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La Vaillante - Page 8

  • Que pèse un homme dans l’art aujourd’hui ?

    Quel rapport y a-t-il entre l’art et l’écologie humaine ? Le mouvement culturel de l’Écologie Humaine s’est construit ces dernières années sur l’expérience de l’accueil et la défense des plus faibles, et se caractérise par une approche pragmatique de la personne, prise dans sa globalité, corps et esprit. Pour mieux aborder ce que l’écologie humaine et l’art, à l’heure de l’art contemporain – peuvent trouver en commun, il importe qu’une définition des concepts d’art soit partagée. Ce point commun trouvera vie dans le choix qui est imparti à chaque artiste, en l’occurrence de ce qu’on est prêt à laisser parler en soi.

    Qu’est-ce que l’art à l’heure contemporaine ?

    L’art et la culture, ces dernières décades, ont été le champ d’expé-rimentation de la culture de la déconstruction la plus avant-gardiste, que nous voyons aujourd’hui à l’œuvre sur le terrain sociétal, avec la même approche abstraite et conceptuelle que la loi sur le mariage à laquelle nous sommes confrontés. Déconstruction d’autant plus forte en France, que subventionnée, et imposée par l’État.

    L’art occidental est aujourd’hui à l’image du consumérisme et de l’individualisme de masse. Il revendique d’être la totalité de l’art, il trouve sa raison d’être dans le détournement  de  la mission de l’art, qui était d’exprimer par la beauté, et l’évocation de la vérité, l’existence en toute créature d’une transcendance, d’une histoire sacréeà l’image du Dieu fait homme des chrétiens ; l’art se pare maintenant d’être son propre but, et son apparition se présente comme une véritable révé-lation. La création artistique contemporaine revendique le surnaturel pour elle-même, dans l’horizon indépassable de la matérialité. La recherche de l’absolu et des fins ultimes se cantonne alors au pôle de la mélancolie et de la mort.

    L’art contemporain parle alors par énigmes et nécessite une véritable initiation. Il est aussi le résultat d’une véritable atomisation du langage, dans le sens où la réalité profonde de l’homme se voit laissée à des visions subjectives et partielles. L’art contemporain dissocie très souvent les deux dimensions, qui réunies, forment la totalité de la personne humaine, à savoir la dimension corporelle, et sa réalité de vie spirituelle, sa dignité intrinsèque et sacrée : tantôt un art conceptuel qui évacue la présence du corps, aussi bien dans l’idée qui préside à la création – le concept -, que dans le processus créatif (la peinture, la sculpture, faites avec les mains sont devenues très suspectes, à moins d’avoir comme sujet leur propre anéantissement) ; tantôt un art qui ne désigne comme réel que ce qui est visible. Pourtant, le désir profond d’associer l’art à la recherche de la vérité existe toujours. L’art qui partage les mêmes fondations que l’écologie humaine s’appuie sur le réel ; l’art se doit, en effet, pour être véritablement art, de tenir compte de la composante charnelle et de la composante spirituelle. La frontière passe donc entre réalisme matérialiste et un irréel spiritualiste qui nient tous deux la valeur réelle de la vie humaine, et constituent à son égard une véritable violence.

    Qu’est-on prêt à laisser parler en soi ?

    L’art et l’écologie humaine existent et fonctionnent grâce à une particularité humaine fragile, qui est aussi une boussole remarquable : le don de s’émerveiller.

    Le lien qui existe entre l’écologie humaine et l’art, passe au milieu de chacun de nous-même, ce lien est particulièrement fragile face à la volonté de puissance à laquelle nous sommes tous, en nous-mêmes, confrontés : la faculté de s’émerveiller, qui, loin d’être le produit de l’intelligence intellectuelle, est liée à la vie intérieure de chaque homme, qui a le choix de l’enterrer à chaque instant, ou de fonder sa vie dessus, à chaque instant. L’émerveillement procède d’abord de la réception, de l’accueil de quelque chose permis par l’acceptation de sa propre faiblesse.

    L’émerveillement, c’est la surprise face à la vie qui survient, face à la grâce de vivre, face à la réalité du mystère d’être, à la dimension infinie et de la personne et qui mérite que je témoigne de cette expérience. Le rôle que je m’accorde est donc celui de témoin de ce que j’ai vécu de plus fort, c’est-à-dire recevoir et accepter en moi quelque chose de vivant et de plus grand que moi. J’ai retenu le choix de l’émerveillement pour fonder mon travail de peintre.  Cette compréhension de l’essence de l’inspiration artistique propose de rentrer dans une expérience de contemplation, de me mettre en face de ce qu’il y a à saisir, plus sûrement qu’avec mes seules capacités intellectuelles, de la réalité profonde de notre condition d’homme. C’est-à-dire ce qui lie ma chair et mon esprit au mystère de l’Etre. Cette contemplation bienveillante ressemble véritablement à l’attitude que l’on peut avoir avec la personne handicapée, ou la personne en état de faiblesse, à ses tout débuts ou dans ses derniers instants.

    La force de l’art est l’éloge de la faiblesse. Ceci procède d’un véritable processus d’humanisation et d’éducation, celui du renoncement à la toute-puissance de ma volonté. En effet, dans le cas de l’artiste émerveillé, l’attitude première est que je cherche à aimer le monde plutôt qu’à vouloir le changer. D’où la véritable légitimité de l’art de la représentation qui, loin d’être seulement une volonté de copier, augmente la réalité par l’expérience de l’émerveillement. Pour conclure, je remercie le mouvement de l’Écologie Humaine, de s’interroger sur les liens qui unissent art et respect de la dignité humaine, et interroge mon expérience d’artiste. Je serais heureux de servir par mon art une vision de l’homme au nom de laquelle vous agissez, et que votre mouvement puisse proposer et promouvoir une vision de l’art qui lui corresponde. Ceci demande des moyens concrets comme des lieux spécialement dévolus à l’art, comme des galeries, ou d’autres manifestations culturelles.

    François-Xavier de Boissoudy
    Peintre
    in L’Écologie Humaine
    30 mai 2013

     

     

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  • L’art et la culture, ces dernières décades, ont été le champ d’expérimentation de la culture de la déconstruction la plus avant-gardiste

    Que faisons-nous-là à être assis par terre pendant ces heures tardives, en dehors de chez nous ?

    Nous répondons à un besoin vital d’être là.

    Nous sentons bien que ces moments ne sont pas vains : le Pouvoir nous pousse aujourd'hui à choisir à nouveau tout le socle de notre civilisation : ici, ou sur d’autres places de France, nous nous donnons maintenant des maîtres à penser et à vivre libres, des ancêtres pour réapprendre la liberté, non seulement pour lutter contre l'ordre nouveau qu'impose le gouvernement, mais pour nous refonder dans la culture dont nous nous sentons les héritiers, et être à notre tour la culture vivante ; Nous veillons à un avenir respirable pour nous-mêmes et pour nos descendants.

    Je vois les veilleurs comme une école de refondation personnelle et culturelle. Nous faisons l’expérience de notre liberté gagnée face à nos peurs, face aux menaces. 

     

    Nous sommes nous-mêmes paraboles, c’est-à-dire que nous incarnons, par l’expérience que nous vivons ici, en manifestant notre espérance, notre spiritualité, une vision pour le pays ; nous sommes les symboles vivants de la culture que nous promouvons. Cette culture qui se déploie par les textes qui nous sont lus, nous la vivons.

    L’art décrit et délimite la réalité ;

    Moi qui vous parle, je viens d’un secteur qui a été le laboratoire des changements nihilistes et libertaires qui touchent aujourd’hui la sphère intime de nos vies : celui de l’art et de la culture.

    L’art et la culture, ces dernières décades, ont été le champ d’expérimentation de la culture de la déconstruction la plus avant-gardiste, que nous voyons aujourd’hui à l’œuvre sur le terrain sociétal, avec la même approche abstraite et conceptuelle que la loi à laquelle nous sommes confrontés. Déconstruction d’autant plus forte que subventionnée, autorisée, et imposée par l’Etat. L’art dit contemporain est le plus souvent proposé comme un simple moyen de résistance par l’ironie à la société de consommation, et cette tendance, quand on aborde les questions existentielles et spirituelles : se mue en tentation du vide. La recherche de l’absolu d’une société sans transcendance aboutit à la mort absolue ;

    Aujourd’hui nous sommes la preuve vivante que la description de la réalité est fausse si l’Espérance n’y figure pas ; Quelle est donc en art cette espérance ?

    Face au constat amer et mélancolique contemporain de ne percevoir que la fin de tout être, et de toute chose matérielle, l’Espérance garde précieusement la faculté d’aimer la réalité et de s’émerveiller.

    Face aux signes de la présence de l’amour, l’émerveillement est ce moment intense de réception par tout l’être, de quelque chose qui lui est radicalement étranger. Ce n’est pas de l’ordre de l’idée, de la construction intellectuelle, mais de la réalité surprenante. Quelque chose qui survient, qui n’était pas là, et qui embrasse toute votre personne et la transforme. Un phénomène vivant, qui lie l’intimité de l’être au cosmos ; la chair à l’invisible.

    Je m’efforce dans ma peinture de témoigner de ces instants où j’accueille la pleine réalité, sans intellectuellement en faire le tour. Le surgissement du sublime.

    L’émerveillement est une expérience dont l’art a à témoigner ; L’émerveillement élargit la perception  de la réalité, et l’étend jusqu’à l’infini, l’émerveillement rend l’art fécond ; l’émerveillement accepté nous rend libre, et l’expérience artistique excitante.

    Nous sommes vraiment la société de la petite flamme, celle de ce que nous avons aperçu de la vie, celle que Bernanos appelle l’esprit d’enfance.

    Aujourd’hui, nous assis, silencieux, veilleurs, par notre présence même, refondons une culture pour la vie ensemble, vécue dans les principes de la réalité, celle de la chair, fondée sur la présence invariable d’un homme et d’une femme pour donner la vie, et celle de la spiritualité de l’amour fécond, qui ne sauraient être séparés.

    François-Xavier de Boissoudy, peintre

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  • L'impasse Dominique Venner

                         On pouvait apprécier Dominique Venner, historien en marge de la vie intellectuelle française, pour son courage, son honnêteté, son travail, tout en éprouvant une distance vis-à-vis de sa philosophie. C'était mon cas. J'étais depuis un an devenu lecteur assidu de sa Nouvelle Revue d'Histoire, dans laquelle je trouvais certaines références et un angle de vue rafraîchissant par rapport au climat intellectuel français ; toutefois, je ne partageais pas ses idées, notamment politiques et spirituelles. Mais c'est la chance de l'esprit que de se retrouver, par-delà ces différences, dans une recherche de la vérité et du sens. La fin extraordinaire qu'il s'est lui-même choisie éclaire d'un nouveau jour ce fond idéologique et religieux qu'il faut interroger.

      

                La fascination mortifère du passé dans laquelle son milieu politique (la droite nationaliste des années 50 et 60) risquait de se glacer, l'homme l'a sublimée au mieux par son engagement intellectuel à partir des années 70. Ce n'est pourtant pas sans recréer une identité fictive qu'il a élaboré une pensée de la volonté et des origines au parfum un peu allemand : un passé païen mythique dans tous les sens du terme, Heidegger et Nietzsche, l'idée fondamentale que le vouloir et l'être ne font qu'un. L'un des problèmes majeurs de l'intelligence humaine est sa propension à rêver le réel au lieu de le considérer, puis de le penser. Il y avait une part de lumière en Dominique Venner, celle qui, précisément, faisait le deuil de ce lyrisme qu'il sacrifiait au travail d'éclaircissement. Son dernier geste comme ses écrits montrent que la part ténébreuse, qui n'est autre que la part idéologique, l'aura emporté dans cette vie.

     

                Nous vivons un moment à proprement parler apocalyptique, les illusions se défont, la réalité montre ses aspects. L’obscurcissement augmente aujourd'hui avec les chances de le dissiper, par cette montée de l'intensité du temps, comme si le chaos et le dévoilement allaient de pair. Mais Dominique Venner n'est pas mort de la laideur de notre époque, qui pourra bien faire d'autres victimes plus faibles, il s'est laissé gagner par ses propres obscurités. Dans ses derniers messages, il s'inquiétait de l'effondrement spirituel et moral à travers sa contestation de la loi Taubira, mais aussi de la perspective d'une islamisation qui pourrait devenir totale, ce qu'il jugeait d'ailleurs un plus grave danger. Il y a assurément une violence dans le métissage imposé, le système du remplacement, le déracinement obligatoire que nous impose le pouvoir mondial à travers nos élites serviles. La haine de soi, le rejet de la terre, la culpabilisation des origines me sont devenus, comme à d'autres, insupportables ; en cela je comprends l'extrémité de son geste. Mais en vue de quoi a-t-il agi ? Il parle d'un « sacrifice » qui serait une « fondation ». Le suicide pourrait-il être fécond ? Laisse-t-il de l'espace, de la liberté pour nous saisir d'un avenir ? Faut-il faire un culte de ce geste et donc de sa personne, de son œuvre, pour « fonder » un espoir ? Mais de quoi ? Je vois finalement autant de pulsion de mort dans la négation des racines que dans leur exaltation en tant qu'absolu, et, autant je salue l'intellectuel pour son travail d'historien, autant son retour à une « mémoire identitaire » me semble une façon impérieuse de nous placer devant un passé aussi imposé et arbitraire que n'importe quelle idéologie plus triomphante aujourd'hui.

     

                Que dire aux amis, ou simplement aux personnes qui ne sont pas issus directement de cette mémoire européenne, comment proposer un avenir à partir d'un passé d'ailleurs un peu fantasmé ? Venner dénonçait une « métaphysique de l'illimité », le christianisme, destructrice de nos peuples, mais que doit-on dire de sa philosophie ? Si l'immigration massive et la logique du remplacement nous indignent, cela signifie-t-il que nous devons rester « entre soi » et ne pas nous adresser à tous ceux qui, aujourd'hui, vivent, pensent, font la France ? Quelle impasse ! Il ne fallait pas le lire beaucoup pour se rendre compte qu'il avait un compte à régler avec le christianisme, pour ne pas dire une haine à peine feutrée, mais rentrée contre lui. Il lui en voulait de son universalité dissolvante mais quoi, existerait-il un tel dilemme que de choisir entre l'universel et le particulier, les deux ne doivent-ils pas s'articuler dans l'exercice de l'amour ? Il y a plus. On a vu une partie de la blogosphère de droite et des animateurs de Radio Courtoisie, que je salue au passage, perdre un peu la raison devant ce geste inouï, s'empresser de nous dire que ce n'était ni folie ni désespoir, jusqu'à déclarer qu'il s'agissait d'un sacrifice héroïque et prometteur. Je m'inscris en faux.

     

                Il y a des formes de folie froide. L'homme commence ainsi sa lettre : « Je suis sain de corps et d’esprit, et suis comblé d’amour par ma femme et mes enfants. J’aime la vie ». On ne formule que ce qui ne va pas de soi... Se suicider en pleine possession de ses moyens, sans problème affectif, uniquement pour un idéal dont on a vu qu'il n'avait pas de contour précis ni de véritable générosité, relève d'une pathologie grave. Le désespoir, ici, ou la désespérance, sont patents : « C’est en décidant soi-même, en voulant vraiment son destin que l’on est vainqueur du néant. Et il n’y a pas d’échappatoire à cette exigence puisque nous n’avons que cette vie dans laquelle il nous appartient d’être entièrement nous-mêmes ou de n’être rien. » Voilà comment la « volonté » prométhéenne fait une boucle, finit par se détruire, et même par se nier jusqu'à la dérision, parce qu'elle s'est crue tout. Cette conjonction des pulsions de puissance et de mort entre en contradiction, d'ailleurs, avec sa critique de l'individualisme destructeur. Pour être quelque chose plutôt que rien, il faut se suicider devant l'autel de Notre-Dame, tout sacrifier, la vie, l'espoir, l'amour même, à la grandeur du symbole, à ce néant pourtant tant dénoncé. L'acte de Dominique Venner n'a pas de vraie grandeur : il cherche la grandeur – ce n'est pas la même chose. L'homme ose nous dire : « Il faudra certainement des gestes nouveaux, spectaculaires et symboliques pour ébranler les somnolences, secouer les consciences anesthésiées et réveiller la mémoire de nos origines. Nous entrons dans un temps où les paroles doivent être authentifiées par des actes. » Mais quelle cohérence y a-t-il entre ce suicide infamant pour la vie, profanateur pour l’Église, enfin destructeur de toute symbolique par son extrémisme même – et les ressources de l'identité ou la « fondation » d'un avenir ?

     

                Mes amis, rien n'est bon dans ce geste qui me fait même personnellement relire ce que je sais, ce que j'ai reçu de cet historien honorable en le remettant plus sévèrement en cause que je ne l'aurais fait. Il est des moments de séparation intellectuelle. Certains catholiques de sensibilité traditionaliste, en cette occasion, m'ont paru plus amoureux du sacré que du Christ et de l’Église. Les Évangiles produisent pourtant, à l'avance, une décapante critique du religieux formel et de la fausse grandeur. Rien de bon ne sortira de ce geste. Le lendemain, une « femen » imitait le sacrifié dans une parodie qu'il n'avait que trop méritée. Il aura ouvert une brèche, mais des plus mauvaises : qui font du passage à l'acte un langage et une concurrence. Je n'y vois que de l'orgueil et de la mort. Je veux défendre la vie. Je suis contre le suicide assisté. Contre le suicide-spectacle. Contre le lyrisme ou l'imaginaire qui obnubilent. « Méfiez-vous des faux prophètes, vous les reconnaîtrez à leurs fruits. » Amis qui aimez la France, qui désirez sa renaissance, oui, il existe un passé que nous devons connaître et chérir mais aussi un avenir à peupler, à conquérir, et c'est au présent, dans le réel, qu'il nous faut avancer avec tous nos frères, même ceux que nous croyons contre nous. « Aimez vos ennemis, priez pour ceux qui vous haïssent. » Tâchons de ne plus craindre, d'aimer et de convaincre. Et si nous avons besoin d'une boussole et d'un but, d'un horizon et d'un fondement, de racine et de ciel, enfin d'un ordre qui ouvre, ce n'est pas dans les fumées d'un paganisme de la force et de l'identité qu'on le trouvera, c'est dans le Christ et ce qu'il porte de fruits : la paix, l'humilité, la fermeté dans le combat, la charité, le désir de comprendre, la vocation de se donner – la volonté d'aller vers l'autre et le réel.

     

    Lucien Fornello
    pour
    La Vaillante

    le 24 mai 2013

     

     

     

     

     

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  • Du fait de la question de l’enfant, le mariage pour tous est amené à disparaître

     « Durant l’Antiquité, Socrate et le sophiste Protagoras se sont opposés au cours d’une controverse mémorable. À Protagoras qui déclarait que « l’Homme est la mesure de toutes choses », Socrate a répondu avec l’ironie cinglante qu’on lui connaît que c’est la folie qui devient la mesure de toutes choses quand tel est le cas. Pourquoi ? Parce que quand l’Homme mesure tout, plus rien ne mesure l’Homme.

    Les Sages du Conseil constitutionnel ont rendu leur verdict. Le mariage pour tous n’est pas anticonstitutionnel. Ce qui, dans le contexte actuel se comprend. Dans le monde laïc qui est le nôtre, la loi des hommes ayant remplacé la loi ontologique, il est normal qu’il en soit ainsi. Faisons du mariage un simple contrat comme un autre, le mariage pour tous n’a effectivement rien qui viole la loi. Quand quelqu’un souscrit un contrat d’assistance avec un vendeur de machines à laver, ce vendeur ne lui demande pas s’il est hétérosexuel ou pas. Il n’a pas à le faire. D’où la légitimité du mariage pour tous entendu comme contrat. Faisons du mariage un droit et rien qu’un droit. Ayant la même valeur qu’un contrat d’assistance avec un vendeur de machines à laver, il n’y a aucune raison de refuser le mariage aux homosexuels. Dans l’avenir toutefois, il est fort possible que le Conseil constitutionnel ait à repenser cela pour tous pour trois raisons.

    I- Dans un premier temps, très vite va se poser la question de la PMA (Procréation médicalement assistée) ainsi que celle de la GPA (Gestation pour autrui). Il va falloir alors se demander si, pour que les parents homosexuels soient des parents comme les autres, il est légal d’enlever son père à un enfant en remplaçant le père absent par des paillettes ou par un tiers. Tout comme il va falloir se demander s’il est légal d’enlever sa mère à un enfant en remplaçant celle-ci par le ventre d’une mère porteuse. L'État considère aujourd’hui le fait d’être un orphelin comme un drame qu’il faut secourir. Sera-t-il constitutionnel de promulguer le contraire ?

    II- Admettons que les Sages qui auront à statuer sur ce cas décident de ne pas autoriser la GPA pour ne pas condamner certains enfants à l’orphelinat par avance, comment vont-ils s’y prendre pour expliquer aux couples homosexuels qu’ils ont le droit de se marier mais pas d’avoir des enfants ? S’ils disent effectivement non, cela reviendra de fait de fait à supprimer le mariage pour tous en faisant de ce mariage un demi-mariage que les homosexuels n’accepteront certainement pas. D’où crise.

    III- À l’inverse, si, pour satisfaire le désir des couples homosexuels les Sages entérinent la PMA et la GPA, il faudra qu’ils expliquent aux Français qu’une nouvelle ère est venue. Celle d’une humanité sans filiation. Les êtres humains auront une traçabilité de leurs origines comme la viande. Mais ils n’auront pas plus de valeur qu’elle. Ce qui amènera à se demander si le Droit n’est pas en train de tuer l’Homme. D’où une autre crise.

    Autrement dit, quoi qu’il arrive, du fait de la question de l’enfant, le mariage pour tous est amené à disparaître. Sauf si, au nom du Droit souverain de l’Homme, on en décide autrement. Cela voudra dire alors qu’au nom du Droit et de l’égalité on n’est plus dans le Droit mais dans la violence et dans la folie. Et là, c’est Socrate qui aura raison. On est fou quand on pense que l’Homme et le Droit sont la mesure de toutes choses. »

     


    Bertrand Vergely

    In Atlantico
    Le 18 mai 2013

     

     

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  • L'horizon historico-transcendantal qu'une minorité inattendue est en train de redécouvrir

    Zenit - Pensez-vous sérieusement que la génération des veilleurs est l'héritière la plus authentique de l'espoir déçu de 68?

    Gérard Leclerc - Je le pense très sérieusement, du moins au sens précis de Clavel. Si ces jeunes gens se sont dressés contre le mariage pour tous, ce n'est pas seulement pour refuser la loi Taubira. Leur refus se dessine à partir d'une option fondamentale de civilisation, celle que Clavel avait bien mise en évidence. Je reprends sa formule« La culture c'est une option sur l'absolu. » Cela veut dire que ce qui inspire un art de vivre, une façon de vivre ensemble, de construire un monde commun, de concevoir l'économie, se réfère à un sens qui donne tout son prix à notre humanité. D'où la volonté des veilleurs de respirer, de méditer, d'ouvrir à un autre horizon. Cela s'est fait dans le cadre des grandes manifestations, et surtout à la suite de celle du 24 mars, où l'affrontement avec les forces de l'ordre a paru un moment faire dévier le mouvement. Allait-on s'amuser à jouer à cache-cache avec les flics dans tout Paris? N'y avait-il pas mieux à faire, en s'arrêtant, en se posant, pour réfléchir et voir plus loin?

    Nous retrouvons là l'horizon historico-transcendantal dont nous parlions et qui nous ramène à 68, à ce que 68 a raté magistralement, mais qu'une minorité inattendue est en train de redécouvrir.

    Vous parlez de minorité. N'est-ce pas la faiblesse principale de ce mouvement, qui malgré tout reste en décalage par rapport à sa propre génération complètement imprégnée par la culture dominante?

    Oui, c'est vrai, indiscutable. Je rappelle toutefois que c'était déjà le cas en 68, où la danse était menée par des groupuscules peut-être encore plus minoritaires qu'aujourd'hui. Par ailleurs il faut apprécier les qualités de ladite minorité. J'en ai déjà parlé dans un entretien précédent. Elle n'a pas son équivalent en fait de conviction par rapport au relativisme généralisé de l'époque, si ce n'est au nihilisme plus ou moins diffus ici et là. En quoi s'est-elle d'abord distingué, sinon par le courage d'être et de dire? C'est la première fois qu'on ose dire sans peur, sans complexe, qu'on est en désaccord avec la culture imposée, l'esthétique des médias, la bien-pensance ordinaire. Jusqu'ici toute velléité d'affirmation d'une différence se trouvait écrasée, sous le joug fatal de l'incrimination de ringardise. Eh bien, ça ne marche plus! Et c'est considérable. Désormais, il y a une force de refus et d'affirmation en même temps, que plus rien n’impressionnera. Cela fait contraste avec toute une période, où, notamment dans l'Église, on avait peur de son ombre, et où il fallait être le plus discret possible. C'est une des raisons essentielles pour lesquelles je crois que tout cela va franchir l'obstacle du prochain été.

    Comment tout ce qui s'est affirmé depuis plusieurs mois dans une épreuve de force politique peut-il se prolonger, au-delà de la bataille sur la loi Taubira?

    La difficulté est certaine, mais la façon dont elle sera négociée sera significative de la valeur de l'engagement des derniers mois. L'été sera sans doute propice à une réflexion générale, sans doute dans le cadre d'universités organisées par les uns et les autres. Il me semble, quant à moi, que cette réflexion se doit de distinguer les domaines, ou, si l'on veut, les ordres pascaliens.

    Je commence par le dernier, celui de la charité qui renvoie au domaine propre de l'Église, éventuellement à d'autres appartenances spirituelles. Guillaume Tabard, dans une chronique du Figaro, a finement remarqué que la tonalité de la résistance était donnée par la génération JMJ. Or, cette génération s'est forgée tout au long des pontificats de Jean-Paul II et de Benoît XVI, dans le sens d'un recentrement autour des fondamentaux du christianisme: la méditation de la parole, la sanctification par les sacrements, le service des autres à travers toutes les médiations de l'engagement.

