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La Vaillante >>> Ère 4 - Page 8

  • Une posture idéaliste qui semble porter en elle la haine de la distinction pour imposer l’uniformisation

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    Chère amie,

    J’ai vraiment eu du mal à trouver du temps pour répondre sur le fond au mail que tu m’as envoyé en avril. J’essaie de le faire maintenant.

    Je reviens sur le mail d’avril et sur le débat autour du mariage homo, ses présupposés, ses conséquences. Même si la loi  a été votée, promulguée, son contexte et l’action gouvernementale qui s’ensuit restent pour moi problématiques et toujours d’actualité.

    Le premier point sur lequel je suis amené à réagir, c’est celui de la question de la dignité des couples homosexuels qui amène les promoteurs de la loi, comme par incantation et de façon quasi obsessionnelle, à soupçonner l’homophobie chez quiconque viendrait discuter les intentions et/ou l’action du gouvernement sur ce sujet et sur ce qui gravite autour. La chasse à l’homophobie est une priorité gouvernementale, on le sait ; et ton mail d’avril  n’échappe pas, à mon avis, au procès d’intention. Bien sûr, les choses furent écrites sous le coup de l’émotion et aussi sûrement d’une certaine colère ; mais le mot « homophobie » y revient plusieurs fois comme un anathème pour fustiger une position indéfendable voire immonde sur le sujet.

    Je soutiens pour ma part que l’on peut envisager de discuter de l’homosexualité comme n’étant pas foncièrement égale à l’hétérosexualité sans pour cela n’avoir aucune intention de nuire aux personnes homosexuelles et en les respectant complètement dans ce qu’elles sont et dans ce qu’elles vivent. Par conséquent, je conteste (et je vais expliquer pourquoi) l’expression (posée aujourd’hui comme un dogme qu’il est interdit d’effleurer) d’égale dignité des couples (on trouve cette expression, par exemple, dans le numéro de Témoignage chrétien du 14 décembre 2012, dans l’article que tu m’as transmis- « Mariage pour tous, un progrès »- et que tu as distribué à la sortie de l’église). L’article, après avoir rappelé que « l’homosexualité a été persécutée ou opprimée depuis de longs siècles », dit que celle-ci est « une orientation sexuelle aussi légitime et digne que l’hétérosexualité ».

    Je vais paraître chicaner, mais la notion de dignité ici utilisée me paraît impropre dans son usage. Il est vrai que ce terme est polysémique et qu’on l’emploie aujourd’hui à toutes les sauces. On parle de vie « digne d’être vécue », on veut pouvoir mourir « dignement », on va parler de la dignité d’un revenu. Le sens n’est pas le même quand on parle de la dignité de la personne. Dans les premiers exemples cités, la dignité désigne les conditions matérielles d’existence ; dans le sens second (qui est volontiers celui que philosophiquement j’embrasse), il ne s’agit plus de conditions relatives, mais de la valeur inconditionnelle, absolue et incomparable de la personne. Ce sens est celui défini par Kant dans les Fondements de la métaphysique des mœurs ; et il est sensiblement différent de celui, emprunté à la philosophie utilitariste anglo-saxonne qui définit l’idée de dignité à partir de l’utilité ou de l’utilisation que l’on peut faire d’une chose ou avoir avec quelqu’un[1].

    Parler de la dignité des personnes homosexuelles, cela, comme pour quiconque, ne se discute pas. Parler d’égale dignité des couples, c’est jouer sur une ambivalence. Un couple est par essence relatif, puisqu’il est relationnel (Kant parle du caractère relatif de nos inclinations ou de nos sentiments). Ce n’est jamais une réalité absolue. Le terme de dignité ici employé n’est pourtant pas anodin, car il n’est pas complètement indépendant de la conception kantienne ci-dessus rappelée.  Autrement dit, insidieusement, tout en parlant d’une situation particulière et relative (le couple homo comme le couple hétéro), on infère l’idée qu’il y aurait là quelque chose d’absolu, d’intouchable, comme relevant du sacré. Ainsi, discuter cela serait porter atteinte au dogme de l’intouchabilité de la réalité des sentiments personnels, porter atteinte à la dignité de la personne et blasphémer contre l’individu et sa liberté sacro-sainte.

    C’est mal comprendre la réalité du couple qui n’est jamais un absolu mais plutôt une réalité relative par essence. Pour autant, la réalité de la relation homme-femme n’ouvre pas aux mêmes possibilités que celle de l’union homosexuelle qui, comme tu le dis (et c’est aussi la thèse de Besson dans son livre Catholiques et homosexuels, sortir de l’impasse), peut avoir sa fécondité. Ces réalités ne sont pas les mêmes et ne sont pas forcément comparables. Je conteste aussi l’idée d’égale légitimité. Qu’est-ce à dire ?

    Si être en couple, c’est éprouver des sentiments, des pulsions, des désirs, et de là, entrer en relation de réciprocité, j’en conclurai que tout sentiment est légitime, et que toute relation a sa valeur intrinsèque et incontestable. Cependant, toutes les relations n’ont pas forcément la même portée. Sans considérer que le couple homme/femme serait spontanément bon, saint, la particularité de cette relation se distingue de toute autre forme de relation à mon avis. De l’homme et de la femme peut jaillir l’excès (au sens étymologique d’ex-cedere) : il y a quelque chose qui « marche avant » eux et qui « marche après » eux, qui les pré-cède et qui peut leur suc-cèder. C’est de la fécondité biologique que je parle ici. Sans l’absolutiser, celle-ci n’est pourtant pas un fait anecdotique. Je sais que la fécondité peut être symbolique et plurielle ; la génération n’est cependant pas un fait accidentel de la relation. Ce quelque chose qui nous excède, c’est la vie dont nous ne sommes pas maître (et je ne mets pas encore Dieu là-dedans ; je le laisse tranquille !). Si « nature » qui vient du latin natus, signifie « naître », la naissance humaine ne se fait pas en dehors de ce fait profondément naturel et culturel à la fois qui est d’être le résultat du jaillissement de cette altérité première, sexuée (séparée, étymologiquement) qui permet une naissance naturelle première ainsi qu’une naissance seconde puisque l’on perçoit intuitivement qu’idéalement, cette altérité (qui n’est pas une radicale étrangèreté de l’homme et de la femme) nous a tous individuellement structuré (ou manqué) dans la présence (ou l’absence) de nos parents.

    De ce fait, il n’y a pas égalité de situations. D’un point de vue individuel, émotionnel, sentimental (dans l’attachement et la réciprocité à l’autre), on peut concéder cette égalité ; mais d’un point de vue objectif, c’est-à-dire si l’on considère la réalité (la chose) qu’est le couple homme/femme,  j’y vois une spécificité inassimilable à quelque autre forme de relation.

    On me dira que je fonde mon argumentation sur un fait brut de la nature, à savoir que la femme peut enfanter, ce qui serait un argument passablement « animal ». Mais je ne suis pas sans savoir qu’une femme n’est que rarement féconde (24 h par mois, pendant le processus d’ovulation). Autrement dit, elle est très souvent « stérile » au sens physique du terme. Ce n’est pas la fécondité naturelle nécessaire qui fonderait la légitimité du couple homme/femme ; c’est sa possible ouverture à plus que les deux (à savoir la vie) qui en fait une réalité inassimilable. Cela dit, encore une fois, non pas pour idéaliser, mais pour insister sur la spécificité, la différence de cette situation qu’est l’union de l’homme et de la femme. Rendre justice au réel, appeler un chat « un chat », voilà le sens profond de ce qui est juste et vrai. Dire que tout est équivalent et que tout est pareil, voilà ce qui est injuste. C’est en ce sens que je dis que le couple homo et l’union homme/femme n’ont pas la même « légitimité » (lex-legis, en latin, désigne la loi et l’idée de justice ; par mon propos, j’essaie de m’ajuster au réel).

    Pour ce qui est du « mariage », le Code Civil de 1804 ne s’appuyait pas sur une réalité religieuse d’abord mais sur un fait « naturel », à savoir que l’union d’un homme et d’une femme (deux être bien imparfaits comme le dit Musset à la fin de  On ne badine pas avec l’amour) peuvent donner naissance, engendrer (c’est le sens originel du mot « parent », qui vient du latin pario, « générer »). Le Code Civil ancien ne faisait qu’instituer la responsabilité des époux l’un envers l’autre et envers la potentielle progéniture vis-à-vis de laquelle ils étaient déjà juridiquement responsables. Autrement dit, ce qui était institué, c’était un lien d’ob-ligation (expression pléonastique), notamment envers les plus fragiles, à savoir, dans l’ordre, la femme et l’enfant ; pas essentiellement des sentiments privés.

    Aujourd’hui, le terme de « parent » a profondément changé de sens : on parle à toutes les sauces de « parentalité », faisant sens cette fois vers la fonction qu’ont les époux et non plus vers l’altérité sexuée fondatrice qui permet la génération. Or, une fonction est parfaitement interchangeable. Comme tu le disais, un homme peut être maïeuticien, une femme chauffeur de camion. Ton fils peut avoir appris à l’école, comme tu me le disais dans un mail,  que le rose était une couleur de fille (par parenthèse, les choses seraient peut-être différentes si son frère avait été une sœur : pour ma part, je n’ai rien forcé mais suis obligé de constater que le comportement de ma fille diffère sensiblement de celui de ses frères, même si, parmi ceux-ci, certains sont hyper sensibles ou ont même fait de la danse…) ; beaucoup de choses sont construites, mais on ne construit ni ne se construit jamais à partir de rien. En ce qui concerne le fait d’être parent, ce n’est pas seulement la fonction, ce que je  « fais » qui me définit comme  tel. Si c’était le cas, pourquoi être deux en effet, pourquoi un homme et une femme ; pourquoi pas une équipe éducative, etc.

    J’ai bien entendu l’argument que tu as développé et qui est de dire que le droit français protège de façon exagérée le lien biologique. Sans vouloir le défendre comme un lien absolu (Dark Vador le méchant était bien le père indigne du sauveur Luc Skywalker que ce dernier aura dû finir par terrasser !), le lien naturel à l’enfant ne peut être ignoré. Affirmer, comme le fait la ministre de la Justice  que la « parentalité »[2] devient un fait social, culturel et choisi, c’est tomber à mon avis  dans un excès.

    Avant, dans le mariage, ce qui était juridiquement fondateur, ce n’était pas l’état ou l’intensité du sentiment amoureux ; c’était la possibilité d’être parent. Cela concerne la société qui a son mot à dire en ce qui concerne la perpétuation de ce qu’elle est (sans ingérence non plus, mais en terme de protection de la famille).  Avec la loi nouvelle, ce qui est fondateur, c’est l’ordre du sentiment et la reconnaissance de toute forme d’inclination amoureuse. Pour le coup, l’État devient très intrusif et outrepasse son rôle qui est d’envisager le citoyen dans sa généralité et l’homme et la femme dans leur union particulière. S’intéresser à la singularité de la situation sentimentale, c’est donner à la loi un grand pouvoir. Vouloir changer les mentalités sur ce point peut légitimement laisser craindre une volonté d’emprise totale quoique douce et humaine  en apparence et dans ses intentions. Du point de vue des citoyens enfin, c’est penser que le droit doit nous rejoindre jusque dans la singularité de nos désirs. Cela peut ouvrir la porte à une pluralité de revendications délirantes pour satisfaire la démesure de nos désirs qui, par définition, sont sans limite. [3]

    Je ne veux pas faire injure aux personnes homosexuelles ; je tiens seulement à redire la spécificité de la famille et de son fondement (l’altérité sexuée, un père, une mère). Les modèles familiaux sont multiples, d’un point de vue ethnique, culturel, existentiel, je ne suis pas sans le savoir. Toute famille humaine est bien imparfaite. Il n’empêche que, même si on a été élevé par ses grands-mères ou toute autre situation, nous n’avons qu’un père et qu’une mère ; et c’est bien sur ce fait naturel que l’on peut souhaiter que se construise une existence, y compris dans la recherche d’un père et/ou d’une mère symboliques.

    Les homosexuels ne pourraient-ils pas jouer pleinement ou symboliquement ce rôle de parents ? 

    Je crois que l’on peut avoir été élevé par deux pères et être équilibré ; mais je crois aussi que dans cette situation quelque chose (ou plutôt quelqu’un) aura manqué ; de même que, sans faire offense aux enfants de divorcés, on peut dire que cette situation, en général, laissé des blessures plus ou moins profondes. Il n’y a pas de papa et de maman idéale ; on peut reconnaître et même donner une reconnaissance juridique à des situations familiales plurielles ; mais uniformiser le réel sur la base de la conception des adultes qui veulent que tout revienne au même, je dis que c’est un déni de réalité. Idéalement, sans être idéalisant, un enfant a besoin de son père et de sa mère vivant leur relation si possible dans la paix et dans la stabilité.

    Être parent ne se réduit pas au seul fait de remplir une fonction, de changer les couches ou de sortir les poubelles (pas plus qu’il ne se réduit au seul fait d’être géniteur). Il y a une altérité fondatrice qui échappe aux époux eux-mêmes parce qu’elle relève du mystère. Le mystérieux n’est pas l’occulte ; il est ce qui ne cesse de m’étonner et ce que je n’en finirai jamais de comprendre. Tout être est pour quiconque un mystère, je l’accorde ; et je suis moi-même pour moi-même un mystère. Mais l’altérité homme/femme dans la relation ne relève pas que de la différence génitale ; elle relève aussi de l’altérité ontologique. Je ne veux pas essentialiser, absolutiser ou réduire la femme dans un rôle (comme Beauvoir le signifiait dans leDeuxième sexe) ; pas plus, pas moins pour l’homme. Mais cette distinction sexuée, naturelle a des incidences psychologiques, émotionnelles, intellectuelles, spirituelles évidentes si bien que dans mon être au monde, être homme ou être femme n’est jamais indifférent. Je ne dis pas que l’homosexuel nie la différence (l’homosexualité masculine n’est pas le lesbianisme) ; mais j’affirme la polarisation essentielle (et non accidentelle) du féminin et du masculin dans la définition de notre identité, ce qui forcément a une incidence dans la nature de nos relations.

    Dans Éthique et Infini, Lévinas pensait la relation homme/femme de la façon suivante : ce qui en l’autre sexe se cherche (entre le masculin et le féminin), ce n’est pas « un autre attribut en l’autre », mais un « attribut d’altérité ». Soyons précis : l’être humain est un être de désir. En ce sens, nos relations humaines sont par essence des relations d’êtres de désir à d’autres êtres de désir. On peut dire que, selon Lévinas, toute relation inter-humaine est une érotique (qui me convoque dans ma responsabilité et m’amène à discerner envers quiconque ce que je peux donner ou recevoir). Cela dit, dans la pluralité de nos relations, il y a une spécificité de l’opposition du féminin et du masculin ; une polarisation. La polarité n’est pas un positionnement absolu (il y a toujours plus au nord ou plus au sud que moi). Mais il n’y a de nord que par rapport à un sud. Cette opposition polarisée, que je le veuille ou non, me fonde physiquement mais aussi métaphysiquement. John Gray l’Américain a très bien signifié cela, sur la base de sa très riche expérience de thérapeute de couples. Cette différence entre les hommes et les femmes est relatée dans son livre Les hommes viennent de Mars et les femmes viennent de Venus. Mme Codalen, psychanalyste, répond dans son ouvrage Toi mars, moi Venus, ou le contraire que le propos de Gray est inepte et que nous sommes universellement des êtres de désir ; voilà ce qui indistinctement nous constitue. Pourtant, même si le propos de Gray peut friser la caricature ou paraître schématique ; même si aucune relation ne se fait sur la base d’une technique de communication, l’intuition et l’exposé de l’auteur américain n’est pas hors de sens. La féminité et la masculinité ne se réduisent pas à la génitalité et ont une incidence décisive dans mon rapport au réel, dans mon être-au-monde.

    Qu’en est-il de cette universalité de l’être humain ? L’égalité de condition est une chose indiscutable. Elle est un acquis de la pensée moderne et contemporaine. Cependant, elle n’est pas sans risque si on la comprend comme égalité des conditions (au pluriel). C’est Hannah Arendt qui, dans son texte Les Origines du totalitarisme au tome I (Sur l’antisémitisme), explique que « l’égalité des conditions,[est] à coup sûr un impératif fondamental de justice, [et] aussi l’une des plus grandes et des plus hasardeuses entreprises de l’humanité moderne » (ch.3 p.103-104 édition Points). Elle explique en effet que  « l’égalité exige que je reconnaisse tout individu, quel qu’il soit comme mon égal », si bien que des « conflits entre des groupes différents qui (…) refusent de se reconnaître réciproquement cette égalité de base » ont revêtu « des formes si effroyables ». Ce qu’elle veut dire, c’est que le  XXéme siècle a connu de grandes entreprises de nivellement. Cela est un effet pervers d’une notion — noble initialement — qui est celle d’égalité. L’égalité universelle ne peut ni ne doit être une négation des particularismes (Hegel avait déjà signifié cela à la remarque du §209 des Principes de la Philosophie du Droit). L’égalité de droit n’est pas l’égalité de fait ; cette dernière étant  impossible à obtenir vu que, d’un point de vue concret, les différences sont inassimilables. L’uniformisation est un danger. Quoique politiquement la revendication de l’égalité des conditions puisse se justifier, elle est, dans les faits, inaccessible. L’égale dignité des personnes n’est pas l’égalité des situations. Cette fiévreuse revendication d’égalité, Tocqueville l’a parfaitement décrite (Arendt s’inspire beaucoup de Tocqueville) dans son ouvrage La démocratie en Amérique[4] ; le XXéme siècle a réalisé dans son caractère le plus abject ce que pouvait être une société uniforme.

    Si je m’en vais sur ce terrain, c’est que l’idée d’un « mariage pour tous », ponctuellement s’appuie sur un tel présupposé d’égalité uniformisante. Le paradigme sur lequel s’appuie l’idée d’un « mariage pour tous » est celui d’une parfaite interchangeabilité des conjoints, sans que la différenciation sexuée ne doive intervenir. Autrement dit, ce qui fonde la nouvelle définition du mariage, ce n’est plus le fait objectif et réel de la possible parenté (entendu au sens de la possibilité de générer puis d’éduquer l’enfant) ; c’est la reconnaissance et la consécration du fait subjectif (même s’il est relationnel, puisque l’on parle bien aussi de couple et de relation) qu’est le sentiment des individus. Même s’il y a réciprocité sentimentale, c’est l’ordre subjectif qui ici fait autorité ; non plus la possibilité objective et excessive de recevoir la vie dans la présence de l’enfant. C’est la famille et l’enfant que l’État et la société précédemment protégeait dans l’institution du mariage (c’est aussi cette conception que l’article 16 de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 défend) ; aujourd’hui, c’est l’inclination d’individus adultes, certes liés dans la réciprocité, que l’État consacre. En effet, comme le disait la Garde des Sceaux, nous changeons de civilisation, nous changeons de référent, de paradigme. À dire vrai, le changement n’est pas d’aujourd’hui, il est profondément ancré dans la mentalité moderne (j’entends depuis la pensée du XVIIéme siècle) ; la loi actuelle ne fait que rendre effectif, sur ce point, une revendication (qui n’est pas prêt de s’arrêter) qui est de consacrer (jusqu’à la calcination : Giacometti exprime cela très bien dans ses sculptures) les désirs de l’individu.

    Je ne fustige pas le désir homosexuel. J’insiste en disant que la réalité de sa situation n’est pas la même que celle de l’union d’un homme et d’une femme. C’est cela que le droit continuait de distinguer en reconnaissant la spécificité du mariage à l’union de l’homme et de la femme qui seuls peuvent être parents au sens plénier (naturel et culturel) du terme. Qu’un couple homosexuel se retrouve secondairement en situation d’autorité parentale (puisqu’il aura bien fallu un homme ou une femme pour générer l’enfant), cela ne me gêne pas ; que la loi en prenne acte ad hoc, pourquoi pas. Mais que de façon programmatique la loi dise que le couple homme/femme est comme un couple homosexuel, il y a là une posture idéaliste qui semble porter en elle la haine de la distinction pour imposer l’uniformisation.

    Pour ce qui est de l’adoption, elle s’appuyait jusqu’ici sur la parenté naturelle et première (la présence de parents sexuellement différenciés, même si des dérogations étaient accordées à des célibataires). Cela veut dire que la parenté symbolique prend tout son sens à partir d’une parenté première et naturelle. Mais aujourd’hui, on ne voit plus pourquoi des individus devraient être privés de la possibilité et du bonheur d’avoir des enfants. Le fait naturel est complètement évacué au profit de l’affirmation de la liberté et de l’égalité des individus.

    Le risque d’uniformisation est bien réel. Le « djènnedeure », comme tu dis, y est aussi pour quelque chose. Tu dis que l’appellation d’ « idéologie » est une stigmatisation vaticane, presqu’ignorante du phénomène dans sa complexité[5]. Je prends acte du fait que les « études de genre » sont une nébuleuse complexe qui ouvre à une pluridisciplinarité difficile à étiqueter derrière une conception uniforme. Il n’empêche qu’il y a là ce qu’on peut appeler un paradigme (comme le dirait Kuhn dans la Structure des révolutions scientifiques), c’est-à-dire un cadre de recherche ; et qu’aucun cadre de recherche, à ma connaissance, ne jouit d’une incontestabilité absolue. Que l’on conteste a priori la possibilité d’exister d’un cadre de recherche sans plus approfondir les choses, je comprends que cela puisse irriter ; mais que ce cadre soit discuté voire contesté dans ses présupposés ou dans ses conséquences, quoi de plus légitime intellectuellement ?

    Quand le Vatican met en garde, sur les questions d’identité sexuelle, sur le fait que l’on ait une compréhension exclusivement culturelle, sociale, constructiviste de la sexualité, qu’est-ce qui gêne ? Ce n’est pas parce que c’est le Vatican qu’il n’a pas le droit de réfléchir et de le faire sur des bases anthropologiques ou philosophiques qui ne sont pas forcément celles de la pensée contemporaine constructiviste et relativiste. Quand Favier présente Anatrella (prêtre psychanalyste hostile au gender et à ses conséquences radicales) comme une posture académiquement isolée, est-ce un argument définitif et disqualifiant ?

    Les positions radicales sont toujours gênantes du fait de la fermeture au dialogue qu’elles impliquent ; mais l’ouverture à la discussion n’implique pas qu’il faille comme un mouton tout accepter pour se faire tondre. En ce qui concerne le « djèndeure », on n’en est plus au stade de la simple réflexion ou de l’investigation universitaire. L’actualité pullule d’exemples où la pensée uniformisante s’impose jusqu’au sein des écoles où des familles doivent parfois faire face à des amendes ou à des peines de prison (c’est le cas en Allemagne[6], en Espagne,etc.). En France, on en est seulement au stade de la répression de manifestations pacifistes (je pense au mouvement des Veilleurs et au délit de pensée malfamée).

    Je n’ai pas besoin du Vatican pour élaborer une pensée personnelle, même si ses documents me paraissent fort intéressants et plus sage que ce que la presse ou la pensée ambiante veut bien en dire[7]. Que les « études de genre » soit un cadre de recherche, très bien ; mais que cela devienne un principe d’action politique systématique et indiscuté (c’est ce que nous voyons se réaliser depuis plusieurs mois), cela nous inquiète. Nous sommes bien dans la dérive idéologique. Karl Marx est un grand penseur qu’en tant que philosophe, économiste, sociologue, etc. je respecte. Il n’empêche que la base de sa pensée (le matérialisme dialectique) a historiquement donné lieu à des dérives idéologiques. Le Darwinisme a toute sa légitimité scientifique (même s’il n’est pas scientifiquement et rationnellement incontestable). Le darwinisme social et le scientisme ont pourtant légitimé scientifiquement l’horreur nazie. Que des sociologues, des historiens, des biologistes, des médecins des philosophes discutent de la construction de l’identité sexuelle, très intéressant. Par contre, que l’on veuille venir bourrer le crâne de mes gosses dès la grande section de maternelle sur le fait qu’il peut choisir sa masculinité ou sa féminité, dans l’indifférence, je n’ai pas tellement envie de laisser faire ; non par homophobie, mais refus de transformer une hypothèse scientifique — discutable — en dogme sacro-saint de l’individu condamné à être libre, comme dirait Sartre, pour se choisir dans l’Absolu et l’absence de toute détermination initiale. Toute philosophie, si noble soit-elle, n’a jamais valeur de dogme. C’est vrai pour un adulte et pour un élève de 18 ans ; ça l’est a fortiori pour un enfant de 6 ans[8] dont l’éducation incombe en priorité aux parents, ce que semble contester aujourd’hui le gouvernement, pas seulement français.

    Pour finir sur ce volet et pour appuyer scientifiquement mon argument, j’appelle « idéologie » une théorie, logiquement satisfaisante, voire plus rassurante que le réel, (le réel étant toujours trop complexe, imprévisible comme dirait Bergson) et  qui finit par nous couper de la réalité. Ce n’est pas sur l’autorité du Vatican que j’appuie mon propos mais sur la réflexion de Hannah Arendt[9]. Que l’identité sexuelle soit un fait essentiellement culturel dans la construction de soi, je ne l’ai, pour ma part, jamais nié ; à condition que l’on considère (c’est ce que j’avais écrit dans mon premier mail en citant Merleau-Ponty) que le culturel en l’homme n’a de sens que sur la base de la nature qu’il transforme[10]. Autrement dit, en l’homme, la nature sans la culture est une hérésie philosophique (je veux bien contester les partisans du « tout naturel » ou du « tout biologique ») ; la culture sans la nature en est une autre. L’exaltation du « je choisis tout » et d’une liberté absolue pensée comme construite exclusivement à partir de  soi, c’est joli comme idée, mais d’un point de vue éducatif, cela peut s’avérer catastrophique. Là aussi, je contesterai la thèse.

    Le plus étonnant dans cette affaire, c’est que le paradigme constructiviste (via la pensée de Foucault par exemple) qui semble déconstruire et délégitimer toute idée de nature pour renvoyer à la seule idée de choix absolument libre ouvre la porte insidieusement à une nouvelle compréhension de l’idée de nature[11]. Je m’explique : puisque rien ne prédétermine mes actions, mes orientations, mes choix, je suis absolument libre, si bien que, en matière de sexualité, je dois être à l’écoute de moi-même dans le sens d’une totale liberté. Aucune tendance, aucune tension n’est alors anodine ; elle exprime une pulsion qui en soi a toute sa légitimité. Par conséquent, la répression des pulsions devient un fait culturel illégitime. Culturellement n’aura de sens que le fait de cultiver ce que je ressens et d’exalter toute forme de plaisir. L’idée de nature est là aussi bien présente. Ce qui maintenant la fonde, c’est la légitime satisfaction de mes désirs (si bien que mon genre peut au cours de ma vie évoluer). Ne pas écouter ses tendances, ce serait les refouler de façon non légitime. Ce qu’on constate, c’est que le concept de nature ne disparaît pas (chassez le concept de nature, pourrait-on dire, et il revient au galop !) ; il change de sens (ainsi que le concept de culture qui doit cultiver la liberté sans frein et bannir toute morale ou culture archaïsante). Avec le nouveau concept de nature (cautionnant la liberté absolue où je dois être à l’écoute de mes tendances), il est possible que je sois au final dans la plus grande dépendance (mes tendances naturelles qui impérieusement devraient être satisfaites). Autrement dit, l’idée d’un « je me choisis comme je veux » peut devenir véritablement tyrannique[12] . Si de plus cela prend une tournure politique et collective, on est en droit de discuter voire de ne pas se laisser imposer des lois d’un genre nouveau qui voudraient régenter jusqu’à l’intime…

    Je ne suis pas dans le délire, le point de Godwin ou la théorie du complot. Cela fait plusieurs mois, disais-je plus haut, que nous sommes dans l’effectif et la concrétisation des idées. Quand on voit que les écoles de formation des enseignants (il faudrait dire de formatage), des enseignants d’enseignants se foutent à poil pour apprendre la déconstruction des stéréotypes ou des interdits culturels, je m’inquiète sur ce que l’on cultive. À vrai dire, je ne sais s’il faut en rire ou en pleurer ; et je me demande de quel côté on dis-joncte, au sens propre du terme, c’est-à-dire de quel côté on se coupe du réel… [13]

    Lorsque je parle de programme d’État, je ne puis ne pas évoquer l’attitude (qui n’a rien perdu de ce que Machiavel enseigne) de notre cher Ministre de l’Intérieur. L’action et l’actualité des Veilleurs est soigneusement tue (ajoute un accent aigu sur ce dernier mot, en l’accordant, et le terme est encore signifiant). Cela est vrai de l’attitude médiatico-politique depuis le début sur la considération des faits par le pouvoir qui, à mes yeux, est loin de s’honorer. Sortir des hordes de CRS face à des manifestants pacifiques que l’on fait passer pour des extrémistes, quel courage politique ! Tu parlais dans un précédent mail de la puissance de certaines familles, entité qu’il serait peut-être vain de défendre, au profit de causes autres ou plus nobles. Laisse-moi t’exprimer mon désaccord sur ce point, du fait de son anachronisme. L’ère contemporaine se situe du côté de l’exaltation de l’individu, pas du tout du côté de la défense de la famille depuis longtemps affaiblie. Ces dernières sont (comme toute situation familiale) à mon avis fragiles, bâties sur un équilibre non évident à préserver. Aujourd’hui, c’est plutôt du côté des individus qu’il faut rechercher les puissants[14]. Les familles influentes, cela valait peut-être du temps de l’aristocratie. S’il peut en exister encore aujourd’hui, ce n’est pas le cas de la famille moyenne (traditionnelle, ou plurielle, c’est-à-dire monoparentale, recomposée, etc.). J’en veux pour preuve le fait que, si les manifestations de la Manif pour Tous n’avaient pas été celle de familles classiques, de vieux, de célibataires pacifiques, d’homosexuels même,[15] etc. elle n’aurait pas eu le traitement qu’elle a eu. Quand on voit que quelques centaines de chauffeurs de taxi font plier le gouvernement dans ses décisions ou que quelques centaines de manifestants d’Électrolux (à raison) l’inquiètent, ça montre vraiment que les gens de LMPT dans l’immense majorité étaient plus proche de pacifistes que des activistes d’extrême droite. Sauf mon respect pour sa fonction, un Président fort avec les faibles et faible avec les forts, voilà ce que nous avons.

    Pour ma part, c’est aujourd’hui du côté des Veilleurs que je me situe, sans haine, sans rejet de quiconque ni de personne, mais sans rougir non plus de ce que je pense et crois. Si cela me vaut de figurer sur un quelconque « mur des cons » ou « mur des homophobes », alors la liberté en moi saignera mais continuera de façon irrépressible de vouloir s’exprimer contre toute forme de pensée unique qui prend déjà des tournures tyranniques.

    Je ne veux pas être moi-même despotique envers quiconque et accepte la pensée autre, même si je suis prêt à me battre par les arguments contre la diffamation. Je crois, pour finir, que Tocqueville a profondément été visionnaire lorsque, à la moitié du XIXème siècle, il décrivit la nature des mœurs contemporaines démocratiques. Sans aucune haine de la démocratie (il le dit dans son introduction et à plusieurs reprises dans son ouvrage), il est important d’en voir les possibles dérives. Celles-ci sont de l’ordre du nivellement, de l’uniformisation vers la médiocrité; et cela s’exerce dans l’impératif d’une pensée uniforme où la différence n’ose plus s’exprimer. La tyrannie des âmes est alors plus dangereuse (même si le propos peut paraître décalé) que n’importe quelle forme de torture physique. C’est ce qu’il appelle la « tyrannie douce ». Je crois que c’est ce qu’aujourd’hui nous vivons.[16]

    Je m’excuse d’avoir été aussi long. Je t’assure sincèrement que je n’ai pas voulu m’épancher. J’ai seulement voulu suivre le fil logique d’une pensée, la mienne, sans pour autant m’enfermer (autant que j’ai pu, je suis allé lire des choses sur la question, y compris dans le « camp adverse » ; c’est pourquoi j’ai répondu aussi longtemps après ton mail d’avril).

    Je n’ai aucune rancœur, aucune amertume dans mon propos. J’espère ne pas avoir laissé transparaître cela. J’ai réagi fortement car le fait de m’être senti (et de nous être sentis) comme rejetés par des amis du fait de ce que l’on pouvait penser ou croire m’a (et nous a) heurté. Je sais que cela est de part et d’autre involontaire. J’ai longtemps écrit et pesé mes mots, pas tant pour convaincre, mais pour de la façon la plus honnête qui soit, défendre une posture qui, selon moi et quoi qu’on en dise, a toute sa légitimité.

    C’est ce que j’ai essayé de démontrer ; je ne sais si j’y suis parvenu. Pardon si j’ai pu être blessant. Même dans la polémique, là n’est pas mon intention.

     

    En toute amitié

    Un Veilleur des Ardennes 

     


    [1] Pour l’utilitarisme, je me réfère aux pensées de Bentham puis de John Stuart Mill. La définition kantienne de la dignité, qui me paraît plus juste puisqu’elle se réfère à la valeur absolue de la personne, est par exemple exprimée de la façon suivante dans les Fondements de la métaphysique des mœurs, 2° partie:  « Dans le règne des fins [pour l’homme] tout a un prix ou une dignité. Ce qui a un prix peut être aussi bien remplacé par quelque chose d’autre, à titre d’équivalent ; au contraire, ce qui est supérieur à tout prix, ce qui par suite n’admet pas d’équivalent, c’est ce qui a une dignité. Ce qui rapporte aux inclinations et aux besoins généraux de l’homme, cela a un prix marchand ; ce qui, même sans supposer de besoin, correspond à un certain goût, c’est-à-dire à la satisfaction que nous procure un simple jeu sans but de nos facultés mentales, cela a un prix de sentiment ; mais ce qui constitue la condition, qui seule peut faire que quelque chose est une fin en soi, cela n’a pas seulement une valeur relative, c’est-à-dire un prix, mais une valeur intrinsèque, c’est-à-dire une dignité. »

    [2] Pour la distinction entre « parenté » et le terme récent de « parentalité », je m’appuie sur  les analyses de Thibaut Colin, dans son livre Les lendemains du mariage gay, édition Salvator, collection Carte blanche, juillet 2012.

