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La Vaillante >>> Ère 4 - Page 8

  • L'éducation, un art, au sens « d'artisanat » : les parents : premiers et principaux éducateurs en humanité

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    Grenelle de la Famille


    Il y a quelques jours, j'avais au téléphone un médecin responsable de la médecine scolaire d'un département. Il me faisait part de son désarroi devant le nombre croissant de signalements de jeunes enfants qui n'arrivent pas à s'adapter à l'école, et ce dès la maternelle.

    Depuis plusieurs années, les enseignants se plaignent de devoir faire de plus en plus d'éducatif en classe, parce que les bases élémentaires de l'éducation ne sont plus données aux enfants.
    Ils ont déjà tant à faire avec les réformes successives de l'école...
    Au cours de ma carrière professionnelle, j'ai vu évoluer les psychologues qui accompagnent les enfants. Aujourd'hui, je n'en connais pas un qui ne reconnaisse la souffrance psychologique d'enfants qui sont en manque de repères familiaux.
    Les structures sociales d'accueil des jeunes sont saturées, débordées.
    Depuis une vingtaine d'années, le gouvernement considère l'augmentation du suicide des jeunes comme un fléau national. On en parle très peu dans les medias, parce qu'on ne veut pas montrer notre impuissance face à ce phénomène. Il y a quelques années, j'apprenais qu'un enfant de 12 ans s'était donné la mort par pendaison. C'est inouï !

    On peut à l'infini développer le soutien aux enfants, refaire les programmes scolaires, déployer des équipes de psychologues, d'orthophonistes, de pédopsychiatres, d'ergothérapeutes, de maîtres spécialisés, noyer les enseignants sous des enquêtes, des réformes, des plans de remédiation...

    On ne fait que s'attaquer aux effets avec toujours plus de moyens, tout en délaissant les causes évidentes du problème. C'est exaspérant !

    Oui, l'enfance est en souffrance.

    Maslow, un sociologue réputé, a expliqué que les besoins premiers d'une personne sont les besoins physiologiques : se nourrir, avoir un toit, dormir, respirer...

    Il explique ensuite que le besoin qui suit immédiatement est le besoin de sécurité : sécurité physique, naturellement, mais également besoin de sécurité affective, psychologique.

    Dans notre société, c'est bien là que le bât blesse. Beaucoup d'enfants n'ont pas la sécurité affective nécessaire à une éducation épanouissante.

    En vingt ans, le taux de divorces en France a doublé, passant d'un peu plus de 20% en 1980 à plus de 40% en 2003, selon une étude de l'INED parue en avril 2006.

    Certains veulent nous faire croire que cette évolution serait positive, car elle démontrerait une plus grande liberté individuelle. On nous présente cela comme un « progrès sociétal ». À Paris, on peut même voir des affiches vantant « le premier site de rencontres extraconjugales pensé par les femmes ». Dans de nombreuses émissions, on nous a vanté les bienfaits de la famille recomposée, tellement 'nouvelle', tellement 'formidable', tellement 'moderne'.

    Pourtant : qui se pose sérieusement la question des conséquences sur les enfants ?

    Quel psychologue aujourd'hui niera que l'enfant souffre de la séparation de ses parents ? Je ne parle pas d'une souffrance passagère. Je parle d'un traumatisme profond, marquant, stigmatisant.
    Je me souviens de cette petite fille, en classe de maternelle, qui était pleine de vie et que je vis s'éteindre jour après jour, jusqu'à ce qu'elle me raconte que ses parents se séparaient. Sa maman se voulait rassurante : « vous savez, elle va bien, on lui a bien expliqué tout ce qui se passait. »

    Mais madame, s'il suffisait de tout expliquer aux enfants pour qu'ils acceptent, nous n'aurions plus aucun problème dans nos écoles, ni ailleurs !

    L'enfant a mal à sa famille.

    Ce que les adultes ont gagné en liberté, n'est-ce pas ce que les enfants ont perdu en sérénité, en sécurité ? Les enfants sont-ils donc devenus la variable d'ajustement des désirs des adultes ?
    Est-ce pour rien que la Convention internationale des droits de l'enfant, ratifiée par la France, rappelle en son article 7.1: « L'enfant a [...] dans la mesure du possible, le droit de connaître ses parents et d'être élevé par eux ».
    Comment ne pas faire le lien entre cet éclatement du couple et donc de la famille, et la détresse croissante des enfants ?
    C'est ce qu'exprimait il y a quelques années, une équipe de chercheurs sur la question de la petite enfance, qui, au cours d'une conférence, nous faisaient part, presqu'en s'excusant, de leurs conclusions: « pour l'enfant, ce qui est idéal, c'est d'être élevé par un homme et une femme, si possible qui soient son père et sa mère. » Encore mieux : géniteur et génitrice. Plus encore : qui s'aiment. Nec plus ultra : qui s'aiment dans la durée.
    Notre société n'est pas, n'est plus cohérente : elle ne met plus en avant l'éducation de l'enfant, mais le bonheur des adultes. Or, une société qui ne protège pas l'enfant, qui ne l'éduque pas dans un cadre sécurisant, cohérent, est une société finie.
    Car les enfants d'aujourd'hui sont les adultes de demain, et ce qui n'est pas donné aujourd'hui, qui le donnera demain ?

    Notre société est en mal de cohérence.

    Il n'y a pas d'éducation possible sans recherche de cohérence dans l'environnement de l'enfant : parents, école, société sont trois dimensions de l'éducation - avec des responsabilités diverses.
    Comment aujourd'hui éduquer un enfant quand le message de la famille est brouillé par l'environnement de la société ?
    Comment éduquer à la pudeur quand s'affiche la nudité dans la rue ? Comment éduquer à la sexualité et à l'amour, quand on sait que de plus en plus de jeunes, les enfants - je dis bien les enfants - ont un accès quasi libre à la pornographie (à douze ans, plus de la moitié des enfants ont vu un film pornographique).
    Certains voudraient « libérer l'enfant du 'carcan familial' » ; je cite M. Peillon : « Pour donner la liberté du choix, il faut être capable d'arracher l'élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel, pour après faire un choix. »
    Non, monsieur Peillon, la liberté ne vient pas d'un arrachement, mais au contraire, d'un enracinement patient, progressif, profond dans l'humanité. Et ce sont les parents qui sont les premiers et principaux éducateurs en humanité. Rien, ni personne, ne saurait les remplacer, car ce sont les parents qui sont au quotidien aux côtés de leurs enfants !

    L'éducation est un art, au sens « d'artisanat »...

    L'art de voir en l'enfant qui est devant vous, l'adulte de demain et de donner ainsi sens et cohérence à sa vie.

    L'art de s'inscrire dans la durée : on n'éduque pas avec un plan à deux ou trois ans.

    L'art de transmettre : encore faut-il avoir quelque chose à transmettre.
    L'art de poser les limites, de les faire respecter, tout en les repoussant un peu plus chaque fois que l'enfant gagne en liberté et en responsabilité.

    L'art de permettre à l'enfant de faire germer, puis croître les talents qui sont en lui.

    L'art de l'ouvrir sur la complexité du monde et de le rendre acteur de ce monde.

    L'art de le rendre autonome, libre, responsable, adulte.
    L'art de faire aimer l'effort et de lui donner du sens.
    Il ne suffit pas de « donner des ailes », il faut aussi apprendre à voler.
    Rendons l'enfance aux enfants !

    La souffrance de l'enfant est souvent silencieuse, car l'enfant a une capacité phénoménale à « encaisser ».

    C'est notre responsabilité d'adultes, de parents, d'éducateurs, de prendre résolument en mains cette grave question de l'éducation.
    Ensemble, redonnons une enfance aux enfants.

     

    Jérôme Brunet

    Président de l'Appel des professionnels de l'enfance
    Porte-Parole de la Manif pour tous

    Bordeaux , le 16 octobre 2013


    Jérôme Brunet

    Grenelle de la Famille Bordeaux (Toutes les vidéos)
    15 octobre 2013 

     

     

  • L'euthanasie… jusqu'où ? Retranscription écrite du documentaire

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    L'euthanasie…  jusqu'où ?

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    Avertissements
    La Vaillante a retranscrit les interventions orales dans le fil chronologique du documentaire.
    Ne sont cependant pas retranscrits les témoignages ou interventions suivant(e)s :
    de Marcel Celeuneur & de sa famille ; de la dame de la commission de contrôle ; de la dame témoin restée anonyme ; du Docteur Marc Cosyns ; de la professeur de lettres de l’ADMD à Apt. 
    La Vaillante s’est attachée au sens global donné par les interventions successives de l’enquête. Ces omissions volontaires ne portent pas atteinte à la compréhension du montage du film. 
    L’intervention en anglais non sous-titrée a été traduite et retranscrite ici. 
    La Vaillante a pour vocation l’écrit, avant tout.

     

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    Emmanuel Hirsch – Professeur d’éthique de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris :

    « Au départ, on a des règles de minuties extrêmement précises : c’est une personne qui est au terme de son existence. Il doit y avoir la contre-expertise de médecins. Il va falloir qu’elle réitère sa demande. Il faudra qu’il n’y ait pas d’alternative véritable d’un point de vue thérapeutique. Puis, on voit ensuite au bout de quelques années, comment cette position, qui peut être recevable, est une position que l’on transgresse au quotidien. On ne déclare pas véritablement l’euthanasie qui s’ouvre à un meurtre. On va apporter l’extension pour les grands mélancoliques en psychiatrie. »

     

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    Professeur Dominique Lossignol - Chef de clinique/Belgique, défenseur de la loi pour l’euthanasie :

    « On est face à un patient qui a une affection médicale incurable, qui est conscient, qui est majeur, pour lequel les souffrances sont inapaisables, en tout cas sont anticipées comme étant non contrôlable à terme. La maladie incurable sous-entend qu’il n’y a plus aucun espoir d’améliorer la situation par des traitements efficaces, et que le patient fait une demande réitérée, sereine, sans pression extérieure. Ça demande, déjà, ne fut-ce que cela, pas mal de temps pour s’assurer que tout est bien au clair. Il est clair qu’on ne pratiquera pas une euthanasie si le patient ne le demande pas. C’est une évidence. »

     

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    Claire-Marie Le Huu – Infirmière/Clinique de Belgique, même service que le professeur Lossignol :

    « Un anesthésiste m’a demandé d’injecter du potassium à un patient qui n’avait pas du tout demandé de mourir. Évidemment, j’ai refusé. J’en ai parlé au chef de service, au cadre infirmier, etc… Tout le monde a refusé de m’écouter, car dans tous les cas ce sont des pratiques qui leur paraissent anodines et courantes. Cette personne-là n’avait jamais demandé à mourir. Et finalement c’est quelqu’un qui l’a fait pendant la nuit. La personne ne souffrait pas de manière insupportable, ni de douleurs physiques, ni de douleurs morales. Elle avait juste besoin qu’on l’accompagne jusqu’à la fin de sa vie. Un transfert en soins palliatifs aurait été une bonne idée. Mais je ne sais pas ce qui s’est passé, les médecins n’en ont pas décidé autrement. Sans concertation avec l’équipe médicale, qui aurait pu, aussi, donner son avis. Ils ont décidé d’abréger la vie de cette personne. »

     

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    Professeur Dominique Lossignol :

    « On ne fait jamais une euthanasie dans l’urgence. Il y a toujours beaucoup de réflexion. On dit : « Attention… c’est pas pos… » On peut avoir des moments de doute, de déception, il faut toujours pondérer. On ne fait jamais rien dans la précipitation. »

     

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    Claire-Marie Le Huu :

    « On aurait pu… La démarche habituelle est de ne jamais euthanasier quelqu’un dans l’urgence comme on l’avait fait à ce moment-là. Normalement il faut soulager d’abord la personne, l’apaiser. Et puis discuter, demander à la personne de répéter plusieurs fois, effectivement, sa demande d’euthanasie. »

     

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    Professeur Dominique Lossignol :

    « On ne recule jamais devant les traitements, jusqu’au moment où on se rend compte qu’on ne peut plus rien faire. Je prends un exemple classique : un patient qui a des douleurs mal contrôlées depuis des semaines, qui vient me voir en disant : « Je n’en peux plus, je veux mourir », je dis : « Écoutez, on va d’abord contrôler votre douleur et puis on en rediscute. » Et puis on cherche le meilleur traitement antidouleur, le patient va mieux, il n’a plus envie de mourir, forcément. C’est une logique implacable. »

     

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    Claire-Marie Le Huu :

    « Il s’avère qu’en général, l’intention du médecin est bonne, en plus. C’est-à-dire que le médecin qui accompagne son patient, qui le voit dépérir, qu’il voit se dégrader physiquement et moralement, a envie au maximum de l’aider jusqu’au bout, et qu’il ne souffre pas. Et donc, l’intention du médecin à ce moment-là est de dire : « Je n’ai pas envie qu’il souffre, du coup, je préfère abréger ses souffrances maintenant, abréger sa vie maintenant, avant qu’il ne rentre dans le cercle infernal de fin de vie. » Sauf que l’attitude professionnelle est d’abord une attitude empathique. C’est-à-dire garder du recul par rapport à sa propre vie, à ses propres sentiments, à ses propres émotions, tout en accompagnant la personne du mieux que l’on peut, en s’adaptant à elle plutôt qu’en réfléchissant par rapport à nous, à notre ressenti. J’ai donc eu une énorme révolte à la suite de toutes ces histoires, parce que ce ne sont pas les seules. Je suis allée voir la direction, j’en ai parlé. Mais le milieu de la médecine est assez compliqué à gérer. Il y a une commission de contrôle de l’euthanasie et à partir du moment où une loi est crée, c’est très difficile de dénoncer des dérives. » L’enquêteur : « Selon vous, est-ce que cette loi permet de camoufler « un grand nombre » d’homicides volontaires ? » Claire-Marie Le Huu : « Je ne suis même pas certaine qu’elle camoufle. Tout simplement parce que je ne suis pas sûre de son utilité. À la base, elle a été créée pour encadrer les dérives liées à l’euthanasie, mais on se rend compte au final que les dérives existent toujours et même s’amplifient. »

     

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    Professeur Dominique Lossignol :

    « Il faut quand même un peu revenir dans la réalité, arrêter de fantasmer sur des hypothétiques dérives qu’on ne voit pas. Les dérives surviendraient s’il n’y avait pas de contrôle. »

     

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    Étienne Montéro – Doyen de la faculté de droit de Namur, auteur de « Rendez-vous avec la mort - Dix ans d'euthanasie en Belgique » : 

    « Il est pratiquement impossible de contrôler l’euthanasie. C’est ce que dit la commission d’évaluation de la loi sur l’euthanasie en Belgique. La commission elle-même le dit, elle avoue les limites de ses possibilités de contrôle. Elle avoue que la qualité de son contrôle dépend de ce que les médecins remplissent les formulaires de déclaration des euthanasies qu’ils pratiquent et qu’ils les remplissent correctement. Il est évident qu’un médecin qui est en défaut par rapport à la loi, qui a pratiqué l’euthanasie, qui ne respecte pas les conditions de la loi, il est évident que soit : il ne va pas remplir le formulaire, il ne va pas déclarer cette euthanasie à la commission ; soit il va remplir le formulaire de manière à ce qu’il n’en sera pas inquiété. Ce qui me fait peur dans cette loi c’est que de plus en plus on pratique des euthanasies sans le consentement du patient, voire contre le consentement du patient. Chose qui résulte déjà d’une étude qui a été publiée récemment, qu’à peu près une euthanasie sur deux est réalisée sans le consentement explicite du patient. Alors que la philosophie de la loi et ses promoteurs juraient que ce serait l’euthanasie sur demande. La philosophie de la loi c’est le respect de l’autonomie, c’est le respect de l’auto-détermination du patient. »

     

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    Emmanuel Hirsch – Professeur d’éthique de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris :

    « On n’achève pas les malades comme s’ils avaient perdu toute humanité ! Il y a des droits fondamentaux. Et encore une fois, n’agitons pas les grelots de la religion ou de valeurs transcendantes. Au quotidien, quand vous êtes malade et que vous êtes déjà vulnérable à la maladie, vous attendez d’autres réponses que le côté expéditif qui dit : « Voilà, la seule solution c’est de vous euthanasier ». »

     

    Un médecin chef de service d’un hôpital publique a voulu profiter de l’expérience de dix ans de pratique de l’euthanasie en Belgique pour questionner ses confrères belges.

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    Bernard Devalois – Chef de service de soins palliatifs de l’hôpital de Pontoise :

    « L’idée a été d’interroger nos collègues professionnels de santé : médecins, infirmières… impliqués en Belgique dans les soins palliatifs et de leur demander comment ils vivaient ces dix ans de légalisation de l’injection létale en Belgique, comment ça se passait ; comment on pouvait faire de l’accompagnement en fin de vie tout en ayant cette autre alternative qui consiste à provoquer artificiellement la mort par une injection. J’ai été surpris par la tonalité des réponses à ce questionnaire, qui en gros est de dire : « Finalement, on n’est pas satisfaits, nous, professionnels de santé dans les soins palliatifs, de cette législation de l’injection létale parce que quand on en est à se dire : « je vais faire un acte que je n’approuve pas, parce que si ce n’est pas moi qui le fait, il sera fait par d’autres dans de moins bonnes conditions. » Je n’ai pas envie de me retrouver dans cette situation-là, demain, dans mon exercice professionnel en France, à me dire : « Je vais faire des injections létales parce que moi je sais à peu près faire ça, alors que si c’est fait par un autre collègue qui n’y connaît rien ce sera mal fait ». »

     

    La question de la formation et de la compétence du corps médical est au cœur du débat entre professionnels de santé. Cette infirmière totalise trente années de pratique et de formation des élèves infirmiers. Elle a vu évoluer la qualité des soins :

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    « J’ai l’impression qu’on a reculé. Quand on faisait des soins palliatifs au début, bénévolement, avec très peu de moyens, la qualité était nettement meilleure que ce qu’on peut trouver maintenant. J’ai donc été témoin de plusieurs situations. Je rappelle que je suis enseignante. J’ai été témoin avec des étudiants, qui parfois n’avaient que dix-huit ans, qui comprenaient très bien ce qui se passait. Il y en a qui arrive à peine à parler de ce qu’ils ont vu, de ce qu’ils ont été obligé de faire parfois, ou de participer. Je mets en mots, je leur permets de déposer ce fardeau, de déculpabiliser, parce qu’ils n’ont pas tué le patient, mais ils se sont retrouvés dans une situation où on ne leur a pas laissé le choix. »

     

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    Bernard Devalois – Chef de service de soins palliatifs de l’hôpital de Pontoise :

    « La grande surprise a été la confirmation de ce que dit un papier extrêmement important sur les pratiques notamment en Flandres, c’est que relativement souvent ce sont des infirmières qui pratiquent l’injection létale, alors que c’est parfaitement illégal en Belgique : ce doit être un médecin qui fait l’acte. »

     

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    L’infirmière qui totalise trente années de pratique et de formation des élèves infirmiers :

    « Souvent c’est l’acharnement thérapeutique, c’est le fait qu’un patient a demandé à ne pas être réanimé dans l’état où il est déjà, mais on va quand même le réanimer. Ce sont les personnes âgées qui sont en maison de repos et de soins, dans une institution, qui ont demandé qu’on ne les renvoie plus à l’hôpital, mais on le fera quand même. C’est souvent passer au-dessus de l’avis du patient, c’est l’ignorer. C’est le fait aussi, souvent pour l’infirmière, de se retrouver seule en première ligne et de ne pas se sentir outillée pour assumer les responsabilités quand quelque chose se passe. »

     

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    Emmanuel Hirsch – Professeur d’éthique de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris :

    « J’ai l’impression flagrante que la violence de l’acte euthanasique ou de la pensée de l’euthanasie est une violence qui mutile. Et qui mutile aussi les survivants, parce que, comment survit-on au fait qu’on a tué l’autre ? Quels que soient la forme, les justifications et la loi, pour un médecin ?… en regardant les témoignages de médecins, des infirmiers qui étaient au front par rapport à ces questions ? Et pour les proches ?… d’avoir été en quelque sorte complices de quelque chose qui semblait le moindre mal, mais qui devient le pire dans la mémoire qu’on a d’un acte qu’à un moment donné on ne peut plus supporter. »

     

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    L’infirmière qui totalise trente années de pratique et de formation des élèves infirmiers :

    « On se demande à quoi on a servi et ce qu’on a fait. En tout cas, comme enseignante, je me demande encore à quoi je sers. Parce que j’estime que la formation n’est pas ce qu’elle devrait être. Que les professionnels que nous mettons sur le marché du travail n’ont pas les compétences requises. Et celui qui va en pâtir, c’est forcément le patient. Maintenant je reconnais, avec le recul et peut-être parce que j’ai pris de l’âge, que j’ai peur aussi. Parce que la médecine se dégrade, parce que comme toutes les infirmières de mon âge je me demande où j’irai me faire soigner quand j’en aurai besoin. Parce que je n’ai plus confiance. Ni dans le système, ni dans les soignants. J’ai peur d’être mal soignée et peut-être d’en arriver à préférer disparaître. C’est le principal sujet de conversation quand on se retrouve entre personnes de la même génération. Parce qu’elles savent très bien les excès auxquels la médecine est capable d’adhérer à l’heure actuelle. »

     

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    Professeur Dominique Lossignol :

    « La vocation du forum EOL, qui donne une formation en matière de fin de vie, est surtout destinée à des médecins qui seront capables de conseiller des collègues. Ce ne seront pas eux qui vont pratiquer l’euthanasie, ce n’est pas cela le but, mais qu’ils soient au moins compétents en ce qui concerne le domaine pratique, juridique, philosophique… qui puisse être une aide substantielle pour les collègues qui n’ont jamais pratiqué d’euthanasie. »

     

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    Béatrice Delvaux – Rédactrice en chef du journal Le Soir :

    « La position est très, très clair ici au Soir. C’est la mienne mais c’est celle du Soir, c’est celle de tous les journalistes ici. Parfois, on a des débats plus compliqués, sur le voile par exemple, mais là, il n’y a aucun doute, la possibilité offerte par la loi de pratiquer une euthanasie volontaire avec certains critères, on est pour. Et on a même pris des positions en faveur d’une euthanasie des mineurs, possible pour les mineurs par ce qu’il y a des projets de loi déposés en ce sens en Belgique, sous certaines conditions. »

     

    En France :

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    Professeur Louis Puybasset – auteur avec Marine Lamoureux de « Euthanasie le débat tronqué » aux Éditions Calmann-Lévy :

    « L’affaire Humbert est extrêmement marquante puisqu’on se rend compte que ce patient-là avait des séquelles neurologiques très importantes, qu’il était sous tutelle, qu’il avait une compétence qui n’était pas du tout à 100% de sa compétence initiale. La question est : « Est-ce que cette réanimation était proportionnée ; est-ce que ces soins étaient proportionnés initialement ; et puis, est-ce que ce malade pouvait être le fer-de-lance de la demande d’euthanasie en France ? C’est le juste soin, c’est le soin proportionné à son pronostic. C’est aussi savoir accompagner, éviter des acharnements thérapeutiques indus. Une médecine qui tourne en rond s’auto alimenterait sans que ce soit vraiment utile pour le patient. Savoir baisser les bras au bon moment. C’est la question du moment opportun qui est capital, c’est la question de la proportionnabilité. Actuellement, nous ce qu’on essaie de faire, c’est de rajouter de la science dans tout ça. C’est de bien analyser le cerveau, de bien quantifier les choses et essayer de savoir quel sera l’avenir du patient. S’il se réveillera ou s’il ne se réveillera pas. Car effectivement si on est certain que le malade ne se réveillera pas, tout ça est assez inutile, c’est disproportionné. »

     

    En France, l’accent est mis depuis plusieurs années sur le développement des soins palliatifs. Objectif : accompagner.

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    Emmanuel Hirsch – Professeur d’éthique de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris :

    « Il y a des établissement de l’Assistance Publique les professionnels ne font pas le Top 50 des baromètres des meilleurs établissements, qui ont les fracassés de l’existence, où vous avez une communauté humaine comme on aimerait que la cité soit, aujourd’hui. Ils sont dans une présence à l’autre qui me paraît énigmatique, et quelques fois insoutenable, mais ils ne désertent pas. Ils se disent témoigner à l’autre, quelque soit même sa capacité à le comprendre, que la vie est toujours présente, que la démocratie est toujours sensible à ce qu’ils sont. Témoigner que la société ne les a pas abandonnés est pour nous l’ouvre essentielle. Quand je vois ces professionnels avec les proches qui ne désertent pas, qui reviennent alors que c’est difficile, je me dis que ce sont des lieux emblématiques de la résistance par rapport à nos valeurs. »

     

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    Professeur Dominique Lossignol :

    « L’aboutissement de cette procédure est quand même le fruit d’une réflexion politique et démocratique. Et on s’est rendu compte que si on établissait une évaluation a priori, donc avant de poser l’acte, pour voir si l’acte était judicieux ou non, on pourrait s’attendre à des blocages systématiques et le patient allait mourir avant d’avoir obtenu la réponse de n’importe quelle commission. »

     

    Près de la moitié des membres de la commission de contrôle appartiennent à une association dont le but est la promotion de la légalisation de l’euthanasie. Des experts juges et parties et des médecins qui, au fil du temps, apparaissent moins ancrés dans leurs certitudes.

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    Claire-Marie Le Huu – Infirmière :

    « Quand je discute de cela avec de fervents partisans de l’euthanasie, les médecins qui ont participé à la création de la loi, etc… je me rends bien compte que ce sont quand même des choses qui leur posent un petit peu problème. Ils n’ont pas vraiment d’arguments, à part le fait qu’il y ait une liberté individuelle, que pour les « mineurs émancipés », donc pas encore adultes mais capables pour certains de comprendre ce qu’est la vie et la mort, etc… Il y a une tonne d’arguments possibles au cas par cas, mais le cas par cas pour une loi, c’est quand même assez compliqué. Ils se rendent bien compte qu’il peut y avoir des dérives assez importantes, et du rôle que va avoir à jouer la médecine. Parce qu’autant on peut imaginer comprendre dans une situation de fin de vie avec des personnes incurables qui souffrent énormément, que le médecin participe à la fin de vie de la personne en l’euthanasiant. Mais en revanche, quel est le rôle de la médecine pour une personne âgée qui n’a pas de maladie incurable, une maladie qui vient attenter à sa vie, ou pour l’euthanasie des enfants ? »

     

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    Jacques Ricot – Auteur de « Éthique du soin ultime », préfacé par Jean Leonetti, aux Éditions ENSP/Presses de l’EHESP :

    « Jamais le mot de « euthanasie » que les grecs et les latins ont utilisé n’a signifié ce qu’il signifie aujourd’hui, c’est-à-dire le fait de donner la mort intentionnellement à quelqu’un pour abréger ses souffrances ; c’est le sens contemporain très récent dans notre histoire. Au XIXème siècle encore « euthanasie » signifiait simplement ce que veulent les soins palliatifs aujourd’hui.
    « Mourir dans la dignité » c’est mourir de façon accompagnée, sans obstination déraisonnable, en soulageant la douleur. Mais dire qu’on perd sa dignité parce qu’on est dans un état de grande vulnérabilité, j’ose dire que c’est une tricherie sur les mots, et même il y a à mes yeux carrément un hold-up sémantique d’une association qui utilise ce terme « mourir dans la dignité ». Chaque fois que j’ai un débat publique avec des représentants de cette association je m’aperçois qu’en réalité ils veulent dire « mourir dans la liberté ». Parce que la dignité ne peut jamais se perdre. C’est la valeur inconditionnelle accordée à tout être humain dès lors qu’il est un être humain. »

     

    La France privilégie depuis huit ans les soins palliatifs. Dans cette unité d’un hôpital publique on reste dubitatif sur l’opportunité de légaliser l’euthanasie.