    Toute la solidité des 50000 jeunes Français qui étaient présents aux JMJ de Madrid, repose sur ce socle. Sa pérennité est liée à une fécondité et à un dynamisme missionnaire qui trouvent leurs lieux privilégiés dans les réseaux des paroisses, des aumôneries et des mouvements. Je suis intimement persuadé que l'enjeu de la bataille du mariage et des autres réformes sociétales à venir constitue un stimulant puissant à une revivification générale du tissu ecclésial. C'est un premier point.

    Le second concerne l'ordre des médiations sociales elles-mêmes, qui sont liées au politique mais le nourrissent en le précédant. La Manif pour tous est la plus massive de ces structures qui organisent les tâches. Elle s'est formée à partir d'un objectif précis, elle a fait preuve d'une réactivité et d'une inventivité étonnantes. Elle sera sans doute amenée à se perpétuer, ne serait-ce qu'en se référant à de nouveaux objectifs, ceux que l'actualité imposera. Je pense à la loi annoncée sur la famille, si toutefois le gouvernement ne l'ajourne pas par la plus élémentaire prudence. Il y a aussi la loi sur la fin de vie, et tout ce qui concerne les questions bioéthiques. Après le vote de la loi Taubira, dans quelle mesure faudra-t-il étudier les procédures de l'objection de conscience, ne serait-ce que pour venir en aide aux officiers municipaux qui ne voudront pas procéder à des mariages homosexuels? Mais il y a aussi tous les mouvements ou associations qui existent déjà et qui continueront à alimenter la réflexion commune sur chacun des sujets en débat. Il est certain que l'Alliance VITA, pas la justesse de son positionnement et la qualité intellectuelle de ses cadres, continuera à jouer un rôle tout à fait essentiel dans cette affaire.

    Je suis également persuadé qu'il y aura lieu de multiplier les think tanks où philosophes, théologiens, juristes, scientifiques seraient en mesure d'approfondir les questions en suspens. Que l'on prenne celle de l'homosexualité par exemple: je suis frappé par l'intérêt de tout ce qu'a apporté sur ce sujet un Philippe Ariño. On a bien eu raison de distinguer le combat pour le mariage des problèmes posés par l'homosexualité, et je pense extrêmement dangereuse toute tentative d'en faire un objectif de combat. Mais cela n'empêche pas que l'on réfléchisse à frais nouveaux sur cette condition particulière que la culture contemporaine a tenté de masquer voire de travestir par toute une propagande. La sociologue Irène Théry s'est beaucoup répandue sur les divers médias pour imposer une justification des mutations de la famille. On ne lui a pas assez répondu, alors qu'elle est l'interprète de cette révolution sociétale que le pouvoir cautionne. Il ne suffit pas de brandir les principes d'une morale dite naturelle pour répondre à toutes les difficultés inhérentes à l'éclatement de la famille. Je m'arrête là, en ayant bien conscience qu'il faudra aller beaucoup plus loin dans les recherches et les propositions.

    Troisième et dernier point, le combat politique. Il y aurait lieu d'analyser sérieusement comment les choses se sont déroulées et enchaînées depuis septembre 2012. La Manif pour tous a forcément travaillé avec la représentation parlementaire, celle qui dans l'opposition affrontait directement le gouvernement. Il me semble qu'il y a toujours eu distinction des rôles au travers d'une coopération très intense. On peut dire aussi que c'est la mobilisation entraînée et sans cesse dynamisée par la Manif pour tous, qui a produit une sorte de métamorphose à l'intérieur de l'UMP. Hervé Mariton, Jean-Frédéric Poisson, Philippe Gosselin, Henri Guaino et Christian Jacob (je ne puis les nommer tous) n'ont pu déployer leur talent au Palais Bourbon que parce qu'ils avaient derrière eux tout cet élan populaire et parce que l'UMP se trouvait ainsi provoquée à la résistance. Ce n'était pas gagné d'avance, parce que des personnages aussi importants que Nathalie Kosciusko-Morizet et Bruno Le Maire, voire Alain Juppé, étaient sur une extrême réserve, craignant de s'associer à un combat à leurs yeux retardataire. Il faut ajouter qu'on a découvert que le Front national n'était pas très mobilisé sur le sujet. L'absence de Marine le Pen à tous les rassemblements a bien montré qu'elle ne situait pas l'axe de son combat de ce côté-là. En revanche, il faut reconnaître au journal Le Monde d'avoir mis en évidence une donnée tout à fait originale, liée à cette mobilisation étonnante et sans précédents. Il y a désormais un phénomène de génération qui atteint les jeunes militants et militantes et qui transcende les partis. La mobilisation a créé une sorte d'âme commune qui aura beaucoup de conséquences pour l'avenir. Lorsqu'on écoute la jeune Marion Maréchal-Le Pen, il est patent qu'elle appartient d'abord à sa génération dont elle parle le langage, sans avoir peur de dire au passage qu'elle est inspirée par sa foi.

    Tout cela pour dire que le champ politique s'est ouvert et qu'il laisse la possibilité à de nouvelles initiatives dont il faudra inventer au fur et à mesure les formes.

    J'en conclus très provisoirement que rien ne va s'arrêter et que, bien au contraire, une nouvelle étape s'annonce, aussi passionnante que celle que nous venons de vivre.

     

    Propos recueillis par Anita Bourdin

    Zenit, 17 mai 3013

     

     

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  • Nous continuerons à manifester avec notre petite épiphanie de créature, en chair, en os et en esprit.

     

            POUR UN MANIFESTE DES ÉMERVEILLÉS


    Mandala Hildegarde.jpgNous ne sommes pas des indignés. Ce qui nous anime est un sentiment plus primitif, plus positif, plus accueillant – il s’agit de cette passion que Descartes considère comme la première et la plus fondamentale de toutes : l’admiration. Elle est première parce qu’elle s’éprouve devant des choses qui nous précèdent, nous surprennent, que nous n’avons pas planifiées : les lis des champs, les oiseaux du ciel, les visages, tous les printemps... Avant de nous satisfaire de l’œuvre de nos mains ou de la victoire de nos principes, nous admirons ce donné naturel. Telle est la coloration affective que nous cherchons à faire entrer dans nos actions. Elles ne sont pas motivées par une humeur chagrine ou revendicatrice. Elles ne sont pas imbibées d’amertume. Elles voudraient n’être que des actions de grâces. Car, à partir de cette admiration première, elles doivent fleurir en gratitude envers la vie reçue, notre origine terrestre et charnelle : ce fait que nous ne nous sommes pas faits, mais que nous sommes nés, d’un homme et d’une femme, selon un ordre qui leur échappait à eux-mêmes.


    Loin d’être des spiritualistes ou des moralisateurs, nous reconnaissons ce que Nietzsche appelait la « grande raison du corps », et même « l’esprit à l’œuvre sous nos ceintures ». Oui, nous sommes émerveillés par l’ordination mutuelle des sexes, par le génie de la génitalité. Bien sûr, cette organisation stupéfiante est comme notre nez au milieu de notre figure : nous avons tendance à ne pas la voir. Nous nous enorgueillissons d’avoir bricolé une lampe de poche, et oublions la splendeur du soleil ; nous idolâtrons la magie de nos machines, et méprisons la merveille de notre chair. Cette merveille, nous la dissimulons sous les mots de « biologique », de « déterminisme », d’« animalité », et nous prenons par là un air de supériorité, vantant les libres prouesses de notre fabrique. Et pourtant, quoi de plus étonnant que cette union des êtres les plus différents : l’homme et la femme ? Et quoi de plus surprenant que leur étreinte, enclose sur sa jouissance, et qui toutefois se déchire, naturellement, pour faire advenir encore un autre, d’une autre différence encore : la future petite peste, le déjà dérangeant, celui qu’on appelle « l’enfant » ? Jules Supervielle exprime avec une justesse plus que scientifique cette surprise que la réduction biologisante nous voile : « Et fallait-il qu’un luxe d’innocence / Allât finir la fureur de nos sens ? »


    Ainsi nos manifestations ne sont pas celles d’une corporation, mais celles de nos corps. Elles ne partent pas d’une visée politique ou partisane, mais d’une reconnaissance anthropologique. Elles ne cherchent pas à prendre le pouvoir, mais à rendre un témoignage culturel à un donné de nature, dans un élan de gratitude. En grec, « nature » se dit « physis », mot qui vient du verbe « phuein », qui signifie « apparaître » ou, justement, « se manifester ». La nature n’est pas d’abord une réserve d’énergies ni une mine de matériaux, manipulables à notre guise, mais une manifestation de formes organisées, souvent éblouissantes à notre regard. Certes, la nature est aussi blessée, désordonnée : il y a la souffrance, il y a la mort, il y a l’injustice. Mais ces ruines ne nous font horreur que parce nous avons d’abord entrevu sa générosité jaillissante : si nous n’avions pas perçu la bonté de ses formes, nous ne serions pas scandalisés par ce qui les défigure... Nos manifestations ne sont donc que pour attester l’éclat de cette manifestation première. Elles ne relèvent pas du rapport de force. Elles se fondent sur une exigence d’hospitalité envers cette présence réelle, physique, initiale (ne pas scier la branche qui nous porte, ne pas prétendre faire éclore la fleur en forçant le bourgeon). Et c’est pourquoi ces manifestations dureront aussi longtemps qu’il y aura des pénis et des vulves, et leur ordination d’abord involontaire, et leur fécondité troublant notre avarice.


    Mais c’est précisément cette exigence d’hospitalité, cette relation d’émerveillement et de gratitude envers notre origine, disons même ce rapport de faiblesse, qui sont insupportables à ceux qui conçoivent tout en termes de rapport de force. Ils voudraient que nous ne soyons qu’une faction. Ils préféreraient que nous posions des bombes. Cette violence leur serait moins violente que notre manifestation élémentaire, celle de la simple présence physique d’un homme et d’une femme, et d’un enfant dont ils sont aussi le père et la mère... Si ce n’était que notre opinion, s’il n’y allait que de notre arrogance, ils pourraient nous faire taire. Mais comment faire taire la présence silencieuse du corps sexué ?


    Qu’il nous soit permis – après ce rappel de ce que nous sommes essentiellement : des émerveillés – d’insister sur cinq conséquences importantes pour nous comme pour les autres – car nous ne sommes pas à l’abri de l’ingratitude, et, à force de ne pas être reconnus dans notre émerveillement, l’indignation peut finir par offusquer cet émerveillement fondamental, et nous risquons de verser, soit dans le découragement, soit dans une violence illégitime.

    Mandala Hildegarde.jpg

    Certains nous accusent d’être des « fascistes », procédé linguistique très réducteur, qui permet de désigner un ennemi sans l’entendre, et qui relève, précisément, des procédés du fascisme historique. D’autres nous taxent seulement de « réactionnaires », comme si le fait de réagir était un mal, et non un signe de vitalité, et comme si la rhétorique du « Progrès », qui a tant servi la Terreur et le totalitarisme, n’avait pas fait long feu. D’autres diront que c’est parce que nous sommes des « cathos », ou des « juifs intégristes », ou des « fondamentalistes musulmans »... mais non, nous sommes des Français et, plus simplement encore, des hommes et des femmes, très éloignés de tout puritanisme et de tout fondamentalisme, puisque ravis de la fesse, ne craignant pas d’admirer la conjonction improbable de la « bite » et de la « chatte » et du surgissant polichinelle... On pourrait avec plus de rigueur nous ranger parmi les tenants d’une écologie intégrale. Mais on évite ce genre de classement, par crainte de reconnaître les contradictions de nombreux mouvements écologistes actuels, mais aussi parce qu’on n’a rien, au fond, à nous reprocher, ou que le reproche ne peut nous atteindre qu’en atteignant aussi le donné de la chair. De fait, si nous sommes fascistes, il faut en conclure que la nature elle-même est fasciste, et qu’il convient de l’éliminer, ce qui n’est pas sans avoir certains inconvénients...

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    Beaucoup ne comprennent pas que nous manifestions contre une réforme du code civil qui satisfait les intérêts de certains, sans léser les nôtres (il n’est pas parlé, cependant, des intérêts de l’enfant). Voilà, en effet, de quoi ébahir les utilitaristes de tous bords : nous ne manifestons pas pour le triomphe de nos intérêts particuliers. Nous cherchons seulement à témoigner de ce qui est antérieur à tout intérêt, et qui est le don de la naissance.

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    3° C’est justement ce que vient occulter le slogan de « l’égalité » qu’on nous sert à toutes les sauces, sans penser à ce que ce terme veut dire, et les menaces de nivellement, voire de « raccourcissement » qu’il a toujours contenu. Il y a une évidente et naturelle inégalité entre le couple d’un homme et d’une femme, et celui de deux hommes ou de deux femmes. Pour égaliser les conditions, il convient de recourir à l’artifice, et passer de la naissance à la fabrication, du born au made... Derrière la prétendue égalisation juridique, il y a donc un assujettissement technocratique, et le projet de produire des personnes non comme personnes, donc, mais comme produits, au gré de nos caprices, selon la loi de l’offre et de la demande, d’après les désirs fomentés par la publicité : « Un enfant à la carte, votre petit chose, l’accessoire de votre épanouissement, le tiers compensatoire de vos frustrations, enfin, pour une somme modique, le caniche humain ! »

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    Voilà pourquoi nous ne sommes pas « homophobes ». Nous sommes émerveillés par les gays vraiment gais, les « folles » sans cage, les sages de l’inversion. L’amour de la différence sexuelle, si fondamentale, avec celui de la différence générationnelle (parents/enfants), nous apprend à accueillir toutes les différences secondaires. Si moi, homme, j’aime les femmes, si étrangères à mon sexe, comment n’aurais-je pas de la sympathie, sinon de l’amitié pour les homos, qui me sont, au final, beaucoup moins étranges. D’ailleurs il y en eut toujours, qui n’avait pas peur d’affirmer leur différence, d’assumer une certaine excentricité, un travail dans les marges. Aussi croyons-nous que, ce qui est vraiment « homophobe », c’est le pseudo-« mariage gay ». Il y va d’une tentative d’embourgeoisement, de normalisation de l’homophilie, d’écrasement de son incivilité sous le code civil. Quel cadeau que ce « mariage » qui n’est plus qu’un aménagement patrimonial ou un divorce ajourné ! Pourvu que les homos rentrent dans le rang, et qu’ils soient stérilisés, surtout, dans leur fécondité propre. Car qui ignore leur fécondité artistique, politique, littéraire, compassionnelle ? Les anciens Grecs l’entendaient ainsi : libérés des devoirs familiaux, ils pouvaient se consacrer davantage au service de la Cité. Ils savaient que leurs amours avaient quelque chose de contre-nature, mais ils n’en méprisaient pas pour autant la nature (de là, très souvent, cet amour pour leur mère – voir Proust ou Barthes), et y trouvaient des ressources pour l’art.

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    5° Comment, émerveillés comme nous sommes, nous lancerions-nous dans des actions violentes, dénigrantes, exclusives ? Une fois de plus, nous ne cherchons pas une victoire politique. Nous ne sommes même pas sûrs qu’il y ait vraiment quelque chose à sauver dans ce mariage privatisé, qui n’a plus rien de républicain depuis belle lurette. Et c’est pourquoi, malgré la défaite législative (mais quand on voit le piège médiatique et partisan dans lequel se trouvent nos législateurs, on se demande si le législatif d’aujourd’hui mérite qu’on s’y arrête), nous continuerons à manifester, sans armes, sans haine, au fond sans slogan même, mais avec notre petite épiphanie de créature, en chair, en os et en esprit.

    Fabrice Hadjadj 

     

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  • Ce qu'est l'homophobie selon la Théorie du Genre

    Qu'est-ce que l'homophobie ? Réponse de SOS Homophobie dans cette émission "Du grain à moudre" sur France Culture.
    Vous voulez voir l'état de la culture officielle dans notre pays ? Où en est la Théorie du genre ? Écoutez cette émission où dès le début, par la problématique posée, l'antenne France Culture se place en propagandiste de la cause de cette théorie. Tugdual Derville s'en sort bien, mais aura-t-il été écouté et entendu par les auditeurs habitués au bain de la culture libertariste & libéralisante ? :

    http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4607954

    http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4607954     "Du Grain à moudre" le 15 avril 2013

    Et aussi Observatoire de la Théorie du Genre : http://www.theoriedugenre.fr/
    Page facebook de l'Observatoire de la Théorie du genre :
    https://www.facebook.com/pages/Observatoire-de-la-théorie-du-genre/301879863274835?fref=ts

    Théorie du Genre : Institut de Formation Politique (PDF) :
    http://www.ifpfrance.org/images/stories/Fichiers/les%20notes%20de%20l%5C%27ifp_n%B04_la%20th%E9orie%20du%20genre_d%E9cembre%202012.pdf

    Camille Fornello
    pour La Vaillante

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  • Les Veilleurs : "La force intérieure de la non-violence irrépressible" (Tugdual Derville)

    Très beau témoignage d'une jeune, Marie, qui était mercredi 17 avril au soir sur l'esplanade des Invalides :

    « Chers amis,

    Voici simplement un petit témoignage de ce qui se passe ici à Paris, en ces jours étranges. Le combat où nous sommes n'est pas anodin. Beaucoup de médias caricaturent et ridiculisent. Voici en toute vérité ce que j'ai vécu hier soir.
    Hier après-midi, j'ai rejoint comme la veille La Manif Pour Tous, qui défile de Sèvres-Babylone à l'Assemblée Nationale tous les soirs cette semaine entre 19h et 22h, à grand renfort de chants, de sifflets et de casseroles. L'ambiance était joyeuse comme toujours ; beaucoup de jeunes, peut-être les deux tiers du cortège.
    Lors de la dispersion aux Invalides, nous avons rejoint avec deux amis une pelouse, un peu plus loin, sur laquelle se tenaient assis des groupes de jeunes, calmes, avec des bougies. J'avais entendu parlé la veille de cette initiative, dite « Les Veilleurs » : 100 ou 200 jeunes étaient restés calmement sur les Invalides, rejoints par Hervé Mariton, Jean-Frédéric Poisson et un autre député. Vers 1h du matin, les CRS les ont sommés de partir. Ceux qui sont restés ont été enlevés de force, poussés dans la bouche de métro ; des bombes lacrymogènes ont été lancées dans la bouche du métro ; 40 jeunes (au hasard, ceux qui étaient les plus proches du bus selon le témoignage d'une amie !) ont été embarqués et emmenés au poste, puis, pour ne pas reproduire une garde à vue contestée, relâchés à 3h du matin à l'autre bout de Paris.
    Je ne savais que penser de cette initiative. Ce rassemblement était parfaitement légal et, tant qu'il ne provoquait aucun trouble à l'ordre public, les forces de l'ordre n'ont, selon la loi, aucun droit de le disperser. En même temps, est-ce vraiment utile d'en rajouter, de provoquer des incidents avec les forces de l'ordre ? Après en avoir discuté avec plusieurs amis, j'ai décidé de suivre ceux qui avaient vécu l'expérience la veille.

    22h : Nous sommes un peu plus de 800 jeunes, assis par terre dans le calme, sur l'esplanade des Invalides, avec des bougies. Axel, le chef de file du mouvement, explique au porte-voix l'esprit de cette initiative. Il s'agit de résister à ce gouvernement et à ses lois iniques, non par la violence, mais par notre force spirituelle – au sens large, celle qui habite tout homme, ce n'est pas réservé aux croyants. C'est notre vie intérieure, notre paix, notre amour qui constitue la plus grande force de résistance ; à cela le gouvernement ne peut rien opposer. Je connais Axel de vue, il vient à EVEN le lundi soir. Il est d'un calme olympien, il parle d'une voix douce, ni coléreux ni revendicatif ; il sait où il va et tient le cap. Il mène cela avec une jeune fille nommée Alix. Peut-être 25 ans, pas plus.

    22h30 : Axel nous parle de la paix intérieure, et nous écoutons des textes (Madeleine Daniélou, Victor Hugo...) sur la France, l'intelligence, l'amour, la liberté... Les CRS sont encore partout sur l'esplanade, où des groupes de manifestants, restés après la dispersion, font du bruit et refusent de partir. Très tôt, les CRS prennent position autour de nous. Axel explique calmement qu'à la deuxième sommation, ceux qui voudront partir partiront ; qu'accomplir demain notre devoir d'état est plus important que de rester ; que ceux qui peuvent rester et résister devront, s'ils aterrissent au poste, demander un avocat commis d'office et un médecin : il sera évidemment compliqué de trouver plusieurs centaines d'avocats et de médecins en même temps ! Nous continuons de rester paisibles ; au bout d'un moment, les CRS nous contournent et partent s'occuper d'autres groupes bruyants et violents.

    23h : Ce soir, nous ne resterons que jusqu'à 1h du matin, a encore dit Axel. Ensuite, nous irons tranquillement nous coucher. Arrive un commissaire de police, qui parlemente avec Axel quelques instants. Celui-ci nous informe ensuite au micro : « Ce policier nous demande de nous disperser à minuit et demie, pour que nous puissions prendre les derniers métros. Si nous partons à minuit et demie, nous pouvons rester, nous ne serons inquiétés par aucun policier. Je suis très heureux de ce qu'il se passe, notre paix commence à faire son effet. Nous resterons jusqu'à minuit et demie. » Le policier part.

    23h30 : Nous écoutons toujours des paroles et des textes, alternés avec des temps de silence. Ailleurs encore, des pétards, des sirènes... Il est difficile de rester tranquilles, ancrés dans sa « paix intérieure » comme le rappelle Axel, quand les camions de CRS passent et repassent dans tous les sens sur l'esplanade. Des jeunes partent, d'autres se dissipent...Certains, au téléphone, tentent de faire venir leurs amis restés avec des groupes plus violents. Axel garde son calme. Mgr Aillet, évêque de Bayonne, nous rejoint un moment, nous bénit et bénit notre « résistance spirituelle » et notre courage. Xavier Bongibault et un organisateur de la Manif pour tous nous rejoignent aussi. Un garçon récite par cœur un texte de Gramschi sur l'indifférence :
    « Je hais les indifférents. (…) Ce qui se passe, le mal qui s’abat sur tous, le bien possible qu’un acte héroïque peut provoquer, tout ça revient moins à l’initiative de quelques personnes qui agissent qu’à l’indifférence, à l’absentéisme de la majorité. Ce qui arrive, arrive non pas parce que certains veulent qu’il arrive, mais parce que la majorité abdique sa volonté, laisse faire, laisse se grouper les nœuds qu’ensuite seule l’épée pourra couper, laisse promulguer les lois qu’ensuite seule la révolte fera abroger, laisse aller au pouvoir les hommes qu’ensuite seul une révolution pourra renverser. La fatalité qui semble dominer l’histoire n’est que l’apparence illusoire de cette indifférence, de cet absentéisme. Des faits mûrissent à l’ombre, juste quelques mains, à l’abri de tout contrôle, tissent la toile de la vie collective, et la masse ignore, car elle ne s’en soucie point. Les destins d’une époque sont manipulés selon des vues étriquées, des buts immédiats, des ambitions et des passions personnelles de petits groupes actifs, et la masse ignore, car elle ne s’en soucie point. »

    Axel nous invite encore à examiner pourquoi nous sommes là, ce que nous voulons défendre. Nous voulons montrer notre détermination, de manière pacifique, en s'appuyant sur notre vie intérieure. Nous préférons ce que nous croyons à notre vie, à notre confort. Toujours dans un grand calme, sans exaltation, sans triomphalisme, humblement.

    Minuit : Nous voyons brusquement arriver et se ranger juste devant nous dix cars de CRS, ainsi que le bus bien connu qui sert aux arrestations. Le même policier revient parlementer ; son porte-voix ne fonctionne pas, Axel lui prête le sien. « C'est bien, tout s'est bien passé, maintenant vous allez vous disperser et rentrer calmement, si vous ne voulez pas que cela se passe mal. » Axel rappelle, toujours très calmement, qu'on lui avait assuré que nous pouvions rester jusqu'à minuit et demie, et qu'il n'y aurait pas de policiers autour de nous. Il discute un peu avec le commissaire, puis reprend le micro. « Visiblement les ordres ont changé ; nos amis les policiers nous demandent de partir une demie-heure plus tôt. Là il faut que vous m'aidiez, j'ai une décision à prendre. Peut-être vaut-il mieux rester, parce qu'on nous dit minuit et demie, puis minuit, puis 22h, et demain on n'existe plus ; peut-être vaut-il mieux partir, quelques minutes plus tôt, et éviter des incidents avec les forces de l'ordre. » Sur ce, il demande au policier deux minutes de réflexion et, écartant tous ceux qui veulent le conseiller, prend seulement Alix à part. On les voit discuter quelques minutes, rejoints ensuite par deux ou trois autres.

    Minuit quinze : Axel et Alix reviennent : « Chacun est libre, mais nous, nous allons rester. Ce quart d'heure qui reste ne changera rien, nous allons seulement montrer que nous sommes libres et déterminés, nous resterons jusqu'à l'heure qu'on nous a dite, dans le silence absolu. Puis, à minuit et demie, nous nous disperserons calmement et nous irons nous coucher. » Approbation muette de la « foule », par les mains.

    Minuit vingt : Les CRS sortent des bus, casqués et bouclier en main, et commencent à nous encercler. Nous avons resserré les rangs, rangés en ligne, alternés garçon et fille, nous tenant par les bras, et essayons de rester dans le calme. Axel et Alix restent devant nous, nous exhortent encore à rester ancrés dans notre paix intérieure.

