. 

    Nous allons voir un nouveau mur qui a pour caractéristique d'avoir des portes dont certaines sont grandes ouvertes, c'est à se demander si ce genre d'édifices muraux servent vraiment à garantir une quelconque sécurité comme le prétendent les Israéliens. Notre hôte palestinien nous annonce qu'il n'a pas le droit d'être là où nous sommes car c'est un espace devenu sous contrôle israélien. Nous passons donc la porte où logiquement nous devrions déboucher sur un territoire sous contrôle palestinien. Et bien, non. Question : que sépare ce mur ? Il faut avoir des notions de surréalisme pour répondre à une telle question.  

    Marc Mercier Mur surréaliste avec porte Bethléem.jpg

     

    Entretien avec Abdel Fattah 

    Il définit le projet du Centre culturel ainsi : « La belle résistance contre la laideur et la violence de l'occupation ». 

    Il dit : « Trouver d'abord la paix en soi ». « On veut voir nos enfants grandir, s'épanouir ». Le Centre culturel Al Rowwad n'est pas pour lui un projet, mais « une mission de vie ». Les adultes sont auprès des enfants « responsables d'un modèle d’existence, de l'héritage qu'ils leur livreront ». « La Palestine n'est pas une cause humanitaire. On est pauvre, à cause de l'occupation ». « Nous voulons des partenariats, pas de charité ». « Nous ne devons faire aucun compromis sur nos valeurs, liberté, égalité… ». 

    Il espère la constitution d'un seul État (la Palestine), laïc, où chaque individu sera un citoyen comme un autre… Le peuple palestinien ne doit pas se laisser imposer un agendas par Israël, les USA, l'Europe… Il doit imposer ses propres priorités. 

    Il pense aussi que le BDS est très important pour affirmer une solidarité internationale.  

     

    17 février
    Matin 

    Ramallah 

    La délégation se rend à une réunion avec PNGO (l'équivalent du REF en Palestine), sauf Naïk et Marc qui se réunissent avec la Quattan Foundation, partenaire principales des Instants Vidéo pour l'organisation du festival (biennale) d'art vidéo et de performance /si:n/ dont la 4ème édition aura lieu en juillet 2015. Est notamment émise l'idée de formaliser un lien (peut-être autour d'un thème ou d'un titre commun) entre le festival en Palestine, celui d'Alexandrie et celui de Marseille. 

    Le REF et PNGO décident de rédiger un communiqué commun : 

    DÉCLARATION COMMUNE
    PNGO - REF 

    Dans le cadre d'une mission effectuée par le Réseau Euromed France (REF) du 13 au 19 avril 2014 en Palestine, les membres de la délégation REF ont constaté ce qui suit : 

    La situation actuelle dans les territoires palestiniens occupés connaît une aggravation de la fragmentation des territoires due à l'occupation par l'État d'Israël, ce qui a pour conséquence un accroissement de la ségrégation et de l'apartheid. 

    Les agriculteurs de la vallée du Jourdan, les étudiants d'Hébron, les enfants de Naplouse, les réfugiés de Aida, les citoyens de Ramallah, ont tous témoigné de leurs souffrances quotidiennes et d'un sentiment d'injustice croissant.   

    Le 17 février 2014, à Ramallah, une rencontre s'est tenue entre la délégation du REF et une délégation du PNGO (Palestinian Non-Governmental Organizations Network). Cette rencontre a débouché sur une déclaration commune : 

    1. Les deux délégations expriment leur rejet de la politique d'apartheid et de ségrégation menée par l'État d'Israël. 

    2. Les deux délégations soutiennent les résistances du peuple palestinien pour la réalisation de ses aspirations nationales à un État indépendant avec Jérusalem comme capitale ainsi que le droit au retour des réfugiés et le droit à l'autodétermination du peuple palestinien. 

    3. La délégation du REF s'engage à mieux faire connaître la campagne BDS et la campagne internationale pour la libération des prisonniers palestiniens.
    Ramallah, 17 février 2014   


    18 février
    Matin 

    Jérusalem 

    Après une promenade sur l'esplanade du Dôme du Rocher (sous contrôle israélien), nous visitons la vieille ville pour mesurer dans les détails l'état d'avancement de la colonisation de Jérusalem Est avec un responsable de l'association Nidal. Nous pouvons parler d'une colonisation méthodique, maison par maison, de la ville. Il n'y a plus d'unité spatiale, mais une mosaïque. Chaque espace plus ou moins totalement accaparé est surveillé par des « miliciens » privés, armés, arrogants. Pour forcer les Palestiniens à partir, par exemple, ces dix derniers jours, 40 familles se sont vues l'eau coupée. Des maisons palestiniennes s'effondrent car des colons ont creusé dans les sous-sols… etc etc… 

    Après-midi 

    Nous allons à l'Ouest de Jérusalem, chez Michel Wareschawski, président du Centre d'Information Alternative (AIC), journaliste et militant pacifiste de gauche israélien. 

    Il nous parle de la dépolitisation des jeunes palestiniens, due à la crise des partis politiques et aussi aux effets du libéralisme qui rend les gens individualistes. 

    Il pense que la question de un ou deux États n'est pas pertinente. L'idée d'un seul État serait l'expression d'un échec politique, car ce projet s'inscrit dans un temps très long, trop long. Une pensée politique doit travailler sur des solutions à court terme. 

    Il considère que la 2ème intifada n'est pas un soulèvement populaire, mais une réaction contre la tentative de reconquête par Israël des maigres acquis d'Oslo. 

    Il dit qu'aujourd'hui Israël craint de ne plus peser assez sur la situation du Moyen-Orient (depuis le Printemps arabe) et craint d'être lâché par les USA (qui donne chaque année à Israël l'équivalent de 3,5 milliards de dollars). 

    Il pense que le BDS est une bonne initiative, mais que chacun doit le faire à sa façon, comme il peut. Et qu'il est important de poursuivre des actions de coopération sociale, culturelle, avec les Palestiniens pour les aider à tenir bon. 

    Il a soutenu les Mouvement des Indignés israéliens même s'ils n'ont pas traité de la question palestinienne. D'abord, parce qu'ils n'ont pas prononcé de slogans racistes et parce qu'ils ont défendu l'idée d'un État laïc, citoyens… 

    Il dit que 35% des garçons ne font plus l'armée, et 70% des filles. Nous sommes surpris par ces chiffres. À vérifier.   

    Rencontre avec l'Association israélienne B'TSELEM
    Soir

    Repas avec notre chauffeur qui a souhaité nous faire rencontrer quelques amis dont l'ex-prisonnier franco-palestinien Salah Hamouri. 

    Salah a été accusé d’avoir eu l’intention d’assassiner un rabbin, dirigeant d’un parti politique intégriste. Civil, il a été jugé par un tribunal militaire illégal qui ne pouvant apporter la moindre preuve, ni le moindre témoignage contre lui malgré la quinzaine de renvois de son procès, a imposé un odieux chantage : accepter de plaider coupable et avoir une peine de 7 ans ou être condamné à 14 ans de détention. 

    Salah n’a jamais reconnu les accusations portées contre lui, son avocate a accepté le marché pour lui épargner une peine très lourde. 

    Il a été libéré un peu avant la fin de sa peine dans le cadre des négociations pour la libération du soldat franco-israélien Gilad Shalit retenu à Gaza par le Hamas. 

    Salah nous a parlé de ses conditions de détention, ainsi que celles des autres prisonniers. Il a dit combien était importante pour les détenus de recevoir des courriers de soutien du monde entier.   

     

    19 février 

    Aéroport de Tell Aviv 

    Passage de la douane sans trop d'encombres, quelques fouilles de sac, des questions stupides du type quel est le nom de vos parents ? Un douanier s'inquiète du fait que j'avais dans ma valise quatre fois le même livre concernant l'artiste palestinien Bashar Alhroub. Je lui montre que j'ai écrit un texte dedans. Il me demande pourquoi je m'intéresse à l'art palestinien. Je réponds que je ne m'intéresse pas à l'art palestinien, mais à l'art en général. Il me demande pourquoi cet artiste m'intéresse. Je lui dit que c'est à cause de la façon dont il traite la lumière, le gris, le noir… Bref, une discussion qui frôle le théâtre de l'absurde ! 

    Marc Mercier

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    Échange antéchronologique des mails précédents
    12 février 2014 12:55, Marc Mercier a écrit :

    L'essentiel est de cheminer Sandrine. 

    Je ne m'étais pas aperçu dans mon propre cheminement que les classes sociales avaient disparues. Elles existaient avant Marx, non ? Ce qui est certain, néanmoins, c'est que cette stratégie des pouvoirs à vouloir faire croire aux "pauvres gens" qu'ils ont des intérêts communs "supérieures" avec ceux qui les saignent, est une "idée" beaucoup plus ancienne que le communisme, si je ne m'abuse… 

    Bien à toi,
    Marc 

    ------------------ 
    Le 12 févr. 2014 à 12:21, Sandrine Treuillard a écrit :

    Bonjour Marc, 

    Tu penses encore comme un communiste,
    et c'est ce qui est révolu… 

    Je viens de l'extrême gauche, & j'ai cheminé. 

    Bien à toi,
    Sandrine 

    ------------------ 
    Le 12 février 2014 09:53, Marc Mercier a écrit : 

    Bonjour Sandrine, 

    J'ai lu ce texte, mais je trouve étrange que tu puisses le prendre à ton compte. 

    Ne serait-ce que ce paragraphe :

    « Pour avancer dans cette construction d’un peuple en paix, juste et fraternel, il y a quatre principes reliés à des tensions bipolaires propres à toute réalité sociale. Ils viennent des grands postulats de la Doctrine Sociale de l’Église, lesquels constituent «  le paramètre de référence premier et fondamental pour l’interprétation et l’évaluation des phénomènes sociaux ». À la lumière de ceux-ci,  je désire proposer maintenant ces quatre principes qui orientent spécifiquement le développement de la cohabitation sociale et la construction d’un peuple où les différences s’harmonisent dans un projet commun. Je le fais avec la conviction que leur application peut être un authentique chemin vers la paix dans chaque nation et dans le monde entier. » 

    C'est un appel à la collaboration des classes sociales comme si patrons et ouvriers (pour dire vite) pouvaient partager un projet commun et former un peuple. Il ne peut y avoir de peuple que dans l'égalité économique et sociale, sans rapport de subordination. Ce texte montre surtout que l'Église a toujours été du côté du sabre, du puissant, appelant les classes exploitées à se soumettre à l'ordre existant et qu'en récompense de cette sage soumission les portes du paradis leur seront ouvertes. Je ne comprends pas que l'on puisse croire à de telles chimères. 

    Mais bon, aujourd'hui on entend tellement de choses incroyables qu'on croyait révolues… 

    Bien à toi,
    Marc

    ------------------
    Le 10 févr. 2014 à 16:45, Sandrine Treuillard a écrit : 

    Bonjour,

    Ce texte parle si bien de l'expérience du temps
    que je suis tentée de le reprendre à mon compte
    pour analyser l'expérience du filmage, en vidéographie… 

    Le temps est supérieur à l’espace

    Bien à vous,
    Sandrine

     

  • Théorie du Genre : destruction de la personne

    Lien permanent

    RÉFLEXION SUR LE GENDER ET SES CONSÉQUENCES SUR L’HUMANITÉ
    Entretien avec Yann Carrière, docteur en psychologie 

     

    DÉFINIR LE GENDER

    Yann Carrière Doct en psycho Théorie du Genre.jpgDéfinir est une démarche de rigueur. Or la rigueur, comme il m’a été rétorqué une fois à l’université, c’est un truc d’homme hétérosexuel blanc du XVIIIème siècle. Avec la théorie du genre, on est dans un domaine où on est systématiquement pas rigoureux. C’est une technique de prise de pouvoir. C’est comme ça que la théorie du genre a pris le pouvoir à Pékin en 1995 en faisant signer, par des étrangers qui ne connaissaient pas l’emploi du mot gender en anglais, quelque chose qu’ils pouvaient  croire correspondre simplement à une autre désignation des sexes (masculin, féminin), mais qui en réalité renvoie aussi à une théorie assez confuse où un ensemble de mouvements d’idées (mouvements idéologiques et politiques)  qui a derrière lui des implications radicales. Je crois que c’est Marguerite Peeters qui parle de couches comme pour un oignon. Vous avez des façades dans le genre qui sont tout à fait respectables, et en effet le genre, comme aspect social de l’identité sexuée, c’est quelque chose de tout à fait scientifique. Si on l’approche de manière rigoureuse, on peut essayer de voir effectivement comment sont variables les aspects sociaux de l’identité sexuée. Mais si on s’en tient à ça, et ça c’est la façade soft que les idéologues du gender présentent quand ils veulent faire passer leurs idées, c’est une recherche scientifique légitime.

    Et puis vous avez, très lié au reste, le noyau dur, pour qui le gender est une approche uniquement en terme de pouvoir. C’est-à-dire que les hommes et les femmes n’existent pas : parler d’hommes et de femmes, c’est juste transmettre une vision complètement politique, hiérarchisée et oppressive de la société et c’est cela qu’il faut détruire. Et à ce moment-là, il faut détruire toute l’hétérosexualité, l’identité d’homme et l’identité de femme. Donc il n’y a pas de définition, c’est normal et c’est très utile pour les idéologues du gender.

    En fait, c’est George Orwell qui, en écrivant « 1984 », avait onze ans d’avance. La théorie du gender, qui est une théorie fascisante, a pris le pouvoir au niveau mondial à l’ONU en 1995 à Pékin. George Orwell n’avait que onze ans d’avance. Et pas en disant « Il n’y a pas d’homme, il n’y a pas de femme ». On est vraiment dans « la guerre, c’est la paix », on est vraiment dans la redéfinition des mots ; qui n’est pas seulement un trait du genre, on trouve ça déjà dans les idéologies de libération ; mais c’est une stratégie générale qui est utile pour noyer l’esprit. Depuis des décennies, on substitue au raisonnement et à l’intellect des fonctionnements par émotions et par images, notamment grâce à la publicité. Le brouillage des mots fait partie de cette dégradation, en partie voulue et délibérée, de la réflexion intellectuelle.

    Si on empêche de penser, c’est presque la mort de l’humanité. Le vivant et l’humain fonctionnent sur la discrimination. La première discrimination, c’est peut-être « cette plante est-elle comestible ou pas ? Je vais discriminer ce qui est bien de ce qui est mal. » C’est comme ça que la vie fonctionne et que la pensée fonctionne. Et il y a une menace, à partir du moment où on refuse de penser, (« supprimez le mot ‘race’ de la constitution, cachez ce mot » - on ne peut même plus nommer des choses – « homme, femme », on ne peut plus nommer la différence, etc.), eh bien c’est un aspect extrêmement mortifère. Mortifère assumé. Vous avez un des plus brillants auteurs de la théorie du genre qui s’appelle Lee Edelmann, il a écrit un livre qui s’appelle « No future : Queer Theory and the Death Drive » (death instinct as a drive - l’instinct de mort), et il le revendique. C’est-à-dire que les Queers sont ceux qui contestent cette proportion obligatoire - et donc oppressive – de l’humanité à se reproduire. Et il prend comme exemple (il insiste) le film d’Hitchcock « Les oiseaux » parce qu’il dit : « typiquement, ce sont les enfants qui sont les victimes ». Et il dit « les Queers sont ceux qui s’opposent à cette reproduction imposée ». Et il revendique cette place. Donc à partir de cette non-définition, on débouche sur la non-pensée, et sur quelque chose qui tue l’humanité, en fin de compte. Et c’est revendiqué, c’est-à-dire que chez les gens du Gender, vous avez des gens brillants, il faut le reconnaitre ; après on verra pourquoi et en quoi ça déconne, mais ce ne sont pas eux qui sont les plus dangereux, ce sont ceux qui les récupèrent. Il y a toujours deux couches dans l’idéologie : il y a ceux qui y croient, et les cyniques qui manipulent les idéologies. Eh bien ils sont brillants, et ils assument ce qu’ils disent. En particulier Lee Edelmann, qui dit parfaitement « Mais oui, nous sommes du côté de la pulsion de mort. »

     

    LE GENDER ET LA SCIENCE

    YC1.jpgVoici en gros les idées de la théorie du genre : il n’y a pas de différences entre les hommes et les femmes ; les différences, c’est un système social construit oppresseur qu’il s’agit de détruire. En gros, c’est ça. Donc une idée au départ en elle-même ni scientifique, ni pas scientifique. Ce qui va être scientifique sera la manière dont on va la creuser, et en particulier la manière dont on va accepter de lui faire passer les tests des preuves de la réalité. Et de voir si, expérimentalement, la théorie donne des résultats qu’on peut prévoir, etc. Les principaux auteurs ne se réclament pas du tout d’une approche scientifique. Mais même s’ils se le réclamaient, il y a un vice de fond dans l’idée principale de l’idéologie du genre : il n’y a pas de différence entre les hommes et les femmes, parce que scientifiquement c’est la seule chose qu’on ne pourra jamais prouver. Pourquoi ? Parce que quoi que soit ce que vous fassiez comme confrontation au réel, comme expérience, comme expérimentation, parce que c’est bien cela la science, ce sera toujours quelque chose de limité et fini. Et donc si dans cette expérience limitée et finie vous trouvez qu’il n’y a pas de différences entre les hommes et les femmes, vous n’aurez pas prouvé qu’il n’y a pas de différences : vous aurez prouvé que sur ce champ-là, dans ces conditions-là, il n’y a pas de différences. On pourra toujours vous rétorquer « oui mais les différences, pour les voir, il fallait faire autre chose, et vous ne l’avez pas fait ». On peut prouver qu’il y a des différences. Mais pour prouver qu’il n’y a pas de différences, il faut faire une infinité d’expérimentations tout le temps. Donc c’est la seule hypothèse idiote, en fait, qu’il n’y ait pas de différences entre les hommes et les femmes. On peut choisir plein d’hypothèses, mais celle-là est la plus absurde parce que c’est celle qu’on ne pourra jamais assumer.

     

    LE GENDER ET LA CONTINUATION DU FÉMINISME RADICAL

    YC2.jpgLe féminisme libéral : « nous voulons les mêmes droits » est le féminisme auquel moi j’adhère à cent pour cent. Il n’y a aucune raison de faire des droits différents avec les hommes et les femmes. Et puis, là, certains ont eu des attentes déçues. Parce que comme l’explique le journaliste norvégien dans « Norwich on paradox », si vous donnez les mêmes droits à des gens qui sont différents, qui ont des préférences différentes comme les hommes et les femmes, au résultat final vous aurez des divergences importantes. C’est-à-dire que si les femmes préfèrent les études de lettres et de psychologie et les hommes les études d’ingénieur, la société va se diversifier selon les genres et va décevoir tous ceux qui pensaient qu’ils auraient des femmes partout et surtout aux postes de pouvoir. Alors là, soit on accepte la réalité, soit on la refuse et on se réfugie dans l’idéologie. C’est là qu’intervient le féminisme radical qui, par analogie avec la conception marxiste des oppresseurs et des opprimés, a dit « c’est parce qu’il y a un système peu visible et une idéologie peu visible qui oppriment les femmes au bénéfice des hommes ».

    Là, on commence à entrer dans quelque chose de dangereux parce que ça suscite la haine. Parce que ça stigmatise – en psychologie on parle de clivage – les bons d’un côté, les méchants de l’autre. Évidemment, les méchants, tout le monde va se mettre à les détester. Et ça, c’est l’irruption et la domination de ce type de féminisme dans les années quatre-vingt. Ça a été la raison de l’émergence de la misandrie, c’est-à-dire le sexisme contre les hommes, des quotas qui empêchent les hommes d’avoir la juste rétribution de leurs efforts, de leurs goûts ou de leurs compétences, et cela donne lieu – et ça, c’est important de le dire – à deux énormes mensonges qui dominent aujourd’hui notre société, bien avant l’irruption de la théorie du genre : les mensonges sur les violences conjugales et les mensonges sur les prétendues inégalités salariales.

     

    VIOLENCES CONJUGALES ET INÉGALITÉS SALARIALES

    YC3.jpgUn mot sur ces deux mensonges parce qu’ils donnent une idée de comment fonctionnent nos médias et notre démocratie, qu’il est très important d’avoir si on veut comprendre comment fonctionne l’implantation d’une idéologie comme le genre et comment la combattre.

    Depuis qu’on fait des études sur les violences conjugales, c’est-à-dire les années 1970, toutes les études ont toujours trouvé qu’il y a autant, sinon plus d’hommes battus que de femmes battues. Toutes les études. Il n’y en a pas d’autres. Si on fait une étude sérieuse en interrogeant hommes et femmes, on trouve qu’il y a autant d’hommes battus que de femmes battues, et autant de femmes violentes que d’hommes violents, voire un peu plus. Évidemment, vous voyez bien que ce n’est pas du tout ce qui est transmis ni par les médias, ni par le gouvernement. Il y a donc des mensonges délibérés, il y a des livres écrits là-dessus mais tout le monde s’en fout. L’important est de montrer que le féminisme radical a raison et que via cette violence, les femmes sont opprimées et qu’il faut toujours les avantager puisqu’elles sont toujours opprimées.

    Le deuxième mensonge est celui sur les inégalités salariales qui est continuellement asséné par les médias et le gouvernement. Il existe des disparités salariales, mais si on cherche les raisons pour les expliquer, on les trouve. Un auteur américain comme Warren Farrell je crois, qui est tout à fait accepté par les féministes, a listé vingt-cinq variables qui, quand on les introduit dans l’analyse des différences, suppriment toute différence ; et même révèlent que les femmes sont plutôt plus payées que les hommes. Et ça, même les gens en France qui sont statisticiens peuvent le savoir. Pourquoi ce mensonge ? Pour pouvoir toujours avoir l’idée que les femmes sont opprimées. Personne n’est excusé de croire à ce mensonge, à mon avis, parce qu’il peut vérifier autour de lui. Et puis même la logique du système capitaliste, si vraiment les femmes étaient payées 20% de moins que les hommes, à travail égal et à performances égales, tout le monde se précipiterait pour les embaucher. Ca commence à se voir, que ça ne marche pas, cette théorie. Par exemple, si on prend la catégorie de femmes auto-employées, aucun système ne les opprime, ce sont elles qui font leur entreprise et décident de combien elles sont payées, et elles sont moins payées que les hommes. Il y a des explications à ça : c’est qu’elles font des choix différents des hommes. Par exemple, pour celles qui sont médecins, elles vont décider de voir moins de gens, mais de prendre plus de temps avec. Alors évidemment, elles vont gagner plutôt moins d’argent. Et là, la théorie de l’oppression, la théorie du féminisme radical ne marche plus. Alors comment expliquer ? La théorie du genre est géniale. Déjà, on y arrivait avec les derniers travaux du ministre radical, Carole Gilligan. C’est le problème de la socialisation. C’est-à-dire que les femmes se limitent elles-mêmes.

     

    LA DOMINATION MASCULINE

    YC4.jpgL’éducation conditionne des tout-petits : les garçons à être dominants et à revendiquer, et les filles à être soumises et à se déprécier. Et ça, ça va être le gros travail de Carole Gilligan dans les années quatre-vingt-dix en faisant des études pas du tout sérieuses sur le plan méthodologique mais très à la mode sur le plan idéologique, en même temps que les livres de Judith Butler (ce sont toujours les mêmes époques : « Gender trouble » de Butler date des années 90, et les études de Gilligan aussi). Voilà comment le relais se fait. Parce qu’on ne peut plus arguer qu’il y a un système. Le mythe du plafond de verre, quand on le regarde de près, en fait ça ne marche pas du tout. En revanche, si on dit que c’est dès le conditionnement, dès la constitution de l’identité que tout s’installe, alors on a une bonne idée. Et ça aboutit à ce que vous trouvez maintenant sur les sites américains d’éducation : si on tolère que les petits garçons se conduisent différemment des petites filles, alors on perpétue l’oppression des femmes. Conclusion : il faut empêcher les petits garçons d’être différents des petites filles. Et c’est cela, l’ambition de la théorie du genre dans l’éducation.

     

    LES DISCRIMINATIONS

    YC5.jpgIl m’arrive de donner des conférences et j’ai remarqué qu’il y a vraiment une difficulté, voire une incapacité pour des personnes y compris qui ont fait des études supérieures, à raisonner de manière satisfaisante pour conjuguer à la fois les contraintes de la réalité et les aspirations légitimes à l’égalité et à l’absence de discriminations injustes. En fait, le raisonnement à tenir à tout moment est relativement simple : il est de dire que si on prend des groupes, il est normal d’avoir des différences statistiques entre les hommes et les femmes, ne serait-ce que de taille, de force musculaire au niveau des bras ; mais ce n’est pas un prétexte justifié pour brimer un homme ou une femme en fonction des caractéristiques de son groupe.

    Quand je donne des conférences, je prends l’exemple des bûcherons. Il n’y a pas de raison d’interdire à une femme d’être bûcheron si elle en a la force, l’agressivité, l’énergie et l’envie d’être bûcheron. En revanche, il ne faut pas s’étonner s’il y a plus de bûcherons hommes que femmes parce qu’en principe, au niveau du corps, dans la force des bras et des muscles, les hommes sont plus costauds et ils ont peut-être plus de plaisir à le faire. Eh bien ce raisonnement, si tout le monde le tenait, il suffirait à résoudre tous les problèmes de discrimination. Parce qu’on accepterait à la fois les différences générales quelles qu’elles soient, et évidemment qui sont toujours bonnes ou mauvaises pour les uns et les autres, tout dépend de quel côté on se place. Et on serait toujours en train de traiter avec équité les personnes qu’on a devant soi en fonction de leur réalité : il peut y avoir des hommes féminins, des femmes masculines etc. Mais ça, je me rends compte quand je donne des conférences que bien des gens ne sont plus capables de ce raisonnement.

     

    LA PERVERSITÉ DU GENDER

    YC6.jpgJe pense que le plus simple est de reprendre l’analogie avec le communisme. Qu’a fait le communisme, qui est le fascisme le plus violent qu’ait connu l’humanité au XXème siècle ?

    Au nom du bien, et de la défense des prolétaires qui est une bonne cause, il a massacré des paysans, des bourgeois, des millions et des millions de personnes. Et ça, c’est pervers. C’est pervers au sens étymologique, parce que le pervers retourne la logique naturelle. Le communisme était censé faire le bien et il a fait le mal. Dans ce sens-là, le gender se promet de prendre la suite ; c’est-à-dire qu’il ne promet pas une société sans classes, mais il promet une société sans sexes, puisqu’il y aura une infinité de genres.

     

    LA PATHOLOGIE DU NARCISSISME

    YC7.jpgOn est dans la pathologie du narcissisme. Simone de Beauvoir a dit « On ne naît pas femme, on le devient ». Au départ, c’est une intention libératrice quand elle l’écrit dans « Le deuxième sexe » de 1949. Seulement quelques temps plus tard, une féministe, Betty Friedan, lui dit « Mais vous savez, il y aura toujours des femmes qui voudront être mères et privilégieront ça au travail ». Simone de Beauvoir lui répond, du moins c’est ce qui est écrit dans le livre de Christina Hoff Sommers : « Eh bien dans ce cas, il faudra le leur interdire ». Ce qui signifie « je libère les gens mais je ne tolère pas qu’ils aient un avis différent du mien ». Ça, c’est du narcissisme : « je réorganise le monde ». Et les gens qui ont une dynamique narcissique sont souvent des révolutionnaires, des leaders, et en ce sens-là ils peuvent être bénéfiques ; mais il y a une dérive possible qui est « je libère le monde uniquement dans le sens de mon idéal et il n’est pas question que je tolère que l’autre ait aussi son avis ».

    Dans le Genre, c’est ça qui se passe. Au départ de la théorie du genre, et notamment chez Judith Butler, vous avez une ambition légitime, une ambition bénéfique, qui est de défendre les gens qui n’ont pas la chance de tomber facilement dans une catégorie hommes ou femmes : soit parce qu’ils sont hermaphrodites, soit parce qu’ils ont une orientation sexuelle non hétérosexuelle. Ils vont avoir du mal à se caser dans le monde très normé, et parfois, ça peut aller, comme elle le soulignait elle-même, jusqu’au meurtre. On peut tuer des gens parce qu’ils sont homos. Et c’est tout à fait louable, en tout cas à mon avis, de vouloir aménager le monde pour que ces gens-là trouvent au mieux leur place.

    Seulement, la théorie du genre qui se répand aujourd’hui, ce n’est pas du tout ça. La théorie du genre qui se répand aujourd’hui, c’est dire « pour que ces gens trouvent leur place, il faut détruire la structure psychique de tous les gens qui trouvaient naturellement leur place en hommes et femmes et en hétérosexuels ». Et là, c’est pervers. Vous voyez bien qu’à nouveau, au nom de la libération d’une petite quantité de gens (mais ça vaut toujours le coup de s’occuper des gens même s’ils ne sont pas nombreux), on va opprimer la majorité. Et comme dans le communisme, il y a un retournement pervers.