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    Deux infirmières – Unité de soins palliatifs/Hôpital publique, Paris :

    « Ici, c’est un lieu de vie, ce n’est pas un lieu de mort. On n’apprend pas spécialement à s’occuper de la mort, on apprend à s’occuper des vivants et des patients. On apprend beaucoup de choses sur les relations humaines.
    Je n’ai jamais vu autant d’humanité qu’ici. »

    Depuis 2005, la Loi Leonetti prévoit plusieurs cas de figure pour soigner et mettre fin à la vie d’une personne, y compris l’arrêt des traitements.

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    Une troisième infirmière – Unité de soins palliatifs/même établissement, Paris :

    « On se rend compte, quand on en discute avec des gens lambda dans la rue, qui une fois qu’elles savent qu’on est en soins palliatifs se mettent à me parler de l’euthanasie, que c’est une question très mal connue. Une fois qu’on leur explique qu’il existe la loi Leonetti, qu’il y a moyen vraiment de ne pas souffrir, d’être écouté, d’être pris en charge correctement, les gens à la fin de la discussion, au bout d’une heure ou deux, finissent par dire : « En fait, c’est très bien qu’on en ait discuté parce que maintenant j’ai changé d’avis : je pense que l’euthanasie n’est pas forcément la première des solutions. »

     

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    Bernard Devalois – Chef de service de soins palliatifs de l’hôpital de Pontoise :

    « Le problème est que cette loi Leonetti n’est pas complètement appliquée dans la pratique, notamment parce qu’il n’y a pas de sanction. C’est-à-dire qu’on interdit aux médecins, mais un médecin qui fait de l’obstination déraisonnable, de l’acharnement thérapeutique, n’est pas sanctionné. Sanctionnons les médecins qui font des choses inacceptables. Ce sera, à mon avis, beaucoup plus intelligent et efficace pour nos concitoyens que d’autoriser ces mêmes médecins, une fois qu’ils en ont fini avec l’obstination déraisonnable, de prendre une seringue et de provoquer artificiellement la mort du patient. »

     

    L’enquêteur :

    « Vous voyez-vous pratiquer l’injection létale comme la loi va peut-être le permettre ? »

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    Les deux infirmières – Unité de soins palliatifs/Hôpital publique, Paris :

    « Je ne me vois pas du tout faire une injection létale. Parce que ce n’est pas à moi de décider qui va mourir et à quel moment. »

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    La troisième infirmière :

    « Ce que je crains c’est que les autres paramètres ne soient pas vraiment explorés. À savoir : la souffrance du patient, les problèmes qu’il peut avoir avec sa famille, les difficultés qu’il rencontre depuis le début de la maladie… Tout un tas de choses d’ordre plutôt relationnel, qui risque de ne pas être pris en compte si cette loi passait. »

     

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    Professeur Louis Puybasset :

    « C’est tout un business médical aussi. La médecine en France c’est 11,5% du PNB, aux États-Unis ils sont quasiment à 17%. Ce sont des sommes d’argent considérables. Il y a tout un tas de gens qui ont énormément intérêt à ce que les médecins prescrivent beaucoup d’examens, de médicaments, de matériels médicaux implantables. Il y a toute une économie du soin qui est aussi basée sur une consommation, on est quand même dans une société de consommation. L’euthanasie est ce revers de l’acharnement thérapeutique, c’est la même pièce qui a deux faces. L’euthanasie vient souvent comme une demande de réparation d’un acharnement qui a été totalement disproportionné. »

     

    Après dix ans de pratique et malgré des données assez inquiétantes sur les conditions dans lesquelles sont pratiquées les injections létales, les Pays-Bas et la Belgique continuent d’expérimenter de nouveaux moyens pour aller encore plus loin. Nous entrons dans les bureaux d’une clinique entièrement vouée à l’euthanasie et qui a été inaugurée le 1er novembre 2012, jour de la fête des morts :

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    Stefanie Michelis – Clinique fin de vie/Pays-Bas :

    « Le bâtiment de la clinique est pour l’instant un bureau. La clinique consiste en dix-sept équipes déployées sur le territoire des Pays-Bas qui vont vers les patients, leurs parlent, établissent une relation. Le médecin juge si les critères ont été remplis et si tout est conforme à la loi. Puis le second médecin donne son aval et là il y a une bonne chance pour que l’on procède à cette euthanasie.
    Mais nous ne savons pas encore si la clinique est une bonne solution ou pas.
    À la base, ce sont des patients qui souffrent et dont le médecin pour une raison ou pour une autre ne se sent pas à l’aise avec l’euthanasie. Il y a beaucoup de sortes de maladies et de personnes concernées. »

    L’enquêteur :

    « Dans quel cadre acceptez-vous de pratiquer l’euthanasie ? »

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    Stefanie Michelis :

    « La loi dit : « La souffrance doit être insupportable » mais ne précise pas si c’est une souffrance physique ou psychique. Alors… Mais c’est différent… À la fin, c’est très difficile de décider. Les psychiatres sont très souvent convaincus qu’il y a un autre traitement ou un autre médicament pour ces gens. »

    L’enquêteur :

    « Mais alors, comment savoir quand il faut pratiquer l’euthanasie ou continuer les soins palliatifs ? »

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    Stefanie Michelis :

    « Les soins palliatifs c’est quelque chose que les médecins… ce n’est pas la requête du patient, c’est une décision médicale. C’est seulement pratiqué quand un patient a deux semaines ou moins encore à vivre. Mais pour l’euthanasie il n’y a pas cette limite. La chose est que c’est insupportable. Vous pouvez peut-être vivre cinq ans de plus avec cette souffrance insupportable, mais vous ne le voulez pas. C’est cela la grande différence. »

     

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    Bernard Devalois – Chef de service de soins palliatifs de l’hôpital de Pontoise :

    « On va faire l’interruption volontaire de vieillesse, si vous avez plus de soixante-dix ans, vous allez à l’hôpital, on va vous le faire ! Arrêtons de marcher sur la tête ! Faisons des actions pour que les personnes âgées qui se trouvent dans la solitude, qui sont mal pris en charge dans tel ou tel établissement avec des pratiques qui ne sont pas acceptables… au lieu de dire : « ce n’est pas acceptable donc on va faire une injection létale », faisons en sorte qu’on prenne soin, au sens vrai du terme, qu’on prenne soin des personnes âgées, qu’on prenne soin des personnes en fin de vie qu’elles soient âgées ou pas, qu’on développe donc cet accompagnement en fin de vie et que ce soit un geste citoyen, un geste solidaire, que la société considère qu’on ne doit pas abandonner celui qui meurt. »

     

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    Jacques Ricot – Auteur de « Éthique du soin ultime », préfacé par Jean Leonetti, aux Éditions ENSP/Presses de l’EHESP :

    « En dépénalisant l’euthanasie, comme l’ont fait les pays du Benelux, on ouvre la boîte de Pandore parce qu’on a dit que c’était un geste de soin que le geste qui arrêtait le soin. »

     

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    Professeur Dominique Lossignol :

    « L’euthanasie n’est pas la seule solution à la fin de vie et si on est compétent dans son domaine on peut trouver des alternatives avec le patient que l’on peut négocier avec lui. »

     

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    Professeur Louis Puybasset :

    « Que des gens veulent mourir, cela ne me gêne pas du tout, mais que la société valorise cela et l’entérine comme un choix, je pense que c’est un signal social qui est vraiment de dire : « Nous préférons la valorisation de l’autonomie et de la liberté contre la valorisation du lien. Or nos sociétés aujourd’hui, ce qu’elles demandent, ce dont elles manquent, c’est de liens. »

     

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    Christine Defraigne – avocate à Liège/ Députée au parlement de la fédération Wallonie-Bruxelles :

    « La loi peut être améliorée sur certains points. J’ai coutume de dire que les lois de bioéthiques sont biodégradables — et dans le cas de l’euthanasie c’est vrai —, en ce sens qu’on ne légifère pas — toujours ce mauvais jeu de mot — pour l’éternité, et qu’il y a des situations qui peuvent se présenter et qui nécessitent que la loi soit adaptée, soit amendée ou soit amodiée. Par exemple, la question de l’euthanasie des mineurs : la loi actuelle permet, si on respecte les conditions de procédure, de procéder à l’euthanasie de personnes majeures ou de ce qu’on appelle des « mineurs émancipés » c’est-à-dire des mineurs de quinze ans. Or il y a un certain nombre de situations où de grands mineurs de seize ou dix-sept ans peuvent avoir un regard sur, bien sûr, leur souffrance, avoir leur propre opinion sur leur droit de mourir dans la dignité, et pourraient à mon sens, moyennant toujours des conditions de procédure à discuter, et bien sûr, l’intervention des parents, mais demander leur euthanasie. »

     

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    Bernard Devalois :

    « On est évidemment en dérive. C’est cette fameuse notion de la pente glissante. C’est-à-dire que si je mets le petit doigt dans le truc, je vais bientôt y mettre ça (il montre son avant bras), et c’est naturel. Il y a un philosophe français contemporain que j’aime beaucoup, qui s’appelle Pierre Dac, qui disait : « Au-delà des bornes, il n’y a plus de limites ». Et c’est bien ça le problème : au-delà des bornes, il n’y a plus de limites. »

     

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    L’infirmière qui totalise trente années de pratique et de formation des élèves infirmiers :

    « Moi je dirais : « ne vous précipitez pas ». Parce qu’avant d’en arriver à des décisions pareilles — et je n’estime pas avoir le droit d’obliger quelqu’un à vivre — avant d’en arriver à une décision pareille, il faut être sûr que l’on a pris cette personne en charge de manière parfaitement compétente, et qu’on ne va pas pratiquer une euthanasie parce qu’on n’est pas capable de s’en sortir avec ce patient, qu’on se croit dans une situation sans issue, sans solution. Alors que si vous interrogez les gens qui sont en soins palliatifs, ils ne reçoivent que des patients dont les autres ne savent plus quoi faire. Moi, des patients que j’ai vus, des patients sur lesquels on a pratiqué le meurtre, on m’aurait laissé trois ou quatre heures, je réglais leur problème, et ils rentraient chez eux. Simplement, ils ont été tués par incompétence. »

     

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    Emmanuel Hirsch :

    « Si demain on légalise l’euthanasie c’est un signal extrêmement fort comme quoi d’une manière dérogatoire — sous certaines conditions qui seront bien vite diluées par rapport aux pratiques — de manière dérogatoire on autorise à tuer. Et qu’on autorise des médecins à tuer, ça m’interroge, parce que ce n’est pas leur mission. Si demain vous allez dans un cabinet médical et que vous êtes soigné par un médecin et que vous doutez des raisons pour lesquelles il ne vous soigne pas, vous pouvez vous interroger, surtout dans un contexte de restriction économique, de choix, d’injustice par rapport aux soins. Il faut mettre tous ces éléments bout à bout. Alors il y aura des personnes qui effectivement auront un environnement très favorable, informé, qui pourront prétendre justifier aller plus loin. Et d’autres, on aura l’impression que c’est comme une évidence, il faut arrêter-là le parcours. Donc vous voyez en quoi ça impacterait des personnes plus vulnérables que d’autres, et en quoi ça interroge la question de la démocratie. »

     

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    Professeur Louis Puybasset – auteur avec Marine Lamoureux de « Euthanasie le débat tronqué » aux Éditions Calmann-Lévy :

    « C’est quand même le dernier recours, l’hôpital. Il faut voir que dans notre société d’aujourd’hui, la dernière frontière c’est l’hôpital, quand même. C’est là où les enjeux sociaux sont très forts, c’est là où se confronte une sorte de vraie humanité. Là on sort des faux-fuyants de l’argent, du vernis social. On est quand même confronté à des réalités dures. Et l’hôpital est là pour dire, justement, que le lien l’emporte sur l’individu. »

     

    Une enquête de Pierre Barnerias,
    Anne-Laure Cahen, Clotilde Baste
    ©TPROD 2013
    www.leuthanasiejusquou.com

     

     

    L'euthanasie… jusqu'où ?

  • Ne pas tomber dans les travers de ceux qui pensent que aimer son pays c'est forcément détester les autres

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    Camel Bechikh de l’association Fils de France développe ce qu’est le patriotisme. (Extraits retranscrits de la vidéo présentée ci-après.)

     

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    "(…) C'est (peut-être) l'excès des vagues migratoires qui engendre une certaine anxiété dans une société qui va de moins en moins bien du point de vue économique, mais aussi du point de vue identitaire, et cet excès provoque une réaction, qui d'ailleurs me semble très disproportionnée vis à vis des musulmans puisque la mutation de la France durant ces 20 ou 30 dernières années est d'abord le fait de la modernisation, de l'américanisation. (…)"

     

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    "Tous les immigrés ne sont pas musulmans, tous les musulmans ne sont pas immigrés : il faudrait pouvoir distinguer ce qui relève des rapports Nord-Sud, ces poussées migratoires, et de l'islam français qui a vocation à s'acculturer (des français qui veulent maintenir leur culte parce qu'il est tout à fait compatible avec les valeurs, qu'elles soient monarchiques ou républicaines, parce que la France n'est pas née en 1789), et les vagues migratoires qui doivent être limitées pour le bien commun."

     

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     "Aujourd'hui, l'Histoire de France, malheureusement, est un objet de culpabilisation, tandis qu'il y a eu une époque où elle était un objet de fierté. Je crois qu'il est fondamental que les français, quels que soient leurs origines ou quelle que soit leur spiritualité, se ré-approprient la lecture de l'Histoire, pour en effet, reconnaître les parts sombres de cette Histoire, mais surtout la majorité de l'Histoire de notre pays qui donne davantage à en être fier. Et plus les français deviendront fiers de leur Histoire et plus ils envisageront l'avenir de ce pays grandement. Plus on a une vision culpabilisante ou une vision dévalorisante de l'Histoire de France, plus nous renonçons à la place au niveau international qu'a la France…"

     

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     "L'art de la communication, c'est l'art de la guerre, finalement : la guerre se passe d'abord à travers des messages qui structurent les mentalités de telle manière à les décourager dans la bataille. Il ne faut pas tomber dans le "panneau", mais au contraire définir ce qu'est le patriotisme, le ramener à ce qu'il est réellement, c'est-à-dire à une identité politique classique, de base, dans l'ensemble des pays du monde (et nous, en France, on parle très timidement de "patriotisme" quand d'autres pays parlent très fièrement de "nationalisme", comme dans ceux du Tiers Monde)… Ne pas tomber dans les travers de ceux qui pensent que aimer son pays c'est forcément détester les autres. Loin s'en faut : aimer son pays c'est avoir un rapport aussi de bonne intelligence, de bonnes relations avec les autres pays."

     

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    "À Fils de France nous tenons à une France souveraine, de façon à ce qu'elle ne soit pas dépossédée, de sa défense, de sa diplomatie… Aujourd'hui, un nombre trop important de nos lois sont décidées à Bruxelles. Le fait qu'une Europe forte se dégage pour tenir tête aux pays, notamment, émergents, c'est souhaitable, mais cela ne doit pas se faire dans la perte d'identité."

     

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    "Le pays est en danger : c'est un fait. L'Histoire du pays doit être redécouverte par les jeunes générations. Force est de constater que l'Éducation Nationale est en train de limiter cette transmission de la mémoire, cette transmission de l'Histoire aux jeunes générations, qui en fait des amnésiques forcés. Ne pas savoir d'où l'on vient c'est souvent ne pas savoir où l'on va, et c'est sûr qu'avoir conscience de la grandeur de la France apporte une certaine fierté qui donne l'envie du maintien de cette grandeur du pays. Mais "À cœur vaillant, rien impossible", comme disait Jacques Cœur."

     

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    "La passivité est source de désespoir, tandis que dans l'action, à travers des victoires, ne serait-ce que minuscule, on redécouvre l'espoir et en additionnant des centaines de milliers de français qui retrouveront l'espoir, je suis plutôt enthousiaste pour l'avenir de notre pays."

     

    Camel Bechikh
    pour Avant-Garde économique
    septembre 2013

     

  • La libre conscience : cette capacité à penser la société

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    Invitée à la Faculté de théologie réformée d’Aix-en-Provence Georgina DUFOIX fit cette déclaration   « je veux attirer votre attention sur le fait que l’intolérance politique est parfois plus cruelle que l’intolérance spirituelle, dont pourtant on a tellement parlé. Rabaut Saint-Etienne est mort pour avoir refusé de voter la mort du roi. Il a été réhabilité par la suite… Il est important de voir combien l’intolérance politique peut être cruelle et radicale ». Cette citation de Georgina Dufoix s’est alors imposée à l’aune de ce changement de paradigme traversant la société, changement radical des conceptions autour de l’homme dont les incidences peuvent peser demain sur notre libre arbitre comme homme, comme citoyen habité par des convictions philosophiques ou simplement spirituelles.

    Nous savons que la conscience ne se réduit pas à une seule sensation d’existence mais elle est constituée d’une dimension cognitive qui est essentiellement adossée à la culture… 

    Or cette dimension cognitive de la conscience, le libre arbitre de l’homme, nourrie par les savoirs est sans aucun doute en péril. Nous avançons dans ce texte l’hypothèse d’une conjonction d’éléments interagissant entre eux, altérant, atomisant la dimension de la conscience, cette capacité à penser la société. Ces menaces s’articulent autour du nivellement de la culture, du divertissement, de la crise, de l’idéologie, facteurs qui participent en s’intriquant à la déconstruction de l’être…

     

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    Un nouveau contexte social et une nouvelle problématique pour la conscience

    L’actualité 2013 a largement nourri cette thématique de la libre conscience, conscience qui dans sa dimension ontologique a été violemment malmenée dans les dimensions anthropologiques fondatrices de notre humanité.  Dans cette culture du divertissement, il devient aisé de rendre la conscience plus malléable. La plasticité du cerveau est ainsi comme étourdie par les petits plaisirs de la société consumériste. Cette société marchande et de l’image  se prête dès lors davantage à accueillir les réformes sociétales sans en réaliser les enjeux pervers touchant la déconstruction des représentations relativement à l’identité humaine. 

    Ainsi le socle de la famille est aujourd’hui fragilisé, déstructuré par les aléas qui ne découlent pas nécessairement de réformes sociétales mais bien des conceptions marchandes qui produisent du rêve, un rêve d’égalité donnant l’illusion de s’affranchir des servitudes d’une soi-disant morale trop contraignante, bien trop pesante.

    Au lieu de construire des repères, des limites pour consolider le bien commun issu des rapports, des relations dont le socle a pour essence la famille, la loi entend sublimer les mœurs, les épouse en quelque sorte. En magnifiant les mœurs, la loi façonne un autre type de société qu’il faut finir par imposer, ce que la morale librement n’avait pas elle érigé en règles.

    Mais la loi qui transgresse l’anthropologie ne suffit pas pour modifier les mentalités : il faut le recours à un monopole idéologique, une  conception d'une nouvelle vérité qui ne supporte pas  l’ancienne vision anthropologique de l’humanité.

    À travers l’histoire, souvenons-nous de la violence qui habite les idéologies voulant faire régner une conception de l’homme. Ainsi, comme le rappelle un écrivain français dans un article paru dans le Point « Pendant 70 ans, d'une manière sanglante, implacable, le pouvoir soviétique s'est employé à lobotomiser le peuple russe, à le couper de ses racines culturelles et spirituelles, à lui faire croire que cela seul qui importait, c'étaient désormais "les valeurs du marxisme-léninisme", à interdire aux enfants chrétiens de porter au cou leur petite croix de baptême. Vu la catastrophe inouïe que constitua cette hystérique tentative de décervelage [...], je n'imagine pas une seconde que notre ministre de l'Éducation nationale, M. Vincent Peillon, puisse désirer quoi que ce soit de comparable pour la France. »

    Ainsi la conscience comme mémoire et comme appréhension des enjeux qui se dessinent à ce jour me semble comme en péril, menacé, oui affaibli par une forme de délitement de la pensée, de la culture du bien, du beau et du vrai. Les démiurges de cette nouvelle conscience s’emploient aujourd’hui à la transformer et ce à travers l’école.


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    Une définition de la conscience

    Sur un plan strictement psychologique, la conscience associe concomitamment une perception de soi, de soi comme identité unique, une représentation sensible de sa propre existence, la reconnaissance d’une identité indivisible au sein de son environnement.

    Sur un plan philosophique  la conscience se définit également comme la faculté  qui permet d'appréhender les phénomènes, de les analyser, de les comprendre, de prévenir les menaces qui pèseraient sur sa propre survie et celle de son espèce.

    Sur un plan cognitif, la conscience est une forme de mémoire. La conscience se façonne de matériaux qui lui sont transmis via la culture, la culture comme une construction de l’être, la prise de conscience d’un tout qui résulte de l’héritage d’un capital culturel.

    Il convient de souligner que c’est la culture qui nourrit  l’être dans toutes ses composantes. Or, à rebours d’une conscience façonnée par la culture, c’est la dimension philosophique et cognitive de la conscience qui fait l’objet d’une entreprise d’affaiblissement. Cette culture permet à l’homme de penser ce qu’il est.  Dans les ambiances totalitaires, la transmission de la culture n’est probablement pas la bienvenue.


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    La libre conscience un enjeu de société

    La conscience des individus représente un enjeu pour les sociétés qui soit poursuivent l’objectif de plénitude de l’individu soit a contrario entendent la contrôler ou pire l’atomiser pour anéantir toute révolte ou toute faculté rétive.

    Toutes les sociétés totalitaires naissant de l’indifférence des individus, il suffit de les distraire, de les divertir.  Hannah Arendt  avait relevé cette problématique morale d’une société plongée dans une forme de nihilisme culturel, détachée de la recherche de sens. Rappelons cette citation de la philosophe, citation fulgurante : "C'est dans le vide de la pensée que s'inscrit le mal.

    Le refus de s’indigner, le renoncement de soi, ne plus dénoncer les formes d’injustices conduisent inévitablement à installer le caractère liberticide de l’état. Les sociétés totalitaires ont toujours pour démarche la volonté d’anéantir  la fonction de penser, la capacité de réagir.

    Les facultés de conscience, savoir appréhender, savoir analyser, savoir poser les problèmes ont toujours dérangé les gouvernances. Le changement de la conscience est engagé à l’aune d’une société galvanisée par la facilité d’accéder au plaisir des sens et aux promesses que lui font miroiter les temples de la consommation.

    Dans de tels contextes,  le délitement de la conscience est engagé, altération de la conscience qui puiserait son origine dans plusieurs sources : le nivellement de la culture, le divertissement, la crise économique qui épuise et déstructure l’homme et enfin  l’idéologie de la laïcité et théorie du genre diffusée par l’école…

    Le nivellement de la culture

    La culture n’est-elle pas la dimension d’un héritage qui aide à penser par soi-même ? Ne remplit-elle pas une fonction d’épanouissement de l’individu ? Or force est de constater que la dimension culturelle est de plus en contestée y compris dans les milieux de la « bien-pensance ». L’homme de la cité est passé d’un statut de citoyen à celui de simple consommateur devenu addicte des temples de la marchandisation où la fonction de penser par soi-même n’est pas utile quand il suffit de satisfaire des besoins, des appétits de consommation.

    Le discours de Victor Hugo énoncé à l’assemblée nationale est frappant, interpellant, sonne comme un avertissement en regard de cette puissance de la matérialité, du plaisir marchand qui appauvrit la recherche du bien commun dans sa dimension spirituelle et culturelle : « Eh bien, la grande erreur de notre temps, affirme l’écrivain, ça a été de pencher, je dis plus, de courber l’esprit des hommes vers la recherche du bien matériel.
    Il importe, messieurs, de remédier au mal ; il faut redresser pour ainsi dire l’esprit de l’homme ; il faut, et c’est la grande mission […] relever l’esprit de l’homme, le tourner vers la conscience, vers le beau, le juste et le vrai, le désintéressé et le grand. C’est là, et seulement là, que vous trouverez la paix de l’homme avec lui-même et par conséquent la paix de l’homme avec la société. »
    http://fr.biobble.com/membres/1042/victor_hugo/anecdotes-12500

    La culture consumériste est finalement l’envers de la culture, une anti-culture, celle d’une forme d’anéantissement de la pensée, la construction d’une pensée unique comme le mentionne Nabil EL-HAGGAR Vice-président de l’Université Lille 1,  pour qui « se pose la question de savoir si notre démocratie est encore capable de faire face à la pensée unique et de sauver la citoyenneté de la marchandisation, ou si notre démocratie n’a pas besoin d’une bonne révolution culturelle pacifique qui la rende capable de préserver les valeurs pour lesquelles nos anciens ont fait la grande révolution. »

    Poursuivant son propos Nabil EL-HAGGAR ajoute « force est de constater que, quelques siècles après Condorcet, le nivellement de la culture par le bas n’est plus une tentation mais une réalité quotidienne. C’est ainsi que la culture est réduite à l’anecdotique et qu’il n’est pas rare d’entendre des universitaires qualifier toute exigence culturelle et intellectuelle d’élitisme mal venu et anti-démocratique. »

    Nous sommes tous frappés par les éléments de langage des médias qui sont les « prêts à penser » de notre société et n’offrent que trop rarement une lecture différenciée du monde.  Leurs discours « lissés » deviennent profondément uniformes ne parlant que d’une même lèvre.

    L’appauvrissement de la culture, l’abaissement des niveaux d’apprentissage participent largement à l’uniformisation de la pensée, à l’arasement de toute réflexion qui épanouit l’homme.

    Si la culture est une nécessité par l’ouverture d’esprit qu’elle suscite, le nivellement engagé et qui résulte de multiples facteurs se rapproche finalement des méthodes sectaires qui excluent la différence, toute pensée critique.