    Minuit vingt-cinq : Nous sommes encerclés, ils sont tous proches de nous. Vont-ils nous attaquer pour quelques minutes qui restent encore ? Ils n'avancent plus. Minutes héroïques : des CRS armés face à quelques centaines de jeunes désarmés, assis par terre en silence, qui ne résistent que par la force de leur détermination. Nous sentons que la force est de notre côté, elle est intérieure, elle est dans notre confiance et dans la communauté que nous formons. Certains CRS semblent un peu interloqués ; si on leur avait donné l'ordre de nous attaquer à ce moment-là, je ne sais pas ce qu'ils auraient fait. Il paraît que la veille, l'un d'eux s'est mis à pleurer, en disant : « C'est trop beau ce que vous faites, on nous fait faire du sale boulot ! » Les minutes s'égrènent, une à une ; le moindre cri ou mouvement de panique, et tout peut exploser.
    Il reste deux minutes. Quelqu'un entonne « l'espérance », et peu à peu le chant se propage, repris par toutes les voix. Il s'enfle, et devient un chant de victoire. Serrés les uns contre les autres, sans bouger, nous chantons.

    Minuit trente : Axel donne le signal du départ. Tous ensemble, chantant toujours, nous nous levons et marchons calmement vers la bouche du métro. Extraordinaire moment : notre paix est victorieuse. Les CRS nous encadrent, ils ne savent pas trop quoi faire de leur force. Des ordres imbéciles fusent, certains empêchent ceux qui veulent partir à vélo ou à pied de passer, d'autres rattrapent avec violence deux filles qui partaient à pied. Certains CRS nous laissent passer, l'un d'eux crie : « Laissez tomber vos boucliers, les gars, il ne va rien se passer. » Ils sont tellement habitués aux rapports de force et à la violence, que notre manière d'agir les dépasse complètement. Ils se croient obligés de pousser ceux qui descendent dans le métro, de repousser ceux qui sont à l'extérieur... S'ils avaient eu confiance en nous, en dix minutes nous nous serions dispersés nous-mêmes dans le calme. Heureusement, pas d'incident grave, et à 1h l'esplanade est déserte.

    Expérience faite, je crois que cette initiative est belle, et j'encourage ceux qui le peuvent à la rejoindre. Beaucoup de jeunes, et des moins jeunes, légitimement énervés par le déni et l'injustice dont nous sommes l'objet de la part du pouvoir et des médias, basculent dans la violence. Je crois que la vraie résistance est là, dans la force spirituelle de cette jeunesse de Paris, qui est prête à défendre la vérité, qui ne cède ni à l'indifférence ni à des pulsions de violence, qui fonde sa force sur celle de l'intelligence, celle du cœur, celle de la foi. Ce soir encore, et les jours suivants, de plus en plus nombreux sans doute, « les Veilleurs » seront là, sentinelles de l'aurore. »

     

    Deuxième nuit des Veilleurs, mercredi 17-18 avril 2013,
    Esplanade des Invalides 

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  • Soumis depuis des décennies à une influence médiatique univoque, les Français n’ont pas pris la mesure du bouleversement anthropologique historique…

    Les principes fondateurs du Collectif pour l’Humanité Durable®  :

    « Dans le respect de chacun, le Collectif pour l’Humanité Durable rappelle que les fondements naturels, culturels et universels de l’être humain et de sa dignité intégrale reposent sur les principes suivants :

    - Le respect de la vie, de la conception à la mort naturelle, à chaque âge et quel que soit l’état de santé des personnes.
    - La promotion de la famille fondée sur le mariage durable entre un homme et une femme et le respect des droits familiaux de l’enfant.
    - Le respect de la liberté d’éducation des parents.
    - Le respect des libertés de conscience, de pensée et de religion. Tous ces principes sont protégés par la Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948 et garantis par leur libre expression publique dans notre pays.

    Du respect de ces principes fondateurs dépend l’Humanité durable : les droits fondamentaux de l’Homme, la stabilité de la Société et la pérennité de l’Humanité. Mais aussi les fondements de notre civilisation judéo-chrétienne.

    Or, depuis plusieurs décennies déjà ces principes se délitent, sous l’effet de décisions politiques contraires associées à une confiscation croissante du débat public.

    Le principe même de liberté d’expression sur le devenir de l’Homme est remis en cause en France, ce qui n’est pas acceptable pour notre démocratie, patrie des droits de l’Homme et du Citoyen.

    Aujourd’hui, le nouveau pouvoir a clairement marqué sa volonté de faire disparaître ces principes d’Humanité durable par les engagements programmatiques suivants du président de la République :
    n°21 : légalisation de l’euthanasie ;
    n°31 : légalisation du mariage et adoption d’enfants par les couples de même sexe ;
    n°46 : constitutionnalisation de la laïcité ;
    n°37, 39 et 40 des “40 engagements qui vont changer la vie des femmes” : promotion de la contraception anonyme pour mineurs ainsi que généralisation et gratuité totale de l’IVG.

    Soumis depuis des décennies à une influence médiatique univoque, les Français n’ont pas pris la mesure du bouleversement anthropologique historique qu’ils réaliseront pour notre pays et notre prochain, dès la nouvelle Assemblée élue les 10 et 17 juin 2012.

    C’est pourquoi le Collectif pour l’Humanité Durable lance aujourd’hui son action dans le but déterminé d’empêcher l’adoption de ces lois. Il agira en fonction du calendrier gouvernemental et législatif :
    - en affichant sa volonté d’ouverture et d’unité avec tous les autres mouvements et associations œuvrant déjà en ce sens ;
    - en envoyant des hommes et des femmes volontaires au cœur des medias et de la sphère politique pour mobiliser l’opinion, influencer leurs relais et éclairer les élus politiques ;
    - en demandant un vaste dialogue sociétal pour faire prendre conscience à l’esprit public de la gravité des enjeux vitaux et familiaux.

    La première de ces lois concerne à l’automne 2012 la remise en cause du mariage civil et de la filiation humaine avec la décision du gouvernement de « mettre en œuvre l’engagement n°31 du président de la République d’ouvrir le droit au mariage et à l’adoption aux couples homosexuels » (Communiqué du premier Ministre pour la Journée mondiale contre l’Homophobie du jeudi 17 mai 2012). »

    27 mai 2012, http://pourlhumanitedurable.com/

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  • C’est pour l’homme que la société doit être gouvernée

    « Un grand mouvement réveille la France depuis plus de six mois, avec la perspective de la mobilisation du dimanche 24 mars. Marqué par l’unité et la diversité, il est observé avec surprise dans toute l’Europe et au-delà. Les manifestations de masse de l’automne 2012 et du 13 janvier 2013, l’énorme bouillonnement des réseaux sociaux et la multiplication des réunions publiques et des échanges ont de quoi surprendre même leurs organisateurs. Ce mouvement est historique. Il traduit à nos yeux un questionnement massif, en rupture avec la pensée dominante :       que sommes-nous en train de faire de l’humanité ?

    Cette remise en cause s’est cristallisée autour du projet de loi dit du « mariage pour tous ». Mais il ne faut pas se leurrer : ce qui s’exprime désormais dans ce mouvement dépasse l’opposition à une loi ; il s’agit d’une revendication plus profonde, radicale. Elle concerne le sort de l’être humain dans la société contemporaine. Est-il un simple matériau, objet d’expérimentations techniques, sociales, économiques ou médicales ? Ou bien est-il la mesure de toute chose à laquelle s’ordonne et pour laquelle doit s’organiser la société ?

    Dès lors que l’homme n’est qu’un matériau, il est utilisé au nom de l’amélioration de la performance économique ou biologique pourvu que cela comble certains désirs ; le Parlement légifère sur la nature humaine au gré de groupes d’intérêts ou de théories qu’on nommera « sens de l’Histoire » ; les entreprises considèrent l’être humain comme une variable d’ajustement de l’efficacité ; les politiques environnementales en viennent à protéger la nature au détriment de l’homme. Le voilà soumis à la technologie, à ses rythmes et ses exigences, au mépris de sa dignité et de sa liberté. Alors que le mot « humanisme » est dans tous les discours, c’est aujourd’hui la nature de l’homme qui est attaquée.

    En s’emparant de la question du mariage et de l’engendrement, les manifestants ont affirmé que la personne humaine est la mesure de toutes choses. Y compris aux stades les plus vulnérables de son existence. Car l’humanité ne saurait être un problème à dépasser : c’est une espérance à accomplir. C’est pour l’homme que la société doit être gouvernée. Il est à nos yeux significatif que le projet de loi qui a fait naître pareille résistance soit marqué par la volonté de toute-puissance de ses promoteurs, à la fois sur le fond – le déni de la réalité de l’altérité homme-femme, du mariage et de l’engendrement – et sur la forme : le refus du véritable débat, jusqu’au rejet de la plus vaste des pétitions jamais enregistrées. Nos modes de coordination démocratique se révèlent donc incapables de prendre en compte des signaux majeurs, qui témoignent pourtant des préoc­cu­pa­tions existentielles d’un grand nombre de citoyens. Pire, la puissance publique est elle-même mobilisée au service d’un projet de dénaturation de la vie humaine.

    Il y a près d’un demi-siècle, l’écologie a émergé comme l’alternative au tout économique et à la mécanisation effrénée. Elle a donné l’espoir d’une société différente, plus respectueuse de la nature. Mais le statut de l’homme dans cette écologie est resté ambigu : en France, sa traduction politique a pu prendre des positions bioéthiques incohérentes. En raison des liens profonds et originels entre la vie humaine et cette nature, nous croyons toujours que la réconciliation entre la société contemporaine et la nature reste possible.

    Le temps est venu de construire tous ensemble un grand courant d’écologie humaine. Nous sommes devant une responsabilité historique vis-à-vis de nos contemporains comme des générations futures. Il s’agit de reconnaître que l’essence de l’homme et son humanité constituent un précieux patrimoine intergénérationnel. Accueillir ce patrimoine avec émerveillement, en prendre soin et le transmettre fait partie intégrante de l’écologie humaine. Métapolitique, comme le fut l’écologie environnementale à son émergence, elle est appelée à être prise en compte dans toutes les sphères de la société, à commencer par les partis politiques. Elle offre une alternative durable à la tenaille libérale-libertaire où l’humanité est broyée.

    L’homme est la seule mesure ! C’est pour lui que nous appelons aujourd’hui à la tenue des Assises de l’écologie humaine. Elles seront ouvertes à tous les citoyens qui affirment que le progrès de la technique, de l’économie, de la bioéthique ou des politiques environnementales doivent avoir pour seule justification le service de tout l’homme et de tous les hommes. »

    Pour en savoir plus, consultez le site http://www.ecologiehumaine.eu/

     

     

    Tugdual Derville, Pierre-Yves Gomez, Gilles Hériard Dubreuil

    Tribune collective de Tugdual Derville, fondateur de « À Bras Ouverts », délégué général d’Alliance Vita - Pierre-Yves Gomez, économiste, directeur de l’Institut français de gouvernement des entreprises/EM Lyon - Gilles Hériard Dubreuil, spécialiste de la gouvernance des risques technologiques, président du Fonds pour la culture démocratique.
    Publié dans le journal La Croix, le 21 mars 2013 

     

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  • Acceptons nos limites au lieu d’imposer à tous une loi qui ne comblera en rien notre impossibilité à procréer

    Lettre ouverte de Jean-Marc Veyron-la-Croix, Maire de Chasselas, à Jean-Luc Roméro

    Maire et homosexuel, je suis surpris par vos propos voulant mettre tous les homos dans le même sac :

    Oui il y a des homos contre le mariage gay et qui osent le dire (www.homovox.com) et ce ne sont pas des acteurs et ils ne sont pas manipulés !

    Oui il y a des homos contre le mariage gay et qui n’osent pas le dire pour x raisons hélas !

    Oui la majorité des homos n'a que faire de cette loi : la plupart ne sont ni pacsés ni en couple et sans enfants: ils veulent juste qu’on les laisse en paix !

    Oui il y a des militants pros qui veulent de ce projet juste pour l'égalité et qui n'ont aucune intention de se marier ni d'avoir des enfants: soit 2000 mariages par an d'après l'inter-LGBT pour 4 millions d'homos ça fait beaucoup de bruit pour rien.

    Oui l’État doit protéger les situations précaires : enfants de familles homoparentales et conjoints du même sexe.

    Cessez de voir la communauté homosexuelle comme vous la voyez : d'ailleurs elle n'existe pas plus qu’il existe une communauté hétérosexuelle : ces personnes ont milles facettes, et ils existent d'autres homos que le microcosme parisien et sa pensée unique !

    La souffrance homosexuelle, la blessure homosexuelle ou les limites de l’homosexualité ne sont en aucun cas une raison pour changer les bases d'une civilisation ou priver un enfant d’une partie de sa filiation et de l’affection d’un père ou d’une mère !

    Acceptons nos limites au lieu d’imposer à tous une loi qui ne comblera en rien notre impossibilité à procréer !

    Et condamnons avec force et détermination ceux qui jettent leurs enfants à la rue car homosexuels, battons-nous pour que les 80 pays où l’homosexualité reste un délit ou un crime abandonnent leurs lois abjectes !

    Que vous soyez pour le mariage est une chose et je le respecte, mais que vous vous vouliez imposer vos idées à l’ensemble des homosexuels est indigne, intolérant et antidémocratique !

    Bien à vous,

    Jean-Marc VEYRON la CROIX

    9 avril 2013
    http://www.mairespourlenfance.fr/

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  • Le credo de la secte "LGBT" prétend imposer sa conception du monde au nom de "l'égalité"

    « "Marier" entre elles deux personnes de même sexe revient à ériger en religion d'État l'idéologie selon laquelle l'identité sexuelle de la personne humaine dépend de données subjectives et évolutives comme sa volonté et ses attirances physiques et affectives davantage que de son sexe biologique, donnée objective et immuable (du moins génétiquement). L'Humanité serait ainsi constituée "d'homosexuels" et "d'hétérosexuels" davantage que d'hommes et de femmes. C'est de cette confusion entre désir et identité que découlent celle entre désir et droit et donc une revendication d'un droit à se "marier" avec une personne de son propre sexe. Le tout au nom d'un culte voué à une indifférenciation totale entre l'homme et la femme.

     

    Tel est le credo de la secte "LGBT", qui prétend imposer cette conception du monde en détournant vulgairement le principe juridique "d'égalité".

    Il s'agit là de traiter de manière strictement égale des situations qui sont pourtant objectivement différentes dans le monde réel. En effet, si la stérilité biologique d'un couple constitué d'un homme et d'une femme relève du cas particulier, celle de personnes de même sexe est absolue.


    Le fait d'avoir un désir homosexuel n'a jamais privé qui que ce soit d'aucun droit, celui de se marier pas plus qu'un autre. Ça n'est évidemment pas à raison d'une quelconque légitimation morale d'un désir par rapport à d'autres que le mariage ne peut unir que deux personnes de sexe opposé. Il ne s'agit que de la réponse rationnelle au principe qui garantit à l'enfant une filiation crédible et vraisemblable selon lequel celui-ci ne peut avoir à la fois qu'un seul père et qu'une seule mère (cf. Article 320 du code civil), quelles que soient les qualités personnelles de ceux-là.


    Des personnes de même sexe, fussent-elles quatre ou cinq en effet, ne peuvent "avoir" un enfant autrement qu'en recourant aux services d'un tiers de l'autre sexe dont la prestation consiste à abandonner l'enfant dont il concourt à la conception (ou pour un homme à directement fournir sa semence) afin de priver cet enfant de père ou de mère.


    C'est précisément ce marché de sperme et d'enfants que cette loi organise, en validant purement et simplement le processus qui consiste à "fabriquer" un enfant adoptable (pour l'instant à l'étranger), c'est-à-dire à priver volontairement un enfant de père ou de mère afin de le rendre adoptable par un deuxième homme ou une deuxième femme. Car si les enfants directement concernés par cette loi aujourd'hui n'ont qu'un seul parent légal et ont leur deuxième branche filiative vacante, c'est bien parce que le père ou la mère qui leur manque les a abandonnés ou/et leur a été délibérément volé.


    Du seul fait de cette loi, l'État français se fait ouvertement le "proxénète" de donneurs de sperme belges et de mères porteuses indiennes en attendant que le législateur ne soit contraint de résoudre cette incohérence flagrante en droit interne.
    On imagine d'ailleurs mal comment un juge condamnerait encore le délit de provocation à l'abandon commis sur le sol français alors même que la loi encourage à y recourir à l'étranger.

    Enfin et surtout, cela revient pour TOUS les futurs parents et TOUS les enfants à confondre totalement "parenté" et "parentalité", c'est-à-dire à réduire la parenté à un simple rapport d'éducation et d'affection, lien purement social entre l'adulte et l'enfant, dépendant uniquement du désir de l'adulte indifféremment de toute référence à la biologie. La présomption de paternité est ainsi réduite "au mieux" à une présomption d'intention parentale, le recours à la preuve biologique n'étant plus envisageable dans aucun cas de conflit.
    En effet, pourquoi le mari de la mère d'un enfant devrait-il prouver qu'il n'en est pas le père biologique pour se décharger d'une paternité non désirée alors que s'il était une femme il n'aurait qu'à prouver son absence d'investissement dans le projet parental ?

    Cette "parenté intentionnelle" laissera ainsi des enfants pour compte sans parent parce qu'ils n'auront pas été désirés et, à l'inverse, en placera d'autres au cœur d'inextricables conflits positifs entre les différents candidats à la "parenté intentionnelle", ce qui amènera finalement à allonger la liste des "parents" au-delà de deux comme c'est déjà le cas au Canada ou aux Pays-Bas.

    En outre et contrairement à ce que prétendent les partisans de cette filiation désexuée, les termes "père" et "mère" ne pourront pas subsister à terme sur les actes de naissance ni sur les divers documents administratifs relatifs à l'enfant et seront remplacés par des mentions comme "parent 1" et "parent 2" en attendant les "parents" 3 et 4.


    La "parenté" devient un droit de propriété sur l'enfant : un lien juridique ne dépendant que de la seule volonté des adultes, indifféremment de leur sexe ou de leur nombre.


    Article 1 de la DDHC : "les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits";


    Article 4 de la DDHC : "la liberté consiste à faire tout ce qui ne nuit pas à autrui";


    Article 7 de la Convention internationale relative aux droits de l'enfant, de 1989 : "L’enfant a le droit à un nom dès la naissance. Il a également le droit d’acquérir une nationalité et, dans la mesure du possible, de connaître ses parents et d’être élevé par eux";

    L’article 3-1 de la Convention internationale des droits de l'enfant dispose que "l’intérêt supérieur de l’enfant doit être une considération primordiale";


    L'intérêt supérieur de l'enfant, c'est assurer dans la mesure du possible et de manière générale que tous les enfants puissent avoir deux parents (un homme et une femme, qui seuls sont à même de l'avoir engendré, fût-ce de manière présumée ou symbolique).
    Ça n'est pas instituer légalement, en validant ces procédés a posteriori, le marché d'enfants auquel ont recouru les personnes qui aujourd'hui réclament de faire adopter par un deuxième adulte de même sexe leur enfant ainsi privé de père ou de mère.


    Il y a toujours eu et il y aura toujours des enfants auxquels il manque un père ou une mère, car la loi ne peut pas empêcher les gens de décéder ni toujours d'abandonner un enfant. Mais la loi les protège déjà au mieux (partage de l'autorité parentale, tutelle testamentaire...) et n'a pas à encourager ces situations pour satisfaire des désirs d'adultes au prétexte du fait accompli de ceux qui refusent d'assumer la situation dans laquelle ils se sont délibérément mis (le plus souvent en fraude à la loi) et qui n'est autre que celle de toute famille monoparentale.


    Oui, il est heureusement possible d'être épanoui et bien élevé tout en étant privé d'un père ou d'une mère par tel ou tel aléa de la vie. Nul besoin "d'études" pour le démontrer.


    Mais cela ne justifie certainement pas de la loi qu'elle encourage les gens à provoquer volontairement ces situations, ni qu'elle déconstruise le droit de la filiation en y substituant ainsi la volonté à la responsabilité.


    Faussement déguisée en lutte pour "l'égalité des droits" et sous couvert de bons sentiments, cette loi institue une véritable dictature idéologique et un retour à l'esclavage. Il est impératif d'y renoncer. »

     

    Victor Rességuier 

    Étudiant en Droit environnemental, Université Paris Sud 11

     

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  • En finir avec la distinction des sexes : la Théorie du Genre imposée à toute la société

    Patrice André, Juriste, dévoile l'application concrète par le gouvernement de la Théorie du Genre à toutes les couches de la société.  Vidéo du 21 mars 2013, Lille.

     

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  • Toutes sortes de choses qui étaient implicitement attachées à l’idée d’humanité disparaissent silencieusement : l'Écologie Humaine

    Le mouvement écologique est né d’une prise de conscience des impacts graves et irréversibles des activités humaines sur la nature. Lorsque nous disons "activités humaines", nous pensons à un certain mode de développement industriel et technologique qui s’est développé d’abord en Europe depuis environ deux siècles, puis dans le monde à travers différents systèmes politiques et aujourd’hui essentiellement dans un contexte libéral et financier mondialisé.


    UNE REMISE EN CAUSE NÉCESSAIRE

    Pour autant, le projet est-il de protéger la nature contre l’homme ? Lorsque nous affirmons que : "Nous croyons toujours que la réconciliation entre la société contemporaine et la nature reste possible", nous voulons affirmer notre conviction qu’il est possible d’inventer et d’expérimenter de nouvelles formes de vivre et de décider ensemble au plan local, national et international pour favoriser une relation harmonieuse entre les communautés humaines, leurs activités et la nature. En disant cela, nous sommes conscients des profondes remises en cause de nos modes de vie, de nos formes de confort, des formes de production et de consommation qui les caractérisent aujourd’hui. Mais notre conviction se fonde aussi sur l’existence de nombreuses innovations et initiatives sociales, professionnelles, coopératives, artistiques, inventions de nouvelles formes d’habitat, de production, d’échange, de mise en commun qui contribuent à renouveler la façon dont nous pouvons penser un mode de vie contemporain en harmonie avec la nature.

    Dès les débuts du développement industriel, les structures sociales et économiques traditionnelles ont été profondément ébranlées affectant gravement les conditions de vie et la dignité de nombreux êtres humains. Aujourd’hui, nous constatons encore chaque jour l’impact du développement de l’économie libérale mondialisée sur les communautés humaines dont la prise en compte rentre pleinement dans le champ de l’écologie humaine.

    PRENDRE LA MESURE DE LA MENACE QUI PÈSE SUR L’HOMME

    L’écologie humaine que nous souhaitons promouvoir veut en particulier et de façon spécifique mettre l’accent sur la menace qui pèse aujourd’hui sur la nature de l’homme. Cette fois-ci, la menace ne concerne pas seulement les plus vulnérables des hommes mais aussi l’humanité. C’est cette prise de conscience qui nous semble être en jeu dans le mouvement actuel en France, au delà du contexte politique et législatif. Lorsque les hommes ont mis le pied sur la Lune, ils ont tout à coup vu la Terre, notre biosphère, comme quelque chose de petit dans l’univers, de fragile. Aujourd’hui nous prenons conscience que toutes sortes de choses qui étaient implicitement attachées à l’idée d’humanité disparaissent silencieusement ; comme certains papillons qui ont progressivement disparu.

    Il nous semble important d’affirmer que cette menace, ces risques qui pèsent sur l’humanité sont la résultante d’un ensemble de micro-décisions et macro-décisions, souvent indépendantes, qui font que progressivement la notion d’humanité est altérée, remise en cause. Nous devons tous nous interroger sur notre façon de vivre, sur nos priorités, sur nos responsabilités à cet égard.

    Nous devons faire ensemble un état des lieux, nous interroger sur ce qu’est pour nous l’humanité, accueillir cette réalité qu’est l’humanité avec émerveillement (certains diront gratitude), nous interroger sur les conditions d’une humanité authentique, ce qui est durable dans cette notion et ce qui est plutôt le fait du temps, des préjugés. Il faut discerner ce que nous souhaitons préserver et transmettre aux générations qui nous succéderont. En particulier, dans une époque marquée par l’idéologie libérale et individualiste, nous devons nous interroger sur ce qui est commun dans la notion d’humanité. L’humanité est une réalité individuelle et collective. Nous ne pouvons pas seulement interroger nos désirs personnels, nous devons tous nous interroger à l’échelle de notre dimension d’humanité pour identifier ce que nous devons respecter et préserver ensemble pour sauvegarder cette humanité authentique. En tant qu’être humain, nous portons une responsabilité commune, nous avons la garde de l’humanité, nous ne pouvons pas nous contenter d’observer ce qui se passe et de constater passivement ce changement, nous devons prendre nos responsabilités. Il s’agit de s’opposer à l’obscurcissement de l’humanité.

    Notre propos à ce stade n’est pas d’imposer une voie ou une autre (la décroissance par exemple) mais de créer les conditions d’un débat ouvert entre différentes composantes sociales, différents écoles de pensée, différents groupes de recherche.

    REPENSER LA TECHNIQUE

    Il ne s’agit pas non plus de prendre position pour ou contre la technique. Nous souhaitons au contraire affirmer la nécessité de "repenser la technique" pour mettre celle-ci au service de l’homme au rebours de la situation présente qui voit l’homme asservi par le développement technique. Mais ceci nous conduit d’abord à interroger la justification de tel ou tel développement technique et les conditions de sa contribution au bien commun. Ce qui doit d’abord être questionné c’est le projet de ceux qui cherchent à imposer un développement technique pour servir des enjeux qui n’ont rien à voir avec le bien commun.