    [3] Sans faire d’amalgame, on voit la revendication des droits fleurir. C’est ainsi qu’aux Etats-Unis (comme à d’autres endroits), des pédophiles ont situé leur inclination et leur pratique au même rang de légitimité que toute autre inclination sexuelle. Ils demandent la reconnaissance de leurs droits : direct.cd/2013/04/29/etats-unis-les-pedophiles-reclament-les-memes-droits-les-homosexuels.html. Cela a été repris aussi par mediapart.

    [4] cf le début de l’introduction de La démocratie en Amérique ; cf aussi le tome I, 1°partie, chapitre 3 p.115-116 en GF.

    [5] Je suis allé voir le blog http://penser-le-genre-catholique.over-blog.com/ ainsi que l’article d’Anthony Favier que tu m’avais indiqué sur la réception des « études de genre » par l’Eglise catholique, dans le contexte francophone :

    http://halshs.archives-ouvertes.fr/docs/00/76/57/86/PDF/RA_ception_catholique_du_genre.pdf

    [6] Va voir l’article suivant ; (on croit rêver, ou plutôt, pour ma part, cauchemarder…)http://www.contrepoints.org/2013/09/03/137364-assaut-policier-chez-famille-scolarisant-ses-enfants-domicile-les-enfants-enleves-force

    [7] J’ai bien aimé la référence qu’Anthony Favier fait aux propos du Magistère aux pages 13 et 14 de l’article cité en note plus haut. Voici les propos de  Josef Ratzinger que Favreau cite. Ceux-ci sont extraits de laLettre aux Evêques de l’Eglise catholique sur la collaboration de l’homme et de la femme dans l’Eglise et dans le monde du 31 mai 2004 (Paris, Salvator, p.13) : « Pour éviter toute suprématie de l’un ou l’autre sexe, on tend à gommer leurs différences, considérées comme de simples effets d’un conditionnement historique et culturel. Dans ce nivelage, la différence corporelle, appelée sexe, est minimisée, tandis que la dimension purement culturelle, appelée genre, est soulignée au maximum et considérée comme primordiale. L’occultation de la différence ou de la dualité des sexes a des conséquences énormes à divers niveaux. Une telle anthropologie qui entendait favoriser des visées égalitaires pour la femme en la libérant de tout déterminisme biologique, a inspiré en réalité des idéologies qui promeuvent par exemple la mise en question de la famille, de par nature biparentale, c’est-à-dire composée d’un père et d’une mère, ainsi que la mise sur le même plan de l’homosexualité et de l’hétérosexualité, un modèle nouveau de sexualité polymorphe. »

    [8] J’ai vu dans les grandes ligne le document du syndicat SNUIPP-FSU sur l’éducation à l’égalité et la lutte contre l’homophobie : en terme d’endoctrinement implicite, ça fait froid dans le dos. Les intentions sont excellentes ; les applicatiions pratiques sont effrayantes dans ce qu’elles peuvent imposer en terme de vision du réel excluant toute alternative éducative. En 1789, l’exigence de liberté avait déjà conduit à la Terreur. Peillon qui a écrit La Révolution française n’est pas terminé semble sur la même voie. Contrairement à ce que tu écrivais dans un mail, je pense que sa posture, au sein du gouvernement, est loin d’être isolée (cf www.gouvernement.fr/sites/default/files/fichiers_joints/pag_lgbt_-_bilan_intermediaire.pdf).

    [9] Aller voir pour cela les pages 294 à 299, au chapitre 4 du tome III - « Le Système totalitaire »- des Origines du totalitarisme (édition Points-Essai). une « idéologie » n’est pas n’importe quelle idée, théorie ou philosophie. Il s’agit d’une conception qui prend ses distances avec le réel et qui cherche à le supplanter. L’« idéologie » relève de la « logique d’une idée » qui  propose une vision mensongère plus satisfaisante parce que plus simple, plus schématique et, au final, moins déroutante que le réel et son caractère foisonnant, déstabilisant.

    [10] La référence à Merleau-Ponty était la suivante : Phénoménologie de la perception, livre I, chapitre 6, pp.220-221). En l’homme, rien n’est naturel et  tout est culturel, à condition que l’on ne pense pas le culturel indépendamment de sa base naturelle et biologique : « Il n’est pas plus naturel ou pas moins conventionnel de crier dans la colère ou d’embrasser dans l’amour que d’appeler table une table. Les sentiments et les conduites passionnelles sont inventés comme les mots. Même ceux qui comme la paternité, paraissent inscrits dans le corps humain sont en réalité des institutions. Il est impossible de superposer en l’homme une première couche de comportements que l’on appellerait « naturels » et un monde culturel ou spirituel fabriqué. Tout est fabriqué et tout est naturel chez l’homme, comme on voudra dire, en ce sens qu’il n’est pas un mot, pas une conduite qui ne doive quelque chose à l’être simplement biologique – et en même temps ne se dérobe à la simplicité de la vie animale… »:

    [11] Pour ma part, je préfère philosophiquement me référer à l’idée aristotélitienne de « nature ». D’aucun diront que le paradigme aristotélitien est désuet et archaïsant pour penser l’homme. Pourtant, Penser que la philosophie constructiviste et relativiste contemporaine soit la seule qui vaille (avec cette croyance présupposée dans le progrès des sciences), c’est mal comprendre le sens de ce que philosopher veut dire. La philosophie aristotélitienne est une philosophie « finaliste », ce qui veut dire que son paradigme pour comprendre le réel intègre l’idée de « cause finale », concept contesté par la philosophie moderne (notamment par Spinoza dans l’appendice du livre I de l’Ethique). Cela dit, rien n’indique a priori que, pour comprendre la nature humaine, une philosophie soit obsolète. La façon qu’Aristote a de comprendre l’éthique et le politique est loin d’être insensée. Anthropologiquement, il n’est pas forcément inepte de voir une finalité inhérente et excédant l’homme et la femme dans leur relation. On peut penser un déterminisme sans que cela implique une prédétermination de nos vies : la liberté reste sauve !

    [12] Jean Claude Guillebeaud développe cela dans son livre La Tyrannie du plaisir où il analyse très clairement l’injonction de jouissance dans laquelle culturellement aujourd’hui nous baignons tous.

    [13] Va voir le lien (« Queer days Rachele Borghi) relatif au cours de Rachele Borghi de l’université  Paris IV Sorbonne. Elle serait professeure de géographie, militante du genre et spécialiste du post-porn, formatrice des futurs professeurs d’Histoire Géographie. On croirait un  canular étudiant. Elle se fout à poil en faisant son « cours ». Tout est possible !...

    [14] L’influence et l’action par exemple, de quelqu’un comme Pierre Berger sur les médias et sur le politique le montrent.

    [15] Il n’y a pas que Philippe Ariño  qui se soit exprimé sur la question. On le taxe d’homophobie ; je veux bien que l’on puisse ne pas s’aimer soi-même, mais on peut peut-être écouter tous ceux qui sont concernés par rapport à une question et ne pas forcément s’arrêter à un propos monolithique. Le mal être de l’homosexuel peut être dû à la société qui a sa part de responsabilité et c’est bien dommage ; mais il y a aussi des questions existentielles ou personnelles à écouter et à entendre. Le site homovox.com a pu exprimer cela ; d’autres personnes, homosexuelles, se sont aussi  exprimées dans le sens de la non-conformité à la bien pensance ambiante (cf par exemple le témoignage d’Yves Colin, maire et homosexuel, qui s’est publiquement opposé au projet de loi et à l’idée de l’appréhension uniforme des situations affectives : http://www.yvescolin.fr/article-un-maire-homosexuel-contre-le-mariage-gay.html).

    [16] Voici comment Tocqueville perçoit la différence entre les tyrannie anciennes et la nouvelle forme de tyrannie émergente qui caractérise notre époque (in De la démocratie en Amérique, tome I, II°partie, chapitre 7). Je ne puis m’empêcher de le citer longuement : « La pensée est un pouvoir invisible et presque insaisissable qui se joue de toutes les tyrannies. De nos jours, les souverains les plus absolus de l’Europe ne sauraient empêcher certaines pensées hostiles à leur autorité de circuler sourdement dans leurs Etats et jusqu’au sein de leurs cours. Il n’en est pas de même en Amérique : tant que la majorité est douteuse, on parle ; mais dès qu’elle est irrévocablement prononcée, chacun se tait, et amis comme ennemis semblent alors s’attacher de concert à son char. La raison en est simple : il n’y a pas de monarque si absolu qui puisse réunir dans sa main toutes les forces de la société et vaincre les résistances comme peut le faire une majorité revêtue du droit de faire les lois et de les exécuter. Un roi d’ailleurs n’a qu’une puissance matérielle qui agit sur les actions et ne saurait atteindre les volontés ; mais la majorité est revêtue d’une force tout à la fois matérielle et morale, qui agit sur la volonté autant que sur les actions, et qui empêche en même temps le fait et le désir de faire.(…)Des chaînes et des bourreaux, ce sont là des instruments grossiers qu’employait jadis la tyrannie ; mais de nos jours la civilisation a perfectionné jusqu’au despotisme lui-même, qui semblait pourtant ne plus rien avoir à apprendre.(…) Sous le gouvernement absolu d’un seul, le despotisme, pour arriver à l’âme, frappait grossièrement le corps ; et l’âme, échappant à ses coups, s’élevait glorieuse au-dessus de lui ; mais dans les républiques démocratiques, ce n’est point ainsi que procède la tyrannie ; elle laisse le corps et va droit à l’âme. Le maître n’y dit plus : vous penserez comme moi ou vous mourrez ; il dit : vous êtes libre de ne point penser ainsi que moi ; votre vie, vos biens, tout vous reste ; mais de ce jour, vous êtes un étranger parmi nous. Vous garderez vos privilèges à la cité, mais ils vous deviendront inutiles ; car si vous briguez le choix de vos concitoyens, ils ne vous l’accorderont point, et si vous ne demandez que leur estime, ils feindront encore de vous la refuser. Vous resterez parmi les hommes mais vous perdrez vos droits à l’humanité. Quand vous approcherez de vos semblables, ils vous fuiront comme un être impur et ceux qui croient en votre innocence, ceux là même vous abandonneront, car on les fuirait à leur tour. Allez en paix, je vous laisse la vie, mais je vous la laisse pire que la mort. »

  • Le « genre » : un outil éducatif majeur qui permettra la déconstruction des repères élémentaires liés à la vie affective et sexuelle, à la vision de la famille et de la société

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    Intervention de Ludovine de la Rochère auprès des Veilleurs lors de la veillée du 31 août à la Concorde – venue présenter aux côtés de Camel Béchikh les orientations de la Manif Pour Tous pour l’année à venir.

     

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    « Bonsoir,

    Je suis très heureuse d’être à nouveau avec vous ce soir, de vous faire part de mon amitié et de ma solidarité, de vous rencontrer et vous écouter. Il y a quelques jours j’étais à Pau avec les veilleurs du Béarn. J’y ai senti la même écoute, la même ferveur, la même envie de témoigner pour réveiller la conscience de nos contemporains. C’est sans aucun doute ce que vous venez de vivre au cours de votre périple. Je voudrai également saluer votre mouvement, ses organisateurs et bien sûr chacun de vous, Les Veilleurs. Vous formez une force, je veux dire une force d’idéaux, de valeurs dans lesquelles tous les hommes et les femmes de bonne volonté se reconnaissent, d’où votre succès, d’où votre pérennité et votre ancrage territorial avec la multiplication des veillées.

    Vous faites partie d’un mouvement qui marquera l’histoire politique et sociale de notre pays : par la nouveauté de son mode d’action, par son ouverture aux autres, par le calme qu’il impose dans le tohu-bohu actuel, par son pacifisme, par la solidité de son corpus intellectuel et philosophique. Comme je l’ai déjà dit à plusieurs reprises, La Manif Pour Tous et les veilleurs sont les deux faces d’une même médaille. A l’orée de cette année 2013-2014, nous sommes décidés, tous, à poursuivre notre chemin avec détermination !

    Quels seront les enjeux de notre engagement cette année ?

    Nous continuerons bien-sûr de promouvoir une société respectueuse de l’altérité sexuelle homme/femme, du droit de l’enfant et de la famille. Compte-tenu du contexte, nous poursuivrons aussi notre défense des libertés fondamentales de tout citoyen français, en particulier liberté d’expression, de conscience et d’éducation. Le genre est le fondement de la loi Taubira et de ses conséquences. Elle est au cœur du changement de civilisation en cours. Je voudrai donc, ce soir, insister sur ce sujet.

     

    La diffusion du concept de genre

    Qu’est-ce que ce concept qui, disons-le tout de suite, n’a aucun fondement scientifique. C’est, tout simplement, la remise en cause de l’identité sexuelle homme/femme. Qu’est-ce qu’implique ce concept pour notre société et pourquoi en entendons-nous tant parler depuis quelques mois ? Il concerne avant tout l’éducation des nouvelles générations. En ouvrant le mariage et l’adoption aux personnes de même sexe, la loi Taubira pose des principes nouveaux :

    1.  Former un couple homme-homme, femme-femme ou homme-femme est indifférent pour fonder une famille,

    2.  Les rôles de père et de mère sont interchangeables,

    3.  La négation de la différence des sexes et de leur complémentarité,

    4.  L’absence d’impact et d’importance de l’altérité sexuelle. Celle-ci n’aurait pas d’importance pour l’Homme.

    Je parle là, bien-sûr, de l’Homme avec H. Au sens du dictionnaire de l’Académie française : « Homme, terme qui embrasse la femme ». Une fois ces principes juridiquement posés, il faut maintenant les légitimer et les faire entrer concrètement et massivement dans les mœurs. A ce jour, les mentalités des générations adultes sont encore largement imprégnées par les principes « anciens » : l’hétérosexualité est la norme et l’homosexualité l’exception ; l’écrasante majorité des parents ne considérerait pas comme neutre le fait qu’un de leur enfant soit homosexuel. Le plus grand nombre des parents pense encore (et constate) que le père et la mère jouent un rôle différencié et complémentaire dans l’éducation des enfants et l’équilibre familial. Un enfant a deux parents, et non trois ou quatre ou plus.

    Les promoteurs actuels de cette mutation de civilisation savent qu’il est difficile et lent de faire évoluer les mentalités concrètement. Ils savent parfaitement qu’il y a une marge considérable entre imposer une législation et imprégner profondément et durablement les conceptions nouvelles portées par cette législation, aussi bien dans les mœurs que dans la culture, même si cela est déjà bien entamé. Ils savent aussi que l’éducation reçue en famille constitue le principal obstacle à une mutation aussi radicale que celle qui est visée.

    C’est pourquoi leur projet est de construire progressivement une éducation d’Etat qui se substitue à l’éducation familiale : Vincent Peillon le déclare : « Il faut arracher l’élève aux déterminismes familial, social, ethnique et intellectuel ». L’objectif est de formater le plus vite possible les nouvelles générations aux nouveaux principes et ce, dès le plus jeune âge. Ici, l’école constitue un enjeu majeur et ce, dès la crèche. La France présente une porosité particulière à l’accomplissement de ce projet compte-tenu de l’évolution historique du lien entre l’école et la famille : Nous sommes passés depuis longtemps déjà de la notion d’instruction (transmettre un savoir) à celle de l’éducation. Le rôle éducatif de l’école est installé. Ce rôle éducatif de l’école est perçu par les parents comme un prolongement de l’éducation familiale (complémentarité de la famille et de l’école).

    Au plan pratique, les difficultés éducatives dans les familles (qui touchent tous les milieux sociaux) conduisent nombre de parents à attendre de l’école qu’elle supplée leurs insuffisances. Les attentes vis-à-vis de l’école sont devenues énormes : c’est l’école « bouée de secours » éducative. Un grand nombre de parents sont prêts à accepter des « transferts de compétences et de responsabilités » de la famille vers l’école, quitte à perdre en « maîtrise » de l’éducation de leurs enfants. En même temps que la notion de « responsabilité », celle de « liberté d’éducation » est aujourd’hui en recul.

    Dans ce contexte, se déroule, pour les tenants des « nouveaux principes », un véritable « tapis rouge ». Sur ce « tapis rouge », entre tranquillement à l’école, un « cheval de Troie », qui entend formater aux nouveaux principes les enfants, à un âge de plus en plus jeune : de la sensibilisation des adolescents, on est prêt à passer à celle des enfants dès la maternelle, voire dès la crèche. Ce « cheval de Troie » s’appuie sur trois objets de sensibilisation aujourd’hui largement légitimés et admis par les parents : l’éducation sexuelle ; la lutte contre les discriminations liées à l’orientation sexuelle et l’égalité homme-femme.

    Nous sommes tous pour l’éducation sexuelle, mais la vraie. Nous sommes tous pour l’égalité entre les sexes. Nous refusons les discriminations car nous refusons tout manque de respect aux personnes. Mais cela ne justifie en rien, bien au contraire, la remise en cause des identités sexuelles homme/femme. Hélas, c’est ici que le « Gender » trouve sa place comme enjeu éducatif majeur.
     

     

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    Le « genre » comme enjeu éducatif

    On peut considérer le « genre » comme un outil éducatif majeur qui permettra la déconstruction des repères élémentaires liées à la vie affective et sexuelle, à la vision de la famille et de la société. Une fois cette déconstruction achevée dans les nouvelles générations – vierges de la culture antérieure, il ne se trouvera plus d’obstacle majeur pour l’achèvement progressif de la mutation de civilisation en cours. Nous pouvons donc considérer que porter le combat sur ce terrain constitue aujourd’hui un enjeu politique essentiel si nous voulons éviter à notre société de poursuivre sa marche vers le « Meilleur des mondes ».
     

    Les faits

    L’inspection générale de l’Education nationale vient de remettre un rapport au gouvernement qui recommande « la déconstruction des stéréotypes de genre » à l’école et la formation des enseignants au Gender. Des expérimentations vont être menées dans 500 écoles : des milliers d’enfants vont donc servir de cobayes. Tout cela au nom de « l’égalité homme/femme ». L’amendement sur l’enseignement du genre à l’école, envisagé dans le cadre de la loi Peillon, a été retiré grâce à notre mobilisation. Mais il faut savoir que la question du genre est en fait bien restée dans les objectifs et l’annexe de la loi telle qu’elle a été votée. Des supports pédagogiques vont être diffusés cette année, tel que l’ouvrage « Papa porte une robe ». Une circulaire demande à tous les élus et fonctionnaires de se former au concept de genre. Serons-nous bientôt comme la Suède qui vient d’adopter le pronom neutre « Hen » comme pronom pour les personnes « asexuées ».

     

    Gender à l’école : tout le monde est concerné

    L’enjeu du Gender à l’école concerne un très grand nombre des Français sur un lieu essentiel de leur vie quotidienne et de leurs relations sociales – l’école – et sur un sujet qui rejoint directement l’une de leurs préoccupations majeurs – leurs enfants. Nous souhaitons leur faire savoir ce que leurs enfants entendent ou vont entendre. Et les faire réfléchir avec nous : est-ce qu’ils veulent que ce discours soit tenu à nos enfants ? Veulent-ils être associés, impliqués, avoir leur mot à dire dans ce qui est enseigné à leurs enfants ? Voulons-nous assumer notre responsabilité de premiers éducateurs de nos enfants ? Sommes-nous prêts à nous laisser imposer des concepts douteux dérivés des « Etudes Gender », qui vont brouiller les repères élémentaires de nos enfants en matière de sexualité, de vie affective, de vision de la famille ? Il en va de notre liberté d’éducation et de l’avenir de notre société.

     

    Notre action à venir sur cet enjeu Gender et éducation

    L’année scolaire 2013-2014 sera une année d’implantation dans toutes les écoles scolaires, publiques et privées, de « Comité de parents – Vigilance Gender ». Ces comités seront créés au sein des associations locales de parents d’élèves (un peu comme un groupe de travail) ou à côté. Il s’agit d’un immense travail de terrain, de réseau, d’information et de sensibilisation : vis-à-vis des parents d’élèves bien sûr, mais aussi de l’ensemble de la communauté éducative.

     

    Ouverture de la PMA aux couples de même sexe

    En ce qui la concerne, LMPT se prépare à lancer des manifestations si la proposition de loi sur l’ouverture de la procréation médicalement assistée aux couples de même sexe, déposée le 19 juillet dernier au Sénat, n’était pas retirée dans les plus brefs délais. A ce sujet, LMPT a demandé en juillet un RDV à Mme Bertinotti. Hélas, au contraire de l’APGL (association des parents et futurs parents gay et lesbien), LMPT n’a pas été reçu. Pire : LMPT n’a même pas eu l’honneur d’être reçu. LMPT poursuit aussi toutes ses actions politiques et judiciaires.

     

    Conclusion

    Compte-tenu des dangers actuels et des échéances électorales prochaines, l’année à venir demandera à tous une mobilisation très intense : nous devons à la fois stopper ces projets, mais aussi obtenir des futurs candidats qu’ils s’engagent sur les convictions que nous défendons. À nous tous de continuer à éveiller les consciences et défendre le bien commun. On lâche rien ! »

    *

    La Manif pour tous organise une université d’été les 14 et 15 septembre prochain au parc floral de Vincennes. Plus d’information sur l’évènement.

     

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  • Décryptage de la Théorie du Genre pour Tous

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    Livret à l'usage des élèves de 1ère : Décryptage de la Théorie du Genre
    PDF à télécharger

    ThéoGenreDécryptageFJL.jpg


    Introduction

    La question du genre intéresse des disciplines telles que la philosophie, la sociologie ou encore la psychologie.

    Parmi ceux qui s’intéressent à ce sujet, certains sont convaincus de l’exactitude d’une théorie dite « du genre » qui considère que l’identité sexuelle de l’être humain ne dépend pas du sexe biologique mais du ressenti subjectif de chacun. 

    Cette théorie est l’objet de débat depuis les premiers temps de son élaboration. Elle demeure aujourd’hui un sujet de controverses, y compris chez ses promoteurs, qui se divisent entre divers courants. Pourtant cette théorie est de plus en plus souvent présentée comme scientifiquement exact, c’est-à-dire correspondant à un constat d’ordre biologique.

    De la description du développement du corps de la femme et du corps de l’homme, on passe, par exemple dans certains manuels scolaires, à une présentation de la sexualité humaine à partir de codes et d’éléments signant la théorie du genre. Dans le contexte de l’enseignement des SVT (science de la vie et de la terre), cette théorie semble alors cautionnée scientifiquement.

    La Fondation Jérôme Lejeune, organisme dédié à la recherche scientifique et à la bioéthique, refuse tout détournement de la science au profit d’une idéologie, quelle qu’elle soit. 

    Forte du succès rencontré par son Manuel Bioéthique des Jeunes, la Fondation met à disposition des jeunes le présent document, en leur proposant une démarche inédite : étudier les propos et les faits évoqués, et les décrypter.

    Ce décryptage permettra aux jeunes de saisir le sens de ce qu’ils entendent et lisent. Il vise plus largement à développer leur esprit critique, seul moyen pour eux de ne pas se laisser manipuler et de garder leur libre-arbitre !" *


    * Les références citées dans le présent livret sont données à titre d’exemples pour illustrer les idées générales de la théorie du genre.

     

    Rappel : Le développement embryonnaire

    L’histoire de l’être humain commence à la fécondation

    Une nouvelle vie commence au moment où toute l’information apportée par le spermatozoïde du père est réunie à celle apportée par l’ovocyte de la mère.

    Dès la fécondation se trouve réalisé un être nouveau qui commence son existence.

    Le patrimoine génétique unique de la personne, donc aussi son sexe, féminin ou masculin, est déterminé dès ce moment-là.

    Il s’agit du 1er stade de développement de celui qu’on appellera plus tard Paul ou Virginie.

    Une nouvelle vie commence. 

    L’embryon commence à se diviser en 2, 3, 4, 8 cellules... déjà organisées.

    Le processus de développement de l’embryon est continu. 

    Le zygote est le premier stade de l’embryon dans lequel se réunissent les 23 chromosomes de la mère et les 23 chromosomes du père. 

    L’embryon humain est un être vivant avec un patrimoine génétique humain hérité de son père et de sa mère. Même s’il est amené à se développer et à se modifier dans son apparence, comme il le fera d’ailleurs toute sa vie, l’embryon est bien un être humain dès la 1ère cellule issue de la fécondation : il ne s’agit pas là d’une opinion, mais d’un constat.

    Et dès la fécondation, dès cette 1ère cellule constituant un nouvel être humain, il est déjà garçon ou fille.

     

    1- La théorie du genre

    La théorie du genre est une hypothèse selon laquelle l’identité sexuelle de l’être humain dépend de l’environnement socio-culturel et non du sexe – garçon ou fille – qui caractérise chacun dès l’instant de sa conception.

    Autrement dit, notre sexe biologique ne serait pas plus déterminant que le fait d’être grand ou petit, blond ou brun : notre identité féminine ou masculine n’aurait pas grand chose à voir avec la réalité de notre corps.

    La cohérence entre sexe et genre nous serait en fait imposée par la société. N’ayant pas le choix, chacun intérioriserait dès son plus jeune âge le rôle qu’il est supposé tenir dans la société comme femme ou comme homme.

    D’après la théorie du genre, notre genre devrait être fondé sur notre orientation sexuelle, que nous sommes libres d’accepter. Celle-ci pourrait avoir des formes diverses tout comme elle pourrait évoluer dans le temps. Certains soutiennent qu’il existerait jusqu’à six genres : hétérosexuel masculin, hétérosexuel féminin, homosexuel, lesbienne, bi sexuel et indifférencié (ou neutre, c’est-à-dire ni homme, ni femme).

    Ainsi, la théorie du genre sous-estime la réalité biologique de l’être humain. Réductionniste, elle survalorise la construction socio-culturelle de l’identité sexuelle, qu’elle oppose à la nature.

    L’être humain n’aurait pas à s'en tenir à sa propre réalité sexuelle. L’identité sexuelle, ne serait pas objective, mais subjective : l’orientation sexuelle – librement choisie – caractériserait l’individu.


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    « Cette activité a pour objectif de permettre aux élèves d’identifier puis éventuellement de remettre en cause les stéréotypes de genre les plus courants...» « Filles et garçons, cassons les clichés », Livret pour les élèves (du CP au CE1), Fédération de Paris de la Ligue de l’Enseignement.

     

    Qu’est-ce qui différencie le sexe du genre ?

    Le « sexe » désigne la réalité biologique – garçon ou fille – de l’être humain, tandis que le « genre » désigne la dimension sociale du sexe, c’est-à-dire le comportement social d’un homme ou d’une femme en lien avec son sexe biologique.

    Dans la théorie du genre, le terme « genre » désigne la masculinité ou la féminité construite par l’environnement social et culturel (la langue, l’éducation, les modèles proposés…). Le genre ne dépendrait pas du sexe biologique : il serait subjectif (il dépendrait de la perception que chaque individu a de lui-même).


    2- Des ambiguïtés qui posent problème

    « Devenir homme ou femme », l’un des nouveaux sujets de SVT des classes de 1ères comportent des ambiguïtés qui posent question :

    « Devenir femme ou homme : ce sera l’occasion d’affirmer que si l’identité sexuelle et les rôles sexuels dans la société avec leurs stéréotypes appartiennent à la sphère publique, l’orientation sexuelle fait partie, elle, de la sphère privée. »(1)

    (1)http://media.education.gouv.fr/


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    « Devenir femme ou homme » : un titre ambigu

    Certes, le développement de la petite fille et du petit garçon, à la naissance, n’est pas achevé. Du point de vue biologique, il le sera complètement à partir de la puberté, lorsque les organes sexuels deviendront fonctionnels et que leurs caractères sexuels secondaires s’exprimeront. Il le sera aussi, sur le plan psychologique, quand la petite fille et le petit garçon réaliseront qu’ils sont sexués, en comprenant lequel des deux sexes est le leur, puis avec l’identification progressive que chacun réalise à celui de ses parents qui est du même sexe que lui, et par opposition à celui de sexe opposé.

    Ce titre, cependant, laisse penser que le devenir du petit garçon ou de la petite fille peut se dessiner autrement... Ainsi, il est susceptible de signifier que la réalité biologique ne suffit pas à identifier chaque être humain comme étant homme ou femme.

    En effet, le psychisme et d’autres éléments, notamment culturels, entrent aussi en ligne de compte dans la nature de l’identité féminine et masculine. Mais il s’agit là d’un sujet qui relève de la psychologie ou d’autres domaines mais non de la biologie.

    Ce titre « devenir femme ou homme » introduit donc une première ambiguïté.


    « si l’identité sexuelle et les rôles sexuels dans la société avec leurs stéréotypes appartiennent à la sphère publique… »

    Bien que présentés comme s’il s’agissait d’évidences, ces termes et le sens de cette phrase présentant le programme sont loin d’être anodins :

    •  l’identité sexuelle et le rôle sexuel sont distingués ;

    le terme de « rôle » renvoie à quelque chose qui serait artificiel et imposé ;

    le terme de « stéréotype » renvoie à quelque chose qui est répété mécaniquement, qui n’est pas spontané ni authentique. Il laisse à penser que la conduite d’une personne comme homme ou comme femme n’est qu’un conditionnement.

    Cela signifierait que nous sommes uniquement conditionnés par la société.


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    Ici, une opposition entre « identité » et « orientation sexuelle » est affirmée, comme si elle allait de soi. Pourtant, en général, identité et orientation sexuelles vont de pair.

    En parlant de « sphère privée », on suggère qu’il pourrait en être autrement et qu’on est libre de faire ce qu’on veut. S’agit-il d’inciter à la pratique d'expériences sexuelles diverses ou véritablement d’appeler au respect de la sphère privée de chacun, c’est-à-dire de son intimité ? S’il est vrai que la sexualité est un sujet intime, ce n’est pas parce qu’il y aurait à se protéger de critiques, mais tout simplement parce que cela ne regarde que l’intéressé lui-même, en lien avec son entourage.

    Or, en l’occurrence, l’approche proposée ici est intrusive vis-à-vis des jeunes et de l’éducation que les familles souhaitent leur donner dans ce domaine.

    Ces ambigüités laissent la possibilité d’introduire la théorie du genre en biologie. Ce faisant, on laisse penser que ce qui n’est qu’une théorie serait attesté par une science exacte.


    3- Des fondamentaux scientifiques mis de côté

    « La plupart des cultures catégorisent tous les individus en tant qu’homme ou femme, mais pour certaines, il reste une troisième catégorie, considérée comme ni femme, ni homme... »

    Manuel Bordas 1er L/ES, p. 173


    Le rôle des chromosomes sexuels

    Aborder le féminin et le masculin devrait logiquement conduire à aborder de manière conséquente le rôle des chromosomes sexuels. Ce sujet est fondamental puisque notre patrimoine génétique est à l’origine de notre féminité ou masculinité. Il a une importance tout au long de la vie et pas seulement pendant la période embryonnaire.

    Les manuels consacrent pourtant peu de place – voire pas du tout dans certains cas – au rôle des chromosomes sexuels. Il est en outre radicalement distingué de l’identité sexuelle, comme si celle-ci n’avait rien à voir avec notre patrimoine génétique et notre corps.

    À lire certains, les chromosomes sexuels semblent n’avoir d’impact que sur la sécrétion hormonale et la formation des organes sexuels au cours de la seule période prénatale.

    L’un des manuels n’aborde même le sujet des chromosomes que pour évoquer l’histoire de la découverte du caryotype féminin et masculin(1).

    (1) Hachette 1 L/ES, p. 165


    Compte-tenu du sujet dont il s’agit, « Devenir homme ou femme », il aurait été logique, du point de vue scientifique, de rappeler que l’embryon est XX ou XY dès la 1ère cellule issue de la fécondation et que cette différence chromosomique caractérise les 70 000 milliards de cellules du corps humain et ce, tout au long de la vie, de la conception jusqu’à la mort.

    En outre, les manuels (à l’exception du Belin) n’évoquent qu’un seul gène, le SRY, celui de la masculinité, présent sur le chromosome Y. Son absence chez les embryons XX serait à l’origine de leur féminité.

    En fait, on sait que ce gène entraîne l’activation en cascade de très nombreux autres gènes, lesquels ont aussi des rôles importants chez le garçon.

    Du côté de la fille, il existe bien un gène de la féminité : le gène NR0B1, situé sur le chromosome X codant pour la protéine DAX1.


    Homme et femme / Père et mère

    La capacité de l’homme et de la femme à être père pour le premier, et mère pour la seconde, est l’une des caractéristiques essentielles de l’identité sexuelle. La grossesse et la maternité sont une part importante de la féminité.

    Tout comme la paternité est une dimension significative de la masculinité (même si certains ne deviennent pas effectivement mère ou père).

    Ce sujet « Devenir homme ou femme » aurait donc dû déboucher sur une présentation de la procréation et de la gestation, et non pas uniquement sur des techniques destinées à éviter la conception d’un enfant, ou au contraire sur des techniques artificielles pour procréer.

    Le développement de l’être humain de la conception à la naissance aurait même pu être étudié dans la continuité du chapitre « Devenir homme ou femme ».


    4- Une description faussée du développement embryonnaire

    « L’origine commune d’appareils génitaux différents »

    Manuel Bordas 1ère S, p. 236

     

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    L’embryon présenté comme indifférencié sexuellement

    Dans le chapitre «  Du sexe génétique au sexe différencié », les manuels insistent longuement sur la période au cours de laquelle le sexe de l’embryon n’est pas encore reconnaissable.

    Il y est sans cesse question d’indifférenciation entre les sexes pendant les premières semaines de vie et ce, sans toujours rappeler en parallèle qu’en fait l’embryon est déjà XX ou XY.

    Des textes parfois longs et de nombreux visuels illustrent cette période du développement embryonnaire. On y parle tantôt d’ « organe sexuel indifférencié », tantôt d’« appareil génital indifférencié ».

    Le manuel Hatier(1) indique même que « tous les embryons humains jeunes ont des organes reproducteurs indifférenciés, identiques pour les embryons des deux sexes ».

    (1) 1 ES/L, p. 179

     

    Certains font comme si le sexe de l’embryon était indifférencié jusqu’à la 7ème ou 8ème semaine.

    En fait, plus précisément le sinus uro-génital se dessine au cours de la 4ème semaine, pour évoluer dans un sens ou dans l’autre à partir de la 8ème semaine.