     

    LA NÉGATION DE LA RÉALITÉ

    YC8.jpgEn psychanalyse, les pervers nient une partie de la réalité qui est la différence des sexes. Donc effectivement, la théorie du genre est emblématique en niant une partie de la réalité, qui est la différence des sexes, mais je voudrais rétropédaler par rapport à votre question : la négation de la réalité est une très vieille tradition en occident même ; et quand on veut se pencher sur les racines des dysfonctionnements actuels, il faut absolument prendre ça en compte. Moi, je remonterais presque jusqu’au nominalisme au Moyen Âge, qui réduisait la possibilité de faire une adéquation vraiment à la réalité. Mais après, quand vous avez Descartes qui dit « Je suppose que rien n’existe et je m’aperçois qu’il ne reste plus que ma pensée », on est aussi dans le doute de la réalité. Quand vous avez Rousseau qui dit « Commençons par écarter tous les faits », on est aussi dans l’éloignement de la réalité. De ce point de vue-là, les théoriciens du gender ne font pas de saut qualitatif important, mais prolongent une longue tradition. Et à la limite, si on n’est pas content, ça veut dire qu’il faut se poser la question « comment tout a dérivé depuis Saint Thomas d’Aquin ? ». J’exagère à peine.

     

    LE NARCISSIQUE ET LA RÉALITÉ

    YC9.jpgQuand on parle de toute puissance narcissique, en tant que psychologue c’est là que je place la racine du mal. On parlait de nier la réalité. Le narcissique est à cheval entre ses rêves et la réalité et quand il est en bonne santé, il arrive à jongler entre les deux. Mais quand il commence à délirer, comme dans ses mouvements révolutionnaires, il veut plier la réalité à son rêve (communiste ou gender) et à ce moment-là, il va massacrer ceux qui lui résistent.

    La première limite, la limite minimale, la limite symbolique à la toute-puissance du narcissisme, c’est l’idée de Dieu : c’est l’idée que « moi, je ne suis pas tout, et je ne suis pas tout-puissant ». Vous avez des gens qui ont étudié les leaders, je pense à Kohut, un grand spécialiste du narcissisme, et je pense aussi à un Australien qui s’appelle Hawks. Ils ont remarqué qu’il y a deux types de gourous. Il y a les gourous qui se croient eux-mêmes la Divinité, et il y a ceux qui se croient messagers de la divinité. Ceux-ci ont leur narcissisme grandiose divisé en deux parties : eux et la divinité qu’ils représentent.

    Évidemment, il y en a qui finissent mieux que les autres. Parce que si vous vous octroyez la divinité à vingt, trente, quarante ans ça peut encore marcher, à cinquante, soixante, soixante-dix ans la réalité vous rattrape et vous montre que la divinité n’est pas si glorieuse que ça. Ceux-là ne finissent pas très bien. Mais ceux qui sont simplement des messagers peuvent maintenir leur équilibre psychique plus longtemps. Parce que le grandiose, l’idéal, il est en Dieu. Et moi je crois que si on veut vraiment lutter contre ces délires qui arrivent régulièrement à l’humanité, il faut se pencher sur le lien avec la croyance en Dieu. Les deux grands fascismes qui ont massacré des millions de gens au XXème siècle sont des idéologies athées, que ce soit le communisme ou le nazisme.

    Comme on dit « la crainte de Dieu est le début de la sagesse ». Si je ne suis pas le plus grand, je vais me relier au monde et aux autres différemment.

     

    LE GENDER, UN MOUVEMENT POLITIQUE MONDIAL

    YC10.jpgCe mouvement d’idées n’est pas resté un mouvement d’idées : il est devenu un mouvement politique, un mouvement qui a pris le pouvoir, un mouvement qui s’impose au monde entier depuis Pékin 1995. Et là, c’est une autre sorte de danger, et c’est même, à mon avis, un alignement fascisant de la société. C’est-à-dire que progressivement, vous n’avez plus le droit de penser différemment que ce que dit la théorie du genre.

    J’ai répondu à des intervenants dans une entreprise où j’étais, qui faisaient de la propagande sur la théorie du genre, subventionnée par la Direction des Ressources Humaines.Ce que nous disait le psychiatre, c’est que dans des années il n’y aura plus de normes, nous serons tous des exceptions et ce sera peut-être difficile à gérer. Je lui ai répondu « Mais attendez monsieur, si nous sommes tous des exceptions, il n’y a plus d’exceptions. Il n’y a plus de loi, il n’y a plus de règle : on a un magma informe de gens paumés parce qu’ils n’ont plus d’identité et contrairement à ce que vous dites, ce n’est pas difficile à gérer, c’est extrêmement facile à manipuler. » Et ça, en tant que psychologue, c’est un message fort : si on détruit les repères des gens, ça donne des gens paumés faciles à manipuler.

    Dans les années 1990, j’ai été amené à enseigner une théorie du management, qui s’appelle le chaos management. Le chaos du management, c’est casser les repères des gens pour les rendre plus créatifs et plus productifs. Mais ils sont aussi plus faciles à manipuler. Cette théorie, je n’en entends plus beaucoup parler en tant que théorie, mais en revanche je la vois appliquée partout, que ce soit dans les entreprises ou au niveau politique actuellement. Casser les repères des gens rejoint la prédiction de Marx. Marx disait « le capitalisme détruira tout ce qui s’oppose à lui ». Donc toutes les structures anciennes, les nations, les familles etc. sont en train d’être brisées à travers le monde : soit par les guerres, soit pas l’immigration, etc.

    Ce qui se cache derrière est une mise en ordre, au niveau mondial et politique, de l’humanité, qui à mon avis va dans le sens – mais là je peux me tromper parce que ce n’est pas mon domaine – d’une sorte de mise en esclavage au profit des grandes puissances financières. C’est une hypothèse que je risque. En tout cas, ce dont je suis sûr, c’est que c’est dangereux, parce que ce n’est pas une idéologie, c’est un mouvement politique qui s’impose avec violence au monde.

     

    QUAND LES DÉLIRES S’IMPOSENT AU RÉEL

    YC11.jpgComment une erreur cognitive, ou ce qui peut apparaître à certains ou à certaines comme un gentil délire, donne des résultats terribles si on veut le forcer avec violence sur la réalité : c’est l’affaire Jandré Botha en Afrique du Sud. C’est cette affaire de deux lesbiennes dont l’une a un petit garçon, et sa compagne veut que le petit garçon l’appelle « papa ». Ce qui est parfaitement conforme à la théorie du genre. Le genre, c’est une question de rôle social construit : je ne vois pas pourquoi le petit garçon, même si je suis une femme, ne m’appellerait pas « papa ». Il a refusé, et il a été torturé à mort. Voilà ce qui se passe quand les délires sont imposés par la violence au réel. Ça donne des massacres comme on a connu au XXème siècle.

    Donc ce n’est pas une théorie, c’est vrai que penser est toujours dangereux mais ce qui se passe n’est pas la théorie du genre : ce qui se passe, c’est l’imposition au niveau mondial de la théorie du genre. Et comme toutes les questions de diversité, de ce que je constate, que ce soit dans les entreprises ou dans les gouvernements, les questions de diversité servent, même si elles ont un bon fond au départ, de cache-sexe à des manœuvres de pouvoir et de domination sociale.

     

    LE GENDER À L’ÉCOLE

    YC12.jpgAu niveau de l’école, la première conséquence est une amplification de ce qu’a très bien décrit l’Américaine Christina Hoff Sommers dans son livre « The war against boys », La guerre contre les garçons. Derrière les discours lénifiants sur « déconstruire les stéréotypes », clairement, les Américains sont parfois plus francs, ils disent : « si on permet aux petits garçons d’être différents des petites filles, on perpétue l’oppression des femmes. On va donc interdire aux petits garçons d’être différents des petites filles. » On va donc les inviter fortement à jouer à la poupée, à porter des robes, on va supprimer les cours de récréation pour qu’ils ne puissent pas courir, etc. C’est ce que décrit Christina Hoff Sommers dans son livre. Et donc, on a vraiment, là, les traits d’un fascisme qui fabrique un homme nouveau, ou un androgyne nouveau, un homme-femme, si vous voulez. On a vu avec Simone de Beauvoir que ce n’est pas mieux intentionné vis-à-vis des femmes, mais malgré tout comme un des principaux axes est de libérer les femmes, la haine, ou l’agression, ou la rage est dirigée contre les garçons et les hommes.

     

    LA DESTRUCTION DE LA PERSONNE

    YC13.jpgLe but visé, à mon avis, ou l’intérêt, ce pour quoi cette idéologie rend service, c’est parce qu’elle aboutit à la destruction de la personne. Le sous-titre de Judith Butler, c’est Féminisme et subversion de l’identité. Ce n’est pas Subversion de l’identité sexuée. C’est subversion de l’identité tout court. C’est-à-dire que dans cette idéologie post-moderne, la personne, le sujet n’existe pas. Le chemin pris par Descartes « Je pense, donc je suis » a été mené jusqu’au bout, mais « je » n’existe pas. Donc, nous sommes juste un petit noyau de vie manipulé par des rapports de pouvoir qui nous font homme ou femme : c’est ça, le gender. Mais que la personne n’existe pas, ça, c’est génial pour un état totalitaire. Parce que ça va à l’encontre de toute la civilisation chrétienne qui est fondée sur la dignité de la personne faite à l’image de Dieu.

    La personne n’est pas intéressante pour un système capitaliste, que ce soit du point de vue employeur ou consommateur. Et d’ailleurs, vous n’avez plus de Direction du Personnel, mais une Direction des Ressources Humaines qui s’occupe des compétences des gens. Vous avez des portefeuilles de compétences sur pattes, en gros ; ambulants, qu’on va exploiter au mieux, mais la personne, c’est gênant, parce que ça a des besoins, notamment spirituels. De même du côté de la consommation, on ne va pas se soucier de la personne, on va faire du marketing en fonction du fait que vous êtes – je ne sais pas, moi – musulman, chrétien, juif, ou en fonction de ce que vous êtes mère de famille, père isolé, parent isolé etc. et on va créer en vous des actes compulsifs d’achat, c’est ça le but du marketing. Mais il ne se soucie pas de la personne, c’est un encombrement, il faut la bipasser. Et quel meilleur moyen de la bipasser que d’enlever toute structure à l’identité ?

    Bien sûr, c’est totalitaire, mais c’est bougrement commode si on a en vue un monde organisé uniquement sous le prima de la consommation et du fonctionnement capitaliste.

     

    LE GENDER, LA VIOLENCE ET LE SACRÉ

    YC14.jpgLe fondateur de la chaire de sociologie à Harvard est quelqu’un qui s’appelait Pitirim Sorokin et qui a beaucoup travaillé sur les groupes et la notion de l’amour. Il a écrit un livre qui s’appelle « The power of love », Le pouvoir de l’amour. Et il avait remarqué qu’on pouvait glisser assez rapidement de l’amour d’un groupe à la haine des autres groupes. Pas besoin d’insister : le nazisme, le communisme, etc., c’est vraiment typiquement ça : l’amour des Allemands – la haine des Juifs ; l’amour des prolétaires – la haine des bourgeois et des oppresseurs…

    Alors, moi, ce qu’il me semble, c’est que en réalité, notamment dans une société qui a refusé Dieu, le besoin de sacré de l’homme est tellement fort qu’on va avoir tendance à idéaliser, à sacraliser une partie de l’humain. Et typiquement, à notre époque qui idéalise les victimes, les pauvres victimes d’injustices vont être idéalisées. On va complètement investir ce groupe. Ça peut être les femmes, ça peut être les homosexuels, ça peut être les hommes, ça dépend des circonstances. Le problème, c’est que s’il n’y a pas un régulateur qui est Dieu au-dessus de tout le monde, à ce moment-là l’idéalisation d’un groupe va être concomitante de la déshumanisation de l’autre groupe. Forcément, parce que s’il y a oppresseur et opprimés, on va porter aux nues les opprimés, et les oppresseurs sont des méchants qui perdent leur statut d’humains et on va les massacrer.

    Et donc, voilà une autre raison pour laquelle il est important que le narcissisme soit mobilisé au niveau de Dieu. C’est Dieu qui est grand. Et une deuxième notion très importante du christianisme qui permet la régulation, c’est la notion de péché originel, qui fait que le mal est présent en tout le monde, donc on ne peut pas utiliser le mécanisme du clivage en disant « les bons d’un côté, et les gentils de l’autre ». Et c’est aussi en ça que l’éloignement de la religion chrétienne fait qu’on délire de plus en plus, parce qu’on va investir les gentils d’un côté et on va massacrer les autres.

     

    L’OBJECTIF FINAL DU GENDER

    YC16.jpgC’est un mouvement qui cherche à détruire. Et ce qui est curieux, c’est qu’il y ait un ennemi privilégié. Et l’ennemi privilégié, c’est le christianisme et l’Église catholique. Pour deux raisons essentiellement : d’abord parce que c’est une organisation internationale qu’on pourrait qualifier d’idéologique, qui propose aux gens une structuration (on a vu que le but était de déstructurer l’humanité pour la manipuler) ; et en particulier parce que la notion de personne est très ancré dans la foi catholique et la foi chrétienne, l’homme ou la femme à l’image de Dieu, et que c’est ça qu’il s’agit de détruire toujours dans le but de manipuler les gens. Ce qui rend les gens in-manipulables, c’est leur relation à Dieu. Donc c’est ça qu’il faut détruire.

     

    Entretien : Matthias Barbier et Louis-Marie de l’Épinois de Réinformation-TV

    Transcription réalisée par Sophie Naumiak pour La Vaillante

     

     

    http://reinformation.tv/

    http://www.vigi-gender.fr/

  • L'islam et la France, un amour possible ?

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    Conférence de Camel Bechikh, Président de Fils de France (Association Culturelle et Éducative des Musulmans de Moissy) à Moissy, en novembre 2013.
    Avec l'aimable autorisation de Camel Bechikh, La Vaillante reprend la retranscription réalisée par Fils de France de la vidéo postée en fin de ce message. Vous retrouverez les retranscriptions de ses interventions publiques sur la page Une raison d'espérance.

     

    camel bechikh,christianisme,foi,lmpt,conscience,théorie du genre,éducation,transmission« Merci à l'association de Moissy, d'inviter Fils de France. Comme le disait Selim, la position de Fils de France est un peu iconoclaste, parce que nouvelle dans le paysage islamique français. À Fils de France, nous faisons le pari de dire que non seulement il n'y a pas d'antagonisme entre l'identité musulmane et l'identité française, mais plus que ça, au-delà de la non-antinomie, il peut même y avoir une symbiose positive et épanouissante dans le fait que nous soyons de spiritualité musulmane et de nationalité française. Évidemment, le champ est un peu brouillé en ce moment car nous parlons plus d'islamophobie, qui devient presque le vecteur essentiel de notre perception à la France, or la France et l'islam ont une relation très ancienne depuis le Moyen-Âge, puisque, vous le savez peut-être, il y a eu ce qu'on appelait l’Émirat de Narbonne, où du VIIIème siècle au XIème siècle, les musulmans avaient administré un territoire propre des Pyrénées aux Alpes Maritimes d'aujourd'hui. Dans cet Émirat de Narbonne, les musulmans faisaient battre monnaie avec une face en caractère latin et une face en caractère arabe. C’est très intéressant car au VIIIème siècle, en plein Moyen-Âge, on aurait pu penser que cette présence musulmane aurait donné lieu à des combats incessants. Évidemment, au départ il y a eu des batailles pour occuper les territoires puisque le propre d'un peuple, d'une civilisation, c'est aussi l'expansion des territoires. Il y a eu la colonisation occidentale et bien avant il y a eu une colonisation européenne, byzantine, perse et évidemment arabo-musulmane. Tout cela est le B-A-BA de l'histoire des peuples.

    Camel Moissy 2.jpgJe voudrais prendre l'exemple de cet Émirat de Narbonne, un exemple que j'avais déjà donné au Bourget au Rassemblement Annuel des Musulmans de France il y a deux ans, pour expliquer que dans les années 60, on a fait des fouilles archéologiques à côté de la Cathédrale de Narbonne et lorsqu'on a fait ces fouilles archéologiques, on a découvert les fondations d'une mosquée. C'était la mosquée de l’Émirat. Étrangement cette mosquée, alors que les musulmans sont en situation de domination, n'est pas éloignée de l’Église mais elle est collée à l’Église. Déjà, d'une : l'église n'était pas détruite, cela n'est pas une révélation pour vous et moi, mais en plus les musulmans cherchent une certaine forme de proximité entre les deux lieux de culte. Si on fait l'analogie, la comparaison entre la forme architecturale de cette mosquée et celles qui sont construites en Afrique du Nord à la même période, on s'aperçoit que le minaret doit se trouver sur le mur mitoyen qui est le mur reliant les deux édifices, or sur ce mur mitoyen, on retrouve le clocher. Ce qui a fait dire aux archéologues qu'en situation de domination militaire, administrative, les musulmans n'ont pas détruit l'église, ils n'ont pas non plus construit la mosquée, l'édifice loin de l'église mais ils sont allés au-delà de cela, ils ont collé la mosquée à l'église, ils utilisaient en même temps que les chrétiens le clocher pour faire l'appel à la prière. Nous sommes au VIIIème siècle donc en termes d'exemple de cohabitation, je dirais que c'est assez éloquent. La France est une République laïque mais c'est un pays de confession catholique, de confession chrétienne. Son identité est principalement chrétienne et les valeurs du christianisme, du catholicisme sont de fait extrêmement proches de notre spiritualité musulmane.

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    Si on envisage le rapport entre les deux religions finalement, il ne peut être que vertueux. Je vous rappelle que le Prophète Muhammad (Paix et Bénédiction de Dieu sur lui) invite les primo musulmans à fuir Qoraïche, il les envoie sous la direction de Uthman Ibn 'Affan (que Dieu l'agréé) en Abyssinie auprès d'un roi chrétien juste comme l'appelle le Prophète (Paix et Bénédiction de Dieu sur lui). L'idée de départ est qu’entre le christianisme et l'islam il n'y a pas d'antinomie, même si quand, bien évidemment, les deux religions sont prises dans l'histoire, dans la politique, il peut y avoir des frictions, notamment les croisades. Mais si nous envisageons l'ensemble des rapports entre le catholicisme et l'islam depuis l'avènement de l'islam au VIIème siècle, on s'aperçoit qu'il y a d'avantage de rapports vertueux entre les deux spiritualités plutôt que des conflits. La France étant profondément chrétienne, il est de fait, de la part de ses valeurs profondes, pas d’antinomie, pas d'opposition possible entre notre foi et l'identité principale de la France qui est le christianisme. Cela est la première chose. Ensuite la France devient une république : du fait de la révolution de 1789 nous passons de la Monarchie à la République et la République ambitionne un projet nouveau qui s'appelle la sécularisation, c'est-à-dire qu'on sépare la religion et le pouvoir. Cela s'appelle aussi la laïcité. Cette laïcité, cette sécularisation, s'est beaucoup construite dans l'anticléricalisme, dans le fait d'être contre la religion. La République s'est construite en grande partie contre la religion, ce que je veux dire par là, c'est que lorsque nous, en tant que musulmans, nous arrivons près d'un siècle et demi plus tard en France et que nous connaissons des perturbations dans l'expression de notre foi dans l'espace public, il faut juste se rappeler que ce n'est pas complètement une situation qui vise les simples musulmans mais c'est une situation historique qui vise d'abord la religion. Je donne aussi cet exemple assez souvent qui est celui du mot "liberté" : le sens du mot "liberté" en France est « comment se défaire de la religion, comment se libérer de la religion ». Quand on prend le mot "liberté" aux États-Unis c'est exactement le contraire, c'est « pouvoir pratiquer librement sa religion ». Pourquoi ? Parce que l'Amérique s'est créée du fait des migrations des différents types de protestantismes persécutés par le catholicisme en Europe. Ces gens-là, à un moment, ont fui le catholicisme et se sont retrouvés en Amérique. Et leur principale préoccupation était la liberté religieuse. On a donc le même mot, mais de part et d'autre de l'Atlantique il a un sens inversé. Je vous dis tout ça, pourquoi ? Pour qu'en tant que musulmans français, nous ayons bien conscience que si parfois il y a des frictions entre notre identité musulmane et notre système français, ce n'est pas à destination unique de notre foi musulmane. C'est que nous sommes pris dans une histoire contemporaine qui s'est d'abord créée sur le fait de se séparer de la religion. En partant de là, on peut aussi considérer la laïcité comme une chance puisqu'elle permet de faire en sorte que l'ensemble des religions puissent cohabiter sans que les religions fortes prennent le pouvoir et ne domestiquent, ne persécutent les religions faibles. Je vous rappelle, comme je le disais tout à l'heure, que les protestants ont souffert de ces persécutions, que les athées ou que différentes congrégations à l'intérieur même du catholicisme ont souffert de ces persécutions. Par conséquent, à un moment donné, le législateur a initié un système de gouvernance nouveau qui était la laïcité et qui permettait à l'ensemble des religions de pouvoir cohabiter entre elles. Ceci dit, il faut distinguer trois types de laïcité : il y a la laïcité juridique qui, si elle était appliquée, ne poserait de problème à personne ; il y a la laïcité qu'on peut qualifier d'anthropologique qui est complètement intégrée dans les us et coutumes des gens, même les catholiques les plus pratiquants ont intégré le fait qu'il y ait la séparation du pouvoir et de la religion, de l’État et des Églises ; et la laïcité militante, c'est celle qui se situe dans le champ associatif et qui se construit de l'anti-religion. Il y a donc trois types, trois niveaux de laïcité. Quand en tant que musulman nous avons un souci de pratique religieuse, il est bon de savoir à quel canal nous avons à faire, de manière à ne pas commettre d'injustice, à ne pas mettre tout le monde dans le même panier. L'islam est une religion universelle, l'islam est né chez les arabes, révélé chez des tribus arabes qui avaient eux-mêmes leurs us et coutumes. Mais l'arabité de l'islam est un point de départ, ce n'est pas un point d'arrivée. Le point d'arrivée est de pouvoir proposer cette foi à des gens de différentes époques, de différentes cultures, qu'ils puissent l'accepter ou la rejeter. Je vais vous donner un exemple assez éloquent. Vous savez ce qu'est une société patriarcale ? Une société patriarcale est une société comme elles le sont généralement dans le pourtour méditerranéen, où les hommes ont le pouvoir, où les hommes sont au centre de la société et la plupart des ensembles culturels, la majorité, fonctionnent selon un mode patriarcal. La plupart des sociétés dans le monde, qu'elles soient industrielles ou traditionnelles fonctionnent sous un mode patriarcal où l'homme est au centre de la société et possède les pouvoirs.

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    Aujourd'hui, le plus grand ensemble ethnique au monde, huit millions d'individus, qui a conservé un système matriarcal où les femmes possèdent tous les pouvoirs, les biens, les terres et qui fait essentiellement hériter ses filles est une société musulmane que l'on trouve en Indonésie et qui s'appelle les Minangkabau. Pourquoi je vous dis cela ? C'est pour exprimer la plasticité de la religion musulmane. La religion musulmane est ferme dans sa 'Aquida, dans son dogme, l'Unicité de Dieu est indiscutable, le fait de croire aux anges, aux Livres, aux Prophètes, au Destin, ce sont des piliers de la Foi qui sont indiscutables. Les 'ibada, les adorations, le fait que nous prions cinq fois par jour, que nous jeûnons un mois dans l'année et que nous faisons une fois le Pèlerinage dans notre vie etc. sont des choses indiscutables mais aménageables, si nous sommes en voyage ou si nous sommes malades, bref vous connaissez bien ou mieux que moi ces choses-là. Et il y a une troisième partie que nous appelons el mu'amalat, les actions courantes du fait de la vie en société qui sont constamment en variance. C'est-à-dire que selon les sociétés que l'islam rencontre, il y a une capacité d'adaptation aux us et coutumes locales avec bien entendu la part d'éthique, de morale obligatoire dans ces actions courantes. Si par exemple, je fais un contrat, il y a des éléments stables dans le contrat qui sont l'honnêteté, la parole donnée, la véracité etc. Ensuite, la manière dont va se dérouler la transaction commerciale peut varier d'une culture à une autre. Donc l'islam encadre la troisième partie qu'on appelle el mou'amalat par ses principes moraux qui sont la justice, la véracité, la générosité, l'abnégation, le fait d'être magnanime etc. Toutes les qualités morales que le Prophète (Paix et Bénédiction de Dieu sur lui) portait en lui, il était rappelez-vous, « le Coran qui marchait » comme disait 'Aïcha (Que Dieu l'agréé), et toutes ces qualités morales doivent uniquement accompagner les us et coutumes des civilisations, des ensembles culturels que l'islam rencontre. Indéniablement, si on prend un sénégalais et si on prend un indonésien, ils mangent différemment, s'habillent différemment, ils pensent peut-être même différemment, mais si on les met dans une pièce l'un et l'autre, ils sauront tous les deux comment faire la Salat Dohr : il n'y en n’a pas un qui fera quatre unités de prière et l'autre trois unités mais tous deux savent que la prière de Dohr est de quatre unités. Ce que je veux dire par là est qu'il y a dans la religion musulmane des choses qui sont inscrites dans le marbre et il y a un ensemble de choses qui sont amenées à bouger. La célèbre parole d’Ibn Qayyim el Jawziya qui dit « l'avis juridique change selon l'époque, le lieu et l'individu », c'est-à-dire que pour une même question il peut y avoir une formulation différente de la part des savants. Et comment nous en sommes arrivés là ? C'est qu'il y a ce fameux hadith du Prophète (Paix et Bénédiction de Dieu sur lui) qui dit « Le Prophète était avec les compagnons et un homme est entré et lui a dit "Ô Prophète si je tue quelqu'un, est-ce que Dieu me pardonne ?", le Prophète lui a répondu "Non !". La personne est repartie et une autre entre et pose la même question au Prophète "Ô Prophète, si je tue quelqu'un, est-ce que Dieu me pardonne ?" et le Prophète de répondre "Oui !". Et les compagnons de s'étonner bien évidemment, " Ô Prophète, comment as-tu pu répondre différemment à une même question ?", le Prophète de répondre "le premier, je lui ai dit "non" car c'est quelqu'un qui partait pour tuer quelqu'un, qui avait l'intention de tuer quelqu'un, alors que le deuxième je lui ai dit "oui" parce qu'il cherchait à se repentir d'un acte qu'il avait commis dans le passé". » Ainsi à une même question, il peut y avoir une réponse différenciée. Ce que je veux dire par là est que notre situation aujourd'hui sociologique, historique, se situe dans une nouvelle réalité qui s'appelle la France, qui s'appelle l'Europe, qui s'appelle l'Occident. Si nous continuons à vouloir maintenir la culture maghrébine, je ne dis même pas arabe, je dis bien maghrébine et plein d'autres choses encore, dans un ensemble qui culturellement est homogène depuis quasiment deux mille ans, nous allons maintenir l'islam comme un corps étranger. Et nous serons toujours vus dans notre foi comme des étrangers parce que culturellement parlant, nous confondons la Foi musulmane qui est universelle, qui rencontre les cultures et s'y adapte et la maghrebinité qui fait qu'on peut être maghrébin musulman mais aussi maghrébin hindou, maghrébin bouddhiste et je ne sais quoi d'autre. Il est essentiel de situer, à chacun sa place, la notion de culte et la notion de culture. Et ce que nous disons nous à Fils de France, si notre culte est musulman, notre culture est française, un peu plus française que celle de nos parents qui eux étaient des primo-migrants, mais notre culture est un peu moins française que celle de nos enfants, qui sera un peu moins française que celle de nos petits-enfants, et moins française que celle de nos arrières petits-enfants et ainsi de suite, jusqu'à ce que nous arrivions à des générations de musulmans où ils ne se poseront même plus la question de savoir s’ils mettent des babouches ou pas des babouches. Pour eux, l'histoire de la babouche sera une chose complètement exotique. En revanche, le fait de prier cinq fois par jour demeure au-delà du temps, et au-delà de l'espace. Ce que je veux dire, ce n'est pas parce qu'on mange beaucoup de couscous qu'on est meilleur musulman, donc il y a des automatismes culturels qu'il va falloir penser pour les distinguer et ne pas les encombrer de la Foi musulmane. Parce que la Foi musulmane, de fait elle épouse, rencontre et s'adapte aux différents espaces qu'elle rencontre.

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    Donc pas d'antinomie profonde entre notre identité musulmane et l'identité profonde catholique de la France. Je ne sais pas si vous le savez mais la France est le seul pays au monde à avoir été sacré par l'Église. La France est le pays au monde à avoir le plus de Saints canonisés. Il y a des saints espagnols, des saints italiens, eh bien la France compte le plus de saints au monde canonisés par le Vatican. La France naît du Baptême de Clovis. Il y a une imprégnation profonde des valeurs catholiques avec l'identité française, même si aujourd'hui nous sommes dans une République laïque, qui distingue en termes de gouvernance l'Église et l’État. Hier, c'était la fête de la Toussaint, la Toussaint était férié pour l'ensemble des français. Si le calendrier français est rythmé par des fêtes catholiques et bien c'est parce que la France est un pays catholique.