    VERS UNE NOUVELLE ÉCOLOGIE

    Lorsque nous indiquons que "Dès lors que l’homme n’est qu’un matériau (…) les politiques environnementales en viennent à protéger la nature au détriment de l’homme", nous souhaitons souligner l’ambiguïté du statut de l’homme et de l’humanité dans le mouvement actuel de l’écologie. Il est bien connu que certains courants, comme celui de l’écologie profonde, mettent la priorité sur la défense de la biosphère sans donner de statut particulier à l’homme, et même, dans certains cas, voient dans l’homme la principale menace contre la nature. Par ailleurs, les politiques publiques environnementales se situent dans une logique d’instrumentation de l’action humaine qui vise à orienter cette action humaine par la contrainte réglementaire, ou par l’incitation économique (où chacun agit dans son intérêt privé pour servir une priorité qui est déterminée par d’autres). Dans ces politiques, il ne s’agit pas de créer les conditions pour que les hommes reconnaissent la nature comme un bien commun et agissent individuellement et ensemble pour en prendre soin. N’est-ce pas d’ailleurs la même logique qui risque de conduire la loi Peillon à promouvoir une véritable morale d’Etat qui est censée se substituer à la morale commune dans une défiance profonde vis-à-vis des parents et des valeurs qu’ils souhaitent transmettre à leurs enfants ? Ce n’est peut-être pas son intention, mais c’est ce que certains en déduisent.

    « LA PUISSANCE NAIT DU RASSEMBLEMENT DES HOMMES »

    Le courant de l’écologie humaine dont nous accompagnons la naissance nous semble devoir se situer dans une logique coopérative. Nous souhaitons d’abord lancer un appel à l’initiative de pensée, de dialogue, d’action, locale, nationale, internationale, sectorielle, globale, de tous ordres. Comme le dit Hannah Arendt : "La puissance nait du rassemblement des hommes". Il faut d’abord nous rassembler et construire ce qui nous est commun. Dans cette première étape d’état des lieux, il ne s’agit pas de chercher un consensus mais de croiser la pluralité des regards, des sensibilités des différentes composantes humaines qui souhaiteront s’engager dans ce mouvement, sans préjudice de leur propre position. L’image est celle d’une ruche neuve et vide posée par l’apiculteur à côté d’un essaim sauvage qui vient alors s’installer et s’auto-organiser dans cet espace.

    GILLES HERIARD DUBREUIL de l'Écologie Humaine
    http://www.ecologiehumaine.eu/gilles-heriard-dubreuil/ 

     

     

     

     

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  • Le Peuple français fait face à une entreprise totalitaire

    Le 25 Mars 2013 par Henri Hude

    La plus grande manifestation de l'Histoire de France
    « Voici mon commentaire de la manifestation du 24 mars 2013.
    Je m'exprime ici en tant que citoyen et en tant qu'universitaire français, dans la plénitude des droits et devoirs attachés à cette qualité, exerçant aussi ma responsabilité intellectuelle et sociale d'écrivain, d'homme de science et de philosophe.
     

     

    Paris vient d’accueillir la plus grande manifestation populaire de toute l’Histoire de France

    Beaucoup pensaient que son ampleur n’égalerait pas la première : c’était une erreur. Cette manifestation du 24 mars 2013 confirme donc et renforce les enseignements de la précédente. Le 13 janvier, nous étions un million, nous avons atteint sans doute le million et demi, la prochaine fois nous reviendrons deux millions. Ne parlons pas des évaluations du Pouvoir et du Léviathan médiatique : le Docteur Goebbels n’est pas mort. Cette observation nous met au cœur du sujet : le Peuple français se trouve en face d’une nouvelle entreprise totalitaire. En quoi consiste-t-elle ?

     

    Comme dans toute idéologie, il y a au principe une volonté arbitraire d’indépendance absolue

     

    L’idéologue des Démons de Dostoïevski en a donné pour toujours la formule achevée : « Je commence avec la liberté absolue et j’aboutis à la dictature parfaite. » C’est la logique de Robespierre. C’est la logique de Lénine. C’est la logique de Peillon, c’est celle de Taubira. C’est la logique totalitaire, partout et toujours, qui produit toujours le même résultat, le despotisme, en vertu d’une force des choses. Car il s’agit de transformer un Peuple en une Communauté de transgression, menée à la baguette par une secte d’idéologues.

     

    Ce que les totalitaires nomment « égalité », ce n’est pas la justice, dont ils se moquent. C’est une sorte de religion

     

    C’est une communion transgressive entre dévots de la liberté absolue. Cette communion se réalise toujours par une action politique, symbolique et sacramentelle, qui peut être le meurtre d’un monarque ou l’assassinat d’une classe, le renversement d’un autel, la suppression de la propriété privée, ou l’élimination d’une race. Ce pourrait être aussi l’infanticide, ou le suicide, ou le parricide collectif. De notre temps, un parti-secte a décidé l’abolition du couple et de la famille. C’est là son sacrement. C’est là son culte. C’est sa communion, son Egalité. C’est là qu’il jouit et s’adore. Et, comme toujours, l’Homme est sa victime.

     

    Les idéologues forment une secte

     

    La secte engendre un parti totalitaire. Le parti manipule la démocratie, l’annule, domine l’Etat. L’Etat absorbe la société. Toute opposition est broyée. La secte est heureuse.

    Malgré leur unanimité, les idéologues divergent. Chacune des passions qui se disputent le cœur humain fabrique sa propre idéologie. Toutes unies pour détruire l’Homme et sa liberté, les idéologies se font des guerres plus inexpiables encore que ne firent jamais les religions.  

     

    Il est totalement inutile de raisonner avec les idéologues. Car ce qui est perverti, chez eux, c’est la raison

     

    Celle-ci devrait être le moyen de résoudre nos problèmes. Investie par l’idéologie, c’est la raison qui devient le cœur du problème et le fondement même du totalitarisme. Le pouvoir de questionnement radical est le fondement de l’esprit scientifique et la base de la philosophie. C’est ce questionnement qui rend l’Homme sûr à la fois de la vérité et de sa liberté. Car il n’y a pas de réponse, pour qui n’a pas de question. Mais chez les idéologues, ce pouvoir de questionner devient une méfiance paranoïaque, une manie de douter, une rage de nier, un besoin de se refuser. La raison devient folle et s’endort, « engendrant des monstres » : moule à préjugés, machine à systèmes, prétexte à bourrer le crâne et à interdire de questionner. Puisque le peuple désormais pense comme nous, il n’est plus nécessaire qu’il pense. L’important est qu’il communie dans notre Egalité de transgression. Telle est l’idéologie.  

     

    Le Peuple français fait face à une entreprise totalitaire

     

    Nous n’assistons plus au déroulement d’un jeu politique ordinaire. Le Peuple n’est pas même en face d’un coup d’Etat permanent. Il fait face à une entreprise d’usurpation visant à lui imposer une autre constitution – plus encore, une autre constitution anthropologique. Nous sommes en face d’un pouvoir législatif qui usurpe le pouvoir constituant et qui l’usurpe absolument. Nous sommes en face d’un pouvoir constituant mégalomane et illégitime, qui prétend changer la nature humaine, la manipuler à sa guise, se saisir des esprits, embrigader la jeunesse et réprimer toute dissidence. Nous sommes bien en présence d’une entreprise totalitaire. L’heure est donc à la Résistance, jusqu’à la Libération, et à la Renaissance.

     

    Quelle est la force réelle de l’entreprise totalitaire ? Elle est faible ! Et le Peuple est fort !

     

    Le Peuple prend de plus en plus conscience de sa force et de sa résolution. Il y avait hier à Paris une représentation d’une bonne moitié de l’élite française, pour réclamer un pouvoir qui respecte la famille. Et il y aurait pu y avoir en même temps un autre million et demi entre la République et la Bastille, pour réclamer un pouvoir effectivement social, qui défende le travail des Français. Il est probablement inévitable que les deux mouvements finissent par converger contre le totalitarisme nihiliste et l’oligarchie, non seulement en France, mais peu à peu dans toute l’Europe, et, on l'espère, aux États-Unis. 

     

    Le pouvoir devrait prendre conscience de sa faiblesse

     

    D’abord, il ne vit que d’emprunts. Les banques, l’an dernier, n’ont plus acheté ses bons du trésor. Elles ont été remplacées par l’intervention de fonds souverains asiatiques et moyen-orientaux. Si les émirs ne lui font pas un chèque toutes les trois semaines, si les Français n’achètent plus d’assurance-vie, le pouvoir est en cessation de paiements. Ce pouvoir déjà dans la main de puissances étrangères serait à la merci d’une grève de l’impôt.

     

    Ensuite, ce pouvoir est sans appui démocratique et populaire. Le système médiatico-partisan est encore monté de telle sorte que le fonctionnement biaisé des institutions lui permet de conserver encore une apparence démocratique. Mais l’opinion publique est clairement consciente du caractère désormais non représentatif du régime.

     

    Ce pouvoir a perdu le peuple. Impuissant, ou complaisant, ce pouvoir semble n'être là que pour laisser faire l’argent et laisser mourir le travail. La France est ainsi privée de capitaux qui vont égoïstement s’investir là où est possible une inégalité maximale, accroissant aussi maximalement l’inégalité en France. Pour cette raison, le pouvoir a perdu le peuple, les pauvres pullulent, auquel il refuse l’égalité économique et la dignité du droit au travail.

     

    Ce pouvoir qui est si dépendant des grandes compagnies internationales, persécute le petit et moyen patronat, seul qui investisse encore dans ce pays pour y donner du travail à nos compatriotes.

     

    Ce pouvoir va perdre mêmes les fonctionnaires, qu’il va devoir tondre à leur tour, et licencier, pour obéir aux ordres des syndicats d’usuriers et de leurs fondés de pouvoir (OMC, FMI, etc.).

     

    Avant d’en venir là, il va mettre en péril la sécurité de la France, en abaissant follement le niveau de nos forces armées.

     

    Quelle honte que le nom de « socialisme » en soit venu à désigner ce qu'on aurait cru son contraire : cette « soif de l’argent qui gangrène le monde » (François, 24/03/2013), et l’individualisme radical.  

     

    Ce pouvoir n’a même pas la force physique entre ses mains. Quel officier de gendarmerie, quel officier de police, commandera de matraquer un peuple non violent, le jour où, par dizaine de milliers, sans violence, sans porter de coup, mais juste en avançant, et décidés à se laisser au besoin frapper sans reculer, comme faisaient les Indiens menés par Gandhi, il avancera, déterminé à sauver sa liberté, son travail, sa dignité d'homme et de femme, et franchira les barrières ? 

    Le pouvoir voudrait salir le Peuple et lui prêter des sentiments de haine ou de discrimination, juste parce qu’il n’a rien à faire de son idéologie

     

    Mais voilà que les nihilistes se trouvent désarmés, dépités, en présence d’une amitié naissante et rayonnante entre tous ceux qui, aussi différents soient-ils, ont en commun de refuser la persécution et la normalisation idéologique. Les Français veulent tout simplement demeurer des hommes et des femmes, tels que les a faits la nature, ou tels que les faits Dieu, et tels que la raison leur conseille de demeurer, avec son bon sens si bien partagé.

     

    Le pouvoir est faible parce qu’il cimente contre lui l’unité du peuple en sa diversité. Le Peuple découvre avec stupeur que la laïcité aux mains des totalitaires s’est muée en fanatisme idéologique. Le despotisme fabrique ainsi contre lui-même une fraternité nouvelle et jusqu'alors inconnue de toutes les religions et de toutes les philosophies, autant que de toutes les races. Il ne pourra plus la dissoudre. 

     

    Ce pouvoir n’a pas de force, car il a déjà perdu sa légitimité profonde

     

    Le pouvoir détruit le travail. Il entend en outre détruire le mariage et la famille. Ce pouvoir qui démolit les cadres moraux les plus essentiels est incapable, par suite, de lutter contre l’insécurité croissante. Et ce sont des gens-là qui prétendent, en plus, faire la morale aux jeunes et leur bourrer le crâne avec des folies idéologiques, comme si on était en Chine populaire ?

     

    Le pouvoir est failli. Il menace de jeter la France dans une guerre lointaine, probablement pour complaire aux puissances dont les financements prolongent sa survie. Et c’est ce même pouvoir, parvenu à l’extrémité du discrédit possible, qui se lance dans une entreprise totalitaire et prétend passer avec mépris le licou à des millions et des millions de Français, juste parce qu’il est habile à manipuler les médias et le système des partis ? Eh bien cela ne sera pas !

     

    Ce pouvoir dresse désormais contre lui et les conservateurs et le peuple, au moins la moitié de l’élite et de ceux qui payent les impôts et souscrivent aux emprunts d’Etat.

     

    Si les forces populaires ont de la présence d’esprit, elles comprendront que le moment est venu et que c’estmaintenant qu’elles peuvent renouveler le syndicalisme et sauver le travail. Elles ne le sauveront qu’en juxtaposant à la Manif pour tous, ou en injectant en elle, une dimension de Manif pour le Travail pour Tous.

     

    Quand un pouvoir a gravement failli à toutes ses obligations et qu’il veut mettre le Peuple à genoux, il prend le risque que le Peuple le mette à pied et le punisse 

     

    Il existe toujours au-dessus des pouvoirs constitués un Pouvoir supérieur et constituant. Ce pouvoir reste le maître et le juge.

     

    Le jour venu, il peut renvoyer devant la juridiction qu'il constituerait certains individus qui, ayant eu à exercer les pouvoirs constitués, auraient manqué à leurs devoirs et posé des actions susceptibles d’être qualifiées de forfaiture et d'atteinte aux intérêts vitaux de la nation.  

     

    Face au fanatisme totalitaire, un Peuple peut prêter serment de ne plus se séparer sans avoir rendu sa Constitution à son pays   

     

    Le Peuple est fort. Non seulement il se compte et mesure à la fois la faiblesse du pouvoir et sa propre force. Mais plus encore, il sait qu’il EST le Peuple, qu'il a pour lui le droit et la raison, la justice et la tolérance, et qu’il lutte contre le totalitarisme. Il est déterminé à opposer une Résistance farouche, jusqu’à la Libération. L’Ordre Nouveau ne passera pas.

     

    Et maintenant ? - On peut désormais prévoir trois choses

     

    1. Le Peuple va se déclarer en permanence – ou, en tout cas, en manifestation permanente contre le Totalitarisme et pour la Liberté.

     

    2. Le peuple qui exige du Travail pour tous, et tous les participants de la Manif pour tous, vont un jour se rejoindre et faire Peuple ensemble, contre le totalitarisme libertaire.

     

    3. Les dates des deux prochaines manifestations seront probablement le 1er mai 2013 et le 14 juillet 2013.  »


    Henri Hude, l
    e 25 Mars 2013 

    http://www.henrihude.fr/

     

     
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  • Une idéologie qui veut dominer la vie des couples

    Lettre de Michel Pinton, ancien parlementaire, à Axel Nørgaard Rokvam :

    « Cher Collègue,


    Dans votre dernier message, vous me demandez si les débats « sociétaux » auxquels j'ai participé dans ma carrière parlementaire, ont ressemblé à celui qui vient de se dérouler dans l'hémicycle. Je vous réponds que je leur vois moins de ressemblance que de continuité : selon moi, les discussions qui ont accompagné la légalisation de l'avortement, il y a presque quarante ans, l'institution du pacs en 1999 et l'ouverture du mariage aux homosexuels aujourd'hui, forment un seul et grand débat qui n'est d'ailleurs pas clos.

    Pour expliquer ma pensée, je crois utile de souligner d'abord quelques traits de la méthode par laquelle le gouvernement Ayrault a fait voter sa loi.

    L'ÉTONNANTE PRÉCIPITATION DU GOUVERNEMENT

    Comme vous me le dites, la majorité de l'Assemblée n'a guère été appelée à réfléchir ; elle s'est laissé emporter par les envolées lyriques de la Garde des Sceaux. Le député rapporteur a rivalisé avec la ministre dans l'élan oratoire : « Il est venu, le temps de l'égalité ! » s'est-il écrié dans une formule qui résumait leur plaidoyer commun. En réalité, il est venu le temps où le mariage et la filiation sont redéfinis en fonction de l'homosexualité. Il en résulte un bouleversement de ces institutions multiséculaires. Voici un exemple : jusqu'à présent l'homme et la femme apportaient à l'enfant ce qu'il pouvait recevoir de plus précieux de l'un et de l'autre : la mère lui donnait la vie et le père son nom. Le don du nom était le signe de devoirs propres à l'homme. Il empêchait une exclusivité maternelle dont la science montre l'insuffisance pour la formation de la personnalité. Avec la loi Taubira, l'enfant se verra attribuer les deux noms par ordre alphabétique, sauf si les parents demandent expressément et par déclaration conjointe qu'il en soit autrement. Le nouveau système a été fait pour convenir aux « couples » homosexuels mais il brouille un repère simple et clair de filiation masculine pour tous les autres. Les relations de père à enfant, que l'on sait fragiles dans notre société, en seront davantage affaiblies.

    Si encore ce bouleversement était nécessaire pour satisfaire une part significative du peuple français ! Mais il n'en est rien. L'Espagne, qui nous a précédé dans la légalisation du « mariage homo », nous offre des statistiques instructives : passé un effet de mode qui a fait monter de tels mariages jusqu'à 2% du total, leur proportion est retombé à 0,1%. Il en va de même au Canada. Vous avez raison de vous demander pourquoi le parti au pouvoir s'acharne à remodeler l'institution familiale au profit d'une infime minorité dont le genre de vie est et restera réfractaire à la conjugalité.

    Votre perplexité a été accrue par la précipitation du gouvernement dans cette affaire. Des dossiers graves et urgents réclamaient l'attention de l'Assemblée : l'équilibre du budget par exemple ou la montée du chômage. Aucune enquête d'opinion, aucun mouvement de rue n'appelaient les députés à voter, toutes autres affaires cessantes, l'ouverture du mariage aux homosexuels. Au contraire, l'imminence du débat a provoqué d'imposantes manifestations d'hostilité. Et, selon tous les sondages, ni François Hollande ni Jean-Marc Ayrault ni Christiane Taubira ni aucun responsable de la loi n'ont été récompensés de leurs efforts par la moindre poussée de popularité. Alors, quelle raison à cette hâte ?

    Il faut expliquer pourquoi tant de risques ont été pris pour si peu de bénéfices visibles. Vos collègues du Palais Bourbon, qui ont cédé à l'exaltation du discours ministériel, ne se posent apparemment pas la question. Essayons de réfléchir plus qu'eux.

    UNE IDÉOLOGIE QUI VEUT DOMINER LA VIE DES COUPLES

    Je pense que le but réel de la loi Taubira n'est pas l'émancipation des homosexuels mais l'accomplissement d'une idéologie. C'est vers cet accomplissement que convergent toutes nos lois « sociétales » depuis un demi-siècle. Pour le comprendre, il nous faut revenir à leur mère commune, la loi Neuwirth (1967).

    À l'époque, les progrès rapides de la biologie ont conduit à un mode simple et efficace de contraception chimique. Le succès de la « pilule » fut immédiat : elle apparut à la quasi-totalité des couples comme l'instrument décisif qui leur permettrait de maîtriser leur fécondité. En elle-même leur aspiration était légitime. Le législateur ne pouvait y rester insensible. La loi Neuwirth est née de là. Mais la pilule et le stérilet ont apporté aussi avec eux un autre effet, sous-estimé jusqu'à aujourd'hui. En refoulant ou en contrariant les lois naturelles propres au corps, ils ont accrédité la croyance que ce dernier n'est qu'un outil à la disposition de l'esprit de chaque individu. Et les esprits, n'éprouvant plus les contraintes des corps, ont aspiré à une autonomie sans limite. La contraception chimique et mécanique, telle que les techniques l'ont façonné il y a un demi-siècle, a donc eu de grandes conséquences morales : c'est d'elle que vient la fragilité des couples contemporains, qui ne connaissent plus la solidarité croisée des corps et des esprits ; d'elle encore, l'indifférence aux lois du corps, qui se manifeste par exemple dans l'égalité exigée entre hétéro et homosexualité ; d'elle toujours, le refus de son propre corps, réclamé par ceux qui veulent changer de sexe et, sous une forme différente, par les partisans de l'euthanasie ; d'elle enfin, cette aspiration à être soi contre la vie de son corps, dont témoigne le droit à l'avortement. L'euthanasie, l'avortement, l'homosexualité ont toujours existé. Mais c'est seulement dans le sillage de la contraception chimique qu'ils ont réclamé une reconnaissance positive.

    Cette croyance est restée masquée pendant longtemps. A cause de son caractère presque invisible, les hommes politiques du dernier demi-siècle ont fait des lois dont ils n'ont pas compris, sur le moment, la vraie nature ni les véritables conséquences. Le gouvernement Pompidou pensait sincèrement, en 1967, que la pilule allait conduire à des « couples plus harmonieux » et des « familles plus heureuses ». Ses successeurs ont été interloqués par les statistiques qui ont enregistré la montée fulgurante des divorces et la multiplication des familles monoparentales. Simone Veil a été, à son tour, décontenancée par le flot qui a renversé les barrières fragiles qu'elle avait posées à l'interruption volontaire de grossesse. Lionel Jospin est encore ulcéré de constater qu'au rebours de ses prévisions, le Pacs, loin d'éteindre les demandes de mariage homosexuel, les a attisées. Dans les faits, la croyance qui se cachait derrière la « libération sexuelle » a imposé sa propre dynamique. Elle a débordé les calculs erronés et les promesses inconsidérées des gouvernants qui sous-estimaient sa puissance. 

    Nous n'avons plus l'excuse des hommes politiques du passé parce que l'expérience accumulée depuis cinquante-cinq ans parle suffisamment fort. Nous pouvons mesurer les conséquences des lois « sociétales » d'hier et donc deviner où nous conduisent celles d'aujourd'hui. Il n'est pas difficile de prévoir, par exemple, que la légalisation du mariage homosexuel annonce logiquement celles de la procréation médicalement assistée et de la gestation pour autrui. Les dénégations ministérielles ne peuvent plus être imputées à l'aveuglement. Elles relèvent du mensonge. Puis-je le prouver? Bien sûr. Si, pour faire passer sa loi, le gouvernement a pris tous les risques que nous avons relevés tout à l'heure, ce ne peut être que pour servir un impératif si fort qu'il lui a fait négliger les contingences. Et cet impératif est la croyance que je viens d'évoquer. Désormais elle se présente sans voiles. Elle domine même les idées de notre époque au point d'être devenue l'égale d'une foi religieuse. Elle proclame que l'humanité est proche d'une libération d'immense portée. Autrement dit, elle s'est transformée en idéologie. Le rapporteur de la loi Taubira, qui est un de ses fidèles, a expliqué son but quand il a affirmé que le jour venait où l'on pourrait « en finir avec la filiation biologique pour en venir à la filiation volontaire ». La gestation pour autrui sera un mode banal de procréation. Le corps sera enfin devenu un simple outil, reconnu comme tel par la loi : il pourra être vendu et acheté selon sa valeur marchande. Ce gouvernement sait où il va, contrairement aux précédents. Ses perspectives dépassent de loin son souci des homosexuels. Cherche-t-il d'ailleurs à savoir qui ils sont et ce dont ils ont vraiment besoin ? Il s'en fait une idée qui l'arrange. Il pousse en avant le maigre peloton de l'association LGBT (un peu plus de mille adhérents) dans sa bataille pour la « libération sexuelle ». Il ne s'intéresse pas à la réalité des « gays » et des lesbiennes, celle de personnes qui traînent douloureusement une blessure inguérissable.

    Voyez comme le mariage est loin des préoccupations de nos dirigeants. Vous les avez entendus, dans leurs envolées oratoires, proclamer que la loi Taubira allait le « redynamiser » et lui « donner une nouvelle richesse ». Mais ils se gardent d'y conformer leurs vies privées. Le Président de la République, la plupart de ses ministres et la majorité des députés socialistes n'envisagent pas plus qu'avant, de se marier avec leurs concubines. La cohérence de leurs comportements personnels avec leur politique existe mais elle est à chercher bien au-delà.

    SES CONSÉQUENCES SOCIALES ET POLITIQUES 

    Traduit en projet politique, l'idéologie en question devient une lutte pour libérer le peuple français de conditionnements qui lui ont été imposés par la bourgeoisie ou le judéo-christianisme ou la tyrannie patriarcale ou les trois au nom de lois prétendument inscrites dans les corps. La gauche en fait sa nouvelle cause : elle est aujourd'hui presque unanime à estimer que la différence sexuelle est une fausse donnée, la distinction entre géniteurs et parents un progrès nécessaire, la libre disposition de son corps un droit fondamental jusque dans l'avortement et l'euthanasie ; elle s'enthousiasme pour le grand combat émancipateur que l'histoire lui confie. Il remplace la lutte des classes, qu'elle a dû abandonner après l'échec des projets marxistes.

    Prenons garde, cher collègue, de sous-estimer les conséquences sociales et politiques de cette croyance devenue idéologie. J'en résume le danger en indiquant qu'elle attaque et affaiblit la solidarité dans notre société. La solidarité entre corps et esprits est la première atteinte. Les esprits, à leur tour, sont poussés à considérer comme primordiale une recherche de soi strictement individuelle et immédiate. La solidarité avec les autres leur paraît secondaire et confuse. C'est de cette source que coulent les comportements caractéristiques de notre époque : la préférence donnée à la consommation privée sur les investissements collectifs ; le fatalisme résigné face à d'insolentes inégalités de revenus ; le désintérêt pour la connaissance de l'histoire et la peur de l'avenir. Le citoyen que l'idéologie façonne peu à peu vit par lui et pour lui dans le présent. Pour le reste, il s'en remet à la tutelle de l'État.