    Plusieurs manuels (Bordas, Nathan, Belin) comportent en place évidente (souvent en entrée de chapitre) une grande photo (en relief et en couleur) de ce qui deviendra plus tard un sexe féminin ou masculin mais dont, pour le moment, on ne voit pas encore ce qu’il se prépare déjà à devenir.

    En réalité, ce «  tubercule génital  » n’est pas encore un organe sexuel puisque, précisément, il n’est pas encore formé, tout comme les autres organes du fœtus cœur, poumon, cerveau, estomac, foie ne peuvent être développés dès l’instant de la conception.

     

    Comme on l’a déjà dit (et comme les manuels ne le rappellent pas en parallèle), le fœtus est bien garçon ou fille dès l’instant de sa conception, même si cela ne se voit pas encore physiologiquement.


    5- Une présentation incomplète de la puberté

    « Des différences physiologiques distinguent également les deux sexes : les testicules assurent une production continue de spermatozoïdes et de testostérone, alors que les ovaires et l’utérus ont un fonctionnement jusqu’à la ménopause et produisent des ovules et des hormones »

    Manuel Hachette 1ère L/ES, p. 172


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    La puberté

    La puberté est à peine étudiée par les manuels alors que c’est le moment où les corps des garçons et des filles deviennent effectivement ceux d’un homme et d’une femme adultes.

    Certains(1) n’abordent pas ce sujet et passent directement à la question de l’identité et de l’orientation sexuelles…

    (1) Hachette 1 L/ES par exemple

     

    Quant à ceux qui l’abordent, ils n’évoquent en général que les organes sexuels.

    Les autres évolutions physiques et physiologiques de la puberté sont à peine évoquées.

    La puberté est en outre définie comme le moment où les organes sexuels deviennent fonctionnels et donc comme l’étape à partir de laquelle il est possible de vivre sa sexualité. Ce n’est pourtant pas suffisant, c’est incomplet scientifiquement : il aurait été plus complet de développer aussi le fait que la fonctionnalité des organes sexuels conduit à la possibilité de procréer.

     

    L’évolution morpho-anatomique et physiologique de la puberté est réduite à sa plus simple expression, c’est-à-dire aux seuls organes sexuels.

     

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    Les différences biologiques entre homme et femme

    Seuls les organes génitaux sont schématisés, de manière bien peu scientifique d’ailleurs(1).

    Les caractères sexuels secondaires (pilosité faciale et corporelle, gravité de la voix, proéminence de la pomme d’Adam pour les hommes seins développés, bassin élargi, taille fine... pour les femmes) ne sont pas toujours décrits.

    (1) Nathan 1 ES/L, p. 186 et Hachette 1 L/ES, p.164

     

    Les différences de taille, poids, répartition de la masse musculaire, forme du corps… ne sont pas décrites.

    Il serait pourtant intéressant pour les jeunes d’apprendre à mieux connaître leur propre corps, comme celui du sexe opposé, pour mieux le comprendre et le respecter.

    Seuls la production des spermatozoïdes et le cycle menstruel de la femme sont évoqués, comme si la différence entre homme et femme ne reposait que sur la différence de rythme de production des cellules sexuelles (spermatozoïdes et ovules(2)).

    Les différences physiologiques entre homme et femme vont pourtant bien au-delà.

    Les hormones, par exemple, ont un impact considérable, non seulement sur le fonctionnement des organes sexuels, mais aussi sur l’ensemble du corps féminin et du corps masculin ou encore sur le psychisme.

    (2) Par exemple, Hatier 1 ES/L, pages 177, 181 et 183 et Hachette 1 L/ES, p.165


    6- Des troubles de l’identité sexuelle surreprésentés

    « Avec l’ADFH, vous participez à l’histoire en marche pour que l’homoparentalité soit enfin reconnue légalement en France !

    Vous soutenez les actions de l’association visant à la reconnaissance des familles homoparentales et à l’égalité de droits et devoirs que nos familles réclament. »

    « Avec l’ADFH vous aurez les informations les plus récentes sur la Gestation Pour Autrui à l’étranger (GPA, ou mères porteuses), l’adoption en tant que gay, la coparentalité et les contextes d’enfant dans un cadre ex-hétéro, et vous connaîtrez toutes les dernières avancées juridiques en matière d’homoparentalité. »

    www.adfh.net (ADFH : Association des familles homoparentales)

     

    Une large place donnée aux anomalies sexuelles

    D’une manière générale, une large place est donnée aux anomalies sexuelles : elles sont abondamment étudiées, commentées et illustrées ; elles font aussi l’objet de nombreux exercices.

    Il s’agit souvent de poser deshypothèses et tirer des conclusions sur le rôle des gènes ou des hormones masculines et féminines. Ce qui correspond en effet à une démarche scientifique.

    Pourtant, ce n’est pas toujours le cas : certains de ces exercices ne sont pas forcément nécessaires à la compréhension des phénomènes biologiques observés(1).

    (1) Cf exemple Bordas, S, p. 234, 2 texte et illustration et p. 238, document A ; Nathan ES-L, p. 200 ; Hatier 1e L/ES, p. 185, etc.

    D’ailleurs, au lieu de parler « d’anomalies » - terme habituellement employé en biologie pour nommer ce qui diffère de la normalité -, le Hatier(2) utilise le terme « doriginalités surprenantes ».

    Sans doute n’ose-t-il même plus employer le terme «d’anomalie ». En science, il est pourtant nécessaire de nommer les choses.

    Certains manuels(3) décrivent des cas de femmes (donc XX) ayant une apparence masculine et réciproquement.

    Ils sont présentés comme « hommes XX et femmes XY ».

    En fait, ce sont des hommes avec un phénotype (aspect) féminin et des femmes avec un phénotype masculin.

    La rigueur et l’honnêteté scientifiques et pédagogiques auraient dû conduire les auteurs à mettre entre guillemets les termes « hommes » et « femmes ».

    (2) 1 L/ES, p.178

    (3) Par exemple, Hatier 1e ES-L, p. 178 ; Bordas 1e S, p. 238


    Des genres et orientations sexuelles hors-normes abondamment représentés

    Un visuel (photo, dessin ou autre) n’est jamais anodin. Bien plus, son impact peut être très fort, comme on le voit en publicité.

    Or les visuels sont très utilisés, par exemple dans les manuels scolaires. Ceux qu’on y trouve font parfois passer l’idée que  les personnes d’orientation autre qu’hétérosexuelle ne sont pas acceptées, qu’elles doivent manifester pour être reconnues... On est alors dans une expression d’ordre politique et non plus biologique.

    Certaines de ces représentations sont d’ailleurs réalisées et diffusées par des mouvements comme le collectifLGBTQI (lesbien, gay, bi, trans, queer, indifférent) qui militent pour la banalisation de l’homosexualité et la reconnaissance du «  mariage  » homosexuel et de l’homoparentalité.


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    Des genres et orientations sexuelles présentés comme reconnus depuis longtemps dans divers groupes humains

    Des manuels évoquent des groupes humains qui auraient reconnu ou reconnaîtraient l’existence d’un «  troisième genre »(1). Les fa’afafines, par exemple, que les habitants desîles Tonga (Polynésie) considé-reraient comme n’étant ni homme ni femme. Ils ont en effet fasciné nombre de spé-cialistes de la théorie du genre dont Judith Butler. Or les habitants des îles Tonga ont souvent dénoncé le fait que le cas des fa’afafines avait été surinterprété, que leur statut n’a rien à voir avec nos conceptions occidentales de l’identité sexuelle. D’abord parce qu’il semble que ces garçons ont été élevés comme des filles dès la naissance, ce qui signifie qu’ils ne l’ont pas choisi, mais que cela leur a été imposé. D’autre part, la société tonga traditionnelle était en fait très stricte sur le comportement sexuel des hommes et des femmes, et en particulier avant le mariage. Contrairement à ce qui a été énoncé, la société tonga ne valide donc pas l’idée que lorsqu’un groupe humain n’est pas « corrompu  » par la civilisation, il est alors libre sexuellement.

    (1) Bordas 1 S, p. 248


    L’assistance médicale à la procréation (AMP) permet-elle à deux personnes de même sexe d’avoir des enfants ?

    Non, deux personnes de même sexe ne forment pas un couple et ne peuvent en aucun cas donner naissance à un enfant : quelle que soit la technique employée, la conception d’un enfant nécessite TOUJOURS l’union d’un gamète féminin (ovocyte) avec un gamète masculin (spermatozoïde).

    L’AMP conduit nécessairement à utiliser un gamète d’une personne d’un autre sexe : la femme doit recourir à un donneur anonyme ou connu, et l’homme doit passer par une donneuse d’ovocyte et mère porteuse.


    7- Un sujet non biologique : l’identité et l’orientation sexuelle

    « Être gay, lesbienne, bisexuel(le), ce n’est pas facile à vivre tant les préjugés sont tenaces. Tout le monde a le droit élémentaire à une sexualité épanouie. »

    Manuel hachette 1ère p. 179 


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    Identité et orientation sexuelle

    Le sujet de l’identité et de l’orientation sexuelle est important. Cette question va cependant bien au-delà de la biologie. C’est notamment un sujet du domaine de la psychologie. Pour l’immense majorité des êtres humains, leur identité et leur orientation sexuelles sont en cohérence et sans problème : les personnes de sexe féminin sont femmes et attirées par les hommes, les personnes de sexe masculin sont hommes et attirées par les femmes.

    S’il arrive en effet que cela ne se passe pas ainsi, c’est une question qui mérite d’être étudiée. Mais la problématique de l'homosexualité, de la bisexualité ou de la transsexualité ne sont pas du domaine de la biologie : de ce point de vue, chaque être humain est homme ou femme.

     

    La théorie du genre présentée aux jeunes

    La théorie du genre est souvent présentée, notamment dans les manuels destinés aux jeunes, comme s’il s’agissait d’un fait scientifique démontré. Il est écrit par exemple que : « L’identité sexuelle, c’est-à-dire le genre (masculin ou féminin) dans lequel nous sommes socialement reconnus, ne dépend pas uniquement du sexe phénotypique à la naissance.

    Cette identité sexuelle s’établit dans la petite enfance et la façon dont le jeune enfant est éduqué joue un rôle important »(1). Ou encore : « Le sexe biologique nous identifie mâle ou femelle, mais ce n’est pas pour autant que nous pouvons nous qualifier de féminin ou de masculin(2) ».

    Conformément à la théorie du genre, sexe et genre sont explicitement présentés comme étant distincts. 

    (1) Bordas, 1 L-ES, p. 166

    (2) Hachette éducation, 1ère L/ES, p. 170 

     

    Le sujet de l’identité et de l’orientation sexuelle ne relève pas du domaine de la biologie. Bien qu’il ne s’agisse que d’une hypothèse, la question est quasi-systématiquement abordée dans l’optique de la théorie du genre.


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    La distinction entre sexe et genre

    « L’identité sexuelle se réfère au genre sous lequel une personne est socialement reconnue »(1) peut on lire par exemple.

    Et ce texte poursuit : « L’identité sexuelle dépend d’une part du genre conféré à la naissance (), d’autre part du conditionnement social. En effet, chacun apprend à devenir homme ou femme selon son environnement, car on ne s’occupe pas d’un petit garçon comme d’une petite fille »

    (1) Bordas, 1 L/ES p. 173

    On trouve ailleurs(2) deux textes sur l’identité sexuelle dont un extrait d’un manuel de sexologie.

    L’un d’eux explique que «  l’identité sexuelle est déterminée par la perception subjective que l’on a de son propre sexe et de son orientation sexuelle ».

    Certes, il est vrai qu’on ne s’occupe pas tout à fait de la même manière d’un garçon et d’une fille.

    (2) Hachette 1 L/ES p. 170

     

    Depuis les débuts de l’humanité, on prend en effet en compte dans l’éducation le sexe de chacun.

    On met logiquement en harmonie le sexe et le genre de la personne : on éduque la petite fille comme une personne qui deviendra plus tard une femme et une mère.

    Et on éduque le petit garçon comme une personne qui deviendra plus tard un homme et un père.

    Cela ne veut pas dire, naturellement, qu’il n’y ait rien à revoir dans l’éducation donnée aux uns et autres, notamment dans les rapports homme / femme. Mais, au moins, l’éducation tient compte de la réalité de chacun.

    Le rôle culturel et social du genre est survalorisé, tout en laissant de côté la dimension objective, celle du sexe.

    Elle est pourtant bien la dimension fondatrice de notre identité sexuelle.

     

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    Identité sexuelle et orientation sexuelle

     

    Dans la théorie du genre, chaque dimension - sexe biologique, identité, orientation... - est séparée, voire opposée, comme si elles n’étaient pas intrinsèquement liées les unes au autres.

     

    « À côté de l’identité sexuelle, il existe un autre aspect personnel de la sexualité : c’est l’orientation sexuelle » peut-on lire(1).

    (1)         Bordas; 1 L/ES p. 173 

    «  Le terme d’orientation sexuelle désigne le désir affectif et sexuel, l’attirance érotique qui peut porter sur les personnes du même sexe, sur celles du sexe opposé ou indistinctement sur l’un ou sur l’autre sexe. L’orientation sexuelle peut varier de l’hétérosexualité exclusive à l’homosexualité exclusive et inclut la bisexualité »indique l’un des manuels(2), tandis que l’autre(3) écrit «  Je peux être un homme et être attiré par les femmes. Mais je peux aussi me sentir attiré par les hommes. Et je peux être une femme attirée par les hommes, ou une femme attirée par les femmes ».

    (2) Hachette, p. 171

    (3) Belin, p. 133

     

    Ces textes sont accompagnés de visuels, dont l’un est une affiche de la Journée Internationale contre l’homophobie qui présente un nouveau-né avec un bracelet de naissance sur lequel on ne lit pas un prénom, mais le terme «  homosexuel ». La légende indique : « On ne choisit pas son orientation sexuelle ». Cette affirmation est plutôt paradoxale puisque, précisément, ces manuels ne cessent d’inciter à choisir librement sa sexualité.

    Un autre encore(4) indique que « le partenaire ou le moment du premier rapport sexuel sont des choix individuels ».

     

    Parmi les autres visuels illustrant la question de l’orientation sexuelle, on trouve deux affiches de films racontant l’histoire de personnes homosexuelles(5). Au contraire de celle qui montre une famille sur la même double-page du manuel, les acteurs présentés ici sont sympathiques, beaux, «  branchés  », etc. En outre, les élèves sont invités à aller « chercher sur internet des informations concernant les deux films cités dans ce document… »

    Dans ces pages, le parti pris est tel que l’on peut s’interroger sur l’objectif : s’agit-il de promouvoir l’homosexualité ? 

    (4) Bordas, S, p.243

    (5) Nathan, p. 191

     

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    Le transsexualisme

     

    Alors même qu’il s’agit d’un phénomène très rare, le transsexualisme fait partie des sujets actuels :

    La transsexualité « se caractérise par la conviction profonde et durable, chez un sujet normalement constitué, d’appartenir au sexe opposé à celui de son anatomie.
    Cette conviction s’accompagne d’un sentiment d’inconfort et d’inadéquation quant à son sexe, avec un désir intense et obsédant d’être débarrassé de ses caractéristiques sexuelles ainsi que d’acquérir celle de l’autre sexe »(1).

    (1) Hachette en p. 170

    Certains vont jusqu’à expliquer comment «  changer  » de sexe grâce aux traitements hormonaux et chirurgicaux(2).

    (2) Bordas en p. 173 par exemple

    Pourquoi donner tant d’informations sur ce type de parcours ? Il n’est pas précisé, en outre, que l’intervention chirurgicale de « réassignation sexuelle » n’est qu’apparente : seuls les organes génitaux externes sont reconstitués (plus ou moins bien), pas les organes internes.

    Les transsexuels masculins (c’est-à-dire hommes à l’origine) sont donc définitivement stériles : ayant été mutilés, ils ne peuvent plus être pères.

    Cependant, il est intéressant de constater que l’importance et la signification du sexe biologique reviennent «  en surface  »… par cette question du transsexualisme : on voit bien, ici, que l’inadéquation entre sexe et genre est problématique.
    Dire que l’on peut aller sans dommage de l’un à l’autre genre est faux.

    On note aussi que les transsexuels sont décrits comme « normalement constitués » : le transsexualisme ne s’explique donc pas par la biologie (contrairement à ce que certains discours pourraient laisser penser) : Il s’agit bien d’une problématique psychique liée au refus du corps réel.

     

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    Les mineurs sont libres de leur orientation sexuelle

    Le manuel Hachette(1) consacre un long paragraphe au fait que « le droit français protège la pratique de la sexualité (La majorité sexuelle est fixée à quinze ans). Le mineur est libre de ses orientations sexuelles, c’est-à-dire qu’il peut avoir des relations sexuelles soit avec un homme, soit avec une femme ».

    (1) p. 171

    En réalité, la notion de « majorité sexuelle » ne figure dans aucun article des codes pénal et civil. Ce qui existe, en fait, ce sont des lois qui visent à protéger en particulier les mineurs d’abus de personnes plus âgées. C’est pourquoi les infractions sexuelles commises à l’encontre d’un mineur de moins de 15 ans sont spécifiquement évoquées.

    En outre, pourquoi insister systématiquement sur la possibilité d’avoir des relations avec l’un ou l’autre sexe, comme si c’était indifférent ?


    L’orientation sexuelle d’une personne fait partie de sa vie privée

    Certains insistent sur le fait que la sexualité ne regarde que l’intéressé : elle« relève de l’intimité et de la sphère privée, elle doit être respectée(2) ».

    (2) p. 191

    Après lecture de ces informations, les jeunes auront bien compris qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent et que la loi les protège même des conseils de leurs parents.


    L’hétérosexualité intéresse-t-elle encore notre société ?

    Même si l’on peut discuter sur un comportement, on a bien-sûr toujours le devoir de respecter les personnes.

    Néanmoins, la dénonciation insistante de l’homophobie finit par devenir une présentation indifférente de toutes les orientations sexuelles(3) comme si elles étaient toutes équivalentes.

    (3) Voir aussi le Belin 1 L/ES, p. 144

    L’homosexualité a une importance inversement proportionnelle à la réalité de sa place dans la population.

     

    A contrario de l’homosexualité, la relation homme/femme est peu abordée.


    8- À propos du désir sexuel

    « Si dans un groupe social, il existe une très forte valorisation du couple hétérosexuel et une forte homophobie, la probabilité est grande que la majorité des jeunes apprennent des scénarios hétérosexuels. »

    Manuel Hachette 1ère L/ES, p. 182

     

    À propos du désir sexuel : une conclusion erronée

    La sexualité est présentée comme une simple « activité », distincte de la procréation. Elle aurait essentiellement le plaisir pour finalité.

    Et, alors que ces pages évoquent largement la liberté sexuelle, le respect dû à la vie privée et autres sujets qui ne relèvent pas de la biologie, aucun lien n’est fait en revanche entre sexualité et relation à l’autre.

    La sexualité humaine est au contraire systématiquement comparée à celle des grands primates(1). Si la comparaison vaut pour certains points, elle est très insuffisante pour décrire la particularité de la sexualité humaine (avec ses dimensions affective, sociale, responsable...).

    (1) Nathan, L/ES, p. 205 ; Bordas, L/ES, p. 178 ; Hatier, L/ES, p. 186, etc.

    Le « système de récompense » présent dans le cortex cérébral des primates hominoïdes (chimpanzé, bonobo, homme) est présenté par les manuels.

    Ce « système », qui est à l’origine du plaisir liée à l’activité sexuelle, est présenté comme suivant un schéma « désir – action – satisfaction ».

    De prime abord, ce chapitre s’appuie sur des faits scientifiques observés puisqu’il étudie le rôle des hormones et l’emplacement des aires cérébrales concernées par ce « système ».

    Cependant, des documents sur « les contextes culturels et comportements sexuels »sont présentés aux jeunes dans ce même chapitre. L’un des documents du Hatier(2) porte par exemple pour titre : « Un contexte culturel qui influence le comportement sexuel humain ».

    (2) 1 S, p. 193

    Il y a donc un amalgame entre faits biologiques constatés et faits d’ordre socio-culturel, susceptibles d’être interprétés et sujets de débats.

    Il s’agit en fait d’expliquer que le cortex cérébral, très adaptable, éprouverait ce schéma «  désir-action-récompense  » en fonction du contexte socioculturel qui l’a marqué.

    Pourquoi passe-t-on ainsi du biologique au culturel  ? Le manuel Hachette conclu (3) en tout cas que nos contemporains fréquentant plutôt des hétérosexuels, leur système de récompense serait « programmé » dès la naissance pour l’hétérosexualité.

    Ainsi, dans certains cas, ce chapitre de biologie fait passer l’idée que l’hétérosexualité n’aurait la préférence d’une très grande majorité des êtres humains que par simple imprégnation culturelle et non par le fait même de la condition humaine.

    (3) 1 L/ES, p. 182


    Fondation Jérôme Lejeune

    Livret à l'usage des élèves de 1ère : Décryptage de la Théorie du Genre
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  • Fabrice Hadjadj & l'embryon : on ferait mieux de se demander si l'on est face à de la vie humaine ou pas.

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    À l'occasion du débat parlementaire sur la recherche sur l'embryon, le philosophe FABRICE HADJADJ examine LE STATUT DE L'EMBRYON.  

    fabrice hadjadj,embryon,personne 

    Ce mardi 16 juillet, l'Assemblée nationale a voté une proposition de loi autorisant la recherche sur l'embryon en France. Le philosophe ­Fabrice ­Hadjadj, directeur de Philanthropos, l'Institut Européen d'Études Anthropologiques (Fribourg, Suisse), analyse, dans un entretien ci-dessous, la complexité du statut de l'embryon humain, qui ne peut être ramené à un simple amas de quelques cellules. Il répond ainsi au professeur René Frydman qui, dans Le Figaro, le vendredi 12 juillet, affirmait de son côté: « Pour moi, l'embryon n'est pas une personne humaine », et estimait en particulier qu'interdire la recherche sur l'embryon était « incohérent et rétrograde ». Le débat continue avec le point de vue du philosophe, cette fois.

    LE FIGARO. - Beaucoup affirment que « l'embryon n'est pas une personne ». Qu'en pensez-vous ?


    Fabrice HADJADJ. - C'est curieux, on ne vient jamais chercher un philosophe pour effectuer une PMA ; mais on n'hésite pas à demander à un médecin de se prononcer sur des questions philosophiques. Je rappelle que la notion de personne est une notion métaphysique, d'origine théologique même, et qu'on ne peut l'employer comme ça sans être plus arriviste et plus fat que « Le Bourgeois Gentilhomme ». D'ailleurs, je ne sais si vous avez remarqué, on s'évertue à dire l' « embryon », tout court. Mais de quoi s'agit-il ? D'un embryon de veau, de macaque, d'ornithorynque ? Non, il s'agit d'un embryon humain. M. Frydman a beau jeu d'argumenter en disant: « Un œil non averti ne peut différencier un embryon de souris d'un embryon humain. » Lui, le défenseur du « in vitro veritas », connaissant la génétique et maniant le microscope électronique, refuse tout d'un coup de voir le code génétique de cet embryon, fait la promotion de l'« œil non averti ». Implante-t-il un embryon de souris chez les femmes qui lui demandent une PMA ? Pourquoi pas, si ça ne fait aucune différence ? L'évidence, c'est que l'embryon dont il est question est humain. Aucun scientifique ne peut dire le contraire. Or supprimer un être humain, c'est un homicide. Faire de l'être humain un matériau disponible, c'est le comble de l'exploitation. Je n'émets pas ici un jugement de valeur. Après tout, il peut y avoir des motifs d'être homicide, et de nombreux États ont légalisé l'exploitation et la manipulation des humains, au nom du progrès. Ce que je reproche, en tant que philosophe, c'est que l'on refuse d'appeler un chat un chat, et qu'on se livre à des détours de langage qui relèvent de la dissimulation.

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    LE FIGARO. - Si les choses sont si évidentes, pourquoi un tel débat ?


    Fabrice HADJADJ. - Un texte de Bertrand Monthubert, ancien secrétaire national à la recherche du PS, paru le 11 juillet, est assez significatif. Je cite son argumentation savoureuse dans sa grammaire très approximative : « L'embryon n'est pas une personne, la science est très claire là-dessus. Si c'étaient des personnes, ça voudrait dire que les embryons qu'on crée et qu'on détruit dans le cadre des FIV sont des assassinats. Ce n'est absolument pas le cas. » Tout y est. On parle de « l'embryon », sans préciser qu'il s'agit d'un embryon humain. On prétend que la notion de personne est « très claire » pour la science. Et l'on produit pour seul argument l'impossibilité d'être un assassin. La dénégation a donc deux causes. La première, c'est ce mot de « personne » et la confusion métaphysico-juridique qu'il induit. On ferait mieux de se demander si l'on est face à de la vie humaine ou pas.
    Or, puisque cette vie est humaine, la question est de savoir si l'on veut en rester à l'article 16 du Code civil, stipulant que « la loi garantit le respect de l'être humain dès le commencement de sa vie », ou s'il faut l'abandonner. La deuxième cause est dans la difficulté à reconnaître que, suivant une logique techniciste, nous avons créé une situation insoluble et insoutenable, devant laquelle notre conscience est déboussolée. En effet, ces 50.000 humains congelés, dont on voudrait surtout se servir comme réactifs pour des laboratoires pharmaceutiques, c'est quelque chose d'inimaginable. Il faudrait admettre que nous sommes déjà au-delà du « Meilleur des mondes » d'Aldous Huxley.


    LE FIGARO. - Est-il possible d'affirmer en même temps que l'embryon humain « n'est pas une personne », et qu'« il est une personne en devenir » dans la mesure où il s'inscrit dans un projet parental ?


    Fabrice HADJADJ. - Les scientifiques qui le soutiennent sont en vérité des adeptes de la magie noire. Abracadabra ! Je veux que ce soit une personne, et c'est une personne. Ça n'entre pas de mon projet, et pouf ! La personne disparaît ! On est vraiment dans le règne des apprentis sorciers. Mais cette manière de voir, si elle fait penser à la magie, est typiquement technocratique. Son principe est que la volonté prime sur l'être, et que dès lors tout le donné naturel, mon corps y compris, n'est qu'un matériau que je peux manipuler au gré de mes caprices. Je rappelle cependant ce que disait Hannah Arendt à la fin du Système totalitaire : l'essence du totalitarisme se trouve dans le refus de la naissance comme événement absolu, c'est-à-dire dans le fait de vouloir que l'individu n'ait de valeur que s'il s'inscrit dans une planification, que s'il est le rouage d'un dispositif antérieur à sa venue, qu'il s'agisse de l'idéologie du Parti, ou du projet des parents.

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    LE FIGARO. - Peut-on accepter les interruptions de grossesse et les destructions d'embryons sans projet parental et refuser la recherche sur l'embryon ?

     


    Fabrice HADJADJ. - Il est certain que tout cela est lié. Il faut d'ailleurs rappeler qu'une PMA, au final, fait détruire plus d'embryons qu'un avortement. De nouveau, je ne prétends pas me situer au niveau éthique, et surtout pas de cette éthique dont tout le monde aujourd'hui se sert comme d'une étiquette, pour se payer sa bonne conscience. Je constate simplement que nous sommes entrés dans une ère de manipulation radicale (c'est-à-dire dès la racine) de la vie humaine… Malgré tout, le changement de loi auquel on veut procéder n'est pas anecdotique. Jusqu'à présent, au point de vue législatif, le principe est le respect de la vie humaine, et la destruction ou l'utilisation d'embryons humains (on pourrait même dire la « marchandisation ») ne sont permises qu'à titre dérogatoire. Aujourd'hui, il s'agit de faire de la dérogation un principe, et d'inscrire comme prescription positive la réduction de l'humain à un pur matériau.


    LE FIGARO. - Ne devrait-on pas vous taxer de rétrograde ?


    Fabrice HADJADJ. - D'où vient cette rhétorique du « grand bond en avant » ? Avec elle, Mao fit 30 millions de morts. Il est bon de faire marche arrière quand on est au bord du précipice. En outre, ce qui est rétrograde, c'est de ne pas suivre la voie ouverte par le Prix ­Nobel de médecine, le Pr Yamanaka, avec ses cellules reprogrammées, lesquelles ne posent aucun problème éthique. Mais nous nous enferrons dans la recherche à partir d'embryons humains (sans doute, au fond, comme un moyen d'éviter à notre conscience le malaise d'avoir à les détruire) et nous laissons le Japon nous devancer dans des méthodes qui ont déjà donné de meilleurs résultats.


    LE FIGARO. - Peut-on dire que ceux qui s'opposent à la loi sont toujours sous l'influence de l'Église Catholique ?


    Fabrice HADJADJ. - M. Frydman l'a prétendu dans vos colonnes. Ce qui est doublement déloyal. Première déloyauté : faire croire que tous ceux qui s'opposent à ses opinions sont des fidéistes irrationnels. C'est tout à fait dans le style du procès stalinien. Seconde déloyauté : il se laisse présenter comme le « père du premier bébé-éprouvette ». Mais où est donc passé Jacques Testart ? Pourquoi ne parle-t-on plus de lui comme pionnier de la fécondation in vitro ? Précisément parce que, sans être catholique, Testart a dénoncé ceux qui « applaudissent religieusement à toutes les productions de laboratoire ». Il y aurait beaucoup à dire sur l'obscurantisme scientiste et ses fanatiques aujourd'hui.

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    Le Figaro
    15 juillet 2013

     

     

  • Les Antigones : Nous ne laisserons pas enterrer la common decency, le bon sens et la dignité qui devraient présider aux lois et aux évolutions de notre société

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    Le Manifeste des Antigones

    Nous, Antigones voulons jouer le premier rôle dans notre avenir de femmes. Nous entendons proposer une logique différente de celle que l'on entend sur les plateaux de télévision. Les femmes ne sont pas une minorité opprimée, elles sont la moitié de l'humanité!
    Nous ne nous battons pas pour revendiquer de nouveaux droits, nous nous battons pour bien plus que cela : nous voulons donner un autre sens à l'engagement des femmes dans la Cité, avec dignité et responsabilité.

    Nous voulons réfléchir à ce que les femmes peuvent apporter à la société et non simplement à ce qu'elles peuvent en retirer pour elles-mêmes. Nous souhaitons ouvrir des portes que beaucoup veulent laisser closes. Nous avons beaucoup de questions à débattre, pour lesquelles nous n'avons pas de réponses toute prêtes.
    Nous voulons y répondre avec toutes les femmes partageant nos principes et qui se joignent à l'aventure des Antigones. Que chacune s'exprime, car c'est toutes ensemble que nous élaborerons des réponses novatrices et des solutions constructives pour sortir des impasses dans lesquelles nous sommes aujourd'hui, afin de bâtir librement notre avenir.

    Les Antigones sont un rassemblement de femmes qui ont décidé de ne plus subir. 
    Ce rassemblement est sans subordination partisane ou confessionnelle. Nous ne prétendons pas représenter toutes les femmes : nous sommes de celles qui veulent entrer dans l'Agora pour intervenir dans le débat public et agir socialement.

    Nous ne nous reconnaissons pas dans la vision que nous imposent l'idéologie ultra-minoritaire, mais dominante dans les sphères médiatique et politique : théorie du genre et sextrémisme.
    Si la première action des Antigones était une insurrection contre les Femen, s'opposer à elles n'est pas notre finalité.
    Nous voulons prendre une part active aux débats autour de questions qui touchent à la condition féminine : relations hommes-femmes, famille, conditions de travail, quotas et parité, marchandisation des corps et de la vie...


    Nos principes

    Nous, Antigones, prônons la féminité pour les femmes : c'est notre nature cohérente et profonde. L'affirmer est le premier pas afin d'enrichir la société du meilleur de nous-même.

    Dans un monde où règne l'individualisme, beaucoup ne peuvent se réaliser pleinement. Or, chacune d'entre nous porte en elle la promesse de devenir une femme accomplie et engagée. Les Antigones proposent une voie pour y parvenir. Les femmes ont une sensibilité différente, une volonté différente, des moyens d'actions différents de ceux des hommes. Ces différences sont une richesse à cultiver et cette altérité est féconde sur tous les plans.
    C'est pourquoi, nous construisons notre démarche sur la complémentarité des sexes. Décidément, non, la femme n'est pas un homme comme les autres.

    Nous, Antigones, privilégions la légitimité sur la légalité. Si des lois écrites par des hommes outrepassent les lois naturelles - c'est-à-dire les normes non écrites qui sont le socle de l'expérience humaine - nous avons le devoir de nous rebeller. Nous ne laisserons pas enterrer la common decency, le bon sens et la dignité qui devraient présider aux lois et aux évolutions de notre société.

    Nous, Antigones, prônons les libertés. Dans ce monde atomisé, où les individus n'ont presque plus que des rapports marchands, nous voulons porter une parole libératrice. Notre démarche se veut fondamentalement émancipatrice.
    Notre nature féminine, constructive et tournée vers la vie, nous pousse à vouloir tisser le lien social, essentiel à la liberté et à la solidarité.
    Comme l'a écrit Albert Camus « Il n'y a que l'amour qui nous rende à nous-mêmes.»



    Les Antigones
    le 8 juin 2013 


    Retrouvez toute l'actualité des Antigones sur http://antigones.fr/
    Pour nous rejoindre une adresse : rejoindre@antigones.fr

  • La sainte colère du Père Daniel-Ange

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    "Nous refusons de pervertir nos enfants avec vos stupidités !"

    "Nous sommes en plein régime idéologique totalitaire qui nous est imposé. Et le pire encore ce sont les petits…"

    "Tout ce que je dit c'est en train de se passer maintenant !"

  • Nous, prêtres, serons contraints d’entrer en résistance car le problème posé par ce rituel de mariage républicain est qu’il est un culte qui ne s’adresse pas à Dieu mais à l’idéologie de l’homme-Dieu comme entité divine

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    Lettre du Père Ignace Jalenques, de la communauté Saint Jean à ses frères prêtres et à tous les fidèles :

    « Chers frères dans le sacerdoce, chers frères chrétiens, membres du corps du Christ.