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    D'ailleurs certains sociologues parlent de la France comme d’une catholaïcité. Si nous musulmans, nous n'envisageons pas le lieu de notre vie dans son histoire large et dans son identité large, nous passons à côté de tout. Si nous pensons que la France c'est TF1, la Star Academy et H&M, eh bien on n'a rien compris à cet espace culturellement extrêmement riche qui s'appelle la France. La France est construite sur des identités culturelles très fortes, Pays Basque, Bourgogne, Bretagne, Flandres, Auvergne, Ardennes etc. Donc avec des dialectes différents, avec des nourritures différentes, avec des façons de s'habiller différentes qui sont en train d'être complètement éradiquées par la mondialisation. Mais la beauté d'un pays finalement, c'est sa diversité. Dieu dit dans la Sourate Al Hujurat (Les appartements) « (...) Nous avons fait de vous des nations et des tribus, afin que vous vous entre-connaissiez. Le plus noble d'entre vous, auprès de Dieu, est le plus pieux (...) ». Si ces cultures disparaissent eh bien on va à l'encontre de la Volonté de Dieu d'avoir créé des peuples différents. Et la mondialisation aujourd'hui menace l'identité française, mais pas seulement. Moi je suis d'origine algérienne et quand je vais en Algérie, par exemple… une fois je recherchais une tenue traditionnelle de Tlemsen, je vous défis aujourd'hui de trouver un couturier qui la fasse, ça n'existe plus ! En l'espace de dix ans, ça a été totalement éradiqué ! Remplacé par le qamis saoudien fabriqué en Chine. C'est triste parce que ces cultures-là, elles ont mis du temps à se créer, à se former, tous les pays du monde possèdent une diversité culturelle qu'il faudrait entretenir puisque c'est la volonté divine. Donc nous, en tant que musulmans, nous sommes dans ce qu'on appelle en sociologie un processus d'acculturation, le "a" n'étant pas privatif : ça ne veut pas dire qu'on n'a pas de culture mais que nous sommes en train de passer de la culture de nos parents, qui était une culture maghrébine, à la culture de nos enfants, de nos petits-enfants et arrières petits-enfants qui est française. Mais comme le disais tout à l'heure le conférencier précédent, encore faut-il distinguer ce qui relève dans la culture du réel et du factice, du traditionnel, du naturel, de la synthèse et de l'artificiel. Indéniablement lorsque nos jeunes se tournent vers une sous culture américaine, ils sont dans un égarement culturel, je dirais. Puisque ce n'est pas leur culture en vérité. Nike, ce n'est pas notre culture, le rap n'est pas notre culture.

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    Nous habitons, nous vivons dans le pays le plus touristique au monde, le plus visité au monde ! Pourquoi ? Parce que c'est le pays le plus beau du monde, le pays le plus riche au monde en matière de culture, de patrimoine, d'ensemble urbain etc. Donc, on ne peut pas passer à côté de tout ça ! On ne peut pas s'américaniser et dire « la France c'est la colonisation, moi, je n'aime pas la France », sans dire qu'on est en train de s'américaniser. Finalement, à choisir entre l'ensemble culturel le plus visité au monde, qui a produit en termes d'art, d'artisanat, de littérature… parmi les choses les plus brillantes que l'humanité ait connu, moi, sincèrement, je préfère l'entité culturelle française dans sa complexité, sa beauté esthétique, au Mc Do américain ! Et quand je parlais tout à l'heure de processus d'acculturation — le passage de la culture de nos parents vers la culture de notre pays — ça passe par une réflexion ! Ça passe par le fait de faire des choix, des choix de vie notamment. Et ça passe aussi par le fait de pouvoir décrypter les arnaques, les artefacts qui nous ont été livrés dans les années 80, 90, notamment par SOS racisme. SOS racisme, nous a livré un logiciel en boîte pour détester la France, en nous victimisant à outrance : ils ont fait de nous des pleurnichards à vie. Et ça continue par d'autres formes d'ailleurs. Quand je parle d'islamophobie, bien sûr je dis qu'il ne faut pas laisser passer les actes islamophobes, mais ça se passe à travers le juridique, à travers le droit. Accompagner la lutte contre l'islamophobie par de la pleurnicherie, par de la victimisation, c'est contre-productif ! Il faut juste envisager les faits et combattre juridiquement et y opposer un discours digne et sain de ce qu'est réellement notre religion, mais surtout essayer de comprendre les peurs des autres. Parce qu’on peut évidemment dire « on nous aime pas ! », en vérité ce n’est pas tant qu'on ne nous aime pas mais qu'on ne nous connaît pas. Les musulmans de France ne sont pas connus et les musulmans de France ont finalement très peu fait pour mieux se faire connaître. Pour un tas de raisons d'ailleurs qui sont légitimes parce que lorsqu’on est en position d'acculturation, qu'on n'est pas vraiment français, qu'on n'est pas vraiment algérien ou marocain, on est dans une situation identitaire très inconfortable, on n'a pas les outils nécessaires pour traduire ce qu'on est ou ce qu'on n'est pas, d'ailleurs. Donc, on se réfugie parfois dans une forme hyper visible de religiosité pour exister dans l'espace, en disant « je ne suis pas français, je ne suis pas algérien, d'ailleurs je suis musulman ». Mais en vérité, ce n'est pas suffisant. Parce que l'islamité ne se traduit pas d'abord par le vêtement comme manière d'exister dans la société, c'est d'abord un comportement. On va puiser dans nos actes d'adoration, dans la 'Aquida, dans les 'ibadat, on va puiser dans les deux premiers niveaux pour les reverser dans le troisième niveau qui est el mou'amalat. Ça veut dire que plus je prie, plus je lis le Coran, plus je me rapproche de Dieu… plus je deviens véridique, plus je deviens honnête, plus je deviens sensible aux malheurs des autres, plus j'essaie d'avoir de l'empathie, plus j'aime, plus je me transforme intérieurement et plus cette formation intérieure produit un élément positif, admirable, apaisé, paisible et apaisant dans l'espace social. Nous sommes en vérité un peu dans le schéma inverse. Nous sommes, et notamment par le biais de l'islamophobie, constamment dans une situation de confrontation. Alors qu'en vérité, il n'y a pas lieu à ce qu'il y ait confrontation. Puisque nous, nous devons envisager au contraire la paix. Pourquoi ? Parce que la paix est l'essence de notre religion. Le mot islam est construit à partir du mot salam, Salam étant l'un des attributs de Dieu. Nous sommes 'abdosalam, les adorateurs de Celui qui incarne la paix. Nous devrions donc être au service permanent de la paix dans ce pays. Au lieu de ça, je m'aperçois que beaucoup d'acteurs ou une partie des acteurs de la communauté musulmane, même s’ils ne sont pas liés directement à la foi musulmane ou aux mosquées etc., sont des entrepreneurs de guerre. Nous sommes constamment dans un rapport post-colonial, et nous voilà asservi à l'homme blanc, mauvais par nature alors que nous, nous venons du Sud... Toute une rhétorique dont internet nous nourrit, qui est finalement le prolongement de ce qui a été institutionnalisé à l'époque par le parti socialiste qui était SOS racisme et qui se retrouve aujourd'hui d'une manière moins institutionnelle mais tout aussi réelle, qui est celui de se victimiser en permanence et de produire sur cette victimisation un discours belliqueux, belliciste qui cherche l'affrontement. Ce qui est antinomique avec nos valeurs. Parce que l'islam est basé sur la paix. Salam étant un attribut de Dieu, nous sommes les serviteurs de la paix. Est-ce que les attributs divins sont là pour être réciter sans être vécus ? Évidemment non, ils sont là pour d'abord être vécus puis récités. Les caractéristiques de Dieu doivent constituer notre manière de nous porter. On se dirige vers la sainteté. Mais finalement, on peut s'apercevoir les uns les autres pour être honnête, dans notre communauté, on a plus tendance à soigner les apparences exotériques, les apparences extérieures de notre foi, plutôt que les aspects ésotériques qui sont les aspects intérieurs de notre foi. En vérité, on va être extrêmement pointilleux sur le halal par exemple : c'est bien mais je m'aperçois qu'il y a une inversion des priorités. Je vois beaucoup de gens qui ne pratiquent pas, ou pire qui pratiquent des choses illicites, qui commettent de petites délinquances mais qui ne se posent pas la question de savoir si leur comportement est en accord avec l'éthique musulmane. Mais s’il s'agit d'aller manger un hamburger halal, là ça devient extrêmement tranché. En vérité, il y a une inversion des valeurs. Ce qui est le plus difficile, c'est de modifier son comportement, c'est un jihad, ce fameux grand jihad. Le grand jihad est celui qu'on mène contre soi-même pour modifier son comportement. Ça c'est très difficile. En revanche, aller au burger halal ou au Mac Donald, faire le choix entre deux fast-foods qui sont des importations américaines, est relativement simple. En plus, on nourrit sa bonne conscience en plus de nourrir son ventre, on nourrit sa bonne conscience en ayant acheté un hamburger halal. En vérité le vécu des attributs divins est complètement délaissé. Il faut être honnête à l'endroit de ce que nous sommes, sommes-nous réellement "ceux qui croient" et "font de bonnes actions" ? Où sommes-nous juste "ceux qui croient" sans avoir capté les richesses de la Foi ? La Foi qui se vit à travers les attributs divins. J'en reviens à notre idée de « l'islam et la France, un amour possible ? » point d'interrogation. Bien évidemment, si nous vivons notre spiritualité de manière profonde, avec l'empathie nécessaire vis à vis de nos frères catholiques et nos sœurs catholiques, et bien il y a toutes les raisons de penser que nous allons vers un avenir vertueux.

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    Vous savez, je suis porte parole national de La Manif Pour Tous. Vous savez ce que c'est la Manif Pour Tous ? La Manif Pour Tous c'est un grand mouvement populaire qui s'est levé conte le mariage des homosexuels en France. Pire que ça : contre l'adoption des enfants par les homosexuels en France. Intérieurement, dites-vous maintenant ce que chacun d'entre vous avait fait lorsque nous avons appelé les musulmans à manifester. Il y a eu des centaines de milliers de tracts distribués chaque vendredi pendant les manifestations devant les mosquées. Très peu de musulmans malheureusement ont été présents à ces manifestations, très peu. Et parce que nous ne nous sommes pas engagés, nous portons en partie la responsabilité de ce mariage homosexuel. Et nous portons la responsabilité en partie que des enfants auront comme parents deux homosexuels, deux hommes ou deux femmes dès le berceau. C'est vachement joyeux, vous ne trouvez pas ? On a tous eu un papa ou une maman ou les accidents de la vie ont fait que nous avons manqué d'un papa ou d'une maman. C'est l'horreur, c'est horrible ! Papa où t'es ? Maman où t'es ? Le cri du papa absent ou de la maman absente. Eh bien, en partie parce que les musulmans de France ne se sont pas levés contre cette loi, nous portons une partie de la responsabilité. Une partie de la responsabilité, je n'ai pas dit la responsabilité, mais une partie. Il y a eu des fuites du gouvernement, des fuites qui ont dit que si les musulmans s'étaient engagés en masse, il aurait été retiré ! Vous êtes sceptiques ? Nous en reparlerons après ! Moi, en tous cas, je me sens personnellement coupable, en partie coupable du fait que demain des enfants soient privés d'un père ou d'une mère, et que le droit ait été modifié quant à la filiation. Il y a des enfants qui ne sauront pas d'où ils viennent. La filiation est coupée. Dieu dit dans le Coran : « Ô hommes, Nous vous avons créé d'un mâle et d'une femelle... » Donc Dieu nous a créé à partir d'un homme et d'une femme et à partir de cet homme et de cette femme a été créé un nombre conséquent d'hommes et de femmes. Ce verset-là est répété dans toutes les mosquées du monde. Chaque vendredi incarne la filiation. Le fait que nous savons d'où nous venons. La loi sur ce mariage homosexuel, et bientôt la PMA dont je vous dirai un petit mot tout à l'heure, et bientôt la GPA, feront que les enfants naîtront sans filiation, la filiation sera coupée puisqu'on donnera une ovule ou un sperme selon que le couple soit de deux hommes ou de deux femmes, l'enfant sera coupé de sa filiation. Évidemment ce n'est pas trop tard, le mouvement de La Manif Pour Tous continue. Nous avons encore la lutte contre la PMA, puisqu'elle n'est pas encore juridiquement actée, comme on dit en mauvais français, mais le gouvernement prépare la PMA. Le Conseil d’Éthique qui disposait de dix-sept religieux en son sein et qui donne son avis sur l'éthique d'une loi, eh bien, on a viré dernièrement tous les religieux qui le composaient et on les a remplacé par des non religieux. Pourquoi ? Parce qu'on leur dit que la PMA (la PMA est le fait qu'un couple de femmes puisse avoir une gamète homme pour pouvoir avoir un enfant) sera acceptée si le Conseil d’Éthique se prononce en faveur. Donc, il y a un mois, le Conseil d’Éthique a été bouleversé et on a remplacé les religieux par des non religieux. La PMA n'est pas encore arrivée mais elle arrivera puisque c'est dans les projets du gouvernement, puisqu'il le prépare en chamboulant le Conseil d’Éthique. Ainsi les couples de femmes pourront avoir droit à la maternité et donc les couples d'hommes diront qu'au nom de l'égalité : «  ils l'ont accepté pour les femmes, maintenant reste à faire pour nous les hommes. » Sauf que les hommes ne peuvent pas porter d'enfants, donc ils feront appel à des mères porteuses. Ces gens-là achèteront un ovule, insémineront une femme dans le tiers-monde, parce que bien évidemment pour huit mille euros, ce n'est pas une européenne qui va le faire. Ça se passera en Inde, au Nigeria ou je ne sais où ailleurs et les couples d'hommes pourront accéder à la paternité en achetant des bébés, finalement.

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    Maintenant, j'en reviens à notre histoire entre islam et France, amour possible ou pas possible ? Évidemment oui c'est possible. Nous avons tout un tas de causes communes qui permettraient de mieux faire connaître les gens. Parce que quand vous avez distribué des tracts, lorsque vous avez manifesté, fait un sitting avec des gens qui n'étaient pas musulmans mais qui étaient catholiques convaincus, des chrétiens convaincus ou des juifs convaincus, eh bien vous vous trouvez tout de suite un certain nombre de points communs qui vont vous rapprocher. Moi, j'ai vu des catholiques très pratiquants, de conditions sociales très favorisées mais qui m'ont dit n'avoir jamais rencontré de musulman. Et depuis que je distribue des tracts avec Myriam et Leïla qui portent le voile, on se rend compte que notre anthropologie est identique. On a envie d'avoir une vie de famille saine, on n'a pas envie de voir des publicités comme celle que vous voyez dernièrement sur l'adultère "Eden.com". Vous avez vu ça ? C'est un site sur l'adultère. C'est-à-dire qu'aujourd'hui on est en train de commercialiser de l'adultère alors que l'adultère est interdite par la loi, puisque les époux lorsqu'ils se marient à la mairie se doivent mutuellement la fidélité. On est dans un monde où les valeurs qui sont les valeurs fondatrices de la France sont les valeurs fondatrices et fondamentales de notre religion. Nous avons un combat à mener, le halal c'est bien, le hijab aussi, pourquoi pas ?, mais fondamentalement ? Est-ce que le fait de faire la promotion de l’adultère, d'exploser la cellule familiale est un gain en terme de projet, d'environnement pour nos vies futures et les générations futures ? Évidemment non ! Ce qui sera présent demain se décide aujourd'hui. Donc, nous avons tout à faire en tant que musulman français avec les autres confessions et même les non confessions parce qu'il y a des gens qui sont athées mais qui ont du bon sens, pour s'ériger contre ce processus qui détruisent les sociétés. Si on prend les valeurs fondamentales de la parole donnée, le fait de donner sa parole, le respect intergénérationnel, le fait de respecter les personnes âgées, le fait de respecter la vie, le fait de respecter les valeurs familiales… tout ça se sont des choses qui nous sont très chères en tant que musulmans. Toutes ces valeurs là sont aussi les valeurs fondatrices de la France qui les a perdues en partie à cause de la Révolution française, qui les a perdues encore en plus grande partie à cause de Mai 68. Mais tout ça, se sont des chantiers pour nous en tant que musulmans, en tant que musulmanes. Évidemment, quand je dis ça j'enfonce des portes ouvertes parce que vous savez aussi bien que moi ce que je suis en train de vous dire, ce n'est uniquement qu'un rappel. J'ai tellement entendu de musulmans me dire : "de toute façon moi, le mariage homosexuel ne me concerne pas parce que dans ma vie ce n'est pas quelque chose qui existe". C'est faux, parce que de toute façon c'est quelque chose qui va vous toucher d'une manière ou d'une autre. Si ce n'est pas vous, ce sera vos enfants, si ce n'est pas vos enfants, ce sera vos petits enfants.

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    Vous savez ce qu'est la théorie du genre ? La théorie du genre, c'est une théorie qui nous arrive des États-Unis, qui est en train officiellement d'entrer dans nos écoles françaises, qui dit que la sexualité d'un individu n'est pas le fait de son appartenance biologique mais il est le fait de déterminismes culturels et sociaux. Je m'explique : ce n'est pas parce que vous avez un corps de femme ou un corps d'homme que vous êtes un homme ou une femme. Non, c'est la société qui vous dit que vous êtes un homme ou une femme. Donc si on fait jouer des enfants, des garçons à la poupée et des filles aux voitures ou aux pistolets, ils seront libres de dire "je suis un homme" ou "je suis une femme". On peut être pendant un certain temps un homme puis revenir à une femme etc. Ce n'est pas de la science fiction ce que je suis en train de vous dire, c'est la réalité. Najat Vallaut-Belkacem a inauguré une crèche dédiée à la théorie du genre, où on a séparé les garçons des filles, de manière imperméable : du côté garçons des poupées et du côté des filles des voitures. C'est ça la théorie du genre et c'est en train d'arriver et La Manif Pour Tous a créé des comités de vigilance sur le genre. Ces comités de vigilance sont ouverts à toutes et à tous, mais si les musulmans n'y participent pas, c'est un coup d'épée dans l'eau. Donc moi je pense qu'on peut s'aimer, on doit s'aimer et on va s'aimer. Parce que nous avons beaucoup de choses en commun, beaucoup plus de choses qui nous rapprochent que de choses qui nous font diverger. D'une part et d'une autre part parce qu'il y a un ensemble de luttes sociétales dans lesquelles les musulmans doivent être aux premiers plans, aux premières loges. Il suffit de conscientiser, de rationaliser, de penser, de faire passer ces choses-là par notre esprit, par notre raison, par notre logos et se dire comment moi en tant que musulman, priant cinq fois par jour, jeûnant un mois dans l'année, et pour les plus pieux, les lundis et jeudis, lisant mes deux hizbs de Coran par jour, faisant mes invocations le matin et le soir, espérant aller visiter les lieux saints, comment socialement, je me positionne sur ces questions-là ? Parce que lui, le catholique, il fait la même chose, et finalement comme on fait la même chose, eh bien on se rencontre sur les mêmes points. Donc comme on se rencontre sur les mêmes points, eh bien on vit des choses en commun. Et comme on vit des choses en commun, on n'a plus la télévision, on n'a plus le Point ni l'Express qui fait la médiation et l'interface entre les musulmans et les non musulmans, et enfin, nous avons une société unie, un socle commun, solide qui se crée sur des valeurs. »

     

     

    Votre discours consiste à oublier la culture d'origine ?

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    Non, ce n'est pas oublier. Souvent dans mes conférences, j'ai été très clair. Ce n'est pas de l'amnésie, tout au contraire : le devoir de mémoire est l'origine, et la filiation au sens historique, culturel et évidemment familial, doit être constamment rappelé. Il est très intéressant que les générations futures de jeunes d'origine algérienne, marocaine etc., puissent aller retrouver la tombe des anciens au village etc., parce que c'est très constructeur de l'identité, c'est-à-dire qu'il faut vraiment savoir d'où l'on vient. Ce que je veux dire c'est qu'il y a une forme de fantasme, d'illusion dans l'aspect culturel. Quand on glorifie l'arabité pour accéder à l'islam, je pense qu'on est en train de trahir l'islam car l'islam n'est pas la religion des arabes mais la religion de l'humanité. Les arabes — il y en a d’ailleurs qui sont chrétiens — ont des us et coutumes, des cultures et des traditions qui sont emprunts de l'arabité mais ne sont pas musulmans. Il ne faut pas confondre les deux. Confondre les deux signifie emprisonner une spiritualité qui se veut légère et universelle à quelque chose qui est très circonstancié qui sont nos origines. Mais ça ne veut pas dire qu'on va jouer l'amnésie, être plus français que les français, ce n'est pas ça ! C'est quelque chose qui simplement intègre dans notre dynamique historique, sociétale, le fait que, qu'on le veuille ou non, nous sommes moins maghrébins que nos parents et nous le sommes un peu plus que nos enfants et que nos enfants le sont un peu plus que nos petits enfants etc. C'est-à-dire qu'il y a une marge inéluctable du fait que nous soyons scolarisés, que nous vivions, que nous soyons inondés de messages etc. Moi, je vais souvent en Algérie et je fais en sorte que mes enfants aillent en Algérie mais en même temps, ils ont le drapeau français dans leur chambre. Ça ne veut pas dire que nous sommes dans une confrontation, ça veut dire : vous avez votre véhicule, vous avez une destination, votre pare-brise est grand comme ça et vous avez deux rétroviseurs qui vous permettent de regarder derrière. Mais si vous regardez constamment derrière, vous allez aller dans le décor. Or, le fait de regarder derrière est très utile pour pouvoir marcher droit, donc le fait de connaître son origine, le fait même d'entretenir vis-à-vis de nos enfants l'idée que nous venons d'un pays qui a été ceci ou cela, mais que notre avenir se porte dans une direction, fera que naturellement l'apport dont vous parlez se fait à travers ce que nous sommes. L'arabité est quelque chose de fantastique : l'arabité n'est pas raciale. Quoi de commun racialement entre un libanais et un soudanais ? Rien, pourtant ils sont arabes. L'arabité est une entité linguistique. Les gens sont arabes parce qu'ils parlent arabe mais en plus de ça il y a certaines caractéristiques, assez bien d'ailleurs caricaturalement développées dans Tintin au pays de l'or noir, c'est-à-dire des excès de grande générosité, l'hospitalité, mais en même temps l'impulsivité etc. qui sont très caractéristiques, très liées à l'identité des arabes. Moi, ça me fait très plaisir. Par exemple quand j'étais gamin, j'étais horrifié quand je trouvais quelqu'un qui mangeait un petit pain au chocolat devant moi et qui ne m'en proposait pas. On n'est pas habitué à ça, parce que dans  notre culture d'origine arabe, quand tu manges quelque chose, tu le partages. C'est normal. Vous comprenez ce que je veux dire ? Cette idée de l'arabité en tant que valeur qui va apporter en terme de générosité (d'ailleurs les français sont aussi généreux). Mais il ne faut pas folkloriser, fantasmer ou pire que ça, emprisonner notre religiosité. Quand je vois par exemple des convertis qui se mettent à parler avec quasiment un accent du bled, qui se déguisent pour aller à la mosquée, qui e baladent chez eux avec des sdaris, je dis qu'il y a de fait une fusion qui n'est pas souhaitable entre une religiosité universelle et une culture contextuelle.

    Vous dites que les musulmans ne sont pas allés manifester à La Manif Pour Tous et qu'ils sont en partie responsables du passage de cette loi...

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    Quand je dis que nous sommes en partie responsables, je veux dire que quand je vois des manifestations sur la Palestine, lorsque Gaza est bombardé, à juste titre les musulmans manifestent. J'ai conduit plusieurs convois humanitaire à Gaza donc je sais ce que c'est, je sais de quoi je parle, j'ai été responsable d'organismes d'aides humanitaires destinées à la Palestine, eh bien à mon sens, la cause palestinienne est moins grave du point de vue sociétale que le mariage gay. Parce que le conflit palestinien de toute façon se réglera et on doit faire valoir les droits des palestiniens à travers notre engagement aussi. Là, on est en contradiction avec El fitra, cette nature humaine. C'est la nature humaine qui est contredite par une loi et ça, en tant que musulmans qui avons très clairement distingué l'homme de la femme et entretenu l'idée de la filiation… cette loi entre en contradiction directe avec nos valeurs.

    Vous nous proposez d'aller plutôt vers le cassoulet halal que le burger halal en somme ?

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    Pourquoi j'avais opposé le kebab Mac Do au bistrot ? J'ai tenté de dire par cet exemple-là que les lieux de socialisation, ou en tout cas le commerce lié à la gastronomie, n'est pas anodin en France. La cuisine française, avec la cuisine chinoise et la cuisine marocaine, est des plus élaborée au monde. Ce que je crois c'est qu’en n'adoptant pas, ou en ne découvrant pas, ou en ne s'appropriant pas un art culinaire représentant une classe majeure dans l'art culinaire en règle générale, nous passons à côté de quelque chose… Alors on peut ne pas aimer le cassoulet mais on peut aimer le pâté aux pommes de terre, le magret de canard ou le lapin à la moutarde… la variété culinaire française et son élaboration sont si incroyablement diverses et raffinées que face à la pauvreté d'un hamburger ou d'un sandwich grec, on est face à une misère culinaire. On va faire des pieds et des mains, et à juste titre, lorsqu'une espèce animale disparaît parce qu'elle a mis des siècles et des siècles à évoluer et que quand elle disparaît, c'est le patrimoine de l'humanité qui disparaît, mais les arts, cultures, us et coutumes liés à un peuple ont aussi mis des années, des siècles et des siècles à se développer et à aboutir. Donc si nous en tant que citoyens français, musulmans ou pas musulmans, cédons à la mondialisation en délaissant le formidable patrimoine que nous ont légué les générations antérieures, eh bien on loupe un coche. Après ce n'est pas la question de halal ou pas halal, un magret de canard, le canard doit être halal tout simplement. Faisons découvrir ensemble à nos enfants, au lieu de simple pâtes-frites etc. Ce n'est pas beaucoup plus cher, c'est très ludique, c'est extrêmement appréciable à cuisiner et c'est beau ! Et ça fait partie des choses qui font qu'on construit, sans avoir à réciter la marseillaise tous les matins, une identité plus apaisée.

    Que pensez-vous de cette nouvelle Chartre de la laïcité à l'école ? Et de cette morale laïque militante ?

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    La Charte de la laïcité de Vincent Peillon à l'école, eh bien c'est très bien dit par Vincent Peillon : il dit que la Révolution française n'est pas arrivée à bout du catholicisme et qu'il faut effacer toutes traces du catholicisme en France. Mais quand on vous dit « toutes traces de catholicisme », le catholicisme n'est qu'un corps, je dirais. Ce qu'on veut c'est effacer la morale catholique. Et la morale catholique, c'est la morale musulmane. Ce sont les mêmes, la morale juive aussi bien évidemment. Lorsqu'on veut tuer la famille, on veut tuer la distinction homme-femme. Lorsque les enfants donnent des ordres aux parents, lorsque l'autorité devient un fait de subversion, eh bien nous sommes dans une société d'anarchie : les repères sont complètement détruits et c'est une société où l'économie de marché, où la consommation pourra davantage s'épanouir. Je n'invente rien : en 1972, quatre ans après 1968, un philosophe qui s'appelle Michel Clouscart, un marxiste, explique comment par Mai 1968, en disant qu'il faut une liberté sexuelle totale, qu'il faut plus de loisir, qu'il faut moins travailler, donc en détruisant les valeurs d'une société, on va pouvoir étendre les ressources du Marché de la consommation, donc du libéralisme.  Est-ce que vous me comprenez ? C'est-à-dire qu'on va détruire des valeurs morales pour nous amener à devenir de simples consommateurs, c'est tout ! Lorsqu'on éduque nos enfants, il y a des valeurs profondes de croyances, de vérité, d’abnégation, de générosité, et quand il est habité, structuré par des valeurs eschatologiques, le jour du jugement dernier, la présence des anges… eh bien, bien évidemment, que Pokemon et compagnie lui feront moins envie. C'est le vide spirituel, le vide identitaire qui a besoin d'être rempli par ces messages, ces bombardements médiatiques, de la sur-image, du surmarketing. Il y a un lien intrinsèque entre le fait de tuer une morale et la consommation. Et quand on parle de morale laïque, ce n'est rien de plus que tuer ce qui restait de morale chrétienne en France. Et ça, c'est aussi notre combat, parce qu'on a les mêmes valeurs. Aujourd'hui on commence à détruire des églises en France : les musulmans devraient être à la pointe de cette contestation de cette destruction des églises ! Parce que symboliquement parlant, détruire une église c'est grave ! Moi, ça me met en colère. Parce que demain, s’il se passait la même chose dans les pays musulmans, on serait très content de voir des chrétiens s'ériger contre la destruction des mosquées ou des synagogues. Parce qu'il y a un combat commun, on a des valeurs communes, des idées communes et il y a surtout un pays commun. Nous sommes dans un même espace.