    C'est pourquoi l'État est obligé de courir à l'aide de toutes les victimes d'une solidarité sociale en régression. Des millions de familles monoparentales - c'est à dire des mères abandonnées avec leurs enfants jeunes - seraient dans une misère irrémédiable sans les allocations massives que les gouvernements leur prodiguent depuis trente ans. Des bataillons d'éducateurs, psychologues, psychothérapeutes, animateurs, juges pour enfants sont mobilisés pour socialiser les adolescents violents, drogués, délinquants, instables ou simplement en marge de la société, qui ont pour seul point commun d'avoir fui des familles artificielles ou éclatées. Il faudrait y ajouter les vieillards laissés à leur solitude pour lesquels il a fallu inventer l'APA et d'autres catégories encore. Cette action sociale coûte cher, si cher que le gouvernement actuel est devenu incapable d'augmenter ses dépenses au rythme des besoins. Il est obligé de faire des choix. Observez lesquels : il cherche à réduire les allocations attribuées aux familles mais il décide que les avortements seront désormais gratuits. Il révèle ainsi le projet politique qui l'anime. Soyez certain que la procréation médicalement assistée et la gestation pour autrui seront demain remboursées par la sécurité sociale. Il sera intéressant de savoir quelle dépense sera rognée en contrepartie.

    À LA POUBELLE DE L'HISTOIRE ?

    Le ministre de l'Éducation nationale a voué les opposants à la loi Taubira à la poubelle dans laquelle l'Histoire jette ceux qui s'opposent à la marche du progrès. Est-il conscient d'avoir repris une prédiction que les marxistes d'antan appliquaient à leurs adversaires ? Leur erreur aurait dû le rendre plus prudent. Plusieurs indices laissent penser que l'Histoire pourrait désavouer la prophétie ministérielle. Le projet politique qu'il partage avec François Hollande est de moins en moins accepté à mesure qu'il se réalise. Certes la contraception chimique a séduit l'écrasante majorité des couples. Mais c'est parce que son joug était le passage obligé vers un libre contrôle de leur fécondité. Quarante ans plus tard, le Pacs, présenté comme un grand pas vers la libération sexuelle, unit péniblement 3% de la génération des jeunes de 18 à 40 ans. La loi Taubira, qui se veut une étape majeure sur la même voie, dresse contre elle une hostilité massive. La dynamique qui conduit à la séparation totale entre corps et esprits, se heurte à une résistance de plus en plus forte.

    Et puis cette idéologie et le projet politique qui l'accompagne reposent sur un socle fragile : la pilule, invention technique vieille d'un demi-siècle. Si demain, une autre invention technique, qui offrira aux couples une maîtrise efficace de leur fécondité sans enfreindre la loi naturelle des corps, devient disponible, le charme sera rompu. La séparation absolue du corps et de l'esprit apparaîtra comme une violence inadmissible faite à l'intégrité de la personne. C'est le projet soutenu par M. Peillon qui risque de finir dans la poubelle de l'Histoire.

    Non, cher collègue, le débat commencé il y a plus d'un demi-siècle n'est pas clos. Vous et moi avons défendu la plénitude de l'homme et la dignité de l'Etat. Notre cause est la bonne. Elle l'emportera. »

    Michel Pinton

     
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  • Les français sont-ils prêts à reconnaitre comme juste la théorie du genre et à l’appliquer à leur modèle de société ?

    Axel Nørgaard Rokvam à Mme Taubira, Garde des Sceaux, en Sorbonne, le 18 mars 2013

    Mais qui êtes-vous, Madame, pour changer ma civilisation ? Appartient-il au garde des sceaux de supprimer juridiquement la filiation biologique ? Appartient-il au législateur de me dire qui sont mes parents ? N’abusez pas de votre pouvoir, Madame, vous risqueriez de faire de nous des marchandises, rétablissant un esclavage dont je me ferai éternellement l’ennemi. Vous savez bien que ce projet ne rend service qu’à vous. Vous occupez ainsi les français en utilisant une communauté homosexuelle peu encline à se marier et encore moins à « avoir des enfants ». Vous vous honoreriez donc de le retirer dès maintenant, car il n’y a que l’orgueil qui puisse vous retenir de revenir à la raison.

    Les français sont-ils prêts à reconnaitre comme juste la théorie du genre et à l’appliquer à leur modèle de société ? Je sais, parce que vous êtes là à tenter de nous convaincre du contraire, qu’une parole intérieure tente d’hurler en vous que ce que vous faites est grave, car c’est contre l’homme, au-delà de ses choix ou penchants religieux, sexuels et culturels. Quelqu’un en vous-même vous rappelle, au fond, que c’est contre l’homme tout simplement.

    Comment pouvez-vous ignorer, Madame, tant de personnes compétentes qui vous disent, en substance, que ce projet de loi est le cheval de Troie d’un esclavagisme moderne, où le désir devient la mesure de toute chose. Cela ne marche pas, Madame, cela donne une société sans but, sans espoir et sans vie, nous le voyons tous les jours. Mais vous ne les lisez plus les sages, vous n’écoutez plus les immortels et les philosophes, et leur mise au pilori médiatique vous rend service. Espérez-vous, franchement, rendre le monde meilleur en supprimant le mariage et en acceptant la GPA et la PMA ?

    Si vous faites passer ce projet de loi, Madame, vous aurez des comptes à rendre devant les personnes que vous aurez délibérément, en tant que garde des sceaux, privés de leur relation avec leur père ou leur mère, ou les deux. Si je me lève ici, ce n’est pas contre vous Madame, mais pour eux. Et aussi parce qu’en faisant cela, vous n’engagez pas seulement votre personne, mais vous engagez la France et nous tous qui la faisons, naissance après naissance, mort après mort et vie après vie, passant d’une famille où l’on né à une famille que l’on fonde. Enfin, j’irai dimanche prochain sur les Champs-Elysées, car la liberté d’expression est à ce prix dans votre civilisation, et parce que mon cœur n’a pas fini de battre pour mon pays. »

    Axel Nørgaard Rokvam à Mme Taubira en Sorbonne, le 18 mars 2013
     

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  • Le printemps des consciences

    Lettre de Monseigneur Marc Aillet aux diocésains à propos de la « Manif pour tous » du 24 mars :

     

    Mandala, HildegardeDeBingenMandala de Hildegarde Von Bingen

    "Le 13 janvier dernier à Paris, le projet de loi Taubira de « mariage et adoption pour tous », a suscité une mobilisation sans précédent, tant par son ampleur que par la diversité des manifestants et leur motivation : on ne marchait pas pour défendre des intérêts particuliers, mais on avait conscience, de manière plus ou moins explicite, de promouvoir le bien commun de la société, un bien précieux à transmettre aux générations futures. Le moins qu’on puisse dire, c’est que cette mobilisation ne semble pas avoir eu d’effets immédiats sur le gouvernement : son absence presque totale de réaction a même pu s’apparenter à un certain mépris. Le débat parlementaire a été à l’image des auditions devant la commission des lois de l’Assemblée nationale : un parti-pris idéologique, un refus d’entendre la voix de la raison en tournant systématiquement en dérision les arguments avancés, une occultation des vrais enjeux pour la société, en particulier « le droit de l’enfant » au profit d’un mortifère « droit à l’enfant ». Les 700.000 pétitions déposées au CESE n’ont pas eu plus de succès. Les medias qui minimisent cette mobilisation, au mépris de son ampleur inédite en France, continuent de donner la parole aux promoteurs du projet de loi qui s’en prennent avec virulence à leurs adversaires en brandissant contre eux le facile qualificatif d’ « homophobes » pour les diaboliser aux yeux de l’opinion.

    Face à une telle fin de non-recevoir et devant l’obstination du gouvernement, voire une certaine faillite des institutions républicaines qui apparaît de plus en plus comme un déni flagrant de démocratie, la partie est-elle perdue pour autant ? Non, et il convient de rester mobilisés, même si le doute et le découragement semblent en gagner plus d’un.

    Il reste que la mobilisation historique du 13 janvier est une lame de fond qui ne saurait se réduire à un combat à court terme, lequel demeure pour autant légitime. En effet on ne saurait être dans une logique d’affrontement ou de rapport de forces. Face au mépris et à la dérision, il n’est pas question de se laisser aller à quelque forme de violence ou d’agressivité que ce soit. C’est un combat spirituel où les ennemis ne sont pas « des êtres de chair et de sang », comme dirait saint Paul : c’est la « béatitude des doux » qui doit nous animer ; et la douceur n’a rien à voir avec la mollesse et la lâcheté, elle est même la vertu qui nous aide à convertir la violence en force d’âme. Mais il semble bien que l’on soit engagés dans une « guerre idéologique » qui entend procéder à la déconstruction de la société et à la déstructuration de la personne humaine, jusqu’à détruire son lien constitutif au Créateur, pour hâter l’avènement d’un « homme nouveau ». Tel est bien, semble-t-il, le sens de la « réforme de civilisation » prônée par Mme Taubira, au nom de laquelle le gouvernement entend « arracher les enfants au déterminisme de la religion » (Christine Taubira à l’Assemblée nationale ») et faire de l’Education nationale un instrument susceptible de promouvoir une « morale laïque » pour « arracher l’élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel » (Vincent Peillon). Au bout du compte, ce projet totalitaire n’a d’autre objectif que d’imposer à l’ensemble de la société une politique hélas synonyme de « culture de mort » (promotion de l’idéologie du genre, mesures visant à faciliter l’accès des femmes à l’IVG, remise en cause annoncée de notre politique familiale et du droit de la famille, légalisation programmée de la procréation médicalement assistée , autorisation des expérimentations sur l’embryon humain, du « suicide assisté », des « salles de shoot », etc.).

    Dans ces conditions, la manifestation du 24 mars ne sera pas d’abord une démonstration de force, qui chercherait à tout prix à faire plier le gouvernement, même s’il est légitime de réclamer purement et simplement le retrait du projet de loi Taubira. Car ne nous y trompons pas : adopté par l’Assemblée nationale en première lecture, il doit encore être discuté au Sénat, puis vraisemblablement, revenir en seconde lecture à l’Assemblée, sans préjuger de son application, si d’aventure il parvient à franchir toutes ces étapes parlementaires. Mais il s’agit plus encore de montrer qu’il existe en France un vaste et profond mouvement de résistance spirituelle, morale, sociale et politique, sous-estimé par les organes institutionnels et les appareils de partis.

    Sans doute les déclarations de certains porte-paroles de la « manif pour tous » ne sont-elles pas toujours ajustées. En même temps, leur diversité et leur profond désir de rester unis sur l’essentiel, à savoir le retrait du projet de loi, sert ce mouvement de résistance, au-delà des divergences d’approches. Je sais bien aussi que la date retenue, due à des contraintes indépendantes de la volonté des organisateurs, pourrait gêner les catholiques qui entrent en ce dimanche 24 mars dans la grande semaine sainte. Toutefois, devant l’importance de l’enjeu, j’encourage les fidèles du diocèse qui le décideront en conscience et en auront la possibilité, à se rendre à Paris le 24 mars. Moi-même, je célèbrerai la Messe anticipée du dimanche des Rameaux, le samedi 23 mars à 18h à la cathédrale Saint- Marie de Bayonne et je les accompagnerai afin de manifester ma sollicitude de pasteur pour leur légitime engagement : pour vous, je suis évêque, mais avec vous je suis chrétien … et citoyen !

    L’Eglise n’a certes pas vocation à se lancer dans la bataille politique, mais son rôle est bien de réveiller les forces morales et spirituelles de la société. Mon intervention se situe dans cette ligne. Comme évêque et en conscience, je ne saurais me soustraire à ma mission prophétique. Comme le Pape Benoît XVI nous le rappelait, lors de notre visite ad limina : « Dans les débats importants de société, la voix de l’Eglise doit se faire entendre sans relâche et avec détermination. En continuant d’exercer comme vous le faites la dimension prophétique de votre ministère épiscopal, vous apportez dans ces débats une parole indispensable de vérité qui libère et ouvre les cœurs à l’espérance ». « Garante de la culture de l’humain », qui est née, comme le rappelait notre Pape émérite, « de la rencontre entre la Révélation de Dieu et l’existence humaine », l’Eglise a quelque chose à dire sur l’homme, précisément parce que l’homme a été créé à l’image de Dieu, fondement ultime de sa dignité, et parce que « le mystère de l’homme ne s’éclaire vraiment que dans le Mystère du verbe incarné » (Vatican II).

    La manifestation du 24 mars, comme celle du 13 janvier, doit être l’expression d’un véritable printemps des consciences. Je n’oublie pas pour autant les souffrances des personnes homosexuelles et de leurs familles, pour lesquelles l’Eglise a une longue expérience d’accompagnement pastoral. Je ne veux pas non plus minimiser les nombreuses situations de précarité économique et sociale engendrées par la crise actuelle, pour lesquelles des solutions politiques tardent à être trouvées et qui exigent de notre part un engagement redoublé en ces jours de Carême. Mais le projet de loi de mariage et d’adoption pour tous représente un enjeu considérable pour l’avenir de notre société et c’est pourquoi je me permets d’insister sur la juste mobilisation qu’il réclame. En vous engageant d’abord à la prière, car « l’action déborde toujours de la prière » (Marthe Robin), je vous propose de consacrer le vendredi 22 mars à une journée de jeûne et de prière à cette intention. Avec mes sentiments dévoués dans le Christ et Son Eglise."

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  • La question fondamentale ne sera jamais résolue : le sentiment d’inégalité.

    Lettre ouverte d'un jeune homosexuel aux Parlementaires : Jules Courot

     

    Mon témoignage sur l’homosexualité et mon opinion sur le mariage pour tous


    « Le projet de loi de « mariage pour tous » fait couler beaucoup d’encre, chez les « pros » comme les « antis » et de nombreux sujets sont occultés alors qu’ils sont prioritaires car ils concernent un nombre plus important de Français : chômage, logement, pauvreté, éducation, santé, alimentation, dépendance, handicap, exclusion…











    Cependant, je dois te dire quelque chose d’important au sujet de l’homosexualité, dont tu n’as peut-être jamais entendu parler. Cette lettre se veut l’humble témoignage de mon expérience. En effet, je ne prétends pas détenir la vérité sur un sujet aussi complexe que l’homosexualité. Cela te concerne en tant que citoyen français mais également parce que je suis peut-être ton voisin, ton collègue, ton ami, ton frère, ton fils.









    J’ai 27 ans et, à l’âge de 18 ans, j’ai pris conscience de tendances homosexuelles. Ce jour-là a été un choc énorme. Je me suis posé beaucoup de questions : pourquoi moi ? pourquoi ces tendances ? ne pourrai-je jamais aimer une femme, fonder une famille ? où est l’avenir avec tous ces projets qui tombent à l’eau ? à quoi cela sert-il de vivre ?




     

     



    En vieillissant, d’autres questions et souffrances sont apparues : souffrance de ne pas toujours savoir entrer en relation avec les autres, de ne pas se sentir aimé, de ne pas savoir aimer, de ne pas s’aimer, de ne pas être ce que j’aimerais être « un homme à femmes ». Pourtant, je ne suis pas seul à souffrir ; nombreux sont ceux qui souffrent : de la perte d’un être cher, du chômage, de la pauvreté, de la solitude, d’addictions, d’un handicap, d’exclusion, de maladie, de stérilité… Malgré cela, cette souffrance n’est-elle pas légitime ? N’est-il pas important que quelqu’un puisse m’écouter et m’aider à discerner sans me juger ?







     

     

    Si je décide de pratiquer l’homosexualité, serai-je vraiment heureux ? Comment serai-je à 80 ans ? Comment mon entourage réagira-t-il en l’apprenant ? Me soutiendra-t-il ou cessera-t-il toute relation ? Devrai-je lui en parler au risque de le faire souffrir ou vivre caché au risque de souffrir seul ? Où est la vérité ? Où est le bonheur ? Les personnes découvrant des tendances homosexuelles ne se posent-elles pas les mêmes questions ?





     

     

     




    De ma propre initiative, j’ai choisi d’en parler à un psychothérapeute, qui m’a accompagné dans mes questionnements, tout en respectant ma liberté de conscience et de « choix de vie ». En apprenant à me connaître, j’ai réalisé que mes tendances homosexuelles s’étaient construites pendant mon adolescence pour plusieurs raisons : à cause d’un manque affectif très fort de la part de mon père (réel ou ressenti ?) et d’un lien fusionnel avec ma mère. D’autres traumatismes sont venus indirectement renforcer ces tendances : le harcèlement moral et physique de mes « camarades », garçons comme filles, pendant ma scolarité et la confrontation, dès l’âge de 12 ans, à la pornographie et au discours hyper sexualisé des émissions de radio.










    J’ai compris que lorsque je suis attiré par des personnes du même sexe, c’est parce que je cherche en elles l’amour de mon père dont j’ai manqué et l’amitié de mes « camarades » dont j’ai été privé durant ma scolarité. Je crois que les facteurs de l’homosexualité sont multiples et complexes et que chaque situation est unique. Enfin, je crois que l’on ne peut pas comparer l’homosexualité masculine et l’homosexualité féminine. Néanmoins, je pense que la connaissance de soi, qui est un long cheminement, permet de faire la vérité sur soi et aide à s’assumer avec les blessures inhérentes à toute vie humaine. C’est de l’acceptation de cette vérité sur soi, je crois, que résulte la paix intérieure.







     


    Cela fait neuf ans que je vis avec ces tendances qui, parfois, rendent mes relations avec les autres difficiles, malgré des questions existentielles qui parfois refont surface. Quel sens donner à ma vie ? Comment vivre heureux si je ne peux me marier avec une femme et avoir des enfants ?





    Mais, si je tiens à prendre la plume, c’est pour dire combien ce projet de loi de « mariage pour tous », à mon sens, vient bouleverser les repères de notre société où nous manquons déjà cruellement de repères, où le relativisme est roi et où l’individualisme est courant. Quoiqu’il faille saluer la générosité ponctuelle et financière de beaucoup de Français lors d’événements médiatisés tels que le Téléthon, les Restos du Cœur, le séisme en Haïti ou les tsunamis en Thaïlande ou au Japon. Cela est-il pour autant suffisant ? La canicule de l’été 2003 n’a-t-elle pas mis au jour un grave problème d’isolement des personnes âgées dont les voisins ignoraient les besoins ? Le Lillois retrouvé chez lui 15 ans après son décès ne pose-t-il pas question sur l’indifférence de certains ? La présence de sans-abris à nos portes, y compris ayant un emploi, ne montre-t-il pas que nous avons encore des efforts à faire en matière de solidarité ? Le montant des dépenses des Français pour les fêtes alors que beaucoup n’ont rien n’est-il pas une injustice ? Selon un sondage CSA pour l’émission Capital, en décembre 2012, les dépenses par foyer variaient de 263€ à 483€ alors que le RSA s’élève à 475€ ou le minimum vieillesse à 777 €.














    Je vais tenter d’apporter mon opinion et un éclairage sur l’homosexualité, à partir de mon vécu, avec humilité, dans un souci de sincérité et de rigueur intellectuelle. Avant toute chose, sachant que ce sujet peut réveiller des blessures très profondes, je voudrais d’avance te demander pardon si tu te sens blessé en lisant ce qui suit. Je te demande également de la patience dans la lecture de cette lettre. En effet, comment évoquer un sujet aussi complexe en 140 caractères ?








    Depuis neuf ans, j’ai été amené à écouter et à comprendre les arguments des « pros » et des « antis », à rencontrer d’autres personnes homosexuelles que moi ou à écouter leurs proches. Je crois que l’on ne peut véritablement se faire une opinion sur les réalités de l’homosexualité et sur les enjeux du « mariage pour tous » que si l’on est en capacité de s’écouter, sereinement et non dans l’affrontement, ce que je déplore aujourd’hui en l’absence de débat réel et pacifié. En effet, chacun défend son point de vue sans écouter l’autre, que ce soit dans un camp ou dans un autre. Quel que soit le sujet, on voit bien aujourd’hui combien nous avons du mal à nous écouter et à nous faire confiance ; d’abord parce que nous avons du mal à prendre du recul par rapport à notre propre situation, parce que nous avons du mal à faire usage de notre raison et que nous réfléchissons plus souvent à l’aune de nos sentiments. Ensuite, parce que nous avons oublié la vertu fondamentale de l’interdit du mensonge. On voit bien à quel point l’usage de la langue de bois et le mensonge sont devenus monnaie courante pour arriver à ses fins ou éviter d’assumer la responsabilité de ses actes. La conséquence dramatique est que l’on ne se fait plus confiance et l’on a du mal à se croire. Puisqu’il m’arrive de mentir, comment puis-je être certain que mon interlocuteur ne ment pas non plus ?
















    Toi qui es homosexuel et qui dis assumer ton homosexualité, je suis heureux pour toi mais je te demande d’accepter que d’autres ont un parcours différent du tien et vivent des situations différentes. Chacun est unique et doit cheminer en toute liberté et à son rythme.






    Toi qui vis ces questions avec souffrance, je veux te dire mon affection, te dire combien je comprends ta souffrance, tes doutes, ta révolte, plus encore aujourd’hui où l’on entend tout et son contraire, des paroles s’érigeant en vérités absolues, chez les « pros » comme chez les « antis », niant le parcours unique et les aspirations de chacun.







    D’un côté, certains politiques et lobbys gays banalisent l’homosexualité comme si la question était simplement une inégalité de droits et la réponse uniquement législative. Mais c’est nier les causes complexes et diverses de l’homosexualité et les souffrances que vivent beaucoup de personnes homosexuelles. 







    D’un autre côté, des intégristes de tous bords tendent à imposer une vérité sans charité et condamnent ceux qui n’ont pas choisi leurs tendances homosexuelles ou ceux qui pratiquent l’homosexualité « malgré eux ».






    En réalité, la très grande majorité des Français ne sait pas ce qu’est l’homosexualité et ont des paroles humiliantes à l’égard des personnes homosexuelles, parfois même dans sa famille ou ses amis. C’est par ignorance ou par peur de la différence. Ce sentiment de peur face à ce que l’on ne comprend pas est humain. Je crois aussi qu’il est lié au sentiment d’impuissance face à une situation que l’on ne maîtrise pas. Ne t’es-tu jamais senti désarmé face à la souffrance d’un proche ou face à une situation inconnue ? N’as-tu jamais employé, même toi qui es homosexuel, pendant ta jeunesse, pour plaisanter, les expressions « voiture de pédé », « tapette » ou « pédale » ? Pourtant, as-tu mesuré que cela pouvait blesser ?












    Toi qui ne comprends pas l’homosexualité, qui en est peut-être dégoûté, qui considère cela « contre-nature », je te comprends mais je te demande d’ouvrir ton cœur et ton intelligence, car derrière ces réalités se cachent des êtres humains, comme toi, qui ont un cœur, une intelligence et une immense soif d’amour et de vérité.







    Comment donc s’y retrouver entre les discours « pros » et les discours « antis » ? Qui croire ? Que croire ? Où est la vérité ? Comment ne pas être taxé d’homophobie si l’on est contre le projet de loi de « mariage pour tous » ? Comment défendre la famille (père-mère-enfant) tout en respectant ceux qui n’ont pas fait un choix conscient de leurs tendances ou qui vivent dans une situation familiale différente de la famille traditionnelle ?








    C’est un fait, des personnes de même sexe vivent ensemble et se portent mutuellement affection. Certains élèvent des enfants, issus pour la très grande majorité d’unions hétérosexuelles, et l’on ne peut nier que ces enfants reçoivent autant d’amour que dans des couples de sexes opposés. Par ailleurs, il faut reconnaître la sincérité du désir d’enfant des personnes homosexuelles et la souffrance de ne pas en avoir. Cependant, je crois que l’on doit se poser les questions suivantes en mettant de côté ses affects : Quelle situation familiale et éducative est la meilleure pour le bien-être psychique de l’enfant ? N’y a-t-il pas des limites aux désirs individuels que le législateur doit rappeler dans la loi ? Existe-t-il un droit à l’enfant ou des droits de l’enfant ? Avoir un père et une mère n’est-il pas précieux, même si les réalités sont aujourd’hui diverses ? Selon l’INSEE, en 2005, 81% des 13,5 millions de jeunes de moins de 18 ans vivaient avec un couple parental marié (63%) ou en union libre (18%). L’INED, en 2005, estimait que 24000 à 40000 enfants étaient élevés par des couples de même sexe, soit entre 0,22% et 0,29% du nombre total d’enfants.















    Je crois aussi que la question fondamentale, sous-jacente à ce projet de loi, ne sera jamais résolue : le sentiment d’inégalité. Certes, des améliorations législatives peuvent être apportées au pacs afin de garantir des droits équivalents, comme l’a exprimé le Défenseur des droits dans son audition du 13/12/2012 à l’Assemblée nationale, en matière de pension de réversion, de logement (co-titularité du bail) ou de congés pour événements familiaux. Faudra-t-il encore qu’ils soient assortis des mêmes obligations pour qu’il y ait égalité de traitement (obligation alimentaire par exemple) et résoudre les cas où le parent biologique d’un enfant change plusieurs fois de partenaire. Chaque partenaire du couple devra-t-il l’obligation alimentaire aux enfants de l’autre partenaire, l’enfant devra-t-il l’obligation alimentaire à la totalité des partenaires de son parent biologique ? Le partenaire devra-t-il l’obligation alimentaire à l’ensemble de ses partenaires, dans le cas où sa responsabilité est reconnue, comme dans les divorces chez les couples hétérosexuels ?











     


    En effet, à mon sens, le sentiment d’inégalité que le projet de loi prétend abolir est plus profond qu’un problème législatif. Il s’explique par le besoin de reconnaissance et la souffrance que vivent beaucoup de personnes homosexuelles. Il est vrai que, pendant des siècles, elles ont été condamnées par les régimes politiques en place. Mais, en réalité, la cause de cette souffrance est intrapsychique. La réponse est par conséquent individuelle et non pas collective. Ce sentiment d’infériorité s’explique par le traumatisme que provoque la découverte de tendances homosexuelles. En effet, l’écart entre ce à quoi l’identité de chacun le destine (homme ou femme), ce à quoi chacun aspire au fond de lui-même, et les limites auxquelles son orientation le contraint, sont source de souffrance. Elisabeth Kübler-Ross, psychiatre et psychologue, a établi 7 phases dans le phénomène du deuil, suite à un événement traumatique, les premières étant le déni et la révolte pour arriver à l’acceptation. Toi qui es concerné par ces questions, peut-être es-tu dans le déni parce qu’il est trop douloureux pour toi d’accepter cette réalité ? Peut-être es-tu dans la révolte parce que cela te permet d’exprimer ta souffrance en rejetant la responsabilité sur un tiers (la société, la politique, les religions...) ? Je dis cela avec beaucoup de respect envers toi et de prudence car moi aussi j’ai traversé ces phases de déni et de révolte y compris envers ma famille, mes amis, mon milieu social ou ma religion mais je me rends compte que j’avais tort.


