    La culture participe de l’éveil des consciences comme le rappellent si souvent les veilleurs dans le cadre de leurs rassemblements sur l’asphalte des routes empruntées ou les pavés des places publiques. La culture permet de penser la société, encourage le libre arbitre, éclaire la complexité.

    La culture est malmenée, les pages de nos manuels d’histoire qui disparaissent témoignent de cette maltraitance du passé. Une forme de plan social est organisée autour de chapitres qui seront ou ne seront plus enseignés. Rappelons que ce n’est pas nous qui faisons l’histoire, comme le Pasteur Martin Luther King l’écrit dans La Force d’aimer. C’est l’histoire qui nous fait. Et sans le passé, la transmission de la mémoire à travers la succession des générations, il n’y a alors plus réellement de sens. Mais à l’heure où la filiation est remise en cause, y-a-il quelque chose d’étonnant ? Nous avons besoin d’apprendre du passé pour nous projeter sur le présent et dessiner un avenir à notre conscience, notre libre conscience.

    Dans un livre parfaitement idéologique « La Révolution française n’est pas terminée » (Editions le Seuil), le ministre de l’Education Nationale fait de l’école non le lieu de la transmission des savoirs mais fait de l’institution scolaire  "la matrice qui engendre en permanence des républicains pour faire la république".  Vincent Peillon, écarte ainsi  le rôle de transmission légitimement attribué à la famille, le ministre considérant que "L’école doit opérer ce miracle de l’engendrement par lequel l’enfant, dépouillé de toutes ses attaches pré-républicaines, va s’élever jusqu’à devenir le citoyen, sujet autonome". N’est-ce pas là la trame d’une nouvelle idéologie qui pourrait s’avérer sanglante en engendrant une forme de nouveau fascisme intellectuel ?

    Le divertissement

    Il faut pour l’homme échapper à l’ennui ou à l’existence chargée de vicissitudes avec ses tragédies.

    En abordant le thème du divertissement comme une façon d’annihiler la conscience, on songe au philosophe Pascal qui évoque le divertissement comme une manière d’être détournée de soi. « Mais qu’on juge quel est ce bonheur qui consiste à être diverti de penser à soi. »

    Il faut dans le divertissement, réinventer le réel, mettre en scène une forme d’imaginaire qui nous met en distance avec les réalités. Les médias sont devenus de véritables industries du divertissement, ont inventé la télé-réalité qui n’est en soi qu’une fiction artificielle et irréelle où se joue une parodie de la vie, mettant en scène les fantasmes délirants.

    Le divertissement, il faut le reconnaitre, participe largement de cette déconstruction de la conscience en abêtissant toute faculté de penser ce que l’on voit. Le spectateur est noyé, submergé dans un flot de séductions et d’images qui l’éloignent de lui-même plongé dans ses réalités, mobilisant ainsi notre lucidité devenue délétère.

    Ainsi les hommes absorbés par le tumulte des images, transfèrent docilement leur esprit, leur conscience comme si le fantasme devenait pour eux la réalité, une réalité plus douce, plus agréable, plus artificielle, un paradis artificiel en quelque sorte.

    Quand une idéologie de la déconstruction de l’homme s’organise, les médias deviennent alors l’instrument du démiurge pour distiller sa pensée. Divertir l’homme est aussi une façon de façonner, de réduire son libre arbitre en diminuant sa faculté à réagir, à protester.


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    La crise économique qui épuise

    Le monde est aujourd’hui dominé par la puissance financière, un empire virtuel qui limoge l’économie du réel, la Babylone des marchands qui rend captif l’ensemble de la planète en mettant sous son joug les plus fragiles, les plus faibles d’entre nous. La puissance spéculative ligote d’une certaine manière la pensée comme le dénonçait Viviane Forester (femme de lettres, essayiste) qui pointait les désastres d’une économie déconnectée des dimensions qu’elles manipulent. Selon Viviane Forester, ces puissances financières « ont expulsé la substance vitale, évacué tout sens humain, dénaturé la valeur ». 
    http://www.altermonde-sans-frontiere.com/spip.php?article23849

    La destruction de l’emploi stable auquel on substitue l’emploi temporaire augmente toutes les formes de précarisation. Celui qui vit dans une précarité permanente est étranglé par des situations anxiogènes qui paralysent son souhait légitime de s’épanouir, de se cultiver.

    L’angoisse d’une vie sans réels lendemains freine, l’empêche de consacrer du temps pour lui, de dépenser pour s’ouvrir à son environnement.

    Dans les temps de crise, que deviennent les créateurs dont les moyens d’expression se réduisent comme une peau de chagrin. Dans les crises, c’est le repli de la conscience culturelle, c’est la déprise ou le lâcher prise de la conscience qui peut se donner du temps pour réfléchir, poser un acte de penser.

    Les crises ravagent non seulement des destins mais paupérisent la conscience, la liberté de penser.


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    L’idéologie diffusée par l’école…

    C’est dans l’ignorance que se construit le lit occulte des pires idéologies. Il est ainsi tellement plus aisé de manipuler les consciences, d’attenter à l’esprit qui est dépossédé des armes nécessaires pour freiner ces tentatives obscures de fausser, puis d’orienter les croyances des citoyens. 

    Pour Vincent Peillon "Toute l’opération consiste bien, avec la foi laïque, à changer la nature même de la religion, de Dieu, du Christ, et à terrasser définitivement l’Église." (Vincent Peillon, "Une religion pour la République: La foi laïque de Ferdinand Buisson", Éd. du Seuil, 2010, page 277)

    Une rhétorique de l’homme nouveau est ainsi annoncée, prêchée par ses idéologues qui entendent partager à la société entière et sans aucune précaution, la théorie du genre qui nie la différence sexuée de la société, l’altérité des êtres.

    Il sera d’autant plus facile de distiller l’idéologie autour de cette nouvelle conception de l’homme, qu’il y a ce constat patent de familles morcelées qui ne sont plus dans la transmission de l’éducatif. Il est alors aisé pour l’état de transférer à l’enfant ce que la famille ne transmet plus, constat d’une véritable porosité qui en soi ne protège plus l’enfant contre cette tentative d’aliéner la conscience épurée de l’héritage familial, des stéréotypes comme nous l’avons entendu dans l’hémicycle de l’assemblée nationale.

    Sans aucune précaution, cette conception de l’homme libérée d’images préconçues justement culturelles, entend conditionner l’enfant sur de nouveaux stéréotypes adossés à l’interchangeabilité des identités détachées du sexe biologique, une nouvelle théorie du genre.

    Le texte de Victor Hugo  auquel nous faisons ici référence, s’avère être d’une rare acuité,  d’une grande clairvoyance, prend une dimension quasi prémonitoire dans le contexte d’une nouvelle laïcité  qui entend s’imposer aux esprits. "Eh ! Quel est, en effet, j’en appelle à vos consciences, j’en appelle à vos sentiments à tous, quel est le grand péril de la situation actuelle ? L’ignorance. L’ignorance encore plus que la misère. L’ignorance qui nous déborde, qui nous assiège, qui nous investit de toutes parts. C’est à la faveur de l’ignorance que certaines doctrines fatales passent de l’esprit impitoyable des théoriciens dans le cerveau des multitudes..."

    Ces idéologues veulent frapper les consciences sous des idéaux séduisants de non-discrimination, d’égalité, de vision libertaire et imposer à la conscience de nouvelles lectures sur une anthropologie soi-disant débarrassée de ses oripeaux. 


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    Ces idéologues qui vantent la laïcité et citent volontiers Jules Ferry omettent cette célèbre consigne recommandée aux enseignants

    "Ce que vous allez communiquer à l’enfant, ce n’est pas que votre sagesse, c’est la sagesse du genre humain, c’est une de ces idées d’ordre universel que plusieurs siècles de civilisation ont fait entrer dans le patrimoine de l’humanité. Si étroit que vous semble peut-être un cercle d’action ainsi tracé, faites-vous un devoir d’honneur de n’en jamais sortir. Restez en deçà de cette limite plutôt que de vous exposer à la franchir ; vous ne toucherez jamais avec trop de scrupule à cette chose délicate et sacrée qu’est la conscience de l’enfant"...

    Toutes ces dimensions de nivellement de la culture, de divertissement, de crise, d’idéologie s’intriquent, s’entremêlent et interagissent comme autant de composantes qui affaiblissent toutes les facultés cognitives de l’homme. Ces dimensions participent d’un affaissement du libre arbitre, de la libre conscience.


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    Les sociétés totalitaires savent fabriquer des individus amorphes, confinés au retrait

    Dans les origines du totalitarisme, la philosophe Allemande Hannah Arendt met en évidence l’aliénation d’une forme de conscience de soi qui résulterait d’une dimension d’isolement, d’éloignement de soi de la communauté, une rupture relationnelle, la déconstruction en quelque sorte des liens de solidarité.

    Les sociétés totalitaires savent fabriquer des individus amorphes, confinés au retrait, sans liens entre eux.

    Pour  les régimes totalitaires, afin de régner sur les masses, il faut s’assurer de la déconstruction des liens de solidarité au sein même de la communauté des hommes. C’est en poussant une forme d’isolement relationnel jusqu’à ses limites les plus extrêmes que les régimes totalitaires ont su  créer des sociétés totalement aliénantes.

    Hannah Arendt  « Les mouvements totalitaires sont des mouvements de masse d’individus atomisés et isolés. Par rapport à tous les autres partis et mouvements, leur caractéristique la plus apparente est leur exigence d’une loyauté totale, illimitée, inconditionnelle et inaltérable de la part de l’individu qui en est membre. (...) On ne peut attendre une telle loyauté que de l’être humain complètement isolé qui, sans autres liens sociaux avec la famille, les amis, les camarades ou de simples connaissances, ne tire le sentiment de posséder une place dans le monde que de son appartenance à un mouvement, à un parti. Ni le national-socialisme ni le bolchevisme ne proclamèrent jamais qu’ils avaient établi un nouveau genre de régime, ni ne déclarèrent que leurs objectifs étaient atteints avec la prise du pouvoir et le contrôle de l’appareil étatique. Leur idée de la domination ne pouvait être réalisée, ni par un État, ni par un simple appareil de violence, mais seulement par un mouvement animé d’un mouvement constant. L’objectif pratique du mouvement consiste à encadrer autant de gens que possible dans son organisation et à les mettre et à les maintenir en mouvement; quant à l’objectif politique qui constituerait la fin du mouvement, il n’existe tout simplement pas.".


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    Des hommes et des femmes au destin exemplaire, qui ont décidé d’agir en regard de leur liberté de conscience

    Un ami (Steph Ark) me rappelait que quand César m'enjoint d'enfreindre les lois divines, je suis contraint de désobéir à César, car « il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes » (Actes 5:29). Ainsi des hommes comme Saint Paul ont eu ce rare courage de le mentionner, de faire ce choix, se soumette à Dieu, à ses lois divines.

    Des hommes et des femmes ont ainsi jalonné l’histoire de notre pays. Ils ont obéi à leur conscience pour éviter des carnages ou des tortures inutiles en temps de guerre comme ce geste exemplaire du « général Jacques Pâris de Bollardière, responsable du secteur de l'Atlas blidéen, [qui] fait sensation en annonçant par voie de presse en quelles circonstances il a été amené à renoncer à son commandement. Ancien des Forces françaises libres, parachuté dans le maquis en 1944, il acquiert la conviction, au spectacle des atrocités nazies, que la torture est le propre des régimes totalitaires ».

    Il faut du courage à ces médecins, à ces maires ; il faudra du courage demain à ces instituteurs de refuser l’application de lois qui enfreignent « la conscience délicate et sacrée de l’enfant ».


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    Conclusion

    Pour conclure ce texte et m’inspirer du propos d’un auteur inconnu dont je reprends l’idée, j’aimerais vous évoquer une voix intérieure plus savante que Pascal, plus éloquente que Winston Churchill, plus perspicace que Saint Augustin, plus réformatrice que Calvin et elle s'adresse à plus de monde et avec plus de puissance que  n’importe quel homme. Son auditoire se limite au nombre de gens qui habitent sur cette terre. Elle n'est jamais lasse d’interpeller, elle éprouve constamment le besoin d’importuner, elle se fait entendre de façon permanente. Si nous agissons avec égards, elle peut devenir notre meilleure amie. Si nous la traitons sans égards, elle peut être alors notre pire ennemie et cela pour notre plus grand malheur. Cette voix, c’est la Conscience.

    Dans le livre des Proverbes au chapitre 20 et au verset 27,  nous pouvons lire ce texte : "Le souffle le l'homme est une lampe de l'Eternel qui pénètre jusqu'au fond des entrailles." Autrement dit, la conscience c'est la vérité de Dieu qui est mise dans le coeur des hommes. C’est elle qui nous rend libre, elle seule, si nous acceptons de nous laisser éveiller.


    Éric LEMAÎTRE

    in Éthique Chrétienne

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  • Pourquoi voir dans l’idée de détermination la source de tous les maux ?

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    Chère amie,

    Je reviens à la charge !

    Je lis le lien que tu m'as donné. Toutes ces études sont intéressantes ; les statistiques semblent de façon un peu magique, faire autorité : à des statistiques, on peut toutefois les interpréter dans un sens ou bien, en fonction du présupposé initial de celui qui argumente, sur la base des mêmes statistiques, vouloir montrer l'inverse...

    Nos présupposés ne sont pas, dans ce débat, les mêmes (cela n'a rien de dramatique en soi d'ailleurs !). Une chose qui m'étonne, dans cette affaire du "genre", une chose qui me chiffonne (et qui fait que je n'endosse pas du tout son postulat, cela pour des raisons, non pas spirituelles ou religieuses, mais philosophiques), c'est qu'il faudrait que l'existence humaine initialement fût indéterminée. C'est ce postulat de l'indétermination qui me gêne, parce qu'il constitue, selon moi, une abstraction, une irréalité.

    On pourra bien trouver toutes les preuves que l'on voudra, issues de l'expérience, nous naissons fille ou garçon. Il y a certes des accidents de la nature qui laissent apparaître une indétermination initiale, ou plutôt une bi-détermination, si l'on veut être exact, puisque des enfants peuvent naître, semble-t-il, avec des caractéristiques à la fois féminines et masculines (j'entends physiologiques, génétiques). On s'engouffre dans ces exemples parfois pour montrer l’indétermination sexuée et l’arbitraire de l’éducation et de la culture, comme si choisir pour l’enfant était mauvais.

    Sur le fond, pourtant, pourquoi vouloir à tout prix défendre l’idée d’une indétermination fondamentale ? On dirait que l’idée de détermination (dans ce qu’elle implique en terme de non-choix) fait peur. Or, la liberté absolue n’est rien ; il en va de même de l’idée d’une égalité absolue qui supposerait une absolue indifférenciation.  Hegel dit (dans l’addition du  § 6 des Principes de la Philosophie du Droit qu’une «  volonté qui ne veut que l’universalité abstraite (…) ne veut rien et n’est donc pas une volonté. Le particulier que veut la volonté est une limitation, car la volonté doit absolument se limiter pour être volonté. Le fait que la volonté veuille quelque chose est une limitation, une négation. C’est pour cette raison que la particularité est ce qu’en règle générale on appelle finitude. » Traduit en Français courant, cela veut dire que la liberté absolue n’est rien et que la liberté n’a de sens que si elle se détermine, autrement dit, que si elle se nie, se particularise.

    Or, se déterminer, apprendre à choisir, c’est subir des choix que déjà pour moi on a pu faire. Cela n’est pas forcément un mal. C’est le contraire qui serait mauvais. L’absence de détermination me laisserait dans l’incapacité de savoir poser un choix, de me déterminer. Ce que l’on n’accepte pas (ou de moins en moins bien) aujourd’hui, c’est d’être d’une façon ou d’une autre déterminé sur la base de ce que nous n’aurions pas décidé (cela, au nom de la toute puissance, (j’entends par  là le fait que je veux garder la possibilité de choisir entre tous les possibles).

    Déterminés, par conséquent, nous le sommes, non seulement sur la base de nos décisions (quand je me détermine), mais aussi sur la base de ce que je n’ai pas décidé, de ce qui me détermine (par exemple le handicap, que je ne choisis pas). On me dira que ce qui compte, c’est la personne, dans son absoluité ou dans sa singularité. Je répondrais cependant, sur la base de ce que dit Hegel que ce qui me permet d’accéder à l’universel, depuis ma singularité, ce sont mes particularités (féminines ou masculines entre autres)  et que c’est par elles (le moyen terme) que l’universel -1er moment du syllogisme- (le fait d’être un être humain de désir, un être pensant, etc.) se singularise (3ème moment du syllogisme) dans cette histoire que, dans son unicité, je construis.

    Déterminé, je le suis toujours déjà. Si cela peut relever de cruelles pratiques ou de cruels usages (ex : excision chez les femmes), je suis d’accord pour les contester, les  changer. Mais pourquoi voir dans l’idée de détermination la source de tous les maux ? Déterminés nous le sommes tous dans le langage par exemple (le français) que nous parlons, dans ces mots qui nous ont été transmis et qui sont toujours chargés de sens, de représentation du monde ou de présupposés. Est-ce mauvais ? Sans cela nous ne penserions même pas. Déterminés nous le sommes par notre histoire, notre éducation, ce que nos aïeux ou les penseurs qui nous ont précédé nous ont transmis : et alors ? Faut-il s’en plaindre ? Sans la tradition (au sens noble du tradere, de la transmission), nous ne serions pas devenus ce que nous sommes. Faudrait-il que le monde fût initialement indéterminé ? Ce serait un monde où n’intervînt aucune initiative, où rien n’aurait commencé. Arendt cite souvent Augustin (Cité de Dieu, XII, 20 je crois : « pour que quelque chose commença, l’homme fut créé »). L’homme (l’humain) est l’être de la détermination du sens et c’est ainsi que tout commence et qu’il y a histoire.

    Pour ma part, je ne rêve pas d’indétermination, fusse au nom du doux rêve d’égalité qui a pour conséquence de tout neutraliser, voire de castrer ou d’empêcher de naître. Mes propos peuvent paraître passablement violent (ils restent conceptuels). C’est que je m’insurge contre ce type d’idée par laquelle constamment on dénonce la prédominance masculine (cela est un fait historique : Mme de Beauvoir, nous vous avons entendu) ;  mais la tendance aujourd’hui semble largement s’inverser dans un monde qui se féminise, avec des mœurs en apparence plus douces mais qui ne laissent pas de développer une certaine emprise (moins brutale, plus féminine, plus policée) où tout ce qui serait un peu trop masculin serait comme ringardisé, dénoncé, méprisé.

    Non, nous n’avons pas à être égaux, c’est-à-dire nivelés. Et je dis cela depuis l’immense respect que j’ai pour les femmes (sans idéalisation car je sais aussi qu’elles sont bien imparfaites : je ne dis pas ça par rabaissement non plus, mais en réaction contre une certaine idéalisation du féminin)

    C’est la philosophie constructiviste sur le fond que je conteste ici (Deleuze, Derrida, Foucault) qui, si intéressants soient-ils sont les enfants de la pensée de la dé-construction, enfants de la pensée nietzschéenne, par conséquent. Cela mène à un relativisme négateur que je conteste. Que cela soit le fondement philosophique des sciences sociales contemporaines qui se focalisent parfois, semble-t-il, sur le tout culturel : soit. Discutons. Mais que cet arrière-fond scientifique avec ses présupposés métaphysiques devienne l’arme de légitimation d’une action politique, je maintiens qu’il y a des dérives idéologiques dangereuses. Quand cela veut passer dans les programmes scolaires, je crois qu’il ne s’agit pas simplement d’un « formatage » au sens classique par lequel on choisissait tel ou tel aspect d’un programme, de mettre l’accent sur telle chose plutôt que telle autre, ou de privilégier même tel point de vue politique. Je crois qu’on est plutôt dans de la « refondation », comme dit Peillon, et je vois cela comme de la « refonte », c’est-à-dire comme une entreprise prométhéenne de fusion (au sens métallurgique du terme), par lequel il faudrait faire comprendre à tout individu qu’il est confondu avec la masse. C’est une pensée que, sincèrement, je considère comme dangereuse, quand elle perd de vue le principe intellectuel de précaution par lequel elle devrait ne conserver que le statut d’hypothèse.

    Pour conclure, quand je discute cette idée du « gender », c’est bien sur le terrain philosophique que je la contre (pas sur la base obscure d’un ressentiment). Je parle beaucoup d’idée (peut-être peu des personnes comme tu disais dans un précédent mail) ; mais c’est parce que les idées déterminent ce que nous réalisons (dans tous les sens du termes) ; elles déterminent  le sens que nous donnons au réel ; à nos relations. Les études de genre, quant à elles, s’appuient sur un postulat que je ne partage pas, philosophiquement, et qui a des conséquences que, philosophiquement encore, je récuse. Il ne manque plus que d’en faire un programme politique, et nous entrons dans le meilleur des mondes…

    Je suis, comme toi, un incorrigible discuteur…

    Portez-vous bien !

    Un Veilleur des Ardennes


     

     

  • Une posture idéaliste qui semble porter en elle la haine de la distinction pour imposer l’uniformisation

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    Chère amie,

    J’ai vraiment eu du mal à trouver du temps pour répondre sur le fond au mail que tu m’as envoyé en avril. J’essaie de le faire maintenant.

    Je reviens sur le mail d’avril et sur le débat autour du mariage homo, ses présupposés, ses conséquences. Même si la loi  a été votée, promulguée, son contexte et l’action gouvernementale qui s’ensuit restent pour moi problématiques et toujours d’actualité.

    Le premier point sur lequel je suis amené à réagir, c’est celui de la question de la dignité des couples homosexuels qui amène les promoteurs de la loi, comme par incantation et de façon quasi obsessionnelle, à soupçonner l’homophobie chez quiconque viendrait discuter les intentions et/ou l’action du gouvernement sur ce sujet et sur ce qui gravite autour. La chasse à l’homophobie est une priorité gouvernementale, on le sait ; et ton mail d’avril  n’échappe pas, à mon avis, au procès d’intention. Bien sûr, les choses furent écrites sous le coup de l’émotion et aussi sûrement d’une certaine colère ; mais le mot « homophobie » y revient plusieurs fois comme un anathème pour fustiger une position indéfendable voire immonde sur le sujet.

    Je soutiens pour ma part que l’on peut envisager de discuter de l’homosexualité comme n’étant pas foncièrement égale à l’hétérosexualité sans pour cela n’avoir aucune intention de nuire aux personnes homosexuelles et en les respectant complètement dans ce qu’elles sont et dans ce qu’elles vivent. Par conséquent, je conteste (et je vais expliquer pourquoi) l’expression (posée aujourd’hui comme un dogme qu’il est interdit d’effleurer) d’égale dignité des couples (on trouve cette expression, par exemple, dans le numéro de Témoignage chrétien du 14 décembre 2012, dans l’article que tu m’as transmis- « Mariage pour tous, un progrès »- et que tu as distribué à la sortie de l’église). L’article, après avoir rappelé que « l’homosexualité a été persécutée ou opprimée depuis de longs siècles », dit que celle-ci est « une orientation sexuelle aussi légitime et digne que l’hétérosexualité ».

    Je vais paraître chicaner, mais la notion de dignité ici utilisée me paraît impropre dans son usage. Il est vrai que ce terme est polysémique et qu’on l’emploie aujourd’hui à toutes les sauces. On parle de vie « digne d’être vécue », on veut pouvoir mourir « dignement », on va parler de la dignité d’un revenu. Le sens n’est pas le même quand on parle de la dignité de la personne. Dans les premiers exemples cités, la dignité désigne les conditions matérielles d’existence ; dans le sens second (qui est volontiers celui que philosophiquement j’embrasse), il ne s’agit plus de conditions relatives, mais de la valeur inconditionnelle, absolue et incomparable de la personne. Ce sens est celui défini par Kant dans les Fondements de la métaphysique des mœurs ; et il est sensiblement différent de celui, emprunté à la philosophie utilitariste anglo-saxonne qui définit l’idée de dignité à partir de l’utilité ou de l’utilisation que l’on peut faire d’une chose ou avoir avec quelqu’un[1].

    Parler de la dignité des personnes homosexuelles, cela, comme pour quiconque, ne se discute pas. Parler d’égale dignité des couples, c’est jouer sur une ambivalence. Un couple est par essence relatif, puisqu’il est relationnel (Kant parle du caractère relatif de nos inclinations ou de nos sentiments). Ce n’est jamais une réalité absolue. Le terme de dignité ici employé n’est pourtant pas anodin, car il n’est pas complètement indépendant de la conception kantienne ci-dessus rappelée.  Autrement dit, insidieusement, tout en parlant d’une situation particulière et relative (le couple homo comme le couple hétéro), on infère l’idée qu’il y aurait là quelque chose d’absolu, d’intouchable, comme relevant du sacré. Ainsi, discuter cela serait porter atteinte au dogme de l’intouchabilité de la réalité des sentiments personnels, porter atteinte à la dignité de la personne et blasphémer contre l’individu et sa liberté sacro-sainte.

    C’est mal comprendre la réalité du couple qui n’est jamais un absolu mais plutôt une réalité relative par essence. Pour autant, la réalité de la relation homme-femme n’ouvre pas aux mêmes possibilités que celle de l’union homosexuelle qui, comme tu le dis (et c’est aussi la thèse de Besson dans son livre Catholiques et homosexuels, sortir de l’impasse), peut avoir sa fécondité. Ces réalités ne sont pas les mêmes et ne sont pas forcément comparables. Je conteste aussi l’idée d’égale légitimité. Qu’est-ce à dire ?

    Si être en couple, c’est éprouver des sentiments, des pulsions, des désirs, et de là, entrer en relation de réciprocité, j’en conclurai que tout sentiment est légitime, et que toute relation a sa valeur intrinsèque et incontestable. Cependant, toutes les relations n’ont pas forcément la même portée. Sans considérer que le couple homme/femme serait spontanément bon, saint, la particularité de cette relation se distingue de toute autre forme de relation à mon avis. De l’homme et de la femme peut jaillir l’excès (au sens étymologique d’ex-cedere) : il y a quelque chose qui « marche avant » eux et qui « marche après » eux, qui les pré-cède et qui peut leur suc-cèder. C’est de la fécondité biologique que je parle ici. Sans l’absolutiser, celle-ci n’est pourtant pas un fait anecdotique. Je sais que la fécondité peut être symbolique et plurielle ; la génération n’est cependant pas un fait accidentel de la relation. Ce quelque chose qui nous excède, c’est la vie dont nous ne sommes pas maître (et je ne mets pas encore Dieu là-dedans ; je le laisse tranquille !). Si « nature » qui vient du latin natus, signifie « naître », la naissance humaine ne se fait pas en dehors de ce fait profondément naturel et culturel à la fois qui est d’être le résultat du jaillissement de cette altérité première, sexuée (séparée, étymologiquement) qui permet une naissance naturelle première ainsi qu’une naissance seconde puisque l’on perçoit intuitivement qu’idéalement, cette altérité (qui n’est pas une radicale étrangèreté de l’homme et de la femme) nous a tous individuellement structuré (ou manqué) dans la présence (ou l’absence) de nos parents.