    Quand on connaît le parcours sulfureux de l'avocat Karim Achoui, que pensez-vous de son initiative de créer la LDJM (Ligue de Défense Judiciaire des Musulmans) pour défendre les droits des musulmans ?

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    Concernant la LDJM, moi je crains que l'islam soit devenu un produit marketing. L'islam devient un moyen de vendre, un moyen commercial et, étrangement, une spiritualité qui devrait nous pousser à moins consommer devient quelque part une identité musulmane qui nous pousse à davantage consommer. Lorsque je vois que dans les grandes surface par exemple, il y a des grands rayons halal, finalement pourquoi l'islam est-il banni de l'école et a-t-il une si grande place dans les marchés ? Pourquoi ? : parce qu'à l'école, on transmet des valeurs et aujourd'hui dans certaines écoles on impose la Charte de la laïcité. Donc dans ces écoles-là, pas de morale, surtout pas catholique, surtout pas juive et surtout pas musulmane. En revanche dans les supermarchés, pour faire tourner la machine néo-libérale, l'islam a une place et un rayonnage où personne n'a rien à redire tant que vous donnez de l'argent. Donc, nous sommes dans une société qui ne retient pas l'idée des valeurs mais qui se sert des valeurs pour faire consommer. Et il est dangereux de voir des musulmans qui estampillent un tas de produits qui n'ont rien à faire dans le halal comme étant halal. J'ai vu des pubs sur internet "voyage halal" ! Je ne mens pas, je suis sérieux. En fait, aujourd'hui, les musulmans se ré-islamisent, donc ça devient une niche marketing, donc on va essayer d'avoir leur bonnes faveurs commerciales en passant par leur islamité, en passant par leur spiritualité. Mais c'est odieux comme manière de faire ! Ce qui est halal, et bien on le sait, il y a le Coran pour distinguer, c'est pour cela qu'on l'appelle "El fourqane", le discernement, Celui qui permet de distinguer le vrai, du faux. Donc voyage halal, défilé de mode de hijab. On en arrive à une spiritualité qui devrait nous distinguer, nous éloigner de la surconsommation et finalement cette spiritualité devient un faire-valoir pour la consommation. C'est là que nous en tant que musulmans, nous devrions faire fonctionner nos méninges. C'est-à-dire : qu'est ce qui relève authentiquement de la spiritualité, de la foi et qu'est-ce qui relève d'un acte de consommation qui me permette d'exister en tant que musulman dans l'espace public ? Concernant la LDJM, je crains que ce soit un fait marketing, quasiment commercial, qui touche l'affect des musulmans, leur pathos, leur sensibilité, leur sentimentalité, pour capter un fait juridico-marketing. Maintenant, il est évident que quand une musulmane est agressée, comme quand une non-musulmane est agressée, il y a des tribunaux, il y a un Droit qui existe et tout ça doit être porté devant les tribunaux. Mais devenir un objet marketing captant la sensibilité des musulmans, là je dis faites attention. Moi, je suis parti aux États-Unis, je suis allé rencontrer l'Anti Diffamation Ligue, c'est une organisation juive aux États-Unis qui lutte contre l'antisémitisme. Mais, il faut voir à quel point cet organisme a besoin de l'antisémitisme pour exister. Et quand il n'existe pas, il est obligé de l'inventer. Le moindre graffitis sur une synagogue devient un acte antisémite. Alors qu'en vérité, il n'y a pas d'acte antisémite. Ça veut dire qu'on enclenche une machine qui va avoir besoin de s'alimenter, et même si il n'y a plus d'islamophobie ou d'actes islamophobes, il va quasiment falloir en créer. Je ne sais pas si je suis clair… La machine se nourrit comme ça, on fait tourner la boutique. Donc, il faut distinguer ce qui relève de la légitimité, du droit, porter plainte de manière tout à fait conventionnelle quant il s'agit d'un acte islamophobe et la capacité d'acteurs à pouvoir domestiquer cette islamophobie pour pouvoir en faire un fond de commerce. Voilà, je suis un peu sévère dans mes mots mais il se passe exactement la même chose avec la communauté juive aux États-Unis. Et je n'ai pas fantasmé, parce que je suis allé les rencontrer dans leur bureau à Washington pour comprendre quels étaient les mécanismes de la victimisation qui permettaient de faire d'une minorité victimisée une minorité agissante dans le champ politique. Alors si nous faisons cela en France, qui n'est pas une société communautariste à l’anglo-saxonne, mais une société où la citoyenneté est partagée par tous, nous entrons en confrontation avec le logiciel basique de la constitution et de l'identité française et nous nous mettrons de fait à l'écart de l'ensemble de nos compatriotes français. Concernant l'islamophobie, toujours, je voudrais juste rappeler — et ce n'est pas pour dire que c'est normal ou pas normal, mais c'est important que ce soit rappeler aux musulmans — que la cathophobie au XVIIIème siècle a fait près de 600 000 morts, le génocide de Vendée. Durant la Révolution française, les révolutionnaires sont allés un peu loin, c'est-à-dire qu'ils voulaient interdire les églises, interdire la religion, brûler les Évangiles etc. En Vendée, un certain nombre de français, de catholiques, se sont levés contre la Révolution française. Ils les ont zigouillés à hauteur de 600 000 personnes. En ne tuant pas que les hommes, mais aussi les femmes et les enfants. Alors ceci n'excuse pas cela, ce n'est pas ce que je suis en train de dire. Je dis simplement qu'il faut que nous, en tant que musulmans, ayons une vision globale de ce qu'est l'histoire française parce que c'est aussi notre histoire, parce que nous sommes français, et savoir intégrer nos problématiques dans une dynamique historique et sociétale, de telle manière à ce que nous ne regardions pas seulement notre propre nombril, en disant que nous n'avons pas été les seuls à souffrir dans ce pays là, non ! Il y a une dimension anti-religieuse, anti-cléricale où le concept de liberté se crée en distinction, voire en opposition, voire en persécution de la religion en France. Mais il faut aussi envisager la chance qu'est la laïcité qui permet que les religions fortes ne prennent pas le pas sur les religions faibles, et la laïcité, comme le disait un sage, est la branche sur laquelle tout le monde est assis, s'il y en a un qui veut la scier c'est tout le monde qui tombe.

    Vous parlez uniquement des Catholiques et des Musulmans mais jamais de la communauté juive, pourquoi ?

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    De la communauté juive, très souvent je ne parle pas, je parle principalement des catholiques. Mais comme je ne parle pas des juifs, je ne parle pas non plus des protestants, ni des orthodoxes, ni des bouddhistes, ni des hindouistes etc. Parce qu'en faites ces religions : juives… même si la religion juive est plus ancienne en France que le christianisme. Le judaïsme arrive en France avec l'Empire Romain et les premiers évangélistes arrivent durant le premier siècle. Donc en terme de nombre c'est le catholicisme qui chapote, c'est pour ça que je parle souvent de "catholaïcité" et que je ne parle pas du judaïsme, du protestantisme, de l'hindouisme etc. Et surtout, je pense que fondamentalement, le catholicisme, pour peu qu'on essaie de le comprendre, de le connaître, partage des valeurs. Je reprends l'exemple de la Toussaint, j'ai appris hier que la Toussaint avait aussi comme sens le fait que tout être humain pouvait, s’il le voulait, devenir saint. C'est-à-dire que quand on parle en islam de muslim, mu'mim, mouhsin — le mouhsin est celui par lequel Dieu voit, entend — celui qui est habité par Dieu est élevé au rang de Saint. Et la Toussaint, dans son sens catholique, pas musulman, c'est de dire que la Sainteté est accessible aux humains, ce n'est pas quelque chose qui est du domaine de l'angélisme. J'ai trouvé le sens très percutant dans notre spiritualité. D'ailleurs si je vous fais lire une page des Confessions de St Augustin, ou si je vous fais lire une page de Rabi'a el 'Adawiyya, vous serez très embarrassés pour savoir qui a dit quoi. Parce qu'en vérité et fondamentalement, la mystique catholique et la mystique musulmane sont très très proches dans le sens et dans les valeurs. Alors bien évidemment, je ne parle pas du dogme, etc.

     

     

  • La théorie du genre : Entretien avec Yann Carrière, docteur en psychologie

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    Transcription de la vidéo réalisée par Sophie Naumiak, pour La Vaillante

    Théorie du Genre : destruction de la personne

  • Camel Bechikh : « Ce que j’aurais voulu dire le 2 février 2014 »

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    Pour une politique familiale forte


    CB LMPT 2 février 2014.jpgLa politique familiale forte impose la mise en perspective des idées qui nous ont, au fil du temps, amenés à des politiques familiales faibles ! 

    Politiques familiales faibles ayant exposé dangereusement, puis explosé la famille française et ses valeurs.

    Il faut aujourd’hui le reconnaître, la pensée dominante, depuis le XVIIème en France, en construisant une république laïque a aussi tenté d’éteindre la France catholique. Mais que devient la France sans le souffle catholique qui l'a fait naître ? Ce souffle, fixant les points cardinaux des valeurs du respect de la vie, des valeurs de protection des plus faibles, des plus pauvres, de la famille...

    Je ne rentrerai pas dans les détails car si vous êtes présents aux côtés de La Manif Pour chrétiens, juifs, musulmans, athées… Tous, depuis plus d’un an, c’est que chacun d’entre vous à terminé de comprendre comment nous en sommes arrivés là, mais surtout, comment nous allons en sortir.

     

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    Marthe Robin, malheureusement trop peu connue des français, donna son avis sur la dégradation sociale et morale de la France en 1971 :

    « Ce n'est rien à côté de ce qui va arriver. Vous n'imaginez pas jusqu'où l'on descendra ! Mais le renouveau sera extraordinaire, comme une balle qui rebondit ! Non, cela rebondira beaucoup plus vite et beaucoup plus haut qu'une balle ! » 

    Il ne fait aucun doute qu’après l’avortement, le mariage pour tous, la théorie du genre… nous ayons atteint l’abîme, mais il ne fait aucun doute non plus que l’ensemble des dernières mobilisations populaires, La Manif Pour Tous en tête, forment ce début de Renaissance française.

    À ce titre, rendons hommage à celles et ceux dans l’ombre qui ont permis que nous soyons une de fois de plus si nombreux et, une pensée particulière pour notre présidente, Ludovine de la Rochère, pour avoir su maintenir l’élan malgré les épreuves traversées par le mouvement.

    Enfin merci aux musulmans de France qui ont joué un rôle décisif ces jours derniers pour que jamais l’école ne devienne un lieu totalitaire, un lieu d’endoctrinement de la morale laïque. Merci à eux pour leurs efforts afin que la France reste fidèle à son baptême, à son souffle et ne troque jamais son âme...

    Vive La Manif Pour Tous,

    Vive la France !

     

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    J'ajoute un petit post scriptum à ce discours, tel que j'aurais voulu le manifester le 2 février : Tous les jeudis, à 18h30, une Messe pour la France est célébrée avec les Bénédictines au Sacré-Cœur de Montmartre, précédée à 18h par les Vêpres, la litanie des saints de France en assurant la transition…

     

    Une raison d'espérance

  • Le temps est supérieur à l’espace

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    Blason Pape François.jpgEn chaque nation, les habitants développent la dimension sociale de leurs vies, en se constituant citoyens responsables au sein d’un peuple, et non comme une masse asservie par les forces dominantes. Souvenons-nous qu’ « être citoyen fidèle est une vertu, et la participation à la vie politique une obligation morale »[i]. Mais devenir un peuple est cependant quelque chose de plus, et demande un processus constant dans lequel chaque nouvelle génération se trouve engagée. C’est un travail lent et ardu qui exige de se laisser intégrer, et d’apprendre à le faire au point de développer une culture de la rencontre dans une harmonie multiforme.

             

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    Pour avancer dans cette construction d’un peuple en paix, juste et fraternel, il y a quatre principes reliés à des tensions bipolaires propres à toute réalité sociale. Ils viennent des grands postulats de la Doctrine Sociale de l’Église, lesquels constituent «  le paramètre de référence premier et fondamental pour l’interprétation et l’évaluation des phénomènes sociaux »[ii]. À la lumière de ceux-ci,  je désire proposer maintenant ces quatre principes[iii] qui orientent spécifiquement le développement de la cohabitation sociale et la construction d’un peuple où les différences s’harmonisent dans un projet commun. Je le fais avec la conviction que leur application peut être un authentique chemin vers la paix dans chaque nation et dans le monde entier.

     

    Le temps est supérieur à l’espace

              

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    Il y a une tension bipolaire entre la plénitude et la limite. La plénitude provoque la volonté de tout posséder, et la limite est le mur qui se met devant nous. Le "temps", considéré au sens large, fait référence à la plénitude comme expression de l’horizon qui s’ouvre devant nous, et le moment est une expression de la limite qui se vit dans un espace délimité. Les citoyens vivent en tension entre la conjoncture du moment et la lumière du temps, d’un horizon plus grand, de l’utopie qui nous ouvre sur l’avenir comme cause finale qui attire. De là surgit un premier principe pour avancer dans la construction d’un peuple : le temps est supérieur à l’espace.

             

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    Ce principe permet de travailler à long terme sans être obsédé par les résultats immédiats. Il aide à supporter avec patience les situations difficiles et adverses, ou les changements des plans qu’impose le dynamisme de la réalité. Il est une invitation à assumer la tension entre plénitude et limite, en accordant la priorité au temps. Un des péchés qui parfois se rencontre dans l’activité socio-politique consiste à privilégier les espaces plutôt que les temps des processus. Donner la priorité à l’espace conduit à devenir fou pour tout résoudre dans le moment présent, pour tenter de prendre possession de tous les espaces de pouvoir et d’auto-affirmation. C’est cristalliser les processus et prétendre les détenir. Donner la priorité au temps c’est s’occuper d’initier des processus plutôt que de posséder des espaces. Le temps ordonne les espaces, les éclaire et les transforme en maillons d’une chaîne en constante croissance, sans chemin de retour. Il s’agit de privilégier les actions qui génèrent les dynamismes nouveaux dans la société et impliquent d’autres personnes et groupes qui les développent, jusqu’à ce qu’ils fructifient en événements historiques importants. Sans inquiétude, mais avec des convictions claires et de la ténacité.

      

    Articles 220 à 223

    de l’Exhortation apostolique

    du Saint-Père François

    La joie de l’Évangile

    EVANGELII GAUDIUM

     

     


    [i] CONFERENCE DES ÉVÊQUES CATHOLIQUES DES ÉTATS-UNIS, Lettre pastorale Forming Consciences for Faithful Citizenship (2007), 13.

    [ii] CONSEIL PONTIFICAL JUSTICE ET PAIX, Compendium de la Doctrine Sociale de l’Église, n. 161.

    [iii] Ici, deux de ces principes seulement sont repris.

  • La vocation de la France

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    la france,foi,Écologie humaineSi la vocation chrétienne de la France existe, si la France entre dans le plan de Dieu pour que l’Évangile soit annoncé aux nations et incarné en elles, cette vocation s’enracine sur une culture humaine qui est élevée, « assomptée » à un niveau supérieur, pénétrée par la grâce pour le service de la foi et de l’humanité.

    La France a été et demeure le « pays de l’homme ». Je veux dire par là un lieu ou les diverses dimensions de la créature humaine ont pu se déployer. L’homme y a été « découvert » en ses multiples aspects, cultivé, éduqué. En particulier dans sa capacité à réfléchir, à communiquer, à s’engager, à être reconnu dans sa dignité, à exercer sa liberté, à vivre dans la dignité. La France est un pays « anthropocentré ». Jean-Paul II l’a bien dit au Bourget en expliquant que les diverses traditions du pays avaient voulu « servir l’homme ». C’est vrai. L’humanité est belle, elle a été créée par Dieu, elle mérite d’être servie, ornée, embellie. On a donc exploré les diverses attitudes de l’homme face à lui-même, face aux autres, face à Dieu. La France est un pays de découvertes, mais le plus grand territoire à explorer, c’est nous-mêmes.

    Une vocation n’existe évidemment que référée à Dieu. Cette terre a été bénie par Dieu et elle l’est encore. L’homme est aimé par Dieu. Il vaut quelque chose. Il est même d’une immense grandeur puisque Dieu lui-même s’est fait homme. La France est un pays où l’homme a rencontré Dieu. Il l’a aimé et l’a servi avec beaucoup de courage. Les saints français sont des hommes et des femmes originaux et courageux.

    Ce service s’est effectué dans l’amour. La France est un pays où on a beaucoup aimé. On a aimé les hommes, les femmes, les enfants, Dieu, le Christ, la Vierge Marie, reine de ce pays depuis 1638. ON a aimé les lieux, la langue, les autres pays aussi, souvent, avec qui on a dialogué et dont on a reçu : que serions-nous sans l’Italie.

    Keyserling (Hermann Von Keyserling, Analyse spectrale de l’Europe, p.59) écrivait déjà au début du XXème siècle : « Or, aujourd’hui, point de doute, l’amour comme tel n’est plus à la mode, en Europe ; cette évolution a pu se produire parce que, dans son sens spirituel, l’amour est une œuvre d’art créée par des motifs spirituels qui ne furent pas toujours en vigueur. » Et en effet, la période qui suivit lui donna raison : le XXème siècle fut tout, sauf le siècle de l’amour. Pourtant la petite Thérèse de Lisieux avait montré, au début de cette période troublée, que le christianisme n’est que la religion de l’amour. Aujourd’hui un monde est à construire où à reconstruire. Si la France est « la fille aînée de l’Église » et l’« éducatrice des peuples », ce sont des leçons d’amour qu’elle doit donner :

             Le dernier asile de l’amour : Mais je ne puis pas terminer sans avoir examiné un tout autre problème qui assure peut-être à la France, par le seul fait qu’elle existe, ses plus grandes possibilités d’avenir. Le fait est que le monde qui naît court un grand danger dont la plupart ne semble même pas se douter, autrement ils ne vivraient pas en l’air comme ils le font. Ce danger c’est que l’amour risque de mourir sur terre.

    (Hermann Von Keyserling, Analyse spectrale de l’Europe, p.57)

     

    ***

     

             La vocation de la France, c’est d’être le pays de l’homme, de l’homme aimé par Dieu et par les autres, aimant Dieu et les autres. C’est une vocation universelle. L’histoire récente a réduit l’influence de la France, elle n’est plus le modèle de la civilisation. Mais cependant le charisme demeure, même s’il est en partie caché. Si la France redevenait elle-même, elle serait capable de parler à toutes les nations. Y a-t-il beaucoup de peuples qui portent en eux-mêmes ce charisme ? 

     

    BERNARD PEYROUS

    in Connaître et aimer son pays

     

    la france, foi, Écologie humaine 

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Le socle des valeurs communes en France est celui du catholicisme

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    CB AF 18.01.14-3.jpg

    « Aujourd’hui les peuples d’Europe (ou une partie des peuples d’Europe) grâce à ce mouvement populaire*, que je qualifierai — et dans ma bouche c’est très valorisant — de conservateur, retrouvent son habitus européen. Je le crois profondément. Il est aujourd’hui plus facile d’annoncer un certain nombre de positions en lien avec l’identité de la France traditionnelle que ce n’était le cas il y a quelques années en arrière. Je crois qu’il y a la France réelle et la France virtuelle. Il y a la France réelle, celle qui est imbibée des valeurs du catholicisme et il y a la France virtuelle de la pensée dominante qui implique, pour ne pas être ostracisé dans son milieu professionnel et familial, de répéter un certain nombre de litanies mais qui ne sont pas intrinsèquement vécues par les individus. Je pense, nous pensons, j’espère… que le socle des valeurs communes en France est celui du catholicisme. Valeurs qui par ailleurs sont transformées après 1789 et après 1905 dans une autre forme : on va parler de Droits de l’Homme… Mais ce n’est qu’une religiosité habillée de façon sécularisée. Il reste intrinsèquement au centre de ces valeurs « liberté, égalité, fraternité » la doctrine sociale de l’Église. Je crois qu’on a habillé différemment cet habitus des valeurs catholiques mais il reste profondément ancré. Cet ancrage est la chance ultime pour la France de reconsidérer l’union de ses différents peuples, de ses différentes populations. Je pense qu’il y a un peuple français, une culture française et il y a en effet des singularités ici et là, mais finalement nous savons encore qui nous sommes.

     

    Comme postulat à toutes ces notes d’espoir il me semble fondamental que les gens dans cette salle, parce que vous êtes parmi les forces vives de cette renaissance française du fait de votre engagement à l’AF — et si vous êtes là aujourd’hui c’est parce que vous avez un intérêt charnel pour la question — c’est la question de l’engagement. Si vous êtes venus aujourd’hui, vous avez un intérêt pour la chose mais il serait dommage que cet engagement ne se situe que dans le fait d’assister à une conférence ou à un colloque. Je crois que nous sommes tous responsables du destin de la France, nous sommes tous une part de ce maillon intergénérationnel, nous avons reçu une France dont nous avons envie d’être fiers et nous devons la transmettre aux générations futures. À ce titre-là ça ne repose pas sur l’autre, ça repose considérablement d’abord sur soi, sur le couple, sur la famille, sur l’action sociale dans un quatrième temps. J’aimerais citer une référence que je pense que tous les patriotes français devraient posséder, c’est « Connaître et aimer son pays » de Bernard Peyrous, prêtre à Paray-le-Monial, qui a une vision supra-intelligente du rapport entre la foi et l’idée d’aimer son pays. Parce que l’on peut très vite et de manière très maladroite convoquer la foi pour devenir une espèce de bouclier identitaire qui créerait plus de dissension, plus de fragmentation, plus de division au sein du peuple français. Il est très facile de céder à une religiosité identitaire, quelle soit musulmane, catholique, juive… qui est une religiosité de rejet qui fragiliserait de fait la France, au lieu d’une spiritualité telle que la décrit Bernard Peyrous : aimante, intelligente et qui lie parfaitement l’abscisse et l’ordonnée qui serait l’horizontalité des rapports entre les gens et la verticalité du rapport au divin. »

     

    * La Manif Pour Tous

     

    Camel Bechikh
    Président de l’association Fils de France
    Logo Fils de France.jpg

     

     

    18 janvier 2014
    Table ronde « La France et ses peuples »
    Colloque « Carrefour Royal » organisé par l’Action Française

     

    Source vidéo : Agence Info Libre 

     

     

  • Les mots de Marthe Robin nous fortifient : plonger dans l'Amour, revivre notre baptême…

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    En cette fête de la saint Rémi, je vous invite à plonger dans ces pages extraites du Journal de Marthe Robin, du 15 janvier 1931, comme s’il s’agissait de revivre notre baptême. C’est comme cela que j’en ai reçu la lecture moi-même hier soir.

    C’est une manière aussi de nous fortifier pour la Marche Pour La Vie de dimanche 19 janvier prochain.

    Je dédie ces mots à tous leurs lecteurs, et plus particulièrement à quelques personnes qui comptent directement dans la fruition de La Vaillante, pour la foi en la France, la foi en l'homme, la foi en Dieu : Bernard Peyrous, Ludovine de la Rochère, Camel Bechikh, Axel Nørgaard Rokvam, Jean-Marie Élie Setbon, Fabrice Hadjadj, le père Dominique B., frère Théophane, sœur Michèle-MarieLes Veilleurs de France & de Navarre…

    CAMILLE FORNELLO

     

     

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    « J’ai de plus en plus l’attrait d’aimer Dieu « en esprit et en vérité ». L’oraison est à l’esprit ce que l’âme est au corps. Quand l’âme se retire du corps (à la mort), toute vie physique disparaît, et quand on ne fait plus oraison, il n’y a plus de vie intérieure possible. Il en est de la vie de l’âme comme de la vie du corps. Un enfant ne grandit et ne se développe que dans la mesure où on l’alimente ; l’âme ne se développe et ne vit qu’à proportion qu’on la nourrit. La prière est pour l’âme ce qu’une pluie régulière est à un jardin que dessèche les rayons ardents du soleil ; elle lui donne et lui maintient la fraîcheur du ciel dont elle a un besoin constant.

     

    Quand je prie, mes prières ne sont ni articulées ni balbutiées, et cependant mon esprit est constamment plongé en Dieu, perdu en lui, si j’ose m’exprimer ainsi. Je jouis de la présence sensible de Dieu en moi.

     

    Avec ses intimes, Dieu se plaît à parler tout bas. Il aime l’âme qui l’écoute et lui parle sans bruit. Qu’y-a-t-il de plus beau que ce qui ne se voit pas, ne s’entend pas ! Dans l’amour, ce qui se dit tout bas a infiniment plus de valeur que ce qui s’articule tout haut et se comprend bien mieux. Vivre au-dedans de son âme… toutes les lumières divines sont là ! Prier en dedans.

     

    Des profondeurs de la douleur jaillissent et s’élèvent les plus profondes et les plus fécondes prières. C’est en nous amenant au fond de notre âme que la douleur nous fait monter sur les hauteurs… jusqu’à l’infini… jusqu’à Dieu !

     

    Que le silence est bon, fécond avec Dieu ; c’est la fusion dans l’amour infini… l’amour de l’âme ardente que rien n’absorbe, rien n’arrête, rien ne retient ni ne limite. Il ne faut jamais rester au seuil de son âme, il faut rentrer à l’intérieur, y descendre, y réfléchir, y méditer, y travailler et s’y laisser travailler… face à face avec Dieu ! Que de pauvres humains qui ne vivent jamais avec leur âme et reste au seuil toute leur vie. Que de saintes pensées effleurent notre esprit sans le pénétrer ; elles ressemblent aux épaves qui flottent su l’océan et que le vent emporte. Pour qu’une vérité devienne nôtre, il ne faut point y passer rapidement dessus, mais s’y arrêter, y réfléchir, s’y fixer.

     

    Contempler Dieu longuement… le contempler tout le temps… L’âme devient belle en se nourrissant de la beauté… elle devient bonne en s’abreuvant à la bonté… elle devient aimante en s’inondant dans l’Amour. N’être qu’amour dans la douleur.

     

    La Beauté… c’est Dieu ! La Bonté… c’est Dieu ! L’Amour… c’est Dieu.

     

    Une seule âme de beauté suffit pour purifier bien des souillures !… une seule âme de bonté suffit pour racheter bien des laideurs ! Une seule âme d’amour suffit pour faire sombrer bien des haines.

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    Chercher Dieu, c’est la foi… le trouver, c’est l’espérance… le connaître, c’est l’amour… le sentir, c’est la paix ; le goûter, c’est la joie… le posséder… c’est l’ivresse.

     

    La foi est un don de Dieu : on ne se donne pas la foi, on la demande… C’est croire à tout ce que contient le saint Évangile comme révélé par Notre-Seigneur lui-même, à toutes les vérités enseignées par l’Église. Et les mettre en pratique. La foi est le flambeau de la vie éclairant nos espérances, nous amenant à l’amour de Dieu.

     

    La foi, c’est croire sans voir, mais parce que Dieu a parlé, et en avoir confiance ; c’est voir dans les ténèbres par la lumière qui est Dieu. Croire à Dieu, simplement en théorie, n’est pas la foi… la foi, c’est croire par la pratique et vivre ce que l’on croit. Il n’y a que cette foi qui soulève les âmes. Que de chrétiens sont peu chrétiens pour ne pas réaliser leur foi ; réaliser, c’est pratiquer ce qu’on possède. Que nous servirait d’avoir un trésor si nous n’en savions pas l’existence ?

     

    L’espérance, c’est reconnaître les grâces que Dieu nous fait dans l’attente des biens qu’il nous promet ; c’est la pleine confiance qu’en vivant pieusement, vertueusement ici-bas, nous aurons part aux récompenses, au bonheur des élus.

     

    L’amour, c’est la fidélité, la conformité, la pensée continuelle au Dieu que l’on aime. L’amour fait voir Dieu dans la plus humble chose… c’est vivre près de Dieu en craignant le péché, ennemi de Dieu. L’amour peut tenir lieu de tout. Hors l’amour, tout le reste n’est rien, ne porte rien. L’amour pur et vrai n’a point de mesure ; rien ne l’empêche de grandir, les adversités, les douleurs sont un feu qui le pousse. L’amour vrai n’est pas celui qui charme… mais bien celui qui rend humble, détaché, qui porte au recueillement, au devoir.

     

    La paix, c’est un sentiment suave et profond dans l’âme, lequel ne vient que de Dieu, et qui n’est donné qu’à l’âme qui vit dans l’union avec lui. La paix durable et profonde naît dans la prière et le plus souvent dans la souffrance ; elle est semblable à un ruisseau qui coule limpide, calme et paisible, entre deux rives fleuries. C’est bon la paix, meilleur, mille fois, que le succès ; je te donne ma paix, je te laisse ma paix… garde-la bien… ne trouble pas celle de tes frères.