    Je crois en effet que toute vie humaine a sa part de blessures et de souffrances, à des âges et des degrés différents. Etre vrai avec soi et avec les autres, c’est reconnaître la fragilité de l’existence humaine et en assumer les limites. Nous vivons dans un monde aseptisé où la mort et la maladie sont taboues. Notre société de consommation, via les discours politiques, publicitaires ou médiatiques, nous fait croire que tout peut s’acheter : la santé, la beauté, le bonheur, l’éternelle jeunesse, l’immortalité. C’est un mensonge qui n’aide personne à accepter les limites de l’existence humaine et rend malheureux car nous sommes en permanence insatisfaits. Le moindre grain de sable dans les rouages de nos projets nous déstabilise. Il faut voir à quel point le retard d’un train de quelques minutes nous met en rogne (alors que 95% des trains étaient à l’heure, selon la SNCF, en 2011). Il faut voir aussi comme nous avons du mal à regarder une personne handicapée, une personne âgée malade ou un sans-abri quand nous les croisons. Pourquoi ? Parce que leurs fragilités nous renvoient à nos propres fragilités que nous ne cessons de nier en les camouflant derrière nos vêtements de marque, nos diplômes, notre statut social, notre argent, notre voiture, notre maison... En réalité, s’il y a bien une chose devant laquelle nous sommes tous égaux, du sans-abri au Président de la République, c’est la mort. Ce que je veux signifier, c’est que l’homosexualité et ses limites font partie de ces fragilités humaines qu’il revient à chacun d’assumer.


















    Toi qui es jeune et qui vis douloureusement ces questions, toi qui ne comprends rien à l’homosexualité, toi qui es indifférent - et cela est dommage - je veux te mettre en garde de ne pas te laisser manipuler par un « beau » discours politique ou de celui des lobbys gays sous prétexte d’égalité de droits. Je te demande de ne pas être naïf car l’homosexualité n’est pas aussi simple qu’un baiser entre deux adolescents qui découvrent leurs tendances. Certes, l’affection que peuvent se porter deux personnes de même sexe est bien réelle et le désir de vivre fidèlement aussi. Moi aussi, j’ai été attiré par un homme et j’ai eu beaucoup d’affection pour lui. J’aurais été prêt à donner ma vie pour lui. Cela dit, tous les jours je suis attiré par d’autres hommes que je trouve beaux et avec qui j’ai envie de faire ma vie alors que je ne les connais pas. La personne homosexuelle n’est jamais satisfaite car l’attirance qu’elle éprouve pour des inconnus de même sexe est, non pas de l’amour, mais le désir de combler un besoin immense de reconnaissance et d’affection. Non, l’homosexualité n’est pas si simple, si épanouissante, si naturelle. Quel est le pourcentage de couples homosexuels qui ont une relation fidèle et épanouie ?















    Je veux aussi témoigner que le désir homosexuel est parfois compulsif et violent. Il faut constater l’existence de boîtes gays, de clubs échangistes gays, de pratiques sadomasochistes, de fist-fucking. Il faut voir la pornographie homosexuelle sur Internet accessible malheureusement à n’importe qui, y compris via Youtube, Dailymotion ou les réseaux sociaux, pour se rendre compte de la violence et de l’aspect compulsif du désir homosexuel. Un homosexuel honnête avec lui-même ne peut le nier.









    Toi qui vis ces pratiques, et qui peut-être en souffres, je veux te dire mon affection et combien je te comprends. Je sais que, ni toi ni moi, ne nous résumons à nos tendances et à ces pratiques. Ce que je dénonce, c’est le tabou sur cette réalité du désir homosexuel, par les médias, les politiques et les lobbys gays, qui sert les intérêts de quelques-uns favorables au projet de « mariage pour tous ». Nier cette réalité, c’est nier la souffrance des personnes homosexuelles, c’est nier leur soif de bonheur et leurs aspirations à autre chose de plus grand. Ce projet de loi, à mon sens, vise à rendre plus acceptable cette pratique homosexuelle cachée, vécue par des célibataires mais aussi des hommes ou femmes en couple en recherche de plaisir immédiat, malheureux ou frustrés dans leur sexualité.









     


    Toi qui vis ces pratiques, en toute honnêteté avec toi-même, quel regard portes-tu sur celles-ci ? Que ressens-tu quand tu as des relations sexuelles avec ton compagnon ? N’est-ce pas toi que tu cherches à travers lui ? N’est-ce pas te rassurer en te disant « Je me suffis à moi-même ! Il n’y a que moi qui compte, les autres sont inintéressants. » ? Es-tu vraiment heureux et épanoui ?








    Ce que je raconte sur les clubs échangistes ou sur les pratiques homosexuelles est une réalité. Parfois, des adultes en manque d’amour et de repères, profitent de l’innocence de jeunes adultes ou de personnes de leur âge pour assouvir leurs fantasmes. Il me revient en mémoire une vidéo Youtube d’un homme de 40 ans, filmant la façon dont il achetait progressivement les faveurs d’un jeune de 20 ans, rencontré dans une cafétéria, contre une forte somme d’argent. Si l’homosexualité était si naturelle, si épanouissante, pourquoi alors les personnes ayant ces pratiques n’en parlent-elles pas ouvertement à leurs amis ou leur famille ? Quand on dit que l’homosexualité est taboue, c’est parce que les personnes homosexuelles elles-mêmes n’en parlent pas, parce qu’au fond elles sentent bien que ces pratiques ne sont pas épanouissantes, qu’elles en souffrent, et qu’elles aspirent à autre chose. Attention, je ne dis pas que toutes les personnes homosexuelles fréquentent des clubs échangistes ou ont des pratiques sadomasochistes. Je ne dis pas non plus qu’elles sont toutes infidèles. Je connais des couples homosexuels qui vivent ensemble depuis plusieurs années. Je comprends aussi la souffrance de ne pouvoir vivre des gestes d’affection en public, de se tenir la main, de mettre sa tête sur l’épaule de l’autre, de s’embrasser. C’est une souffrance d’être obligé de se cacher alors que les couples hétérosexuels peuvent s’embrasser en public. Je reconnais le désir sincère des personnes homosexuelles de partager une vie affective et fidèle. Mais, je dis que l’homosexualité n’est pas aussi simple, aussi épanouissante, que l’hétérosexualité. Ne dit-on pas qu’il y a plus d’infidélité dans les couples homosexuels que dans les couples hétérosexuels ?





















    C’est la raison pour laquelle je pense que l’homosexualité et l’hétérosexualité ne sont pas équivalentes. C’est la raison pour laquelle je crois que ce projet de loi de « mariage pour tous » est injuste car il ne tient pas compte de la diversité et de la complexité des situations que vivent les personnes homosexuelles. Il nie le désir de celles qui aspirent à autre chose, il les enferme et les réduit à leurs tendances et leurs pratiques. Il nie celles qui n’ont jamais demandé ce projet de loi. Il nie celles qui croient qu’il ne résoudra pas le fond du problème. La preuve, c’est qu’au lendemain de la manifestation du 13 janvier, il ne fait que renforcer les inquiétudes des opposants devant le mutisme du gouvernement, il crée plus de souffrance chez les personnes homosexuelles qui se sont senties blessées par cette manifestation, il attise les affrontements entre « antis » et « pros », et, en finalité, dessert les personnes homosexuelles qui, pour la plupart ne demandent rien, et peuvent être sujettes à plus de violences à leur égard. J’étais à la manifestation le 13 janvier et je peux témoigner que je n’ai vu aucune homophobie mais plutôt des gens témoignant de la joie d’avoir eu un père et une mère et leur inquiétude devant le changement que la loi implique dans la filiation.
















    Quant à l’adoption, à la procréation médicalement assistée (PMA), réservée aujourd’hui aux couples stériles, et la gestation pour autrui (GPA), qui arriveront inévitablement si le projet de loi de « mariage pour tous » est voté, posent aussi question. On ne peut nier qu’un enfant est issu, à quelques exceptions près - un viol par exemple - de l’amour entre un homme et une femme. Je sais qu’il existe des enfants élevés par des couples homosexuels qui sont heureux. Mais, la plupart ont un père et une mère puisqu’ils sont issus, sauf exception, d’une union hétérosexuelle. Je ne nie pas que des enfants adoptés et élevés par un couple d’hommes ou de femmes aient trouvé leur équilibre. On parle suffisamment du phénomène de résilience, c'est-à-dire de la capacité qu’à chacun de trouver son équilibre malgré les difficultés de la vie, pour comprendre que l’argument ne justifie pas à lui seul l’ouverture de l’adoption à des personnes de même sexe. En effet, les pédopsychiatres et les professionnels de la pédiatrie disent combien l’enfant, dans les premiers mois de sa naissance, a besoin de sentir la présence charnelle de sa mère pour s’épanouir. Un enfant a besoin de la complémentarité d’un père et d’une mère pour se construire. Un garçon a besoin de s’identifier à son père et une fille à sa mère pour construire leur identité d’homme et de femme. Des études existent qui disent qu’il n’y a pas plus de risque pour un enfant d’être élevé par un couple homosexuel qu’hétérosexuel. En réalité, nous n’avons pas assez de recul pour connaître les conséquences à long terme. Comment accepter que le gouvernement institue officiellement un déséquilibre en privant volontairement un enfant de sa mère dans le cadre de la GPA ? D’autre part, j’ai moi-même trop souffert du manque affectif de mon père, qui a pourtant fait du mieux qu’il a pu - je ne lui jette pas la pierre - pour que la loi institue l’absence d’un père, en autorisant la PMA à deux femmes, aussi sincère leur désir d’enfant est-il. Pour la GPA, n’oublions pas non plus les questions éthiques que cela pose. Quid si le couple homosexuel veut que la mère porteuse avorte parce que l’enfant est handicapé alors qu’elle souhaite le garder ? Quid de la marchandisation du ventre des femmes des pays pauvres par les acheteurs des pays riches ?

























    Toi qui dis qu’il vaut mieux qu’un enfant soit éduqué par un couple homosexuel que par un couple hétérosexuel violent et alcoolique, tu as en partie raison. Je reconnais ici ton désir d’enfant et ta souffrance de ne pas en avoir. Cependant, c’est oublier que les professionnels de l’enfance, dans le cas de signalements d’enfance en danger, ont le souci de préserver les liens familiaux, sauf dans les situations les plus graves mettant en jeu la vie des enfants1. Ces situations qualifiées de graves par la Protection de l’enfance représentent 19% des signalements soit 19000 cas sur 98000 signalés en 20062. D’autre part, en disant cela, tu nies la majorité des couples hétérosexuels qui assument avec fidélité leur mission d’éducation de leurs enfants, non sans difficulté mais avec courage et ténacité. Ce n’est pas parce que nous avons manqué, pour certains, de l’amour d’un père ou d’une mère, que nous avons eu un père violent ou une mère alcoolique, que nous avons été élevés par une mère célibataire ou par un couple de personnes de même sexe, que nous ne sommes pas en capacité de reconnaître qu’un enfant a besoin d’un père et d’une mère pour être conçu et pour se construire. Nous ne devons pas imposer aux autres enfants ce dont nous avons manqué. Etre adulte, c’est être capable de s’oublier pour se soucier du bien-être des générations futures, c’est prendre de la hauteur par rapport à ses propres désirs pour discerner avec objectivité ce qu’il y a de mieux pour l’humain. Et cela, que l’on soit célibataire ou marié, divorcé ou veuf, fécond ou stérile, homo ou hétéro, est à la portée de chacun, pour peu que l’on assume les limites que la vie nous a imposées et que l’on s’ouvre à l’altérité.


















     


    En effet, nous, les personnes homosexuelles, avons tendance à nous renfermer sur nous-mêmes et à nous isoler en prétendant que la société est homophobe et hostile à notre égard. Nous accusons les hétérosexuels de nous prendre pour des « sous-hommes ». Certes, des discriminations existent et il est inacceptable que des personnes soient humiliées ou rejetées en raison de leur orientation sexuelle, qu’elles n’ont pas choisie. Mais, nous ne pouvons pas accuser les personnes contre le projet de « mariage pour tous » d’être homophobes. Je suis d’ailleurs très agréablement surpris de voir dans mon entourage combien de personnes, que je croyais fermées sur le sujet de l’homosexualité, sont en réalité ouvertes et ont des paroles bienveillantes à l’égard des personnes homosexuelles. Méfions-nous des préjugés hâtifs que nous portons les uns sur les autres. On peut, en ce sens, remercier certaines associations et le ministère de la Santé pour avoir mené, en 2009, un travail de lutte contre l’homophobie. Il nous arrive souvent de ressentir un complexe d’infériorité et un sentiment victimaire, parce que nous sommes blessés, à fleur de peau, et que nous interprétons toute parole comme contre nous. Si bien que nous finissons par regarder notre nombril et vivons entre nous pour nous rassurer, puisque nous considérons le monde extérieur comme une menace. Afin de sortir de cette spirale négative qui nous rend malheureux, nous devons assumer nos tendances et nous ouvrir à l’altérité. Nous avons besoin des couples mariés ou non, homme et femme, qui apportent une stabilité à notre société et avons besoin d’apprendre à entrer dans la joie des autres. Laisse-moi te donner un exemple personnel. Dernier d’une fratrie de cinq, il m’est souvent arrivé de vivre douloureusement les fêtes de famille parce que cela me révoltait de voir mes frères et sœurs mariés avec enfants et d’être le seul à être homosexuel et sans enfant. A tel point que ces retrouvailles familiales avaient pour moi un goût amer et triste. Progressivement, j’ai pris conscience que je faisais fausse route et j’ai décidé de changer de regard. En effet, suite au traumatisme de la découverte de tendances homosexuelles, je pouvais adopter deux attitudes différentes. Soit je restais dans la rancœur, l’amertume, la révolte d’être différent et tout sujet de conversation, surtout lorsqu’il tournait autour des enfants, me restait en travers de la gorge. Soit je décidais de poser un regard positif et ouvert sur mes frères et sœurs, j’acceptais ma différence et ses limites (le fait de ne pouvoir avoir d’enfant), et alors je pouvais entrer dans leur joie d’être parents et partager pleinement celle de mes neveux et nièces qui gambadaient dans la maison. Dans le premier cas, je ressortais malheureux de cette journée, dans le deuxième cas, j’en ressortais heureux. Ceci s’applique à n’importe qui et dans n’importe quelle situation.





























     


    C’est pourquoi, n’ayez pas peur, vous les couples mariés avec enfants, de partager, sans arrogance, la joie de votre famille. Mais surtout, je vous en supplie, soyez ouverts et attentifs à chacun et, en particulier ceux qui n’ont pas la chance de vivre le même état de vie que vous : les personnes homosexuelles, les couples stériles, les célibataires, les mères seules, les personnes divorcées, les personnes malades, les veuf(ve)s, les personnes handicapées, les sans-abris… Notre société est diverse. C’est dans le partage de cette diversité, avec ses richesses et ses limites, et dans le soutien mutuel, que nous pouvons vivre heureux. Nous ne devons pas nous enfermer dans des ghettos, avec les risques de haine et de violence que cela engendre. Au contraire, nous devons nous ouvrir les uns aux autres. Apprenons à nous connaître, à nous respecter, débarrassons-nous de nos peurs et de nos préjugés les uns envers les autres et aidons-nous à vivre concrètement. Prenons soin les uns des autres. Si nous mettions notre vie en perspective de notre mort, si nous vivions chaque jour comme si c’était le dernier, alors nous serions bien plus attentifs les uns envers les autres, alors nous mettrions de côté nos différences pour regarder ce qui nous rassemble, notre appartenance à la même communauté humaine mortelle, créée pour aimer et être aimée.














     



    Sur un sujet connexe, je veux témoigner de l’immense accueil que j’ai reçu dans l’Eglise catholique, des paroles d’affection des évêques et des prêtres à qui j’ai confié mes questions et mes souffrances. Jamais, ils ne m’ont jugé mais ils m’ont écouté et redit combien ma vie avait de la valeur, combien le Christ m’aimait et combien je ne me réduisais pas à mes tendances. Ils m’ont redit que la porte de l’Eglise me serait toujours ouverte comme elle l’a toujours été à l’égard des personnes homosexuelles qui les a accueillies et protégées dans le passé alors que les régimes politiques en place les condamnaient. En 1750, par exemple, Jean Diot et Bruno Lenoir, deux homosexuels sont condamnés au bûcher, sentence confirmée par le Parlement3.











    Toi qui accuses l’Eglise catholique d’être intégriste et de ne pas savoir vivre avec son temps, tu nies la joie que j’ai de participer à la messe chaque dimanche, tu nies la magnifique et révolutionnaire actualité du message contenu dans la Bible, qui n’a pas changé depuis 5000 ans :« Tu comptes beaucoup à mes yeux, tu as du prix et je t’aime. » Isaïe 43,4 et « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Lévitique 19,18.






     


    Alors, qu’est-ce que « vivre avec son temps » ? Qu’est-ce qu’« être dans le vent » ?





    Est-ce le message que la société et les médias véhiculent depuis des dizaines d’années auprès de nos adolescents en leur disant : « Baise ta copine, encule-la, suce ton copain, profite-en, la vie est courte ! », message que relaient certaines émissions de radio en soirée, ou la pornographie que plus de 50% d’entre eux ont visionné avant l’âge de 13 ans4 ? Je rappelle que j’ai été victime de la pornographie à l’âge de 12 ans et cela m’a marqué à vie. Ou bien est-ce le message de l’Eglise qui, s’adressant aux jeunes, leur dit : « Aime les filles, respecte-les, apprends à te connaître et à te respecter, apprends à connaître et à respecter ta petite amie, la sexualité est magnifique, elle est la preuve d’amour la plus belle que tu puisses lui offrir, prends le temps, c’est important. ». Au collège public, en cours de Sciences et Vie de la Terre, on m’a enseigné comment fonctionnait l’appareil reproducteur féminin et masculin, au lycée public, on m’a expliqué le mode d’emploi d’un préservatif. Quand m’a-t-on parlé d’amour, d’affection, de respect mutuel, de beauté de la sexualité ? Jamais ! C’est au sein de l’Eglise, dans des groupes de réflexion et de partage destinés aux adolescents et aux jeunes adultes, que l’on m’en a parlé, mais il était trop tard. J’étais marqué à vie par ce que j’avais vu et entendu.












     




    Madame Najat Vallaud-Belkacem, ministre du Droits des femmes, vous qui êtes sensible à la lutte contre les violences faites aux femmes, attaquez-vous aux vraies causes, c’est-à-dire à ce que l’on enseigne aux adolescents au collège afin qu’ils apprennent à se respecter et à respecter l’autre sexe. Comment respecter et prendre soin de l’autre si je ne sais pas me respecter et prendre soin de moi ? Attaquez-vous à ce que les radios diffusent le soir et qui façonnent l’imaginaire de nos adolescents et travestissent leur idée de la sexualité. Attaquez-vous à la pornographie qui ne montre de la sexualité qu’un rapport violent et dominant de l’homme sur la femme et fait d’elle un objet. Madame la Ministre, aurez-vous le courage de vous attaquer aux vraies causes de la violence faite aux femmes ? Vous qui êtes chargée de la lutte contre l’homophobie, attaquez-vous aux vraies causes en rappelant la différence fondamentale entre un homme et une femme, en rappelant la beauté de l’amour entre un homme et une femme, au lieu de défendre la théorie du Gender, chère à Judith Butler, qui promeut le contraire, dont vous vous faîtes la complice, et que les manuels scolaires de SVT de première abordent depuis 2011. Ecouterez-vous un homosexuel qui vous le demande et qui, fort de son expérience malheureuse, a l’intime conviction que cela cause plus de tort aux adolescents dont on sait qu’ils sont, à cet âge, en pleine construction de leur identité et dont la tendance homosexuelle peut constituer une phase transitoire de leur construction psycho-sexuelle ?


















    Il est de notre devoir d’adulte d’aider nos adolescents à devenir des hommes et des femmes épanouis, capables de se respecter l’un et l’autre. Il est aussi de notre devoir d’accompagner celles et ceux dont la tendance homosexuelle se confirme dans le temps. Ceux-là doivent être plus que jamais écoutés, soutenus, accompagnés et protégés d’éventuelles discriminations ou de tentatives de suicides. Mais, continuerez-vous à soutenir une théorie qui sème la confusion dans les esprits de nos adolescents et risque d’augmenter le nombre de suicides plutôt que les réduire ? Si le risque de suicide est prédominant à cet âge, ce n’est pas d’abord à cause de discriminations, qui existent c’est indéniable, je suis bien placé pour en parler puisque j’en ai été victime, mais en raison même du traumatisme qu’engendre la découverte d’une tendance homosexuelle. Oui, ce serait irresponsable d’inciter un adolescent à pratiquer l’homosexualité et de l’y enfermer si celle-ci n’est que passagère parce qu’elle participe de sa construction psycho-sexuelle. Toi qui n’as pas de tendance homosexuelle et qui n’est pas spécialiste de la question, que sais-tu vraiment de ce qu’éprouve une personne homosexuelle au plus profond d’elle-même, des causes de ses tendances qu’elle-seule est en mesure de comprendre en faisant un travail sur elle-même ? Comment peux-tu légiférer sur cette question, en ayant auditionné seulement une dizaine de personnes prétendant représenter une communauté qui, en réalité, est composée de milliers d’individus uniques et complexes ?



















    Si je suis vivant aujourd’hui, c’est parce que l’Eglise catholique m’a sauvé du suicide, parce qu’elle m’a redit l’Amour et l’Espérance du Christ pour moi. Combien de jeunes se suicident aujourd’hui (et demain ?) parce qu’ils n’entendent pas une parole d’Amour et de Vérité, parce que les discours de certains politiques, des médias et de la société, nient leur dimension affective et leurs aspirations ? Parce qu’ils ont perdu confiance dans des adultes incapables de se respecter et de dialoguer, à commencer par les politiques sensés être exemplaires, mais aussi à cause d’adultes qu’ils côtoient au quotidien et qui sont parfois violents les uns envers les autres (les automobilistes entre eux, les parents à l’égard des enseignants et vice versa, dans la rue, les transports en commun…). Enfin, parce que la société de consommation est incapable de répondre à la question, pourtant cruciale, du sens de la vie.












    Toi qui rétorqueras que les prêtres sont pédophiles, tu nies la grandeur des centaines de milliers de prêtres qui vivent dans la fidélité leur mission au service de tous et en premier lieu les plus petits. Tu nies la droiture des dizaines de prêtres et évêques qui m’ont accompagné depuis ma naissance, de ceux qui m’ont écouté et soutenu quand j’allais mal. C’est aussi insultant et faux que de dire que les personnes homosexuelles sont pédophiles. Depuis octobre 2000, le Vatican a réaffirmé que « la pédophilie est un crime contre l’être humain » et a demandé que soient dénoncés à la Justice les actes commis envers des enfants. Selon la lettre de l’ODAS de novembre 2007, sur les 98000 signalements d’enfants en danger, recensés en 2006, 19000 (19%) entrent dans la catégorie des enfants maltraités, parmi lesquels 4300 sont victimes de violences sexuelles (4,38%). Selon ce même rapport et celui du Service national d’accueil téléphonique pour l’enfance maltraitée (SNATEM), les problématiques à l’origine des mauvais traitements sont à 93% d’origine familiale, 3% de l’entourage et 2% du milieu institutionnel. Une enquête de la Conférence des Evêques de France, effectuée en mai 2001, fait état de 18 prêtres mis en examen pour des faits de pédophilie, 30 prêtres condamnés purgeant leur peine, dont 11 en prison, et 21 ayant accompli leur peine (soit 61 sur les 25000 prêtres en France en 2001, ce qui représente 0,2%). Les statistiques nationales du ministère de la Justice, en 1999, relèvent un total de 634 condamnations pour viols sur mineurs et 4190 condamnations pour atteintes ou agressions sexuelles sur mineurs. Certes, les actes commis par ces 61 prêtres, comme les autres, sont inacceptables car ils trahissent la confiance que les enfants et adultes mettent dans l’institution qu’est l’Eglise, mais ils représentent 0,20% des 4824 condamnations. Ces dernières concernent une année alors que les 61 autres concernent six années (de 1996 à 2001).5

























    Peut-être as-tu vécu une mauvaise expérience avec l’Eglise, peut-être as-tu été mal accueilli par un prêtre - et j’en suis profondément attristé pour toi - mais s’il te plaît, n’enferme pas l’Eglise dans ce qu’elle n’est pas. L’Eglise est imparfaite et a des progrès à faire, car elle est composée d’êtres humains qui ont leurs limites et leurs imperfections, comme toute organisation. Mais, n’avons-nous pas aussi nos imperfections et nos limites ?








    Toi qui lis ces lignes, que tu trouves peut-être choquantes voire insupportables, je comprends ta révolte. Moi aussi, j’ai été dans le déni et la révolte, et il m’a fallu cheminer plusieurs années avant d’accepter progressivement mes tendances, mon état de vie et ses limites mais aussi ses richesses : une plus grande sensibilité à la souffrance des autres, aux inégalités de tous ordres, dans notre pays, et enfin un regard accru sur l’essentiel de la vie. Je reconnais aussi que mon regard était bien souvent biaisé et je reportais la responsabilité de ma situation sur des personnes et des institutions qui ne l’étaient pas. J’ai dû apprendre à changer mon regard afin de passer d’un statut de victime à un statut de responsable, de passer du « pourquoi ces tendances ? » au « comment vivre avec ? ». On peut avoir une vie féconde et heureuse si l’on vit, non pas enfermé sur soi, mais ouvert aux autres. On peut être heureux si l’on reconnaît que la société n’est pas responsable de son orientation et qu’une loi ne résoudra pas le fond de la question. On peut être heureux si l’on regarde, non pas ses propres limites, mais ses richesses. On peut être heureux si l’on vit, non pas dans la haine de l’autre, mais si l’on partage sa joie.