    De ce fait, il n’y a pas égalité de situations. D’un point de vue individuel, émotionnel, sentimental (dans l’attachement et la réciprocité à l’autre), on peut concéder cette égalité ; mais d’un point de vue objectif, c’est-à-dire si l’on considère la réalité (la chose) qu’est le couple homme/femme,  j’y vois une spécificité inassimilable à quelque autre forme de relation.

    On me dira que je fonde mon argumentation sur un fait brut de la nature, à savoir que la femme peut enfanter, ce qui serait un argument passablement « animal ». Mais je ne suis pas sans savoir qu’une femme n’est que rarement féconde (24 h par mois, pendant le processus d’ovulation). Autrement dit, elle est très souvent « stérile » au sens physique du terme. Ce n’est pas la fécondité naturelle nécessaire qui fonderait la légitimité du couple homme/femme ; c’est sa possible ouverture à plus que les deux (à savoir la vie) qui en fait une réalité inassimilable. Cela dit, encore une fois, non pas pour idéaliser, mais pour insister sur la spécificité, la différence de cette situation qu’est l’union de l’homme et de la femme. Rendre justice au réel, appeler un chat « un chat », voilà le sens profond de ce qui est juste et vrai. Dire que tout est équivalent et que tout est pareil, voilà ce qui est injuste. C’est en ce sens que je dis que le couple homo et l’union homme/femme n’ont pas la même « légitimité » (lex-legis, en latin, désigne la loi et l’idée de justice ; par mon propos, j’essaie de m’ajuster au réel).

    Pour ce qui est du « mariage », le Code Civil de 1804 ne s’appuyait pas sur une réalité religieuse d’abord mais sur un fait « naturel », à savoir que l’union d’un homme et d’une femme (deux être bien imparfaits comme le dit Musset à la fin de  On ne badine pas avec l’amour) peuvent donner naissance, engendrer (c’est le sens originel du mot « parent », qui vient du latin pario, « générer »). Le Code Civil ancien ne faisait qu’instituer la responsabilité des époux l’un envers l’autre et envers la potentielle progéniture vis-à-vis de laquelle ils étaient déjà juridiquement responsables. Autrement dit, ce qui était institué, c’était un lien d’ob-ligation (expression pléonastique), notamment envers les plus fragiles, à savoir, dans l’ordre, la femme et l’enfant ; pas essentiellement des sentiments privés.

    Aujourd’hui, le terme de « parent » a profondément changé de sens : on parle à toutes les sauces de « parentalité », faisant sens cette fois vers la fonction qu’ont les époux et non plus vers l’altérité sexuée fondatrice qui permet la génération. Or, une fonction est parfaitement interchangeable. Comme tu le disais, un homme peut être maïeuticien, une femme chauffeur de camion. Ton fils peut avoir appris à l’école, comme tu me le disais dans un mail,  que le rose était une couleur de fille (par parenthèse, les choses seraient peut-être différentes si son frère avait été une sœur : pour ma part, je n’ai rien forcé mais suis obligé de constater que le comportement de ma fille diffère sensiblement de celui de ses frères, même si, parmi ceux-ci, certains sont hyper sensibles ou ont même fait de la danse…) ; beaucoup de choses sont construites, mais on ne construit ni ne se construit jamais à partir de rien. En ce qui concerne le fait d’être parent, ce n’est pas seulement la fonction, ce que je  « fais » qui me définit comme  tel. Si c’était le cas, pourquoi être deux en effet, pourquoi un homme et une femme ; pourquoi pas une équipe éducative, etc.

    J’ai bien entendu l’argument que tu as développé et qui est de dire que le droit français protège de façon exagérée le lien biologique. Sans vouloir le défendre comme un lien absolu (Dark Vador le méchant était bien le père indigne du sauveur Luc Skywalker que ce dernier aura dû finir par terrasser !), le lien naturel à l’enfant ne peut être ignoré. Affirmer, comme le fait la ministre de la Justice  que la « parentalité »[2] devient un fait social, culturel et choisi, c’est tomber à mon avis  dans un excès.

    Avant, dans le mariage, ce qui était juridiquement fondateur, ce n’était pas l’état ou l’intensité du sentiment amoureux ; c’était la possibilité d’être parent. Cela concerne la société qui a son mot à dire en ce qui concerne la perpétuation de ce qu’elle est (sans ingérence non plus, mais en terme de protection de la famille).  Avec la loi nouvelle, ce qui est fondateur, c’est l’ordre du sentiment et la reconnaissance de toute forme d’inclination amoureuse. Pour le coup, l’État devient très intrusif et outrepasse son rôle qui est d’envisager le citoyen dans sa généralité et l’homme et la femme dans leur union particulière. S’intéresser à la singularité de la situation sentimentale, c’est donner à la loi un grand pouvoir. Vouloir changer les mentalités sur ce point peut légitimement laisser craindre une volonté d’emprise totale quoique douce et humaine  en apparence et dans ses intentions. Du point de vue des citoyens enfin, c’est penser que le droit doit nous rejoindre jusque dans la singularité de nos désirs. Cela peut ouvrir la porte à une pluralité de revendications délirantes pour satisfaire la démesure de nos désirs qui, par définition, sont sans limite. [3]

    Je ne veux pas faire injure aux personnes homosexuelles ; je tiens seulement à redire la spécificité de la famille et de son fondement (l’altérité sexuée, un père, une mère). Les modèles familiaux sont multiples, d’un point de vue ethnique, culturel, existentiel, je ne suis pas sans le savoir. Toute famille humaine est bien imparfaite. Il n’empêche que, même si on a été élevé par ses grands-mères ou toute autre situation, nous n’avons qu’un père et qu’une mère ; et c’est bien sur ce fait naturel que l’on peut souhaiter que se construise une existence, y compris dans la recherche d’un père et/ou d’une mère symboliques.

    Les homosexuels ne pourraient-ils pas jouer pleinement ou symboliquement ce rôle de parents ? 

    Je crois que l’on peut avoir été élevé par deux pères et être équilibré ; mais je crois aussi que dans cette situation quelque chose (ou plutôt quelqu’un) aura manqué ; de même que, sans faire offense aux enfants de divorcés, on peut dire que cette situation, en général, laissé des blessures plus ou moins profondes. Il n’y a pas de papa et de maman idéale ; on peut reconnaître et même donner une reconnaissance juridique à des situations familiales plurielles ; mais uniformiser le réel sur la base de la conception des adultes qui veulent que tout revienne au même, je dis que c’est un déni de réalité. Idéalement, sans être idéalisant, un enfant a besoin de son père et de sa mère vivant leur relation si possible dans la paix et dans la stabilité.

    Être parent ne se réduit pas au seul fait de remplir une fonction, de changer les couches ou de sortir les poubelles (pas plus qu’il ne se réduit au seul fait d’être géniteur). Il y a une altérité fondatrice qui échappe aux époux eux-mêmes parce qu’elle relève du mystère. Le mystérieux n’est pas l’occulte ; il est ce qui ne cesse de m’étonner et ce que je n’en finirai jamais de comprendre. Tout être est pour quiconque un mystère, je l’accorde ; et je suis moi-même pour moi-même un mystère. Mais l’altérité homme/femme dans la relation ne relève pas que de la différence génitale ; elle relève aussi de l’altérité ontologique. Je ne veux pas essentialiser, absolutiser ou réduire la femme dans un rôle (comme Beauvoir le signifiait dans leDeuxième sexe) ; pas plus, pas moins pour l’homme. Mais cette distinction sexuée, naturelle a des incidences psychologiques, émotionnelles, intellectuelles, spirituelles évidentes si bien que dans mon être au monde, être homme ou être femme n’est jamais indifférent. Je ne dis pas que l’homosexuel nie la différence (l’homosexualité masculine n’est pas le lesbianisme) ; mais j’affirme la polarisation essentielle (et non accidentelle) du féminin et du masculin dans la définition de notre identité, ce qui forcément a une incidence dans la nature de nos relations.

    Dans Éthique et Infini, Lévinas pensait la relation homme/femme de la façon suivante : ce qui en l’autre sexe se cherche (entre le masculin et le féminin), ce n’est pas « un autre attribut en l’autre », mais un « attribut d’altérité ». Soyons précis : l’être humain est un être de désir. En ce sens, nos relations humaines sont par essence des relations d’êtres de désir à d’autres êtres de désir. On peut dire que, selon Lévinas, toute relation inter-humaine est une érotique (qui me convoque dans ma responsabilité et m’amène à discerner envers quiconque ce que je peux donner ou recevoir). Cela dit, dans la pluralité de nos relations, il y a une spécificité de l’opposition du féminin et du masculin ; une polarisation. La polarité n’est pas un positionnement absolu (il y a toujours plus au nord ou plus au sud que moi). Mais il n’y a de nord que par rapport à un sud. Cette opposition polarisée, que je le veuille ou non, me fonde physiquement mais aussi métaphysiquement. John Gray l’Américain a très bien signifié cela, sur la base de sa très riche expérience de thérapeute de couples. Cette différence entre les hommes et les femmes est relatée dans son livre Les hommes viennent de Mars et les femmes viennent de Venus. Mme Codalen, psychanalyste, répond dans son ouvrage Toi mars, moi Venus, ou le contraire que le propos de Gray est inepte et que nous sommes universellement des êtres de désir ; voilà ce qui indistinctement nous constitue. Pourtant, même si le propos de Gray peut friser la caricature ou paraître schématique ; même si aucune relation ne se fait sur la base d’une technique de communication, l’intuition et l’exposé de l’auteur américain n’est pas hors de sens. La féminité et la masculinité ne se réduisent pas à la génitalité et ont une incidence décisive dans mon rapport au réel, dans mon être-au-monde.

    Qu’en est-il de cette universalité de l’être humain ? L’égalité de condition est une chose indiscutable. Elle est un acquis de la pensée moderne et contemporaine. Cependant, elle n’est pas sans risque si on la comprend comme égalité des conditions (au pluriel). C’est Hannah Arendt qui, dans son texte Les Origines du totalitarisme au tome I (Sur l’antisémitisme), explique que « l’égalité des conditions,[est] à coup sûr un impératif fondamental de justice, [et] aussi l’une des plus grandes et des plus hasardeuses entreprises de l’humanité moderne » (ch.3 p.103-104 édition Points). Elle explique en effet que  « l’égalité exige que je reconnaisse tout individu, quel qu’il soit comme mon égal », si bien que des « conflits entre des groupes différents qui (…) refusent de se reconnaître réciproquement cette égalité de base » ont revêtu « des formes si effroyables ». Ce qu’elle veut dire, c’est que le  XXéme siècle a connu de grandes entreprises de nivellement. Cela est un effet pervers d’une notion — noble initialement — qui est celle d’égalité. L’égalité universelle ne peut ni ne doit être une négation des particularismes (Hegel avait déjà signifié cela à la remarque du §209 des Principes de la Philosophie du Droit). L’égalité de droit n’est pas l’égalité de fait ; cette dernière étant  impossible à obtenir vu que, d’un point de vue concret, les différences sont inassimilables. L’uniformisation est un danger. Quoique politiquement la revendication de l’égalité des conditions puisse se justifier, elle est, dans les faits, inaccessible. L’égale dignité des personnes n’est pas l’égalité des situations. Cette fiévreuse revendication d’égalité, Tocqueville l’a parfaitement décrite (Arendt s’inspire beaucoup de Tocqueville) dans son ouvrage La démocratie en Amérique[4] ; le XXéme siècle a réalisé dans son caractère le plus abject ce que pouvait être une société uniforme.

    Si je m’en vais sur ce terrain, c’est que l’idée d’un « mariage pour tous », ponctuellement s’appuie sur un tel présupposé d’égalité uniformisante. Le paradigme sur lequel s’appuie l’idée d’un « mariage pour tous » est celui d’une parfaite interchangeabilité des conjoints, sans que la différenciation sexuée ne doive intervenir. Autrement dit, ce qui fonde la nouvelle définition du mariage, ce n’est plus le fait objectif et réel de la possible parenté (entendu au sens de la possibilité de générer puis d’éduquer l’enfant) ; c’est la reconnaissance et la consécration du fait subjectif (même s’il est relationnel, puisque l’on parle bien aussi de couple et de relation) qu’est le sentiment des individus. Même s’il y a réciprocité sentimentale, c’est l’ordre subjectif qui ici fait autorité ; non plus la possibilité objective et excessive de recevoir la vie dans la présence de l’enfant. C’est la famille et l’enfant que l’État et la société précédemment protégeait dans l’institution du mariage (c’est aussi cette conception que l’article 16 de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 défend) ; aujourd’hui, c’est l’inclination d’individus adultes, certes liés dans la réciprocité, que l’État consacre. En effet, comme le disait la Garde des Sceaux, nous changeons de civilisation, nous changeons de référent, de paradigme. À dire vrai, le changement n’est pas d’aujourd’hui, il est profondément ancré dans la mentalité moderne (j’entends depuis la pensée du XVIIéme siècle) ; la loi actuelle ne fait que rendre effectif, sur ce point, une revendication (qui n’est pas prêt de s’arrêter) qui est de consacrer (jusqu’à la calcination : Giacometti exprime cela très bien dans ses sculptures) les désirs de l’individu.

    Je ne fustige pas le désir homosexuel. J’insiste en disant que la réalité de sa situation n’est pas la même que celle de l’union d’un homme et d’une femme. C’est cela que le droit continuait de distinguer en reconnaissant la spécificité du mariage à l’union de l’homme et de la femme qui seuls peuvent être parents au sens plénier (naturel et culturel) du terme. Qu’un couple homosexuel se retrouve secondairement en situation d’autorité parentale (puisqu’il aura bien fallu un homme ou une femme pour générer l’enfant), cela ne me gêne pas ; que la loi en prenne acte ad hoc, pourquoi pas. Mais que de façon programmatique la loi dise que le couple homme/femme est comme un couple homosexuel, il y a là une posture idéaliste qui semble porter en elle la haine de la distinction pour imposer l’uniformisation.

    Pour ce qui est de l’adoption, elle s’appuyait jusqu’ici sur la parenté naturelle et première (la présence de parents sexuellement différenciés, même si des dérogations étaient accordées à des célibataires). Cela veut dire que la parenté symbolique prend tout son sens à partir d’une parenté première et naturelle. Mais aujourd’hui, on ne voit plus pourquoi des individus devraient être privés de la possibilité et du bonheur d’avoir des enfants. Le fait naturel est complètement évacué au profit de l’affirmation de la liberté et de l’égalité des individus.

    Le risque d’uniformisation est bien réel. Le « djènnedeure », comme tu dis, y est aussi pour quelque chose. Tu dis que l’appellation d’ « idéologie » est une stigmatisation vaticane, presqu’ignorante du phénomène dans sa complexité[5]. Je prends acte du fait que les « études de genre » sont une nébuleuse complexe qui ouvre à une pluridisciplinarité difficile à étiqueter derrière une conception uniforme. Il n’empêche qu’il y a là ce qu’on peut appeler un paradigme (comme le dirait Kuhn dans la Structure des révolutions scientifiques), c’est-à-dire un cadre de recherche ; et qu’aucun cadre de recherche, à ma connaissance, ne jouit d’une incontestabilité absolue. Que l’on conteste a priori la possibilité d’exister d’un cadre de recherche sans plus approfondir les choses, je comprends que cela puisse irriter ; mais que ce cadre soit discuté voire contesté dans ses présupposés ou dans ses conséquences, quoi de plus légitime intellectuellement ?

    Quand le Vatican met en garde, sur les questions d’identité sexuelle, sur le fait que l’on ait une compréhension exclusivement culturelle, sociale, constructiviste de la sexualité, qu’est-ce qui gêne ? Ce n’est pas parce que c’est le Vatican qu’il n’a pas le droit de réfléchir et de le faire sur des bases anthropologiques ou philosophiques qui ne sont pas forcément celles de la pensée contemporaine constructiviste et relativiste. Quand Favier présente Anatrella (prêtre psychanalyste hostile au gender et à ses conséquences radicales) comme une posture académiquement isolée, est-ce un argument définitif et disqualifiant ?

    Les positions radicales sont toujours gênantes du fait de la fermeture au dialogue qu’elles impliquent ; mais l’ouverture à la discussion n’implique pas qu’il faille comme un mouton tout accepter pour se faire tondre. En ce qui concerne le « djèndeure », on n’en est plus au stade de la simple réflexion ou de l’investigation universitaire. L’actualité pullule d’exemples où la pensée uniformisante s’impose jusqu’au sein des écoles où des familles doivent parfois faire face à des amendes ou à des peines de prison (c’est le cas en Allemagne[6], en Espagne,etc.). En France, on en est seulement au stade de la répression de manifestations pacifistes (je pense au mouvement des Veilleurs et au délit de pensée malfamée).

    Je n’ai pas besoin du Vatican pour élaborer une pensée personnelle, même si ses documents me paraissent fort intéressants et plus sage que ce que la presse ou la pensée ambiante veut bien en dire[7]. Que les « études de genre » soit un cadre de recherche, très bien ; mais que cela devienne un principe d’action politique systématique et indiscuté (c’est ce que nous voyons se réaliser depuis plusieurs mois), cela nous inquiète. Nous sommes bien dans la dérive idéologique. Karl Marx est un grand penseur qu’en tant que philosophe, économiste, sociologue, etc. je respecte. Il n’empêche que la base de sa pensée (le matérialisme dialectique) a historiquement donné lieu à des dérives idéologiques. Le Darwinisme a toute sa légitimité scientifique (même s’il n’est pas scientifiquement et rationnellement incontestable). Le darwinisme social et le scientisme ont pourtant légitimé scientifiquement l’horreur nazie. Que des sociologues, des historiens, des biologistes, des médecins des philosophes discutent de la construction de l’identité sexuelle, très intéressant. Par contre, que l’on veuille venir bourrer le crâne de mes gosses dès la grande section de maternelle sur le fait qu’il peut choisir sa masculinité ou sa féminité, dans l’indifférence, je n’ai pas tellement envie de laisser faire ; non par homophobie, mais refus de transformer une hypothèse scientifique — discutable — en dogme sacro-saint de l’individu condamné à être libre, comme dirait Sartre, pour se choisir dans l’Absolu et l’absence de toute détermination initiale. Toute philosophie, si noble soit-elle, n’a jamais valeur de dogme. C’est vrai pour un adulte et pour un élève de 18 ans ; ça l’est a fortiori pour un enfant de 6 ans[8] dont l’éducation incombe en priorité aux parents, ce que semble contester aujourd’hui le gouvernement, pas seulement français.

    Pour finir sur ce volet et pour appuyer scientifiquement mon argument, j’appelle « idéologie » une théorie, logiquement satisfaisante, voire plus rassurante que le réel, (le réel étant toujours trop complexe, imprévisible comme dirait Bergson) et  qui finit par nous couper de la réalité. Ce n’est pas sur l’autorité du Vatican que j’appuie mon propos mais sur la réflexion de Hannah Arendt[9]. Que l’identité sexuelle soit un fait essentiellement culturel dans la construction de soi, je ne l’ai, pour ma part, jamais nié ; à condition que l’on considère (c’est ce que j’avais écrit dans mon premier mail en citant Merleau-Ponty) que le culturel en l’homme n’a de sens que sur la base de la nature qu’il transforme[10]. Autrement dit, en l’homme, la nature sans la culture est une hérésie philosophique (je veux bien contester les partisans du « tout naturel » ou du « tout biologique ») ; la culture sans la nature en est une autre. L’exaltation du « je choisis tout » et d’une liberté absolue pensée comme construite exclusivement à partir de  soi, c’est joli comme idée, mais d’un point de vue éducatif, cela peut s’avérer catastrophique. Là aussi, je contesterai la thèse.

    Le plus étonnant dans cette affaire, c’est que le paradigme constructiviste (via la pensée de Foucault par exemple) qui semble déconstruire et délégitimer toute idée de nature pour renvoyer à la seule idée de choix absolument libre ouvre la porte insidieusement à une nouvelle compréhension de l’idée de nature[11]. Je m’explique : puisque rien ne prédétermine mes actions, mes orientations, mes choix, je suis absolument libre, si bien que, en matière de sexualité, je dois être à l’écoute de moi-même dans le sens d’une totale liberté. Aucune tendance, aucune tension n’est alors anodine ; elle exprime une pulsion qui en soi a toute sa légitimité. Par conséquent, la répression des pulsions devient un fait culturel illégitime. Culturellement n’aura de sens que le fait de cultiver ce que je ressens et d’exalter toute forme de plaisir. L’idée de nature est là aussi bien présente. Ce qui maintenant la fonde, c’est la légitime satisfaction de mes désirs (si bien que mon genre peut au cours de ma vie évoluer). Ne pas écouter ses tendances, ce serait les refouler de façon non légitime. Ce qu’on constate, c’est que le concept de nature ne disparaît pas (chassez le concept de nature, pourrait-on dire, et il revient au galop !) ; il change de sens (ainsi que le concept de culture qui doit cultiver la liberté sans frein et bannir toute morale ou culture archaïsante). Avec le nouveau concept de nature (cautionnant la liberté absolue où je dois être à l’écoute de mes tendances), il est possible que je sois au final dans la plus grande dépendance (mes tendances naturelles qui impérieusement devraient être satisfaites). Autrement dit, l’idée d’un « je me choisis comme je veux » peut devenir véritablement tyrannique[12] . Si de plus cela prend une tournure politique et collective, on est en droit de discuter voire de ne pas se laisser imposer des lois d’un genre nouveau qui voudraient régenter jusqu’à l’intime…

    Je ne suis pas dans le délire, le point de Godwin ou la théorie du complot. Cela fait plusieurs mois, disais-je plus haut, que nous sommes dans l’effectif et la concrétisation des idées. Quand on voit que les écoles de formation des enseignants (il faudrait dire de formatage), des enseignants d’enseignants se foutent à poil pour apprendre la déconstruction des stéréotypes ou des interdits culturels, je m’inquiète sur ce que l’on cultive. À vrai dire, je ne sais s’il faut en rire ou en pleurer ; et je me demande de quel côté on dis-joncte, au sens propre du terme, c’est-à-dire de quel côté on se coupe du réel… [13]

    Lorsque je parle de programme d’État, je ne puis ne pas évoquer l’attitude (qui n’a rien perdu de ce que Machiavel enseigne) de notre cher Ministre de l’Intérieur. L’action et l’actualité des Veilleurs est soigneusement tue (ajoute un accent aigu sur ce dernier mot, en l’accordant, et le terme est encore signifiant). Cela est vrai de l’attitude médiatico-politique depuis le début sur la considération des faits par le pouvoir qui, à mes yeux, est loin de s’honorer. Sortir des hordes de CRS face à des manifestants pacifiques que l’on fait passer pour des extrémistes, quel courage politique ! Tu parlais dans un précédent mail de la puissance de certaines familles, entité qu’il serait peut-être vain de défendre, au profit de causes autres ou plus nobles. Laisse-moi t’exprimer mon désaccord sur ce point, du fait de son anachronisme. L’ère contemporaine se situe du côté de l’exaltation de l’individu, pas du tout du côté de la défense de la famille depuis longtemps affaiblie. Ces dernières sont (comme toute situation familiale) à mon avis fragiles, bâties sur un équilibre non évident à préserver. Aujourd’hui, c’est plutôt du côté des individus qu’il faut rechercher les puissants[14]. Les familles influentes, cela valait peut-être du temps de l’aristocratie. S’il peut en exister encore aujourd’hui, ce n’est pas le cas de la famille moyenne (traditionnelle, ou plurielle, c’est-à-dire monoparentale, recomposée, etc.). J’en veux pour preuve le fait que, si les manifestations de la Manif pour Tous n’avaient pas été celle de familles classiques, de vieux, de célibataires pacifiques, d’homosexuels même,[15] etc. elle n’aurait pas eu le traitement qu’elle a eu. Quand on voit que quelques centaines de chauffeurs de taxi font plier le gouvernement dans ses décisions ou que quelques centaines de manifestants d’Électrolux (à raison) l’inquiètent, ça montre vraiment que les gens de LMPT dans l’immense majorité étaient plus proche de pacifistes que des activistes d’extrême droite. Sauf mon respect pour sa fonction, un Président fort avec les faibles et faible avec les forts, voilà ce que nous avons.

    Pour ma part, c’est aujourd’hui du côté des Veilleurs que je me situe, sans haine, sans rejet de quiconque ni de personne, mais sans rougir non plus de ce que je pense et crois. Si cela me vaut de figurer sur un quelconque « mur des cons » ou « mur des homophobes », alors la liberté en moi saignera mais continuera de façon irrépressible de vouloir s’exprimer contre toute forme de pensée unique qui prend déjà des tournures tyranniques.

    Je ne veux pas être moi-même despotique envers quiconque et accepte la pensée autre, même si je suis prêt à me battre par les arguments contre la diffamation. Je crois, pour finir, que Tocqueville a profondément été visionnaire lorsque, à la moitié du XIXème siècle, il décrivit la nature des mœurs contemporaines démocratiques. Sans aucune haine de la démocratie (il le dit dans son introduction et à plusieurs reprises dans son ouvrage), il est important d’en voir les possibles dérives. Celles-ci sont de l’ordre du nivellement, de l’uniformisation vers la médiocrité; et cela s’exerce dans l’impératif d’une pensée uniforme où la différence n’ose plus s’exprimer. La tyrannie des âmes est alors plus dangereuse (même si le propos peut paraître décalé) que n’importe quelle forme de torture physique. C’est ce qu’il appelle la « tyrannie douce ». Je crois que c’est ce qu’aujourd’hui nous vivons.[16]

    Je m’excuse d’avoir été aussi long. Je t’assure sincèrement que je n’ai pas voulu m’épancher. J’ai seulement voulu suivre le fil logique d’une pensée, la mienne, sans pour autant m’enfermer (autant que j’ai pu, je suis allé lire des choses sur la question, y compris dans le « camp adverse » ; c’est pourquoi j’ai répondu aussi longtemps après ton mail d’avril).

    Je n’ai aucune rancœur, aucune amertume dans mon propos. J’espère ne pas avoir laissé transparaître cela. J’ai réagi fortement car le fait de m’être senti (et de nous être sentis) comme rejetés par des amis du fait de ce que l’on pouvait penser ou croire m’a (et nous a) heurté. Je sais que cela est de part et d’autre involontaire. J’ai longtemps écrit et pesé mes mots, pas tant pour convaincre, mais pour de la façon la plus honnête qui soit, défendre une posture qui, selon moi et quoi qu’on en dise, a toute sa légitimité.