     

    La joie, c’est déjà l’aurore de la moisson que récolteront tous les cœurs fidèles à Dieu. Elle est souvent le fruit d’une longue souffrance, le rayon divin que Dieu projette dans une âme qui lui appartient, qui ne lui refuse rien et sait être son amie. On ne peut se donner la joie, mais on peut toujours se tenir dans la paix.

     

    L’ivresse, c’est la jouissance même de Dieu qui fait que tout le ciel est dans l’âme et l’âme vit de la Vie. C’est goûter en cette vie les délices enivrantes de l’éternelle Patrie dans l’union amoureuse, dans l’intimité avec Jésus. Il fait bon avec vous, Maître… restons.

     

    Ascension ! Jésus est mon guide dans les sentiers surnaturels qui mènent aux sommets invisibles. C’est Jésus que je vois en tout, que je trouve en tout. Me perdre de plus en plus en lui pour n’être plus qu’une transparence de lui.

     

    Esprit Saint, Dieu de Lumière, enveloppez mon âme de vos éblouissantes clartés… qu’elle soit toute submergée dans les feux de l’amour. Ô Jésus ! vous seul dans ma vie.

     

                                                                 15 janvier 1931 (jeudi) »

    MARTHE ROBIN

     

  • La Vaillante, genèse : la France se réveilla et secoua ses brumes

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    En ce jour de Prière pour la France, je suis heureuse de mettre en ligne ce texte relatant la genèse de La Vaillante, à l'occasion de son premier anniversaire, le 18 janvier prochain.

     

    La Vaillante .jpgNous étions là, une foule parquée rue de Suffren, chacun souffrant patiemment le froid, attendant qu’on nous ouvrît le passage sur le Champ. Il faisait nuit depuis longtemps déjà. Nous trépignions pour nous réchauffer le corps. Le bruit avait couru comme un immense frisson que la pelouse du Champ de Mars était noire du monde de milliers personnes. Notre cortège avait glissé depuis Denfert-Rochereau, étirant le temps en un immense ruban bleu blanc rose. Mais là, dans la nuit striée des lumières électriques notre cortège était interdit. Dans un peu de neige fondu il était interdit de pénétrer davantage sur le Champs de Mars.

     

    La Vaillante .jpg

    On nous fit enfin bouger. Ce fut lent et interrogatif. La chaussée formait un coude où le cortège s’engorgea et, goutte à goutte, nous passions pour aller où ? rejoindre quoi ? Les balayeuses mêmes avaient terminé leur travail et s’immobilisèrent en un collier bruissant de moteurs, caressant les bitumes. Mais la pelouse ? Le cortège désengorgeait la rue de Suffren pour quoi ? Pour le vide. Nous passâmes goutte à goutte sans y croire devant le champ du silence, lui qui à 18h saturait de bruit, s’amplifiait des voix, des discours passionnés que nous n’avions pu entendre, planté d’une myriade humaine, à 19h15 nous abasourdissait de silence. Stupeur, incrédulité nous étreignaient, nos pas longeant la longueur du rectangle. Seuls restaient les grues rouges chargées des énormes enceintes noires. Plus un écran géant, plus un portique, plus une scène, tout, même, était plié, disparu. La pelouse parfaitement dégagée laissait vibrer sa couleur verte, foncée par la nuit. Quelques poubelles restaient encore à être ramassées.

     

    La Vaillante .jpg

    La goutte que je fus et celle que fut mon mari, nous retrouvâmes au pied de la Tour Vaillante et lumineuse. Elle, victorieuse perpétuelle, veillant avec constance, elle seule avait su nous attendre. À son pied, je levai la tête vers elle. Quelques flocons de neige se mêlaient à sa lumière. Le grand rectangle de nuit sur le champ incessamment nous ahurissait. La Tour Vaillante nous réchauffa, nous emplissant d’une tendre gravité. Qu’elle était belle et digne. Digne de confiance, noble à nous en tordre le cœur. Pour la première fois je vis la Tour Eiffel, véritablement. Et ce fut un appel. Oui, ce moment eut épaisseur propre et durée spécifique, ce 13 janvier 2013 me devenait intimement historique : La Vaillante s’empara de mon cœur en me demandant d’en être témoin. La France se réveilla secouant ses brumes. Cette goutte que j’étais au pied de la dentelle de fer érigée dans la nuit, répondit oui à sa vocation muette. Pour la première fois je sortis mon téléphone portable pour prendre une photo. Une seule, à 19h24. J’acquiesçai à sa lumière dans la nuit. Je dis oui je témoignerai de toi, je te serai fidèle.

    Nous passâmes sous elle, à travers elle, pour regagner plus haut encore la station Trocadéro.

     

    Le 18 janvier 2013, La Vaillante publia son premier article (Le mariage gay ou la dictature de la confusion de Bertrand Vergely).

     

    Camille Fornello
    10 janvier 2014

     

    la france,conscience,lmptLa Vaillante a pour patronne sainte Jeanne d'Arc : Ce qui donne une âme vivante et forme un corps concret à la réalité qu’est la France

    & pour marraine Marthe Robin : Marthe Robin & la France "Aux âmes chrétiennes"

     

    Mise en relief d'articles publiés depuis un an

    la france,conscience,lmpt

     

    Chorégraphie pour un dépliant Voulons-nous transmettre la confusion des genres aux générations naissantes ?

     

     

    Tugdual Derville invité par Louis Daufresne Retranscription de l'émission Le Grand Témoin du 28 janvier 2013

    Synthèse argumentative sur le projet de loi Taubira « mariage pour tous » de Lucien Fornello

    la france,conscience,lmptQui aurait imaginé devoir défendre l’altérité sexuelle à la source de toute vie ? de Tugdual Derville (Valeurs Actuelles)

     

    N’acceptons pas un État qui aurait pour seul but de combler les désirs de chaque catégorie de la population au détriment des plus faibles et de l’ensemble de la société de Jean-Marc Veyron

    Ce sont les hommes qui font l’institution : petite histoire du CESE de Théophane le Méné (Causeur)

    la france,conscience,lmpt

     

    Le printemps des consciences de Monseigneur Marc Aillet

     

     

    Les français sont-ils prêts à reconnaître comme juste la théorie du genre et à l’appliquer à leur modèle de société ? de Axel Nørgaard Rokvam à Mme Taubira, Garde des Sceaux, en Sorbonne, le 18 mars 2013

    Toutes sortes de choses qui étaient implicitement attachées à l’idée d’humanité disparaissent silencieusement : l'Écologie Humaine de Gilles Hériard-Dubreuil

    Résumé des 35h d'auditions sur le mariage pour tous au Sénat Vidéo

    Le credo de la secte "LGBT" prétend imposer sa conception du monde au nom de "l'égalité" de Victor Rességuier

    S'il-vous-plaît la France, ne perdez pas votre place dans l'histoire Bobby s'exprime sur Homovox

    Les Veilleurs : "La force intérieure de la non-violence irrépressible" (Tugdual Derville) Témoignage de Marie, veillée du 17 avril sur l'esplanade des Invalides

    Ce qu'est l'homophobie selon la Théorie du Genre Tugdual Derville & SOS Homophobie dans l'émission radio Du grain à moudre

    L'impasse Dominique Venner de Lucien Fornello

    Clément Borioli, Collectif Homovox : Discours du 26 mai aux Invalides Vidéo

    la france,conscience,lmpt

     

    La science-fiction pour tous c'est maintenant ! de Lucien Fornello

     

     

    La sainte colère du père Daniel-Ange Émission radio Eclesia magazine

    la france,conscience,lmpt

     

    En fait d’impressionnabilité l’enfant, l’artiste et le saint sont frères de Sandrine Treuillard

     

     

    la france,conscience,lmpt

     

    Fabrice Hadjadj & l'embryon : on ferait mieux de se demander si l'on est face à de la vie humaine ou pas

     

    la france,conscience,lmpt

    Décryptage de la Théorie du Genre pour Tous Retranscription du livret de la Fondation Jérôme Lejeune

     

    Le « genre » : un outil éducatif majeur qui permettra la déconstruction des repères élémentaires liés à la vie affective et sexuelle, à la vision de la famille et de la société Intervention de Ludovine de la Rochère auprès des Veilleurs lors de la veillée du 31 août à la Concorde – venue présenter aux côtés de Camel Béchikh les orientations de La Manif Pour Tous pour l’année à venir.

    la france,conscience,lmptNe pas tomber dans les travers de ceux qui pensent que aimer son pays c'est forcément détester les autres de Camel Bechikh (Fils de France)

     

    la france,conscience,lmpt

     

    L'euthanasie… jusqu'où ? Retranscription écrite du documentaire 

     

     

    la france,conscience,lmptL'éducation, un art, au sens « d'artisanat » : les parents : premiers et principaux éducateurs en humanité de Jérôme Brunet (Grenelle de la Famille)

    Un serment en soi-même : jamais nous n’abandonnerons les combats de la famille, pour nos familles et pour la France de Camel Bechikh (Grenelle de la Famille)

     

    la france,conscience,lmpt

     

    La lutte subventionnée contre l’"homophobie" renforce ladite homophobie parmi le peuple de France de Gaultier Bès

     

     

     

     

     

     

     

     

  • La lutte subventionnée contre l’"homophobie" renforce ladite homophobie parmi le peuple de France

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    homophobie, homosexualité, la france 

    Petite leçon LGBTQ à travers la Gay Pride de Lyon

     

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    Au-delà de ce que j’ai ressenti comme une fête industrielle, débordante d’une joie factice, banale et triste, aux rythmes saturés, je crois discerner dans le phénomène de la Gay Pride un fait politique décisif. La mise en valeur de "fiertés" particulières dues à certaines pratiques sexuelles juxtaposées à la lutte proclamée contre les "phobies" correspondantes, elle-même mêlée à des réclamations de "droits" particuliers (en l’occurrence la PMA pour les couples de lesbiennes), tel est le principe étrange – et pour le moins paradoxal – de cette manifestation. Et c’est justement cet amalgame douteux qui est à mon sens le facteur le plus générateur d’"homophobie"…

     

    Fier d’être normal ou d’être marginal ?

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    Chaque Gay Pride repose sur une contradiction fondamentale. Il s’agit de donner une visibilité à l’homosexualité, à la culture qu’elle est censée produire, mais surtout de faire de la pub au business gay-friendly qui ne manque jamais de déployer son "arsenal commercial" (Jean-Sébastien Thirard, ancien président de l’association Lesbian & Gay Pride Paris). Cette entreprise de "visibilisation" apparaît traversée par deux tensions contraires : la prétention à la normalité et l’affirmation d’une singularité. Proclamer une "fierté", c'est nécessairement poser un acte clivant, car qui dit fierté" dit "appartenance", c’est-à-dire distinction, voire exclusion, ce qui tendrait à légitimer les sentiments de "honte", "jalousie", "regret", consécutifs à la non-appartenance.

    Alors que se multiplient médias, magasins, sites de rencontres, activités, clubs, etc. réservés aux personnes catégorisées comme LGBT, aggravant encore des fractures communautaires déjà bien installées au sein de la société, il est difficile d’accorder du crédit aux discours marquant la volonté des homosexuels de rejoindre la vie conjugale et sociale ordinaire. Comment comprendre qu’un gouvernement qui n’a que le mot "République" à la bouche et qui parle d’"arracher l’élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel" laisse se renforcer, au point de soutenir, ces logiques communautaristes dont la Gay Pride est la vitrine ? Je ne m’explique pas que deux des principaux arguments en faveur de la loi Taubira aient été aussi discordants sans que personne ne s’en émeuve : d’une part, il nous faudrait accueillir les couples de même sexe dans la "maison commune" du mariage civil ; d’autre part, "Qu’est-ce que le mariage des homosexuels va enlever aux hétérosexuels ?". C’est-à-dire dans un cas la prétention à l’assimilation républicaine, dans l’autre son contournement puisqu’on raisonne en catégories distinctes qui se partageraient des privilèges et des droits.

    Si les responsables LGBT voulaient vraiment entrer dans la "maison commune", encourageraient-ils ce communautarisme sexuel ? Il existe par exemple un Syndicat National des Entreprises Gaies qui "assure la représentation et la défense des intérêts des entreprises adhérentes gay et gay-friendly". Il existe aussi une "boutique 100% gaie et lesbienne et fièr(e)s de l’être" en ligne, "achetergay.com", spécialisée dans "les produits rainbow, arc-en-ciel et identitaires pour tous les homosexuels". Sans oublier "le site des sexualités gay", "Prends-moi", qui a pour slogan : "la sexualité est un jeu". Consommer gay, lire gay, baiser gay, respirer gay… N’est-ce pas là une de ces dérives sectaires (au sens étymologique de séparatiste) qui s’opposent aux principes universalistes de la République ? Au lieu d’agrandir la "maison commune" de l’institution du mariage, la loi Taubira ébranlant ses fondations n’a fait que renforcer ses divisions : il est hélas de plus en plus visible que quelques personnes squattent l’immeuble sans s’acquitter des charges ni se soucier d’intégrer la copropriété… Le "mariage pour tous" n’est en réalité que le mariage de quelques uns imposé à tous, comme en témoigne le flop retentissant du "salon du mariage gay" (The G-Day) organisé le 23 juin à Paris : à peine 150 visiteurs, dont des couples homme/femme et des figurants, selon les commerçants furieux. En dépit des déclarations d’intentions, la logique clanique semble l’emporter, le « mariage » gay restera toujours gay, c’est-à-dire parodique, et se distinguera toujours en pratique du mariage entre un homme et une femme. Il restera la marque d’un caprice identitaire égocentré.

     

    D’une fierté l’autre

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    Il est notoire que les rangs de la Gay Pride sont largement composés de non-homosexuels. Et vu que les homosexuels qui s’y trouvent ne sont pas forcément très représentatifs, on peut légitimement se demander de quoi ces gens sont donc si fiers. Assez largement, ce que le grand public perçoit des homosexualités contemporaines – diverses, complexes, mystérieuses – c’est cette foire LGBT annuelle où s’expose le marketing le plus agressif et où paradent côte à côte syndicats, partis de gauche (du NPA au PS), associations, médias et entreprises, tous espérant engranger quelques voix ou quelques sous, tous en mal de visibilité, et tous très « fiers » de marcher unis pour la procréation artificielle et la fabrication d’orphelins de père (« PMA pour toutes »).

    Fierté pseudo-communautaire des pratiques sexuelles, fierté des stéréotypes (tenues criardes, grandes folles aux talons démesurés, exhibitionnisme…), fierté de la « branchitude », fierté de l’hédonisme jouisseur, fierté du consumérisme à outrance, etc. : autant de « fiertés » parallèles vides, toutes autocentrées, qui s’affichant se neutralisent. Autant de porte-parole autoproclamés qui accaparent les attentions, confisquent à leur profit la représentation médiatique et rejettent dans l’ombre tous ceux qui n’en sont pas. Tout est en place pour la confiscation par les LGBT de ce que certains appellent la « communauté » homosexuelle: qui ne se sent pas à l’aise dans cette marche n’a pas de quoi être fier. Ni de ce qu’il est ni de ce qu’il pense. D’ailleurs, l’Inter-LGBT pense très bien à sa place. Il n’existe pas, il est nié par ceux-là mêmes qui prétendent parler pour lui. Car toute exhibition a son envers : l’"invisibilisation" de ceux qui n’ayant pas l’âme moutonnière refusent de suivre les sbires de Pierre Bergé. Dans la foire d’empoigne médiatique, on n’existe jamais qu’au détriment des autres. Les porte-paroles officieux qui défilent seins et culs nus ou les porte-paroles officiels, tels Nicolas Gougain ou Caroline Fourest, incarnent-ils vraiment l’image que veulent donner d’elles-mêmes dans la société française les personnes homosexuelles ? La Gay Pride est l’arbre caricatural qui cache la forêt profonde, et cette imposture entretenue, il ne faut pas s’étonner que nos compatriotes s’en méfient de plus en plus.

     

    La tartuffière : à communauté fantasmée, ennemi imaginaire

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    La Gay Pride est une farce hypocrite. Elle noie le conflit de la revendication politique dans le carnaval de l’exhibition festive pour donner un visage non seulement humain mais jeune et cool à un projet qui l’est beaucoup moins. Philippe Murray a tout dit déjà là-dessus. Mais la célébration des "fiertés" homosexuelles ne serait rien sans la peur. Il lui faut la condamnation des "phobies" parallèles, car qui dit "fierté" dit en retour "phobie", c’est-à-dire étymologiquement "peur morbide". Pour fabriquer de la fierté, il faut pouvoir délimiter un camp du Bien et un camp du Mal, il faut des repoussoirs. Ce seront donc les "phobes" : "barjots", "fachos", "cathos", bref ces néo-beaufs, conservateurs ringards, tous acharnés à persécuter les "homos", parangons des vertus contemporaines. Et à chaque fierté sa phobie, et à chaque victime son bourreau : "gayphobe", "lesbophobe", "transphobe", "biphobe", etc. C’est ainsi qu’à la fierté dérisoire d’appartenir à une communauté fantasmée répond la fierté creuse de combattre des ennemis imaginaires. De la même manière que les "antifas" se comportent comme des fascistes, à force de lutter contre une chimère – ce "fascisme" protéiforme et sans cesse renaissant qu’ils voient partout où est remise en cause la marche lumineuse du progrès – les militants LGBT se décrédibilisent en traquant l’homophobie partout où un désaccord politique pointe.

    Autant on comprend très bien que le Comité d’Urgence Anti-Répression Homosexuelle ait manifesté en 1981 pour la dépénalisation de l’homosexualité, autant il est scandaleux que la revendication de "la PMA pour toutes" se fasse au nom de la lutte contre la "lesbophobie". L’illusion obsidionale qui menace chaque minorité – "Tout le monde nous veut du mal, nous sommes persécutés" – devient dangereuse pour tous quand elle sert de prétexte à des revendications partisanes. La stratégie victimaire est simple. J’ai le droit de me marier ou d’adopter, si tu n’es pas d’accord, c’est que tu ne m’aimes pas, donc que tu es homophobe. Si toi contre, toi phobe. Si toi phobe, toi malade, toi délinquant, toi dangereux. Pour noyer son chien, on l’accuse de la rage. Si "le crime pédérastique aujourd’hui ne paie plus" (Brassens), la victimisation elle rapporte toujours. Ceux qui croient bon de jeter de l’huile sur le feu en criant à l’homophobie comme Pierre au loup gagneront peut-être sur le plan des politiques immédiates, mais risquent fort de perdre sur le long terme de l’acceptation des personnes homosexuelles, car on n’empêche pas impunément les gens de penser ce qu’ils veulent. Alors que nos amis LGBT prennent garde de ne pas subir le même sort que les éreuthophobes, ces malheureux qui rougissent d’autant plus qu’ils craignent de rougir. Lutter contre le rejet des personnes homosexuelles est juste, utile et nécessaire. Inventer de toutes pièces un ennemi imaginaire – le "phobe" – pour asseoir sa légitimité médiatico-politique et s’engraisser de subventions est juste... obscène Il est vrai que révéler au grand jour la trahison par la "gauche" des milieux populaires au profit de certaines "minorités" qui imposent par le bruit leur visibilité ne joue pas non plus en faveur de la bonne réputation des lobbies LGBT dans le petit peuple qui souffre, relégué aux oubliettes médiatiques et politiques, pas plus d’ailleurs que leurs collusions respectives avec le marketing industriel. Jean-Sébastien Thirard reconnaît d’ailleurs lui-même qu’ "au milieu des années 80, les Lesbian & Gay Pride étaient devenues exclusivement commerciales". Trente ans plus tard, la réalité du défilé, en dépit des communiqués de presse, reste bien moins politique que consumériste.

    Faire croire que les homosexuels ne sont que des jouisseurs hédonistes superficiels et fiers de l’être, telle est l’erreur fondamentale de la Gay Pridel’erreur pour ainsi dire homophobigène – ou plus exactement LGBTphobigène Les mêmes qui finissent par faire de l’homosexualité le principe du génie des Sapho, des Rimbaud, des Proust ou des Alan Turing, seraient peut-être mieux inspirés de nous montrer les créateurs, les artistes, les entrepreneurs homosexuels d’aujourd’hui. Alors comprendrions-nous sans doute mieux de quoi et pourquoi ces gens qui défilent sont si fiers. Le philosophe Ivan Illich dénonçait les fausses-bonnes solutions qui aggravent les problèmes au lieu de les résoudre, observant que ce sont les lourdes pompes censées écoper le navire qui risquent de le faire couler. Supporterons-nous longtemps encore que la lutte subventionnée contre l’"homophobie" renforce ladite homophobie parmi le peuple de France ?

    GaultieЯ Bès
    [Le Soupirail & les Vitraux]

    Article paru sur L'Alouette
    le 28 juin 2013

     

     

  • Désormais, c’est l’Assemblée Nationale qui pourra dire ce qu’est la dignité, la parenté, le vivant et l’humain

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    L’archaïque République Française doit retrouver sa place dans le grand marathon du Progrès. Enthousiasmé par son avancée fulgurante dans la course à l’égalité des droits, l’État Socialiste ne compte pas s’arrêter en si bonne route, et entend doubler ses voisins européens dans l’épreuve décisive de la compétitivité scientifique. Vous l’aurez compris, un pays moderne ne peut plus tolérer qu’on prive ses chercheurs du droit à utiliser tous les matériaux disponibles pour faire évoluer la Science. Puisqu’il y a un droit à l’enfant, il y aura donc, a fortiori, un droit à l’embryon. Mon but ici n’est pas de discuter l’idée de progrès scientifique (pourtant discutable), ni même de souligner les enjeux moraux des débats qui se tiennent actuellement à l’Assemblée Nationale. Mon projet est d’étudier les implications logiques de la loi autorisant la recherche sur l’embryon.

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         Deux conceptions de la vie s’affrontent. La première est l’héritière d’une longue tradition scolastique, qui considère que la vie est une puissance en devenir. L’essence d’une chose est définie par ce à quoi elle tend, par ce qu’elle est en puissance, par ce qu’elle est capable d’être. Un gland est ainsi un chêne en puissance, parce qu’il tend à réaliser son essence de chêne. Un tilleul, au contraire, bien qu’il ressemble plus à un chêne que notre gland, ne sera jamais un chêne. La deuxième conception, au contraire, étudie, non pas à ce qu’une chose peut devenir, mais ce dont elle est composée, les propriétés qu’elle possède à l’instant T de l’expérience scientifique. Ces propriétés peuvent être matérielles ou non, elles doivent être immédiatement constatables. Ceux qui arguent en faveur de la recherche sur l’embryon partent du principe que l’embryon n’est pas un être humain parce qu’il ne possède pas encore les propriétés qui nous permettraient de le reconnaître comme tel. Tout le problème, alors, est de définir quelles propriétés doivent être constatées pour définir une chose comme un être humain. La sensation ? La capacité à s’exprimer ? L’intelligence ? Puisque l’on expérimente déjà sur des animaux, il semblerait que ni la sensation, ni la capacité d’expression, ne soient des critères suffisants. Après tout, le nouveau-né, par ses propriétés, ressemble davantage à un lapin qu’à une personne raisonnable. Il semble donc, en bonne logique, qu’il faille trancher. Soit on définit un être par ses propriétés immédiates, et alors un enfant de moins de 5 ans n’est pas davantage un humain que l’embryon, soit on admet que l’enfant est un être humain en puissance, et alors, il faut trouver un critère pour définir à partir de quand une chose reçoit le pouvoir de devenir un être humain. On voit ici que la logique est impuissante à poser ce choix : ce sera donc à l’Assemblée de le faire.

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         Mais allons plus loin. Admettons que l’embryon soit seulement un vivant, et aucunement un être humain en puissance. Cette loi nous oblige à reconsidérer notre attitude face à la vie. Quiconque a déjà travaillé avec des animaux sait que l’on ne peut définir a priori leur utilité : le vivant se présente à nous avec ses potentialités multiples, et il dépend seulement de nous de savoir les mettre à profit. Il se trouve que la poule pond des œufs, nous avons à nous adapter à elle. L’inerte au contraire n’a pas de fonction, ni d’essence, qui ne soit construite. Prenons un caillou. Il dépend de nous de transformer ce caillou en arme, en outil, en objet d’art. L’inerte est a priori susceptible de servir à tout et à n’importe quoi. En revanche, une fois son rôle défini, son essence est figée dans une spécialisation unique, dont il ne peut plus bouger. Ce caillou est une statuette, ou une pointe de lance, mais pas les deux à la fois. La tendance actuelle est de réduire le vivant à de l’inerte : la poule de batterie pond, ou bien elle se mange, mais pas les deux à la fois. Quel rapport avec l’embryon ? Dans la mesure où l’on n’accepte pas que l’embryon, comme la poule, ait des puissances qui lui soient propres (ce qui reviendrait, on l’a vu, à admettre qu’il est un humain potentiel), force est de reconnaître qu’il est aussi indéterminé qu’un caillou. Il reviendra donc à son propriétaire de lui donner sa fonction, de lui trouver une utilité spéciale. Il est ainsi remarquable que, dans les présents débats, on ne nous dit jamais à quelles expériences précises l’embryon est censé apporter une solution irremplaçable. Et c’est normal, puisqu’il est indéterminé. Il est, au contraire, une source infinie de découverte : tout dépendra du rôle que lui donnera le scientifique dans son expérience. Un jour support d’une greffe, l’autre élément d’un mélange chimique. La vie devient un outil. Il est bon, ici, de rappeler le fameux passage, cité à tort et à travers, où Descartes affirme que nous sommes « comme maîtres et possesseurs de la nature ». Dans sa lettre à Reneri datée de mai 1638, il rectifie une mauvaise compréhension de cette expression : la technique ne nous rend maîtres de la nature que si nous reconnaissons que le monde n’a pas été créé pour nous. Il ne nous revient pas de définir, et au besoin de transformer, ce que les choses sont. Bien au contraire, pour nous rendre maîtres du monde, il faut comprendre qu’il n’est pas fait pour nous, mais que nous devons nous adapter à lui : « nous nous sommes insensiblement persuadés que le monde n’était fait que pour nous, et que toutes choses nous étaient dues ».

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         Ce qui se joue donc également ici, c’est une transformation radicale du sens de la science. Si les vivants n’existent que pour nous, si nous décidons de ce qui est humain et de ce qui ne l’est pas, alors la science ne peut plus être une connaissance. A quoi bon chercher à connaître ce qu’il nous revient de définir ? La science ne peut pas non plus être l’étude des fonctions naturelles de la matière, puisqu’il est en notre pouvoir de distribuer les rôles dans le laboratoire, de choisir la fonction de nos outils de travail. La recherche sur l’embryon ne permet pas de mieux savoir exactement ce qu’est un embryon, puisque, de toute façon, son utilisation comme matériau de recherche, implique sa destruction en tant qu’embryon. Notons par ailleurs que la science, dans ce débat, n’a pas son mot à dire. Car l’on sait déjà ce qu’est un embryon. N’importe quel élève de 1ère S vous dira qu’un embryon est un amas de cellule contenant déjà tous les gènes de l’adulte qu’il sera.

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         En réalité, ce débat recouvre les mêmes enjeux que celui de l’euthanasie ou du mariage pour tous, dans la mesure où il revient désormais à l’État de définir la réalité de manière autoritaire, d’imposer d’en haut les limites que l’on ne veut plus chercher dans la nature des choses, cette nature qu’il revenait autrefois à la science de connaître. Désormais, c’est l’Assemblée Nationale qui pourra dire ce qu’est la dignité, ce qu’est la parenté, ce que sont le vivant et l’humain. Cette décision relève désormais, non pas d’une attention au réel, mais d’un choix arbitraire. Rappelons ainsi, au passage, que la ministre a hier utilisé sa réserve de vote, privant ainsi les amendements de l’opposition de toute influence sur le texte de loi. C’est l’État qui dicte le réel au nom de la science. Tristes souvenirs. Triste paradoxe surtout : la vie ne se constate plus, elle se décide. Cette décision, paradoxalement, se fait au nom d’une conception de la vie qui la réduit à ses propriétés immédiatement remarquables. Or, comme nous le voyons, réduire la vie à ce qu’on peut en observer de manière neutre et scientifique, c’est en soi une décision qui n’est pas neutre du tout. Mieux, on réduit la vie à ses propriétés, tout en la transformant en un outil indéterminé, dont on choisit les fonctionnalités intéressantes. Inutile de rappeler que parmi les propriétés immédiatement constatables de l’embryon, il y a celle de devenir un fœtus.  Le chercheur de ne se préoccupe pas de définition. Au contraire, pour mener à bien son expérience, il lui est nécessaire de réduire tel vivant à une unique propriété, sur laquelle porte son étude. Spécialisation de la vie, qui devient un outil. Elle ne se réduit plus à l’ensemble de ses propriétés : au contraire, elle devient un amas de propriétés que l’on peut disséquer, séparer, entre lesquelles on peut faire son marché. Et, in fine, c’est toujours l’État qui choisit quelles propriétés méritent d’être retenues.