    C’est pourquoi, je demande solennellement au Gouvernement de renoncer au projet de loi de « mariage et d’adoption pour tous », et d’ouvrir un vrai débat de fond, comme des Etats Généraux de la Famille, avec l’aide de spécialistes et d’associations familiales, pour discerner avec honnêteté ce qui est bon pour l’humanité et l’enfant que l’on doit protéger.








    La Loi a pour mission de favoriser la vie en société, de protéger les plus fragiles, en tenant compte du bien commun, c'est-à-dire de l’intérêt du plus grand nombre. Le législateur a pour mission de protéger l’être humain de ses propres dérives et de son désir de toute-puissance. N’y a-t-il pas des limites aux désirs individuels, aussi sincères soient-ils, que le législateur doit rappeler ? Dans le souci de préserver une réalité anthropologique - l’humanité a été créée et s’est développée dans la différence sexuée – je demande aux Parlementaires de rejeter le projet de loi de « mariage et d’adoption pour les personnes de même sexe ». Nous pouvons trouver des arrangements législatifs au pacs pour répondre à des inégalités comme celles évoquées par le Défenseur des droits.











    Cependant, compte tenu de ce que je viens d’évoquer, il ne serait pas raisonnable de modifier le code civil et d’instituer un nouveau « modèle social » reposant sur une orientation sexuelle. Nous avons été créés homme et femme, un enfant naît d’un homme et d’une femme. Même s’il est difficile de l’entendre, car cela vient raviver une blessure que je comprends, l’homosexualité et l’hétérosexualité ne sont pas équivalentes. Une orientation sexuelle ne constitue pas une identité qui justifie la transformation de la loi. Les êtres humains ont tous la même dignité et les mêmes droits, eut égard à leur identité d’homme ou de femme. Chacun doit être respecté en raison de son appartenance à la famille humaine. Mais l’homosexualité relève de l’intime qui ne justifie pas une loi. Pour permettre de mieux comprendre le sens que peut revêtir l’homosexualité, prenons un exemple, en le poussant à l’extrême. Je crois que tout parent normalement constitué souhaite le meilleur pour son enfant. En toute honnêteté, essayons de répondre à la question suivante : « Est-ce qu’à la naissance de mon enfant, je lui souhaiterais de devenir homosexuel ? ». Si la réponse est négative, c’est que je reconnais que l’homosexualité est plus une difficulté qu’un cadeau. Comment donc demander à l’Etat d’instituer une difficulté ? Personnellement, l’homosexualité est quelque chose que je ne souhaiterai même pas à mon ennemi. Il me revient d’assumer mon orientation sexuelle, que je n’ai pas choisie, de solliciter le soutien de personnes ou d’associations6 car la souffrance est trop lourde à porter pour une personne seule. Aucune personne homosexuelle ne peut nier la période de souffrance qu’elle a traversée depuis la découverte de tendances homosexuelles jusqu’à l’acceptation de celles-ci. Je peux choisir de vivre avec une personne de même sexe mais pourquoi demander à l’Etat d’en faire une norme alors même que je ne la souhaiterais ni pour mon enfant ni pour mon ennemi ?




















     

     


    Pour terminer, je demande aux Catholiques, soutenus par les évêques et les prêtres, de continuer, sans relâche, leur mission d’amour pour tous. Tout ce que nous faisons est insuffisant ! Je salue et remercie les initiatives telles que celles vécues dans plusieurs diocèses de France, à l’instigation de leur évêque, qui ont choisi d’ouvrir une réflexion sur la place des personnes homosexuelles dans notre Eglise ou de porter une attention particulière à ce qu’elles et leur famille vivent (Aix en Provence, Cambrai, Chambéry, Grenoble, Laval, Montpellier, Nantes, Nanterre, Saint-Etienne, Toulouse, Tulle).










    Notre mission est d’annoncer l’amour du Christ pour toutes les femmes et tous les hommes de notre temps, quelles que soient leur orientation sexuelle, leur situation familiale, sociale, culturelle, géographique, couleur de peau, croyance ou pas… Nous devons l’annoncer en paroles et surtout en actes. Nombreux sont ceux engagés au service des sans-abris, demandeurs d’asile, prostitués, femmes ou hommes battus, malades, personnes âgées, handicapées, isolées, pauvres… mais cela est insuffisant ! Chacun doit se sentir concerné et agir concrètement. Toi qui lis ces lignes, demandes-toi ce que tu fais pour ceux dans le besoin et vois comment tu peux faire plus. L’Eglise n’est pas un club mondain où l’on est content d’être « entre-soi » mais un lieu où l’on doit puiser, dans la Parole, la Prière et les Sacrements, la force de mettre en pratique le message d’amour pour tous et en premier lieu les plus fragiles de notre société. Lorsqu’un seul d’entre nous n’agit pas ou est incohérent entre ce qu’il annonce et ce qu’il vit, c’est l’ensemble de l’Eglise qui en subit les préjudices. Nous sommes limités comme les autres, nous ne sommes pas meilleurs que les autres, mais nous formons une famille sur laquelle nous pouvons prendre appui, et avons dans le Christ un exemple de courage et de don de soi, jusqu’à sa vie sur la croix, au nom de la cause qu’il défendait, l’amour de tous, sans condition, et le pardon. Nous avons tous besoin de nous convertir à cette Parole, de la recevoir comme nous étant adressée personnellement, pour aller la porter ensuite à ceux que nous rencontrons.
















     

     


    S’il y a si peu de personnes homosexuelles dans l’Eglise, c’est parce qu’elles n’y ont pas trouvé l’accueil et l’affection qu’elles venaient mendier. Il est vrai que souvent des personnes souffrent tellement qu’elles n’osent pas en parler et s’excluent, ça a été mon cas pendant un temps. Cela dit, cela démontre aussi nos manques d’attention, nos manques de savoir-faire, notre aveuglement, notre manque de courage, notre paresse, pour identifier et aider ceux qui ont besoin d’aide. Si je n’ai pas définitivement quitté l’Eglise, c’est parce que j’ai eu la chance d’y grandir depuis mon baptême, parce que je me suis senti aimé par le Christ, parce que j’ai constaté dans ma paroisse une cohérence entre les paroles et les actes, et dans ma propre famille, parce que j’ai su pardonner à celles et ceux qui ont eu des paroles déplacées ou des propos humiliants, et parce que j’ai eu le courage d’aller parler à un prêtre qui m’a écouté et ne m’a pas jugé. Mais que faire pour tous ces jeunes ou moins jeunes, qui aujourd’hui – et demain ? – vivent ces questions et cette souffrance, peut-être ton fils ou ta fille, ton frère ou ta sœur, ton neveu ou ta nièce, et qui ne savent pas vers qui se tourner et risquent de se suicider s’ils ne trouvent pas une oreille et un cœur attentifs ? Si nous ne mettons pas en pratique l’Evangile concrètement, dès maintenant et tous les jours, alors notre foi est hypocrite, alors la prière universelle n’est que mascarade, alors la Bible n’est qu’un beau roman que l’on range parmi d’autres livres dans une bibliothèque et qui prennent la poussière. J’aurais aimé par exemple que, lors de la prière pour la famille du 15 août 2012, on prie aussi pour les personnes homosexuelles. J’aurais aimé que pour la journée de prière et de jeûne pour la famille du 25 janvier 20137, on pense aussi à prier pour les personnes homosexuelles qui ont aussi une famille. Ne pas penser à elles, c’est nier leur existence et leurs souffrances, c’est manquer à notre mission de chrétien. Il y a urgence ! Des personnes homosexuelles ont été blessées par la manifestation du 13 janvier, parce qu’elles l’ont interprétée comme un rejet d’elles-mêmes. Je sais que ce n’était pas le cas car j’y étais aussi et je peux témoigner que je n’y ai pas vu ni senti aucune homophobie mais des personnes inquiètes du changement que celle loi va créer dans la filiation. Le problème aujourd’hui, c’est que les personnes homosexuelles n’entendent pas les paroles d’amour des gens qu’elles côtoient au quotidien et interprètent toute parole car elles sont blessées. Parce que nous Chrétiens brandissons trop souvent l’étendard de la Vérité et oublions celui de la Charité. N’oublions pas qu’« au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour », dit Saint Jean de la Croix.





























    Si l’Eglise a tant de mal à faire entendre son message d’Amour pour tous, s’il y a désaffection des églises – même si le phénomène n’est pas nouveau8 - c’est avant tout parce que nous, Catholiques, les premiers ambassadeurs du Christ, ne sommes pas tous ou pas suffisamment cohérents entre nos paroles et nos actes. C’est parce que nous sommes ce qu’un évêque a récemment nommé des « athées pieux » qui défendons des « valeurs » - ce que vivent aussi des non chrétiens – mais la question fondamentale demeure. Croyons-nous vraiment que le Christ est vivant ? Croyons-nous vraiment qu’Il nous aime ? Croyons-nous vraiment à la force de la prière ? Prenons-nous vraiment le temps, dans nos agendas surchargés, de méditer la Parole de Dieu, afin qu’elle oriente et imprègne nos paroles, nos pensées, nos actions et notre regard ? Sommes-nous capables de parler avec bienveillance de notre patron, même s’il nous rend parfois la vie dure, des politiques, même si nous ne partageons pas leurs opinions, des personnes homosexuelles, même si nous ne comprenons pas bien l’homosexualité, parce qu’ils sont nos frères et nos sœurs en Christ ? Croyons-nous vraiment que tout homme est un être unique et que dans chacun luit une étincelle divine qui mérite notre amour ?
















    C’est pourquoi, je te demande solennellement, toi qui est Chrétien, toi l’homme ou la femme de bonne volonté, de t’informer et de te former sur l’homosexualité. Je t’invite à lire la note de travail du Conseil « Famille et Société » de la Conférence des Evêques de France, de septembre 2012. Accueille avec affection et sincérité les personnes homosexuelles qui se confieront à toi, aime-les vraiment car elles ont un immense besoin d’amour et de reconnaissance. Prie et soutiens toutes les personnes et les familles qui sont touchées de près ou de loin par l’homosexualité, car c’est aussi une souffrance pour l’entourage. Dis-toi que cela peut arriver à l’un de tes enfants, ton frère, ta sœur, ton ami et que tes paroles et tes actes aujourd’hui t’engagent pour demain. Si tu as une parole dénigrante à l’égard des personnes homosexuelles aujourd’hui, comment ton enfant ou ton ami osera-t-il s’ouvrir à toi demain s’il est concerné ?













    Je termine en souhaitant au Président de la République, au Gouvernement et aux Parlementaires, le sens du discernement pour décider dans le souci du bien-commun et de la protection du plus faible, et non pas dans une logique de parti ou de stratégie électoraliste, sinon où est la liberté de conscience, bien précieux de notre démocratie que tant d’habitants de pays en dictature nous envient. Il n’y a pas de honte à reconnaître que l’on s’est précipité et que l’on n’a pas mesuré tous les enjeux d’une telle loi. C’est justement de la responsabilité des politiques de savoir prendre de la hauteur et de décider en pensant aux générations futures.








     

     


    Je souhaite à chaque Française et chaque Français une année heureuse et courageuse. Que chacun trouve auprès de ses proches et de ses amis de l’affection et de la joie. Que chacun aie le courage, le moment venu, de traverser les difficultés que toute vie comporte et en garde suffisamment pour ceux qui en manqueront. C’est dans l’ouverture à l’autre que la vie prend tout son sens.








    Enfin, je nous souhaite vivement à tous de retrouver le sens de la Fraternité, la dernière valeur de notre République, que nous avons oubliée. Quels que soient nos origines sociale, culturelle, géographique, couleur de peau, croyance, état de santé, âge ou orientation sexuelle, c’est dans la Fraternité que nous traverserons la crise. Ouvrons nos cœurs, nos portes et nos portefeuilles. Ainsi, la crise sera-t-elle moins forte et les inégalités moins importantes. »








    Ensemble, aujourd’hui et demain sont possibles !









    Jules COUROT
    23/01/2013 

     


    julescourot@gmail.com

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    facebook.com/jules.courot


    1 - Interview de la Défenseure des enfants, La Croix du 18/11/12

    2 - Lettre de l’Observatoire national De l’Action Sociale décentralisée ODAS, novembre 2007, p.4

    3 - Chronologie succincte de la répression homosexuelle en France depuis le XVIIIe siècle, www.devoiretmemoire.org

    4 - in scienceshumaines.com, M. Marzano et C. Rozier, 2005

    5 - Brochure « Lutter contre la pédophilie, repères pour les éducateurs », Conférence des Evêques de France, 2003, 52 p., rééd.2010

    6 - Je salue le travail de l’association Le Refuge qui sauve la vie à des jeunes - www.le-refuge.org

    7 - Suite à ma lettre, j’ai appris qu’on avait prié pour les personnes homosexuelles à la Basilique du Sacré-Cœur à Paris le 25/01/2013

    8 La religion est perdue à Paris (Lettre d’un vicaire parisien à son archevêque), 1849, présenté par Yvan Daniel

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  • Le Visage de la République s'avance sur les Champs-Élysées

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    Tract officiel de "La Manif pour Tous" du 24 mars prochain, Rect°

     

    La loi Taubira "mariage pour tous" a été votée à l'Assemblée Nationale le mardi 12 février à 329 voix pour, 229 voix contre et 10 abstentions. Seulement 100 voix d'écart. 

    En avril prochain le Sénat procédera au vote de cette même loi.

     

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    Dorénavant, les 700 milles voix (696 428), les voies de chacune des pétitions du CESE se rassemblent et forment le visage de notre démocratie menacée de dé-composition. Sursaut de Marianne, recomposition de son visage. Ces voies redonnent chair au visage de notre République en danger. Garant du Code Civil, le visage de la République s'avance sur les Champs-Élysées.

    Le million de manifestants du 13 janvier reviendra le 24 mars accompagné d'un autre million.

    Le Président de tous les français restera-t-il sourd et aveugle devant ce nouveau cri de la République ?

     

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    Tract officiel de "La Manif pour Tous" du 24 mars prochain, Vers°

     

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  • Ce sont les hommes qui font l’institution : petite histoire du CESE

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    Près de 700 000 pétitions délivrées au CESE, le 26 février 2013, contre le projet de loi Taubira "Mariage pour tous"


    De 2004 à 2010, Jean-Paul Delevoye a été médiateur de la République. Organe administratif créé en 1973, cette institution a pour but de suppléer les carences des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire sans toutefois se substituer à eux et en leur laissant toujours le privilège du préalable. Sur le modèle de l’ombudsman scandinave, il s’agit d’installer une forte mais souple autorité morale capable d’apprécier les situations d’administrés s’estimant lésés par l’administration. Mais la réforme constitutionnelle de 2008 est venue signer l’aveu d’échec de cette institution morte de son manque d’audace et l’a remplacée par le poste de défenseur des droits, accordé à l’ancien maire de Toulouse Dominique Baudis.

    En 2010, Jean-Paul Delevoye rejoint le Conseil économique, social et environnemental en tant que Président. Le parcours semble logique. Comme l’ombudsman qui a vocation à jouer un rôle de contrepoids aux parlements et à l’action politique au quotidien pour rapprocher administrés et administration, le Conseil économique, social et environnemental, troisième assemblée de la République, se veut une martingale populaire supplémentaire. Les forces vives de la nation pour donner leur avis, plutôt que le député godillot, voilà de quoi raviver la flamme démocratique des plus sceptiques. Surtout lorsque le CESE peut-être saisi par le peuple lui-même.

    L’année 2013 aurait pu être celle de la consécration du CESE. Pour la première fois de son histoire, le Conseil était saisi par 700 000 citoyens pour « donner son avis sur le projet de loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe et son contenu ». La symbolique était immense. Le CESE tenait là une occasion unique de chasser à tout jamais son image de comité Théodule. Mais Jean-Paul Delevoye aura joué petit. Le jour même du dépôt des pétitions, il sollicitait directement l’avis du Premier ministre par courrier  en ces termes : « Dans la perspective du prochain bureau du CESE fixé au 26 février 2013, je me permets d’appeler votre attention sur les questions liées à la recevabilité de cette pétition ». Trois jours plus tard, le secrétaire général du gouvernement adressait au Palais d’Iéna deux pages d’analyse justifiant la non-recevabilité de la pétition. Interrogé le 22 février sur la décision qu’il serait amené à rendre, le Président lâchait le morceau au prix d’un beau mensonge et avant même d’avoir statué dans les règles : « La pétition demande que le Cese se prononce pour ou contre la loi. Constitutionnellement, c’est impossible. C’est donc irrecevable sur le fond ». Puis le 26 février la décision tombe : « Le bureau a constaté que les conditions de nombre et de forme étaient réunies […] Pour autant, et en vertu de l’article 69 de la Constitution et de l’article 2 de l’ordonnance du 29 décembre 1958 portant loi organique relative au Conseil économique social et environnemental, la saisine du Cese pour avis sur un projet de loi relève exclusivement du Premier ministre ». Interrogé la semaine dernière par nos confrères du Figaro, le professeur Didier Maus, spécialiste de droit constitutionnel, voyait pourtant l’issue de cette saisine d’un autre œil :« Rien n’empêche le Cese de se pencher sur des “évolutions sociales”, un terme à l’interprétation plus large qui figure dans la modification de la loi organique de 2010, ni de remplir un rôle d’expertise dans le domaine de l’actualité législative ». 

    Qui a déjà vu un organisme indépendant et souverain venir prendre ses ordres auprès du pouvoir politique, à part en Union soviétique ? Et arguer du droit pour mieux le renier ? « Tout votre beau système de droit n’est que négation du droit, injustice suprême », aurait hurlé le Doyen Carbonnier s’il avait été de ce monde pour assister à cette ineptie.
    Si le général de Gaulle avait eu l’impuissance de Delevoye en 1962, nous ne bénéficierions peut-être pas du suffrage universel qu’il eut le culot d’imposer par référendum en se soustrayant à l’exigence de modification constitutionnelle du Parlement. Si les sages du Conseil constitutionnel avaient partagé le manque d’audace de Delevoye en 1971, ils n’auraient pas eu l’audace d’élargir eux-mêmes leur champ de compétence au bloc de constitutionnalité pour protéger toujours plus l’Etat de droit. Si les juristes du XIXème siècle avaient eu la faiblesse de Delevoye, jamais la prérogative de puissance publique n’aurait pu être limitée par le droit administratif dont Prosper Weil qualifiait l’existence de miracle.

    Ce sont les hommes qui font l’institution. Que Jean-Paul Delevoye médite cette maxime.

    Théophane Le Méné
    in Causeur.fr, 6 mars 2013
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  • La phrase interdite de Philippe Ariño

    Genres
    1ère page d'un Dépliant Pédagogique interrogeant le Mariage Pour Tous

     

    « Personnellement, je n’aurais eu l’énergie de me déplacer que si on m’avait laissé dire plus tôt et tout haut la phrase interdite (ci-dessous) qui est notre talon d’Achille à tous si on s’obstine à ne pas l’assumer, et qui aurait pourtant suffi à elle seule à flinguer le projet de loi : « Au-delà des questions de filiation et d’engendrement, l’amour homosexuel n’est pas un amour comme un autre, aussi solide, complémentaire, paisible, porteur de vie, que l’amour fondé sur la différence des sexes… même s’il existe des couples qui intègrent la différence des sexes et qui n’en profitent pas. Il n’empêche que la différence des sexes, quand elle est accueillie et respectée, est le cadre privilégié et incontournable de l’amour vrai et concret. Les couples homosexuels, en ayant expulsé la différence des sexes qui leur aurait donné une consistance, sont moins comblants, satisfaisants, complémentaires, réels et incarnés, que les couples ou les célibataires qui ont accueilli la différence des sexes.Pour cette raison, on peut reconnaître que les couples homosexuels existent, on se doit de les respecter, et d’assurer socialement/légalement la protection de chacun des deux membres qui le composent, ainsi que parfois des enfants qu’ils éduquent… sans pour autant les justifier socialement/légalement comme un modèle d’amour structurant pour une société, ni leur faire croire qu’ils composeront un couple marié ou une famille. Il n’y a pas lieu de donner aux couples homosexuels le mariage (ils ne correspondent pas à la réalité du mariage, qui est définie par la différence des sexes ouverte à la génération, étant donné qu’ils n’intègrent pas la différence des sexes et qu’ils ne sont pas procréatifs),ni l’adoption(un enfant, pour exister et pour grandir au mieux, a besoin universellement que ses deux parents biologiques père et mère s’aiment),ni le PaCS(qui, en plus de garantir des droits individuels nouveaux à des couples de sexes différents ou de même sexe, était la première marche de justification sociale du couple homo en tant que modèle équilibré de civilisation). » Tant qu’on ne laisse pas les personnes homosexuelles énoncer publiquement cela, la « Manif pour Tous » ne sera pas efficace et n’a pas de raison d’être. Je resterai chez moi le 24 ! L’enjeu premier du mariage n’est pas l’enfant : c’est prioritairement le couple, l’amour et le Réel fondés par la différence des sexes ! »

     

    Philippe Ariño

    Araignée du Désert, 25 février 2013

     

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    2ème page d'un Dépliant Pédagogique interrogeant le Mariage Pour Tous

     

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    3ème page d'un Dépliant Pédagogique interrogeant le Mariage Pour Tous

     

     
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  • Si un citoyen considère que ce sujet ne le concerne pas, il contribue de fait à ce que la loi passe. En matière pratique, je ne peux pas être neutre. Ne pas choisir, c’est déjà choisir.

    Le philosophe Thibaud Collin, auteur des Lendemains du mariage gay aux éditions Salvator, s'entretient avec Vivien Hoch.


    V.H. Votre ouvrage se place clairement au plan délibératif, apte à pouvoir infléchir les jugements politiques sur le bien et le mal. Pensez-vous qu’il soit possible aujourd’hui de remettre les notions de « jugement moral » et de « bien et de mal » sur la table du politique ?

    T.C. : Quel est le critère de l’action politique ? C’est la justice. Il s’agit donc de rechercher le juste dans telle ou telle situation ou face à telle question. Ici, c’est par rapport au projet d’ouvrir le mariage civil aux personnes de même sexe qu’une décision doit être prise au terme d’une délibération. La question de l’articulation et de la distinction entre morale et politique est très complexe. Aujourd’hui, beaucoup pensent que le bien et le mal relèvent de la seule éthique personnelle dont chaque individu est la mesure et que le politique doit rester dans une neutralité éthique en promouvant de grandes valeurs formelles comme l’égalité, la liberté, la solidarité des individus. D’ailleurs, quand on parle de « morale politique » ou de « moralisation de la vie politique », on parle souvent du respect ou de la célébration de ces grands principes et du renforcement des procédures formelles.

    Ma question est : peut-on séparer la recherche du juste de celle du bien ? Si on raisonne dans les catégories que je viens de rappeler, toute législation qui se fonderait sur une conception du bien pour dire le juste serait accusée de vouloir imposer un « ordre moral ». Or la détermination concrète du juste n’est pas la simple application automatique d’un grand principe formel. La justice ne peut être rendue que lorsqu’on attribue à chaque partie en présence ce qui lui revient, ce qui lui est dû. Le concept abstrait et formel d’égalité des droits est un filet à mailles trop larges pour permettre de discerner. L’égalité de qui ? Dans quelle situation ? Dans quelle mesure tels droits font-ils naître tels devoirs correspondants ? L’être humain n’est pas une abstraction. Pour juger, il faut regarder la réalité des protagonistes. Or ici, les parties en présence ne sont pas d’un côté des « couples homos » et et de l’autre des « couples hétéros », les uns pouvant se marier et les autres ne pouvant se marier. Le droit de se marier n’a pas pour sujet le couple mais l’individu. Or aujourd’hui, n’importe quelle personne majeure peut se marier puisque l’orientation sexuelle n’est pas un critère pertinent. Les vraies parties en présence dans cette délibération sont donc, d’un côté, des adultes de même sexe et, de l’autre, des enfants qui seraient susceptibles d’être adoptés et/ou conçus par ces adultes. Le droit de se marier des uns implique pour les autres le devoir de reconnaître ces deux hommes comme étant leurs pères ou ces deux femmes comme étant leurs mères.

    Je demande : cet hypothétique devoir ne viole-t-il pas le droit de ces enfants d’être élevés par ceux dont ils sont issus ? Et là, on voit bien que seule une réflexion sur les biens essentiels d’un enfant permet de trancher et de discerner quel est le choix à faire. Impossible donc de séparer la recherche du juste de la recherche des biens engagés dans les relations entre les êtres humains.

    V.H. Votre propos consiste à montrer que reconnaître une évolution ne dit rien sur son caractère juste ou non. Toute nouveauté n’est pas bonne. Pourtant, comment résister à ce mouvement, alors que la tendance internationale est celle de la légalisation du « mariage » homosexuel ? 