    Ainsi dans la nuit du 9 au 10 avril 2013 le Sénat, votait l’article 1 de la loi Taubira, avec un détail que je veux relever ici, car un masque de plus tombe dans cette mascarade. Il a été ajouté la mention de mariage « républicain » déjà demandé par notre théologien de la république Alain Tourret dont on se souvient de l’homélie de 19 mn lors de l’audition des responsables religieux à l’Assemblée nationale le Jeudi 29 novembre 2012…

    Tout ceci est fort intéressant et révèle la finalité propre de l’idéologie se masquant sous les apparence d’une loi qui n’a de loi que la technique (cf. chacune des interventions de Mme Taubira qui décidément n’a pas d’autres arguments, quoique parfois, il faut le reconnaître, elle pimente un peu ses dires par des histoires tirée de « mavie.com »).

    Je m’explique, il existe en France une cérémonie civile : le baptême républicain en mairie (sic). Celui-ci n’a rien de nécessaire ni d’obligatoire puisque l’acte de naissance dans notre pays nous fait membre de la communauté. Au mieux sert-il à satisfaire celui dont on voudrait qu’il soit « parrain » (et encore qu’est-ce que cela signifie réellement ?) mais il refuse d’aller à l’église (puisque l'école de la République aidée d’une éducation médiatiquement contrôlée lui a fait avoir en horreur cette religion qu’il n’a d’ailleurs jamais approchée, en fait).

    Par contre le baptême chrétien lui, est nécessaire pour entrer dans la communauté, qui se nomme l’Église.

    Mais stupéfaction, lorsque je parvins après maintes recherches à trouver le rituel de ce « baptême républicain » pour essayer de comprendre, je le découvre avec le label GODF !!! Je découvre dans ce même rituel (de 87 pages : http://213.56.64.10/uploads/assets/file/rituels-rep.pdf) le mariage républicain (distingué du mariage civil) et les funérailles républicaines…

    L’effet de cette loi sera donc le suivant : le mariage civil, devient un mariage religieux et par conséquent il devient incompatible de nature avec une quelconque union dans n’importe quelle autre religion.

    Il me semble donc clair que le but de cette loi n’est l’égalité pour personne mais le remplacement d’une religion par une autre (les homosexuels sont utilisés et sacrifiés sur l’autel de la République et cet article révèle combien leur dignité, ils s’en foutent).

    Nous, prêtres, serons contraints d’entrer en résistance car le problème posé par ce rituel de mariage républicain est qu’il est un culte qui ne s’adresse pas à Dieu mais à l’idéologie de l’homme-Dieu comme entité divine. Or nul ne peux rendre un culte le matin à une divinité et l’après-midi à une autre sans mentir, ce qui serait fort dommageable au demeurant, pour le « plus beau jour de sa vie » pour le moment où je me donne à toi dans un don total de ma personne…

    Construire sur le mensonge : une incohérence qui ne gênera pas les moins scrupuleux, mais ça tombe bien car pour ceux-là le mariage ne signifie déjà plus rien… Serons-nous contraints de refuser le mariage à la Mairie pour pouvoir accueillir dans l’église ?

    Je voudrais terminer avec cette indication qui a guidé le père Jerzy Popieluszko (martyr en Pologne en 1982 tirée de l’épitre au Romain (12,21) : « Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais soit vainqueur du mal par le bien. »

    Père Ignace Jalenques, Communauté Saint-Jean

  • Que pèse un homme dans l’art aujourd’hui ?

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    Quel rapport y a-t-il entre l’art et l’écologie humaine ? Le mouvement culturel de l’Écologie Humaine s’est construit ces dernières années sur l’expérience de l’accueil et la défense des plus faibles, et se caractérise par une approche pragmatique de la personne, prise dans sa globalité, corps et esprit. Pour mieux aborder ce que l’écologie humaine et l’art, à l’heure de l’art contemporain – peuvent trouver en commun, il importe qu’une définition des concepts d’art soit partagée. Ce point commun trouvera vie dans le choix qui est imparti à chaque artiste, en l’occurrence de ce qu’on est prêt à laisser parler en soi.

    Qu’est-ce que l’art à l’heure contemporaine ?

    L’art et la culture, ces dernières décades, ont été le champ d’expé-rimentation de la culture de la déconstruction la plus avant-gardiste, que nous voyons aujourd’hui à l’œuvre sur le terrain sociétal, avec la même approche abstraite et conceptuelle que la loi sur le mariage à laquelle nous sommes confrontés. Déconstruction d’autant plus forte en France, que subventionnée, et imposée par l’État.

    L’art occidental est aujourd’hui à l’image du consumérisme et de l’individualisme de masse. Il revendique d’être la totalité de l’art, il trouve sa raison d’être dans le détournement  de  la mission de l’art, qui était d’exprimer par la beauté, et l’évocation de la vérité, l’existence en toute créature d’une transcendance, d’une histoire sacréeà l’image du Dieu fait homme des chrétiens ; l’art se pare maintenant d’être son propre but, et son apparition se présente comme une véritable révé-lation. La création artistique contemporaine revendique le surnaturel pour elle-même, dans l’horizon indépassable de la matérialité. La recherche de l’absolu et des fins ultimes se cantonne alors au pôle de la mélancolie et de la mort.

    L’art contemporain parle alors par énigmes et nécessite une véritable initiation. Il est aussi le résultat d’une véritable atomisation du langage, dans le sens où la réalité profonde de l’homme se voit laissée à des visions subjectives et partielles. L’art contemporain dissocie très souvent les deux dimensions, qui réunies, forment la totalité de la personne humaine, à savoir la dimension corporelle, et sa réalité de vie spirituelle, sa dignité intrinsèque et sacrée : tantôt un art conceptuel qui évacue la présence du corps, aussi bien dans l’idée qui préside à la création – le concept -, que dans le processus créatif (la peinture, la sculpture, faites avec les mains sont devenues très suspectes, à moins d’avoir comme sujet leur propre anéantissement) ; tantôt un art qui ne désigne comme réel que ce qui est visible. Pourtant, le désir profond d’associer l’art à la recherche de la vérité existe toujours. L’art qui partage les mêmes fondations que l’écologie humaine s’appuie sur le réel ; l’art se doit, en effet, pour être véritablement art, de tenir compte de la composante charnelle et de la composante spirituelle. La frontière passe donc entre réalisme matérialiste et un irréel spiritualiste qui nient tous deux la valeur réelle de la vie humaine, et constituent à son égard une véritable violence.

    Qu’est-on prêt à laisser parler en soi ?

    L’art et l’écologie humaine existent et fonctionnent grâce à une particularité humaine fragile, qui est aussi une boussole remarquable : le don de s’émerveiller.

    Le lien qui existe entre l’écologie humaine et l’art, passe au milieu de chacun de nous-même, ce lien est particulièrement fragile face à la volonté de puissance à laquelle nous sommes tous, en nous-mêmes, confrontés : la faculté de s’émerveiller, qui, loin d’être le produit de l’intelligence intellectuelle, est liée à la vie intérieure de chaque homme, qui a le choix de l’enterrer à chaque instant, ou de fonder sa vie dessus, à chaque instant. L’émerveillement procède d’abord de la réception, de l’accueil de quelque chose permis par l’acceptation de sa propre faiblesse.

    L’émerveillement, c’est la surprise face à la vie qui survient, face à la grâce de vivre, face à la réalité du mystère d’être, à la dimension infinie et de la personne et qui mérite que je témoigne de cette expérience. Le rôle que je m’accorde est donc celui de témoin de ce que j’ai vécu de plus fort, c’est-à-dire recevoir et accepter en moi quelque chose de vivant et de plus grand que moi. J’ai retenu le choix de l’émerveillement pour fonder mon travail de peintre.  Cette compréhension de l’essence de l’inspiration artistique propose de rentrer dans une expérience de contemplation, de me mettre en face de ce qu’il y a à saisir, plus sûrement qu’avec mes seules capacités intellectuelles, de la réalité profonde de notre condition d’homme. C’est-à-dire ce qui lie ma chair et mon esprit au mystère de l’Etre. Cette contemplation bienveillante ressemble véritablement à l’attitude que l’on peut avoir avec la personne handicapée, ou la personne en état de faiblesse, à ses tout débuts ou dans ses derniers instants.

    La force de l’art est l’éloge de la faiblesse. Ceci procède d’un véritable processus d’humanisation et d’éducation, celui du renoncement à la toute-puissance de ma volonté. En effet, dans le cas de l’artiste émerveillé, l’attitude première est que je cherche à aimer le monde plutôt qu’à vouloir le changer. D’où la véritable légitimité de l’art de la représentation qui, loin d’être seulement une volonté de copier, augmente la réalité par l’expérience de l’émerveillement. Pour conclure, je remercie le mouvement de l’Écologie Humaine, de s’interroger sur les liens qui unissent art et respect de la dignité humaine, et interroge mon expérience d’artiste. Je serais heureux de servir par mon art une vision de l’homme au nom de laquelle vous agissez, et que votre mouvement puisse proposer et promouvoir une vision de l’art qui lui corresponde. Ceci demande des moyens concrets comme des lieux spécialement dévolus à l’art, comme des galeries, ou d’autres manifestations culturelles.

    François-Xavier de Boissoudy
    Peintre
    in L’Écologie Humaine
    30 mai 2013

     

     

  • L’art et la culture, ces dernières décades, ont été le champ d’expérimentation de la culture de la déconstruction la plus avant-gardiste

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    Que faisons-nous-là à être assis par terre pendant ces heures tardives, en dehors de chez nous ?

    Nous répondons à un besoin vital d’être là.

    Nous sentons bien que ces moments ne sont pas vains : le Pouvoir nous pousse aujourd'hui à choisir à nouveau tout le socle de notre civilisation : ici, ou sur d’autres places de France, nous nous donnons maintenant des maîtres à penser et à vivre libres, des ancêtres pour réapprendre la liberté, non seulement pour lutter contre l'ordre nouveau qu'impose le gouvernement, mais pour nous refonder dans la culture dont nous nous sentons les héritiers, et être à notre tour la culture vivante ; Nous veillons à un avenir respirable pour nous-mêmes et pour nos descendants.

    Je vois les veilleurs comme une école de refondation personnelle et culturelle. Nous faisons l’expérience de notre liberté gagnée face à nos peurs, face aux menaces. 

     

    Nous sommes nous-mêmes paraboles, c’est-à-dire que nous incarnons, par l’expérience que nous vivons ici, en manifestant notre espérance, notre spiritualité, une vision pour le pays ; nous sommes les symboles vivants de la culture que nous promouvons. Cette culture qui se déploie par les textes qui nous sont lus, nous la vivons.

    L’art décrit et délimite la réalité ;

    Moi qui vous parle, je viens d’un secteur qui a été le laboratoire des changements nihilistes et libertaires qui touchent aujourd’hui la sphère intime de nos vies : celui de l’art et de la culture.

    L’art et la culture, ces dernières décades, ont été le champ d’expérimentation de la culture de la déconstruction la plus avant-gardiste, que nous voyons aujourd’hui à l’œuvre sur le terrain sociétal, avec la même approche abstraite et conceptuelle que la loi à laquelle nous sommes confrontés. Déconstruction d’autant plus forte que subventionnée, autorisée, et imposée par l’Etat. L’art dit contemporain est le plus souvent proposé comme un simple moyen de résistance par l’ironie à la société de consommation, et cette tendance, quand on aborde les questions existentielles et spirituelles : se mue en tentation du vide. La recherche de l’absolu d’une société sans transcendance aboutit à la mort absolue ;

    Aujourd’hui nous sommes la preuve vivante que la description de la réalité est fausse si l’Espérance n’y figure pas ; Quelle est donc en art cette espérance ?

    Face au constat amer et mélancolique contemporain de ne percevoir que la fin de tout être, et de toute chose matérielle, l’Espérance garde précieusement la faculté d’aimer la réalité et de s’émerveiller.

    Face aux signes de la présence de l’amour, l’émerveillement est ce moment intense de réception par tout l’être, de quelque chose qui lui est radicalement étranger. Ce n’est pas de l’ordre de l’idée, de la construction intellectuelle, mais de la réalité surprenante. Quelque chose qui survient, qui n’était pas là, et qui embrasse toute votre personne et la transforme. Un phénomène vivant, qui lie l’intimité de l’être au cosmos ; la chair à l’invisible.

    Je m’efforce dans ma peinture de témoigner de ces instants où j’accueille la pleine réalité, sans intellectuellement en faire le tour. Le surgissement du sublime.

    L’émerveillement est une expérience dont l’art a à témoigner ; L’émerveillement élargit la perception  de la réalité, et l’étend jusqu’à l’infini, l’émerveillement rend l’art fécond ; l’émerveillement accepté nous rend libre, et l’expérience artistique excitante.

    Nous sommes vraiment la société de la petite flamme, celle de ce que nous avons aperçu de la vie, celle que Bernanos appelle l’esprit d’enfance.

    Aujourd’hui, nous assis, silencieux, veilleurs, par notre présence même, refondons une culture pour la vie ensemble, vécue dans les principes de la réalité, celle de la chair, fondée sur la présence invariable d’un homme et d’une femme pour donner la vie, et celle de la spiritualité de l’amour fécond, qui ne sauraient être séparés.

    François-Xavier de Boissoudy, peintre

  • L'impasse Dominique Venner

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                         On pouvait apprécier Dominique Venner, historien en marge de la vie intellectuelle française, pour son courage, son honnêteté, son travail, tout en éprouvant une distance vis-à-vis de sa philosophie. C'était mon cas. J'étais depuis un an devenu lecteur assidu de sa Nouvelle Revue d'Histoire, dans laquelle je trouvais certaines références et un angle de vue rafraîchissant par rapport au climat intellectuel français ; toutefois, je ne partageais pas ses idées, notamment politiques et spirituelles. Mais c'est la chance de l'esprit que de se retrouver, par-delà ces différences, dans une recherche de la vérité et du sens. La fin extraordinaire qu'il s'est lui-même choisie éclaire d'un nouveau jour ce fond idéologique et religieux qu'il faut interroger.

      

                La fascination mortifère du passé dans laquelle son milieu politique (la droite nationaliste des années 50 et 60) risquait de se glacer, l'homme l'a sublimée au mieux par son engagement intellectuel à partir des années 70. Ce n'est pourtant pas sans recréer une identité fictive qu'il a élaboré une pensée de la volonté et des origines au parfum un peu allemand : un passé païen mythique dans tous les sens du terme, Heidegger et Nietzsche, l'idée fondamentale que le vouloir et l'être ne font qu'un. L'un des problèmes majeurs de l'intelligence humaine est sa propension à rêver le réel au lieu de le considérer, puis de le penser. Il y avait une part de lumière en Dominique Venner, celle qui, précisément, faisait le deuil de ce lyrisme qu'il sacrifiait au travail d'éclaircissement. Son dernier geste comme ses écrits montrent que la part ténébreuse, qui n'est autre que la part idéologique, l'aura emporté dans cette vie.

     

                Nous vivons un moment à proprement parler apocalyptique, les illusions se défont, la réalité montre ses aspects. L’obscurcissement augmente aujourd'hui avec les chances de le dissiper, par cette montée de l'intensité du temps, comme si le chaos et le dévoilement allaient de pair. Mais Dominique Venner n'est pas mort de la laideur de notre époque, qui pourra bien faire d'autres victimes plus faibles, il s'est laissé gagner par ses propres obscurités. Dans ses derniers messages, il s'inquiétait de l'effondrement spirituel et moral à travers sa contestation de la loi Taubira, mais aussi de la perspective d'une islamisation qui pourrait devenir totale, ce qu'il jugeait d'ailleurs un plus grave danger. Il y a assurément une violence dans le métissage imposé, le système du remplacement, le déracinement obligatoire que nous impose le pouvoir mondial à travers nos élites serviles. La haine de soi, le rejet de la terre, la culpabilisation des origines me sont devenus, comme à d'autres, insupportables ; en cela je comprends l'extrémité de son geste. Mais en vue de quoi a-t-il agi ? Il parle d'un « sacrifice » qui serait une « fondation ». Le suicide pourrait-il être fécond ? Laisse-t-il de l'espace, de la liberté pour nous saisir d'un avenir ? Faut-il faire un culte de ce geste et donc de sa personne, de son œuvre, pour « fonder » un espoir ? Mais de quoi ? Je vois finalement autant de pulsion de mort dans la négation des racines que dans leur exaltation en tant qu'absolu, et, autant je salue l'intellectuel pour son travail d'historien, autant son retour à une « mémoire identitaire » me semble une façon impérieuse de nous placer devant un passé aussi imposé et arbitraire que n'importe quelle idéologie plus triomphante aujourd'hui.

     

                Que dire aux amis, ou simplement aux personnes qui ne sont pas issus directement de cette mémoire européenne, comment proposer un avenir à partir d'un passé d'ailleurs un peu fantasmé ? Venner dénonçait une « métaphysique de l'illimité », le christianisme, destructrice de nos peuples, mais que doit-on dire de sa philosophie ? Si l'immigration massive et la logique du remplacement nous indignent, cela signifie-t-il que nous devons rester « entre soi » et ne pas nous adresser à tous ceux qui, aujourd'hui, vivent, pensent, font la France ? Quelle impasse ! Il ne fallait pas le lire beaucoup pour se rendre compte qu'il avait un compte à régler avec le christianisme, pour ne pas dire une haine à peine feutrée, mais rentrée contre lui. Il lui en voulait de son universalité dissolvante mais quoi, existerait-il un tel dilemme que de choisir entre l'universel et le particulier, les deux ne doivent-ils pas s'articuler dans l'exercice de l'amour ? Il y a plus. On a vu une partie de la blogosphère de droite et des animateurs de Radio Courtoisie, que je salue au passage, perdre un peu la raison devant ce geste inouï, s'empresser de nous dire que ce n'était ni folie ni désespoir, jusqu'à déclarer qu'il s'agissait d'un sacrifice héroïque et prometteur. Je m'inscris en faux.

     

                Il y a des formes de folie froide. L'homme commence ainsi sa lettre : « Je suis sain de corps et d’esprit, et suis comblé d’amour par ma femme et mes enfants. J’aime la vie ». On ne formule que ce qui ne va pas de soi... Se suicider en pleine possession de ses moyens, sans problème affectif, uniquement pour un idéal dont on a vu qu'il n'avait pas de contour précis ni de véritable générosité, relève d'une pathologie grave. Le désespoir, ici, ou la désespérance, sont patents : « C’est en décidant soi-même, en voulant vraiment son destin que l’on est vainqueur du néant. Et il n’y a pas d’échappatoire à cette exigence puisque nous n’avons que cette vie dans laquelle il nous appartient d’être entièrement nous-mêmes ou de n’être rien. » Voilà comment la « volonté » prométhéenne fait une boucle, finit par se détruire, et même par se nier jusqu'à la dérision, parce qu'elle s'est crue tout. Cette conjonction des pulsions de puissance et de mort entre en contradiction, d'ailleurs, avec sa critique de l'individualisme destructeur. Pour être quelque chose plutôt que rien, il faut se suicider devant l'autel de Notre-Dame, tout sacrifier, la vie, l'espoir, l'amour même, à la grandeur du symbole, à ce néant pourtant tant dénoncé. L'acte de Dominique Venner n'a pas de vraie grandeur : il cherche la grandeur – ce n'est pas la même chose. L'homme ose nous dire : « Il faudra certainement des gestes nouveaux, spectaculaires et symboliques pour ébranler les somnolences, secouer les consciences anesthésiées et réveiller la mémoire de nos origines. Nous entrons dans un temps où les paroles doivent être authentifiées par des actes. » Mais quelle cohérence y a-t-il entre ce suicide infamant pour la vie, profanateur pour l’Église, enfin destructeur de toute symbolique par son extrémisme même – et les ressources de l'identité ou la « fondation » d'un avenir ?

     

                Mes amis, rien n'est bon dans ce geste qui me fait même personnellement relire ce que je sais, ce que j'ai reçu de cet historien honorable en le remettant plus sévèrement en cause que je ne l'aurais fait. Il est des moments de séparation intellectuelle. Certains catholiques de sensibilité traditionaliste, en cette occasion, m'ont paru plus amoureux du sacré que du Christ et de l’Église. Les Évangiles produisent pourtant, à l'avance, une décapante critique du religieux formel et de la fausse grandeur. Rien de bon ne sortira de ce geste. Le lendemain, une « femen » imitait le sacrifié dans une parodie qu'il n'avait que trop méritée. Il aura ouvert une brèche, mais des plus mauvaises : qui font du passage à l'acte un langage et une concurrence. Je n'y vois que de l'orgueil et de la mort. Je veux défendre la vie. Je suis contre le suicide assisté. Contre le suicide-spectacle. Contre le lyrisme ou l'imaginaire qui obnubilent. « Méfiez-vous des faux prophètes, vous les reconnaîtrez à leurs fruits. » Amis qui aimez la France, qui désirez sa renaissance, oui, il existe un passé que nous devons connaître et chérir mais aussi un avenir à peupler, à conquérir, et c'est au présent, dans le réel, qu'il nous faut avancer avec tous nos frères, même ceux que nous croyons contre nous. « Aimez vos ennemis, priez pour ceux qui vous haïssent. » Tâchons de ne plus craindre, d'aimer et de convaincre. Et si nous avons besoin d'une boussole et d'un but, d'un horizon et d'un fondement, de racine et de ciel, enfin d'un ordre qui ouvre, ce n'est pas dans les fumées d'un paganisme de la force et de l'identité qu'on le trouvera, c'est dans le Christ et ce qu'il porte de fruits : la paix, l'humilité, la fermeté dans le combat, la charité, le désir de comprendre, la vocation de se donner – la volonté d'aller vers l'autre et le réel.

     

    Lucien Fornello
    pour
    La Vaillante

    le 24 mai 2013

     

     

     

     

     

  • Du fait de la question de l’enfant, le mariage pour tous est amené à disparaître

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     « Durant l’Antiquité, Socrate et le sophiste Protagoras se sont opposés au cours d’une controverse mémorable. À Protagoras qui déclarait que « l’Homme est la mesure de toutes choses », Socrate a répondu avec l’ironie cinglante qu’on lui connaît que c’est la folie qui devient la mesure de toutes choses quand tel est le cas. Pourquoi ? Parce que quand l’Homme mesure tout, plus rien ne mesure l’Homme.

    Les Sages du Conseil constitutionnel ont rendu leur verdict. Le mariage pour tous n’est pas anticonstitutionnel. Ce qui, dans le contexte actuel se comprend. Dans le monde laïc qui est le nôtre, la loi des hommes ayant remplacé la loi ontologique, il est normal qu’il en soit ainsi. Faisons du mariage un simple contrat comme un autre, le mariage pour tous n’a effectivement rien qui viole la loi. Quand quelqu’un souscrit un contrat d’assistance avec un vendeur de machines à laver, ce vendeur ne lui demande pas s’il est hétérosexuel ou pas. Il n’a pas à le faire. D’où la légitimité du mariage pour tous entendu comme contrat. Faisons du mariage un droit et rien qu’un droit. Ayant la même valeur qu’un contrat d’assistance avec un vendeur de machines à laver, il n’y a aucune raison de refuser le mariage aux homosexuels. Dans l’avenir toutefois, il est fort possible que le Conseil constitutionnel ait à repenser cela pour tous pour trois raisons.

    I- Dans un premier temps, très vite va se poser la question de la PMA (Procréation médicalement assistée) ainsi que celle de la GPA (Gestation pour autrui). Il va falloir alors se demander si, pour que les parents homosexuels soient des parents comme les autres, il est légal d’enlever son père à un enfant en remplaçant le père absent par des paillettes ou par un tiers. Tout comme il va falloir se demander s’il est légal d’enlever sa mère à un enfant en remplaçant celle-ci par le ventre d’une mère porteuse. L'État considère aujourd’hui le fait d’être un orphelin comme un drame qu’il faut secourir. Sera-t-il constitutionnel de promulguer le contraire ?

    II- Admettons que les Sages qui auront à statuer sur ce cas décident de ne pas autoriser la GPA pour ne pas condamner certains enfants à l’orphelinat par avance, comment vont-ils s’y prendre pour expliquer aux couples homosexuels qu’ils ont le droit de se marier mais pas d’avoir des enfants ? S’ils disent effectivement non, cela reviendra de fait de fait à supprimer le mariage pour tous en faisant de ce mariage un demi-mariage que les homosexuels n’accepteront certainement pas. D’où crise.

    III- À l’inverse, si, pour satisfaire le désir des couples homosexuels les Sages entérinent la PMA et la GPA, il faudra qu’ils expliquent aux Français qu’une nouvelle ère est venue. Celle d’une humanité sans filiation. Les êtres humains auront une traçabilité de leurs origines comme la viande. Mais ils n’auront pas plus de valeur qu’elle. Ce qui amènera à se demander si le Droit n’est pas en train de tuer l’Homme. D’où une autre crise.

    Autrement dit, quoi qu’il arrive, du fait de la question de l’enfant, le mariage pour tous est amené à disparaître. Sauf si, au nom du Droit souverain de l’Homme, on en décide autrement. Cela voudra dire alors qu’au nom du Droit et de l’égalité on n’est plus dans le Droit mais dans la violence et dans la folie. Et là, c’est Socrate qui aura raison. On est fou quand on pense que l’Homme et le Droit sont la mesure de toutes choses. »

     


    Bertrand Vergely

    In Atlantico
    Le 18 mai 2013

     

     

  • L'horizon historico-transcendantal qu'une minorité inattendue est en train de redécouvrir

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    Zenit - Pensez-vous sérieusement que la génération des veilleurs est l'héritière la plus authentique de l'espoir déçu de 68?

    Gérard Leclerc - Je le pense très sérieusement, du moins au sens précis de Clavel. Si ces jeunes gens se sont dressés contre le mariage pour tous, ce n'est pas seulement pour refuser la loi Taubira. Leur refus se dessine à partir d'une option fondamentale de civilisation, celle que Clavel avait bien mise en évidence. Je reprends sa formule« La culture c'est une option sur l'absolu. » Cela veut dire que ce qui inspire un art de vivre, une façon de vivre ensemble, de construire un monde commun, de concevoir l'économie, se réfère à un sens qui donne tout son prix à notre humanité. D'où la volonté des veilleurs de respirer, de méditer, d'ouvrir à un autre horizon. Cela s'est fait dans le cadre des grandes manifestations, et surtout à la suite de celle du 24 mars, où l'affrontement avec les forces de l'ordre a paru un moment faire dévier le mouvement. Allait-on s'amuser à jouer à cache-cache avec les flics dans tout Paris? N'y avait-il pas mieux à faire, en s'arrêtant, en se posant, pour réfléchir et voir plus loin?

    Nous retrouvons là l'horizon historico-transcendantal dont nous parlions et qui nous ramène à 68, à ce que 68 a raté magistralement, mais qu'une minorité inattendue est en train de redécouvrir.

    Vous parlez de minorité. N'est-ce pas la faiblesse principale de ce mouvement, qui malgré tout reste en décalage par rapport à sa propre génération complètement imprégnée par la culture dominante?

    Oui, c'est vrai, indiscutable. Je rappelle toutefois que c'était déjà le cas en 68, où la danse était menée par des groupuscules peut-être encore plus minoritaires qu'aujourd'hui. Par ailleurs il faut apprécier les qualités de ladite minorité. J'en ai déjà parlé dans un entretien précédent. Elle n'a pas son équivalent en fait de conviction par rapport au relativisme généralisé de l'époque, si ce n'est au nihilisme plus ou moins diffus ici et là. En quoi s'est-elle d'abord distingué, sinon par le courage d'être et de dire? C'est la première fois qu'on ose dire sans peur, sans complexe, qu'on est en désaccord avec la culture imposée, l'esthétique des médias, la bien-pensance ordinaire. Jusqu'ici toute velléité d'affirmation d'une différence se trouvait écrasée, sous le joug fatal de l'incrimination de ringardise. Eh bien, ça ne marche plus! Et c'est considérable. Désormais, il y a une force de refus et d'affirmation en même temps, que plus rien n’impressionnera. Cela fait contraste avec toute une période, où, notamment dans l'Église, on avait peur de son ombre, et où il fallait être le plus discret possible. C'est une des raisons essentielles pour lesquelles je crois que tout cela va franchir l'obstacle du prochain été.

    Comment tout ce qui s'est affirmé depuis plusieurs mois dans une épreuve de force politique peut-il se prolonger, au-delà de la bataille sur la loi Taubira?

    La difficulté est certaine, mais la façon dont elle sera négociée sera significative de la valeur de l'engagement des derniers mois. L'été sera sans doute propice à une réflexion générale, sans doute dans le cadre d'universités organisées par les uns et les autres. Il me semble, quant à moi, que cette réflexion se doit de distinguer les domaines, ou, si l'on veut, les ordres pascaliens.

    Je commence par le dernier, celui de la charité qui renvoie au domaine propre de l'Église, éventuellement à d'autres appartenances spirituelles. Guillaume Tabard, dans une chronique du Figaro, a finement remarqué que la tonalité de la résistance était donnée par la génération JMJ. Or, cette génération s'est forgée tout au long des pontificats de Jean-Paul II et de Benoît XVI, dans le sens d'un recentrement autour des fondamentaux du christianisme: la méditation de la parole, la sanctification par les sacrements, le service des autres à travers toutes les médiations de l'engagement.

    Toute la solidité des 50000 jeunes Français qui étaient présents aux JMJ de Madrid, repose sur ce socle. Sa pérennité est liée à une fécondité et à un dynamisme missionnaire qui trouvent leurs lieux privilégiés dans les réseaux des paroisses, des aumôneries et des mouvements. Je suis intimement persuadé que l'enjeu de la bataille du mariage et des autres réformes sociétales à venir constitue un stimulant puissant à une revivification générale du tissu ecclésial. C'est un premier point.

    Le second concerne l'ordre des médiations sociales elles-mêmes, qui sont liées au politique mais le nourrissent en le précédant. La Manif pour tous est la plus massive de ces structures qui organisent les tâches. Elle s'est formée à partir d'un objectif précis, elle a fait preuve d'une réactivité et d'une inventivité étonnantes. Elle sera sans doute amenée à se perpétuer, ne serait-ce qu'en se référant à de nouveaux objectifs, ceux que l'actualité imposera. Je pense à la loi annoncée sur la famille, si toutefois le gouvernement ne l'ajourne pas par la plus élémentaire prudence. Il y a aussi la loi sur la fin de vie, et tout ce qui concerne les questions bioéthiques. Après le vote de la loi Taubira, dans quelle mesure faudra-t-il étudier les procédures de l'objection de conscience, ne serait-ce que pour venir en aide aux officiers municipaux qui ne voudront pas procéder à des mariages homosexuels? Mais il y a aussi tous les mouvements ou associations qui existent déjà et qui continueront à alimenter la réflexion commune sur chacun des sujets en débat. Il est certain que l'Alliance VITA, pas la justesse de son positionnement et la qualité intellectuelle de ses cadres, continuera à jouer un rôle tout à fait essentiel dans cette affaire.

    Je suis également persuadé qu'il y aura lieu de multiplier les think tanks où philosophes, théologiens, juristes, scientifiques seraient en mesure d'approfondir les questions en suspens. Que l'on prenne celle de l'homosexualité par exemple: je suis frappé par l'intérêt de tout ce qu'a apporté sur ce sujet un Philippe Ariño. On a bien eu raison de distinguer le combat pour le mariage des problèmes posés par l'homosexualité, et je pense extrêmement dangereuse toute tentative d'en faire un objectif de combat. Mais cela n'empêche pas que l'on réfléchisse à frais nouveaux sur cette condition particulière que la culture contemporaine a tenté de masquer voire de travestir par toute une propagande. La sociologue Irène Théry s'est beaucoup répandue sur les divers médias pour imposer une justification des mutations de la famille. On ne lui a pas assez répondu, alors qu'elle est l'interprète de cette révolution sociétale que le pouvoir cautionne. Il ne suffit pas de brandir les principes d'une morale dite naturelle pour répondre à toutes les difficultés inhérentes à l'éclatement de la famille. Je m'arrête là, en ayant bien conscience qu'il faudra aller beaucoup plus loin dans les recherches et les propositions.

    Troisième et dernier point, le combat politique. Il y aurait lieu d'analyser sérieusement comment les choses se sont déroulées et enchaînées depuis septembre 2012. La Manif pour tous a forcément travaillé avec la représentation parlementaire, celle qui dans l'opposition affrontait directement le gouvernement. Il me semble qu'il y a toujours eu distinction des rôles au travers d'une coopération très intense. On peut dire aussi que c'est la mobilisation entraînée et sans cesse dynamisée par la Manif pour tous, qui a produit une sorte de métamorphose à l'intérieur de l'UMP. Hervé Mariton, Jean-Frédéric Poisson, Philippe Gosselin, Henri Guaino et Christian Jacob (je ne puis les nommer tous) n'ont pu déployer leur talent au Palais Bourbon que parce qu'ils avaient derrière eux tout cet élan populaire et parce que l'UMP se trouvait ainsi provoquée à la résistance. Ce n'était pas gagné d'avance, parce que des personnages aussi importants que Nathalie Kosciusko-Morizet et Bruno Le Maire, voire Alain Juppé, étaient sur une extrême réserve, craignant de s'associer à un combat à leurs yeux retardataire. Il faut ajouter qu'on a découvert que le Front national n'était pas très mobilisé sur le sujet. L'absence de Marine le Pen à tous les rassemblements a bien montré qu'elle ne situait pas l'axe de son combat de ce côté-là. En revanche, il faut reconnaître au journal Le Monde d'avoir mis en évidence une donnée tout à fait originale, liée à cette mobilisation étonnante et sans précédents. Il y a désormais un phénomène de génération qui atteint les jeunes militants et militantes et qui transcende les partis. La mobilisation a créé une sorte d'âme commune qui aura beaucoup de conséquences pour l'avenir. Lorsqu'on écoute la jeune Marion Maréchal-Le Pen, il est patent qu'elle appartient d'abord à sa génération dont elle parle le langage, sans avoir peur de dire au passage qu'elle est inspirée par sa foi.

    Tout cela pour dire que le champ politique s'est ouvert et qu'il laisse la possibilité à de nouvelles initiatives dont il faudra inventer au fur et à mesure les formes.

    J'en conclus très provisoirement que rien ne va s'arrêter et que, bien au contraire, une nouvelle étape s'annonce, aussi passionnante que celle que nous venons de vivre.