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         Le pouvoir produit le savoir, ce dernier devant, en retour, légitimer le pouvoir. C’est ainsi que la science s’échine à prouver depuis des décennies que l’embryon humain ne diffère en rien, au début, de n’importe quel autre embryon animal, que les chromosomes X Y ne définissent pas assurément une identité sexuée, que l’encéphalogramme plat n’est pas le seul critère pour distinguer le vivant du mort, etc. La science ne devient pas seulement une technique neutre : elle est un instrument de domination. Et l’ombre de Foucault, toujours, nous rappelle qu’il n’est pas de pire tyrannie que celle qui s’exerce au nom du progrès scientifique.

    La Loutre (M.D.)
    in L'Alouette
    11 juillet 2013 

     

  • Logo du Grenelle de la Famille : beau travail !

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    Grenelle de la famille

     

    Travail magnifique sur le logo dans ce Teaser du Grenelle de la Famille

     

  • Les liens humains ont une nature qui résiste à l’arbitraire humain, à l’arbitraire des lois humaines

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    POUR DÉFENDRE LA LOI NATURELLE 


    Pierre Manent.jpg« La notion de loi naturelle est aujourd’hui discréditée. Elle est pourtant indispensable pour donner sens au monde humain, et agir raisonnablement dans ce monde. L’idée aujourd’hui triomphante, l’idée flatteuse, exaltante et en même temps presque puérile, est que les êtres humains sont les auteurs exclusifs de la loi qui règle leur action. Celle-ci, dit-on, ne saurait s’appuyer sur aucune réalité indépendante de la volonté humaine, que ce soit Dieu ou la nature. Le progrès irréversible de l’homme moderne, pensons-nous, a consisté à passer de l’hétéronomie à l’autonomie, de la règle gagée sur autre chose que la volonté humaine à la règle résultant exclusivement de la volonté humaine. Or, tout cela qui aux yeux de beaucoup est l’évidence même, se révèle en réalité comme une construction d’une extrême fragilité.

     

    ON NE PEUT SE PASSER D’UNE RÉFÉRENCE À LA NATURE

    La première chose à remarquer est la suivante : ceux mêmes qui écartent, méprisent, ridiculisent la notion de nature comme norme de l’action humaine ne peuvent s’en passer. Il est impossible de commencer à dire quelque chose sur les êtres humains sans dire quelque chose sur leur nature. La philosophie individualiste des droits de l'homme, celle qui règne, et qui rejette avec tant de mépris la notion de loi naturelle, repose elle aussi sur une certaine idée de la nature humaine. Dire que nous sommes des individus titulaires de droits, c'est dire que ces droits nous appartiennent par nature, qu'ils ne résultent donc pas de l'arbitraire humain, et que nul arbitraire humain ne peut nous en priver. Ces droits nous appartiennent dès lors que nous naissons à la vie, et on ne peut nous les enlever qu’en nous enlevant la vie. Les droits de l’homme sont des droits naturels.

     

    LES LIENS HUMAINS NE SONT PAS MOINS NATURELS QUE LES ÊTRES HUMAINS

    En revanche, pour l’individualisme, et c’est sur ce point qu’il entend effectivement se séparer de toute idée de nature, les liens humains, eux, à la différence des droits, ne sont pas naturels. Ils sont artificiels, œuvres des hommes, que les hommes peuvent défaire après les avoir formés. Telle est donc la doctrine de l’individualisme moderne : les hommes sont des individus naturels qui nouent entre eux des liens artificiels. La divergence entre la doctrine individualiste et la doctrine catholique, qui toutes deux reposent également sur une certaine idée de la nature humaine, cette divergence réside en ceci que, pour la doctrine catholique les liens entre les êtres humains ne sont pas moins naturels que les individus eux-mêmes, et que donc, les liens humains aussi ont une nature qui résiste à l’arbitraire humain, à l’arbitraire des lois humaines.

     

    LA LOI EST LA RÈGLE QUI CONDUIT NOTRE NATURE VERS SON BIEN

    « C’est impossible ! » s’écrit l’individualisme régnant. « C’est impossible puisque les lois sont évidemment faites par les hommes ! ». Les lois sont faites par les hommes, certes. Mais elles ne sont pas faites dans le vide, elles ne sont pas faites pour rien, elles sont faites pour le bien des hommes. Et le bien des hommes ne peut être conçu sans référence à leur nature, à la nature humaine. Dès lors, qu’est-ce que la loi naturelle ? C’est la règle qui conduit notre nature vers son bien. Règle qui est découverte et éprouvée au cours de l’expérience humaine si du moins on prend la peine d’examiner celle-ci de la manière la plus lucide et la plus consciencieuse.

    La vie humaine est inintelligible si l’on n’y discerne pas les biens et les liens dans lesquels notre nature s’éprouve et se déploie. Liens familiaux, sociaux, politiques, religieux. Liens religieux : s’il y a un Dieu, Père des hommes, il faut bien qu’Il nous ait donné, qu’Il ait donné à notre nature les règles, les prises pour nous approcher de Lui. Liens sociaux et politiques : quoi de plus naturel que la sociabilité humaine, que le vivre ensemble amical. L’amitié est un lien et un bien inscrit dans notre nature. Liens familiaux : les êtres humains naissent et meurent et ils s’unissent pour faire des enfants. La naissance, la mort, la différence sexuelle et la différence des générations sont autant d’articulations naturelles du monde humains, naturelles puisque nous n’avons aucun pouvoir sur elles. Nous pouvons regimber, rêver, prétendre… la vie humaine continuera d’être ordonnée et de trouver sens selon la naissance et la mort et selon la différence des sexes et des générations.

     

    LES DROITS NE REMPLACENT PAS LES BIENS

    L’égalité des droits est précieuse car elle motive l’effort pour élargir le plus possible l’accès aux biens humains. Mais les droits ne remplacent pas les biens. Pour qu’il y ait des droits il faut qu’il y ait des biens. Et ces biens nous ne pouvons pas nous les donner à nous-mêmes, nous devons les recevoir de la nature. Nous pouvons choisir nos amis, mais la capacité d’être ami, nous la recevons de la nature et de l’amitié de son auteur. La tentation aujourd’hui est d’oublier que les biens humains sont reçus avant d’être voulus. La tentation aujourd’hui est de construire une immense machine, lois et techniques, qui distribuerait les biens comme si l’homme pouvait les produire, c’est-à-dire produire sa nature. Vaine entreprise qui ne peut amener qu’un ordre social parodique, mais sous la tyrannie de la loi, la générosité de la nature reste intacte. »

     

    Pierre Manent
    École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS)

     

  • Un serment en soi-même : jamais nous n’abandonnerons les combats de la famille, pour nos familles et pour la France

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    Grenelle de la famille

     

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    « De nouvelles réalités s’imposent à tous. L’idée qu’on fasse aujourd’hui la promotion de l’adultère dans les couloirs du métro ne touche pas qu’une strate de la population, ne touche pas que les militants de La Manif Pour Tous, ne touche pas que les premiers engagés dans la résistance qu’est LMPT, mais touche bien l’ensemble des populations. Et l’ensemble des populations, bien sûr, est très choqué par cette évolution. J’ai trente neuf ans et je dois dire que la France de mon enfance me manque. Elle me manque. Pourquoi ? Parce que c’est allé beaucoup trop vite. L’accélération de l’histoire agit de manière extrêmement pernicieuse et en très peu de temps nous avons connu le Pacs, puis le mariage maintenant « pour tous », demain très certainement la Pma et au nom de l’égalité, la Gpa. Je dis tout cela parce que je pense que nous sommes gardiens d’un patrimoine. Lorsque nous évoquons la famille il s’agit là bien d’un patrimoine. Nous sommes à Bordeaux : Bordeaux est le plus grand ensemble urbain au monde classé par l’UNESCO et tout cela est le fruit d’une bataille. Préserver un patrimoine et le transmettre intact aux générations futures est de l’ordre quasiment de l’eschatologie. Il y a une dimension chevaleresque dans le fait de prendre conscience de l’importance de ce que peut être une faune, une flore ou un ensemble urbain. Mais qu’est-ce que la famille face à une faune, une flore ou un ensemble urbain ? Bien évidemment, elle est au-delà de tout cela. Et je pense que nous sommes une génération de résistants. Je pense que aujourd’hui soit on s'engage, soit on est complice, soit on collabore. Et notre idée à La Manif Pour Tous a tenu en deux temps. Un premier temps que nous n’avons pas vraiment contrôlé. Nous avons réagi : c’est le temps des manifestations, celui où, poussés par un élan « surhumain », nous avons été des millions à nous déplacer dans les rues. C’est le premier temps qui allait très bien d’ailleurs avec la figure de notre première porte-parole, Frigide Barjot. Mais aujourd’hui nous sommes dans un second temps. Un temps plus posé, plus mûr, qui est extrêmement dangereux parce que les médias parlent moins de nous. Ce soir, Sud-Ouest a choisi de ne pas venir couvrir cet événement. Et on peut se poser la question : est-ce que parce que les médias parlent moins de nous, de notre combat, notre résistance serait-elle moins légitime ? Évidemment non. Donc, je voudrais vous dire, mais avec mon cœur, que tous les gens qui ont pris les tgv pour partir à Paris, vous y étiez certainement, dites-vous que nous avons besoin tout autant de ces gens-là dans cette deuxième partie de travail qui sera plus posé, plus lié à la réflexion, lié à la « pro-activité ». Nous allons anticiper, maintenant, car nous savons que nous avons un impact certain sur le gouvernement, sinon nous aurions déjà la PMA et plus encore. Soyons extrêmement conscients que nous sommes le plus grand mouvement populaire que la France ait porté depuis mai 68. N'en déplaise aux médias. (…)

    La mobilisation continue, n'en déplaise aux médias. Nous sommes une génération charnière, ne soyons pas le maillon faible. Nous avons tous eu la chance de vivre dans une famille. Eh bien moi, personnellement, je souffre parfois d'insomnie, parce que je me dis : "Est-ce que j'ai vraiment tout fait pour que cette loi ne passe pas ?" L'idée d'imaginer un enfant qui n'a rien demandé, élevé par deux hommes ou par deux femmes, me fait terriblement mal au cœur. Le cœur ne suffit pas : au sentiment doit succéder la réflexion et à la réflexion doit succéder l'engagement, l'action. Nous avons connu comme je l’ai dit tout à l’heure une première phase, qui dépendait un peu des actions du gouvernement auxquelles nous avons réagi. Nous sommes dans une deuxième phase de réflexion. Nous devons dans cette deuxième phase absolument retrouver le maillage de toutes celles et ceux qui se sont engagé(e)s durant cette première période, sinon notre mouvement risque de se défaire, de se déliter, et nous n'aurions pas perdu qu'une bataille, mais peut-être la guerre.

     

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    Dans cet engagement, je voudrais souligner la bénédiction divine, et je pèse mes mots, d’avoir aujourd’hui comme présidente Ludovine de la Rochère. J’étais il y a deux semaines en séminaire avec elle dans une abbaye normande : nous étions 48 heures enfermés à réfléchir sur ce que seraient les prochaines étapes de LMPT. Je la connaissais finalement très mal avant ce séminaire et elle m’a beaucoup impressionné. Depuis 20 ans, j’avale des séminaires. Et je l’ai vu d’une acuité, d’une intelligence, d’une réactivité… Au moment où nous étions tous extrêmement fatigués, elle restait alerte, bienveillante. Elle porte ce mouvement comme une mère porte un enfant, véritablement. Attention à celles et ceux qui ont pensé ou qui pensent que Ludovine est une aristocrate qui, pour passer le temps de libre, se serait engagée dans une cause médiatique. Ce n’est pas ça. Ludovine c’est un moine-soldat, si je puis dire. Et véritablement c’est une bénédiction divine que de l’avoir. Je m’excuse, je sais que tu es très pudique, je m’excuse d’avoir à lui dire comme cela, mais il est terriblement important pour une troupe de savoir qu’elle est engagée avec un général, un chef qui en vaille la peine. Et Dieu sait que Ludovine est beaucoup plus que cela.

    Merci de m’avoir écouté. On ne lâche rien. Ce n’est pas qu’un slogan. Véritablement, on se fait un serment en soi-même en se disant que jamais nous n’abandonnerons les combats de la famille, pour nos familles et pour la France. »

     

    Camel Bechikh

    Grenelle de la Famille
    Bordeaux, 16.X.13

     

    Camel Bechikh au Grenelle de la Famille

  • L'éducation, un art, au sens « d'artisanat » : les parents : premiers et principaux éducateurs en humanité

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    Grenelle de la Famille


    Il y a quelques jours, j'avais au téléphone un médecin responsable de la médecine scolaire d'un département. Il me faisait part de son désarroi devant le nombre croissant de signalements de jeunes enfants qui n'arrivent pas à s'adapter à l'école, et ce dès la maternelle.

    Depuis plusieurs années, les enseignants se plaignent de devoir faire de plus en plus d'éducatif en classe, parce que les bases élémentaires de l'éducation ne sont plus données aux enfants.
    Ils ont déjà tant à faire avec les réformes successives de l'école...
    Au cours de ma carrière professionnelle, j'ai vu évoluer les psychologues qui accompagnent les enfants. Aujourd'hui, je n'en connais pas un qui ne reconnaisse la souffrance psychologique d'enfants qui sont en manque de repères familiaux.
    Les structures sociales d'accueil des jeunes sont saturées, débordées.
    Depuis une vingtaine d'années, le gouvernement considère l'augmentation du suicide des jeunes comme un fléau national. On en parle très peu dans les medias, parce qu'on ne veut pas montrer notre impuissance face à ce phénomène. Il y a quelques années, j'apprenais qu'un enfant de 12 ans s'était donné la mort par pendaison. C'est inouï !

    On peut à l'infini développer le soutien aux enfants, refaire les programmes scolaires, déployer des équipes de psychologues, d'orthophonistes, de pédopsychiatres, d'ergothérapeutes, de maîtres spécialisés, noyer les enseignants sous des enquêtes, des réformes, des plans de remédiation...

    On ne fait que s'attaquer aux effets avec toujours plus de moyens, tout en délaissant les causes évidentes du problème. C'est exaspérant !

    Oui, l'enfance est en souffrance.

    Maslow, un sociologue réputé, a expliqué que les besoins premiers d'une personne sont les besoins physiologiques : se nourrir, avoir un toit, dormir, respirer...

    Il explique ensuite que le besoin qui suit immédiatement est le besoin de sécurité : sécurité physique, naturellement, mais également besoin de sécurité affective, psychologique.

    Dans notre société, c'est bien là que le bât blesse. Beaucoup d'enfants n'ont pas la sécurité affective nécessaire à une éducation épanouissante.

    En vingt ans, le taux de divorces en France a doublé, passant d'un peu plus de 20% en 1980 à plus de 40% en 2003, selon une étude de l'INED parue en avril 2006.

    Certains veulent nous faire croire que cette évolution serait positive, car elle démontrerait une plus grande liberté individuelle. On nous présente cela comme un « progrès sociétal ». À Paris, on peut même voir des affiches vantant « le premier site de rencontres extraconjugales pensé par les femmes ». Dans de nombreuses émissions, on nous a vanté les bienfaits de la famille recomposée, tellement 'nouvelle', tellement 'formidable', tellement 'moderne'.

    Pourtant : qui se pose sérieusement la question des conséquences sur les enfants ?

    Quel psychologue aujourd'hui niera que l'enfant souffre de la séparation de ses parents ? Je ne parle pas d'une souffrance passagère. Je parle d'un traumatisme profond, marquant, stigmatisant.
    Je me souviens de cette petite fille, en classe de maternelle, qui était pleine de vie et que je vis s'éteindre jour après jour, jusqu'à ce qu'elle me raconte que ses parents se séparaient. Sa maman se voulait rassurante : « vous savez, elle va bien, on lui a bien expliqué tout ce qui se passait. »

    Mais madame, s'il suffisait de tout expliquer aux enfants pour qu'ils acceptent, nous n'aurions plus aucun problème dans nos écoles, ni ailleurs !

    L'enfant a mal à sa famille.

    Ce que les adultes ont gagné en liberté, n'est-ce pas ce que les enfants ont perdu en sérénité, en sécurité ? Les enfants sont-ils donc devenus la variable d'ajustement des désirs des adultes ?
    Est-ce pour rien que la Convention internationale des droits de l'enfant, ratifiée par la France, rappelle en son article 7.1: « L'enfant a [...] dans la mesure du possible, le droit de connaître ses parents et d'être élevé par eux ».
    Comment ne pas faire le lien entre cet éclatement du couple et donc de la famille, et la détresse croissante des enfants ?
    C'est ce qu'exprimait il y a quelques années, une équipe de chercheurs sur la question de la petite enfance, qui, au cours d'une conférence, nous faisaient part, presqu'en s'excusant, de leurs conclusions: « pour l'enfant, ce qui est idéal, c'est d'être élevé par un homme et une femme, si possible qui soient son père et sa mère. » Encore mieux : géniteur et génitrice. Plus encore : qui s'aiment. Nec plus ultra : qui s'aiment dans la durée.
    Notre société n'est pas, n'est plus cohérente : elle ne met plus en avant l'éducation de l'enfant, mais le bonheur des adultes. Or, une société qui ne protège pas l'enfant, qui ne l'éduque pas dans un cadre sécurisant, cohérent, est une société finie.
    Car les enfants d'aujourd'hui sont les adultes de demain, et ce qui n'est pas donné aujourd'hui, qui le donnera demain ?

    Notre société est en mal de cohérence.

    Il n'y a pas d'éducation possible sans recherche de cohérence dans l'environnement de l'enfant : parents, école, société sont trois dimensions de l'éducation - avec des responsabilités diverses.
    Comment aujourd'hui éduquer un enfant quand le message de la famille est brouillé par l'environnement de la société ?
    Comment éduquer à la pudeur quand s'affiche la nudité dans la rue ? Comment éduquer à la sexualité et à l'amour, quand on sait que de plus en plus de jeunes, les enfants - je dis bien les enfants - ont un accès quasi libre à la pornographie (à douze ans, plus de la moitié des enfants ont vu un film pornographique).
    Certains voudraient « libérer l'enfant du 'carcan familial' » ; je cite M. Peillon : « Pour donner la liberté du choix, il faut être capable d'arracher l'élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel, pour après faire un choix. »
    Non, monsieur Peillon, la liberté ne vient pas d'un arrachement, mais au contraire, d'un enracinement patient, progressif, profond dans l'humanité. Et ce sont les parents qui sont les premiers et principaux éducateurs en humanité. Rien, ni personne, ne saurait les remplacer, car ce sont les parents qui sont au quotidien aux côtés de leurs enfants !

    L'éducation est un art, au sens « d'artisanat »...

    L'art de voir en l'enfant qui est devant vous, l'adulte de demain et de donner ainsi sens et cohérence à sa vie.

    L'art de s'inscrire dans la durée : on n'éduque pas avec un plan à deux ou trois ans.

    L'art de transmettre : encore faut-il avoir quelque chose à transmettre.
    L'art de poser les limites, de les faire respecter, tout en les repoussant un peu plus chaque fois que l'enfant gagne en liberté et en responsabilité.

    L'art de permettre à l'enfant de faire germer, puis croître les talents qui sont en lui.

    L'art de l'ouvrir sur la complexité du monde et de le rendre acteur de ce monde.

    L'art de le rendre autonome, libre, responsable, adulte.
    L'art de faire aimer l'effort et de lui donner du sens.
    Il ne suffit pas de « donner des ailes », il faut aussi apprendre à voler.
    Rendons l'enfance aux enfants !

    La souffrance de l'enfant est souvent silencieuse, car l'enfant a une capacité phénoménale à « encaisser ».

    C'est notre responsabilité d'adultes, de parents, d'éducateurs, de prendre résolument en mains cette grave question de l'éducation.
    Ensemble, redonnons une enfance aux enfants.

     

    Jérôme Brunet

    Président de l'Appel des professionnels de l'enfance
    Porte-Parole de la Manif pour tous

    Bordeaux , le 16 octobre 2013


    Jérôme Brunet

    Grenelle de la Famille Bordeaux (Toutes les vidéos)
    15 octobre 2013 

     

     

  • L'euthanasie… jusqu'où ? Retranscription écrite du documentaire

    Lien permanent

    L'euthanasie…  jusqu'où ?

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    Avertissements
    La Vaillante a retranscrit les interventions orales dans le fil chronologique du documentaire.
    Ne sont cependant pas retranscrits les témoignages ou interventions suivant(e)s :
    de Marcel Celeuneur & de sa famille ; de la dame de la commission de contrôle ; de la dame témoin restée anonyme ; du Docteur Marc Cosyns ; de la professeur de lettres de l’ADMD à Apt. 
    La Vaillante s’est attachée au sens global donné par les interventions successives de l’enquête. Ces omissions volontaires ne portent pas atteinte à la compréhension du montage du film. 
    L’intervention en anglais non sous-titrée a été traduite et retranscrite ici. 
    La Vaillante a pour vocation l’écrit, avant tout.

     

    *****

     

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    Emmanuel Hirsch – Professeur d’éthique de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris :

    « Au départ, on a des règles de minuties extrêmement précises : c’est une personne qui est au terme de son existence. Il doit y avoir la contre-expertise de médecins. Il va falloir qu’elle réitère sa demande. Il faudra qu’il n’y ait pas d’alternative véritable d’un point de vue thérapeutique. Puis, on voit ensuite au bout de quelques années, comment cette position, qui peut être recevable, est une position que l’on transgresse au quotidien. On ne déclare pas véritablement l’euthanasie qui s’ouvre à un meurtre. On va apporter l’extension pour les grands mélancoliques en psychiatrie. »

     

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    Professeur Dominique Lossignol - Chef de clinique/Belgique, défenseur de la loi pour l’euthanasie :

    « On est face à un patient qui a une affection médicale incurable, qui est conscient, qui est majeur, pour lequel les souffrances sont inapaisables, en tout cas sont anticipées comme étant non contrôlable à terme. La maladie incurable sous-entend qu’il n’y a plus aucun espoir d’améliorer la situation par des traitements efficaces, et que le patient fait une demande réitérée, sereine, sans pression extérieure. Ça demande, déjà, ne fut-ce que cela, pas mal de temps pour s’assurer que tout est bien au clair. Il est clair qu’on ne pratiquera pas une euthanasie si le patient ne le demande pas. C’est une évidence. »

     

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    Claire-Marie Le Huu – Infirmière/Clinique de Belgique, même service que le professeur Lossignol :

    « Un anesthésiste m’a demandé d’injecter du potassium à un patient qui n’avait pas du tout demandé de mourir. Évidemment, j’ai refusé. J’en ai parlé au chef de service, au cadre infirmier, etc… Tout le monde a refusé de m’écouter, car dans tous les cas ce sont des pratiques qui leur paraissent anodines et courantes. Cette personne-là n’avait jamais demandé à mourir. Et finalement c’est quelqu’un qui l’a fait pendant la nuit. La personne ne souffrait pas de manière insupportable, ni de douleurs physiques, ni de douleurs morales. Elle avait juste besoin qu’on l’accompagne jusqu’à la fin de sa vie. Un transfert en soins palliatifs aurait été une bonne idée. Mais je ne sais pas ce qui s’est passé, les médecins n’en ont pas décidé autrement. Sans concertation avec l’équipe médicale, qui aurait pu, aussi, donner son avis. Ils ont décidé d’abréger la vie de cette personne. »

     

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    Professeur Dominique Lossignol :

    « On ne fait jamais une euthanasie dans l’urgence. Il y a toujours beaucoup de réflexion. On dit : « Attention… c’est pas pos… » On peut avoir des moments de doute, de déception, il faut toujours pondérer. On ne fait jamais rien dans la précipitation. »

     

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    Claire-Marie Le Huu :

    « On aurait pu… La démarche habituelle est de ne jamais euthanasier quelqu’un dans l’urgence comme on l’avait fait à ce moment-là. Normalement il faut soulager d’abord la personne, l’apaiser. Et puis discuter, demander à la personne de répéter plusieurs fois, effectivement, sa demande d’euthanasie. »

     

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    Professeur Dominique Lossignol :

    « On ne recule jamais devant les traitements, jusqu’au moment où on se rend compte qu’on ne peut plus rien faire. Je prends un exemple classique : un patient qui a des douleurs mal contrôlées depuis des semaines, qui vient me voir en disant : « Je n’en peux plus, je veux mourir », je dis : « Écoutez, on va d’abord contrôler votre douleur et puis on en rediscute. » Et puis on cherche le meilleur traitement antidouleur, le patient va mieux, il n’a plus envie de mourir, forcément. C’est une logique implacable. »

     

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    Claire-Marie Le Huu :

    « Il s’avère qu’en général, l’intention du médecin est bonne, en plus. C’est-à-dire que le médecin qui accompagne son patient, qui le voit dépérir, qu’il voit se dégrader physiquement et moralement, a envie au maximum de l’aider jusqu’au bout, et qu’il ne souffre pas. Et donc, l’intention du médecin à ce moment-là est de dire : « Je n’ai pas envie qu’il souffre, du coup, je préfère abréger ses souffrances maintenant, abréger sa vie maintenant, avant qu’il ne rentre dans le cercle infernal de fin de vie. » Sauf que l’attitude professionnelle est d’abord une attitude empathique. C’est-à-dire garder du recul par rapport à sa propre vie, à ses propres sentiments, à ses propres émotions, tout en accompagnant la personne du mieux que l’on peut, en s’adaptant à elle plutôt qu’en réfléchissant par rapport à nous, à notre ressenti. J’ai donc eu une énorme révolte à la suite de toutes ces histoires, parce que ce ne sont pas les seules. Je suis allée voir la direction, j’en ai parlé. Mais le milieu de la médecine est assez compliqué à gérer. Il y a une commission de contrôle de l’euthanasie et à partir du moment où une loi est crée, c’est très difficile de dénoncer des dérives. » L’enquêteur : « Selon vous, est-ce que cette loi permet de camoufler « un grand nombre » d’homicides volontaires ? » Claire-Marie Le Huu : « Je ne suis même pas certaine qu’elle camoufle. Tout simplement parce que je ne suis pas sûre de son utilité. À la base, elle a été créée pour encadrer les dérives liées à l’euthanasie, mais on se rend compte au final que les dérives existent toujours et même s’amplifient. »

     

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    Professeur Dominique Lossignol :

    « Il faut quand même un peu revenir dans la réalité, arrêter de fantasmer sur des hypothétiques dérives qu’on ne voit pas. Les dérives surviendraient s’il n’y avait pas de contrôle. »

     

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    Étienne Montéro – Doyen de la faculté de droit de Namur, auteur de « Rendez-vous avec la mort - Dix ans d'euthanasie en Belgique » : 

    « Il est pratiquement impossible de contrôler l’euthanasie. C’est ce que dit la commission d’évaluation de la loi sur l’euthanasie en Belgique. La commission elle-même le dit, elle avoue les limites de ses possibilités de contrôle. Elle avoue que la qualité de son contrôle dépend de ce que les médecins remplissent les formulaires de déclaration des euthanasies qu’ils pratiquent et qu’ils les remplissent correctement. Il est évident qu’un médecin qui est en défaut par rapport à la loi, qui a pratiqué l’euthanasie, qui ne respecte pas les conditions de la loi, il est évident que soit : il ne va pas remplir le formulaire, il ne va pas déclarer cette euthanasie à la commission ; soit il va remplir le formulaire de manière à ce qu’il n’en sera pas inquiété. Ce qui me fait peur dans cette loi c’est que de plus en plus on pratique des euthanasies sans le consentement du patient, voire contre le consentement du patient. Chose qui résulte déjà d’une étude qui a été publiée récemment, qu’à peu près une euthanasie sur deux est réalisée sans le consentement explicite du patient. Alors que la philosophie de la loi et ses promoteurs juraient que ce serait l’euthanasie sur demande. La philosophie de la loi c’est le respect de l’autonomie, c’est le respect de l’auto-détermination du patient. »

     

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    Emmanuel Hirsch – Professeur d’éthique de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris :

    « On n’achève pas les malades comme s’ils avaient perdu toute humanité ! Il y a des droits fondamentaux. Et encore une fois, n’agitons pas les grelots de la religion ou de valeurs transcendantes. Au quotidien, quand vous êtes malade et que vous êtes déjà vulnérable à la maladie, vous attendez d’autres réponses que le côté expéditif qui dit : « Voilà, la seule solution c’est de vous euthanasier ». »

     

    Un médecin chef de service d’un hôpital publique a voulu profiter de l’expérience de dix ans de pratique de l’euthanasie en Belgique pour questionner ses confrères belges.