    T.C. : À l’heure où de plus en plus de gens prennent conscience des effets souvent ambivalents des progrès techniques, il serait paradoxal que la mentalité progressiste apparaisse comme la seule légitime. Les discours d’un passé récent célébrant « les lendemains qui chantent » devraient nous avoir vaccinés sur les caractères soi-disant intrinsèquement bons du progrès ! La tendance internationale dont vous parlez est limitée aux pays qui sont plongés dans une crise anthropologique et intellectuelle sans précédent dont une des caractéristiques consiste à étendre les principes démocratiques au-delà de leur champ d’application strictement politique. Cette extension crée une mentalité dans laquelle peu à peu tout devient politique. Le paradoxe de notre délibération nationale actuelle est qu’il s’agit de débattre justement pour reconnaître qu’il existe des limites pré-politiques à la vie politique. Sinon, on considère que la limite n’en est une que parce qu’on en a décidé ainsi, ce qui est une conception arbitraire et volontariste de la limite. Pourquoi, en effet, poser la limite ici plutôt que là ? On le voit bien chez les socialistes qui considéraient jadis que le PaCS étaient suffisant pour donner un cadre juridique aux couples de même sexe et qui aujourd’hui considèrent que l’accès à ce seul cadre est une injustice à leur endroit.

    Je rappelle les propos bien connus d’Élisabeth Guigou, Garde des Sceaux en 1998 : « Pourquoi l’adoption par un couple homosexuel serait-elle une mauvaise solution (sic) ? Parce que le droit, lorsqu’il crée des filiations artificielles, ne peut ni ignorer ni abolir la différence entre les sexes. (…) Mon refus de l’adoption pour des couples homosexuels est fondé sur l’intérêt de l’enfant, sur son droit à un milieu familial où il puisse structurer son identité et épanouir sa personnalité. » La situation des enfants a-t-elle à ce point changé en moins de quinze ans pour que de tels propos puissent être reniés si facilement ? Rappelons que celui qui entre temps a converti le PS au mariage gay et à l’homoparentalité n’est autre que le célèbre Dominique Strauus-Kahn qui en 2004 déclarait dans Libération « Certains pensent que, par nature, il est dommageable pour un enfant d’être élevé par un couple homosexuel. Je considère que c’est une faute morale (sic), et, sauf à ce qu’on me démontre le contraire, un non-sens scientifique. »

    V.H. Votre chapitre sur la « dialectique » post-nieztschéenne mise en œuvre dans le « débat » aujourd’hui montre bien à quel point le « débat » se déroule selon une épistémologie orientée, inapte à faire porter les discussions sur un jugement moral et politique. Comment contrer cette dialectique omniprésente aujourd’hui ? Comment échapper à la dialectique ?

    T.C. : L’influence de Nietzsche est effectivement prégnante chez plusieurs philosophes dans la pensée desquels les militants gays ont puisé des termes et des méthodes de lutte. Citons les plus connus : FoucaultDeleuze et Derrida. On est bien sûr ici bien plus en présence d’un style de pensée, de manières de questionner ou de prendre les sujets que devant un corpus unifié. Le questionnement de type nietzschéen consiste à rechercher derrière un concept, une institution, une pratique des strates ou des éléments soumis à l’histoire et surtout aux rapports de force. « Il n’y a pas de faits, rien que des interprétations ». Tout ce qui apparaît dans un premier temps comme un donné stable peut donc être soumis à une enquête généalogique révélant les processus de sa constitution et les luttes cachées ayant rendu possible sa stabilisation.

    Dès lors, les principes du jugement moral et les principes anthropologiques ne sont que des constructions historiques. Vouloir s’appuyer sur eux comme sur des critères d’évaluation et de choix est perçu comme une atteinte aux dynamismes joyeux des forces vitales irréductibles aux catégorisation identitaires et binaires. Dès lors lorsque certains osent affirmer que l’ouverture du mariage et de la filiation aux personnes de même sexe porte aussi en elle la remise en cause de la monogamie ou de l’interdit de l’inceste, ils ne font pas de la surenchère extrémiste, ils nomment juste la cohérence du projet dionysiaque qui anime en sous-main cette revendication.

    La contestation des grandes différences articulant l’ordre humain est portée par une aspiration à l’indifférenciation dans laquelle peuvent s’exprimer et devenir librement les multiplicités singulières. Deleuze reprenait à Kierkegaard cette proposition : « Du possible, sinon, j’étouffe. » Je pense que l’on ne peut résister à cet élan proprement anarchique qu’en renvoyant nos concitoyens à leurs propres expériences fondamentales à partir desquelles ils peuvent refaire des inductions concluant à des référents universels. La plupart de nos contemporains ne pensent pas ce qu’ils ne vivent pas et du coup finissent par penser de manière aliénée. Il s’agit donc de traverser ce barrage mental pour les reconnecter avec leurs dispositions essentielles. Que chaque citoyen se pose sérieusement la question : « Est-ce que je souhaite ce qu’il y a de mieux pour cet enfant en le confiant à deux papas ou à deux mamans ? »

    V.H. : L’axe principal d’action consiste à promouvoir la « délibération » (apte à déboucher sur une décision) plutôt que le « débat » (d’où ne peut sortir qu’un « consensus »). Comment une délibération se présente-t-elle concrètement ?

    T.C. Une délibération n’est possible que dans la mesure où je suis en position d’agir. Je ne délibère pas sur ce qui ne dépend pas de moi, par exemple sur les choix que mon voisin fait. Je peux porter un avis dessus, poser un jugement de valeur mais je ne délibère pas. Se mettre dans une position de délibération, c’est donc ipso facto se disposer à se sentir concerné ; et surtout, cela permet de prendre conscience qu’étant en démocratie, il est de la responsabilité de tout citoyen de participer à l’élaboration de la loi. Un des temps forts de cette participation est bien sûr l’élection mais il existe bien d’autres moyens, après l’élection, pour continuer à s’engager. Si un citoyen considère que ce sujet ne le concerne pas, il contribue de fait à ce que la loi passe. En matière pratique, je ne peux pas être neutre. Ne pas choisir, c’est déjà choisir. Participer ici à la délibération consiste donc à utiliser sa raison pour discerner quels sont les moyens de promouvoir la justice dans les relations familiales dont le Code civil est le cadre juridique.

    V.H. Selon vous, quelle forme de riposte est à envisager ? Et plus généralement : faut-il débattre, au risque de « tourner en rond », ou envisager des formes plus entreprenantes de riposte (colloques, tracts, actions, manifestations, etc.) ?

    T.C. : Je pense qu’aujourd’hui, il est nécessaire de réclamer qu’une réelle délibération ait lieu. En effet, depuis l’annonce par le Garde des Sceaux des contours du projet de loi, les adversaires ont commencé à émettre des critiques et des objections mais celles-ci demeurent à ce jour sans réelle réponse. Jean-Marc Ayraut vient de réaffirmer que le texte passerait au nom de l’égalité sans prendre en compte le point de vue des enfants pris ainsi en otages. Seul un référendum donnerait un cadre permettant une délibération d’ampleur nationale car il obligerait la conscience de tout citoyen à prendre position de manière pratique.

    V.H. : Vous écrivez que la démocratie est ce régime « où les citoyens sont perpétuellement renvoyés à eux-mêmes et à leur capacité d’estimer le juste et l’injuste » ; et que cela requiert d’eux « vigilante attention au contenu complexe des questions qu’ils se posent », afin « d’honorer la grandeur du régime libéral ». Comment organiser notre société pour honorer au mieux cette grandeur libérale ?

    T.C. : La liberté véritable ne va pas sans responsabilité. En effet, tout usage de ma liberté est-il à la hauteur de mon humanité ? Certes non, chacun peut le vérifier dans sa propre vie. C’est l’expérience de la faute qui nous révèle notre conscience qui nous oblige à répondre de nos actes.

    Dans l’étymologie de responsabilité, il y a, en effet, répondre. Ma conscience est la médiatrice de ce que mon humanité exige de moi. Ce qui est vrai pour une personne ne le serait-elle pas pour une société ? L’histoire nous a livré de nombreux exemples de décrochage d’une société politique relativement aux exigences communes de l’humanité. La grandeur du régime libéral est de faire confiance dans les capacités des êtres humains à user de leur liberté en vue du bien. Il s’oppose au despotisme et à l’anarchie, tout deux enracinés dans le primat de la force écrasant la voix de la conscience. La démocratie libérale digne de ce nom offre un espace public dans lequel les citoyens peuvent discuter pour chercher à discerner le bien et le juste dans des situations concrètes. Cela ne veut en aucun cas dire que le bien et le juste sont le fruit de la volonté des citoyens, ce qui serait contraire avec l’idée même de discuter en échangeant des arguments raisonnables.

    La volonté entérine ce que la raison a discerné comme juste mais ne le détermine pas dans sa qualité de juste. Notre société honorerait donc la grandeur du régime libéral si elle pouvait délibérer de manière raisonnable de cette affaire touchant les fondements du lien humain.

    Nouvelles de France, 25 septembre 2012
     

     

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  • Qui aurait imaginé devoir défendre l’altérité sexuelle à la source de toute vie ?

     

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     Photographie du collectif "La Manif Pour Tous" - 13 janvier 2013

    « Qui aurait imaginé devoir défendre l’altérité sexuelle à la source de toute vie ? L’immense foule du 13 janvier a manifesté son attachement viscéral à ce bien universel. J’ai salué ce jour-là, au Champ-de-Mars, un grand mouve-
    ment d’écologie humaine. Précisons qu’il ne s’agit plus seulement de décrire l’activité organisée de l’Homo sapiens : comme l’écologie environnementale, l’écologie humaine surgit de la prise de conscience d’une nouvelle capacité destructrice. Car
    des chercheurs tablent sur les biotechnologies et sur la loi pour défaire l’articulation entre nature et culture propre à l’humanité ; nouveau Prométhée, ils nous affranchiraient de l’évolution, en appliquant au corps humain les progrès de la génétique, des neurosciences, des nanotechnologies, etc. Ils rêvent tout haut de recréer un homme “augmenté” : supérieur, invulnérable, immortel. L’enjeu éthique est majeur.

    Dans une récente tribune pour Slate.fr, Jacques Attali, dont je ne suis pas un disciple, voit dans le mariage homosexuel une « anecdote », étape d’une déconstruction de l’anthropologie naturelle vers une « humanité unisexe ». Le mariage homosexuel consacrerait la rupture entre la relation sexuelle et la procréation… Un marché de fabrication d’enfants à la demande, vérifiés avant livraison, se profile. Des tenants de la théorie du genre comptent sur l’utérus artificiel pour “libérer” les femmes de la maternité. Mais surtout le lobby de la “transhumanie” vise carrément un nouvel homme, le Cyborg (organisme cybernétique) domptant les trois limites de notre nature : le corps (sexué), le temps et la mort. Le stock français des 171 477 embryons congelés (réclamés par des chercheurs) ou les frères américains conçus ensemble in vitro, mais nés à vingt ans d’écart, bousculent déjà ces limites. Hormone de croissance, pilule de la troisième génération… N’avons-nous pas assez d’apprentis sorciers ?

    Jacques Attali soulève trois questions : « Comment permettre à l’humanité de définir et de protéger le sanctuaire de son identité ? Comment poser les barrières qui lui permettront de ne pas se transformer en une collection d’artefacts producteurs d’artefacts ? Comment faire de l’amour et de l’altruisme le vrai moteur de l’Histoire ? »

    En affirmant que tout être humain est marqué par l’interdépendance, osons répondre que l’humanité vit de quatre aspirations spécifiques : amour, vérité, justice et paix. Inconsciemment la loi Taubira en priverait des enfants. D’autres dérives de toute-puissance menacent ces valeurs : l’euthanasie, contraire à la dignité humaine, l’eugénisme, qui décerne des brevets d’humanité, et son pendant, le transhumanisme, qui rejette la fragilité propre à notre identité.

    Face à ces fantasmes de toute-puissance, l’écologie humaine relève le défi d’une culture de vulnérabilité, clés du véritable progrès de l’humanité. »

    Tugdual Derville
    Valeurs Actuelles, 14 février 2013

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  • N’acceptons pas un État qui aurait pour seul but de combler les désirs de chaque catégorie de la population au détriment des plus faibles et de l’ensemble de la société

     Jean-Marc Veyron
    Maire de Chasselas
    Discours du 2 février 2013
    à Chalons-sur-Saône

     

    « Bonjour,

    Je suis homosexuel, et aussi maire de ma commune en Saône-et-Loire. Et je suis ici pour vous dire mon opposition à ce projet de loi du "Mariage pour tous" et je voulais vous faire partager quelques réflexions :

    - Je ne me reconnais pas dans les revendications du lobby interLGBT, qui par ailleurs n’a jamais été élu et n’est pas représentatif de l’ensemble des homosexuels, qui ne forment pas une communauté : y- a- t-il d'ailleurs une communauté hétérosexuelle ?

    - Ces associations ont toute leur légitimité – elles ont beaucoup fait pour nous rendre la vie plus douce, ont beaucoup fait aussi pour les malades du sida et il reste évidemment un travail énorme à faire, par exemple quand on sait que l’homosexualité reste un crime ou un délit dans plus de 80 pays ; MAIS cela ne leur donne pas pour autant une représentativité.

    - Des voix comme la mienne se lèvent – notamment avec le collectif homovox.com pour faire entendre un autre discours, plus ajusté, plus respectueux fondamentalement des personnes homosexuelles, des institutions qui structurent notre société et bien évidemment des enfants !

    - On nous parle d’égalité : je ne suis pas égal, je suis différent, ni mieux, ni pire, et à ce titre je réclame un traitement différent ; il est d’ailleurs curieux que ceux qui vilipendent depuis des années le mariage soient maintenant les mêmes à vouloir nous l’offrir : voudraient-ils nous faire un cadeau empoisonné ?

    - Chacun a ses limites. Ainsi mon manque d’enfant, mon désir d’enfant ne me donne pas le droit de priver un enfant de l’affection d’une mère : c'est simple, mais cela suffit à justifier le retrait de ce projet de loi qui finalement n'est que la conséquence logique d’une société individualiste, où chacun veut que l’Etat (ou la science) comble ses désirs, fut-ce au détriment de l’autre ou de la collectivité !

    - On nous rétorque que les enfants dans ces familles ont des destins équivalents aux autres : aucune étude sérieuse n’est venu l’étayer ; on a interrogé des enfants dans ce type de famille en concluant que tout allait bien... Vont-ils devant un micro reprocher à celui ou celle qui les éduque, qui les aime et qu’ils aiment, de les avoir coupé de leur père ou mère biologique, alors même qu’ils n’ont pas le recul suffisant sur leur enfance et adolescence ? Moi je n’ai compris mon enfance, comme beaucoup, qu’après l’âge de 30 ans... l’État doit proposer et favoriser avant tout aux futurs adultes ce qu’il y a de meilleur : l’altérité d'un couple homme femme.

    - Le discours ambiant sous-tend même parfois que les couples homosexuels seraient plus harmonieux : je vous rassure : ils ont les mêmes problèmes que vous, à cette nuance près, rarement évoquée car très sensible, et que je constate autour de moi : la non-altérité de leur relation me semble souvent être un terreau moins favorable à une complétude de la relation, et donc souvent à sa durabilité (voir chiffres de pacsage Insee/Ined, homo vs hétéro) ; cette souffrance est souvent niée en bloc car insupportable ; est-ce une raison pour modifier le sens du mariage ? je ne le crois pas. La semaine dernière, Mme Caroline Mecary, avocate influente, a demandé la suppression de la notion de fidélité dans le mariage… Je vous laisse seul juge…

    Ne modifions pas le sens du mariage, mais préférons offrir à ces couples et à ces enfants dans des situations qui existent un cadre législatif protecteur : il y a déjà de nombreux outils ; améliorons-les et faisons les connaître !

    Pour finir, je veux souligner que malgré mon opposition, il faut savoir être très nuancé dans ses propos car ce débat touche à l’intime de chacun, à sa vie affective avec sa fécondité, ses blessures, ses hauts et ses bas, et chacun sait combien cela n’est pas toujours facile !

    Ne jugeons personne, respectons chacun, mais n’acceptons pas un État qui aurait pour seul but de combler les désirs – fussent-ils légitimes et sincères - de chaque catégorie de la population au détriment des plus faibles et de l’ensemble de la société ! »

    Jean-Marc Veyron - Maire de Chasselas (Saône-et-Loire)

     

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  • II – Qu'est-ce que le mariage ? : Quelques réflexions sur le projet de loi « mariage pour tous »

    Le mariage, union d'un homme et d'une femme, a deux fondements, l'un naturel, l'autre social et symbolique. La part biologique plonge dans une profondeur et un mystère qu'il ne nous est pas donné d'élucider : c'est la différence sexuelle, c'est la sexualité elle-même. Qu'il existe dans le règne animal des formes marginales d'homosexualité n'élimine en rien la règle fondamentale de cette séparation et réunion procréative entre les sexes : elle est l'un des moyens de la vie de se renouveler, le moyen qu'a choisi précisément cette branche dont nous faisons partie, les mammifères, et longtemps avant nous les animaux les plus primitifs. Cette distinction est le signe d'une différence plus universelle qui est la condition même pour qu'il y ait monde. Dans les récits de création comme la Genèse, les Métamorphoses ou de traditions plus éloignées, le monde apparaît par la séparation des éléments. Sans différence, il n'y a pas de monde. Or, le mariage est une expression humaine, sociale et symbolique de cette différence essentielle.

     

    La part biologique reste irréductible et fondatrice du mariage, c'en est comme l'enracinement et la chair. C'est cependant la culture qui le constitue et le structure. De par le monde, il a existé et il existe plusieurs formes de mariage, mais celui instituant l'union entre personnes de même sexe, très récent, n'a pas de fondement culturel, pas plus qu'il n'en a de naturel. On parle de rites initiatiques masculins incluant une sexualité entre maître et disciple, mais cela n'a rien à voir. On dit que certains empereurs l'ont fait, que quelques rares tribus le pratiquaient pour leurs guerriers, mais jamais cela ne fut un fondement durable pour une grande civilisation, ni une nouvelle « parentalité ». Socialement, le mariage est d'abord un moyen d'éviter ou d'abolir des rivalités. Il institue ensuite la double filiation père-mère. Il est enfin le moyen de stabiliser une union devenue parentale, afin de donner à l'enfant une protection durable. L'héritage chrétien donne à cette union son caractère indissoluble, ce qui induit un principe de réalité parfois difficile à tenir, mais fondateur de la structure familiale que nous connaissons, le modèle père-mère-enfants.

     

    L'infidélité a toujours existé et aujourd'hui ce modèle se fissure ; est-ce un argument en faveur des unions homosexuelles ? Le modèle père-mère-enfants a ses propres complexes, ses difficultés ; est-ce un argument pour en créer un nouveau, qui d'ailleurs l'imite plus ou moins, mais en oblitérant la différence sexuelle et la procréation naturelle ? On nous parle de « l'évolution des mœurs », de « progrès social », mais ce nouveau « mariage » a pourtant des caractères fort archaïques. L'éclatement de la famille, les parents seuls, est-ce l'unique façon de concevoir la modernité ? La liberté, l'égalité, la modération de l'autorité, l'abandon de certaines croyances, le progrès technique et scientifique, une certaine clarification de l'esprit et la pacification des mœurs, voilà ce qu'on appelle idéalement modernité ou, peut-être, civilisation. Attention à ce modernisme qui ne favorise que les tendances de liberté et d'égalité au point de les diviniser et d'abolir toute distinction comme toute contrainte. Peut-être reste-t-il du sacré dans le fait de procréer et de porter la vie. Peut-être y a-t-il dans la différence sexuelle quelque chose aussi de sacré, c'est-à-dire au sens propre qu'on ne doit pas toucher. L'homme a-t-il changé de nature ? Le modèle père-mère-enfants est-il dépassé ? Notre société, ne se fondant plus que sur une unique valeur, la liberté individuelle, est en passe d'en faire un culte nihiliste. Cette religion paradoxale engendre un monde qui, loin de créer des personnes libres, les fragilise considérablement.

     

    La part biologique, la part symbolique, la part sociale anéanties au profit de l'individu tout-puissant, il ne reste du mariage, dans l'union entre personnes du même sexe, que le chiffre 2. Encore celui-ci semble incertain, on ne voit pas pourquoi il résisterait à la force de dissolution d'une idéologie qui se présente comme le sens inéluctable de l'Histoire. Le mariage, institution la moins discriminatoire qui soit, ne floue aucunement les homosexuels, à moins qu'on considère que la Nature – ou Dieu – les a discriminés en ne leur accordant pas de procréer. Ils en sont écartés parce que leur union ne répond pas à sa définition enracinée dans la biologie autant que dans le symbolique. C'est bien là l'un des enjeux : les défenseurs du mariage homosexuel veulent déconnecter la procréation de son acte naturel mais aussi détruire les bases d'une humanité fondée sur l'altérité sexuelle. Ils passent par la question homosexuelle pour faire voter des lois touchant à la bioéthique et à la filiation.

     

    On nous fait croire qu'il y a inégalité. En vérité, tout le monde a le droit de se marier. On oublie toujours de dire qu'il existe des degrés dans l'homosexualité, que quelqu'un a pu éprouver de telles tendances et les avoir dépassées, enfin que l'homosexuel est souvent un bisexuel, attiré par l'un et l'autre sexes. Un homme peut donc avoir connu l'homosexualité et se marier avec une femme, sans que cela constitue autre chose qu'une évolution personnelle. On nous fait croire qu'il y a des situations difficiles qui seraient arrangées par le mariage homosexuel. En vérité, les délégations d'autorité dans les familles dites « homoparentales » posent peu de problèmes, puisqu'elles sont selon la loi « implicites » pour les actes quotidiens. L'héritage, lui, ne nécessite qu'une déclaration écrite. Les mêmes qui disent que 50% des enfants naissent hors-mariage pour montrer que « les mœurs ont évolué » font mine de s'effrayer que les familles « homoparentales » se trouvent hors-mariage. Si un père de famille seul élève ses enfants en habitant avec sa mère, sa sœur ou son compagnon, cela change peu de choses au regard de la loi, et on ne voit pas comment de telles situations engendreraient soudain un droit au mariage. Il peut exister des contrats entre deux personnes concernant la cohabitation, la protection ou l'héritage, sans qu'il y ait à préciser la nature de leur relation.

     

    Historiquement, le mariage protège le plus faible, le couple mère-enfant, en instituant la présomption de paternité. Il oblige les personnes à certaines contraintes en vue de consolider le couple et la famille, ce qui a une influence stabilisatrice sur la société. Il ne s'agit donc pas de la reconnaissance publique d'un amour ou d'une union. Comme dit l'adage, s'embrasser n'est pas se marier... Proposer le mariage aux unions homosexuelles ne repose donc pas sur une telle reconnaissance, ni sur leur capacité procréative qui est inexistante, mais sur les droits qu'il implique, à commencer par l'adoption. C'est donc d'abord sur ce point qu'il faudra examiner un tel projet.

     

    Lucien Fornello pour La Vaillante

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  • I – La logique du projet - Quelques réflexions sur le projet de loi « mariage pour tous »

    On pourrait croire que le projet de loi « mariage pour tous » n'a pas de conséquence pour la majorité. On entend dire : « Je ne suis ni pour ni contre, pour moi ça ne change rien. Alors, s'ils le veulent... » Outre que ce raisonnement d'indifférence est par lui-même dangereux, le « ils » ici pose un problème, car de nombreux homosexuels ne réclament nullement ce droit, voire s'y opposent farouchement. Seule une minorité le revendique vraiment, et la question divise autant que dans le reste de la société. Il y a donc d'autres raisons à ce projet que de répondre à une revendication de ces personnes, nous verrons plus précisément lesquelles. Par ailleurs, on peut comprendre que des individus éprouvent le désir d'accéder au symbole du mariage avec une personne du même sexe, mais cela reste impossible par le seul fait qu'il est défini autrement. À moins qu'on décide que le désir crée le droit, il faut examiner les conséquences d'un tel projet, la première étant précisément de changer la nature du mariage.

     

    Une étrange logique libérale semble dire : « Le mariage existe, donc j'y ai droit, quitte à en changer les règles. Les enfants existent, je veux donc en avoir, même si je ne peux pas en faire. Les femmes existent, je veux donc avoir le droit d'en louer une pour me fabriquer cet enfant. » Cette logique du droit de tous à tout est en elle-même pernicieuse, car elle n'a pas de fin. Elle conduit aux abus. Elle défait les protections des plus faibles. Elle fragmente la société. Au nom de quoi refuser la polygamie à ceux qui la réclament, si c'est leur désir ou leur tradition ? Au nom de quoi refuser des unions incestueuses, puisqu'elles existent ? Et si la science le permet, au nom de quoi refuser à certains hommes de se greffer un utérus pour porter un enfant ? Accepter ce projet, c'est d'abord consentir à cette logique de l'extension illimitée des droits qu'on qualifie d'ailleurs, dans un vocabulaire plutôt de gauche, d'ultra-libérale.

     

    Ce projet a d'abord pour effet d'institutionnaliser l'idée que l'homosexualité est une catégorie ou un statut qui donne accès à des droits. Cela peut conduire à d'autres revendications ; par exemple, réclamer des quotas dans la représentation nationale, certains l'ont proposé. Cela n'a aucun sens, mais quand une logique se met en place, elle a toujours tendance à se poursuivre. En s'en tenant à la définition la plus incontestable, l'homosexualité reste une tendance ou une pratique sexuelle, non pas une appartenance ou une catégorie. Une pratique sexuelle définit-elle les individus ? À part celui de vivre libre et en sécurité, y a-t-il une raison d'accorder quelque droit que ce soit à des individus ou à des groupes au nom de leur pratique sexuelle ? Cela signifierait que les homosexuels doivent être considérés en tant qu'homosexuels comme les autres en tant qu'homme et femme. Ce raisonnement fort dangereux pourrait se retourner contre eux, alors que la plupart n'ont rien demandé. Il y a mille façons d'être homosexuel. Il n'y a pas d'être-homosexuel bien défini, et heureusement. Il en existe au moins deux grandes catégories que personne n'oserait confondre, à savoir l'homosexualité des hommes, et celle des femmes. La différence sexuelle, on ne la déloge pas si facilement...

     

    Lucien Fornello pour La Vaillante

     

     

     

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