     

    Propos recueillis par Anita Bourdin

    Zenit, 17 mai 3013

     

     

  • Nous continuerons à manifester avec notre petite épiphanie de créature, en chair, en os et en esprit.

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            POUR UN MANIFESTE DES ÉMERVEILLÉS


    Mandala Hildegarde.jpgNous ne sommes pas des indignés. Ce qui nous anime est un sentiment plus primitif, plus positif, plus accueillant – il s’agit de cette passion que Descartes considère comme la première et la plus fondamentale de toutes : l’admiration. Elle est première parce qu’elle s’éprouve devant des choses qui nous précèdent, nous surprennent, que nous n’avons pas planifiées : les lis des champs, les oiseaux du ciel, les visages, tous les printemps... Avant de nous satisfaire de l’œuvre de nos mains ou de la victoire de nos principes, nous admirons ce donné naturel. Telle est la coloration affective que nous cherchons à faire entrer dans nos actions. Elles ne sont pas motivées par une humeur chagrine ou revendicatrice. Elles ne sont pas imbibées d’amertume. Elles voudraient n’être que des actions de grâces. Car, à partir de cette admiration première, elles doivent fleurir en gratitude envers la vie reçue, notre origine terrestre et charnelle : ce fait que nous ne nous sommes pas faits, mais que nous sommes nés, d’un homme et d’une femme, selon un ordre qui leur échappait à eux-mêmes.


    Loin d’être des spiritualistes ou des moralisateurs, nous reconnaissons ce que Nietzsche appelait la « grande raison du corps », et même « l’esprit à l’œuvre sous nos ceintures ». Oui, nous sommes émerveillés par l’ordination mutuelle des sexes, par le génie de la génitalité. Bien sûr, cette organisation stupéfiante est comme notre nez au milieu de notre figure : nous avons tendance à ne pas la voir. Nous nous enorgueillissons d’avoir bricolé une lampe de poche, et oublions la splendeur du soleil ; nous idolâtrons la magie de nos machines, et méprisons la merveille de notre chair. Cette merveille, nous la dissimulons sous les mots de « biologique », de « déterminisme », d’« animalité », et nous prenons par là un air de supériorité, vantant les libres prouesses de notre fabrique. Et pourtant, quoi de plus étonnant que cette union des êtres les plus différents : l’homme et la femme ? Et quoi de plus surprenant que leur étreinte, enclose sur sa jouissance, et qui toutefois se déchire, naturellement, pour faire advenir encore un autre, d’une autre différence encore : la future petite peste, le déjà dérangeant, celui qu’on appelle « l’enfant » ? Jules Supervielle exprime avec une justesse plus que scientifique cette surprise que la réduction biologisante nous voile : « Et fallait-il qu’un luxe d’innocence / Allât finir la fureur de nos sens ? »


    Ainsi nos manifestations ne sont pas celles d’une corporation, mais celles de nos corps. Elles ne partent pas d’une visée politique ou partisane, mais d’une reconnaissance anthropologique. Elles ne cherchent pas à prendre le pouvoir, mais à rendre un témoignage culturel à un donné de nature, dans un élan de gratitude. En grec, « nature » se dit « physis », mot qui vient du verbe « phuein », qui signifie « apparaître » ou, justement, « se manifester ». La nature n’est pas d’abord une réserve d’énergies ni une mine de matériaux, manipulables à notre guise, mais une manifestation de formes organisées, souvent éblouissantes à notre regard. Certes, la nature est aussi blessée, désordonnée : il y a la souffrance, il y a la mort, il y a l’injustice. Mais ces ruines ne nous font horreur que parce nous avons d’abord entrevu sa générosité jaillissante : si nous n’avions pas perçu la bonté de ses formes, nous ne serions pas scandalisés par ce qui les défigure... Nos manifestations ne sont donc que pour attester l’éclat de cette manifestation première. Elles ne relèvent pas du rapport de force. Elles se fondent sur une exigence d’hospitalité envers cette présence réelle, physique, initiale (ne pas scier la branche qui nous porte, ne pas prétendre faire éclore la fleur en forçant le bourgeon). Et c’est pourquoi ces manifestations dureront aussi longtemps qu’il y aura des pénis et des vulves, et leur ordination d’abord involontaire, et leur fécondité troublant notre avarice.


    Mais c’est précisément cette exigence d’hospitalité, cette relation d’émerveillement et de gratitude envers notre origine, disons même ce rapport de faiblesse, qui sont insupportables à ceux qui conçoivent tout en termes de rapport de force. Ils voudraient que nous ne soyons qu’une faction. Ils préféreraient que nous posions des bombes. Cette violence leur serait moins violente que notre manifestation élémentaire, celle de la simple présence physique d’un homme et d’une femme, et d’un enfant dont ils sont aussi le père et la mère... Si ce n’était que notre opinion, s’il n’y allait que de notre arrogance, ils pourraient nous faire taire. Mais comment faire taire la présence silencieuse du corps sexué ?


    Qu’il nous soit permis – après ce rappel de ce que nous sommes essentiellement : des émerveillés – d’insister sur cinq conséquences importantes pour nous comme pour les autres – car nous ne sommes pas à l’abri de l’ingratitude, et, à force de ne pas être reconnus dans notre émerveillement, l’indignation peut finir par offusquer cet émerveillement fondamental, et nous risquons de verser, soit dans le découragement, soit dans une violence illégitime.

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    Certains nous accusent d’être des « fascistes », procédé linguistique très réducteur, qui permet de désigner un ennemi sans l’entendre, et qui relève, précisément, des procédés du fascisme historique. D’autres nous taxent seulement de « réactionnaires », comme si le fait de réagir était un mal, et non un signe de vitalité, et comme si la rhétorique du « Progrès », qui a tant servi la Terreur et le totalitarisme, n’avait pas fait long feu. D’autres diront que c’est parce que nous sommes des « cathos », ou des « juifs intégristes », ou des « fondamentalistes musulmans »... mais non, nous sommes des Français et, plus simplement encore, des hommes et des femmes, très éloignés de tout puritanisme et de tout fondamentalisme, puisque ravis de la fesse, ne craignant pas d’admirer la conjonction improbable de la « bite » et de la « chatte » et du surgissant polichinelle... On pourrait avec plus de rigueur nous ranger parmi les tenants d’une écologie intégrale. Mais on évite ce genre de classement, par crainte de reconnaître les contradictions de nombreux mouvements écologistes actuels, mais aussi parce qu’on n’a rien, au fond, à nous reprocher, ou que le reproche ne peut nous atteindre qu’en atteignant aussi le donné de la chair. De fait, si nous sommes fascistes, il faut en conclure que la nature elle-même est fasciste, et qu’il convient de l’éliminer, ce qui n’est pas sans avoir certains inconvénients...

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    Beaucoup ne comprennent pas que nous manifestions contre une réforme du code civil qui satisfait les intérêts de certains, sans léser les nôtres (il n’est pas parlé, cependant, des intérêts de l’enfant). Voilà, en effet, de quoi ébahir les utilitaristes de tous bords : nous ne manifestons pas pour le triomphe de nos intérêts particuliers. Nous cherchons seulement à témoigner de ce qui est antérieur à tout intérêt, et qui est le don de la naissance.

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    3° C’est justement ce que vient occulter le slogan de « l’égalité » qu’on nous sert à toutes les sauces, sans penser à ce que ce terme veut dire, et les menaces de nivellement, voire de « raccourcissement » qu’il a toujours contenu. Il y a une évidente et naturelle inégalité entre le couple d’un homme et d’une femme, et celui de deux hommes ou de deux femmes. Pour égaliser les conditions, il convient de recourir à l’artifice, et passer de la naissance à la fabrication, du born au made... Derrière la prétendue égalisation juridique, il y a donc un assujettissement technocratique, et le projet de produire des personnes non comme personnes, donc, mais comme produits, au gré de nos caprices, selon la loi de l’offre et de la demande, d’après les désirs fomentés par la publicité : « Un enfant à la carte, votre petit chose, l’accessoire de votre épanouissement, le tiers compensatoire de vos frustrations, enfin, pour une somme modique, le caniche humain ! »

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    Voilà pourquoi nous ne sommes pas « homophobes ». Nous sommes émerveillés par les gays vraiment gais, les « folles » sans cage, les sages de l’inversion. L’amour de la différence sexuelle, si fondamentale, avec celui de la différence générationnelle (parents/enfants), nous apprend à accueillir toutes les différences secondaires. Si moi, homme, j’aime les femmes, si étrangères à mon sexe, comment n’aurais-je pas de la sympathie, sinon de l’amitié pour les homos, qui me sont, au final, beaucoup moins étranges. D’ailleurs il y en eut toujours, qui n’avait pas peur d’affirmer leur différence, d’assumer une certaine excentricité, un travail dans les marges. Aussi croyons-nous que, ce qui est vraiment « homophobe », c’est le pseudo-« mariage gay ». Il y va d’une tentative d’embourgeoisement, de normalisation de l’homophilie, d’écrasement de son incivilité sous le code civil. Quel cadeau que ce « mariage » qui n’est plus qu’un aménagement patrimonial ou un divorce ajourné ! Pourvu que les homos rentrent dans le rang, et qu’ils soient stérilisés, surtout, dans leur fécondité propre. Car qui ignore leur fécondité artistique, politique, littéraire, compassionnelle ? Les anciens Grecs l’entendaient ainsi : libérés des devoirs familiaux, ils pouvaient se consacrer davantage au service de la Cité. Ils savaient que leurs amours avaient quelque chose de contre-nature, mais ils n’en méprisaient pas pour autant la nature (de là, très souvent, cet amour pour leur mère – voir Proust ou Barthes), et y trouvaient des ressources pour l’art.

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    5° Comment, émerveillés comme nous sommes, nous lancerions-nous dans des actions violentes, dénigrantes, exclusives ? Une fois de plus, nous ne cherchons pas une victoire politique. Nous ne sommes même pas sûrs qu’il y ait vraiment quelque chose à sauver dans ce mariage privatisé, qui n’a plus rien de républicain depuis belle lurette. Et c’est pourquoi, malgré la défaite législative (mais quand on voit le piège médiatique et partisan dans lequel se trouvent nos législateurs, on se demande si le législatif d’aujourd’hui mérite qu’on s’y arrête), nous continuerons à manifester, sans armes, sans haine, au fond sans slogan même, mais avec notre petite épiphanie de créature, en chair, en os et en esprit.

    Fabrice Hadjadj 

     

  • Ce qu'est l'homophobie selon la Théorie du Genre

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    Qu'est-ce que l'homophobie ? Réponse de SOS Homophobie dans cette émission "Du grain à moudre" sur France Culture.
    Vous voulez voir l'état de la culture officielle dans notre pays ? Où en est la Théorie du genre ? Écoutez cette émission où dès le début, par la problématique posée, l'antenne France Culture se place en propagandiste de la cause de cette théorie. Tugdual Derville s'en sort bien, mais aura-t-il été écouté et entendu par les auditeurs habitués au bain de la culture libertariste & libéralisante ? :

    http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4607954

    http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4607954     "Du Grain à moudre" le 15 avril 2013

    Et aussi Observatoire de la Théorie du Genre : http://www.theoriedugenre.fr/
    Page facebook de l'Observatoire de la Théorie du genre :
    https://www.facebook.com/pages/Observatoire-de-la-théorie-du-genre/301879863274835?fref=ts

    Théorie du Genre : Institut de Formation Politique (PDF) :
    http://www.ifpfrance.org/images/stories/Fichiers/les%20notes%20de%20l%5C%27ifp_n%B04_la%20th%E9orie%20du%20genre_d%E9cembre%202012.pdf

    Camille Fornello
    pour La Vaillante

  • Les Veilleurs : "La force intérieure de la non-violence irrépressible" (Tugdual Derville)

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    Très beau témoignage d'une jeune, Marie, qui était mercredi 17 avril au soir sur l'esplanade des Invalides :

    « Chers amis,

    Voici simplement un petit témoignage de ce qui se passe ici à Paris, en ces jours étranges. Le combat où nous sommes n'est pas anodin. Beaucoup de médias caricaturent et ridiculisent. Voici en toute vérité ce que j'ai vécu hier soir.
    Hier après-midi, j'ai rejoint comme la veille La Manif Pour Tous, qui défile de Sèvres-Babylone à l'Assemblée Nationale tous les soirs cette semaine entre 19h et 22h, à grand renfort de chants, de sifflets et de casseroles. L'ambiance était joyeuse comme toujours ; beaucoup de jeunes, peut-être les deux tiers du cortège.
    Lors de la dispersion aux Invalides, nous avons rejoint avec deux amis une pelouse, un peu plus loin, sur laquelle se tenaient assis des groupes de jeunes, calmes, avec des bougies. J'avais entendu parlé la veille de cette initiative, dite « Les Veilleurs » : 100 ou 200 jeunes étaient restés calmement sur les Invalides, rejoints par Hervé Mariton, Jean-Frédéric Poisson et un autre député. Vers 1h du matin, les CRS les ont sommés de partir. Ceux qui sont restés ont été enlevés de force, poussés dans la bouche de métro ; des bombes lacrymogènes ont été lancées dans la bouche du métro ; 40 jeunes (au hasard, ceux qui étaient les plus proches du bus selon le témoignage d'une amie !) ont été embarqués et emmenés au poste, puis, pour ne pas reproduire une garde à vue contestée, relâchés à 3h du matin à l'autre bout de Paris.
    Je ne savais que penser de cette initiative. Ce rassemblement était parfaitement légal et, tant qu'il ne provoquait aucun trouble à l'ordre public, les forces de l'ordre n'ont, selon la loi, aucun droit de le disperser. En même temps, est-ce vraiment utile d'en rajouter, de provoquer des incidents avec les forces de l'ordre ? Après en avoir discuté avec plusieurs amis, j'ai décidé de suivre ceux qui avaient vécu l'expérience la veille.

    22h : Nous sommes un peu plus de 800 jeunes, assis par terre dans le calme, sur l'esplanade des Invalides, avec des bougies. Axel, le chef de file du mouvement, explique au porte-voix l'esprit de cette initiative. Il s'agit de résister à ce gouvernement et à ses lois iniques, non par la violence, mais par notre force spirituelle – au sens large, celle qui habite tout homme, ce n'est pas réservé aux croyants. C'est notre vie intérieure, notre paix, notre amour qui constitue la plus grande force de résistance ; à cela le gouvernement ne peut rien opposer. Je connais Axel de vue, il vient à EVEN le lundi soir. Il est d'un calme olympien, il parle d'une voix douce, ni coléreux ni revendicatif ; il sait où il va et tient le cap. Il mène cela avec une jeune fille nommée Alix. Peut-être 25 ans, pas plus.

    22h30 : Axel nous parle de la paix intérieure, et nous écoutons des textes (Madeleine Daniélou, Victor Hugo...) sur la France, l'intelligence, l'amour, la liberté... Les CRS sont encore partout sur l'esplanade, où des groupes de manifestants, restés après la dispersion, font du bruit et refusent de partir. Très tôt, les CRS prennent position autour de nous. Axel explique calmement qu'à la deuxième sommation, ceux qui voudront partir partiront ; qu'accomplir demain notre devoir d'état est plus important que de rester ; que ceux qui peuvent rester et résister devront, s'ils aterrissent au poste, demander un avocat commis d'office et un médecin : il sera évidemment compliqué de trouver plusieurs centaines d'avocats et de médecins en même temps ! Nous continuons de rester paisibles ; au bout d'un moment, les CRS nous contournent et partent s'occuper d'autres groupes bruyants et violents.

    23h : Ce soir, nous ne resterons que jusqu'à 1h du matin, a encore dit Axel. Ensuite, nous irons tranquillement nous coucher. Arrive un commissaire de police, qui parlemente avec Axel quelques instants. Celui-ci nous informe ensuite au micro : « Ce policier nous demande de nous disperser à minuit et demie, pour que nous puissions prendre les derniers métros. Si nous partons à minuit et demie, nous pouvons rester, nous ne serons inquiétés par aucun policier. Je suis très heureux de ce qu'il se passe, notre paix commence à faire son effet. Nous resterons jusqu'à minuit et demie. » Le policier part.

    23h30 : Nous écoutons toujours des paroles et des textes, alternés avec des temps de silence. Ailleurs encore, des pétards, des sirènes... Il est difficile de rester tranquilles, ancrés dans sa « paix intérieure » comme le rappelle Axel, quand les camions de CRS passent et repassent dans tous les sens sur l'esplanade. Des jeunes partent, d'autres se dissipent...Certains, au téléphone, tentent de faire venir leurs amis restés avec des groupes plus violents. Axel garde son calme. Mgr Aillet, évêque de Bayonne, nous rejoint un moment, nous bénit et bénit notre « résistance spirituelle » et notre courage. Xavier Bongibault et un organisateur de la Manif pour tous nous rejoignent aussi. Un garçon récite par cœur un texte de Gramschi sur l'indifférence :
    « Je hais les indifférents. (…) Ce qui se passe, le mal qui s’abat sur tous, le bien possible qu’un acte héroïque peut provoquer, tout ça revient moins à l’initiative de quelques personnes qui agissent qu’à l’indifférence, à l’absentéisme de la majorité. Ce qui arrive, arrive non pas parce que certains veulent qu’il arrive, mais parce que la majorité abdique sa volonté, laisse faire, laisse se grouper les nœuds qu’ensuite seule l’épée pourra couper, laisse promulguer les lois qu’ensuite seule la révolte fera abroger, laisse aller au pouvoir les hommes qu’ensuite seul une révolution pourra renverser. La fatalité qui semble dominer l’histoire n’est que l’apparence illusoire de cette indifférence, de cet absentéisme. Des faits mûrissent à l’ombre, juste quelques mains, à l’abri de tout contrôle, tissent la toile de la vie collective, et la masse ignore, car elle ne s’en soucie point. Les destins d’une époque sont manipulés selon des vues étriquées, des buts immédiats, des ambitions et des passions personnelles de petits groupes actifs, et la masse ignore, car elle ne s’en soucie point. »

    Axel nous invite encore à examiner pourquoi nous sommes là, ce que nous voulons défendre. Nous voulons montrer notre détermination, de manière pacifique, en s'appuyant sur notre vie intérieure. Nous préférons ce que nous croyons à notre vie, à notre confort. Toujours dans un grand calme, sans exaltation, sans triomphalisme, humblement.

    Minuit : Nous voyons brusquement arriver et se ranger juste devant nous dix cars de CRS, ainsi que le bus bien connu qui sert aux arrestations. Le même policier revient parlementer ; son porte-voix ne fonctionne pas, Axel lui prête le sien. « C'est bien, tout s'est bien passé, maintenant vous allez vous disperser et rentrer calmement, si vous ne voulez pas que cela se passe mal. » Axel rappelle, toujours très calmement, qu'on lui avait assuré que nous pouvions rester jusqu'à minuit et demie, et qu'il n'y aurait pas de policiers autour de nous. Il discute un peu avec le commissaire, puis reprend le micro. « Visiblement les ordres ont changé ; nos amis les policiers nous demandent de partir une demie-heure plus tôt. Là il faut que vous m'aidiez, j'ai une décision à prendre. Peut-être vaut-il mieux rester, parce qu'on nous dit minuit et demie, puis minuit, puis 22h, et demain on n'existe plus ; peut-être vaut-il mieux partir, quelques minutes plus tôt, et éviter des incidents avec les forces de l'ordre. » Sur ce, il demande au policier deux minutes de réflexion et, écartant tous ceux qui veulent le conseiller, prend seulement Alix à part. On les voit discuter quelques minutes, rejoints ensuite par deux ou trois autres.

    Minuit quinze : Axel et Alix reviennent : « Chacun est libre, mais nous, nous allons rester. Ce quart d'heure qui reste ne changera rien, nous allons seulement montrer que nous sommes libres et déterminés, nous resterons jusqu'à l'heure qu'on nous a dite, dans le silence absolu. Puis, à minuit et demie, nous nous disperserons calmement et nous irons nous coucher. » Approbation muette de la « foule », par les mains.

    Minuit vingt : Les CRS sortent des bus, casqués et bouclier en main, et commencent à nous encercler. Nous avons resserré les rangs, rangés en ligne, alternés garçon et fille, nous tenant par les bras, et essayons de rester dans le calme. Axel et Alix restent devant nous, nous exhortent encore à rester ancrés dans notre paix intérieure.

    Minuit vingt-cinq : Nous sommes encerclés, ils sont tous proches de nous. Vont-ils nous attaquer pour quelques minutes qui restent encore ? Ils n'avancent plus. Minutes héroïques : des CRS armés face à quelques centaines de jeunes désarmés, assis par terre en silence, qui ne résistent que par la force de leur détermination. Nous sentons que la force est de notre côté, elle est intérieure, elle est dans notre confiance et dans la communauté que nous formons. Certains CRS semblent un peu interloqués ; si on leur avait donné l'ordre de nous attaquer à ce moment-là, je ne sais pas ce qu'ils auraient fait. Il paraît que la veille, l'un d'eux s'est mis à pleurer, en disant : « C'est trop beau ce que vous faites, on nous fait faire du sale boulot ! » Les minutes s'égrènent, une à une ; le moindre cri ou mouvement de panique, et tout peut exploser.
    Il reste deux minutes. Quelqu'un entonne « l'espérance », et peu à peu le chant se propage, repris par toutes les voix. Il s'enfle, et devient un chant de victoire. Serrés les uns contre les autres, sans bouger, nous chantons.

    Minuit trente : Axel donne le signal du départ. Tous ensemble, chantant toujours, nous nous levons et marchons calmement vers la bouche du métro. Extraordinaire moment : notre paix est victorieuse. Les CRS nous encadrent, ils ne savent pas trop quoi faire de leur force. Des ordres imbéciles fusent, certains empêchent ceux qui veulent partir à vélo ou à pied de passer, d'autres rattrapent avec violence deux filles qui partaient à pied. Certains CRS nous laissent passer, l'un d'eux crie : « Laissez tomber vos boucliers, les gars, il ne va rien se passer. » Ils sont tellement habitués aux rapports de force et à la violence, que notre manière d'agir les dépasse complètement. Ils se croient obligés de pousser ceux qui descendent dans le métro, de repousser ceux qui sont à l'extérieur... S'ils avaient eu confiance en nous, en dix minutes nous nous serions dispersés nous-mêmes dans le calme. Heureusement, pas d'incident grave, et à 1h l'esplanade est déserte.

    Expérience faite, je crois que cette initiative est belle, et j'encourage ceux qui le peuvent à la rejoindre. Beaucoup de jeunes, et des moins jeunes, légitimement énervés par le déni et l'injustice dont nous sommes l'objet de la part du pouvoir et des médias, basculent dans la violence. Je crois que la vraie résistance est là, dans la force spirituelle de cette jeunesse de Paris, qui est prête à défendre la vérité, qui ne cède ni à l'indifférence ni à des pulsions de violence, qui fonde sa force sur celle de l'intelligence, celle du cœur, celle de la foi. Ce soir encore, et les jours suivants, de plus en plus nombreux sans doute, « les Veilleurs » seront là, sentinelles de l'aurore. »

     

    Deuxième nuit des Veilleurs, mercredi 17-18 avril 2013,
    Esplanade des Invalides 

  • Soumis depuis des décennies à une influence médiatique univoque, les Français n’ont pas pris la mesure du bouleversement anthropologique historique…

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    Les principes fondateurs du Collectif pour l’Humanité Durable®  :

    « Dans le respect de chacun, le Collectif pour l’Humanité Durable rappelle que les fondements naturels, culturels et universels de l’être humain et de sa dignité intégrale reposent sur les principes suivants :

    - Le respect de la vie, de la conception à la mort naturelle, à chaque âge et quel que soit l’état de santé des personnes.
    - La promotion de la famille fondée sur le mariage durable entre un homme et une femme et le respect des droits familiaux de l’enfant.
    - Le respect de la liberté d’éducation des parents.
    - Le respect des libertés de conscience, de pensée et de religion. Tous ces principes sont protégés par la Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948 et garantis par leur libre expression publique dans notre pays.

    Du respect de ces principes fondateurs dépend l’Humanité durable : les droits fondamentaux de l’Homme, la stabilité de la Société et la pérennité de l’Humanité. Mais aussi les fondements de notre civilisation judéo-chrétienne.

    Or, depuis plusieurs décennies déjà ces principes se délitent, sous l’effet de décisions politiques contraires associées à une confiscation croissante du débat public.

    Le principe même de liberté d’expression sur le devenir de l’Homme est remis en cause en France, ce qui n’est pas acceptable pour notre démocratie, patrie des droits de l’Homme et du Citoyen.

    Aujourd’hui, le nouveau pouvoir a clairement marqué sa volonté de faire disparaître ces principes d’Humanité durable par les engagements programmatiques suivants du président de la République :
    n°21 : légalisation de l’euthanasie ;
    n°31 : légalisation du mariage et adoption d’enfants par les couples de même sexe ;
    n°46 : constitutionnalisation de la laïcité ;
    n°37, 39 et 40 des “40 engagements qui vont changer la vie des femmes” : promotion de la contraception anonyme pour mineurs ainsi que généralisation et gratuité totale de l’IVG.

    Soumis depuis des décennies à une influence médiatique univoque, les Français n’ont pas pris la mesure du bouleversement anthropologique historique qu’ils réaliseront pour notre pays et notre prochain, dès la nouvelle Assemblée élue les 10 et 17 juin 2012.

    C’est pourquoi le Collectif pour l’Humanité Durable lance aujourd’hui son action dans le but déterminé d’empêcher l’adoption de ces lois. Il agira en fonction du calendrier gouvernemental et législatif :
    - en affichant sa volonté d’ouverture et d’unité avec tous les autres mouvements et associations œuvrant déjà en ce sens ;
    - en envoyant des hommes et des femmes volontaires au cœur des medias et de la sphère politique pour mobiliser l’opinion, influencer leurs relais et éclairer les élus politiques ;
    - en demandant un vaste dialogue sociétal pour faire prendre conscience à l’esprit public de la gravité des enjeux vitaux et familiaux.

    La première de ces lois concerne à l’automne 2012 la remise en cause du mariage civil et de la filiation humaine avec la décision du gouvernement de « mettre en œuvre l’engagement n°31 du président de la République d’ouvrir le droit au mariage et à l’adoption aux couples homosexuels » (Communiqué du premier Ministre pour la Journée mondiale contre l’Homophobie du jeudi 17 mai 2012). »

    27 mai 2012, http://pourlhumanitedurable.com/

  • C’est pour l’homme que la société doit être gouvernée

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    « Un grand mouvement réveille la France depuis plus de six mois, avec la perspective de la mobilisation du dimanche 24 mars. Marqué par l’unité et la diversité, il est observé avec surprise dans toute l’Europe et au-delà. Les manifestations de masse de l’automne 2012 et du 13 janvier 2013, l’énorme bouillonnement des réseaux sociaux et la multiplication des réunions publiques et des échanges ont de quoi surprendre même leurs organisateurs. Ce mouvement est historique. Il traduit à nos yeux un questionnement massif, en rupture avec la pensée dominante :       que sommes-nous en train de faire de l’humanité ?

    Cette remise en cause s’est cristallisée autour du projet de loi dit du « mariage pour tous ». Mais il ne faut pas se leurrer : ce qui s’exprime désormais dans ce mouvement dépasse l’opposition à une loi ; il s’agit d’une revendication plus profonde, radicale. Elle concerne le sort de l’être humain dans la société contemporaine. Est-il un simple matériau, objet d’expérimentations techniques, sociales, économiques ou médicales ? Ou bien est-il la mesure de toute chose à laquelle s’ordonne et pour laquelle doit s’organiser la société ?

    Dès lors que l’homme n’est qu’un matériau, il est utilisé au nom de l’amélioration de la performance économique ou biologique pourvu que cela comble certains désirs ; le Parlement légifère sur la nature humaine au gré de groupes d’intérêts ou de théories qu’on nommera « sens de l’Histoire » ; les entreprises considèrent l’être humain comme une variable d’ajustement de l’efficacité ; les politiques environnementales en viennent à protéger la nature au détriment de l’homme. Le voilà soumis à la technologie, à ses rythmes et ses exigences, au mépris de sa dignité et de sa liberté. Alors que le mot « humanisme » est dans tous les discours, c’est aujourd’hui la nature de l’homme qui est attaquée.

    En s’emparant de la question du mariage et de l’engendrement, les manifestants ont affirmé que la personne humaine est la mesure de toutes choses. Y compris aux stades les plus vulnérables de son existence. Car l’humanité ne saurait être un problème à dépasser : c’est une espérance à accomplir. C’est pour l’homme que la société doit être gouvernée. Il est à nos yeux significatif que le projet de loi qui a fait naître pareille résistance soit marqué par la volonté de toute-puissance de ses promoteurs, à la fois sur le fond – le déni de la réalité de l’altérité homme-femme, du mariage et de l’engendrement – et sur la forme : le refus du véritable débat, jusqu’au rejet de la plus vaste des pétitions jamais enregistrées. Nos modes de coordination démocratique se révèlent donc incapables de prendre en compte des signaux majeurs, qui témoignent pourtant des préoc­cu­pa­tions existentielles d’un grand nombre de citoyens. Pire, la puissance publique est elle-même mobilisée au service d’un projet de dénaturation de la vie humaine.

    Il y a près d’un demi-siècle, l’écologie a émergé comme l’alternative au tout économique et à la mécanisation effrénée. Elle a donné l’espoir d’une société différente, plus respectueuse de la nature. Mais le statut de l’homme dans cette écologie est resté ambigu : en France, sa traduction politique a pu prendre des positions bioéthiques incohérentes. En raison des liens profonds et originels entre la vie humaine et cette nature, nous croyons toujours que la réconciliation entre la société contemporaine et la nature reste possible.

    Le temps est venu de construire tous ensemble un grand courant d’écologie humaine. Nous sommes devant une responsabilité historique vis-à-vis de nos contemporains comme des générations futures. Il s’agit de reconnaître que l’essence de l’homme et son humanité constituent un précieux patrimoine intergénérationnel. Accueillir ce patrimoine avec émerveillement, en prendre soin et le transmettre fait partie intégrante de l’écologie humaine. Métapolitique, comme le fut l’écologie environnementale à son émergence, elle est appelée à être prise en compte dans toutes les sphères de la société, à commencer par les partis politiques. Elle offre une alternative durable à la tenaille libérale-libertaire où l’humanité est broyée.

    L’homme est la seule mesure ! C’est pour lui que nous appelons aujourd’hui à la tenue des Assises de l’écologie humaine. Elles seront ouvertes à tous les citoyens qui affirment que le progrès de la technique, de l’économie, de la bioéthique ou des politiques environnementales doivent avoir pour seule justification le service de tout l’homme et de tous les hommes. »

    Pour en savoir plus, consultez le site http://www.ecologiehumaine.eu/

     

     

    Tugdual Derville, Pierre-Yves Gomez, Gilles Hériard Dubreuil

    Tribune collective de Tugdual Derville, fondateur de « À Bras Ouverts », délégué général d’Alliance Vita - Pierre-Yves Gomez, économiste, directeur de l’Institut français de gouvernement des entreprises/EM Lyon - Gilles Hériard Dubreuil, spécialiste de la gouvernance des risques technologiques, président du Fonds pour la culture démocratique.
    Publié dans le journal La Croix, le 21 mars 2013 

     

  • Acceptons nos limites au lieu d’imposer à tous une loi qui ne comblera en rien notre impossibilité à procréer

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    Lettre ouverte de Jean-Marc Veyron-la-Croix, Maire de Chasselas, à Jean-Luc Roméro

    Maire et homosexuel, je suis surpris par vos propos voulant mettre tous les homos dans le même sac :

    Oui il y a des homos contre le mariage gay et qui osent le dire (www.homovox.com) et ce ne sont pas des acteurs et ils ne sont pas manipulés !

    Oui il y a des homos contre le mariage gay et qui n’osent pas le dire pour x raisons hélas !

    Oui la majorité des homos n'a que faire de cette loi : la plupart ne sont ni pacsés ni en couple et sans enfants: ils veulent juste qu’on les laisse en paix !

    Oui il y a des militants pros qui veulent de ce projet juste pour l'égalité et qui n'ont aucune intention de se marier ni d'avoir des enfants: soit 2000 mariages par an d'après l'inter-LGBT pour 4 millions d'homos ça fait beaucoup de bruit pour rien.

    Oui l’État doit protéger les situations précaires : enfants de familles homoparentales et conjoints du même sexe.

    Cessez de voir la communauté homosexuelle comme vous la voyez : d'ailleurs elle n'existe pas plus qu’il existe une communauté hétérosexuelle : ces personnes ont milles facettes, et ils existent d'autres homos que le microcosme parisien et sa pensée unique !

    La souffrance homosexuelle, la blessure homosexuelle ou les limites de l’homosexualité ne sont en aucun cas une raison pour changer les bases d'une civilisation ou priver un enfant d’une partie de sa filiation et de l’affection d’un père ou d’une mère !

    Acceptons nos limites au lieu d’imposer à tous une loi qui ne comblera en rien notre impossibilité à procréer !

    Et condamnons avec force et détermination ceux qui jettent leurs enfants à la rue car homosexuels, battons-nous pour que les 80 pays où l’homosexualité reste un délit ou un crime abandonnent leurs lois abjectes !

    Que vous soyez pour le mariage est une chose et je le respecte, mais que vous vous vouliez imposer vos idées à l’ensemble des homosexuels est indigne, intolérant et antidémocratique !

    Bien à vous,

    Jean-Marc VEYRON la CROIX

    9 avril 2013
    http://www.mairespourlenfance.fr/

  • Le credo de la secte "LGBT" prétend imposer sa conception du monde au nom de "l'égalité"

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    « "Marier" entre elles deux personnes de même sexe revient à ériger en religion d'État l'idéologie selon laquelle l'identité sexuelle de la personne humaine dépend de données subjectives et évolutives comme sa volonté et ses attirances physiques et affectives davantage que de son sexe biologique, donnée objective et immuable (du moins génétiquement). L'Humanité serait ainsi constituée "d'homosexuels" et "d'hétérosexuels" davantage que d'hommes et de femmes. C'est de cette confusion entre désir et identité que découlent celle entre désir et droit et donc une revendication d'un droit à se "marier" avec une personne de son propre sexe. Le tout au nom d'un culte voué à une indifférenciation totale entre l'homme et la femme.