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    Bernard Devalois – Chef de service de soins palliatifs de l’hôpital de Pontoise :

    « L’idée a été d’interroger nos collègues professionnels de santé : médecins, infirmières… impliqués en Belgique dans les soins palliatifs et de leur demander comment ils vivaient ces dix ans de légalisation de l’injection létale en Belgique, comment ça se passait ; comment on pouvait faire de l’accompagnement en fin de vie tout en ayant cette autre alternative qui consiste à provoquer artificiellement la mort par une injection. J’ai été surpris par la tonalité des réponses à ce questionnaire, qui en gros est de dire : « Finalement, on n’est pas satisfaits, nous, professionnels de santé dans les soins palliatifs, de cette législation de l’injection létale parce que quand on en est à se dire : « je vais faire un acte que je n’approuve pas, parce que si ce n’est pas moi qui le fait, il sera fait par d’autres dans de moins bonnes conditions. » Je n’ai pas envie de me retrouver dans cette situation-là, demain, dans mon exercice professionnel en France, à me dire : « Je vais faire des injections létales parce que moi je sais à peu près faire ça, alors que si c’est fait par un autre collègue qui n’y connaît rien ce sera mal fait ». »

     

    La question de la formation et de la compétence du corps médical est au cœur du débat entre professionnels de santé. Cette infirmière totalise trente années de pratique et de formation des élèves infirmiers. Elle a vu évoluer la qualité des soins :

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    « J’ai l’impression qu’on a reculé. Quand on faisait des soins palliatifs au début, bénévolement, avec très peu de moyens, la qualité était nettement meilleure que ce qu’on peut trouver maintenant. J’ai donc été témoin de plusieurs situations. Je rappelle que je suis enseignante. J’ai été témoin avec des étudiants, qui parfois n’avaient que dix-huit ans, qui comprenaient très bien ce qui se passait. Il y en a qui arrive à peine à parler de ce qu’ils ont vu, de ce qu’ils ont été obligé de faire parfois, ou de participer. Je mets en mots, je leur permets de déposer ce fardeau, de déculpabiliser, parce qu’ils n’ont pas tué le patient, mais ils se sont retrouvés dans une situation où on ne leur a pas laissé le choix. »

     

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    Bernard Devalois – Chef de service de soins palliatifs de l’hôpital de Pontoise :

    « La grande surprise a été la confirmation de ce que dit un papier extrêmement important sur les pratiques notamment en Flandres, c’est que relativement souvent ce sont des infirmières qui pratiquent l’injection létale, alors que c’est parfaitement illégal en Belgique : ce doit être un médecin qui fait l’acte. »

     

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    L’infirmière qui totalise trente années de pratique et de formation des élèves infirmiers :

    « Souvent c’est l’acharnement thérapeutique, c’est le fait qu’un patient a demandé à ne pas être réanimé dans l’état où il est déjà, mais on va quand même le réanimer. Ce sont les personnes âgées qui sont en maison de repos et de soins, dans une institution, qui ont demandé qu’on ne les renvoie plus à l’hôpital, mais on le fera quand même. C’est souvent passer au-dessus de l’avis du patient, c’est l’ignorer. C’est le fait aussi, souvent pour l’infirmière, de se retrouver seule en première ligne et de ne pas se sentir outillée pour assumer les responsabilités quand quelque chose se passe. »

     

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    Emmanuel Hirsch – Professeur d’éthique de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris :

    « J’ai l’impression flagrante que la violence de l’acte euthanasique ou de la pensée de l’euthanasie est une violence qui mutile. Et qui mutile aussi les survivants, parce que, comment survit-on au fait qu’on a tué l’autre ? Quels que soient la forme, les justifications et la loi, pour un médecin ?… en regardant les témoignages de médecins, des infirmiers qui étaient au front par rapport à ces questions ? Et pour les proches ?… d’avoir été en quelque sorte complices de quelque chose qui semblait le moindre mal, mais qui devient le pire dans la mémoire qu’on a d’un acte qu’à un moment donné on ne peut plus supporter. »

     

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    L’infirmière qui totalise trente années de pratique et de formation des élèves infirmiers :

    « On se demande à quoi on a servi et ce qu’on a fait. En tout cas, comme enseignante, je me demande encore à quoi je sers. Parce que j’estime que la formation n’est pas ce qu’elle devrait être. Que les professionnels que nous mettons sur le marché du travail n’ont pas les compétences requises. Et celui qui va en pâtir, c’est forcément le patient. Maintenant je reconnais, avec le recul et peut-être parce que j’ai pris de l’âge, que j’ai peur aussi. Parce que la médecine se dégrade, parce que comme toutes les infirmières de mon âge je me demande où j’irai me faire soigner quand j’en aurai besoin. Parce que je n’ai plus confiance. Ni dans le système, ni dans les soignants. J’ai peur d’être mal soignée et peut-être d’en arriver à préférer disparaître. C’est le principal sujet de conversation quand on se retrouve entre personnes de la même génération. Parce qu’elles savent très bien les excès auxquels la médecine est capable d’adhérer à l’heure actuelle. »

     

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    Professeur Dominique Lossignol :

    « La vocation du forum EOL, qui donne une formation en matière de fin de vie, est surtout destinée à des médecins qui seront capables de conseiller des collègues. Ce ne seront pas eux qui vont pratiquer l’euthanasie, ce n’est pas cela le but, mais qu’ils soient au moins compétents en ce qui concerne le domaine pratique, juridique, philosophique… qui puisse être une aide substantielle pour les collègues qui n’ont jamais pratiqué d’euthanasie. »

     

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    Béatrice Delvaux – Rédactrice en chef du journal Le Soir :

    « La position est très, très clair ici au Soir. C’est la mienne mais c’est celle du Soir, c’est celle de tous les journalistes ici. Parfois, on a des débats plus compliqués, sur le voile par exemple, mais là, il n’y a aucun doute, la possibilité offerte par la loi de pratiquer une euthanasie volontaire avec certains critères, on est pour. Et on a même pris des positions en faveur d’une euthanasie des mineurs, possible pour les mineurs par ce qu’il y a des projets de loi déposés en ce sens en Belgique, sous certaines conditions. »

     

    En France :

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    Professeur Louis Puybasset – auteur avec Marine Lamoureux de « Euthanasie le débat tronqué » aux Éditions Calmann-Lévy :

    « L’affaire Humbert est extrêmement marquante puisqu’on se rend compte que ce patient-là avait des séquelles neurologiques très importantes, qu’il était sous tutelle, qu’il avait une compétence qui n’était pas du tout à 100% de sa compétence initiale. La question est : « Est-ce que cette réanimation était proportionnée ; est-ce que ces soins étaient proportionnés initialement ; et puis, est-ce que ce malade pouvait être le fer-de-lance de la demande d’euthanasie en France ? C’est le juste soin, c’est le soin proportionné à son pronostic. C’est aussi savoir accompagner, éviter des acharnements thérapeutiques indus. Une médecine qui tourne en rond s’auto alimenterait sans que ce soit vraiment utile pour le patient. Savoir baisser les bras au bon moment. C’est la question du moment opportun qui est capital, c’est la question de la proportionnabilité. Actuellement, nous ce qu’on essaie de faire, c’est de rajouter de la science dans tout ça. C’est de bien analyser le cerveau, de bien quantifier les choses et essayer de savoir quel sera l’avenir du patient. S’il se réveillera ou s’il ne se réveillera pas. Car effectivement si on est certain que le malade ne se réveillera pas, tout ça est assez inutile, c’est disproportionné. »

     

    En France, l’accent est mis depuis plusieurs années sur le développement des soins palliatifs. Objectif : accompagner.

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    Emmanuel Hirsch – Professeur d’éthique de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris :

    « Il y a des établissement de l’Assistance Publique les professionnels ne font pas le Top 50 des baromètres des meilleurs établissements, qui ont les fracassés de l’existence, où vous avez une communauté humaine comme on aimerait que la cité soit, aujourd’hui. Ils sont dans une présence à l’autre qui me paraît énigmatique, et quelques fois insoutenable, mais ils ne désertent pas. Ils se disent témoigner à l’autre, quelque soit même sa capacité à le comprendre, que la vie est toujours présente, que la démocratie est toujours sensible à ce qu’ils sont. Témoigner que la société ne les a pas abandonnés est pour nous l’ouvre essentielle. Quand je vois ces professionnels avec les proches qui ne désertent pas, qui reviennent alors que c’est difficile, je me dis que ce sont des lieux emblématiques de la résistance par rapport à nos valeurs. »

     

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    Professeur Dominique Lossignol :

    « L’aboutissement de cette procédure est quand même le fruit d’une réflexion politique et démocratique. Et on s’est rendu compte que si on établissait une évaluation a priori, donc avant de poser l’acte, pour voir si l’acte était judicieux ou non, on pourrait s’attendre à des blocages systématiques et le patient allait mourir avant d’avoir obtenu la réponse de n’importe quelle commission. »

     

    Près de la moitié des membres de la commission de contrôle appartiennent à une association dont le but est la promotion de la légalisation de l’euthanasie. Des experts juges et parties et des médecins qui, au fil du temps, apparaissent moins ancrés dans leurs certitudes.

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    Claire-Marie Le Huu – Infirmière :

    « Quand je discute de cela avec de fervents partisans de l’euthanasie, les médecins qui ont participé à la création de la loi, etc… je me rends bien compte que ce sont quand même des choses qui leur posent un petit peu problème. Ils n’ont pas vraiment d’arguments, à part le fait qu’il y ait une liberté individuelle, que pour les « mineurs émancipés », donc pas encore adultes mais capables pour certains de comprendre ce qu’est la vie et la mort, etc… Il y a une tonne d’arguments possibles au cas par cas, mais le cas par cas pour une loi, c’est quand même assez compliqué. Ils se rendent bien compte qu’il peut y avoir des dérives assez importantes, et du rôle que va avoir à jouer la médecine. Parce qu’autant on peut imaginer comprendre dans une situation de fin de vie avec des personnes incurables qui souffrent énormément, que le médecin participe à la fin de vie de la personne en l’euthanasiant. Mais en revanche, quel est le rôle de la médecine pour une personne âgée qui n’a pas de maladie incurable, une maladie qui vient attenter à sa vie, ou pour l’euthanasie des enfants ? »

     

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    Jacques Ricot – Auteur de « Éthique du soin ultime », préfacé par Jean Leonetti, aux Éditions ENSP/Presses de l’EHESP :

    « Jamais le mot de « euthanasie » que les grecs et les latins ont utilisé n’a signifié ce qu’il signifie aujourd’hui, c’est-à-dire le fait de donner la mort intentionnellement à quelqu’un pour abréger ses souffrances ; c’est le sens contemporain très récent dans notre histoire. Au XIXème siècle encore « euthanasie » signifiait simplement ce que veulent les soins palliatifs aujourd’hui.
    « Mourir dans la dignité » c’est mourir de façon accompagnée, sans obstination déraisonnable, en soulageant la douleur. Mais dire qu’on perd sa dignité parce qu’on est dans un état de grande vulnérabilité, j’ose dire que c’est une tricherie sur les mots, et même il y a à mes yeux carrément un hold-up sémantique d’une association qui utilise ce terme « mourir dans la dignité ». Chaque fois que j’ai un débat publique avec des représentants de cette association je m’aperçois qu’en réalité ils veulent dire « mourir dans la liberté ». Parce que la dignité ne peut jamais se perdre. C’est la valeur inconditionnelle accordée à tout être humain dès lors qu’il est un être humain. »

     

    La France privilégie depuis huit ans les soins palliatifs. Dans cette unité d’un hôpital publique on reste dubitatif sur l’opportunité de légaliser l’euthanasie.

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    Deux infirmières – Unité de soins palliatifs/Hôpital publique, Paris :

    « Ici, c’est un lieu de vie, ce n’est pas un lieu de mort. On n’apprend pas spécialement à s’occuper de la mort, on apprend à s’occuper des vivants et des patients. On apprend beaucoup de choses sur les relations humaines.
    Je n’ai jamais vu autant d’humanité qu’ici. »

    Depuis 2005, la Loi Leonetti prévoit plusieurs cas de figure pour soigner et mettre fin à la vie d’une personne, y compris l’arrêt des traitements.

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    Une troisième infirmière – Unité de soins palliatifs/même établissement, Paris :

    « On se rend compte, quand on en discute avec des gens lambda dans la rue, qui une fois qu’elles savent qu’on est en soins palliatifs se mettent à me parler de l’euthanasie, que c’est une question très mal connue. Une fois qu’on leur explique qu’il existe la loi Leonetti, qu’il y a moyen vraiment de ne pas souffrir, d’être écouté, d’être pris en charge correctement, les gens à la fin de la discussion, au bout d’une heure ou deux, finissent par dire : « En fait, c’est très bien qu’on en ait discuté parce que maintenant j’ai changé d’avis : je pense que l’euthanasie n’est pas forcément la première des solutions. »

     

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    Bernard Devalois – Chef de service de soins palliatifs de l’hôpital de Pontoise :

    « Le problème est que cette loi Leonetti n’est pas complètement appliquée dans la pratique, notamment parce qu’il n’y a pas de sanction. C’est-à-dire qu’on interdit aux médecins, mais un médecin qui fait de l’obstination déraisonnable, de l’acharnement thérapeutique, n’est pas sanctionné. Sanctionnons les médecins qui font des choses inacceptables. Ce sera, à mon avis, beaucoup plus intelligent et efficace pour nos concitoyens que d’autoriser ces mêmes médecins, une fois qu’ils en ont fini avec l’obstination déraisonnable, de prendre une seringue et de provoquer artificiellement la mort du patient. »

     

    L’enquêteur :

    « Vous voyez-vous pratiquer l’injection létale comme la loi va peut-être le permettre ? »

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    Les deux infirmières – Unité de soins palliatifs/Hôpital publique, Paris :

    « Je ne me vois pas du tout faire une injection létale. Parce que ce n’est pas à moi de décider qui va mourir et à quel moment. »

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    La troisième infirmière :

    « Ce que je crains c’est que les autres paramètres ne soient pas vraiment explorés. À savoir : la souffrance du patient, les problèmes qu’il peut avoir avec sa famille, les difficultés qu’il rencontre depuis le début de la maladie… Tout un tas de choses d’ordre plutôt relationnel, qui risque de ne pas être pris en compte si cette loi passait. »

     

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    Professeur Louis Puybasset :

    « C’est tout un business médical aussi. La médecine en France c’est 11,5% du PNB, aux États-Unis ils sont quasiment à 17%. Ce sont des sommes d’argent considérables. Il y a tout un tas de gens qui ont énormément intérêt à ce que les médecins prescrivent beaucoup d’examens, de médicaments, de matériels médicaux implantables. Il y a toute une économie du soin qui est aussi basée sur une consommation, on est quand même dans une société de consommation. L’euthanasie est ce revers de l’acharnement thérapeutique, c’est la même pièce qui a deux faces. L’euthanasie vient souvent comme une demande de réparation d’un acharnement qui a été totalement disproportionné. »

     

    Après dix ans de pratique et malgré des données assez inquiétantes sur les conditions dans lesquelles sont pratiquées les injections létales, les Pays-Bas et la Belgique continuent d’expérimenter de nouveaux moyens pour aller encore plus loin. Nous entrons dans les bureaux d’une clinique entièrement vouée à l’euthanasie et qui a été inaugurée le 1er novembre 2012, jour de la fête des morts :

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    Stefanie Michelis – Clinique fin de vie/Pays-Bas :

    « Le bâtiment de la clinique est pour l’instant un bureau. La clinique consiste en dix-sept équipes déployées sur le territoire des Pays-Bas qui vont vers les patients, leurs parlent, établissent une relation. Le médecin juge si les critères ont été remplis et si tout est conforme à la loi. Puis le second médecin donne son aval et là il y a une bonne chance pour que l’on procède à cette euthanasie.
    Mais nous ne savons pas encore si la clinique est une bonne solution ou pas.
    À la base, ce sont des patients qui souffrent et dont le médecin pour une raison ou pour une autre ne se sent pas à l’aise avec l’euthanasie. Il y a beaucoup de sortes de maladies et de personnes concernées. »

    L’enquêteur :

    « Dans quel cadre acceptez-vous de pratiquer l’euthanasie ? »

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    Stefanie Michelis :

    « La loi dit : « La souffrance doit être insupportable » mais ne précise pas si c’est une souffrance physique ou psychique. Alors… Mais c’est différent… À la fin, c’est très difficile de décider. Les psychiatres sont très souvent convaincus qu’il y a un autre traitement ou un autre médicament pour ces gens. »

    L’enquêteur :

    « Mais alors, comment savoir quand il faut pratiquer l’euthanasie ou continuer les soins palliatifs ? »

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    Stefanie Michelis :

    « Les soins palliatifs c’est quelque chose que les médecins… ce n’est pas la requête du patient, c’est une décision médicale. C’est seulement pratiqué quand un patient a deux semaines ou moins encore à vivre. Mais pour l’euthanasie il n’y a pas cette limite. La chose est que c’est insupportable. Vous pouvez peut-être vivre cinq ans de plus avec cette souffrance insupportable, mais vous ne le voulez pas. C’est cela la grande différence. »

     

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    Bernard Devalois – Chef de service de soins palliatifs de l’hôpital de Pontoise :

    « On va faire l’interruption volontaire de vieillesse, si vous avez plus de soixante-dix ans, vous allez à l’hôpital, on va vous le faire ! Arrêtons de marcher sur la tête ! Faisons des actions pour que les personnes âgées qui se trouvent dans la solitude, qui sont mal pris en charge dans tel ou tel établissement avec des pratiques qui ne sont pas acceptables… au lieu de dire : « ce n’est pas acceptable donc on va faire une injection létale », faisons en sorte qu’on prenne soin, au sens vrai du terme, qu’on prenne soin des personnes âgées, qu’on prenne soin des personnes en fin de vie qu’elles soient âgées ou pas, qu’on développe donc cet accompagnement en fin de vie et que ce soit un geste citoyen, un geste solidaire, que la société considère qu’on ne doit pas abandonner celui qui meurt. »

     

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    Jacques Ricot – Auteur de « Éthique du soin ultime », préfacé par Jean Leonetti, aux Éditions ENSP/Presses de l’EHESP :

    « En dépénalisant l’euthanasie, comme l’ont fait les pays du Benelux, on ouvre la boîte de Pandore parce qu’on a dit que c’était un geste de soin que le geste qui arrêtait le soin. »

     

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    Professeur Dominique Lossignol :

    « L’euthanasie n’est pas la seule solution à la fin de vie et si on est compétent dans son domaine on peut trouver des alternatives avec le patient que l’on peut négocier avec lui. »

     

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    Professeur Louis Puybasset :

    « Que des gens veulent mourir, cela ne me gêne pas du tout, mais que la société valorise cela et l’entérine comme un choix, je pense que c’est un signal social qui est vraiment de dire : « Nous préférons la valorisation de l’autonomie et de la liberté contre la valorisation du lien. Or nos sociétés aujourd’hui, ce qu’elles demandent, ce dont elles manquent, c’est de liens. »

     

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    Christine Defraigne – avocate à Liège/ Députée au parlement de la fédération Wallonie-Bruxelles :

    « La loi peut être améliorée sur certains points. J’ai coutume de dire que les lois de bioéthiques sont biodégradables — et dans le cas de l’euthanasie c’est vrai —, en ce sens qu’on ne légifère pas — toujours ce mauvais jeu de mot — pour l’éternité, et qu’il y a des situations qui peuvent se présenter et qui nécessitent que la loi soit adaptée, soit amendée ou soit amodiée. Par exemple, la question de l’euthanasie des mineurs : la loi actuelle permet, si on respecte les conditions de procédure, de procéder à l’euthanasie de personnes majeures ou de ce qu’on appelle des « mineurs émancipés » c’est-à-dire des mineurs de quinze ans. Or il y a un certain nombre de situations où de grands mineurs de seize ou dix-sept ans peuvent avoir un regard sur, bien sûr, leur souffrance, avoir leur propre opinion sur leur droit de mourir dans la dignité, et pourraient à mon sens, moyennant toujours des conditions de procédure à discuter, et bien sûr, l’intervention des parents, mais demander leur euthanasie. »

     

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    Bernard Devalois :

    « On est évidemment en dérive. C’est cette fameuse notion de la pente glissante. C’est-à-dire que si je mets le petit doigt dans le truc, je vais bientôt y mettre ça (il montre son avant bras), et c’est naturel. Il y a un philosophe français contemporain que j’aime beaucoup, qui s’appelle Pierre Dac, qui disait : « Au-delà des bornes, il n’y a plus de limites ». Et c’est bien ça le problème : au-delà des bornes, il n’y a plus de limites. »

     

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    L’infirmière qui totalise trente années de pratique et de formation des élèves infirmiers :

    « Moi je dirais : « ne vous précipitez pas ». Parce qu’avant d’en arriver à des décisions pareilles — et je n’estime pas avoir le droit d’obliger quelqu’un à vivre — avant d’en arriver à une décision pareille, il faut être sûr que l’on a pris cette personne en charge de manière parfaitement compétente, et qu’on ne va pas pratiquer une euthanasie parce qu’on n’est pas capable de s’en sortir avec ce patient, qu’on se croit dans une situation sans issue, sans solution. Alors que si vous interrogez les gens qui sont en soins palliatifs, ils ne reçoivent que des patients dont les autres ne savent plus quoi faire. Moi, des patients que j’ai vus, des patients sur lesquels on a pratiqué le meurtre, on m’aurait laissé trois ou quatre heures, je réglais leur problème, et ils rentraient chez eux. Simplement, ils ont été tués par incompétence. »

     

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    Emmanuel Hirsch :

    « Si demain on légalise l’euthanasie c’est un signal extrêmement fort comme quoi d’une manière dérogatoire — sous certaines conditions qui seront bien vite diluées par rapport aux pratiques — de manière dérogatoire on autorise à tuer. Et qu’on autorise des médecins à tuer, ça m’interroge, parce que ce n’est pas leur mission. Si demain vous allez dans un cabinet médical et que vous êtes soigné par un médecin et que vous doutez des raisons pour lesquelles il ne vous soigne pas, vous pouvez vous interroger, surtout dans un contexte de restriction économique, de choix, d’injustice par rapport aux soins. Il faut mettre tous ces éléments bout à bout. Alors il y aura des personnes qui effectivement auront un environnement très favorable, informé, qui pourront prétendre justifier aller plus loin. Et d’autres, on aura l’impression que c’est comme une évidence, il faut arrêter-là le parcours. Donc vous voyez en quoi ça impacterait des personnes plus vulnérables que d’autres, et en quoi ça interroge la question de la démocratie. »

     

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    Professeur Louis Puybasset – auteur avec Marine Lamoureux de « Euthanasie le débat tronqué » aux Éditions Calmann-Lévy :

    « C’est quand même le dernier recours, l’hôpital. Il faut voir que dans notre société d’aujourd’hui, la dernière frontière c’est l’hôpital, quand même. C’est là où les enjeux sociaux sont très forts, c’est là où se confronte une sorte de vraie humanité. Là on sort des faux-fuyants de l’argent, du vernis social. On est quand même confronté à des réalités dures. Et l’hôpital est là pour dire, justement, que le lien l’emporte sur l’individu. »

     

    Une enquête de Pierre Barnerias,
    Anne-Laure Cahen, Clotilde Baste
    ©TPROD 2013
    www.leuthanasiejusquou.com

     

     

    L'euthanasie… jusqu'où ?

  • Ne pas tomber dans les travers de ceux qui pensent que aimer son pays c'est forcément détester les autres

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    Camel Bechikh de l’association Fils de France développe ce qu’est le patriotisme. (Extraits retranscrits de la vidéo présentée ci-après.)

     

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    "(…) C'est (peut-être) l'excès des vagues migratoires qui engendre une certaine anxiété dans une société qui va de moins en moins bien du point de vue économique, mais aussi du point de vue identitaire, et cet excès provoque une réaction, qui d'ailleurs me semble très disproportionnée vis à vis des musulmans puisque la mutation de la France durant ces 20 ou 30 dernières années est d'abord le fait de la modernisation, de l'américanisation. (…)"

     

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    "Tous les immigrés ne sont pas musulmans, tous les musulmans ne sont pas immigrés : il faudrait pouvoir distinguer ce qui relève des rapports Nord-Sud, ces poussées migratoires, et de l'islam français qui a vocation à s'acculturer (des français qui veulent maintenir leur culte parce qu'il est tout à fait compatible avec les valeurs, qu'elles soient monarchiques ou républicaines, parce que la France n'est pas née en 1789), et les vagues migratoires qui doivent être limitées pour le bien commun."

     

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     "Aujourd'hui, l'Histoire de France, malheureusement, est un objet de culpabilisation, tandis qu'il y a eu une époque où elle était un objet de fierté. Je crois qu'il est fondamental que les français, quels que soient leurs origines ou quelle que soit leur spiritualité, se ré-approprient la lecture de l'Histoire, pour en effet, reconnaître les parts sombres de cette Histoire, mais surtout la majorité de l'Histoire de notre pays qui donne davantage à en être fier. Et plus les français deviendront fiers de leur Histoire et plus ils envisageront l'avenir de ce pays grandement. Plus on a une vision culpabilisante ou une vision dévalorisante de l'Histoire de France, plus nous renonçons à la place au niveau international qu'a la France…"

     

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     "L'art de la communication, c'est l'art de la guerre, finalement : la guerre se passe d'abord à travers des messages qui structurent les mentalités de telle manière à les décourager dans la bataille. Il ne faut pas tomber dans le "panneau", mais au contraire définir ce qu'est le patriotisme, le ramener à ce qu'il est réellement, c'est-à-dire à une identité politique classique, de base, dans l'ensemble des pays du monde (et nous, en France, on parle très timidement de "patriotisme" quand d'autres pays parlent très fièrement de "nationalisme", comme dans ceux du Tiers Monde)… Ne pas tomber dans les travers de ceux qui pensent que aimer son pays c'est forcément détester les autres. Loin s'en faut : aimer son pays c'est avoir un rapport aussi de bonne intelligence, de bonnes relations avec les autres pays."

     

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    "À Fils de France nous tenons à une France souveraine, de façon à ce qu'elle ne soit pas dépossédée, de sa défense, de sa diplomatie… Aujourd'hui, un nombre trop important de nos lois sont décidées à Bruxelles. Le fait qu'une Europe forte se dégage pour tenir tête aux pays, notamment, émergents, c'est souhaitable, mais cela ne doit pas se faire dans la perte d'identité."

     

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    "Le pays est en danger : c'est un fait. L'Histoire du pays doit être redécouverte par les jeunes générations. Force est de constater que l'Éducation Nationale est en train de limiter cette transmission de la mémoire, cette transmission de l'Histoire aux jeunes générations, qui en fait des amnésiques forcés. Ne pas savoir d'où l'on vient c'est souvent ne pas savoir où l'on va, et c'est sûr qu'avoir conscience de la grandeur de la France apporte une certaine fierté qui donne l'envie du maintien de cette grandeur du pays. Mais "À cœur vaillant, rien impossible", comme disait Jacques Cœur."

     

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    "La passivité est source de désespoir, tandis que dans l'action, à travers des victoires, ne serait-ce que minuscule, on redécouvre l'espoir et en additionnant des centaines de milliers de français qui retrouveront l'espoir, je suis plutôt enthousiaste pour l'avenir de notre pays."

     

    Camel Bechikh
    pour Avant-Garde économique
    septembre 2013

     

  • La libre conscience : cette capacité à penser la société

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    Invitée à la Faculté de théologie réformée d’Aix-en-Provence Georgina DUFOIX fit cette déclaration   « je veux attirer votre attention sur le fait que l’intolérance politique est parfois plus cruelle que l’intolérance spirituelle, dont pourtant on a tellement parlé. Rabaut Saint-Etienne est mort pour avoir refusé de voter la mort du roi. Il a été réhabilité par la suite… Il est important de voir combien l’intolérance politique peut être cruelle et radicale ». Cette citation de Georgina Dufoix s’est alors imposée à l’aune de ce changement de paradigme traversant la société, changement radical des conceptions autour de l’homme dont les incidences peuvent peser demain sur notre libre arbitre comme homme, comme citoyen habité par des convictions philosophiques ou simplement spirituelles.

    Nous savons que la conscience ne se réduit pas à une seule sensation d’existence mais elle est constituée d’une dimension cognitive qui est essentiellement adossée à la culture… 

    Or cette dimension cognitive de la conscience, le libre arbitre de l’homme, nourrie par les savoirs est sans aucun doute en péril. Nous avançons dans ce texte l’hypothèse d’une conjonction d’éléments interagissant entre eux, altérant, atomisant la dimension de la conscience, cette capacité à penser la société. Ces menaces s’articulent autour du nivellement de la culture, du divertissement, de la crise, de l’idéologie, facteurs qui participent en s’intriquant à la déconstruction de l’être…

     

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    Un nouveau contexte social et une nouvelle problématique pour la conscience

    L’actualité 2013 a largement nourri cette thématique de la libre conscience, conscience qui dans sa dimension ontologique a été violemment malmenée dans les dimensions anthropologiques fondatrices de notre humanité.  Dans cette culture du divertissement, il devient aisé de rendre la conscience plus malléable. La plasticité du cerveau est ainsi comme étourdie par les petits plaisirs de la société consumériste. Cette société marchande et de l’image  se prête dès lors davantage à accueillir les réformes sociétales sans en réaliser les enjeux pervers touchant la déconstruction des représentations relativement à l’identité humaine. 