    C’est ce que j’ai essayé de démontrer ; je ne sais si j’y suis parvenu. Pardon si j’ai pu être blessant. Même dans la polémique, là n’est pas mon intention.

     

    En toute amitié

    Un Veilleur des Ardennes 

     


    [1] Pour l’utilitarisme, je me réfère aux pensées de Bentham puis de John Stuart Mill. La définition kantienne de la dignité, qui me paraît plus juste puisqu’elle se réfère à la valeur absolue de la personne, est par exemple exprimée de la façon suivante dans les Fondements de la métaphysique des mœurs, 2° partie:  « Dans le règne des fins [pour l’homme] tout a un prix ou une dignité. Ce qui a un prix peut être aussi bien remplacé par quelque chose d’autre, à titre d’équivalent ; au contraire, ce qui est supérieur à tout prix, ce qui par suite n’admet pas d’équivalent, c’est ce qui a une dignité. Ce qui rapporte aux inclinations et aux besoins généraux de l’homme, cela a un prix marchand ; ce qui, même sans supposer de besoin, correspond à un certain goût, c’est-à-dire à la satisfaction que nous procure un simple jeu sans but de nos facultés mentales, cela a un prix de sentiment ; mais ce qui constitue la condition, qui seule peut faire que quelque chose est une fin en soi, cela n’a pas seulement une valeur relative, c’est-à-dire un prix, mais une valeur intrinsèque, c’est-à-dire une dignité. »

    [2] Pour la distinction entre « parenté » et le terme récent de « parentalité », je m’appuie sur  les analyses de Thibaut Colin, dans son livre Les lendemains du mariage gay, édition Salvator, collection Carte blanche, juillet 2012.

    [3] Sans faire d’amalgame, on voit la revendication des droits fleurir. C’est ainsi qu’aux Etats-Unis (comme à d’autres endroits), des pédophiles ont situé leur inclination et leur pratique au même rang de légitimité que toute autre inclination sexuelle. Ils demandent la reconnaissance de leurs droits : direct.cd/2013/04/29/etats-unis-les-pedophiles-reclament-les-memes-droits-les-homosexuels.html. Cela a été repris aussi par mediapart.

    [4] cf le début de l’introduction de La démocratie en Amérique ; cf aussi le tome I, 1°partie, chapitre 3 p.115-116 en GF.

    [5] Je suis allé voir le blog http://penser-le-genre-catholique.over-blog.com/ ainsi que l’article d’Anthony Favier que tu m’avais indiqué sur la réception des « études de genre » par l’Eglise catholique, dans le contexte francophone :

    http://halshs.archives-ouvertes.fr/docs/00/76/57/86/PDF/RA_ception_catholique_du_genre.pdf

    [6] Va voir l’article suivant ; (on croit rêver, ou plutôt, pour ma part, cauchemarder…)http://www.contrepoints.org/2013/09/03/137364-assaut-policier-chez-famille-scolarisant-ses-enfants-domicile-les-enfants-enleves-force

    [7] J’ai bien aimé la référence qu’Anthony Favier fait aux propos du Magistère aux pages 13 et 14 de l’article cité en note plus haut. Voici les propos de  Josef Ratzinger que Favreau cite. Ceux-ci sont extraits de laLettre aux Evêques de l’Eglise catholique sur la collaboration de l’homme et de la femme dans l’Eglise et dans le monde du 31 mai 2004 (Paris, Salvator, p.13) : « Pour éviter toute suprématie de l’un ou l’autre sexe, on tend à gommer leurs différences, considérées comme de simples effets d’un conditionnement historique et culturel. Dans ce nivelage, la différence corporelle, appelée sexe, est minimisée, tandis que la dimension purement culturelle, appelée genre, est soulignée au maximum et considérée comme primordiale. L’occultation de la différence ou de la dualité des sexes a des conséquences énormes à divers niveaux. Une telle anthropologie qui entendait favoriser des visées égalitaires pour la femme en la libérant de tout déterminisme biologique, a inspiré en réalité des idéologies qui promeuvent par exemple la mise en question de la famille, de par nature biparentale, c’est-à-dire composée d’un père et d’une mère, ainsi que la mise sur le même plan de l’homosexualité et de l’hétérosexualité, un modèle nouveau de sexualité polymorphe. »

    [8] J’ai vu dans les grandes ligne le document du syndicat SNUIPP-FSU sur l’éducation à l’égalité et la lutte contre l’homophobie : en terme d’endoctrinement implicite, ça fait froid dans le dos. Les intentions sont excellentes ; les applicatiions pratiques sont effrayantes dans ce qu’elles peuvent imposer en terme de vision du réel excluant toute alternative éducative. En 1789, l’exigence de liberté avait déjà conduit à la Terreur. Peillon qui a écrit La Révolution française n’est pas terminé semble sur la même voie. Contrairement à ce que tu écrivais dans un mail, je pense que sa posture, au sein du gouvernement, est loin d’être isolée (cf www.gouvernement.fr/sites/default/files/fichiers_joints/pag_lgbt_-_bilan_intermediaire.pdf).

    [9] Aller voir pour cela les pages 294 à 299, au chapitre 4 du tome III - « Le Système totalitaire »- des Origines du totalitarisme (édition Points-Essai). une « idéologie » n’est pas n’importe quelle idée, théorie ou philosophie. Il s’agit d’une conception qui prend ses distances avec le réel et qui cherche à le supplanter. L’« idéologie » relève de la « logique d’une idée » qui  propose une vision mensongère plus satisfaisante parce que plus simple, plus schématique et, au final, moins déroutante que le réel et son caractère foisonnant, déstabilisant.

    [10] La référence à Merleau-Ponty était la suivante : Phénoménologie de la perception, livre I, chapitre 6, pp.220-221). En l’homme, rien n’est naturel et  tout est culturel, à condition que l’on ne pense pas le culturel indépendamment de sa base naturelle et biologique : « Il n’est pas plus naturel ou pas moins conventionnel de crier dans la colère ou d’embrasser dans l’amour que d’appeler table une table. Les sentiments et les conduites passionnelles sont inventés comme les mots. Même ceux qui comme la paternité, paraissent inscrits dans le corps humain sont en réalité des institutions. Il est impossible de superposer en l’homme une première couche de comportements que l’on appellerait « naturels » et un monde culturel ou spirituel fabriqué. Tout est fabriqué et tout est naturel chez l’homme, comme on voudra dire, en ce sens qu’il n’est pas un mot, pas une conduite qui ne doive quelque chose à l’être simplement biologique – et en même temps ne se dérobe à la simplicité de la vie animale… »:

    [11] Pour ma part, je préfère philosophiquement me référer à l’idée aristotélitienne de « nature ». D’aucun diront que le paradigme aristotélitien est désuet et archaïsant pour penser l’homme. Pourtant, Penser que la philosophie constructiviste et relativiste contemporaine soit la seule qui vaille (avec cette croyance présupposée dans le progrès des sciences), c’est mal comprendre le sens de ce que philosopher veut dire. La philosophie aristotélitienne est une philosophie « finaliste », ce qui veut dire que son paradigme pour comprendre le réel intègre l’idée de « cause finale », concept contesté par la philosophie moderne (notamment par Spinoza dans l’appendice du livre I de l’Ethique). Cela dit, rien n’indique a priori que, pour comprendre la nature humaine, une philosophie soit obsolète. La façon qu’Aristote a de comprendre l’éthique et le politique est loin d’être insensée. Anthropologiquement, il n’est pas forcément inepte de voir une finalité inhérente et excédant l’homme et la femme dans leur relation. On peut penser un déterminisme sans que cela implique une prédétermination de nos vies : la liberté reste sauve !

    [12] Jean Claude Guillebeaud développe cela dans son livre La Tyrannie du plaisir où il analyse très clairement l’injonction de jouissance dans laquelle culturellement aujourd’hui nous baignons tous.

    [13] Va voir le lien (« Queer days Rachele Borghi) relatif au cours de Rachele Borghi de l’université  Paris IV Sorbonne. Elle serait professeure de géographie, militante du genre et spécialiste du post-porn, formatrice des futurs professeurs d’Histoire Géographie. On croirait un  canular étudiant. Elle se fout à poil en faisant son « cours ». Tout est possible !...

    [14] L’influence et l’action par exemple, de quelqu’un comme Pierre Berger sur les médias et sur le politique le montrent.

    [15] Il n’y a pas que Philippe Ariño  qui se soit exprimé sur la question. On le taxe d’homophobie ; je veux bien que l’on puisse ne pas s’aimer soi-même, mais on peut peut-être écouter tous ceux qui sont concernés par rapport à une question et ne pas forcément s’arrêter à un propos monolithique. Le mal être de l’homosexuel peut être dû à la société qui a sa part de responsabilité et c’est bien dommage ; mais il y a aussi des questions existentielles ou personnelles à écouter et à entendre. Le site homovox.com a pu exprimer cela ; d’autres personnes, homosexuelles, se sont aussi  exprimées dans le sens de la non-conformité à la bien pensance ambiante (cf par exemple le témoignage d’Yves Colin, maire et homosexuel, qui s’est publiquement opposé au projet de loi et à l’idée de l’appréhension uniforme des situations affectives : http://www.yvescolin.fr/article-un-maire-homosexuel-contre-le-mariage-gay.html).

    [16] Voici comment Tocqueville perçoit la différence entre les tyrannie anciennes et la nouvelle forme de tyrannie émergente qui caractérise notre époque (in De la démocratie en Amérique, tome I, II°partie, chapitre 7). Je ne puis m’empêcher de le citer longuement : « La pensée est un pouvoir invisible et presque insaisissable qui se joue de toutes les tyrannies. De nos jours, les souverains les plus absolus de l’Europe ne sauraient empêcher certaines pensées hostiles à leur autorité de circuler sourdement dans leurs Etats et jusqu’au sein de leurs cours. Il n’en est pas de même en Amérique : tant que la majorité est douteuse, on parle ; mais dès qu’elle est irrévocablement prononcée, chacun se tait, et amis comme ennemis semblent alors s’attacher de concert à son char. La raison en est simple : il n’y a pas de monarque si absolu qui puisse réunir dans sa main toutes les forces de la société et vaincre les résistances comme peut le faire une majorité revêtue du droit de faire les lois et de les exécuter. Un roi d’ailleurs n’a qu’une puissance matérielle qui agit sur les actions et ne saurait atteindre les volontés ; mais la majorité est revêtue d’une force tout à la fois matérielle et morale, qui agit sur la volonté autant que sur les actions, et qui empêche en même temps le fait et le désir de faire.(…)Des chaînes et des bourreaux, ce sont là des instruments grossiers qu’employait jadis la tyrannie ; mais de nos jours la civilisation a perfectionné jusqu’au despotisme lui-même, qui semblait pourtant ne plus rien avoir à apprendre.(…) Sous le gouvernement absolu d’un seul, le despotisme, pour arriver à l’âme, frappait grossièrement le corps ; et l’âme, échappant à ses coups, s’élevait glorieuse au-dessus de lui ; mais dans les républiques démocratiques, ce n’est point ainsi que procède la tyrannie ; elle laisse le corps et va droit à l’âme. Le maître n’y dit plus : vous penserez comme moi ou vous mourrez ; il dit : vous êtes libre de ne point penser ainsi que moi ; votre vie, vos biens, tout vous reste ; mais de ce jour, vous êtes un étranger parmi nous. Vous garderez vos privilèges à la cité, mais ils vous deviendront inutiles ; car si vous briguez le choix de vos concitoyens, ils ne vous l’accorderont point, et si vous ne demandez que leur estime, ils feindront encore de vous la refuser. Vous resterez parmi les hommes mais vous perdrez vos droits à l’humanité. Quand vous approcherez de vos semblables, ils vous fuiront comme un être impur et ceux qui croient en votre innocence, ceux là même vous abandonneront, car on les fuirait à leur tour. Allez en paix, je vous laisse la vie, mais je vous la laisse pire que la mort. »

  • Le « genre » : un outil éducatif majeur qui permettra la déconstruction des repères élémentaires liés à la vie affective et sexuelle, à la vision de la famille et de la société

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    Intervention de Ludovine de la Rochère auprès des Veilleurs lors de la veillée du 31 août à la Concorde – venue présenter aux côtés de Camel Béchikh les orientations de la Manif Pour Tous pour l’année à venir.

     

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    « Bonsoir,

    Je suis très heureuse d’être à nouveau avec vous ce soir, de vous faire part de mon amitié et de ma solidarité, de vous rencontrer et vous écouter. Il y a quelques jours j’étais à Pau avec les veilleurs du Béarn. J’y ai senti la même écoute, la même ferveur, la même envie de témoigner pour réveiller la conscience de nos contemporains. C’est sans aucun doute ce que vous venez de vivre au cours de votre périple. Je voudrai également saluer votre mouvement, ses organisateurs et bien sûr chacun de vous, Les Veilleurs. Vous formez une force, je veux dire une force d’idéaux, de valeurs dans lesquelles tous les hommes et les femmes de bonne volonté se reconnaissent, d’où votre succès, d’où votre pérennité et votre ancrage territorial avec la multiplication des veillées.

    Vous faites partie d’un mouvement qui marquera l’histoire politique et sociale de notre pays : par la nouveauté de son mode d’action, par son ouverture aux autres, par le calme qu’il impose dans le tohu-bohu actuel, par son pacifisme, par la solidité de son corpus intellectuel et philosophique. Comme je l’ai déjà dit à plusieurs reprises, La Manif Pour Tous et les veilleurs sont les deux faces d’une même médaille. A l’orée de cette année 2013-2014, nous sommes décidés, tous, à poursuivre notre chemin avec détermination !

    Quels seront les enjeux de notre engagement cette année ?

    Nous continuerons bien-sûr de promouvoir une société respectueuse de l’altérité sexuelle homme/femme, du droit de l’enfant et de la famille. Compte-tenu du contexte, nous poursuivrons aussi notre défense des libertés fondamentales de tout citoyen français, en particulier liberté d’expression, de conscience et d’éducation. Le genre est le fondement de la loi Taubira et de ses conséquences. Elle est au cœur du changement de civilisation en cours. Je voudrai donc, ce soir, insister sur ce sujet.

     

    La diffusion du concept de genre

    Qu’est-ce que ce concept qui, disons-le tout de suite, n’a aucun fondement scientifique. C’est, tout simplement, la remise en cause de l’identité sexuelle homme/femme. Qu’est-ce qu’implique ce concept pour notre société et pourquoi en entendons-nous tant parler depuis quelques mois ? Il concerne avant tout l’éducation des nouvelles générations. En ouvrant le mariage et l’adoption aux personnes de même sexe, la loi Taubira pose des principes nouveaux :

    1.  Former un couple homme-homme, femme-femme ou homme-femme est indifférent pour fonder une famille,

    2.  Les rôles de père et de mère sont interchangeables,

    3.  La négation de la différence des sexes et de leur complémentarité,

    4.  L’absence d’impact et d’importance de l’altérité sexuelle. Celle-ci n’aurait pas d’importance pour l’Homme.

    Je parle là, bien-sûr, de l’Homme avec H. Au sens du dictionnaire de l’Académie française : « Homme, terme qui embrasse la femme ». Une fois ces principes juridiquement posés, il faut maintenant les légitimer et les faire entrer concrètement et massivement dans les mœurs. A ce jour, les mentalités des générations adultes sont encore largement imprégnées par les principes « anciens » : l’hétérosexualité est la norme et l’homosexualité l’exception ; l’écrasante majorité des parents ne considérerait pas comme neutre le fait qu’un de leur enfant soit homosexuel. Le plus grand nombre des parents pense encore (et constate) que le père et la mère jouent un rôle différencié et complémentaire dans l’éducation des enfants et l’équilibre familial. Un enfant a deux parents, et non trois ou quatre ou plus.

    Les promoteurs actuels de cette mutation de civilisation savent qu’il est difficile et lent de faire évoluer les mentalités concrètement. Ils savent parfaitement qu’il y a une marge considérable entre imposer une législation et imprégner profondément et durablement les conceptions nouvelles portées par cette législation, aussi bien dans les mœurs que dans la culture, même si cela est déjà bien entamé. Ils savent aussi que l’éducation reçue en famille constitue le principal obstacle à une mutation aussi radicale que celle qui est visée.

    C’est pourquoi leur projet est de construire progressivement une éducation d’Etat qui se substitue à l’éducation familiale : Vincent Peillon le déclare : « Il faut arracher l’élève aux déterminismes familial, social, ethnique et intellectuel ». L’objectif est de formater le plus vite possible les nouvelles générations aux nouveaux principes et ce, dès le plus jeune âge. Ici, l’école constitue un enjeu majeur et ce, dès la crèche. La France présente une porosité particulière à l’accomplissement de ce projet compte-tenu de l’évolution historique du lien entre l’école et la famille : Nous sommes passés depuis longtemps déjà de la notion d’instruction (transmettre un savoir) à celle de l’éducation. Le rôle éducatif de l’école est installé. Ce rôle éducatif de l’école est perçu par les parents comme un prolongement de l’éducation familiale (complémentarité de la famille et de l’école).

    Au plan pratique, les difficultés éducatives dans les familles (qui touchent tous les milieux sociaux) conduisent nombre de parents à attendre de l’école qu’elle supplée leurs insuffisances. Les attentes vis-à-vis de l’école sont devenues énormes : c’est l’école « bouée de secours » éducative. Un grand nombre de parents sont prêts à accepter des « transferts de compétences et de responsabilités » de la famille vers l’école, quitte à perdre en « maîtrise » de l’éducation de leurs enfants. En même temps que la notion de « responsabilité », celle de « liberté d’éducation » est aujourd’hui en recul.

    Dans ce contexte, se déroule, pour les tenants des « nouveaux principes », un véritable « tapis rouge ». Sur ce « tapis rouge », entre tranquillement à l’école, un « cheval de Troie », qui entend formater aux nouveaux principes les enfants, à un âge de plus en plus jeune : de la sensibilisation des adolescents, on est prêt à passer à celle des enfants dès la maternelle, voire dès la crèche. Ce « cheval de Troie » s’appuie sur trois objets de sensibilisation aujourd’hui largement légitimés et admis par les parents : l’éducation sexuelle ; la lutte contre les discriminations liées à l’orientation sexuelle et l’égalité homme-femme.

    Nous sommes tous pour l’éducation sexuelle, mais la vraie. Nous sommes tous pour l’égalité entre les sexes. Nous refusons les discriminations car nous refusons tout manque de respect aux personnes. Mais cela ne justifie en rien, bien au contraire, la remise en cause des identités sexuelles homme/femme. Hélas, c’est ici que le « Gender » trouve sa place comme enjeu éducatif majeur.
     

     

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    Le « genre » comme enjeu éducatif

    On peut considérer le « genre » comme un outil éducatif majeur qui permettra la déconstruction des repères élémentaires liées à la vie affective et sexuelle, à la vision de la famille et de la société. Une fois cette déconstruction achevée dans les nouvelles générations – vierges de la culture antérieure, il ne se trouvera plus d’obstacle majeur pour l’achèvement progressif de la mutation de civilisation en cours. Nous pouvons donc considérer que porter le combat sur ce terrain constitue aujourd’hui un enjeu politique essentiel si nous voulons éviter à notre société de poursuivre sa marche vers le « Meilleur des mondes ».
     

    Les faits

    L’inspection générale de l’Education nationale vient de remettre un rapport au gouvernement qui recommande « la déconstruction des stéréotypes de genre » à l’école et la formation des enseignants au Gender. Des expérimentations vont être menées dans 500 écoles : des milliers d’enfants vont donc servir de cobayes. Tout cela au nom de « l’égalité homme/femme ». L’amendement sur l’enseignement du genre à l’école, envisagé dans le cadre de la loi Peillon, a été retiré grâce à notre mobilisation. Mais il faut savoir que la question du genre est en fait bien restée dans les objectifs et l’annexe de la loi telle qu’elle a été votée. Des supports pédagogiques vont être diffusés cette année, tel que l’ouvrage « Papa porte une robe ». Une circulaire demande à tous les élus et fonctionnaires de se former au concept de genre. Serons-nous bientôt comme la Suède qui vient d’adopter le pronom neutre « Hen » comme pronom pour les personnes « asexuées ».

     

    Gender à l’école : tout le monde est concerné

    L’enjeu du Gender à l’école concerne un très grand nombre des Français sur un lieu essentiel de leur vie quotidienne et de leurs relations sociales – l’école – et sur un sujet qui rejoint directement l’une de leurs préoccupations majeurs – leurs enfants. Nous souhaitons leur faire savoir ce que leurs enfants entendent ou vont entendre. Et les faire réfléchir avec nous : est-ce qu’ils veulent que ce discours soit tenu à nos enfants ? Veulent-ils être associés, impliqués, avoir leur mot à dire dans ce qui est enseigné à leurs enfants ? Voulons-nous assumer notre responsabilité de premiers éducateurs de nos enfants ? Sommes-nous prêts à nous laisser imposer des concepts douteux dérivés des « Etudes Gender », qui vont brouiller les repères élémentaires de nos enfants en matière de sexualité, de vie affective, de vision de la famille ? Il en va de notre liberté d’éducation et de l’avenir de notre société.

     

    Notre action à venir sur cet enjeu Gender et éducation

    L’année scolaire 2013-2014 sera une année d’implantation dans toutes les écoles scolaires, publiques et privées, de « Comité de parents – Vigilance Gender ». Ces comités seront créés au sein des associations locales de parents d’élèves (un peu comme un groupe de travail) ou à côté. Il s’agit d’un immense travail de terrain, de réseau, d’information et de sensibilisation : vis-à-vis des parents d’élèves bien sûr, mais aussi de l’ensemble de la communauté éducative.

     

    Ouverture de la PMA aux couples de même sexe

    En ce qui la concerne, LMPT se prépare à lancer des manifestations si la proposition de loi sur l’ouverture de la procréation médicalement assistée aux couples de même sexe, déposée le 19 juillet dernier au Sénat, n’était pas retirée dans les plus brefs délais. A ce sujet, LMPT a demandé en juillet un RDV à Mme Bertinotti. Hélas, au contraire de l’APGL (association des parents et futurs parents gay et lesbien), LMPT n’a pas été reçu. Pire : LMPT n’a même pas eu l’honneur d’être reçu. LMPT poursuit aussi toutes ses actions politiques et judiciaires.

     

    Conclusion

    Compte-tenu des dangers actuels et des échéances électorales prochaines, l’année à venir demandera à tous une mobilisation très intense : nous devons à la fois stopper ces projets, mais aussi obtenir des futurs candidats qu’ils s’engagent sur les convictions que nous défendons. À nous tous de continuer à éveiller les consciences et défendre le bien commun. On lâche rien ! »

    *

    La Manif pour tous organise une université d’été les 14 et 15 septembre prochain au parc floral de Vincennes. Plus d’information sur l’évènement.

     

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  • Décryptage de la Théorie du Genre pour Tous

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    Livret à l'usage des élèves de 1ère : Décryptage de la Théorie du Genre
    PDF à télécharger

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    Introduction

    La question du genre intéresse des disciplines telles que la philosophie, la sociologie ou encore la psychologie.

    Parmi ceux qui s’intéressent à ce sujet, certains sont convaincus de l’exactitude d’une théorie dite « du genre » qui considère que l’identité sexuelle de l’être humain ne dépend pas du sexe biologique mais du ressenti subjectif de chacun. 

    Cette théorie est l’objet de débat depuis les premiers temps de son élaboration. Elle demeure aujourd’hui un sujet de controverses, y compris chez ses promoteurs, qui se divisent entre divers courants. Pourtant cette théorie est de plus en plus souvent présentée comme scientifiquement exact, c’est-à-dire correspondant à un constat d’ordre biologique.

    De la description du développement du corps de la femme et du corps de l’homme, on passe, par exemple dans certains manuels scolaires, à une présentation de la sexualité humaine à partir de codes et d’éléments signant la théorie du genre. Dans le contexte de l’enseignement des SVT (science de la vie et de la terre), cette théorie semble alors cautionnée scientifiquement.

    La Fondation Jérôme Lejeune, organisme dédié à la recherche scientifique et à la bioéthique, refuse tout détournement de la science au profit d’une idéologie, quelle qu’elle soit. 

    Forte du succès rencontré par son Manuel Bioéthique des Jeunes, la Fondation met à disposition des jeunes le présent document, en leur proposant une démarche inédite : étudier les propos et les faits évoqués, et les décrypter.

    Ce décryptage permettra aux jeunes de saisir le sens de ce qu’ils entendent et lisent. Il vise plus largement à développer leur esprit critique, seul moyen pour eux de ne pas se laisser manipuler et de garder leur libre-arbitre !" *


    * Les références citées dans le présent livret sont données à titre d’exemples pour illustrer les idées générales de la théorie du genre.

     

    Rappel : Le développement embryonnaire

    L’histoire de l’être humain commence à la fécondation

    Une nouvelle vie commence au moment où toute l’information apportée par le spermatozoïde du père est réunie à celle apportée par l’ovocyte de la mère.

    Dès la fécondation se trouve réalisé un être nouveau qui commence son existence.

    Le patrimoine génétique unique de la personne, donc aussi son sexe, féminin ou masculin, est déterminé dès ce moment-là.

    Il s’agit du 1er stade de développement de celui qu’on appellera plus tard Paul ou Virginie.

    Une nouvelle vie commence. 

    L’embryon commence à se diviser en 2, 3, 4, 8 cellules... déjà organisées.

    Le processus de développement de l’embryon est continu. 

    Le zygote est le premier stade de l’embryon dans lequel se réunissent les 23 chromosomes de la mère et les 23 chromosomes du père. 

    L’embryon humain est un être vivant avec un patrimoine génétique humain hérité de son père et de sa mère. Même s’il est amené à se développer et à se modifier dans son apparence, comme il le fera d’ailleurs toute sa vie, l’embryon est bien un être humain dès la 1ère cellule issue de la fécondation : il ne s’agit pas là d’une opinion, mais d’un constat.

    Et dès la fécondation, dès cette 1ère cellule constituant un nouvel être humain, il est déjà garçon ou fille.

     

    1- La théorie du genre

    La théorie du genre est une hypothèse selon laquelle l’identité sexuelle de l’être humain dépend de l’environnement socio-culturel et non du sexe – garçon ou fille – qui caractérise chacun dès l’instant de sa conception.

    Autrement dit, notre sexe biologique ne serait pas plus déterminant que le fait d’être grand ou petit, blond ou brun : notre identité féminine ou masculine n’aurait pas grand chose à voir avec la réalité de notre corps.

    La cohérence entre sexe et genre nous serait en fait imposée par la société. N’ayant pas le choix, chacun intérioriserait dès son plus jeune âge le rôle qu’il est supposé tenir dans la société comme femme ou comme homme.