     

    Tel est le credo de la secte "LGBT", qui prétend imposer cette conception du monde en détournant vulgairement le principe juridique "d'égalité".

    Il s'agit là de traiter de manière strictement égale des situations qui sont pourtant objectivement différentes dans le monde réel. En effet, si la stérilité biologique d'un couple constitué d'un homme et d'une femme relève du cas particulier, celle de personnes de même sexe est absolue.


    Le fait d'avoir un désir homosexuel n'a jamais privé qui que ce soit d'aucun droit, celui de se marier pas plus qu'un autre. Ça n'est évidemment pas à raison d'une quelconque légitimation morale d'un désir par rapport à d'autres que le mariage ne peut unir que deux personnes de sexe opposé. Il ne s'agit que de la réponse rationnelle au principe qui garantit à l'enfant une filiation crédible et vraisemblable selon lequel celui-ci ne peut avoir à la fois qu'un seul père et qu'une seule mère (cf. Article 320 du code civil), quelles que soient les qualités personnelles de ceux-là.


    Des personnes de même sexe, fussent-elles quatre ou cinq en effet, ne peuvent "avoir" un enfant autrement qu'en recourant aux services d'un tiers de l'autre sexe dont la prestation consiste à abandonner l'enfant dont il concourt à la conception (ou pour un homme à directement fournir sa semence) afin de priver cet enfant de père ou de mère.


    C'est précisément ce marché de sperme et d'enfants que cette loi organise, en validant purement et simplement le processus qui consiste à "fabriquer" un enfant adoptable (pour l'instant à l'étranger), c'est-à-dire à priver volontairement un enfant de père ou de mère afin de le rendre adoptable par un deuxième homme ou une deuxième femme. Car si les enfants directement concernés par cette loi aujourd'hui n'ont qu'un seul parent légal et ont leur deuxième branche filiative vacante, c'est bien parce que le père ou la mère qui leur manque les a abandonnés ou/et leur a été délibérément volé.


    Du seul fait de cette loi, l'État français se fait ouvertement le "proxénète" de donneurs de sperme belges et de mères porteuses indiennes en attendant que le législateur ne soit contraint de résoudre cette incohérence flagrante en droit interne.
    On imagine d'ailleurs mal comment un juge condamnerait encore le délit de provocation à l'abandon commis sur le sol français alors même que la loi encourage à y recourir à l'étranger.

    Enfin et surtout, cela revient pour TOUS les futurs parents et TOUS les enfants à confondre totalement "parenté" et "parentalité", c'est-à-dire à réduire la parenté à un simple rapport d'éducation et d'affection, lien purement social entre l'adulte et l'enfant, dépendant uniquement du désir de l'adulte indifféremment de toute référence à la biologie. La présomption de paternité est ainsi réduite "au mieux" à une présomption d'intention parentale, le recours à la preuve biologique n'étant plus envisageable dans aucun cas de conflit.
    En effet, pourquoi le mari de la mère d'un enfant devrait-il prouver qu'il n'en est pas le père biologique pour se décharger d'une paternité non désirée alors que s'il était une femme il n'aurait qu'à prouver son absence d'investissement dans le projet parental ?

    Cette "parenté intentionnelle" laissera ainsi des enfants pour compte sans parent parce qu'ils n'auront pas été désirés et, à l'inverse, en placera d'autres au cœur d'inextricables conflits positifs entre les différents candidats à la "parenté intentionnelle", ce qui amènera finalement à allonger la liste des "parents" au-delà de deux comme c'est déjà le cas au Canada ou aux Pays-Bas.

    En outre et contrairement à ce que prétendent les partisans de cette filiation désexuée, les termes "père" et "mère" ne pourront pas subsister à terme sur les actes de naissance ni sur les divers documents administratifs relatifs à l'enfant et seront remplacés par des mentions comme "parent 1" et "parent 2" en attendant les "parents" 3 et 4.


    La "parenté" devient un droit de propriété sur l'enfant : un lien juridique ne dépendant que de la seule volonté des adultes, indifféremment de leur sexe ou de leur nombre.


    Article 1 de la DDHC : "les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits";


    Article 4 de la DDHC : "la liberté consiste à faire tout ce qui ne nuit pas à autrui";


    Article 7 de la Convention internationale relative aux droits de l'enfant, de 1989 : "L’enfant a le droit à un nom dès la naissance. Il a également le droit d’acquérir une nationalité et, dans la mesure du possible, de connaître ses parents et d’être élevé par eux";

    L’article 3-1 de la Convention internationale des droits de l'enfant dispose que "l’intérêt supérieur de l’enfant doit être une considération primordiale";


    L'intérêt supérieur de l'enfant, c'est assurer dans la mesure du possible et de manière générale que tous les enfants puissent avoir deux parents (un homme et une femme, qui seuls sont à même de l'avoir engendré, fût-ce de manière présumée ou symbolique).
    Ça n'est pas instituer légalement, en validant ces procédés a posteriori, le marché d'enfants auquel ont recouru les personnes qui aujourd'hui réclament de faire adopter par un deuxième adulte de même sexe leur enfant ainsi privé de père ou de mère.


    Il y a toujours eu et il y aura toujours des enfants auxquels il manque un père ou une mère, car la loi ne peut pas empêcher les gens de décéder ni toujours d'abandonner un enfant. Mais la loi les protège déjà au mieux (partage de l'autorité parentale, tutelle testamentaire...) et n'a pas à encourager ces situations pour satisfaire des désirs d'adultes au prétexte du fait accompli de ceux qui refusent d'assumer la situation dans laquelle ils se sont délibérément mis (le plus souvent en fraude à la loi) et qui n'est autre que celle de toute famille monoparentale.


    Oui, il est heureusement possible d'être épanoui et bien élevé tout en étant privé d'un père ou d'une mère par tel ou tel aléa de la vie. Nul besoin "d'études" pour le démontrer.


    Mais cela ne justifie certainement pas de la loi qu'elle encourage les gens à provoquer volontairement ces situations, ni qu'elle déconstruise le droit de la filiation en y substituant ainsi la volonté à la responsabilité.


    Faussement déguisée en lutte pour "l'égalité des droits" et sous couvert de bons sentiments, cette loi institue une véritable dictature idéologique et un retour à l'esclavage. Il est impératif d'y renoncer. »

     

    Victor Rességuier 

    Étudiant en Droit environnemental, Université Paris Sud 11

     

  • En finir avec la distinction des sexes : la Théorie du Genre imposée à toute la société

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    Patrice André, Juriste, dévoile l'application concrète par le gouvernement de la Théorie du Genre à toutes les couches de la société.  Vidéo du 21 mars 2013, Lille.

     

  • Toutes sortes de choses qui étaient implicitement attachées à l’idée d’humanité disparaissent silencieusement : l'Écologie Humaine

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    Le mouvement écologique est né d’une prise de conscience des impacts graves et irréversibles des activités humaines sur la nature. Lorsque nous disons "activités humaines", nous pensons à un certain mode de développement industriel et technologique qui s’est développé d’abord en Europe depuis environ deux siècles, puis dans le monde à travers différents systèmes politiques et aujourd’hui essentiellement dans un contexte libéral et financier mondialisé.


    UNE REMISE EN CAUSE NÉCESSAIRE

    Pour autant, le projet est-il de protéger la nature contre l’homme ? Lorsque nous affirmons que : "Nous croyons toujours que la réconciliation entre la société contemporaine et la nature reste possible", nous voulons affirmer notre conviction qu’il est possible d’inventer et d’expérimenter de nouvelles formes de vivre et de décider ensemble au plan local, national et international pour favoriser une relation harmonieuse entre les communautés humaines, leurs activités et la nature. En disant cela, nous sommes conscients des profondes remises en cause de nos modes de vie, de nos formes de confort, des formes de production et de consommation qui les caractérisent aujourd’hui. Mais notre conviction se fonde aussi sur l’existence de nombreuses innovations et initiatives sociales, professionnelles, coopératives, artistiques, inventions de nouvelles formes d’habitat, de production, d’échange, de mise en commun qui contribuent à renouveler la façon dont nous pouvons penser un mode de vie contemporain en harmonie avec la nature.

    Dès les débuts du développement industriel, les structures sociales et économiques traditionnelles ont été profondément ébranlées affectant gravement les conditions de vie et la dignité de nombreux êtres humains. Aujourd’hui, nous constatons encore chaque jour l’impact du développement de l’économie libérale mondialisée sur les communautés humaines dont la prise en compte rentre pleinement dans le champ de l’écologie humaine.

    PRENDRE LA MESURE DE LA MENACE QUI PÈSE SUR L’HOMME

    L’écologie humaine que nous souhaitons promouvoir veut en particulier et de façon spécifique mettre l’accent sur la menace qui pèse aujourd’hui sur la nature de l’homme. Cette fois-ci, la menace ne concerne pas seulement les plus vulnérables des hommes mais aussi l’humanité. C’est cette prise de conscience qui nous semble être en jeu dans le mouvement actuel en France, au delà du contexte politique et législatif. Lorsque les hommes ont mis le pied sur la Lune, ils ont tout à coup vu la Terre, notre biosphère, comme quelque chose de petit dans l’univers, de fragile. Aujourd’hui nous prenons conscience que toutes sortes de choses qui étaient implicitement attachées à l’idée d’humanité disparaissent silencieusement ; comme certains papillons qui ont progressivement disparu.

    Il nous semble important d’affirmer que cette menace, ces risques qui pèsent sur l’humanité sont la résultante d’un ensemble de micro-décisions et macro-décisions, souvent indépendantes, qui font que progressivement la notion d’humanité est altérée, remise en cause. Nous devons tous nous interroger sur notre façon de vivre, sur nos priorités, sur nos responsabilités à cet égard.

    Nous devons faire ensemble un état des lieux, nous interroger sur ce qu’est pour nous l’humanité, accueillir cette réalité qu’est l’humanité avec émerveillement (certains diront gratitude), nous interroger sur les conditions d’une humanité authentique, ce qui est durable dans cette notion et ce qui est plutôt le fait du temps, des préjugés. Il faut discerner ce que nous souhaitons préserver et transmettre aux générations qui nous succéderont. En particulier, dans une époque marquée par l’idéologie libérale et individualiste, nous devons nous interroger sur ce qui est commun dans la notion d’humanité. L’humanité est une réalité individuelle et collective. Nous ne pouvons pas seulement interroger nos désirs personnels, nous devons tous nous interroger à l’échelle de notre dimension d’humanité pour identifier ce que nous devons respecter et préserver ensemble pour sauvegarder cette humanité authentique. En tant qu’être humain, nous portons une responsabilité commune, nous avons la garde de l’humanité, nous ne pouvons pas nous contenter d’observer ce qui se passe et de constater passivement ce changement, nous devons prendre nos responsabilités. Il s’agit de s’opposer à l’obscurcissement de l’humanité.

    Notre propos à ce stade n’est pas d’imposer une voie ou une autre (la décroissance par exemple) mais de créer les conditions d’un débat ouvert entre différentes composantes sociales, différents écoles de pensée, différents groupes de recherche.

    REPENSER LA TECHNIQUE

    Il ne s’agit pas non plus de prendre position pour ou contre la technique. Nous souhaitons au contraire affirmer la nécessité de "repenser la technique" pour mettre celle-ci au service de l’homme au rebours de la situation présente qui voit l’homme asservi par le développement technique. Mais ceci nous conduit d’abord à interroger la justification de tel ou tel développement technique et les conditions de sa contribution au bien commun. Ce qui doit d’abord être questionné c’est le projet de ceux qui cherchent à imposer un développement technique pour servir des enjeux qui n’ont rien à voir avec le bien commun.

    VERS UNE NOUVELLE ÉCOLOGIE

    Lorsque nous indiquons que "Dès lors que l’homme n’est qu’un matériau (…) les politiques environnementales en viennent à protéger la nature au détriment de l’homme", nous souhaitons souligner l’ambiguïté du statut de l’homme et de l’humanité dans le mouvement actuel de l’écologie. Il est bien connu que certains courants, comme celui de l’écologie profonde, mettent la priorité sur la défense de la biosphère sans donner de statut particulier à l’homme, et même, dans certains cas, voient dans l’homme la principale menace contre la nature. Par ailleurs, les politiques publiques environnementales se situent dans une logique d’instrumentation de l’action humaine qui vise à orienter cette action humaine par la contrainte réglementaire, ou par l’incitation économique (où chacun agit dans son intérêt privé pour servir une priorité qui est déterminée par d’autres). Dans ces politiques, il ne s’agit pas de créer les conditions pour que les hommes reconnaissent la nature comme un bien commun et agissent individuellement et ensemble pour en prendre soin. N’est-ce pas d’ailleurs la même logique qui risque de conduire la loi Peillon à promouvoir une véritable morale d’Etat qui est censée se substituer à la morale commune dans une défiance profonde vis-à-vis des parents et des valeurs qu’ils souhaitent transmettre à leurs enfants ? Ce n’est peut-être pas son intention, mais c’est ce que certains en déduisent.

    « LA PUISSANCE NAIT DU RASSEMBLEMENT DES HOMMES »

    Le courant de l’écologie humaine dont nous accompagnons la naissance nous semble devoir se situer dans une logique coopérative. Nous souhaitons d’abord lancer un appel à l’initiative de pensée, de dialogue, d’action, locale, nationale, internationale, sectorielle, globale, de tous ordres. Comme le dit Hannah Arendt : "La puissance nait du rassemblement des hommes". Il faut d’abord nous rassembler et construire ce qui nous est commun. Dans cette première étape d’état des lieux, il ne s’agit pas de chercher un consensus mais de croiser la pluralité des regards, des sensibilités des différentes composantes humaines qui souhaiteront s’engager dans ce mouvement, sans préjudice de leur propre position. L’image est celle d’une ruche neuve et vide posée par l’apiculteur à côté d’un essaim sauvage qui vient alors s’installer et s’auto-organiser dans cet espace.

    GILLES HERIARD DUBREUIL de l'Écologie Humaine
    http://www.ecologiehumaine.eu/gilles-heriard-dubreuil/ 

     

     

     

     

  • Le Peuple français fait face à une entreprise totalitaire

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    Le 25 Mars 2013 par Henri Hude

    La plus grande manifestation de l'Histoire de France
    « Voici mon commentaire de la manifestation du 24 mars 2013.
    Je m'exprime ici en tant que citoyen et en tant qu'universitaire français, dans la plénitude des droits et devoirs attachés à cette qualité, exerçant aussi ma responsabilité intellectuelle et sociale d'écrivain, d'homme de science et de philosophe.
     

     

    Paris vient d’accueillir la plus grande manifestation populaire de toute l’Histoire de France

    Beaucoup pensaient que son ampleur n’égalerait pas la première : c’était une erreur. Cette manifestation du 24 mars 2013 confirme donc et renforce les enseignements de la précédente. Le 13 janvier, nous étions un million, nous avons atteint sans doute le million et demi, la prochaine fois nous reviendrons deux millions. Ne parlons pas des évaluations du Pouvoir et du Léviathan médiatique : le Docteur Goebbels n’est pas mort. Cette observation nous met au cœur du sujet : le Peuple français se trouve en face d’une nouvelle entreprise totalitaire. En quoi consiste-t-elle ?

     

    Comme dans toute idéologie, il y a au principe une volonté arbitraire d’indépendance absolue

     

    L’idéologue des Démons de Dostoïevski en a donné pour toujours la formule achevée : « Je commence avec la liberté absolue et j’aboutis à la dictature parfaite. » C’est la logique de Robespierre. C’est la logique de Lénine. C’est la logique de Peillon, c’est celle de Taubira. C’est la logique totalitaire, partout et toujours, qui produit toujours le même résultat, le despotisme, en vertu d’une force des choses. Car il s’agit de transformer un Peuple en une Communauté de transgression, menée à la baguette par une secte d’idéologues.

     

    Ce que les totalitaires nomment « égalité », ce n’est pas la justice, dont ils se moquent. C’est une sorte de religion

     

    C’est une communion transgressive entre dévots de la liberté absolue. Cette communion se réalise toujours par une action politique, symbolique et sacramentelle, qui peut être le meurtre d’un monarque ou l’assassinat d’une classe, le renversement d’un autel, la suppression de la propriété privée, ou l’élimination d’une race. Ce pourrait être aussi l’infanticide, ou le suicide, ou le parricide collectif. De notre temps, un parti-secte a décidé l’abolition du couple et de la famille. C’est là son sacrement. C’est là son culte. C’est sa communion, son Egalité. C’est là qu’il jouit et s’adore. Et, comme toujours, l’Homme est sa victime.

     

    Les idéologues forment une secte

     

    La secte engendre un parti totalitaire. Le parti manipule la démocratie, l’annule, domine l’Etat. L’Etat absorbe la société. Toute opposition est broyée. La secte est heureuse.

    Malgré leur unanimité, les idéologues divergent. Chacune des passions qui se disputent le cœur humain fabrique sa propre idéologie. Toutes unies pour détruire l’Homme et sa liberté, les idéologies se font des guerres plus inexpiables encore que ne firent jamais les religions.  

     

    Il est totalement inutile de raisonner avec les idéologues. Car ce qui est perverti, chez eux, c’est la raison

     

    Celle-ci devrait être le moyen de résoudre nos problèmes. Investie par l’idéologie, c’est la raison qui devient le cœur du problème et le fondement même du totalitarisme. Le pouvoir de questionnement radical est le fondement de l’esprit scientifique et la base de la philosophie. C’est ce questionnement qui rend l’Homme sûr à la fois de la vérité et de sa liberté. Car il n’y a pas de réponse, pour qui n’a pas de question. Mais chez les idéologues, ce pouvoir de questionner devient une méfiance paranoïaque, une manie de douter, une rage de nier, un besoin de se refuser. La raison devient folle et s’endort, « engendrant des monstres » : moule à préjugés, machine à systèmes, prétexte à bourrer le crâne et à interdire de questionner. Puisque le peuple désormais pense comme nous, il n’est plus nécessaire qu’il pense. L’important est qu’il communie dans notre Egalité de transgression. Telle est l’idéologie.  

     

    Le Peuple français fait face à une entreprise totalitaire

     

    Nous n’assistons plus au déroulement d’un jeu politique ordinaire. Le Peuple n’est pas même en face d’un coup d’Etat permanent. Il fait face à une entreprise d’usurpation visant à lui imposer une autre constitution – plus encore, une autre constitution anthropologique. Nous sommes en face d’un pouvoir législatif qui usurpe le pouvoir constituant et qui l’usurpe absolument. Nous sommes en face d’un pouvoir constituant mégalomane et illégitime, qui prétend changer la nature humaine, la manipuler à sa guise, se saisir des esprits, embrigader la jeunesse et réprimer toute dissidence. Nous sommes bien en présence d’une entreprise totalitaire. L’heure est donc à la Résistance, jusqu’à la Libération, et à la Renaissance.

     

    Quelle est la force réelle de l’entreprise totalitaire ? Elle est faible ! Et le Peuple est fort !

     

    Le Peuple prend de plus en plus conscience de sa force et de sa résolution. Il y avait hier à Paris une représentation d’une bonne moitié de l’élite française, pour réclamer un pouvoir qui respecte la famille. Et il y aurait pu y avoir en même temps un autre million et demi entre la République et la Bastille, pour réclamer un pouvoir effectivement social, qui défende le travail des Français. Il est probablement inévitable que les deux mouvements finissent par converger contre le totalitarisme nihiliste et l’oligarchie, non seulement en France, mais peu à peu dans toute l’Europe, et, on l'espère, aux États-Unis. 

     

    Le pouvoir devrait prendre conscience de sa faiblesse

     

    D’abord, il ne vit que d’emprunts. Les banques, l’an dernier, n’ont plus acheté ses bons du trésor. Elles ont été remplacées par l’intervention de fonds souverains asiatiques et moyen-orientaux. Si les émirs ne lui font pas un chèque toutes les trois semaines, si les Français n’achètent plus d’assurance-vie, le pouvoir est en cessation de paiements. Ce pouvoir déjà dans la main de puissances étrangères serait à la merci d’une grève de l’impôt.

     

    Ensuite, ce pouvoir est sans appui démocratique et populaire. Le système médiatico-partisan est encore monté de telle sorte que le fonctionnement biaisé des institutions lui permet de conserver encore une apparence démocratique. Mais l’opinion publique est clairement consciente du caractère désormais non représentatif du régime.

     

    Ce pouvoir a perdu le peuple. Impuissant, ou complaisant, ce pouvoir semble n'être là que pour laisser faire l’argent et laisser mourir le travail. La France est ainsi privée de capitaux qui vont égoïstement s’investir là où est possible une inégalité maximale, accroissant aussi maximalement l’inégalité en France. Pour cette raison, le pouvoir a perdu le peuple, les pauvres pullulent, auquel il refuse l’égalité économique et la dignité du droit au travail.

     

    Ce pouvoir qui est si dépendant des grandes compagnies internationales, persécute le petit et moyen patronat, seul qui investisse encore dans ce pays pour y donner du travail à nos compatriotes.

     

    Ce pouvoir va perdre mêmes les fonctionnaires, qu’il va devoir tondre à leur tour, et licencier, pour obéir aux ordres des syndicats d’usuriers et de leurs fondés de pouvoir (OMC, FMI, etc.).

     

    Avant d’en venir là, il va mettre en péril la sécurité de la France, en abaissant follement le niveau de nos forces armées.

     

    Quelle honte que le nom de « socialisme » en soit venu à désigner ce qu'on aurait cru son contraire : cette « soif de l’argent qui gangrène le monde » (François, 24/03/2013), et l’individualisme radical.  

     

    Ce pouvoir n’a même pas la force physique entre ses mains. Quel officier de gendarmerie, quel officier de police, commandera de matraquer un peuple non violent, le jour où, par dizaine de milliers, sans violence, sans porter de coup, mais juste en avançant, et décidés à se laisser au besoin frapper sans reculer, comme faisaient les Indiens menés par Gandhi, il avancera, déterminé à sauver sa liberté, son travail, sa dignité d'homme et de femme, et franchira les barrières ? 

    Le pouvoir voudrait salir le Peuple et lui prêter des sentiments de haine ou de discrimination, juste parce qu’il n’a rien à faire de son idéologie

     

    Mais voilà que les nihilistes se trouvent désarmés, dépités, en présence d’une amitié naissante et rayonnante entre tous ceux qui, aussi différents soient-ils, ont en commun de refuser la persécution et la normalisation idéologique. Les Français veulent tout simplement demeurer des hommes et des femmes, tels que les a faits la nature, ou tels que les faits Dieu, et tels que la raison leur conseille de demeurer, avec son bon sens si bien partagé.

     

    Le pouvoir est faible parce qu’il cimente contre lui l’unité du peuple en sa diversité. Le Peuple découvre avec stupeur que la laïcité aux mains des totalitaires s’est muée en fanatisme idéologique. Le despotisme fabrique ainsi contre lui-même une fraternité nouvelle et jusqu'alors inconnue de toutes les religions et de toutes les philosophies, autant que de toutes les races. Il ne pourra plus la dissoudre. 

     

    Ce pouvoir n’a pas de force, car il a déjà perdu sa légitimité profonde

     

    Le pouvoir détruit le travail. Il entend en outre détruire le mariage et la famille. Ce pouvoir qui démolit les cadres moraux les plus essentiels est incapable, par suite, de lutter contre l’insécurité croissante. Et ce sont des gens-là qui prétendent, en plus, faire la morale aux jeunes et leur bourrer le crâne avec des folies idéologiques, comme si on était en Chine populaire ?

     

    Le pouvoir est failli. Il menace de jeter la France dans une guerre lointaine, probablement pour complaire aux puissances dont les financements prolongent sa survie. Et c’est ce même pouvoir, parvenu à l’extrémité du discrédit possible, qui se lance dans une entreprise totalitaire et prétend passer avec mépris le licou à des millions et des millions de Français, juste parce qu’il est habile à manipuler les médias et le système des partis ? Eh bien cela ne sera pas !

     

    Ce pouvoir dresse désormais contre lui et les conservateurs et le peuple, au moins la moitié de l’élite et de ceux qui payent les impôts et souscrivent aux emprunts d’Etat.

     

    Si les forces populaires ont de la présence d’esprit, elles comprendront que le moment est venu et que c’estmaintenant qu’elles peuvent renouveler le syndicalisme et sauver le travail. Elles ne le sauveront qu’en juxtaposant à la Manif pour tous, ou en injectant en elle, une dimension de Manif pour le Travail pour Tous.

     

    Quand un pouvoir a gravement failli à toutes ses obligations et qu’il veut mettre le Peuple à genoux, il prend le risque que le Peuple le mette à pied et le punisse 

     

    Il existe toujours au-dessus des pouvoirs constitués un Pouvoir supérieur et constituant. Ce pouvoir reste le maître et le juge.

     

    Le jour venu, il peut renvoyer devant la juridiction qu'il constituerait certains individus qui, ayant eu à exercer les pouvoirs constitués, auraient manqué à leurs devoirs et posé des actions susceptibles d’être qualifiées de forfaiture et d'atteinte aux intérêts vitaux de la nation.  

     

    Face au fanatisme totalitaire, un Peuple peut prêter serment de ne plus se séparer sans avoir rendu sa Constitution à son pays   

     

    Le Peuple est fort. Non seulement il se compte et mesure à la fois la faiblesse du pouvoir et sa propre force. Mais plus encore, il sait qu’il EST le Peuple, qu'il a pour lui le droit et la raison, la justice et la tolérance, et qu’il lutte contre le totalitarisme. Il est déterminé à opposer une Résistance farouche, jusqu’à la Libération. L’Ordre Nouveau ne passera pas.

     

    Et maintenant ? - On peut désormais prévoir trois choses

     

    1. Le Peuple va se déclarer en permanence – ou, en tout cas, en manifestation permanente contre le Totalitarisme et pour la Liberté.

     

    2. Le peuple qui exige du Travail pour tous, et tous les participants de la Manif pour tous, vont un jour se rejoindre et faire Peuple ensemble, contre le totalitarisme libertaire.

     

    3. Les dates des deux prochaines manifestations seront probablement le 1er mai 2013 et le 14 juillet 2013.  »


    Henri Hude, l
    e 25 Mars 2013 

    http://www.henrihude.fr/

     

     
  • Une idéologie qui veut dominer la vie des couples

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    Lettre de Michel Pinton, ancien parlementaire, à Axel Nørgaard Rokvam :

    « Cher Collègue,


    Dans votre dernier message, vous me demandez si les débats « sociétaux » auxquels j'ai participé dans ma carrière parlementaire, ont ressemblé à celui qui vient de se dérouler dans l'hémicycle. Je vous réponds que je leur vois moins de ressemblance que de continuité : selon moi, les discussions qui ont accompagné la légalisation de l'avortement, il y a presque quarante ans, l'institution du pacs en 1999 et l'ouverture du mariage aux homosexuels aujourd'hui, forment un seul et grand débat qui n'est d'ailleurs pas clos.

    Pour expliquer ma pensée, je crois utile de souligner d'abord quelques traits de la méthode par laquelle le gouvernement Ayrault a fait voter sa loi.

    L'ÉTONNANTE PRÉCIPITATION DU GOUVERNEMENT

    Comme vous me le dites, la majorité de l'Assemblée n'a guère été appelée à réfléchir ; elle s'est laissé emporter par les envolées lyriques de la Garde des Sceaux. Le député rapporteur a rivalisé avec la ministre dans l'élan oratoire : « Il est venu, le temps de l'égalité ! » s'est-il écrié dans une formule qui résumait leur plaidoyer commun. En réalité, il est venu le temps où le mariage et la filiation sont redéfinis en fonction de l'homosexualité. Il en résulte un bouleversement de ces institutions multiséculaires. Voici un exemple : jusqu'à présent l'homme et la femme apportaient à l'enfant ce qu'il pouvait recevoir de plus précieux de l'un et de l'autre : la mère lui donnait la vie et le père son nom. Le don du nom était le signe de devoirs propres à l'homme. Il empêchait une exclusivité maternelle dont la science montre l'insuffisance pour la formation de la personnalité. Avec la loi Taubira, l'enfant se verra attribuer les deux noms par ordre alphabétique, sauf si les parents demandent expressément et par déclaration conjointe qu'il en soit autrement. Le nouveau système a été fait pour convenir aux « couples » homosexuels mais il brouille un repère simple et clair de filiation masculine pour tous les autres. Les relations de père à enfant, que l'on sait fragiles dans notre société, en seront davantage affaiblies.

    Si encore ce bouleversement était nécessaire pour satisfaire une part significative du peuple français ! Mais il n'en est rien. L'Espagne, qui nous a précédé dans la légalisation du « mariage homo », nous offre des statistiques instructives : passé un effet de mode qui a fait monter de tels mariages jusqu'à 2% du total, leur proportion est retombé à 0,1%. Il en va de même au Canada. Vous avez raison de vous demander pourquoi le parti au pouvoir s'acharne à remodeler l'institution familiale au profit d'une infime minorité dont le genre de vie est et restera réfractaire à la conjugalité.

    Votre perplexité a été accrue par la précipitation du gouvernement dans cette affaire. Des dossiers graves et urgents réclamaient l'attention de l'Assemblée : l'équilibre du budget par exemple ou la montée du chômage. Aucune enquête d'opinion, aucun mouvement de rue n'appelaient les députés à voter, toutes autres affaires cessantes, l'ouverture du mariage aux homosexuels. Au contraire, l'imminence du débat a provoqué d'imposantes manifestations d'hostilité. Et, selon tous les sondages, ni François Hollande ni Jean-Marc Ayrault ni Christiane Taubira ni aucun responsable de la loi n'ont été récompensés de leurs efforts par la moindre poussée de popularité. Alors, quelle raison à cette hâte ?

    Il faut expliquer pourquoi tant de risques ont été pris pour si peu de bénéfices visibles. Vos collègues du Palais Bourbon, qui ont cédé à l'exaltation du discours ministériel, ne se posent apparemment pas la question. Essayons de réfléchir plus qu'eux.

    UNE IDÉOLOGIE QUI VEUT DOMINER LA VIE DES COUPLES

    Je pense que le but réel de la loi Taubira n'est pas l'émancipation des homosexuels mais l'accomplissement d'une idéologie. C'est vers cet accomplissement que convergent toutes nos lois « sociétales » depuis un demi-siècle. Pour le comprendre, il nous faut revenir à leur mère commune, la loi Neuwirth (1967).

    À l'époque, les progrès rapides de la biologie ont conduit à un mode simple et efficace de contraception chimique. Le succès de la « pilule » fut immédiat : elle apparut à la quasi-totalité des couples comme l'instrument décisif qui leur permettrait de maîtriser leur fécondité. En elle-même leur aspiration était légitime. Le législateur ne pouvait y rester insensible. La loi Neuwirth est née de là. Mais la pilule et le stérilet ont apporté aussi avec eux un autre effet, sous-estimé jusqu'à aujourd'hui. En refoulant ou en contrariant les lois naturelles propres au corps, ils ont accrédité la croyance que ce dernier n'est qu'un outil à la disposition de l'esprit de chaque individu. Et les esprits, n'éprouvant plus les contraintes des corps, ont aspiré à une autonomie sans limite. La contraception chimique et mécanique, telle que les techniques l'ont façonné il y a un demi-siècle, a donc eu de grandes conséquences morales : c'est d'elle que vient la fragilité des couples contemporains, qui ne connaissent plus la solidarité croisée des corps et des esprits ; d'elle encore, l'indifférence aux lois du corps, qui se manifeste par exemple dans l'égalité exigée entre hétéro et homosexualité ; d'elle toujours, le refus de son propre corps, réclamé par ceux qui veulent changer de sexe et, sous une forme différente, par les partisans de l'euthanasie ; d'elle enfin, cette aspiration à être soi contre la vie de son corps, dont témoigne le droit à l'avortement. L'euthanasie, l'avortement, l'homosexualité ont toujours existé. Mais c'est seulement dans le sillage de la contraception chimique qu'ils ont réclamé une reconnaissance positive.

    Cette croyance est restée masquée pendant longtemps. A cause de son caractère presque invisible, les hommes politiques du dernier demi-siècle ont fait des lois dont ils n'ont pas compris, sur le moment, la vraie nature ni les véritables conséquences. Le gouvernement Pompidou pensait sincèrement, en 1967, que la pilule allait conduire à des « couples plus harmonieux » et des « familles plus heureuses ». Ses successeurs ont été interloqués par les statistiques qui ont enregistré la montée fulgurante des divorces et la multiplication des familles monoparentales. Simone Veil a été, à son tour, décontenancée par le flot qui a renversé les barrières fragiles qu'elle avait posées à l'interruption volontaire de grossesse. Lionel Jospin est encore ulcéré de constater qu'au rebours de ses prévisions, le Pacs, loin d'éteindre les demandes de mariage homosexuel, les a attisées. Dans les faits, la croyance qui se cachait derrière la « libération sexuelle » a imposé sa propre dynamique. Elle a débordé les calculs erronés et les promesses inconsidérées des gouvernants qui sous-estimaient sa puissance. 

    Nous n'avons plus l'excuse des hommes politiques du passé parce que l'expérience accumulée depuis cinquante-cinq ans parle suffisamment fort. Nous pouvons mesurer les conséquences des lois « sociétales » d'hier et donc deviner où nous conduisent celles d'aujourd'hui. Il n'est pas difficile de prévoir, par exemple, que la légalisation du mariage homosexuel annonce logiquement celles de la procréation médicalement assistée et de la gestation pour autrui. Les dénégations ministérielles ne peuvent plus être imputées à l'aveuglement. Elles relèvent du mensonge. Puis-je le prouver? Bien sûr. Si, pour faire passer sa loi, le gouvernement a pris tous les risques que nous avons relevés tout à l'heure, ce ne peut être que pour servir un impératif si fort qu'il lui a fait négliger les contingences. Et cet impératif est la croyance que je viens d'évoquer. Désormais elle se présente sans voiles. Elle domine même les idées de notre époque au point d'être devenue l'égale d'une foi religieuse. Elle proclame que l'humanité est proche d'une libération d'immense portée. Autrement dit, elle s'est transformée en idéologie. Le rapporteur de la loi Taubira, qui est un de ses fidèles, a expliqué son but quand il a affirmé que le jour venait où l'on pourrait « en finir avec la filiation biologique pour en venir à la filiation volontaire ». La gestation pour autrui sera un mode banal de procréation. Le corps sera enfin devenu un simple outil, reconnu comme tel par la loi : il pourra être vendu et acheté selon sa valeur marchande. Ce gouvernement sait où il va, contrairement aux précédents. Ses perspectives dépassent de loin son souci des homosexuels. Cherche-t-il d'ailleurs à savoir qui ils sont et ce dont ils ont vraiment besoin ? Il s'en fait une idée qui l'arrange. Il pousse en avant le maigre peloton de l'association LGBT (un peu plus de mille adhérents) dans sa bataille pour la « libération sexuelle ». Il ne s'intéresse pas à la réalité des « gays » et des lesbiennes, celle de personnes qui traînent douloureusement une blessure inguérissable.