    Ainsi le socle de la famille est aujourd’hui fragilisé, déstructuré par les aléas qui ne découlent pas nécessairement de réformes sociétales mais bien des conceptions marchandes qui produisent du rêve, un rêve d’égalité donnant l’illusion de s’affranchir des servitudes d’une soi-disant morale trop contraignante, bien trop pesante.

    Au lieu de construire des repères, des limites pour consolider le bien commun issu des rapports, des relations dont le socle a pour essence la famille, la loi entend sublimer les mœurs, les épouse en quelque sorte. En magnifiant les mœurs, la loi façonne un autre type de société qu’il faut finir par imposer, ce que la morale librement n’avait pas elle érigé en règles.

    Mais la loi qui transgresse l’anthropologie ne suffit pas pour modifier les mentalités : il faut le recours à un monopole idéologique, une  conception d'une nouvelle vérité qui ne supporte pas  l’ancienne vision anthropologique de l’humanité.

    À travers l’histoire, souvenons-nous de la violence qui habite les idéologies voulant faire régner une conception de l’homme. Ainsi, comme le rappelle un écrivain français dans un article paru dans le Point « Pendant 70 ans, d'une manière sanglante, implacable, le pouvoir soviétique s'est employé à lobotomiser le peuple russe, à le couper de ses racines culturelles et spirituelles, à lui faire croire que cela seul qui importait, c'étaient désormais "les valeurs du marxisme-léninisme", à interdire aux enfants chrétiens de porter au cou leur petite croix de baptême. Vu la catastrophe inouïe que constitua cette hystérique tentative de décervelage [...], je n'imagine pas une seconde que notre ministre de l'Éducation nationale, M. Vincent Peillon, puisse désirer quoi que ce soit de comparable pour la France. »

    Ainsi la conscience comme mémoire et comme appréhension des enjeux qui se dessinent à ce jour me semble comme en péril, menacé, oui affaibli par une forme de délitement de la pensée, de la culture du bien, du beau et du vrai. Les démiurges de cette nouvelle conscience s’emploient aujourd’hui à la transformer et ce à travers l’école.


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    Une définition de la conscience

    Sur un plan strictement psychologique, la conscience associe concomitamment une perception de soi, de soi comme identité unique, une représentation sensible de sa propre existence, la reconnaissance d’une identité indivisible au sein de son environnement.

    Sur un plan philosophique  la conscience se définit également comme la faculté  qui permet d'appréhender les phénomènes, de les analyser, de les comprendre, de prévenir les menaces qui pèseraient sur sa propre survie et celle de son espèce.

    Sur un plan cognitif, la conscience est une forme de mémoire. La conscience se façonne de matériaux qui lui sont transmis via la culture, la culture comme une construction de l’être, la prise de conscience d’un tout qui résulte de l’héritage d’un capital culturel.

    Il convient de souligner que c’est la culture qui nourrit  l’être dans toutes ses composantes. Or, à rebours d’une conscience façonnée par la culture, c’est la dimension philosophique et cognitive de la conscience qui fait l’objet d’une entreprise d’affaiblissement. Cette culture permet à l’homme de penser ce qu’il est.  Dans les ambiances totalitaires, la transmission de la culture n’est probablement pas la bienvenue.


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    La libre conscience un enjeu de société

    La conscience des individus représente un enjeu pour les sociétés qui soit poursuivent l’objectif de plénitude de l’individu soit a contrario entendent la contrôler ou pire l’atomiser pour anéantir toute révolte ou toute faculté rétive.

    Toutes les sociétés totalitaires naissant de l’indifférence des individus, il suffit de les distraire, de les divertir.  Hannah Arendt  avait relevé cette problématique morale d’une société plongée dans une forme de nihilisme culturel, détachée de la recherche de sens. Rappelons cette citation de la philosophe, citation fulgurante : "C'est dans le vide de la pensée que s'inscrit le mal.

    Le refus de s’indigner, le renoncement de soi, ne plus dénoncer les formes d’injustices conduisent inévitablement à installer le caractère liberticide de l’état. Les sociétés totalitaires ont toujours pour démarche la volonté d’anéantir  la fonction de penser, la capacité de réagir.

    Les facultés de conscience, savoir appréhender, savoir analyser, savoir poser les problèmes ont toujours dérangé les gouvernances. Le changement de la conscience est engagé à l’aune d’une société galvanisée par la facilité d’accéder au plaisir des sens et aux promesses que lui font miroiter les temples de la consommation.

    Dans de tels contextes,  le délitement de la conscience est engagé, altération de la conscience qui puiserait son origine dans plusieurs sources : le nivellement de la culture, le divertissement, la crise économique qui épuise et déstructure l’homme et enfin  l’idéologie de la laïcité et théorie du genre diffusée par l’école…

    Le nivellement de la culture

    La culture n’est-elle pas la dimension d’un héritage qui aide à penser par soi-même ? Ne remplit-elle pas une fonction d’épanouissement de l’individu ? Or force est de constater que la dimension culturelle est de plus en contestée y compris dans les milieux de la « bien-pensance ». L’homme de la cité est passé d’un statut de citoyen à celui de simple consommateur devenu addicte des temples de la marchandisation où la fonction de penser par soi-même n’est pas utile quand il suffit de satisfaire des besoins, des appétits de consommation.

    Le discours de Victor Hugo énoncé à l’assemblée nationale est frappant, interpellant, sonne comme un avertissement en regard de cette puissance de la matérialité, du plaisir marchand qui appauvrit la recherche du bien commun dans sa dimension spirituelle et culturelle : « Eh bien, la grande erreur de notre temps, affirme l’écrivain, ça a été de pencher, je dis plus, de courber l’esprit des hommes vers la recherche du bien matériel.
    Il importe, messieurs, de remédier au mal ; il faut redresser pour ainsi dire l’esprit de l’homme ; il faut, et c’est la grande mission […] relever l’esprit de l’homme, le tourner vers la conscience, vers le beau, le juste et le vrai, le désintéressé et le grand. C’est là, et seulement là, que vous trouverez la paix de l’homme avec lui-même et par conséquent la paix de l’homme avec la société. »
    http://fr.biobble.com/membres/1042/victor_hugo/anecdotes-12500

    La culture consumériste est finalement l’envers de la culture, une anti-culture, celle d’une forme d’anéantissement de la pensée, la construction d’une pensée unique comme le mentionne Nabil EL-HAGGAR Vice-président de l’Université Lille 1,  pour qui « se pose la question de savoir si notre démocratie est encore capable de faire face à la pensée unique et de sauver la citoyenneté de la marchandisation, ou si notre démocratie n’a pas besoin d’une bonne révolution culturelle pacifique qui la rende capable de préserver les valeurs pour lesquelles nos anciens ont fait la grande révolution. »

    Poursuivant son propos Nabil EL-HAGGAR ajoute « force est de constater que, quelques siècles après Condorcet, le nivellement de la culture par le bas n’est plus une tentation mais une réalité quotidienne. C’est ainsi que la culture est réduite à l’anecdotique et qu’il n’est pas rare d’entendre des universitaires qualifier toute exigence culturelle et intellectuelle d’élitisme mal venu et anti-démocratique. »

    Nous sommes tous frappés par les éléments de langage des médias qui sont les « prêts à penser » de notre société et n’offrent que trop rarement une lecture différenciée du monde.  Leurs discours « lissés » deviennent profondément uniformes ne parlant que d’une même lèvre.

    L’appauvrissement de la culture, l’abaissement des niveaux d’apprentissage participent largement à l’uniformisation de la pensée, à l’arasement de toute réflexion qui épanouit l’homme.

    Si la culture est une nécessité par l’ouverture d’esprit qu’elle suscite, le nivellement engagé et qui résulte de multiples facteurs se rapproche finalement des méthodes sectaires qui excluent la différence, toute pensée critique.

    La culture participe de l’éveil des consciences comme le rappellent si souvent les veilleurs dans le cadre de leurs rassemblements sur l’asphalte des routes empruntées ou les pavés des places publiques. La culture permet de penser la société, encourage le libre arbitre, éclaire la complexité.

    La culture est malmenée, les pages de nos manuels d’histoire qui disparaissent témoignent de cette maltraitance du passé. Une forme de plan social est organisée autour de chapitres qui seront ou ne seront plus enseignés. Rappelons que ce n’est pas nous qui faisons l’histoire, comme le Pasteur Martin Luther King l’écrit dans La Force d’aimer. C’est l’histoire qui nous fait. Et sans le passé, la transmission de la mémoire à travers la succession des générations, il n’y a alors plus réellement de sens. Mais à l’heure où la filiation est remise en cause, y-a-il quelque chose d’étonnant ? Nous avons besoin d’apprendre du passé pour nous projeter sur le présent et dessiner un avenir à notre conscience, notre libre conscience.

    Dans un livre parfaitement idéologique « La Révolution française n’est pas terminée » (Editions le Seuil), le ministre de l’Education Nationale fait de l’école non le lieu de la transmission des savoirs mais fait de l’institution scolaire  "la matrice qui engendre en permanence des républicains pour faire la république".  Vincent Peillon, écarte ainsi  le rôle de transmission légitimement attribué à la famille, le ministre considérant que "L’école doit opérer ce miracle de l’engendrement par lequel l’enfant, dépouillé de toutes ses attaches pré-républicaines, va s’élever jusqu’à devenir le citoyen, sujet autonome". N’est-ce pas là la trame d’une nouvelle idéologie qui pourrait s’avérer sanglante en engendrant une forme de nouveau fascisme intellectuel ?

    Le divertissement

    Il faut pour l’homme échapper à l’ennui ou à l’existence chargée de vicissitudes avec ses tragédies.

    En abordant le thème du divertissement comme une façon d’annihiler la conscience, on songe au philosophe Pascal qui évoque le divertissement comme une manière d’être détournée de soi. « Mais qu’on juge quel est ce bonheur qui consiste à être diverti de penser à soi. »

    Il faut dans le divertissement, réinventer le réel, mettre en scène une forme d’imaginaire qui nous met en distance avec les réalités. Les médias sont devenus de véritables industries du divertissement, ont inventé la télé-réalité qui n’est en soi qu’une fiction artificielle et irréelle où se joue une parodie de la vie, mettant en scène les fantasmes délirants.

    Le divertissement, il faut le reconnaitre, participe largement de cette déconstruction de la conscience en abêtissant toute faculté de penser ce que l’on voit. Le spectateur est noyé, submergé dans un flot de séductions et d’images qui l’éloignent de lui-même plongé dans ses réalités, mobilisant ainsi notre lucidité devenue délétère.

    Ainsi les hommes absorbés par le tumulte des images, transfèrent docilement leur esprit, leur conscience comme si le fantasme devenait pour eux la réalité, une réalité plus douce, plus agréable, plus artificielle, un paradis artificiel en quelque sorte.

    Quand une idéologie de la déconstruction de l’homme s’organise, les médias deviennent alors l’instrument du démiurge pour distiller sa pensée. Divertir l’homme est aussi une façon de façonner, de réduire son libre arbitre en diminuant sa faculté à réagir, à protester.


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    La crise économique qui épuise

    Le monde est aujourd’hui dominé par la puissance financière, un empire virtuel qui limoge l’économie du réel, la Babylone des marchands qui rend captif l’ensemble de la planète en mettant sous son joug les plus fragiles, les plus faibles d’entre nous. La puissance spéculative ligote d’une certaine manière la pensée comme le dénonçait Viviane Forester (femme de lettres, essayiste) qui pointait les désastres d’une économie déconnectée des dimensions qu’elles manipulent. Selon Viviane Forester, ces puissances financières « ont expulsé la substance vitale, évacué tout sens humain, dénaturé la valeur ». 
    http://www.altermonde-sans-frontiere.com/spip.php?article23849

    La destruction de l’emploi stable auquel on substitue l’emploi temporaire augmente toutes les formes de précarisation. Celui qui vit dans une précarité permanente est étranglé par des situations anxiogènes qui paralysent son souhait légitime de s’épanouir, de se cultiver.

    L’angoisse d’une vie sans réels lendemains freine, l’empêche de consacrer du temps pour lui, de dépenser pour s’ouvrir à son environnement.

    Dans les temps de crise, que deviennent les créateurs dont les moyens d’expression se réduisent comme une peau de chagrin. Dans les crises, c’est le repli de la conscience culturelle, c’est la déprise ou le lâcher prise de la conscience qui peut se donner du temps pour réfléchir, poser un acte de penser.

    Les crises ravagent non seulement des destins mais paupérisent la conscience, la liberté de penser.


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    L’idéologie diffusée par l’école…

    C’est dans l’ignorance que se construit le lit occulte des pires idéologies. Il est ainsi tellement plus aisé de manipuler les consciences, d’attenter à l’esprit qui est dépossédé des armes nécessaires pour freiner ces tentatives obscures de fausser, puis d’orienter les croyances des citoyens. 

    Pour Vincent Peillon "Toute l’opération consiste bien, avec la foi laïque, à changer la nature même de la religion, de Dieu, du Christ, et à terrasser définitivement l’Église." (Vincent Peillon, "Une religion pour la République: La foi laïque de Ferdinand Buisson", Éd. du Seuil, 2010, page 277)

    Une rhétorique de l’homme nouveau est ainsi annoncée, prêchée par ses idéologues qui entendent partager à la société entière et sans aucune précaution, la théorie du genre qui nie la différence sexuée de la société, l’altérité des êtres.

    Il sera d’autant plus facile de distiller l’idéologie autour de cette nouvelle conception de l’homme, qu’il y a ce constat patent de familles morcelées qui ne sont plus dans la transmission de l’éducatif. Il est alors aisé pour l’état de transférer à l’enfant ce que la famille ne transmet plus, constat d’une véritable porosité qui en soi ne protège plus l’enfant contre cette tentative d’aliéner la conscience épurée de l’héritage familial, des stéréotypes comme nous l’avons entendu dans l’hémicycle de l’assemblée nationale.

    Sans aucune précaution, cette conception de l’homme libérée d’images préconçues justement culturelles, entend conditionner l’enfant sur de nouveaux stéréotypes adossés à l’interchangeabilité des identités détachées du sexe biologique, une nouvelle théorie du genre.

    Le texte de Victor Hugo  auquel nous faisons ici référence, s’avère être d’une rare acuité,  d’une grande clairvoyance, prend une dimension quasi prémonitoire dans le contexte d’une nouvelle laïcité  qui entend s’imposer aux esprits. "Eh ! Quel est, en effet, j’en appelle à vos consciences, j’en appelle à vos sentiments à tous, quel est le grand péril de la situation actuelle ? L’ignorance. L’ignorance encore plus que la misère. L’ignorance qui nous déborde, qui nous assiège, qui nous investit de toutes parts. C’est à la faveur de l’ignorance que certaines doctrines fatales passent de l’esprit impitoyable des théoriciens dans le cerveau des multitudes..."

    Ces idéologues veulent frapper les consciences sous des idéaux séduisants de non-discrimination, d’égalité, de vision libertaire et imposer à la conscience de nouvelles lectures sur une anthropologie soi-disant débarrassée de ses oripeaux. 


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    Ces idéologues qui vantent la laïcité et citent volontiers Jules Ferry omettent cette célèbre consigne recommandée aux enseignants

    "Ce que vous allez communiquer à l’enfant, ce n’est pas que votre sagesse, c’est la sagesse du genre humain, c’est une de ces idées d’ordre universel que plusieurs siècles de civilisation ont fait entrer dans le patrimoine de l’humanité. Si étroit que vous semble peut-être un cercle d’action ainsi tracé, faites-vous un devoir d’honneur de n’en jamais sortir. Restez en deçà de cette limite plutôt que de vous exposer à la franchir ; vous ne toucherez jamais avec trop de scrupule à cette chose délicate et sacrée qu’est la conscience de l’enfant"...

    Toutes ces dimensions de nivellement de la culture, de divertissement, de crise, d’idéologie s’intriquent, s’entremêlent et interagissent comme autant de composantes qui affaiblissent toutes les facultés cognitives de l’homme. Ces dimensions participent d’un affaissement du libre arbitre, de la libre conscience.


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    Les sociétés totalitaires savent fabriquer des individus amorphes, confinés au retrait

    Dans les origines du totalitarisme, la philosophe Allemande Hannah Arendt met en évidence l’aliénation d’une forme de conscience de soi qui résulterait d’une dimension d’isolement, d’éloignement de soi de la communauté, une rupture relationnelle, la déconstruction en quelque sorte des liens de solidarité.

    Les sociétés totalitaires savent fabriquer des individus amorphes, confinés au retrait, sans liens entre eux.

    Pour  les régimes totalitaires, afin de régner sur les masses, il faut s’assurer de la déconstruction des liens de solidarité au sein même de la communauté des hommes. C’est en poussant une forme d’isolement relationnel jusqu’à ses limites les plus extrêmes que les régimes totalitaires ont su  créer des sociétés totalement aliénantes.

    Hannah Arendt  « Les mouvements totalitaires sont des mouvements de masse d’individus atomisés et isolés. Par rapport à tous les autres partis et mouvements, leur caractéristique la plus apparente est leur exigence d’une loyauté totale, illimitée, inconditionnelle et inaltérable de la part de l’individu qui en est membre. (...) On ne peut attendre une telle loyauté que de l’être humain complètement isolé qui, sans autres liens sociaux avec la famille, les amis, les camarades ou de simples connaissances, ne tire le sentiment de posséder une place dans le monde que de son appartenance à un mouvement, à un parti. Ni le national-socialisme ni le bolchevisme ne proclamèrent jamais qu’ils avaient établi un nouveau genre de régime, ni ne déclarèrent que leurs objectifs étaient atteints avec la prise du pouvoir et le contrôle de l’appareil étatique. Leur idée de la domination ne pouvait être réalisée, ni par un État, ni par un simple appareil de violence, mais seulement par un mouvement animé d’un mouvement constant. L’objectif pratique du mouvement consiste à encadrer autant de gens que possible dans son organisation et à les mettre et à les maintenir en mouvement; quant à l’objectif politique qui constituerait la fin du mouvement, il n’existe tout simplement pas.".


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    Des hommes et des femmes au destin exemplaire, qui ont décidé d’agir en regard de leur liberté de conscience

    Un ami (Steph Ark) me rappelait que quand César m'enjoint d'enfreindre les lois divines, je suis contraint de désobéir à César, car « il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes » (Actes 5:29). Ainsi des hommes comme Saint Paul ont eu ce rare courage de le mentionner, de faire ce choix, se soumette à Dieu, à ses lois divines.

    Des hommes et des femmes ont ainsi jalonné l’histoire de notre pays. Ils ont obéi à leur conscience pour éviter des carnages ou des tortures inutiles en temps de guerre comme ce geste exemplaire du « général Jacques Pâris de Bollardière, responsable du secteur de l'Atlas blidéen, [qui] fait sensation en annonçant par voie de presse en quelles circonstances il a été amené à renoncer à son commandement. Ancien des Forces françaises libres, parachuté dans le maquis en 1944, il acquiert la conviction, au spectacle des atrocités nazies, que la torture est le propre des régimes totalitaires ».

    Il faut du courage à ces médecins, à ces maires ; il faudra du courage demain à ces instituteurs de refuser l’application de lois qui enfreignent « la conscience délicate et sacrée de l’enfant ».


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    Conclusion

    Pour conclure ce texte et m’inspirer du propos d’un auteur inconnu dont je reprends l’idée, j’aimerais vous évoquer une voix intérieure plus savante que Pascal, plus éloquente que Winston Churchill, plus perspicace que Saint Augustin, plus réformatrice que Calvin et elle s'adresse à plus de monde et avec plus de puissance que  n’importe quel homme. Son auditoire se limite au nombre de gens qui habitent sur cette terre. Elle n'est jamais lasse d’interpeller, elle éprouve constamment le besoin d’importuner, elle se fait entendre de façon permanente. Si nous agissons avec égards, elle peut devenir notre meilleure amie. Si nous la traitons sans égards, elle peut être alors notre pire ennemie et cela pour notre plus grand malheur. Cette voix, c’est la Conscience.

    Dans le livre des Proverbes au chapitre 20 et au verset 27,  nous pouvons lire ce texte : "Le souffle le l'homme est une lampe de l'Eternel qui pénètre jusqu'au fond des entrailles." Autrement dit, la conscience c'est la vérité de Dieu qui est mise dans le coeur des hommes. C’est elle qui nous rend libre, elle seule, si nous acceptons de nous laisser éveiller.


    Éric LEMAÎTRE

    in Éthique Chrétienne

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  • Pourquoi voir dans l’idée de détermination la source de tous les maux ?

    Lien permanent

    Chère amie,

    Je reviens à la charge !

    Je lis le lien que tu m'as donné. Toutes ces études sont intéressantes ; les statistiques semblent de façon un peu magique, faire autorité : à des statistiques, on peut toutefois les interpréter dans un sens ou bien, en fonction du présupposé initial de celui qui argumente, sur la base des mêmes statistiques, vouloir montrer l'inverse...

    Nos présupposés ne sont pas, dans ce débat, les mêmes (cela n'a rien de dramatique en soi d'ailleurs !). Une chose qui m'étonne, dans cette affaire du "genre", une chose qui me chiffonne (et qui fait que je n'endosse pas du tout son postulat, cela pour des raisons, non pas spirituelles ou religieuses, mais philosophiques), c'est qu'il faudrait que l'existence humaine initialement fût indéterminée. C'est ce postulat de l'indétermination qui me gêne, parce qu'il constitue, selon moi, une abstraction, une irréalité.

    On pourra bien trouver toutes les preuves que l'on voudra, issues de l'expérience, nous naissons fille ou garçon. Il y a certes des accidents de la nature qui laissent apparaître une indétermination initiale, ou plutôt une bi-détermination, si l'on veut être exact, puisque des enfants peuvent naître, semble-t-il, avec des caractéristiques à la fois féminines et masculines (j'entends physiologiques, génétiques). On s'engouffre dans ces exemples parfois pour montrer l’indétermination sexuée et l’arbitraire de l’éducation et de la culture, comme si choisir pour l’enfant était mauvais.

    Sur le fond, pourtant, pourquoi vouloir à tout prix défendre l’idée d’une indétermination fondamentale ? On dirait que l’idée de détermination (dans ce qu’elle implique en terme de non-choix) fait peur. Or, la liberté absolue n’est rien ; il en va de même de l’idée d’une égalité absolue qui supposerait une absolue indifférenciation.  Hegel dit (dans l’addition du  § 6 des Principes de la Philosophie du Droit qu’une «  volonté qui ne veut que l’universalité abstraite (…) ne veut rien et n’est donc pas une volonté. Le particulier que veut la volonté est une limitation, car la volonté doit absolument se limiter pour être volonté. Le fait que la volonté veuille quelque chose est une limitation, une négation. C’est pour cette raison que la particularité est ce qu’en règle générale on appelle finitude. » Traduit en Français courant, cela veut dire que la liberté absolue n’est rien et que la liberté n’a de sens que si elle se détermine, autrement dit, que si elle se nie, se particularise.

    Or, se déterminer, apprendre à choisir, c’est subir des choix que déjà pour moi on a pu faire. Cela n’est pas forcément un mal. C’est le contraire qui serait mauvais. L’absence de détermination me laisserait dans l’incapacité de savoir poser un choix, de me déterminer. Ce que l’on n’accepte pas (ou de moins en moins bien) aujourd’hui, c’est d’être d’une façon ou d’une autre déterminé sur la base de ce que nous n’aurions pas décidé (cela, au nom de la toute puissance, (j’entends par  là le fait que je veux garder la possibilité de choisir entre tous les possibles).

    Déterminés, par conséquent, nous le sommes, non seulement sur la base de nos décisions (quand je me détermine), mais aussi sur la base de ce que je n’ai pas décidé, de ce qui me détermine (par exemple le handicap, que je ne choisis pas). On me dira que ce qui compte, c’est la personne, dans son absoluité ou dans sa singularité. Je répondrais cependant, sur la base de ce que dit Hegel que ce qui me permet d’accéder à l’universel, depuis ma singularité, ce sont mes particularités (féminines ou masculines entre autres)  et que c’est par elles (le moyen terme) que l’universel -1er moment du syllogisme- (le fait d’être un être humain de désir, un être pensant, etc.) se singularise (3ème moment du syllogisme) dans cette histoire que, dans son unicité, je construis.

    Déterminé, je le suis toujours déjà. Si cela peut relever de cruelles pratiques ou de cruels usages (ex : excision chez les femmes), je suis d’accord pour les contester, les  changer. Mais pourquoi voir dans l’idée de détermination la source de tous les maux ? Déterminés nous le sommes tous dans le langage par exemple (le français) que nous parlons, dans ces mots qui nous ont été transmis et qui sont toujours chargés de sens, de représentation du monde ou de présupposés. Est-ce mauvais ? Sans cela nous ne penserions même pas. Déterminés nous le sommes par notre histoire, notre éducation, ce que nos aïeux ou les penseurs qui nous ont précédé nous ont transmis : et alors ? Faut-il s’en plaindre ? Sans la tradition (au sens noble du tradere, de la transmission), nous ne serions pas devenus ce que nous sommes. Faudrait-il que le monde fût initialement indéterminé ? Ce serait un monde où n’intervînt aucune initiative, où rien n’aurait commencé. Arendt cite souvent Augustin (Cité de Dieu, XII, 20 je crois : « pour que quelque chose commença, l’homme fut créé »). L’homme (l’humain) est l’être de la détermination du sens et c’est ainsi que tout commence et qu’il y a histoire.

    Pour ma part, je ne rêve pas d’indétermination, fusse au nom du doux rêve d’égalité qui a pour conséquence de tout neutraliser, voire de castrer ou d’empêcher de naître. Mes propos peuvent paraître passablement violent (ils restent conceptuels). C’est que je m’insurge contre ce type d’idée par laquelle constamment on dénonce la prédominance masculine (cela est un fait historique : Mme de Beauvoir, nous vous avons entendu) ;  mais la tendance aujourd’hui semble largement s’inverser dans un monde qui se féminise, avec des mœurs en apparence plus douces mais qui ne laissent pas de développer une certaine emprise (moins brutale, plus féminine, plus policée) où tout ce qui serait un peu trop masculin serait comme ringardisé, dénoncé, méprisé.

    Non, nous n’avons pas à être égaux, c’est-à-dire nivelés. Et je dis cela depuis l’immense respect que j’ai pour les femmes (sans idéalisation car je sais aussi qu’elles sont bien imparfaites : je ne dis pas ça par rabaissement non plus, mais en réaction contre une certaine idéalisation du féminin)

    C’est la philosophie constructiviste sur le fond que je conteste ici (Deleuze, Derrida, Foucault) qui, si intéressants soient-ils sont les enfants de la pensée de la dé-construction, enfants de la pensée nietzschéenne, par conséquent. Cela mène à un relativisme négateur que je conteste. Que cela soit le fondement philosophique des sciences sociales contemporaines qui se focalisent parfois, semble-t-il, sur le tout culturel : soit. Discutons. Mais que cet arrière-fond scientifique avec ses présupposés métaphysiques devienne l’arme de légitimation d’une action politique, je maintiens qu’il y a des dérives idéologiques dangereuses. Quand cela veut passer dans les programmes scolaires, je crois qu’il ne s’agit pas simplement d’un « formatage » au sens classique par lequel on choisissait tel ou tel aspect d’un programme, de mettre l’accent sur telle chose plutôt que telle autre, ou de privilégier même tel point de vue politique. Je crois qu’on est plutôt dans de la « refondation », comme dit Peillon, et je vois cela comme de la « refonte », c’est-à-dire comme une entreprise prométhéenne de fusion (au sens métallurgique du terme), par lequel il faudrait faire comprendre à tout individu qu’il est confondu avec la masse. C’est une pensée que, sincèrement, je considère comme dangereuse, quand elle perd de vue le principe intellectuel de précaution par lequel elle devrait ne conserver que le statut d’hypothèse.

    Pour conclure, quand je discute cette idée du « gender », c’est bien sur le terrain philosophique que je la contre (pas sur la base obscure d’un ressentiment). Je parle beaucoup d’idée (peut-être peu des personnes comme tu disais dans un précédent mail) ; mais c’est parce que les idées déterminent ce que nous réalisons (dans tous les sens du termes) ; elles déterminent  le sens que nous donnons au réel ; à nos relations. Les études de genre, quant à elles, s’appuient sur un postulat que je ne partage pas, philosophiquement, et qui a des conséquences que, philosophiquement encore, je récuse. Il ne manque plus que d’en faire un programme politique, et nous entrons dans le meilleur des mondes…

    Je suis, comme toi, un incorrigible discuteur…

    Portez-vous bien !

    Un Veilleur des Ardennes