    D’après la théorie du genre, notre genre devrait être fondé sur notre orientation sexuelle, que nous sommes libres d’accepter. Celle-ci pourrait avoir des formes diverses tout comme elle pourrait évoluer dans le temps. Certains soutiennent qu’il existerait jusqu’à six genres : hétérosexuel masculin, hétérosexuel féminin, homosexuel, lesbienne, bi sexuel et indifférencié (ou neutre, c’est-à-dire ni homme, ni femme).

    Ainsi, la théorie du genre sous-estime la réalité biologique de l’être humain. Réductionniste, elle survalorise la construction socio-culturelle de l’identité sexuelle, qu’elle oppose à la nature.

    L’être humain n’aurait pas à s'en tenir à sa propre réalité sexuelle. L’identité sexuelle, ne serait pas objective, mais subjective : l’orientation sexuelle – librement choisie – caractériserait l’individu.


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    « Cette activité a pour objectif de permettre aux élèves d’identifier puis éventuellement de remettre en cause les stéréotypes de genre les plus courants...» « Filles et garçons, cassons les clichés », Livret pour les élèves (du CP au CE1), Fédération de Paris de la Ligue de l’Enseignement.

     

    Qu’est-ce qui différencie le sexe du genre ?

    Le « sexe » désigne la réalité biologique – garçon ou fille – de l’être humain, tandis que le « genre » désigne la dimension sociale du sexe, c’est-à-dire le comportement social d’un homme ou d’une femme en lien avec son sexe biologique.

    Dans la théorie du genre, le terme « genre » désigne la masculinité ou la féminité construite par l’environnement social et culturel (la langue, l’éducation, les modèles proposés…). Le genre ne dépendrait pas du sexe biologique : il serait subjectif (il dépendrait de la perception que chaque individu a de lui-même).


    2- Des ambiguïtés qui posent problème

    « Devenir homme ou femme », l’un des nouveaux sujets de SVT des classes de 1ères comportent des ambiguïtés qui posent question :

    « Devenir femme ou homme : ce sera l’occasion d’affirmer que si l’identité sexuelle et les rôles sexuels dans la société avec leurs stéréotypes appartiennent à la sphère publique, l’orientation sexuelle fait partie, elle, de la sphère privée. »(1)

    (1)http://media.education.gouv.fr/


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    « Devenir femme ou homme » : un titre ambigu

    Certes, le développement de la petite fille et du petit garçon, à la naissance, n’est pas achevé. Du point de vue biologique, il le sera complètement à partir de la puberté, lorsque les organes sexuels deviendront fonctionnels et que leurs caractères sexuels secondaires s’exprimeront. Il le sera aussi, sur le plan psychologique, quand la petite fille et le petit garçon réaliseront qu’ils sont sexués, en comprenant lequel des deux sexes est le leur, puis avec l’identification progressive que chacun réalise à celui de ses parents qui est du même sexe que lui, et par opposition à celui de sexe opposé.

    Ce titre, cependant, laisse penser que le devenir du petit garçon ou de la petite fille peut se dessiner autrement... Ainsi, il est susceptible de signifier que la réalité biologique ne suffit pas à identifier chaque être humain comme étant homme ou femme.

    En effet, le psychisme et d’autres éléments, notamment culturels, entrent aussi en ligne de compte dans la nature de l’identité féminine et masculine. Mais il s’agit là d’un sujet qui relève de la psychologie ou d’autres domaines mais non de la biologie.

    Ce titre « devenir femme ou homme » introduit donc une première ambiguïté.


    « si l’identité sexuelle et les rôles sexuels dans la société avec leurs stéréotypes appartiennent à la sphère publique… »

    Bien que présentés comme s’il s’agissait d’évidences, ces termes et le sens de cette phrase présentant le programme sont loin d’être anodins :

    •  l’identité sexuelle et le rôle sexuel sont distingués ;

    le terme de « rôle » renvoie à quelque chose qui serait artificiel et imposé ;

    le terme de « stéréotype » renvoie à quelque chose qui est répété mécaniquement, qui n’est pas spontané ni authentique. Il laisse à penser que la conduite d’une personne comme homme ou comme femme n’est qu’un conditionnement.

    Cela signifierait que nous sommes uniquement conditionnés par la société.


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    Ici, une opposition entre « identité » et « orientation sexuelle » est affirmée, comme si elle allait de soi. Pourtant, en général, identité et orientation sexuelles vont de pair.

    En parlant de « sphère privée », on suggère qu’il pourrait en être autrement et qu’on est libre de faire ce qu’on veut. S’agit-il d’inciter à la pratique d'expériences sexuelles diverses ou véritablement d’appeler au respect de la sphère privée de chacun, c’est-à-dire de son intimité ? S’il est vrai que la sexualité est un sujet intime, ce n’est pas parce qu’il y aurait à se protéger de critiques, mais tout simplement parce que cela ne regarde que l’intéressé lui-même, en lien avec son entourage.

    Or, en l’occurrence, l’approche proposée ici est intrusive vis-à-vis des jeunes et de l’éducation que les familles souhaitent leur donner dans ce domaine.

    Ces ambigüités laissent la possibilité d’introduire la théorie du genre en biologie. Ce faisant, on laisse penser que ce qui n’est qu’une théorie serait attesté par une science exacte.


    3- Des fondamentaux scientifiques mis de côté

    « La plupart des cultures catégorisent tous les individus en tant qu’homme ou femme, mais pour certaines, il reste une troisième catégorie, considérée comme ni femme, ni homme... »

    Manuel Bordas 1er L/ES, p. 173


    Le rôle des chromosomes sexuels

    Aborder le féminin et le masculin devrait logiquement conduire à aborder de manière conséquente le rôle des chromosomes sexuels. Ce sujet est fondamental puisque notre patrimoine génétique est à l’origine de notre féminité ou masculinité. Il a une importance tout au long de la vie et pas seulement pendant la période embryonnaire.

    Les manuels consacrent pourtant peu de place – voire pas du tout dans certains cas – au rôle des chromosomes sexuels. Il est en outre radicalement distingué de l’identité sexuelle, comme si celle-ci n’avait rien à voir avec notre patrimoine génétique et notre corps.

    À lire certains, les chromosomes sexuels semblent n’avoir d’impact que sur la sécrétion hormonale et la formation des organes sexuels au cours de la seule période prénatale.

    L’un des manuels n’aborde même le sujet des chromosomes que pour évoquer l’histoire de la découverte du caryotype féminin et masculin(1).

    (1) Hachette 1 L/ES, p. 165


    Compte-tenu du sujet dont il s’agit, « Devenir homme ou femme », il aurait été logique, du point de vue scientifique, de rappeler que l’embryon est XX ou XY dès la 1ère cellule issue de la fécondation et que cette différence chromosomique caractérise les 70 000 milliards de cellules du corps humain et ce, tout au long de la vie, de la conception jusqu’à la mort.

    En outre, les manuels (à l’exception du Belin) n’évoquent qu’un seul gène, le SRY, celui de la masculinité, présent sur le chromosome Y. Son absence chez les embryons XX serait à l’origine de leur féminité.

    En fait, on sait que ce gène entraîne l’activation en cascade de très nombreux autres gènes, lesquels ont aussi des rôles importants chez le garçon.

    Du côté de la fille, il existe bien un gène de la féminité : le gène NR0B1, situé sur le chromosome X codant pour la protéine DAX1.


    Homme et femme / Père et mère

    La capacité de l’homme et de la femme à être père pour le premier, et mère pour la seconde, est l’une des caractéristiques essentielles de l’identité sexuelle. La grossesse et la maternité sont une part importante de la féminité.

    Tout comme la paternité est une dimension significative de la masculinité (même si certains ne deviennent pas effectivement mère ou père).

    Ce sujet « Devenir homme ou femme » aurait donc dû déboucher sur une présentation de la procréation et de la gestation, et non pas uniquement sur des techniques destinées à éviter la conception d’un enfant, ou au contraire sur des techniques artificielles pour procréer.

    Le développement de l’être humain de la conception à la naissance aurait même pu être étudié dans la continuité du chapitre « Devenir homme ou femme ».


    4- Une description faussée du développement embryonnaire

    « L’origine commune d’appareils génitaux différents »

    Manuel Bordas 1ère S, p. 236

     

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    L’embryon présenté comme indifférencié sexuellement

    Dans le chapitre «  Du sexe génétique au sexe différencié », les manuels insistent longuement sur la période au cours de laquelle le sexe de l’embryon n’est pas encore reconnaissable.

    Il y est sans cesse question d’indifférenciation entre les sexes pendant les premières semaines de vie et ce, sans toujours rappeler en parallèle qu’en fait l’embryon est déjà XX ou XY.

    Des textes parfois longs et de nombreux visuels illustrent cette période du développement embryonnaire. On y parle tantôt d’ « organe sexuel indifférencié », tantôt d’« appareil génital indifférencié ».

    Le manuel Hatier(1) indique même que « tous les embryons humains jeunes ont des organes reproducteurs indifférenciés, identiques pour les embryons des deux sexes ».

    (1) 1 ES/L, p. 179

     

    Certains font comme si le sexe de l’embryon était indifférencié jusqu’à la 7ème ou 8ème semaine.

    En fait, plus précisément le sinus uro-génital se dessine au cours de la 4ème semaine, pour évoluer dans un sens ou dans l’autre à partir de la 8ème semaine.

    Plusieurs manuels (Bordas, Nathan, Belin) comportent en place évidente (souvent en entrée de chapitre) une grande photo (en relief et en couleur) de ce qui deviendra plus tard un sexe féminin ou masculin mais dont, pour le moment, on ne voit pas encore ce qu’il se prépare déjà à devenir.

    En réalité, ce «  tubercule génital  » n’est pas encore un organe sexuel puisque, précisément, il n’est pas encore formé, tout comme les autres organes du fœtus cœur, poumon, cerveau, estomac, foie ne peuvent être développés dès l’instant de la conception.

     

    Comme on l’a déjà dit (et comme les manuels ne le rappellent pas en parallèle), le fœtus est bien garçon ou fille dès l’instant de sa conception, même si cela ne se voit pas encore physiologiquement.


    5- Une présentation incomplète de la puberté

    « Des différences physiologiques distinguent également les deux sexes : les testicules assurent une production continue de spermatozoïdes et de testostérone, alors que les ovaires et l’utérus ont un fonctionnement jusqu’à la ménopause et produisent des ovules et des hormones »

    Manuel Hachette 1ère L/ES, p. 172


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    La puberté

    La puberté est à peine étudiée par les manuels alors que c’est le moment où les corps des garçons et des filles deviennent effectivement ceux d’un homme et d’une femme adultes.

    Certains(1) n’abordent pas ce sujet et passent directement à la question de l’identité et de l’orientation sexuelles…

    (1) Hachette 1 L/ES par exemple

     

    Quant à ceux qui l’abordent, ils n’évoquent en général que les organes sexuels.

    Les autres évolutions physiques et physiologiques de la puberté sont à peine évoquées.

    La puberté est en outre définie comme le moment où les organes sexuels deviennent fonctionnels et donc comme l’étape à partir de laquelle il est possible de vivre sa sexualité. Ce n’est pourtant pas suffisant, c’est incomplet scientifiquement : il aurait été plus complet de développer aussi le fait que la fonctionnalité des organes sexuels conduit à la possibilité de procréer.

     

    L’évolution morpho-anatomique et physiologique de la puberté est réduite à sa plus simple expression, c’est-à-dire aux seuls organes sexuels.

     

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    Les différences biologiques entre homme et femme

    Seuls les organes génitaux sont schématisés, de manière bien peu scientifique d’ailleurs(1).

    Les caractères sexuels secondaires (pilosité faciale et corporelle, gravité de la voix, proéminence de la pomme d’Adam pour les hommes seins développés, bassin élargi, taille fine... pour les femmes) ne sont pas toujours décrits.

    (1) Nathan 1 ES/L, p. 186 et Hachette 1 L/ES, p.164

     

    Les différences de taille, poids, répartition de la masse musculaire, forme du corps… ne sont pas décrites.

    Il serait pourtant intéressant pour les jeunes d’apprendre à mieux connaître leur propre corps, comme celui du sexe opposé, pour mieux le comprendre et le respecter.

    Seuls la production des spermatozoïdes et le cycle menstruel de la femme sont évoqués, comme si la différence entre homme et femme ne reposait que sur la différence de rythme de production des cellules sexuelles (spermatozoïdes et ovules(2)).

    Les différences physiologiques entre homme et femme vont pourtant bien au-delà.

    Les hormones, par exemple, ont un impact considérable, non seulement sur le fonctionnement des organes sexuels, mais aussi sur l’ensemble du corps féminin et du corps masculin ou encore sur le psychisme.

    (2) Par exemple, Hatier 1 ES/L, pages 177, 181 et 183 et Hachette 1 L/ES, p.165


    6- Des troubles de l’identité sexuelle surreprésentés

    « Avec l’ADFH, vous participez à l’histoire en marche pour que l’homoparentalité soit enfin reconnue légalement en France !

    Vous soutenez les actions de l’association visant à la reconnaissance des familles homoparentales et à l’égalité de droits et devoirs que nos familles réclament. »

    « Avec l’ADFH vous aurez les informations les plus récentes sur la Gestation Pour Autrui à l’étranger (GPA, ou mères porteuses), l’adoption en tant que gay, la coparentalité et les contextes d’enfant dans un cadre ex-hétéro, et vous connaîtrez toutes les dernières avancées juridiques en matière d’homoparentalité. »

    www.adfh.net (ADFH : Association des familles homoparentales)

     

    Une large place donnée aux anomalies sexuelles

    D’une manière générale, une large place est donnée aux anomalies sexuelles : elles sont abondamment étudiées, commentées et illustrées ; elles font aussi l’objet de nombreux exercices.

    Il s’agit souvent de poser deshypothèses et tirer des conclusions sur le rôle des gènes ou des hormones masculines et féminines. Ce qui correspond en effet à une démarche scientifique.

    Pourtant, ce n’est pas toujours le cas : certains de ces exercices ne sont pas forcément nécessaires à la compréhension des phénomènes biologiques observés(1).

    (1) Cf exemple Bordas, S, p. 234, 2 texte et illustration et p. 238, document A ; Nathan ES-L, p. 200 ; Hatier 1e L/ES, p. 185, etc.

    D’ailleurs, au lieu de parler « d’anomalies » - terme habituellement employé en biologie pour nommer ce qui diffère de la normalité -, le Hatier(2) utilise le terme « doriginalités surprenantes ».

    Sans doute n’ose-t-il même plus employer le terme «d’anomalie ». En science, il est pourtant nécessaire de nommer les choses.

    Certains manuels(3) décrivent des cas de femmes (donc XX) ayant une apparence masculine et réciproquement.

    Ils sont présentés comme « hommes XX et femmes XY ».

    En fait, ce sont des hommes avec un phénotype (aspect) féminin et des femmes avec un phénotype masculin.

    La rigueur et l’honnêteté scientifiques et pédagogiques auraient dû conduire les auteurs à mettre entre guillemets les termes « hommes » et « femmes ».

    (2) 1 L/ES, p.178

    (3) Par exemple, Hatier 1e ES-L, p. 178 ; Bordas 1e S, p. 238


    Des genres et orientations sexuelles hors-normes abondamment représentés

    Un visuel (photo, dessin ou autre) n’est jamais anodin. Bien plus, son impact peut être très fort, comme on le voit en publicité.

    Or les visuels sont très utilisés, par exemple dans les manuels scolaires. Ceux qu’on y trouve font parfois passer l’idée que  les personnes d’orientation autre qu’hétérosexuelle ne sont pas acceptées, qu’elles doivent manifester pour être reconnues... On est alors dans une expression d’ordre politique et non plus biologique.

    Certaines de ces représentations sont d’ailleurs réalisées et diffusées par des mouvements comme le collectifLGBTQI (lesbien, gay, bi, trans, queer, indifférent) qui militent pour la banalisation de l’homosexualité et la reconnaissance du «  mariage  » homosexuel et de l’homoparentalité.


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    Des genres et orientations sexuelles présentés comme reconnus depuis longtemps dans divers groupes humains

    Des manuels évoquent des groupes humains qui auraient reconnu ou reconnaîtraient l’existence d’un «  troisième genre »(1). Les fa’afafines, par exemple, que les habitants desîles Tonga (Polynésie) considé-reraient comme n’étant ni homme ni femme. Ils ont en effet fasciné nombre de spé-cialistes de la théorie du genre dont Judith Butler. Or les habitants des îles Tonga ont souvent dénoncé le fait que le cas des fa’afafines avait été surinterprété, que leur statut n’a rien à voir avec nos conceptions occidentales de l’identité sexuelle. D’abord parce qu’il semble que ces garçons ont été élevés comme des filles dès la naissance, ce qui signifie qu’ils ne l’ont pas choisi, mais que cela leur a été imposé. D’autre part, la société tonga traditionnelle était en fait très stricte sur le comportement sexuel des hommes et des femmes, et en particulier avant le mariage. Contrairement à ce qui a été énoncé, la société tonga ne valide donc pas l’idée que lorsqu’un groupe humain n’est pas « corrompu  » par la civilisation, il est alors libre sexuellement.

    (1) Bordas 1 S, p. 248


    L’assistance médicale à la procréation (AMP) permet-elle à deux personnes de même sexe d’avoir des enfants ?

    Non, deux personnes de même sexe ne forment pas un couple et ne peuvent en aucun cas donner naissance à un enfant : quelle que soit la technique employée, la conception d’un enfant nécessite TOUJOURS l’union d’un gamète féminin (ovocyte) avec un gamète masculin (spermatozoïde).

    L’AMP conduit nécessairement à utiliser un gamète d’une personne d’un autre sexe : la femme doit recourir à un donneur anonyme ou connu, et l’homme doit passer par une donneuse d’ovocyte et mère porteuse.


    7- Un sujet non biologique : l’identité et l’orientation sexuelle

    « Être gay, lesbienne, bisexuel(le), ce n’est pas facile à vivre tant les préjugés sont tenaces. Tout le monde a le droit élémentaire à une sexualité épanouie. »

    Manuel hachette 1ère p. 179 


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    Identité et orientation sexuelle

    Le sujet de l’identité et de l’orientation sexuelle est important. Cette question va cependant bien au-delà de la biologie. C’est notamment un sujet du domaine de la psychologie. Pour l’immense majorité des êtres humains, leur identité et leur orientation sexuelles sont en cohérence et sans problème : les personnes de sexe féminin sont femmes et attirées par les hommes, les personnes de sexe masculin sont hommes et attirées par les femmes.

    S’il arrive en effet que cela ne se passe pas ainsi, c’est une question qui mérite d’être étudiée. Mais la problématique de l'homosexualité, de la bisexualité ou de la transsexualité ne sont pas du domaine de la biologie : de ce point de vue, chaque être humain est homme ou femme.

     

    La théorie du genre présentée aux jeunes

    La théorie du genre est souvent présentée, notamment dans les manuels destinés aux jeunes, comme s’il s’agissait d’un fait scientifique démontré. Il est écrit par exemple que : « L’identité sexuelle, c’est-à-dire le genre (masculin ou féminin) dans lequel nous sommes socialement reconnus, ne dépend pas uniquement du sexe phénotypique à la naissance.

    Cette identité sexuelle s’établit dans la petite enfance et la façon dont le jeune enfant est éduqué joue un rôle important »(1). Ou encore : « Le sexe biologique nous identifie mâle ou femelle, mais ce n’est pas pour autant que nous pouvons nous qualifier de féminin ou de masculin(2) ».

    Conformément à la théorie du genre, sexe et genre sont explicitement présentés comme étant distincts. 

    (1) Bordas, 1 L-ES, p. 166

    (2) Hachette éducation, 1ère L/ES, p. 170 

     

    Le sujet de l’identité et de l’orientation sexuelle ne relève pas du domaine de la biologie. Bien qu’il ne s’agisse que d’une hypothèse, la question est quasi-systématiquement abordée dans l’optique de la théorie du genre.


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    La distinction entre sexe et genre

    « L’identité sexuelle se réfère au genre sous lequel une personne est socialement reconnue »(1) peut on lire par exemple.

    Et ce texte poursuit : « L’identité sexuelle dépend d’une part du genre conféré à la naissance (), d’autre part du conditionnement social. En effet, chacun apprend à devenir homme ou femme selon son environnement, car on ne s’occupe pas d’un petit garçon comme d’une petite fille »

    (1) Bordas, 1 L/ES p. 173

    On trouve ailleurs(2) deux textes sur l’identité sexuelle dont un extrait d’un manuel de sexologie.

    L’un d’eux explique que «  l’identité sexuelle est déterminée par la perception subjective que l’on a de son propre sexe et de son orientation sexuelle ».

    Certes, il est vrai qu’on ne s’occupe pas tout à fait de la même manière d’un garçon et d’une fille.

    (2) Hachette 1 L/ES p. 170

     

    Depuis les débuts de l’humanité, on prend en effet en compte dans l’éducation le sexe de chacun.

    On met logiquement en harmonie le sexe et le genre de la personne : on éduque la petite fille comme une personne qui deviendra plus tard une femme et une mère.

    Et on éduque le petit garçon comme une personne qui deviendra plus tard un homme et un père.

    Cela ne veut pas dire, naturellement, qu’il n’y ait rien à revoir dans l’éducation donnée aux uns et autres, notamment dans les rapports homme / femme. Mais, au moins, l’éducation tient compte de la réalité de chacun.

    Le rôle culturel et social du genre est survalorisé, tout en laissant de côté la dimension objective, celle du sexe.

    Elle est pourtant bien la dimension fondatrice de notre identité sexuelle.

     

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    Identité sexuelle et orientation sexuelle

     

    Dans la théorie du genre, chaque dimension - sexe biologique, identité, orientation... - est séparée, voire opposée, comme si elles n’étaient pas intrinsèquement liées les unes au autres.

     

    « À côté de l’identité sexuelle, il existe un autre aspect personnel de la sexualité : c’est l’orientation sexuelle » peut-on lire(1).

    (1)         Bordas; 1 L/ES p. 173 

    «  Le terme d’orientation sexuelle désigne le désir affectif et sexuel, l’attirance érotique qui peut porter sur les personnes du même sexe, sur celles du sexe opposé ou indistinctement sur l’un ou sur l’autre sexe. L’orientation sexuelle peut varier de l’hétérosexualité exclusive à l’homosexualité exclusive et inclut la bisexualité »indique l’un des manuels(2), tandis que l’autre(3) écrit «  Je peux être un homme et être attiré par les femmes. Mais je peux aussi me sentir attiré par les hommes. Et je peux être une femme attirée par les hommes, ou une femme attirée par les femmes ».

    (2) Hachette, p. 171

    (3) Belin, p. 133

     

    Ces textes sont accompagnés de visuels, dont l’un est une affiche de la Journée Internationale contre l’homophobie qui présente un nouveau-né avec un bracelet de naissance sur lequel on ne lit pas un prénom, mais le terme «  homosexuel ». La légende indique : « On ne choisit pas son orientation sexuelle ». Cette affirmation est plutôt paradoxale puisque, précisément, ces manuels ne cessent d’inciter à choisir librement sa sexualité.

    Un autre encore(4) indique que « le partenaire ou le moment du premier rapport sexuel sont des choix individuels ».

     

    Parmi les autres visuels illustrant la question de l’orientation sexuelle, on trouve deux affiches de films racontant l’histoire de personnes homosexuelles(5). Au contraire de celle qui montre une famille sur la même double-page du manuel, les acteurs présentés ici sont sympathiques, beaux, «  branchés  », etc. En outre, les élèves sont invités à aller « chercher sur internet des informations concernant les deux films cités dans ce document… »

    Dans ces pages, le parti pris est tel que l’on peut s’interroger sur l’objectif : s’agit-il de promouvoir l’homosexualité ? 

    (4) Bordas, S, p.243

    (5) Nathan, p. 191

     

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    Le transsexualisme

     

    Alors même qu’il s’agit d’un phénomène très rare, le transsexualisme fait partie des sujets actuels :

    La transsexualité « se caractérise par la conviction profonde et durable, chez un sujet normalement constitué, d’appartenir au sexe opposé à celui de son anatomie.
    Cette conviction s’accompagne d’un sentiment d’inconfort et d’inadéquation quant à son sexe, avec un désir intense et obsédant d’être débarrassé de ses caractéristiques sexuelles ainsi que d’acquérir celle de l’autre sexe »(1).

    (1) Hachette en p. 170

    Certains vont jusqu’à expliquer comment «  changer  » de sexe grâce aux traitements hormonaux et chirurgicaux(2).

    (2) Bordas en p. 173 par exemple

    Pourquoi donner tant d’informations sur ce type de parcours ? Il n’est pas précisé, en outre, que l’intervention chirurgicale de « réassignation sexuelle » n’est qu’apparente : seuls les organes génitaux externes sont reconstitués (plus ou moins bien), pas les organes internes.

    Les transsexuels masculins (c’est-à-dire hommes à l’origine) sont donc définitivement stériles : ayant été mutilés, ils ne peuvent plus être pères.

    Cependant, il est intéressant de constater que l’importance et la signification du sexe biologique reviennent «  en surface  »… par cette question du transsexualisme : on voit bien, ici, que l’inadéquation entre sexe et genre est problématique.
    Dire que l’on peut aller sans dommage de l’un à l’autre genre est faux.

    On note aussi que les transsexuels sont décrits comme « normalement constitués » : le transsexualisme ne s’explique donc pas par la biologie (contrairement à ce que certains discours pourraient laisser penser) : Il s’agit bien d’une problématique psychique liée au refus du corps réel.

     

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    Les mineurs sont libres de leur orientation sexuelle

    Le manuel Hachette(1) consacre un long paragraphe au fait que « le droit français protège la pratique de la sexualité (La majorité sexuelle est fixée à quinze ans). Le mineur est libre de ses orientations sexuelles, c’est-à-dire qu’il peut avoir des relations sexuelles soit avec un homme, soit avec une femme ».

    (1) p. 171

    En réalité, la notion de « majorité sexuelle » ne figure dans aucun article des codes pénal et civil. Ce qui existe, en fait, ce sont des lois qui visent à protéger en particulier les mineurs d’abus de personnes plus âgées. C’est pourquoi les infractions sexuelles commises à l’encontre d’un mineur de moins de 15 ans sont spécifiquement évoquées.

    En outre, pourquoi insister systématiquement sur la possibilité d’avoir des relations avec l’un ou l’autre sexe, comme si c’était indifférent ?


    L’orientation sexuelle d’une personne fait partie de sa vie privée

    Certains insistent sur le fait que la sexualité ne regarde que l’intéressé : elle« relève de l’intimité et de la sphère privée, elle doit être respectée(2) ».

    (2) p. 191

    Après lecture de ces informations, les jeunes auront bien compris qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent et que la loi les protège même des conseils de leurs parents.


    L’hétérosexualité intéresse-t-elle encore notre société ?