    Voyez comme le mariage est loin des préoccupations de nos dirigeants. Vous les avez entendus, dans leurs envolées oratoires, proclamer que la loi Taubira allait le « redynamiser » et lui « donner une nouvelle richesse ». Mais ils se gardent d'y conformer leurs vies privées. Le Président de la République, la plupart de ses ministres et la majorité des députés socialistes n'envisagent pas plus qu'avant, de se marier avec leurs concubines. La cohérence de leurs comportements personnels avec leur politique existe mais elle est à chercher bien au-delà.

    SES CONSÉQUENCES SOCIALES ET POLITIQUES 

    Traduit en projet politique, l'idéologie en question devient une lutte pour libérer le peuple français de conditionnements qui lui ont été imposés par la bourgeoisie ou le judéo-christianisme ou la tyrannie patriarcale ou les trois au nom de lois prétendument inscrites dans les corps. La gauche en fait sa nouvelle cause : elle est aujourd'hui presque unanime à estimer que la différence sexuelle est une fausse donnée, la distinction entre géniteurs et parents un progrès nécessaire, la libre disposition de son corps un droit fondamental jusque dans l'avortement et l'euthanasie ; elle s'enthousiasme pour le grand combat émancipateur que l'histoire lui confie. Il remplace la lutte des classes, qu'elle a dû abandonner après l'échec des projets marxistes.

    Prenons garde, cher collègue, de sous-estimer les conséquences sociales et politiques de cette croyance devenue idéologie. J'en résume le danger en indiquant qu'elle attaque et affaiblit la solidarité dans notre société. La solidarité entre corps et esprits est la première atteinte. Les esprits, à leur tour, sont poussés à considérer comme primordiale une recherche de soi strictement individuelle et immédiate. La solidarité avec les autres leur paraît secondaire et confuse. C'est de cette source que coulent les comportements caractéristiques de notre époque : la préférence donnée à la consommation privée sur les investissements collectifs ; le fatalisme résigné face à d'insolentes inégalités de revenus ; le désintérêt pour la connaissance de l'histoire et la peur de l'avenir. Le citoyen que l'idéologie façonne peu à peu vit par lui et pour lui dans le présent. Pour le reste, il s'en remet à la tutelle de l'État.

    C'est pourquoi l'État est obligé de courir à l'aide de toutes les victimes d'une solidarité sociale en régression. Des millions de familles monoparentales - c'est à dire des mères abandonnées avec leurs enfants jeunes - seraient dans une misère irrémédiable sans les allocations massives que les gouvernements leur prodiguent depuis trente ans. Des bataillons d'éducateurs, psychologues, psychothérapeutes, animateurs, juges pour enfants sont mobilisés pour socialiser les adolescents violents, drogués, délinquants, instables ou simplement en marge de la société, qui ont pour seul point commun d'avoir fui des familles artificielles ou éclatées. Il faudrait y ajouter les vieillards laissés à leur solitude pour lesquels il a fallu inventer l'APA et d'autres catégories encore. Cette action sociale coûte cher, si cher que le gouvernement actuel est devenu incapable d'augmenter ses dépenses au rythme des besoins. Il est obligé de faire des choix. Observez lesquels : il cherche à réduire les allocations attribuées aux familles mais il décide que les avortements seront désormais gratuits. Il révèle ainsi le projet politique qui l'anime. Soyez certain que la procréation médicalement assistée et la gestation pour autrui seront demain remboursées par la sécurité sociale. Il sera intéressant de savoir quelle dépense sera rognée en contrepartie.

    À LA POUBELLE DE L'HISTOIRE ?

    Le ministre de l'Éducation nationale a voué les opposants à la loi Taubira à la poubelle dans laquelle l'Histoire jette ceux qui s'opposent à la marche du progrès. Est-il conscient d'avoir repris une prédiction que les marxistes d'antan appliquaient à leurs adversaires ? Leur erreur aurait dû le rendre plus prudent. Plusieurs indices laissent penser que l'Histoire pourrait désavouer la prophétie ministérielle. Le projet politique qu'il partage avec François Hollande est de moins en moins accepté à mesure qu'il se réalise. Certes la contraception chimique a séduit l'écrasante majorité des couples. Mais c'est parce que son joug était le passage obligé vers un libre contrôle de leur fécondité. Quarante ans plus tard, le Pacs, présenté comme un grand pas vers la libération sexuelle, unit péniblement 3% de la génération des jeunes de 18 à 40 ans. La loi Taubira, qui se veut une étape majeure sur la même voie, dresse contre elle une hostilité massive. La dynamique qui conduit à la séparation totale entre corps et esprits, se heurte à une résistance de plus en plus forte.

    Et puis cette idéologie et le projet politique qui l'accompagne reposent sur un socle fragile : la pilule, invention technique vieille d'un demi-siècle. Si demain, une autre invention technique, qui offrira aux couples une maîtrise efficace de leur fécondité sans enfreindre la loi naturelle des corps, devient disponible, le charme sera rompu. La séparation absolue du corps et de l'esprit apparaîtra comme une violence inadmissible faite à l'intégrité de la personne. C'est le projet soutenu par M. Peillon qui risque de finir dans la poubelle de l'Histoire.

    Non, cher collègue, le débat commencé il y a plus d'un demi-siècle n'est pas clos. Vous et moi avons défendu la plénitude de l'homme et la dignité de l'Etat. Notre cause est la bonne. Elle l'emportera. »

    Michel Pinton

     
  • Les français sont-ils prêts à reconnaitre comme juste la théorie du genre et à l’appliquer à leur modèle de société ?

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    Axel Nørgaard Rokvam à Mme Taubira, Garde des Sceaux, en Sorbonne, le 18 mars 2013

    Mais qui êtes-vous, Madame, pour changer ma civilisation ? Appartient-il au garde des sceaux de supprimer juridiquement la filiation biologique ? Appartient-il au législateur de me dire qui sont mes parents ? N’abusez pas de votre pouvoir, Madame, vous risqueriez de faire de nous des marchandises, rétablissant un esclavage dont je me ferai éternellement l’ennemi. Vous savez bien que ce projet ne rend service qu’à vous. Vous occupez ainsi les français en utilisant une communauté homosexuelle peu encline à se marier et encore moins à « avoir des enfants ». Vous vous honoreriez donc de le retirer dès maintenant, car il n’y a que l’orgueil qui puisse vous retenir de revenir à la raison.

    Les français sont-ils prêts à reconnaitre comme juste la théorie du genre et à l’appliquer à leur modèle de société ? Je sais, parce que vous êtes là à tenter de nous convaincre du contraire, qu’une parole intérieure tente d’hurler en vous que ce que vous faites est grave, car c’est contre l’homme, au-delà de ses choix ou penchants religieux, sexuels et culturels. Quelqu’un en vous-même vous rappelle, au fond, que c’est contre l’homme tout simplement.

    Comment pouvez-vous ignorer, Madame, tant de personnes compétentes qui vous disent, en substance, que ce projet de loi est le cheval de Troie d’un esclavagisme moderne, où le désir devient la mesure de toute chose. Cela ne marche pas, Madame, cela donne une société sans but, sans espoir et sans vie, nous le voyons tous les jours. Mais vous ne les lisez plus les sages, vous n’écoutez plus les immortels et les philosophes, et leur mise au pilori médiatique vous rend service. Espérez-vous, franchement, rendre le monde meilleur en supprimant le mariage et en acceptant la GPA et la PMA ?

    Si vous faites passer ce projet de loi, Madame, vous aurez des comptes à rendre devant les personnes que vous aurez délibérément, en tant que garde des sceaux, privés de leur relation avec leur père ou leur mère, ou les deux. Si je me lève ici, ce n’est pas contre vous Madame, mais pour eux. Et aussi parce qu’en faisant cela, vous n’engagez pas seulement votre personne, mais vous engagez la France et nous tous qui la faisons, naissance après naissance, mort après mort et vie après vie, passant d’une famille où l’on né à une famille que l’on fonde. Enfin, j’irai dimanche prochain sur les Champs-Elysées, car la liberté d’expression est à ce prix dans votre civilisation, et parce que mon cœur n’a pas fini de battre pour mon pays. »

    Axel Nørgaard Rokvam à Mme Taubira en Sorbonne, le 18 mars 2013
     

  • Le printemps des consciences

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    Lettre de Monseigneur Marc Aillet aux diocésains à propos de la « Manif pour tous » du 24 mars :

     

    Mandala, HildegardeDeBingenMandala de Hildegarde Von Bingen

    "Le 13 janvier dernier à Paris, le projet de loi Taubira de « mariage et adoption pour tous », a suscité une mobilisation sans précédent, tant par son ampleur que par la diversité des manifestants et leur motivation : on ne marchait pas pour défendre des intérêts particuliers, mais on avait conscience, de manière plus ou moins explicite, de promouvoir le bien commun de la société, un bien précieux à transmettre aux générations futures. Le moins qu’on puisse dire, c’est que cette mobilisation ne semble pas avoir eu d’effets immédiats sur le gouvernement : son absence presque totale de réaction a même pu s’apparenter à un certain mépris. Le débat parlementaire a été à l’image des auditions devant la commission des lois de l’Assemblée nationale : un parti-pris idéologique, un refus d’entendre la voix de la raison en tournant systématiquement en dérision les arguments avancés, une occultation des vrais enjeux pour la société, en particulier « le droit de l’enfant » au profit d’un mortifère « droit à l’enfant ». Les 700.000 pétitions déposées au CESE n’ont pas eu plus de succès. Les medias qui minimisent cette mobilisation, au mépris de son ampleur inédite en France, continuent de donner la parole aux promoteurs du projet de loi qui s’en prennent avec virulence à leurs adversaires en brandissant contre eux le facile qualificatif d’ « homophobes » pour les diaboliser aux yeux de l’opinion.

    Face à une telle fin de non-recevoir et devant l’obstination du gouvernement, voire une certaine faillite des institutions républicaines qui apparaît de plus en plus comme un déni flagrant de démocratie, la partie est-elle perdue pour autant ? Non, et il convient de rester mobilisés, même si le doute et le découragement semblent en gagner plus d’un.

    Il reste que la mobilisation historique du 13 janvier est une lame de fond qui ne saurait se réduire à un combat à court terme, lequel demeure pour autant légitime. En effet on ne saurait être dans une logique d’affrontement ou de rapport de forces. Face au mépris et à la dérision, il n’est pas question de se laisser aller à quelque forme de violence ou d’agressivité que ce soit. C’est un combat spirituel où les ennemis ne sont pas « des êtres de chair et de sang », comme dirait saint Paul : c’est la « béatitude des doux » qui doit nous animer ; et la douceur n’a rien à voir avec la mollesse et la lâcheté, elle est même la vertu qui nous aide à convertir la violence en force d’âme. Mais il semble bien que l’on soit engagés dans une « guerre idéologique » qui entend procéder à la déconstruction de la société et à la déstructuration de la personne humaine, jusqu’à détruire son lien constitutif au Créateur, pour hâter l’avènement d’un « homme nouveau ». Tel est bien, semble-t-il, le sens de la « réforme de civilisation » prônée par Mme Taubira, au nom de laquelle le gouvernement entend « arracher les enfants au déterminisme de la religion » (Christine Taubira à l’Assemblée nationale ») et faire de l’Education nationale un instrument susceptible de promouvoir une « morale laïque » pour « arracher l’élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel » (Vincent Peillon). Au bout du compte, ce projet totalitaire n’a d’autre objectif que d’imposer à l’ensemble de la société une politique hélas synonyme de « culture de mort » (promotion de l’idéologie du genre, mesures visant à faciliter l’accès des femmes à l’IVG, remise en cause annoncée de notre politique familiale et du droit de la famille, légalisation programmée de la procréation médicalement assistée , autorisation des expérimentations sur l’embryon humain, du « suicide assisté », des « salles de shoot », etc.).

    Dans ces conditions, la manifestation du 24 mars ne sera pas d’abord une démonstration de force, qui chercherait à tout prix à faire plier le gouvernement, même s’il est légitime de réclamer purement et simplement le retrait du projet de loi Taubira. Car ne nous y trompons pas : adopté par l’Assemblée nationale en première lecture, il doit encore être discuté au Sénat, puis vraisemblablement, revenir en seconde lecture à l’Assemblée, sans préjuger de son application, si d’aventure il parvient à franchir toutes ces étapes parlementaires. Mais il s’agit plus encore de montrer qu’il existe en France un vaste et profond mouvement de résistance spirituelle, morale, sociale et politique, sous-estimé par les organes institutionnels et les appareils de partis.

    Sans doute les déclarations de certains porte-paroles de la « manif pour tous » ne sont-elles pas toujours ajustées. En même temps, leur diversité et leur profond désir de rester unis sur l’essentiel, à savoir le retrait du projet de loi, sert ce mouvement de résistance, au-delà des divergences d’approches. Je sais bien aussi que la date retenue, due à des contraintes indépendantes de la volonté des organisateurs, pourrait gêner les catholiques qui entrent en ce dimanche 24 mars dans la grande semaine sainte. Toutefois, devant l’importance de l’enjeu, j’encourage les fidèles du diocèse qui le décideront en conscience et en auront la possibilité, à se rendre à Paris le 24 mars. Moi-même, je célèbrerai la Messe anticipée du dimanche des Rameaux, le samedi 23 mars à 18h à la cathédrale Saint- Marie de Bayonne et je les accompagnerai afin de manifester ma sollicitude de pasteur pour leur légitime engagement : pour vous, je suis évêque, mais avec vous je suis chrétien … et citoyen !

    L’Eglise n’a certes pas vocation à se lancer dans la bataille politique, mais son rôle est bien de réveiller les forces morales et spirituelles de la société. Mon intervention se situe dans cette ligne. Comme évêque et en conscience, je ne saurais me soustraire à ma mission prophétique. Comme le Pape Benoît XVI nous le rappelait, lors de notre visite ad limina : « Dans les débats importants de société, la voix de l’Eglise doit se faire entendre sans relâche et avec détermination. En continuant d’exercer comme vous le faites la dimension prophétique de votre ministère épiscopal, vous apportez dans ces débats une parole indispensable de vérité qui libère et ouvre les cœurs à l’espérance ». « Garante de la culture de l’humain », qui est née, comme le rappelait notre Pape émérite, « de la rencontre entre la Révélation de Dieu et l’existence humaine », l’Eglise a quelque chose à dire sur l’homme, précisément parce que l’homme a été créé à l’image de Dieu, fondement ultime de sa dignité, et parce que « le mystère de l’homme ne s’éclaire vraiment que dans le Mystère du verbe incarné » (Vatican II).

    La manifestation du 24 mars, comme celle du 13 janvier, doit être l’expression d’un véritable printemps des consciences. Je n’oublie pas pour autant les souffrances des personnes homosexuelles et de leurs familles, pour lesquelles l’Eglise a une longue expérience d’accompagnement pastoral. Je ne veux pas non plus minimiser les nombreuses situations de précarité économique et sociale engendrées par la crise actuelle, pour lesquelles des solutions politiques tardent à être trouvées et qui exigent de notre part un engagement redoublé en ces jours de Carême. Mais le projet de loi de mariage et d’adoption pour tous représente un enjeu considérable pour l’avenir de notre société et c’est pourquoi je me permets d’insister sur la juste mobilisation qu’il réclame. En vous engageant d’abord à la prière, car « l’action déborde toujours de la prière » (Marthe Robin), je vous propose de consacrer le vendredi 22 mars à une journée de jeûne et de prière à cette intention. Avec mes sentiments dévoués dans le Christ et Son Eglise."

  • La question fondamentale ne sera jamais résolue : le sentiment d’inégalité.

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    Lettre ouverte d'un jeune homosexuel aux Parlementaires : Jules Courot

     

    Mon témoignage sur l’homosexualité et mon opinion sur le mariage pour tous


    « Le projet de loi de « mariage pour tous » fait couler beaucoup d’encre, chez les « pros » comme les « antis » et de nombreux sujets sont occultés alors qu’ils sont prioritaires car ils concernent un nombre plus important de Français : chômage, logement, pauvreté, éducation, santé, alimentation, dépendance, handicap, exclusion…











    Cependant, je dois te dire quelque chose d’important au sujet de l’homosexualité, dont tu n’as peut-être jamais entendu parler. Cette lettre se veut l’humble témoignage de mon expérience. En effet, je ne prétends pas détenir la vérité sur un sujet aussi complexe que l’homosexualité. Cela te concerne en tant que citoyen français mais également parce que je suis peut-être ton voisin, ton collègue, ton ami, ton frère, ton fils.









    J’ai 27 ans et, à l’âge de 18 ans, j’ai pris conscience de tendances homosexuelles. Ce jour-là a été un choc énorme. Je me suis posé beaucoup de questions : pourquoi moi ? pourquoi ces tendances ? ne pourrai-je jamais aimer une femme, fonder une famille ? où est l’avenir avec tous ces projets qui tombent à l’eau ? à quoi cela sert-il de vivre ?




     

     



    En vieillissant, d’autres questions et souffrances sont apparues : souffrance de ne pas toujours savoir entrer en relation avec les autres, de ne pas se sentir aimé, de ne pas savoir aimer, de ne pas s’aimer, de ne pas être ce que j’aimerais être « un homme à femmes ». Pourtant, je ne suis pas seul à souffrir ; nombreux sont ceux qui souffrent : de la perte d’un être cher, du chômage, de la pauvreté, de la solitude, d’addictions, d’un handicap, d’exclusion, de maladie, de stérilité… Malgré cela, cette souffrance n’est-elle pas légitime ? N’est-il pas important que quelqu’un puisse m’écouter et m’aider à discerner sans me juger ?







     

     

    Si je décide de pratiquer l’homosexualité, serai-je vraiment heureux ? Comment serai-je à 80 ans ? Comment mon entourage réagira-t-il en l’apprenant ? Me soutiendra-t-il ou cessera-t-il toute relation ? Devrai-je lui en parler au risque de le faire souffrir ou vivre caché au risque de souffrir seul ? Où est la vérité ? Où est le bonheur ? Les personnes découvrant des tendances homosexuelles ne se posent-elles pas les mêmes questions ?





     

     

     




    De ma propre initiative, j’ai choisi d’en parler à un psychothérapeute, qui m’a accompagné dans mes questionnements, tout en respectant ma liberté de conscience et de « choix de vie ». En apprenant à me connaître, j’ai réalisé que mes tendances homosexuelles s’étaient construites pendant mon adolescence pour plusieurs raisons : à cause d’un manque affectif très fort de la part de mon père (réel ou ressenti ?) et d’un lien fusionnel avec ma mère. D’autres traumatismes sont venus indirectement renforcer ces tendances : le harcèlement moral et physique de mes « camarades », garçons comme filles, pendant ma scolarité et la confrontation, dès l’âge de 12 ans, à la pornographie et au discours hyper sexualisé des émissions de radio.










    J’ai compris que lorsque je suis attiré par des personnes du même sexe, c’est parce que je cherche en elles l’amour de mon père dont j’ai manqué et l’amitié de mes « camarades » dont j’ai été privé durant ma scolarité. Je crois que les facteurs de l’homosexualité sont multiples et complexes et que chaque situation est unique. Enfin, je crois que l’on ne peut pas comparer l’homosexualité masculine et l’homosexualité féminine. Néanmoins, je pense que la connaissance de soi, qui est un long cheminement, permet de faire la vérité sur soi et aide à s’assumer avec les blessures inhérentes à toute vie humaine. C’est de l’acceptation de cette vérité sur soi, je crois, que résulte la paix intérieure.







     


    Cela fait neuf ans que je vis avec ces tendances qui, parfois, rendent mes relations avec les autres difficiles, malgré des questions existentielles qui parfois refont surface. Quel sens donner à ma vie ? Comment vivre heureux si je ne peux me marier avec une femme et avoir des enfants ?





    Mais, si je tiens à prendre la plume, c’est pour dire combien ce projet de loi de « mariage pour tous », à mon sens, vient bouleverser les repères de notre société où nous manquons déjà cruellement de repères, où le relativisme est roi et où l’individualisme est courant. Quoiqu’il faille saluer la générosité ponctuelle et financière de beaucoup de Français lors d’événements médiatisés tels que le Téléthon, les Restos du Cœur, le séisme en Haïti ou les tsunamis en Thaïlande ou au Japon. Cela est-il pour autant suffisant ? La canicule de l’été 2003 n’a-t-elle pas mis au jour un grave problème d’isolement des personnes âgées dont les voisins ignoraient les besoins ? Le Lillois retrouvé chez lui 15 ans après son décès ne pose-t-il pas question sur l’indifférence de certains ? La présence de sans-abris à nos portes, y compris ayant un emploi, ne montre-t-il pas que nous avons encore des efforts à faire en matière de solidarité ? Le montant des dépenses des Français pour les fêtes alors que beaucoup n’ont rien n’est-il pas une injustice ? Selon un sondage CSA pour l’émission Capital, en décembre 2012, les dépenses par foyer variaient de 263€ à 483€ alors que le RSA s’élève à 475€ ou le minimum vieillesse à 777 €.














    Je vais tenter d’apporter mon opinion et un éclairage sur l’homosexualité, à partir de mon vécu, avec humilité, dans un souci de sincérité et de rigueur intellectuelle. Avant toute chose, sachant que ce sujet peut réveiller des blessures très profondes, je voudrais d’avance te demander pardon si tu te sens blessé en lisant ce qui suit. Je te demande également de la patience dans la lecture de cette lettre. En effet, comment évoquer un sujet aussi complexe en 140 caractères ?








    Depuis neuf ans, j’ai été amené à écouter et à comprendre les arguments des « pros » et des « antis », à rencontrer d’autres personnes homosexuelles que moi ou à écouter leurs proches. Je crois que l’on ne peut véritablement se faire une opinion sur les réalités de l’homosexualité et sur les enjeux du « mariage pour tous » que si l’on est en capacité de s’écouter, sereinement et non dans l’affrontement, ce que je déplore aujourd’hui en l’absence de débat réel et pacifié. En effet, chacun défend son point de vue sans écouter l’autre, que ce soit dans un camp ou dans un autre. Quel que soit le sujet, on voit bien aujourd’hui combien nous avons du mal à nous écouter et à nous faire confiance ; d’abord parce que nous avons du mal à prendre du recul par rapport à notre propre situation, parce que nous avons du mal à faire usage de notre raison et que nous réfléchissons plus souvent à l’aune de nos sentiments. Ensuite, parce que nous avons oublié la vertu fondamentale de l’interdit du mensonge. On voit bien à quel point l’usage de la langue de bois et le mensonge sont devenus monnaie courante pour arriver à ses fins ou éviter d’assumer la responsabilité de ses actes. La conséquence dramatique est que l’on ne se fait plus confiance et l’on a du mal à se croire. Puisqu’il m’arrive de mentir, comment puis-je être certain que mon interlocuteur ne ment pas non plus ?
















    Toi qui es homosexuel et qui dis assumer ton homosexualité, je suis heureux pour toi mais je te demande d’accepter que d’autres ont un parcours différent du tien et vivent des situations différentes. Chacun est unique et doit cheminer en toute liberté et à son rythme.






    Toi qui vis ces questions avec souffrance, je veux te dire mon affection, te dire combien je comprends ta souffrance, tes doutes, ta révolte, plus encore aujourd’hui où l’on entend tout et son contraire, des paroles s’érigeant en vérités absolues, chez les « pros » comme chez les « antis », niant le parcours unique et les aspirations de chacun.







    D’un côté, certains politiques et lobbys gays banalisent l’homosexualité comme si la question était simplement une inégalité de droits et la réponse uniquement législative. Mais c’est nier les causes complexes et diverses de l’homosexualité et les souffrances que vivent beaucoup de personnes homosexuelles. 







    D’un autre côté, des intégristes de tous bords tendent à imposer une vérité sans charité et condamnent ceux qui n’ont pas choisi leurs tendances homosexuelles ou ceux qui pratiquent l’homosexualité « malgré eux ».






    En réalité, la très grande majorité des Français ne sait pas ce qu’est l’homosexualité et ont des paroles humiliantes à l’égard des personnes homosexuelles, parfois même dans sa famille ou ses amis. C’est par ignorance ou par peur de la différence. Ce sentiment de peur face à ce que l’on ne comprend pas est humain. Je crois aussi qu’il est lié au sentiment d’impuissance face à une situation que l’on ne maîtrise pas. Ne t’es-tu jamais senti désarmé face à la souffrance d’un proche ou face à une situation inconnue ? N’as-tu jamais employé, même toi qui es homosexuel, pendant ta jeunesse, pour plaisanter, les expressions « voiture de pédé », « tapette » ou « pédale » ? Pourtant, as-tu mesuré que cela pouvait blesser ?












    Toi qui ne comprends pas l’homosexualité, qui en est peut-être dégoûté, qui considère cela « contre-nature », je te comprends mais je te demande d’ouvrir ton cœur et ton intelligence, car derrière ces réalités se cachent des êtres humains, comme toi, qui ont un cœur, une intelligence et une immense soif d’amour et de vérité.







    Comment donc s’y retrouver entre les discours « pros » et les discours « antis » ? Qui croire ? Que croire ? Où est la vérité ? Comment ne pas être taxé d’homophobie si l’on est contre le projet de loi de « mariage pour tous » ? Comment défendre la famille (père-mère-enfant) tout en respectant ceux qui n’ont pas fait un choix conscient de leurs tendances ou qui vivent dans une situation familiale différente de la famille traditionnelle ?








    C’est un fait, des personnes de même sexe vivent ensemble et se portent mutuellement affection. Certains élèvent des enfants, issus pour la très grande majorité d’unions hétérosexuelles, et l’on ne peut nier que ces enfants reçoivent autant d’amour que dans des couples de sexes opposés. Par ailleurs, il faut reconnaître la sincérité du désir d’enfant des personnes homosexuelles et la souffrance de ne pas en avoir. Cependant, je crois que l’on doit se poser les questions suivantes en mettant de côté ses affects : Quelle situation familiale et éducative est la meilleure pour le bien-être psychique de l’enfant ? N’y a-t-il pas des limites aux désirs individuels que le législateur doit rappeler dans la loi ? Existe-t-il un droit à l’enfant ou des droits de l’enfant ? Avoir un père et une mère n’est-il pas précieux, même si les réalités sont aujourd’hui diverses ? Selon l’INSEE, en 2005, 81% des 13,5 millions de jeunes de moins de 18 ans vivaient avec un couple parental marié (63%) ou en union libre (18%). L’INED, en 2005, estimait que 24000 à 40000 enfants étaient élevés par des couples de même sexe, soit entre 0,22% et 0,29% du nombre total d’enfants.















    Je crois aussi que la question fondamentale, sous-jacente à ce projet de loi, ne sera jamais résolue : le sentiment d’inégalité. Certes, des améliorations législatives peuvent être apportées au pacs afin de garantir des droits équivalents, comme l’a exprimé le Défenseur des droits dans son audition du 13/12/2012 à l’Assemblée nationale, en matière de pension de réversion, de logement (co-titularité du bail) ou de congés pour événements familiaux. Faudra-t-il encore qu’ils soient assortis des mêmes obligations pour qu’il y ait égalité de traitement (obligation alimentaire par exemple) et résoudre les cas où le parent biologique d’un enfant change plusieurs fois de partenaire. Chaque partenaire du couple devra-t-il l’obligation alimentaire aux enfants de l’autre partenaire, l’enfant devra-t-il l’obligation alimentaire à la totalité des partenaires de son parent biologique ? Le partenaire devra-t-il l’obligation alimentaire à l’ensemble de ses partenaires, dans le cas où sa responsabilité est reconnue, comme dans les divorces chez les couples hétérosexuels ?











     


    En effet, à mon sens, le sentiment d’inégalité que le projet de loi prétend abolir est plus profond qu’un problème législatif. Il s’explique par le besoin de reconnaissance et la souffrance que vivent beaucoup de personnes homosexuelles. Il est vrai que, pendant des siècles, elles ont été condamnées par les régimes politiques en place. Mais, en réalité, la cause de cette souffrance est intrapsychique. La réponse est par conséquent individuelle et non pas collective. Ce sentiment d’infériorité s’explique par le traumatisme que provoque la découverte de tendances homosexuelles. En effet, l’écart entre ce à quoi l’identité de chacun le destine (homme ou femme), ce à quoi chacun aspire au fond de lui-même, et les limites auxquelles son orientation le contraint, sont source de souffrance. Elisabeth Kübler-Ross, psychiatre et psychologue, a établi 7 phases dans le phénomène du deuil, suite à un événement traumatique, les premières étant le déni et la révolte pour arriver à l’acceptation. Toi qui es concerné par ces questions, peut-être es-tu dans le déni parce qu’il est trop douloureux pour toi d’accepter cette réalité ? Peut-être es-tu dans la révolte parce que cela te permet d’exprimer ta souffrance en rejetant la responsabilité sur un tiers (la société, la politique, les religions...) ? Je dis cela avec beaucoup de respect envers toi et de prudence car moi aussi j’ai traversé ces phases de déni et de révolte y compris envers ma famille, mes amis, mon milieu social ou ma religion mais je me rends compte que j’avais tort.


















    Je crois en effet que toute vie humaine a sa part de blessures et de souffrances, à des âges et des degrés différents. Etre vrai avec soi et avec les autres, c’est reconnaître la fragilité de l’existence humaine et en assumer les limites. Nous vivons dans un monde aseptisé où la mort et la maladie sont taboues. Notre société de consommation, via les discours politiques, publicitaires ou médiatiques, nous fait croire que tout peut s’acheter : la santé, la beauté, le bonheur, l’éternelle jeunesse, l’immortalité. C’est un mensonge qui n’aide personne à accepter les limites de l’existence humaine et rend malheureux car nous sommes en permanence insatisfaits. Le moindre grain de sable dans les rouages de nos projets nous déstabilise. Il faut voir à quel point le retard d’un train de quelques minutes nous met en rogne (alors que 95% des trains étaient à l’heure, selon la SNCF, en 2011). Il faut voir aussi comme nous avons du mal à regarder une personne handicapée, une personne âgée malade ou un sans-abri quand nous les croisons. Pourquoi ? Parce que leurs fragilités nous renvoient à nos propres fragilités que nous ne cessons de nier en les camouflant derrière nos vêtements de marque, nos diplômes, notre statut social, notre argent, notre voiture, notre maison... En réalité, s’il y a bien une chose devant laquelle nous sommes tous égaux, du sans-abri au Président de la République, c’est la mort. Ce que je veux signifier, c’est que l’homosexualité et ses limites font partie de ces fragilités humaines qu’il revient à chacun d’assumer.


















    Toi qui es jeune et qui vis douloureusement ces questions, toi qui ne comprends rien à l’homosexualité, toi qui es indifférent - et cela est dommage - je veux te mettre en garde de ne pas te laisser manipuler par un « beau » discours politique ou de celui des lobbys gays sous prétexte d’égalité de droits. Je te demande de ne pas être naïf car l’homosexualité n’est pas aussi simple qu’un baiser entre deux adolescents qui découvrent leurs tendances. Certes, l’affection que peuvent se porter deux personnes de même sexe est bien réelle et le désir de vivre fidèlement aussi. Moi aussi, j’ai été attiré par un homme et j’ai eu beaucoup d’affection pour lui. J’aurais été prêt à donner ma vie pour lui. Cela dit, tous les jours je suis attiré par d’autres hommes que je trouve beaux et avec qui j’ai envie de faire ma vie alors que je ne les connais pas. La personne homosexuelle n’est jamais satisfaite car l’attirance qu’elle éprouve pour des inconnus de même sexe est, non pas de l’amour, mais le désir de combler un besoin immense de reconnaissance et d’affection. Non, l’homosexualité n’est pas si simple, si épanouissante, si naturelle. Quel est le pourcentage de couples homosexuels qui ont une relation fidèle et épanouie ?















    Je veux aussi témoigner que le désir homosexuel est parfois compulsif et violent. Il faut constater l’existence de boîtes gays, de clubs échangistes gays, de pratiques sadomasochistes, de fist-fucking. Il faut voir la pornographie homosexuelle sur Internet accessible malheureusement à n’importe qui, y compris via Youtube, Dailymotion ou les réseaux sociaux, pour se rendre compte de la violence et de l’aspect compulsif du désir homosexuel. Un homosexuel honnête avec lui-même ne peut le nier.









    Toi qui vis ces pratiques, et qui peut-être en souffres, je veux te dire mon affection et combien je te comprends. Je sais que, ni toi ni moi, ne nous résumons à nos tendances et à ces pratiques. Ce que je dénonce, c’est le tabou sur cette réalité du désir homosexuel, par les médias, les politiques et les lobbys gays, qui sert les intérêts de quelques-uns favorables au projet de « mariage pour tous ». Nier cette réalité, c’est nier la souffrance des personnes homosexuelles, c’est nier leur soif de bonheur et leurs aspirations à autre chose de plus grand. Ce projet de loi, à mon sens, vise à rendre plus acceptable cette pratique homosexuelle cachée, vécue par des célibataires mais aussi des hommes ou femmes en couple en recherche de plaisir immédiat, malheureux ou frustrés dans leur sexualité.









     


    Toi qui vis ces pratiques, en toute honnêteté avec toi-même, quel regard portes-tu sur celles-ci ? Que ressens-tu quand tu as des relations sexuelles avec ton compagnon ? N’est-ce pas toi que tu cherches à travers lui ? N’est-ce pas te rassurer en te disant « Je me suffis à moi-même ! Il n’y a que moi qui compte, les autres sont inintéressants. » ? Es-tu vraiment heureux et épanoui ?