    Même si l’on peut discuter sur un comportement, on a bien-sûr toujours le devoir de respecter les personnes.

    Néanmoins, la dénonciation insistante de l’homophobie finit par devenir une présentation indifférente de toutes les orientations sexuelles(3) comme si elles étaient toutes équivalentes.

    (3) Voir aussi le Belin 1 L/ES, p. 144

    L’homosexualité a une importance inversement proportionnelle à la réalité de sa place dans la population.

     

    A contrario de l’homosexualité, la relation homme/femme est peu abordée.


    8- À propos du désir sexuel

    « Si dans un groupe social, il existe une très forte valorisation du couple hétérosexuel et une forte homophobie, la probabilité est grande que la majorité des jeunes apprennent des scénarios hétérosexuels. »

    Manuel Hachette 1ère L/ES, p. 182

     

    À propos du désir sexuel : une conclusion erronée

    La sexualité est présentée comme une simple « activité », distincte de la procréation. Elle aurait essentiellement le plaisir pour finalité.

    Et, alors que ces pages évoquent largement la liberté sexuelle, le respect dû à la vie privée et autres sujets qui ne relèvent pas de la biologie, aucun lien n’est fait en revanche entre sexualité et relation à l’autre.

    La sexualité humaine est au contraire systématiquement comparée à celle des grands primates(1). Si la comparaison vaut pour certains points, elle est très insuffisante pour décrire la particularité de la sexualité humaine (avec ses dimensions affective, sociale, responsable...).

    (1) Nathan, L/ES, p. 205 ; Bordas, L/ES, p. 178 ; Hatier, L/ES, p. 186, etc.

    Le « système de récompense » présent dans le cortex cérébral des primates hominoïdes (chimpanzé, bonobo, homme) est présenté par les manuels.

    Ce « système », qui est à l’origine du plaisir liée à l’activité sexuelle, est présenté comme suivant un schéma « désir – action – satisfaction ».

    De prime abord, ce chapitre s’appuie sur des faits scientifiques observés puisqu’il étudie le rôle des hormones et l’emplacement des aires cérébrales concernées par ce « système ».

    Cependant, des documents sur « les contextes culturels et comportements sexuels »sont présentés aux jeunes dans ce même chapitre. L’un des documents du Hatier(2) porte par exemple pour titre : « Un contexte culturel qui influence le comportement sexuel humain ».

    (2) 1 S, p. 193

    Il y a donc un amalgame entre faits biologiques constatés et faits d’ordre socio-culturel, susceptibles d’être interprétés et sujets de débats.

    Il s’agit en fait d’expliquer que le cortex cérébral, très adaptable, éprouverait ce schéma «  désir-action-récompense  » en fonction du contexte socioculturel qui l’a marqué.

    Pourquoi passe-t-on ainsi du biologique au culturel  ? Le manuel Hachette conclu (3) en tout cas que nos contemporains fréquentant plutôt des hétérosexuels, leur système de récompense serait « programmé » dès la naissance pour l’hétérosexualité.

    Ainsi, dans certains cas, ce chapitre de biologie fait passer l’idée que l’hétérosexualité n’aurait la préférence d’une très grande majorité des êtres humains que par simple imprégnation culturelle et non par le fait même de la condition humaine.

    (3) 1 L/ES, p. 182


    Fondation Jérôme Lejeune

    Livret à l'usage des élèves de 1ère : Décryptage de la Théorie du Genre
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  • Fabrice Hadjadj & l'embryon : on ferait mieux de se demander si l'on est face à de la vie humaine ou pas.

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    À l'occasion du débat parlementaire sur la recherche sur l'embryon, le philosophe FABRICE HADJADJ examine LE STATUT DE L'EMBRYON.  

    fabrice hadjadj,embryon,personne 

    Ce mardi 16 juillet, l'Assemblée nationale a voté une proposition de loi autorisant la recherche sur l'embryon en France. Le philosophe ­Fabrice ­Hadjadj, directeur de Philanthropos, l'Institut Européen d'Études Anthropologiques (Fribourg, Suisse), analyse, dans un entretien ci-dessous, la complexité du statut de l'embryon humain, qui ne peut être ramené à un simple amas de quelques cellules. Il répond ainsi au professeur René Frydman qui, dans Le Figaro, le vendredi 12 juillet, affirmait de son côté: « Pour moi, l'embryon n'est pas une personne humaine », et estimait en particulier qu'interdire la recherche sur l'embryon était « incohérent et rétrograde ». Le débat continue avec le point de vue du philosophe, cette fois.

    LE FIGARO. - Beaucoup affirment que « l'embryon n'est pas une personne ». Qu'en pensez-vous ?


    Fabrice HADJADJ. - C'est curieux, on ne vient jamais chercher un philosophe pour effectuer une PMA ; mais on n'hésite pas à demander à un médecin de se prononcer sur des questions philosophiques. Je rappelle que la notion de personne est une notion métaphysique, d'origine théologique même, et qu'on ne peut l'employer comme ça sans être plus arriviste et plus fat que « Le Bourgeois Gentilhomme ». D'ailleurs, je ne sais si vous avez remarqué, on s'évertue à dire l' « embryon », tout court. Mais de quoi s'agit-il ? D'un embryon de veau, de macaque, d'ornithorynque ? Non, il s'agit d'un embryon humain. M. Frydman a beau jeu d'argumenter en disant: « Un œil non averti ne peut différencier un embryon de souris d'un embryon humain. » Lui, le défenseur du « in vitro veritas », connaissant la génétique et maniant le microscope électronique, refuse tout d'un coup de voir le code génétique de cet embryon, fait la promotion de l'« œil non averti ». Implante-t-il un embryon de souris chez les femmes qui lui demandent une PMA ? Pourquoi pas, si ça ne fait aucune différence ? L'évidence, c'est que l'embryon dont il est question est humain. Aucun scientifique ne peut dire le contraire. Or supprimer un être humain, c'est un homicide. Faire de l'être humain un matériau disponible, c'est le comble de l'exploitation. Je n'émets pas ici un jugement de valeur. Après tout, il peut y avoir des motifs d'être homicide, et de nombreux États ont légalisé l'exploitation et la manipulation des humains, au nom du progrès. Ce que je reproche, en tant que philosophe, c'est que l'on refuse d'appeler un chat un chat, et qu'on se livre à des détours de langage qui relèvent de la dissimulation.

    fabrice hadjadj,embryon,personne
    LE FIGARO. - Si les choses sont si évidentes, pourquoi un tel débat ?


    Fabrice HADJADJ. - Un texte de Bertrand Monthubert, ancien secrétaire national à la recherche du PS, paru le 11 juillet, est assez significatif. Je cite son argumentation savoureuse dans sa grammaire très approximative : « L'embryon n'est pas une personne, la science est très claire là-dessus. Si c'étaient des personnes, ça voudrait dire que les embryons qu'on crée et qu'on détruit dans le cadre des FIV sont des assassinats. Ce n'est absolument pas le cas. » Tout y est. On parle de « l'embryon », sans préciser qu'il s'agit d'un embryon humain. On prétend que la notion de personne est « très claire » pour la science. Et l'on produit pour seul argument l'impossibilité d'être un assassin. La dénégation a donc deux causes. La première, c'est ce mot de « personne » et la confusion métaphysico-juridique qu'il induit. On ferait mieux de se demander si l'on est face à de la vie humaine ou pas.
    Or, puisque cette vie est humaine, la question est de savoir si l'on veut en rester à l'article 16 du Code civil, stipulant que « la loi garantit le respect de l'être humain dès le commencement de sa vie », ou s'il faut l'abandonner. La deuxième cause est dans la difficulté à reconnaître que, suivant une logique techniciste, nous avons créé une situation insoluble et insoutenable, devant laquelle notre conscience est déboussolée. En effet, ces 50.000 humains congelés, dont on voudrait surtout se servir comme réactifs pour des laboratoires pharmaceutiques, c'est quelque chose d'inimaginable. Il faudrait admettre que nous sommes déjà au-delà du « Meilleur des mondes » d'Aldous Huxley.


    LE FIGARO. - Est-il possible d'affirmer en même temps que l'embryon humain « n'est pas une personne », et qu'« il est une personne en devenir » dans la mesure où il s'inscrit dans un projet parental ?


    Fabrice HADJADJ. - Les scientifiques qui le soutiennent sont en vérité des adeptes de la magie noire. Abracadabra ! Je veux que ce soit une personne, et c'est une personne. Ça n'entre pas de mon projet, et pouf ! La personne disparaît ! On est vraiment dans le règne des apprentis sorciers. Mais cette manière de voir, si elle fait penser à la magie, est typiquement technocratique. Son principe est que la volonté prime sur l'être, et que dès lors tout le donné naturel, mon corps y compris, n'est qu'un matériau que je peux manipuler au gré de mes caprices. Je rappelle cependant ce que disait Hannah Arendt à la fin du Système totalitaire : l'essence du totalitarisme se trouve dans le refus de la naissance comme événement absolu, c'est-à-dire dans le fait de vouloir que l'individu n'ait de valeur que s'il s'inscrit dans une planification, que s'il est le rouage d'un dispositif antérieur à sa venue, qu'il s'agisse de l'idéologie du Parti, ou du projet des parents.

    fabrice hadjadj,embryon,personne

     

    LE FIGARO. - Peut-on accepter les interruptions de grossesse et les destructions d'embryons sans projet parental et refuser la recherche sur l'embryon ?

     


    Fabrice HADJADJ. - Il est certain que tout cela est lié. Il faut d'ailleurs rappeler qu'une PMA, au final, fait détruire plus d'embryons qu'un avortement. De nouveau, je ne prétends pas me situer au niveau éthique, et surtout pas de cette éthique dont tout le monde aujourd'hui se sert comme d'une étiquette, pour se payer sa bonne conscience. Je constate simplement que nous sommes entrés dans une ère de manipulation radicale (c'est-à-dire dès la racine) de la vie humaine… Malgré tout, le changement de loi auquel on veut procéder n'est pas anecdotique. Jusqu'à présent, au point de vue législatif, le principe est le respect de la vie humaine, et la destruction ou l'utilisation d'embryons humains (on pourrait même dire la « marchandisation ») ne sont permises qu'à titre dérogatoire. Aujourd'hui, il s'agit de faire de la dérogation un principe, et d'inscrire comme prescription positive la réduction de l'humain à un pur matériau.


    LE FIGARO. - Ne devrait-on pas vous taxer de rétrograde ?


    Fabrice HADJADJ. - D'où vient cette rhétorique du « grand bond en avant » ? Avec elle, Mao fit 30 millions de morts. Il est bon de faire marche arrière quand on est au bord du précipice. En outre, ce qui est rétrograde, c'est de ne pas suivre la voie ouverte par le Prix ­Nobel de médecine, le Pr Yamanaka, avec ses cellules reprogrammées, lesquelles ne posent aucun problème éthique. Mais nous nous enferrons dans la recherche à partir d'embryons humains (sans doute, au fond, comme un moyen d'éviter à notre conscience le malaise d'avoir à les détruire) et nous laissons le Japon nous devancer dans des méthodes qui ont déjà donné de meilleurs résultats.


    LE FIGARO. - Peut-on dire que ceux qui s'opposent à la loi sont toujours sous l'influence de l'Église Catholique ?


    Fabrice HADJADJ. - M. Frydman l'a prétendu dans vos colonnes. Ce qui est doublement déloyal. Première déloyauté : faire croire que tous ceux qui s'opposent à ses opinions sont des fidéistes irrationnels. C'est tout à fait dans le style du procès stalinien. Seconde déloyauté : il se laisse présenter comme le « père du premier bébé-éprouvette ». Mais où est donc passé Jacques Testart ? Pourquoi ne parle-t-on plus de lui comme pionnier de la fécondation in vitro ? Précisément parce que, sans être catholique, Testart a dénoncé ceux qui « applaudissent religieusement à toutes les productions de laboratoire ». Il y aurait beaucoup à dire sur l'obscurantisme scientiste et ses fanatiques aujourd'hui.

    fabrice hadjadj,embryon,personne

    Le Figaro
    15 juillet 2013

     

     

  • Les Antigones : Nous ne laisserons pas enterrer la common decency, le bon sens et la dignité qui devraient présider aux lois et aux évolutions de notre société

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    Le Manifeste des Antigones

    Nous, Antigones voulons jouer le premier rôle dans notre avenir de femmes. Nous entendons proposer une logique différente de celle que l'on entend sur les plateaux de télévision. Les femmes ne sont pas une minorité opprimée, elles sont la moitié de l'humanité!
    Nous ne nous battons pas pour revendiquer de nouveaux droits, nous nous battons pour bien plus que cela : nous voulons donner un autre sens à l'engagement des femmes dans la Cité, avec dignité et responsabilité.

    Nous voulons réfléchir à ce que les femmes peuvent apporter à la société et non simplement à ce qu'elles peuvent en retirer pour elles-mêmes. Nous souhaitons ouvrir des portes que beaucoup veulent laisser closes. Nous avons beaucoup de questions à débattre, pour lesquelles nous n'avons pas de réponses toute prêtes.
    Nous voulons y répondre avec toutes les femmes partageant nos principes et qui se joignent à l'aventure des Antigones. Que chacune s'exprime, car c'est toutes ensemble que nous élaborerons des réponses novatrices et des solutions constructives pour sortir des impasses dans lesquelles nous sommes aujourd'hui, afin de bâtir librement notre avenir.

    Les Antigones sont un rassemblement de femmes qui ont décidé de ne plus subir. 
    Ce rassemblement est sans subordination partisane ou confessionnelle. Nous ne prétendons pas représenter toutes les femmes : nous sommes de celles qui veulent entrer dans l'Agora pour intervenir dans le débat public et agir socialement.

    Nous ne nous reconnaissons pas dans la vision que nous imposent l'idéologie ultra-minoritaire, mais dominante dans les sphères médiatique et politique : théorie du genre et sextrémisme.
    Si la première action des Antigones était une insurrection contre les Femen, s'opposer à elles n'est pas notre finalité.
    Nous voulons prendre une part active aux débats autour de questions qui touchent à la condition féminine : relations hommes-femmes, famille, conditions de travail, quotas et parité, marchandisation des corps et de la vie...


    Nos principes

    Nous, Antigones, prônons la féminité pour les femmes : c'est notre nature cohérente et profonde. L'affirmer est le premier pas afin d'enrichir la société du meilleur de nous-même.

    Dans un monde où règne l'individualisme, beaucoup ne peuvent se réaliser pleinement. Or, chacune d'entre nous porte en elle la promesse de devenir une femme accomplie et engagée. Les Antigones proposent une voie pour y parvenir. Les femmes ont une sensibilité différente, une volonté différente, des moyens d'actions différents de ceux des hommes. Ces différences sont une richesse à cultiver et cette altérité est féconde sur tous les plans.
    C'est pourquoi, nous construisons notre démarche sur la complémentarité des sexes. Décidément, non, la femme n'est pas un homme comme les autres.

    Nous, Antigones, privilégions la légitimité sur la légalité. Si des lois écrites par des hommes outrepassent les lois naturelles - c'est-à-dire les normes non écrites qui sont le socle de l'expérience humaine - nous avons le devoir de nous rebeller. Nous ne laisserons pas enterrer la common decency, le bon sens et la dignité qui devraient présider aux lois et aux évolutions de notre société.

    Nous, Antigones, prônons les libertés. Dans ce monde atomisé, où les individus n'ont presque plus que des rapports marchands, nous voulons porter une parole libératrice. Notre démarche se veut fondamentalement émancipatrice.
    Notre nature féminine, constructive et tournée vers la vie, nous pousse à vouloir tisser le lien social, essentiel à la liberté et à la solidarité.
    Comme l'a écrit Albert Camus « Il n'y a que l'amour qui nous rende à nous-mêmes.»



    Les Antigones
    le 8 juin 2013 


    Retrouvez toute l'actualité des Antigones sur http://antigones.fr/
    Pour nous rejoindre une adresse : rejoindre@antigones.fr

  • La sainte colère du Père Daniel-Ange

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    "Nous refusons de pervertir nos enfants avec vos stupidités !"

    "Nous sommes en plein régime idéologique totalitaire qui nous est imposé. Et le pire encore ce sont les petits…"

    "Tout ce que je dit c'est en train de se passer maintenant !"

  • Nous, prêtres, serons contraints d’entrer en résistance car le problème posé par ce rituel de mariage républicain est qu’il est un culte qui ne s’adresse pas à Dieu mais à l’idéologie de l’homme-Dieu comme entité divine

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    Lettre du Père Ignace Jalenques, de la communauté Saint Jean à ses frères prêtres et à tous les fidèles :

    « Chers frères dans le sacerdoce, chers frères chrétiens, membres du corps du Christ.

    Ainsi dans la nuit du 9 au 10 avril 2013 le Sénat, votait l’article 1 de la loi Taubira, avec un détail que je veux relever ici, car un masque de plus tombe dans cette mascarade. Il a été ajouté la mention de mariage « républicain » déjà demandé par notre théologien de la république Alain Tourret dont on se souvient de l’homélie de 19 mn lors de l’audition des responsables religieux à l’Assemblée nationale le Jeudi 29 novembre 2012…

    Tout ceci est fort intéressant et révèle la finalité propre de l’idéologie se masquant sous les apparence d’une loi qui n’a de loi que la technique (cf. chacune des interventions de Mme Taubira qui décidément n’a pas d’autres arguments, quoique parfois, il faut le reconnaître, elle pimente un peu ses dires par des histoires tirée de « mavie.com »).

    Je m’explique, il existe en France une cérémonie civile : le baptême républicain en mairie (sic). Celui-ci n’a rien de nécessaire ni d’obligatoire puisque l’acte de naissance dans notre pays nous fait membre de la communauté. Au mieux sert-il à satisfaire celui dont on voudrait qu’il soit « parrain » (et encore qu’est-ce que cela signifie réellement ?) mais il refuse d’aller à l’église (puisque l'école de la République aidée d’une éducation médiatiquement contrôlée lui a fait avoir en horreur cette religion qu’il n’a d’ailleurs jamais approchée, en fait).

    Par contre le baptême chrétien lui, est nécessaire pour entrer dans la communauté, qui se nomme l’Église.

    Mais stupéfaction, lorsque je parvins après maintes recherches à trouver le rituel de ce « baptême républicain » pour essayer de comprendre, je le découvre avec le label GODF !!! Je découvre dans ce même rituel (de 87 pages : http://213.56.64.10/uploads/assets/file/rituels-rep.pdf) le mariage républicain (distingué du mariage civil) et les funérailles républicaines…

    L’effet de cette loi sera donc le suivant : le mariage civil, devient un mariage religieux et par conséquent il devient incompatible de nature avec une quelconque union dans n’importe quelle autre religion.

    Il me semble donc clair que le but de cette loi n’est l’égalité pour personne mais le remplacement d’une religion par une autre (les homosexuels sont utilisés et sacrifiés sur l’autel de la République et cet article révèle combien leur dignité, ils s’en foutent).

    Nous, prêtres, serons contraints d’entrer en résistance car le problème posé par ce rituel de mariage républicain est qu’il est un culte qui ne s’adresse pas à Dieu mais à l’idéologie de l’homme-Dieu comme entité divine. Or nul ne peux rendre un culte le matin à une divinité et l’après-midi à une autre sans mentir, ce qui serait fort dommageable au demeurant, pour le « plus beau jour de sa vie » pour le moment où je me donne à toi dans un don total de ma personne…

    Construire sur le mensonge : une incohérence qui ne gênera pas les moins scrupuleux, mais ça tombe bien car pour ceux-là le mariage ne signifie déjà plus rien… Serons-nous contraints de refuser le mariage à la Mairie pour pouvoir accueillir dans l’église ?

    Je voudrais terminer avec cette indication qui a guidé le père Jerzy Popieluszko (martyr en Pologne en 1982 tirée de l’épitre au Romain (12,21) : « Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais soit vainqueur du mal par le bien. »

    Père Ignace Jalenques, Communauté Saint-Jean

  • Que pèse un homme dans l’art aujourd’hui ?

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    Quel rapport y a-t-il entre l’art et l’écologie humaine ? Le mouvement culturel de l’Écologie Humaine s’est construit ces dernières années sur l’expérience de l’accueil et la défense des plus faibles, et se caractérise par une approche pragmatique de la personne, prise dans sa globalité, corps et esprit. Pour mieux aborder ce que l’écologie humaine et l’art, à l’heure de l’art contemporain – peuvent trouver en commun, il importe qu’une définition des concepts d’art soit partagée. Ce point commun trouvera vie dans le choix qui est imparti à chaque artiste, en l’occurrence de ce qu’on est prêt à laisser parler en soi.

    Qu’est-ce que l’art à l’heure contemporaine ?

    L’art et la culture, ces dernières décades, ont été le champ d’expé-rimentation de la culture de la déconstruction la plus avant-gardiste, que nous voyons aujourd’hui à l’œuvre sur le terrain sociétal, avec la même approche abstraite et conceptuelle que la loi sur le mariage à laquelle nous sommes confrontés. Déconstruction d’autant plus forte en France, que subventionnée, et imposée par l’État.

    L’art occidental est aujourd’hui à l’image du consumérisme et de l’individualisme de masse. Il revendique d’être la totalité de l’art, il trouve sa raison d’être dans le détournement  de  la mission de l’art, qui était d’exprimer par la beauté, et l’évocation de la vérité, l’existence en toute créature d’une transcendance, d’une histoire sacréeà l’image du Dieu fait homme des chrétiens ; l’art se pare maintenant d’être son propre but, et son apparition se présente comme une véritable révé-lation. La création artistique contemporaine revendique le surnaturel pour elle-même, dans l’horizon indépassable de la matérialité. La recherche de l’absolu et des fins ultimes se cantonne alors au pôle de la mélancolie et de la mort.

    L’art contemporain parle alors par énigmes et nécessite une véritable initiation. Il est aussi le résultat d’une véritable atomisation du langage, dans le sens où la réalité profonde de l’homme se voit laissée à des visions subjectives et partielles. L’art contemporain dissocie très souvent les deux dimensions, qui réunies, forment la totalité de la personne humaine, à savoir la dimension corporelle, et sa réalité de vie spirituelle, sa dignité intrinsèque et sacrée : tantôt un art conceptuel qui évacue la présence du corps, aussi bien dans l’idée qui préside à la création – le concept -, que dans le processus créatif (la peinture, la sculpture, faites avec les mains sont devenues très suspectes, à moins d’avoir comme sujet leur propre anéantissement) ; tantôt un art qui ne désigne comme réel que ce qui est visible. Pourtant, le désir profond d’associer l’art à la recherche de la vérité existe toujours. L’art qui partage les mêmes fondations que l’écologie humaine s’appuie sur le réel ; l’art se doit, en effet, pour être véritablement art, de tenir compte de la composante charnelle et de la composante spirituelle. La frontière passe donc entre réalisme matérialiste et un irréel spiritualiste qui nient tous deux la valeur réelle de la vie humaine, et constituent à son égard une véritable violence.

    Qu’est-on prêt à laisser parler en soi ?

    L’art et l’écologie humaine existent et fonctionnent grâce à une particularité humaine fragile, qui est aussi une boussole remarquable : le don de s’émerveiller.

    Le lien qui existe entre l’écologie humaine et l’art, passe au milieu de chacun de nous-même, ce lien est particulièrement fragile face à la volonté de puissance à laquelle nous sommes tous, en nous-mêmes, confrontés : la faculté de s’émerveiller, qui, loin d’être le produit de l’intelligence intellectuelle, est liée à la vie intérieure de chaque homme, qui a le choix de l’enterrer à chaque instant, ou de fonder sa vie dessus, à chaque instant. L’émerveillement procède d’abord de la réception, de l’accueil de quelque chose permis par l’acceptation de sa propre faiblesse.

    L’émerveillement, c’est la surprise face à la vie qui survient, face à la grâce de vivre, face à la réalité du mystère d’être, à la dimension infinie et de la personne et qui mérite que je témoigne de cette expérience. Le rôle que je m’accorde est donc celui de témoin de ce que j’ai vécu de plus fort, c’est-à-dire recevoir et accepter en moi quelque chose de vivant et de plus grand que moi. J’ai retenu le choix de l’émerveillement pour fonder mon travail de peintre.  Cette compréhension de l’essence de l’inspiration artistique propose de rentrer dans une expérience de contemplation, de me mettre en face de ce qu’il y a à saisir, plus sûrement qu’avec mes seules capacités intellectuelles, de la réalité profonde de notre condition d’homme. C’est-à-dire ce qui lie ma chair et mon esprit au mystère de l’Etre. Cette contemplation bienveillante ressemble véritablement à l’attitude que l’on peut avoir avec la personne handicapée, ou la personne en état de faiblesse, à ses tout débuts ou dans ses derniers instants.

    La force de l’art est l’éloge de la faiblesse. Ceci procède d’un véritable processus d’humanisation et d’éducation, celui du renoncement à la toute-puissance de ma volonté. En effet, dans le cas de l’artiste émerveillé, l’attitude première est que je cherche à aimer le monde plutôt qu’à vouloir le changer. D’où la véritable légitimité de l’art de la représentation qui, loin d’être seulement une volonté de copier, augmente la réalité par l’expérience de l’émerveillement. Pour conclure, je remercie le mouvement de l’Écologie Humaine, de s’interroger sur les liens qui unissent art et respect de la dignité humaine, et interroge mon expérience d’artiste. Je serais heureux de servir par mon art une vision de l’homme au nom de laquelle vous agissez, et que votre mouvement puisse proposer et promouvoir une vision de l’art qui lui corresponde. Ceci demande des moyens concrets comme des lieux spécialement dévolus à l’art, comme des galeries, ou d’autres manifestations culturelles.

    François-Xavier de Boissoudy
    Peintre
    in L’Écologie Humaine
    30 mai 2013

     

     

  • L’art et la culture, ces dernières décades, ont été le champ d’expérimentation de la culture de la déconstruction la plus avant-gardiste

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    Que faisons-nous-là à être assis par terre pendant ces heures tardives, en dehors de chez nous ?

    Nous répondons à un besoin vital d’être là.

    Nous sentons bien que ces moments ne sont pas vains : le Pouvoir nous pousse aujourd'hui à choisir à nouveau tout le socle de notre civilisation : ici, ou sur d’autres places de France, nous nous donnons maintenant des maîtres à penser et à vivre libres, des ancêtres pour réapprendre la liberté, non seulement pour lutter contre l'ordre nouveau qu'impose le gouvernement, mais pour nous refonder dans la culture dont nous nous sentons les héritiers, et être à notre tour la culture vivante ; Nous veillons à un avenir respirable pour nous-mêmes et pour nos descendants.

    Je vois les veilleurs comme une école de refondation personnelle et culturelle. Nous faisons l’expérience de notre liberté gagnée face à nos peurs, face aux menaces. 