    Ce que je raconte sur les clubs échangistes ou sur les pratiques homosexuelles est une réalité. Parfois, des adultes en manque d’amour et de repères, profitent de l’innocence de jeunes adultes ou de personnes de leur âge pour assouvir leurs fantasmes. Il me revient en mémoire une vidéo Youtube d’un homme de 40 ans, filmant la façon dont il achetait progressivement les faveurs d’un jeune de 20 ans, rencontré dans une cafétéria, contre une forte somme d’argent. Si l’homosexualité était si naturelle, si épanouissante, pourquoi alors les personnes ayant ces pratiques n’en parlent-elles pas ouvertement à leurs amis ou leur famille ? Quand on dit que l’homosexualité est taboue, c’est parce que les personnes homosexuelles elles-mêmes n’en parlent pas, parce qu’au fond elles sentent bien que ces pratiques ne sont pas épanouissantes, qu’elles en souffrent, et qu’elles aspirent à autre chose. Attention, je ne dis pas que toutes les personnes homosexuelles fréquentent des clubs échangistes ou ont des pratiques sadomasochistes. Je ne dis pas non plus qu’elles sont toutes infidèles. Je connais des couples homosexuels qui vivent ensemble depuis plusieurs années. Je comprends aussi la souffrance de ne pouvoir vivre des gestes d’affection en public, de se tenir la main, de mettre sa tête sur l’épaule de l’autre, de s’embrasser. C’est une souffrance d’être obligé de se cacher alors que les couples hétérosexuels peuvent s’embrasser en public. Je reconnais le désir sincère des personnes homosexuelles de partager une vie affective et fidèle. Mais, je dis que l’homosexualité n’est pas aussi simple, aussi épanouissante, que l’hétérosexualité. Ne dit-on pas qu’il y a plus d’infidélité dans les couples homosexuels que dans les couples hétérosexuels ?





















    C’est la raison pour laquelle je pense que l’homosexualité et l’hétérosexualité ne sont pas équivalentes. C’est la raison pour laquelle je crois que ce projet de loi de « mariage pour tous » est injuste car il ne tient pas compte de la diversité et de la complexité des situations que vivent les personnes homosexuelles. Il nie le désir de celles qui aspirent à autre chose, il les enferme et les réduit à leurs tendances et leurs pratiques. Il nie celles qui n’ont jamais demandé ce projet de loi. Il nie celles qui croient qu’il ne résoudra pas le fond du problème. La preuve, c’est qu’au lendemain de la manifestation du 13 janvier, il ne fait que renforcer les inquiétudes des opposants devant le mutisme du gouvernement, il crée plus de souffrance chez les personnes homosexuelles qui se sont senties blessées par cette manifestation, il attise les affrontements entre « antis » et « pros », et, en finalité, dessert les personnes homosexuelles qui, pour la plupart ne demandent rien, et peuvent être sujettes à plus de violences à leur égard. J’étais à la manifestation le 13 janvier et je peux témoigner que je n’ai vu aucune homophobie mais plutôt des gens témoignant de la joie d’avoir eu un père et une mère et leur inquiétude devant le changement que la loi implique dans la filiation.
















    Quant à l’adoption, à la procréation médicalement assistée (PMA), réservée aujourd’hui aux couples stériles, et la gestation pour autrui (GPA), qui arriveront inévitablement si le projet de loi de « mariage pour tous » est voté, posent aussi question. On ne peut nier qu’un enfant est issu, à quelques exceptions près - un viol par exemple - de l’amour entre un homme et une femme. Je sais qu’il existe des enfants élevés par des couples homosexuels qui sont heureux. Mais, la plupart ont un père et une mère puisqu’ils sont issus, sauf exception, d’une union hétérosexuelle. Je ne nie pas que des enfants adoptés et élevés par un couple d’hommes ou de femmes aient trouvé leur équilibre. On parle suffisamment du phénomène de résilience, c'est-à-dire de la capacité qu’à chacun de trouver son équilibre malgré les difficultés de la vie, pour comprendre que l’argument ne justifie pas à lui seul l’ouverture de l’adoption à des personnes de même sexe. En effet, les pédopsychiatres et les professionnels de la pédiatrie disent combien l’enfant, dans les premiers mois de sa naissance, a besoin de sentir la présence charnelle de sa mère pour s’épanouir. Un enfant a besoin de la complémentarité d’un père et d’une mère pour se construire. Un garçon a besoin de s’identifier à son père et une fille à sa mère pour construire leur identité d’homme et de femme. Des études existent qui disent qu’il n’y a pas plus de risque pour un enfant d’être élevé par un couple homosexuel qu’hétérosexuel. En réalité, nous n’avons pas assez de recul pour connaître les conséquences à long terme. Comment accepter que le gouvernement institue officiellement un déséquilibre en privant volontairement un enfant de sa mère dans le cadre de la GPA ? D’autre part, j’ai moi-même trop souffert du manque affectif de mon père, qui a pourtant fait du mieux qu’il a pu - je ne lui jette pas la pierre - pour que la loi institue l’absence d’un père, en autorisant la PMA à deux femmes, aussi sincère leur désir d’enfant est-il. Pour la GPA, n’oublions pas non plus les questions éthiques que cela pose. Quid si le couple homosexuel veut que la mère porteuse avorte parce que l’enfant est handicapé alors qu’elle souhaite le garder ? Quid de la marchandisation du ventre des femmes des pays pauvres par les acheteurs des pays riches ?

























    Toi qui dis qu’il vaut mieux qu’un enfant soit éduqué par un couple homosexuel que par un couple hétérosexuel violent et alcoolique, tu as en partie raison. Je reconnais ici ton désir d’enfant et ta souffrance de ne pas en avoir. Cependant, c’est oublier que les professionnels de l’enfance, dans le cas de signalements d’enfance en danger, ont le souci de préserver les liens familiaux, sauf dans les situations les plus graves mettant en jeu la vie des enfants1. Ces situations qualifiées de graves par la Protection de l’enfance représentent 19% des signalements soit 19000 cas sur 98000 signalés en 20062. D’autre part, en disant cela, tu nies la majorité des couples hétérosexuels qui assument avec fidélité leur mission d’éducation de leurs enfants, non sans difficulté mais avec courage et ténacité. Ce n’est pas parce que nous avons manqué, pour certains, de l’amour d’un père ou d’une mère, que nous avons eu un père violent ou une mère alcoolique, que nous avons été élevés par une mère célibataire ou par un couple de personnes de même sexe, que nous ne sommes pas en capacité de reconnaître qu’un enfant a besoin d’un père et d’une mère pour être conçu et pour se construire. Nous ne devons pas imposer aux autres enfants ce dont nous avons manqué. Etre adulte, c’est être capable de s’oublier pour se soucier du bien-être des générations futures, c’est prendre de la hauteur par rapport à ses propres désirs pour discerner avec objectivité ce qu’il y a de mieux pour l’humain. Et cela, que l’on soit célibataire ou marié, divorcé ou veuf, fécond ou stérile, homo ou hétéro, est à la portée de chacun, pour peu que l’on assume les limites que la vie nous a imposées et que l’on s’ouvre à l’altérité.


















     


    En effet, nous, les personnes homosexuelles, avons tendance à nous renfermer sur nous-mêmes et à nous isoler en prétendant que la société est homophobe et hostile à notre égard. Nous accusons les hétérosexuels de nous prendre pour des « sous-hommes ». Certes, des discriminations existent et il est inacceptable que des personnes soient humiliées ou rejetées en raison de leur orientation sexuelle, qu’elles n’ont pas choisie. Mais, nous ne pouvons pas accuser les personnes contre le projet de « mariage pour tous » d’être homophobes. Je suis d’ailleurs très agréablement surpris de voir dans mon entourage combien de personnes, que je croyais fermées sur le sujet de l’homosexualité, sont en réalité ouvertes et ont des paroles bienveillantes à l’égard des personnes homosexuelles. Méfions-nous des préjugés hâtifs que nous portons les uns sur les autres. On peut, en ce sens, remercier certaines associations et le ministère de la Santé pour avoir mené, en 2009, un travail de lutte contre l’homophobie. Il nous arrive souvent de ressentir un complexe d’infériorité et un sentiment victimaire, parce que nous sommes blessés, à fleur de peau, et que nous interprétons toute parole comme contre nous. Si bien que nous finissons par regarder notre nombril et vivons entre nous pour nous rassurer, puisque nous considérons le monde extérieur comme une menace. Afin de sortir de cette spirale négative qui nous rend malheureux, nous devons assumer nos tendances et nous ouvrir à l’altérité. Nous avons besoin des couples mariés ou non, homme et femme, qui apportent une stabilité à notre société et avons besoin d’apprendre à entrer dans la joie des autres. Laisse-moi te donner un exemple personnel. Dernier d’une fratrie de cinq, il m’est souvent arrivé de vivre douloureusement les fêtes de famille parce que cela me révoltait de voir mes frères et sœurs mariés avec enfants et d’être le seul à être homosexuel et sans enfant. A tel point que ces retrouvailles familiales avaient pour moi un goût amer et triste. Progressivement, j’ai pris conscience que je faisais fausse route et j’ai décidé de changer de regard. En effet, suite au traumatisme de la découverte de tendances homosexuelles, je pouvais adopter deux attitudes différentes. Soit je restais dans la rancœur, l’amertume, la révolte d’être différent et tout sujet de conversation, surtout lorsqu’il tournait autour des enfants, me restait en travers de la gorge. Soit je décidais de poser un regard positif et ouvert sur mes frères et sœurs, j’acceptais ma différence et ses limites (le fait de ne pouvoir avoir d’enfant), et alors je pouvais entrer dans leur joie d’être parents et partager pleinement celle de mes neveux et nièces qui gambadaient dans la maison. Dans le premier cas, je ressortais malheureux de cette journée, dans le deuxième cas, j’en ressortais heureux. Ceci s’applique à n’importe qui et dans n’importe quelle situation.





























     


    C’est pourquoi, n’ayez pas peur, vous les couples mariés avec enfants, de partager, sans arrogance, la joie de votre famille. Mais surtout, je vous en supplie, soyez ouverts et attentifs à chacun et, en particulier ceux qui n’ont pas la chance de vivre le même état de vie que vous : les personnes homosexuelles, les couples stériles, les célibataires, les mères seules, les personnes divorcées, les personnes malades, les veuf(ve)s, les personnes handicapées, les sans-abris… Notre société est diverse. C’est dans le partage de cette diversité, avec ses richesses et ses limites, et dans le soutien mutuel, que nous pouvons vivre heureux. Nous ne devons pas nous enfermer dans des ghettos, avec les risques de haine et de violence que cela engendre. Au contraire, nous devons nous ouvrir les uns aux autres. Apprenons à nous connaître, à nous respecter, débarrassons-nous de nos peurs et de nos préjugés les uns envers les autres et aidons-nous à vivre concrètement. Prenons soin les uns des autres. Si nous mettions notre vie en perspective de notre mort, si nous vivions chaque jour comme si c’était le dernier, alors nous serions bien plus attentifs les uns envers les autres, alors nous mettrions de côté nos différences pour regarder ce qui nous rassemble, notre appartenance à la même communauté humaine mortelle, créée pour aimer et être aimée.














     



    Sur un sujet connexe, je veux témoigner de l’immense accueil que j’ai reçu dans l’Eglise catholique, des paroles d’affection des évêques et des prêtres à qui j’ai confié mes questions et mes souffrances. Jamais, ils ne m’ont jugé mais ils m’ont écouté et redit combien ma vie avait de la valeur, combien le Christ m’aimait et combien je ne me réduisais pas à mes tendances. Ils m’ont redit que la porte de l’Eglise me serait toujours ouverte comme elle l’a toujours été à l’égard des personnes homosexuelles qui les a accueillies et protégées dans le passé alors que les régimes politiques en place les condamnaient. En 1750, par exemple, Jean Diot et Bruno Lenoir, deux homosexuels sont condamnés au bûcher, sentence confirmée par le Parlement3.











    Toi qui accuses l’Eglise catholique d’être intégriste et de ne pas savoir vivre avec son temps, tu nies la joie que j’ai de participer à la messe chaque dimanche, tu nies la magnifique et révolutionnaire actualité du message contenu dans la Bible, qui n’a pas changé depuis 5000 ans :« Tu comptes beaucoup à mes yeux, tu as du prix et je t’aime. » Isaïe 43,4 et « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Lévitique 19,18.






     


    Alors, qu’est-ce que « vivre avec son temps » ? Qu’est-ce qu’« être dans le vent » ?





    Est-ce le message que la société et les médias véhiculent depuis des dizaines d’années auprès de nos adolescents en leur disant : « Baise ta copine, encule-la, suce ton copain, profite-en, la vie est courte ! », message que relaient certaines émissions de radio en soirée, ou la pornographie que plus de 50% d’entre eux ont visionné avant l’âge de 13 ans4 ? Je rappelle que j’ai été victime de la pornographie à l’âge de 12 ans et cela m’a marqué à vie. Ou bien est-ce le message de l’Eglise qui, s’adressant aux jeunes, leur dit : « Aime les filles, respecte-les, apprends à te connaître et à te respecter, apprends à connaître et à respecter ta petite amie, la sexualité est magnifique, elle est la preuve d’amour la plus belle que tu puisses lui offrir, prends le temps, c’est important. ». Au collège public, en cours de Sciences et Vie de la Terre, on m’a enseigné comment fonctionnait l’appareil reproducteur féminin et masculin, au lycée public, on m’a expliqué le mode d’emploi d’un préservatif. Quand m’a-t-on parlé d’amour, d’affection, de respect mutuel, de beauté de la sexualité ? Jamais ! C’est au sein de l’Eglise, dans des groupes de réflexion et de partage destinés aux adolescents et aux jeunes adultes, que l’on m’en a parlé, mais il était trop tard. J’étais marqué à vie par ce que j’avais vu et entendu.












     




    Madame Najat Vallaud-Belkacem, ministre du Droits des femmes, vous qui êtes sensible à la lutte contre les violences faites aux femmes, attaquez-vous aux vraies causes, c’est-à-dire à ce que l’on enseigne aux adolescents au collège afin qu’ils apprennent à se respecter et à respecter l’autre sexe. Comment respecter et prendre soin de l’autre si je ne sais pas me respecter et prendre soin de moi ? Attaquez-vous à ce que les radios diffusent le soir et qui façonnent l’imaginaire de nos adolescents et travestissent leur idée de la sexualité. Attaquez-vous à la pornographie qui ne montre de la sexualité qu’un rapport violent et dominant de l’homme sur la femme et fait d’elle un objet. Madame la Ministre, aurez-vous le courage de vous attaquer aux vraies causes de la violence faite aux femmes ? Vous qui êtes chargée de la lutte contre l’homophobie, attaquez-vous aux vraies causes en rappelant la différence fondamentale entre un homme et une femme, en rappelant la beauté de l’amour entre un homme et une femme, au lieu de défendre la théorie du Gender, chère à Judith Butler, qui promeut le contraire, dont vous vous faîtes la complice, et que les manuels scolaires de SVT de première abordent depuis 2011. Ecouterez-vous un homosexuel qui vous le demande et qui, fort de son expérience malheureuse, a l’intime conviction que cela cause plus de tort aux adolescents dont on sait qu’ils sont, à cet âge, en pleine construction de leur identité et dont la tendance homosexuelle peut constituer une phase transitoire de leur construction psycho-sexuelle ?


















    Il est de notre devoir d’adulte d’aider nos adolescents à devenir des hommes et des femmes épanouis, capables de se respecter l’un et l’autre. Il est aussi de notre devoir d’accompagner celles et ceux dont la tendance homosexuelle se confirme dans le temps. Ceux-là doivent être plus que jamais écoutés, soutenus, accompagnés et protégés d’éventuelles discriminations ou de tentatives de suicides. Mais, continuerez-vous à soutenir une théorie qui sème la confusion dans les esprits de nos adolescents et risque d’augmenter le nombre de suicides plutôt que les réduire ? Si le risque de suicide est prédominant à cet âge, ce n’est pas d’abord à cause de discriminations, qui existent c’est indéniable, je suis bien placé pour en parler puisque j’en ai été victime, mais en raison même du traumatisme qu’engendre la découverte d’une tendance homosexuelle. Oui, ce serait irresponsable d’inciter un adolescent à pratiquer l’homosexualité et de l’y enfermer si celle-ci n’est que passagère parce qu’elle participe de sa construction psycho-sexuelle. Toi qui n’as pas de tendance homosexuelle et qui n’est pas spécialiste de la question, que sais-tu vraiment de ce qu’éprouve une personne homosexuelle au plus profond d’elle-même, des causes de ses tendances qu’elle-seule est en mesure de comprendre en faisant un travail sur elle-même ? Comment peux-tu légiférer sur cette question, en ayant auditionné seulement une dizaine de personnes prétendant représenter une communauté qui, en réalité, est composée de milliers d’individus uniques et complexes ?



















    Si je suis vivant aujourd’hui, c’est parce que l’Eglise catholique m’a sauvé du suicide, parce qu’elle m’a redit l’Amour et l’Espérance du Christ pour moi. Combien de jeunes se suicident aujourd’hui (et demain ?) parce qu’ils n’entendent pas une parole d’Amour et de Vérité, parce que les discours de certains politiques, des médias et de la société, nient leur dimension affective et leurs aspirations ? Parce qu’ils ont perdu confiance dans des adultes incapables de se respecter et de dialoguer, à commencer par les politiques sensés être exemplaires, mais aussi à cause d’adultes qu’ils côtoient au quotidien et qui sont parfois violents les uns envers les autres (les automobilistes entre eux, les parents à l’égard des enseignants et vice versa, dans la rue, les transports en commun…). Enfin, parce que la société de consommation est incapable de répondre à la question, pourtant cruciale, du sens de la vie.












    Toi qui rétorqueras que les prêtres sont pédophiles, tu nies la grandeur des centaines de milliers de prêtres qui vivent dans la fidélité leur mission au service de tous et en premier lieu les plus petits. Tu nies la droiture des dizaines de prêtres et évêques qui m’ont accompagné depuis ma naissance, de ceux qui m’ont écouté et soutenu quand j’allais mal. C’est aussi insultant et faux que de dire que les personnes homosexuelles sont pédophiles. Depuis octobre 2000, le Vatican a réaffirmé que « la pédophilie est un crime contre l’être humain » et a demandé que soient dénoncés à la Justice les actes commis envers des enfants. Selon la lettre de l’ODAS de novembre 2007, sur les 98000 signalements d’enfants en danger, recensés en 2006, 19000 (19%) entrent dans la catégorie des enfants maltraités, parmi lesquels 4300 sont victimes de violences sexuelles (4,38%). Selon ce même rapport et celui du Service national d’accueil téléphonique pour l’enfance maltraitée (SNATEM), les problématiques à l’origine des mauvais traitements sont à 93% d’origine familiale, 3% de l’entourage et 2% du milieu institutionnel. Une enquête de la Conférence des Evêques de France, effectuée en mai 2001, fait état de 18 prêtres mis en examen pour des faits de pédophilie, 30 prêtres condamnés purgeant leur peine, dont 11 en prison, et 21 ayant accompli leur peine (soit 61 sur les 25000 prêtres en France en 2001, ce qui représente 0,2%). Les statistiques nationales du ministère de la Justice, en 1999, relèvent un total de 634 condamnations pour viols sur mineurs et 4190 condamnations pour atteintes ou agressions sexuelles sur mineurs. Certes, les actes commis par ces 61 prêtres, comme les autres, sont inacceptables car ils trahissent la confiance que les enfants et adultes mettent dans l’institution qu’est l’Eglise, mais ils représentent 0,20% des 4824 condamnations. Ces dernières concernent une année alors que les 61 autres concernent six années (de 1996 à 2001).5

























    Peut-être as-tu vécu une mauvaise expérience avec l’Eglise, peut-être as-tu été mal accueilli par un prêtre - et j’en suis profondément attristé pour toi - mais s’il te plaît, n’enferme pas l’Eglise dans ce qu’elle n’est pas. L’Eglise est imparfaite et a des progrès à faire, car elle est composée d’êtres humains qui ont leurs limites et leurs imperfections, comme toute organisation. Mais, n’avons-nous pas aussi nos imperfections et nos limites ?








    Toi qui lis ces lignes, que tu trouves peut-être choquantes voire insupportables, je comprends ta révolte. Moi aussi, j’ai été dans le déni et la révolte, et il m’a fallu cheminer plusieurs années avant d’accepter progressivement mes tendances, mon état de vie et ses limites mais aussi ses richesses : une plus grande sensibilité à la souffrance des autres, aux inégalités de tous ordres, dans notre pays, et enfin un regard accru sur l’essentiel de la vie. Je reconnais aussi que mon regard était bien souvent biaisé et je reportais la responsabilité de ma situation sur des personnes et des institutions qui ne l’étaient pas. J’ai dû apprendre à changer mon regard afin de passer d’un statut de victime à un statut de responsable, de passer du « pourquoi ces tendances ? » au « comment vivre avec ? ». On peut avoir une vie féconde et heureuse si l’on vit, non pas enfermé sur soi, mais ouvert aux autres. On peut être heureux si l’on reconnaît que la société n’est pas responsable de son orientation et qu’une loi ne résoudra pas le fond de la question. On peut être heureux si l’on regarde, non pas ses propres limites, mais ses richesses. On peut être heureux si l’on vit, non pas dans la haine de l’autre, mais si l’on partage sa joie.















    C’est pourquoi, je demande solennellement au Gouvernement de renoncer au projet de loi de « mariage et d’adoption pour tous », et d’ouvrir un vrai débat de fond, comme des Etats Généraux de la Famille, avec l’aide de spécialistes et d’associations familiales, pour discerner avec honnêteté ce qui est bon pour l’humanité et l’enfant que l’on doit protéger.








    La Loi a pour mission de favoriser la vie en société, de protéger les plus fragiles, en tenant compte du bien commun, c'est-à-dire de l’intérêt du plus grand nombre. Le législateur a pour mission de protéger l’être humain de ses propres dérives et de son désir de toute-puissance. N’y a-t-il pas des limites aux désirs individuels, aussi sincères soient-ils, que le législateur doit rappeler ? Dans le souci de préserver une réalité anthropologique - l’humanité a été créée et s’est développée dans la différence sexuée – je demande aux Parlementaires de rejeter le projet de loi de « mariage et d’adoption pour les personnes de même sexe ». Nous pouvons trouver des arrangements législatifs au pacs pour répondre à des inégalités comme celles évoquées par le Défenseur des droits.











    Cependant, compte tenu de ce que je viens d’évoquer, il ne serait pas raisonnable de modifier le code civil et d’instituer un nouveau « modèle social » reposant sur une orientation sexuelle. Nous avons été créés homme et femme, un enfant naît d’un homme et d’une femme. Même s’il est difficile de l’entendre, car cela vient raviver une blessure que je comprends, l’homosexualité et l’hétérosexualité ne sont pas équivalentes. Une orientation sexuelle ne constitue pas une identité qui justifie la transformation de la loi. Les êtres humains ont tous la même dignité et les mêmes droits, eut égard à leur identité d’homme ou de femme. Chacun doit être respecté en raison de son appartenance à la famille humaine. Mais l’homosexualité relève de l’intime qui ne justifie pas une loi. Pour permettre de mieux comprendre le sens que peut revêtir l’homosexualité, prenons un exemple, en le poussant à l’extrême. Je crois que tout parent normalement constitué souhaite le meilleur pour son enfant. En toute honnêteté, essayons de répondre à la question suivante : « Est-ce qu’à la naissance de mon enfant, je lui souhaiterais de devenir homosexuel ? ». Si la réponse est négative, c’est que je reconnais que l’homosexualité est plus une difficulté qu’un cadeau. Comment donc demander à l’Etat d’instituer une difficulté ? Personnellement, l’homosexualité est quelque chose que je ne souhaiterai même pas à mon ennemi. Il me revient d’assumer mon orientation sexuelle, que je n’ai pas choisie, de solliciter le soutien de personnes ou d’associations6 car la souffrance est trop lourde à porter pour une personne seule. Aucune personne homosexuelle ne peut nier la période de souffrance qu’elle a traversée depuis la découverte de tendances homosexuelles jusqu’à l’acceptation de celles-ci. Je peux choisir de vivre avec une personne de même sexe mais pourquoi demander à l’Etat d’en faire une norme alors même que je ne la souhaiterais ni pour mon enfant ni pour mon ennemi ?




















     

     


    Pour terminer, je demande aux Catholiques, soutenus par les évêques et les prêtres, de continuer, sans relâche, leur mission d’amour pour tous. Tout ce que nous faisons est insuffisant ! Je salue et remercie les initiatives telles que celles vécues dans plusieurs diocèses de France, à l’instigation de leur évêque, qui ont choisi d’ouvrir une réflexion sur la place des personnes homosexuelles dans notre Eglise ou de porter une attention particulière à ce qu’elles et leur famille vivent (Aix en Provence, Cambrai, Chambéry, Grenoble, Laval, Montpellier, Nantes, Nanterre, Saint-Etienne, Toulouse, Tulle).










    Notre mission est d’annoncer l’amour du Christ pour toutes les femmes et tous les hommes de notre temps, quelles que soient leur orientation sexuelle, leur situation familiale, sociale, culturelle, géographique, couleur de peau, croyance ou pas… Nous devons l’annoncer en paroles et surtout en actes. Nombreux sont ceux engagés au service des sans-abris, demandeurs d’asile, prostitués, femmes ou hommes battus, malades, personnes âgées, handicapées, isolées, pauvres… mais cela est insuffisant ! Chacun doit se sentir concerné et agir concrètement. Toi qui lis ces lignes, demandes-toi ce que tu fais pour ceux dans le besoin et vois comment tu peux faire plus. L’Eglise n’est pas un club mondain où l’on est content d’être « entre-soi » mais un lieu où l’on doit puiser, dans la Parole, la Prière et les Sacrements, la force de mettre en pratique le message d’amour pour tous et en premier lieu les plus fragiles de notre société. Lorsqu’un seul d’entre nous n’agit pas ou est incohérent entre ce qu’il annonce et ce qu’il vit, c’est l’ensemble de l’Eglise qui en subit les préjudices. Nous sommes limités comme les autres, nous ne sommes pas meilleurs que les autres, mais nous formons une famille sur laquelle nous pouvons prendre appui, et avons dans le Christ un exemple de courage et de don de soi, jusqu’à sa vie sur la croix, au nom de la cause qu’il défendait, l’amour de tous, sans condition, et le pardon. Nous avons tous besoin de nous convertir à cette Parole, de la recevoir comme nous étant adressée personnellement, pour aller la porter ensuite à ceux que nous rencontrons.
















     

     


    S’il y a si peu de personnes homosexuelles dans l’Eglise, c’est parce qu’elles n’y ont pas trouvé l’accueil et l’affection qu’elles venaient mendier. Il est vrai que souvent des personnes souffrent tellement qu’elles n’osent pas en parler et s’excluent, ça a été mon cas pendant un temps. Cela dit, cela démontre aussi nos manques d’attention, nos manques de savoir-faire, notre aveuglement, notre manque de courage, notre paresse, pour identifier et aider ceux qui ont besoin d’aide. Si je n’ai pas définitivement quitté l’Eglise, c’est parce que j’ai eu la chance d’y grandir depuis mon baptême, parce que je me suis senti aimé par le Christ, parce que j’ai constaté dans ma paroisse une cohérence entre les paroles et les actes, et dans ma propre famille, parce que j’ai su pardonner à celles et ceux qui ont eu des paroles déplacées ou des propos humiliants, et parce que j’ai eu le courage d’aller parler à un prêtre qui m’a écouté et ne m’a pas jugé. Mais que faire pour tous ces jeunes ou moins jeunes, qui aujourd’hui – et demain ? – vivent ces questions et cette souffrance, peut-être ton fils ou ta fille, ton frère ou ta sœur, ton neveu ou ta nièce, et qui ne savent pas vers qui se tourner et risquent de se suicider s’ils ne trouvent pas une oreille et un cœur attentifs ? Si nous ne mettons pas en pratique l’Evangile concrètement, dès maintenant et tous les jours, alors notre foi est hypocrite, alors la prière universelle n’est que mascarade, alors la Bible n’est qu’un beau roman que l’on range parmi d’autres livres dans une bibliothèque et qui prennent la poussière. J’aurais aimé par exemple que, lors de la prière pour la famille du 15 août 2012, on prie aussi pour les personnes homosexuelles. J’aurais aimé que pour la journée de prière et de jeûne pour la famille du 25 janvier 20137, on pense aussi à prier pour les personnes homosexuelles qui ont aussi une famille. Ne pas penser à elles, c’est nier leur existence et leurs souffrances, c’est manquer à notre mission de chrétien. Il y a urgence ! Des personnes homosexuelles ont été blessées par la manifestation du 13 janvier, parce qu’elles l’ont interprétée comme un rejet d’elles-mêmes. Je sais que ce n’était pas le cas car j’y étais aussi et je peux témoigner que je n’y ai pas vu ni senti aucune homophobie mais des personnes inquiètes du changement que celle loi va créer dans la filiation. Le problème aujourd’hui, c’est que les personnes homosexuelles n’entendent pas les paroles d’amour des gens qu’elles côtoient au quotidien et interprètent toute parole car elles sont blessées. Parce que nous Chrétiens brandissons trop souvent l’étendard de la Vérité et oublions celui de la Charité. N’oublions pas qu’« au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour », dit Saint Jean de la Croix.





























    Si l’Eglise a tant de mal à faire entendre son message d’Amour pour tous, s’il y a désaffection des églises – même si le phénomène n’est pas nouveau8 - c’est avant tout parce que nous, Catholiques, les premiers ambassadeurs du Christ, ne sommes pas tous ou pas suffisamment cohérents entre nos paroles et nos actes. C’est parce que nous sommes ce qu’un évêque a récemment nommé des « athées pieux » qui défendons des « valeurs » - ce que vivent aussi des non chrétiens – mais la question fondamentale demeure. Croyons-nous vraiment que le Christ est vivant ? Croyons-nous vraiment qu’Il nous aime ? Croyons-nous vraiment à la force de la prière ? Prenons-nous vraiment le temps, dans nos agendas surchargés, de méditer la Parole de Dieu, afin qu’elle oriente et imprègne nos paroles, nos pensées, nos actions et notre regard ? Sommes-nous capables de parler avec bienveillance de notre patron, même s’il nous rend parfois la vie dure, des politiques, même si nous ne partageons pas leurs opinions, des personnes homosexuelles, même si nous ne comprenons pas bien l’homosexualité, parce qu’ils sont nos frères et nos sœurs en Christ ? Croyons-nous vraiment que tout homme est un être unique et que dans chacun luit une étincelle divine qui mérite notre amour ?
















    C’est pourquoi, je te demande solennellement, toi qui est Chrétien, toi l’homme ou la femme de bonne volonté, de t’informer et de te former sur l’homosexualité. Je t’invite à lire la note de travail du Conseil « Famille et Société » de la Conférence des Evêques de France, de septembre 2012. Accueille avec affection et sincérité les personnes homosexuelles qui se confieront à toi, aime-les vraiment car elles ont un immense besoin d’amour et de reconnaissance. Prie et soutiens toutes les personnes et les familles qui sont touchées de près ou de loin par l’homosexualité, car c’est aussi une souffrance pour l’entourage. Dis-toi que cela peut arriver à l’un de tes enfants, ton frère, ta sœur, ton ami et que tes paroles et tes actes aujourd’hui t’engagent pour demain. Si tu as une parole dénigrante à l’égard des personnes homosexuelles aujourd’hui, comment ton enfant ou ton ami osera-t-il s’ouvrir à toi demain s’il est concerné ?













    Je termine en souhaitant au Président de la République, au Gouvernement et aux Parlementaires, le sens du discernement pour décider dans le souci du bien-commun et de la protection du plus faible, et non pas dans une logique de parti ou de stratégie électoraliste, sinon où est la liberté de conscience, bien précieux de notre démocratie que tant d’habitants de pays en dictature nous envient. Il n’y a pas de honte à reconnaître que l’on s’est précipité et que l’on n’a pas mesuré tous les enjeux d’une telle loi. C’est justement de la responsabilité des politiques de savoir prendre de la hauteur et de décider en pensant aux générations futures.








     

     


    Je souhaite à chaque Française et chaque Français une année heureuse et courageuse. Que chacun trouve auprès de ses proches et de ses amis de l’affection et de la joie. Que chacun aie le courage, le moment venu, de traverser les difficultés que toute vie comporte et en garde suffisamment pour ceux qui en manqueront. C’est dans l’ouverture à l’autre que la vie prend tout son sens.








    Enfin, je nous souhaite vivement à tous de retrouver le sens de la Fraternité, la dernière valeur de notre République, que nous avons oubliée. Quels que soient nos origines sociale, culturelle, géographique, couleur de peau, croyance, état de santé, âge ou orientation sexuelle, c’est dans la Fraternité que nous traverserons la crise. Ouvrons nos cœurs, nos portes et nos portefeuilles. Ainsi, la crise sera-t-elle moins forte et les inégalités moins importantes. »








    Ensemble, aujourd’hui et demain sont possibles !









    Jules COUROT
    23/01/2013 

     


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    1 - Interview de la Défenseure des enfants, La Croix du 18/11/12

    2 - Lettre de l’Observatoire national De l’Action Sociale décentralisée ODAS, novembre 2007, p.4

    3 - Chronologie succincte de la répression homosexuelle en France depuis le XVIIIe siècle, www.devoiretmemoire.org

    4 - in scienceshumaines.com, M. Marzano et C. Rozier, 2005

    5 - Brochure « Lutter contre la pédophilie, repères pour les éducateurs », Conférence des Evêques de France, 2003, 52 p., rééd.2010

    6 - Je salue le travail de l’association Le Refuge qui sauve la vie à des jeunes - www.le-refuge.org

    7 - Suite à ma lettre, j’ai appris qu’on avait prié pour les personnes homosexuelles à la Basilique du Sacré-Cœur à Paris le 25/01/2013

    8 La religion est perdue à Paris (Lettre d’un vicaire parisien à son archevêque), 1849, présenté par Yvan Daniel