     

    Nous sommes nous-mêmes paraboles, c’est-à-dire que nous incarnons, par l’expérience que nous vivons ici, en manifestant notre espérance, notre spiritualité, une vision pour le pays ; nous sommes les symboles vivants de la culture que nous promouvons. Cette culture qui se déploie par les textes qui nous sont lus, nous la vivons.

    L’art décrit et délimite la réalité ;

    Moi qui vous parle, je viens d’un secteur qui a été le laboratoire des changements nihilistes et libertaires qui touchent aujourd’hui la sphère intime de nos vies : celui de l’art et de la culture.

    L’art et la culture, ces dernières décades, ont été le champ d’expérimentation de la culture de la déconstruction la plus avant-gardiste, que nous voyons aujourd’hui à l’œuvre sur le terrain sociétal, avec la même approche abstraite et conceptuelle que la loi à laquelle nous sommes confrontés. Déconstruction d’autant plus forte que subventionnée, autorisée, et imposée par l’Etat. L’art dit contemporain est le plus souvent proposé comme un simple moyen de résistance par l’ironie à la société de consommation, et cette tendance, quand on aborde les questions existentielles et spirituelles : se mue en tentation du vide. La recherche de l’absolu d’une société sans transcendance aboutit à la mort absolue ;

    Aujourd’hui nous sommes la preuve vivante que la description de la réalité est fausse si l’Espérance n’y figure pas ; Quelle est donc en art cette espérance ?

    Face au constat amer et mélancolique contemporain de ne percevoir que la fin de tout être, et de toute chose matérielle, l’Espérance garde précieusement la faculté d’aimer la réalité et de s’émerveiller.

    Face aux signes de la présence de l’amour, l’émerveillement est ce moment intense de réception par tout l’être, de quelque chose qui lui est radicalement étranger. Ce n’est pas de l’ordre de l’idée, de la construction intellectuelle, mais de la réalité surprenante. Quelque chose qui survient, qui n’était pas là, et qui embrasse toute votre personne et la transforme. Un phénomène vivant, qui lie l’intimité de l’être au cosmos ; la chair à l’invisible.

    Je m’efforce dans ma peinture de témoigner de ces instants où j’accueille la pleine réalité, sans intellectuellement en faire le tour. Le surgissement du sublime.

    L’émerveillement est une expérience dont l’art a à témoigner ; L’émerveillement élargit la perception  de la réalité, et l’étend jusqu’à l’infini, l’émerveillement rend l’art fécond ; l’émerveillement accepté nous rend libre, et l’expérience artistique excitante.

    Nous sommes vraiment la société de la petite flamme, celle de ce que nous avons aperçu de la vie, celle que Bernanos appelle l’esprit d’enfance.

    Aujourd’hui, nous assis, silencieux, veilleurs, par notre présence même, refondons une culture pour la vie ensemble, vécue dans les principes de la réalité, celle de la chair, fondée sur la présence invariable d’un homme et d’une femme pour donner la vie, et celle de la spiritualité de l’amour fécond, qui ne sauraient être séparés.

    François-Xavier de Boissoudy, peintre

  • L'impasse Dominique Venner

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                         On pouvait apprécier Dominique Venner, historien en marge de la vie intellectuelle française, pour son courage, son honnêteté, son travail, tout en éprouvant une distance vis-à-vis de sa philosophie. C'était mon cas. J'étais depuis un an devenu lecteur assidu de sa Nouvelle Revue d'Histoire, dans laquelle je trouvais certaines références et un angle de vue rafraîchissant par rapport au climat intellectuel français ; toutefois, je ne partageais pas ses idées, notamment politiques et spirituelles. Mais c'est la chance de l'esprit que de se retrouver, par-delà ces différences, dans une recherche de la vérité et du sens. La fin extraordinaire qu'il s'est lui-même choisie éclaire d'un nouveau jour ce fond idéologique et religieux qu'il faut interroger.

      

                La fascination mortifère du passé dans laquelle son milieu politique (la droite nationaliste des années 50 et 60) risquait de se glacer, l'homme l'a sublimée au mieux par son engagement intellectuel à partir des années 70. Ce n'est pourtant pas sans recréer une identité fictive qu'il a élaboré une pensée de la volonté et des origines au parfum un peu allemand : un passé païen mythique dans tous les sens du terme, Heidegger et Nietzsche, l'idée fondamentale que le vouloir et l'être ne font qu'un. L'un des problèmes majeurs de l'intelligence humaine est sa propension à rêver le réel au lieu de le considérer, puis de le penser. Il y avait une part de lumière en Dominique Venner, celle qui, précisément, faisait le deuil de ce lyrisme qu'il sacrifiait au travail d'éclaircissement. Son dernier geste comme ses écrits montrent que la part ténébreuse, qui n'est autre que la part idéologique, l'aura emporté dans cette vie.

     

                Nous vivons un moment à proprement parler apocalyptique, les illusions se défont, la réalité montre ses aspects. L’obscurcissement augmente aujourd'hui avec les chances de le dissiper, par cette montée de l'intensité du temps, comme si le chaos et le dévoilement allaient de pair. Mais Dominique Venner n'est pas mort de la laideur de notre époque, qui pourra bien faire d'autres victimes plus faibles, il s'est laissé gagner par ses propres obscurités. Dans ses derniers messages, il s'inquiétait de l'effondrement spirituel et moral à travers sa contestation de la loi Taubira, mais aussi de la perspective d'une islamisation qui pourrait devenir totale, ce qu'il jugeait d'ailleurs un plus grave danger. Il y a assurément une violence dans le métissage imposé, le système du remplacement, le déracinement obligatoire que nous impose le pouvoir mondial à travers nos élites serviles. La haine de soi, le rejet de la terre, la culpabilisation des origines me sont devenus, comme à d'autres, insupportables ; en cela je comprends l'extrémité de son geste. Mais en vue de quoi a-t-il agi ? Il parle d'un « sacrifice » qui serait une « fondation ». Le suicide pourrait-il être fécond ? Laisse-t-il de l'espace, de la liberté pour nous saisir d'un avenir ? Faut-il faire un culte de ce geste et donc de sa personne, de son œuvre, pour « fonder » un espoir ? Mais de quoi ? Je vois finalement autant de pulsion de mort dans la négation des racines que dans leur exaltation en tant qu'absolu, et, autant je salue l'intellectuel pour son travail d'historien, autant son retour à une « mémoire identitaire » me semble une façon impérieuse de nous placer devant un passé aussi imposé et arbitraire que n'importe quelle idéologie plus triomphante aujourd'hui.

     

                Que dire aux amis, ou simplement aux personnes qui ne sont pas issus directement de cette mémoire européenne, comment proposer un avenir à partir d'un passé d'ailleurs un peu fantasmé ? Venner dénonçait une « métaphysique de l'illimité », le christianisme, destructrice de nos peuples, mais que doit-on dire de sa philosophie ? Si l'immigration massive et la logique du remplacement nous indignent, cela signifie-t-il que nous devons rester « entre soi » et ne pas nous adresser à tous ceux qui, aujourd'hui, vivent, pensent, font la France ? Quelle impasse ! Il ne fallait pas le lire beaucoup pour se rendre compte qu'il avait un compte à régler avec le christianisme, pour ne pas dire une haine à peine feutrée, mais rentrée contre lui. Il lui en voulait de son universalité dissolvante mais quoi, existerait-il un tel dilemme que de choisir entre l'universel et le particulier, les deux ne doivent-ils pas s'articuler dans l'exercice de l'amour ? Il y a plus. On a vu une partie de la blogosphère de droite et des animateurs de Radio Courtoisie, que je salue au passage, perdre un peu la raison devant ce geste inouï, s'empresser de nous dire que ce n'était ni folie ni désespoir, jusqu'à déclarer qu'il s'agissait d'un sacrifice héroïque et prometteur. Je m'inscris en faux.

     

                Il y a des formes de folie froide. L'homme commence ainsi sa lettre : « Je suis sain de corps et d’esprit, et suis comblé d’amour par ma femme et mes enfants. J’aime la vie ». On ne formule que ce qui ne va pas de soi... Se suicider en pleine possession de ses moyens, sans problème affectif, uniquement pour un idéal dont on a vu qu'il n'avait pas de contour précis ni de véritable générosité, relève d'une pathologie grave. Le désespoir, ici, ou la désespérance, sont patents : « C’est en décidant soi-même, en voulant vraiment son destin que l’on est vainqueur du néant. Et il n’y a pas d’échappatoire à cette exigence puisque nous n’avons que cette vie dans laquelle il nous appartient d’être entièrement nous-mêmes ou de n’être rien. » Voilà comment la « volonté » prométhéenne fait une boucle, finit par se détruire, et même par se nier jusqu'à la dérision, parce qu'elle s'est crue tout. Cette conjonction des pulsions de puissance et de mort entre en contradiction, d'ailleurs, avec sa critique de l'individualisme destructeur. Pour être quelque chose plutôt que rien, il faut se suicider devant l'autel de Notre-Dame, tout sacrifier, la vie, l'espoir, l'amour même, à la grandeur du symbole, à ce néant pourtant tant dénoncé. L'acte de Dominique Venner n'a pas de vraie grandeur : il cherche la grandeur – ce n'est pas la même chose. L'homme ose nous dire : « Il faudra certainement des gestes nouveaux, spectaculaires et symboliques pour ébranler les somnolences, secouer les consciences anesthésiées et réveiller la mémoire de nos origines. Nous entrons dans un temps où les paroles doivent être authentifiées par des actes. » Mais quelle cohérence y a-t-il entre ce suicide infamant pour la vie, profanateur pour l’Église, enfin destructeur de toute symbolique par son extrémisme même – et les ressources de l'identité ou la « fondation » d'un avenir ?

     

                Mes amis, rien n'est bon dans ce geste qui me fait même personnellement relire ce que je sais, ce que j'ai reçu de cet historien honorable en le remettant plus sévèrement en cause que je ne l'aurais fait. Il est des moments de séparation intellectuelle. Certains catholiques de sensibilité traditionaliste, en cette occasion, m'ont paru plus amoureux du sacré que du Christ et de l’Église. Les Évangiles produisent pourtant, à l'avance, une décapante critique du religieux formel et de la fausse grandeur. Rien de bon ne sortira de ce geste. Le lendemain, une « femen » imitait le sacrifié dans une parodie qu'il n'avait que trop méritée. Il aura ouvert une brèche, mais des plus mauvaises : qui font du passage à l'acte un langage et une concurrence. Je n'y vois que de l'orgueil et de la mort. Je veux défendre la vie. Je suis contre le suicide assisté. Contre le suicide-spectacle. Contre le lyrisme ou l'imaginaire qui obnubilent. « Méfiez-vous des faux prophètes, vous les reconnaîtrez à leurs fruits. » Amis qui aimez la France, qui désirez sa renaissance, oui, il existe un passé que nous devons connaître et chérir mais aussi un avenir à peupler, à conquérir, et c'est au présent, dans le réel, qu'il nous faut avancer avec tous nos frères, même ceux que nous croyons contre nous. « Aimez vos ennemis, priez pour ceux qui vous haïssent. » Tâchons de ne plus craindre, d'aimer et de convaincre. Et si nous avons besoin d'une boussole et d'un but, d'un horizon et d'un fondement, de racine et de ciel, enfin d'un ordre qui ouvre, ce n'est pas dans les fumées d'un paganisme de la force et de l'identité qu'on le trouvera, c'est dans le Christ et ce qu'il porte de fruits : la paix, l'humilité, la fermeté dans le combat, la charité, le désir de comprendre, la vocation de se donner – la volonté d'aller vers l'autre et le réel.

     

    Lucien Fornello
    pour
    La Vaillante

    le 24 mai 2013

     

     

     

     

     

  • Du fait de la question de l’enfant, le mariage pour tous est amené à disparaître

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     « Durant l’Antiquité, Socrate et le sophiste Protagoras se sont opposés au cours d’une controverse mémorable. À Protagoras qui déclarait que « l’Homme est la mesure de toutes choses », Socrate a répondu avec l’ironie cinglante qu’on lui connaît que c’est la folie qui devient la mesure de toutes choses quand tel est le cas. Pourquoi ? Parce que quand l’Homme mesure tout, plus rien ne mesure l’Homme.

    Les Sages du Conseil constitutionnel ont rendu leur verdict. Le mariage pour tous n’est pas anticonstitutionnel. Ce qui, dans le contexte actuel se comprend. Dans le monde laïc qui est le nôtre, la loi des hommes ayant remplacé la loi ontologique, il est normal qu’il en soit ainsi. Faisons du mariage un simple contrat comme un autre, le mariage pour tous n’a effectivement rien qui viole la loi. Quand quelqu’un souscrit un contrat d’assistance avec un vendeur de machines à laver, ce vendeur ne lui demande pas s’il est hétérosexuel ou pas. Il n’a pas à le faire. D’où la légitimité du mariage pour tous entendu comme contrat. Faisons du mariage un droit et rien qu’un droit. Ayant la même valeur qu’un contrat d’assistance avec un vendeur de machines à laver, il n’y a aucune raison de refuser le mariage aux homosexuels. Dans l’avenir toutefois, il est fort possible que le Conseil constitutionnel ait à repenser cela pour tous pour trois raisons.

    I- Dans un premier temps, très vite va se poser la question de la PMA (Procréation médicalement assistée) ainsi que celle de la GPA (Gestation pour autrui). Il va falloir alors se demander si, pour que les parents homosexuels soient des parents comme les autres, il est légal d’enlever son père à un enfant en remplaçant le père absent par des paillettes ou par un tiers. Tout comme il va falloir se demander s’il est légal d’enlever sa mère à un enfant en remplaçant celle-ci par le ventre d’une mère porteuse. L'État considère aujourd’hui le fait d’être un orphelin comme un drame qu’il faut secourir. Sera-t-il constitutionnel de promulguer le contraire ?

    II- Admettons que les Sages qui auront à statuer sur ce cas décident de ne pas autoriser la GPA pour ne pas condamner certains enfants à l’orphelinat par avance, comment vont-ils s’y prendre pour expliquer aux couples homosexuels qu’ils ont le droit de se marier mais pas d’avoir des enfants ? S’ils disent effectivement non, cela reviendra de fait de fait à supprimer le mariage pour tous en faisant de ce mariage un demi-mariage que les homosexuels n’accepteront certainement pas. D’où crise.

    III- À l’inverse, si, pour satisfaire le désir des couples homosexuels les Sages entérinent la PMA et la GPA, il faudra qu’ils expliquent aux Français qu’une nouvelle ère est venue. Celle d’une humanité sans filiation. Les êtres humains auront une traçabilité de leurs origines comme la viande. Mais ils n’auront pas plus de valeur qu’elle. Ce qui amènera à se demander si le Droit n’est pas en train de tuer l’Homme. D’où une autre crise.

    Autrement dit, quoi qu’il arrive, du fait de la question de l’enfant, le mariage pour tous est amené à disparaître. Sauf si, au nom du Droit souverain de l’Homme, on en décide autrement. Cela voudra dire alors qu’au nom du Droit et de l’égalité on n’est plus dans le Droit mais dans la violence et dans la folie. Et là, c’est Socrate qui aura raison. On est fou quand on pense que l’Homme et le Droit sont la mesure de toutes choses. »

     


    Bertrand Vergely

    In Atlantico
    Le 18 mai 2013

     

     

  • L'horizon historico-transcendantal qu'une minorité inattendue est en train de redécouvrir

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    Zenit - Pensez-vous sérieusement que la génération des veilleurs est l'héritière la plus authentique de l'espoir déçu de 68?

    Gérard Leclerc - Je le pense très sérieusement, du moins au sens précis de Clavel. Si ces jeunes gens se sont dressés contre le mariage pour tous, ce n'est pas seulement pour refuser la loi Taubira. Leur refus se dessine à partir d'une option fondamentale de civilisation, celle que Clavel avait bien mise en évidence. Je reprends sa formule« La culture c'est une option sur l'absolu. » Cela veut dire que ce qui inspire un art de vivre, une façon de vivre ensemble, de construire un monde commun, de concevoir l'économie, se réfère à un sens qui donne tout son prix à notre humanité. D'où la volonté des veilleurs de respirer, de méditer, d'ouvrir à un autre horizon. Cela s'est fait dans le cadre des grandes manifestations, et surtout à la suite de celle du 24 mars, où l'affrontement avec les forces de l'ordre a paru un moment faire dévier le mouvement. Allait-on s'amuser à jouer à cache-cache avec les flics dans tout Paris? N'y avait-il pas mieux à faire, en s'arrêtant, en se posant, pour réfléchir et voir plus loin?

    Nous retrouvons là l'horizon historico-transcendantal dont nous parlions et qui nous ramène à 68, à ce que 68 a raté magistralement, mais qu'une minorité inattendue est en train de redécouvrir.

    Vous parlez de minorité. N'est-ce pas la faiblesse principale de ce mouvement, qui malgré tout reste en décalage par rapport à sa propre génération complètement imprégnée par la culture dominante?

    Oui, c'est vrai, indiscutable. Je rappelle toutefois que c'était déjà le cas en 68, où la danse était menée par des groupuscules peut-être encore plus minoritaires qu'aujourd'hui. Par ailleurs il faut apprécier les qualités de ladite minorité. J'en ai déjà parlé dans un entretien précédent. Elle n'a pas son équivalent en fait de conviction par rapport au relativisme généralisé de l'époque, si ce n'est au nihilisme plus ou moins diffus ici et là. En quoi s'est-elle d'abord distingué, sinon par le courage d'être et de dire? C'est la première fois qu'on ose dire sans peur, sans complexe, qu'on est en désaccord avec la culture imposée, l'esthétique des médias, la bien-pensance ordinaire. Jusqu'ici toute velléité d'affirmation d'une différence se trouvait écrasée, sous le joug fatal de l'incrimination de ringardise. Eh bien, ça ne marche plus! Et c'est considérable. Désormais, il y a une force de refus et d'affirmation en même temps, que plus rien n’impressionnera. Cela fait contraste avec toute une période, où, notamment dans l'Église, on avait peur de son ombre, et où il fallait être le plus discret possible. C'est une des raisons essentielles pour lesquelles je crois que tout cela va franchir l'obstacle du prochain été.

    Comment tout ce qui s'est affirmé depuis plusieurs mois dans une épreuve de force politique peut-il se prolonger, au-delà de la bataille sur la loi Taubira?

    La difficulté est certaine, mais la façon dont elle sera négociée sera significative de la valeur de l'engagement des derniers mois. L'été sera sans doute propice à une réflexion générale, sans doute dans le cadre d'universités organisées par les uns et les autres. Il me semble, quant à moi, que cette réflexion se doit de distinguer les domaines, ou, si l'on veut, les ordres pascaliens.

    Je commence par le dernier, celui de la charité qui renvoie au domaine propre de l'Église, éventuellement à d'autres appartenances spirituelles. Guillaume Tabard, dans une chronique du Figaro, a finement remarqué que la tonalité de la résistance était donnée par la génération JMJ. Or, cette génération s'est forgée tout au long des pontificats de Jean-Paul II et de Benoît XVI, dans le sens d'un recentrement autour des fondamentaux du christianisme: la méditation de la parole, la sanctification par les sacrements, le service des autres à travers toutes les médiations de l'engagement.

    Toute la solidité des 50000 jeunes Français qui étaient présents aux JMJ de Madrid, repose sur ce socle. Sa pérennité est liée à une fécondité et à un dynamisme missionnaire qui trouvent leurs lieux privilégiés dans les réseaux des paroisses, des aumôneries et des mouvements. Je suis intimement persuadé que l'enjeu de la bataille du mariage et des autres réformes sociétales à venir constitue un stimulant puissant à une revivification générale du tissu ecclésial. C'est un premier point.

    Le second concerne l'ordre des médiations sociales elles-mêmes, qui sont liées au politique mais le nourrissent en le précédant. La Manif pour tous est la plus massive de ces structures qui organisent les tâches. Elle s'est formée à partir d'un objectif précis, elle a fait preuve d'une réactivité et d'une inventivité étonnantes. Elle sera sans doute amenée à se perpétuer, ne serait-ce qu'en se référant à de nouveaux objectifs, ceux que l'actualité imposera. Je pense à la loi annoncée sur la famille, si toutefois le gouvernement ne l'ajourne pas par la plus élémentaire prudence. Il y a aussi la loi sur la fin de vie, et tout ce qui concerne les questions bioéthiques. Après le vote de la loi Taubira, dans quelle mesure faudra-t-il étudier les procédures de l'objection de conscience, ne serait-ce que pour venir en aide aux officiers municipaux qui ne voudront pas procéder à des mariages homosexuels? Mais il y a aussi tous les mouvements ou associations qui existent déjà et qui continueront à alimenter la réflexion commune sur chacun des sujets en débat. Il est certain que l'Alliance VITA, pas la justesse de son positionnement et la qualité intellectuelle de ses cadres, continuera à jouer un rôle tout à fait essentiel dans cette affaire.

    Je suis également persuadé qu'il y aura lieu de multiplier les think tanks où philosophes, théologiens, juristes, scientifiques seraient en mesure d'approfondir les questions en suspens. Que l'on prenne celle de l'homosexualité par exemple: je suis frappé par l'intérêt de tout ce qu'a apporté sur ce sujet un Philippe Ariño. On a bien eu raison de distinguer le combat pour le mariage des problèmes posés par l'homosexualité, et je pense extrêmement dangereuse toute tentative d'en faire un objectif de combat. Mais cela n'empêche pas que l'on réfléchisse à frais nouveaux sur cette condition particulière que la culture contemporaine a tenté de masquer voire de travestir par toute une propagande. La sociologue Irène Théry s'est beaucoup répandue sur les divers médias pour imposer une justification des mutations de la famille. On ne lui a pas assez répondu, alors qu'elle est l'interprète de cette révolution sociétale que le pouvoir cautionne. Il ne suffit pas de brandir les principes d'une morale dite naturelle pour répondre à toutes les difficultés inhérentes à l'éclatement de la famille. Je m'arrête là, en ayant bien conscience qu'il faudra aller beaucoup plus loin dans les recherches et les propositions.

    Troisième et dernier point, le combat politique. Il y aurait lieu d'analyser sérieusement comment les choses se sont déroulées et enchaînées depuis septembre 2012. La Manif pour tous a forcément travaillé avec la représentation parlementaire, celle qui dans l'opposition affrontait directement le gouvernement. Il me semble qu'il y a toujours eu distinction des rôles au travers d'une coopération très intense. On peut dire aussi que c'est la mobilisation entraînée et sans cesse dynamisée par la Manif pour tous, qui a produit une sorte de métamorphose à l'intérieur de l'UMP. Hervé Mariton, Jean-Frédéric Poisson, Philippe Gosselin, Henri Guaino et Christian Jacob (je ne puis les nommer tous) n'ont pu déployer leur talent au Palais Bourbon que parce qu'ils avaient derrière eux tout cet élan populaire et parce que l'UMP se trouvait ainsi provoquée à la résistance. Ce n'était pas gagné d'avance, parce que des personnages aussi importants que Nathalie Kosciusko-Morizet et Bruno Le Maire, voire Alain Juppé, étaient sur une extrême réserve, craignant de s'associer à un combat à leurs yeux retardataire. Il faut ajouter qu'on a découvert que le Front national n'était pas très mobilisé sur le sujet. L'absence de Marine le Pen à tous les rassemblements a bien montré qu'elle ne situait pas l'axe de son combat de ce côté-là. En revanche, il faut reconnaître au journal Le Monde d'avoir mis en évidence une donnée tout à fait originale, liée à cette mobilisation étonnante et sans précédents. Il y a désormais un phénomène de génération qui atteint les jeunes militants et militantes et qui transcende les partis. La mobilisation a créé une sorte d'âme commune qui aura beaucoup de conséquences pour l'avenir. Lorsqu'on écoute la jeune Marion Maréchal-Le Pen, il est patent qu'elle appartient d'abord à sa génération dont elle parle le langage, sans avoir peur de dire au passage qu'elle est inspirée par sa foi.

    Tout cela pour dire que le champ politique s'est ouvert et qu'il laisse la possibilité à de nouvelles initiatives dont il faudra inventer au fur et à mesure les formes.

    J'en conclus très provisoirement que rien ne va s'arrêter et que, bien au contraire, une nouvelle étape s'annonce, aussi passionnante que celle que nous venons de vivre.

     

    Propos recueillis par Anita Bourdin

    Zenit, 17 mai 3013

     

     

  • Nous continuerons à manifester avec notre petite épiphanie de créature, en chair, en os et en esprit.

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            POUR UN MANIFESTE DES ÉMERVEILLÉS


    Mandala Hildegarde.jpgNous ne sommes pas des indignés. Ce qui nous anime est un sentiment plus primitif, plus positif, plus accueillant – il s’agit de cette passion que Descartes considère comme la première et la plus fondamentale de toutes : l’admiration. Elle est première parce qu’elle s’éprouve devant des choses qui nous précèdent, nous surprennent, que nous n’avons pas planifiées : les lis des champs, les oiseaux du ciel, les visages, tous les printemps... Avant de nous satisfaire de l’œuvre de nos mains ou de la victoire de nos principes, nous admirons ce donné naturel. Telle est la coloration affective que nous cherchons à faire entrer dans nos actions. Elles ne sont pas motivées par une humeur chagrine ou revendicatrice. Elles ne sont pas imbibées d’amertume. Elles voudraient n’être que des actions de grâces. Car, à partir de cette admiration première, elles doivent fleurir en gratitude envers la vie reçue, notre origine terrestre et charnelle : ce fait que nous ne nous sommes pas faits, mais que nous sommes nés, d’un homme et d’une femme, selon un ordre qui leur échappait à eux-mêmes.


    Loin d’être des spiritualistes ou des moralisateurs, nous reconnaissons ce que Nietzsche appelait la « grande raison du corps », et même « l’esprit à l’œuvre sous nos ceintures ». Oui, nous sommes émerveillés par l’ordination mutuelle des sexes, par le génie de la génitalité. Bien sûr, cette organisation stupéfiante est comme notre nez au milieu de notre figure : nous avons tendance à ne pas la voir. Nous nous enorgueillissons d’avoir bricolé une lampe de poche, et oublions la splendeur du soleil ; nous idolâtrons la magie de nos machines, et méprisons la merveille de notre chair. Cette merveille, nous la dissimulons sous les mots de « biologique », de « déterminisme », d’« animalité », et nous prenons par là un air de supériorité, vantant les libres prouesses de notre fabrique. Et pourtant, quoi de plus étonnant que cette union des êtres les plus différents : l’homme et la femme ? Et quoi de plus surprenant que leur étreinte, enclose sur sa jouissance, et qui toutefois se déchire, naturellement, pour faire advenir encore un autre, d’une autre différence encore : la future petite peste, le déjà dérangeant, celui qu’on appelle « l’enfant » ? Jules Supervielle exprime avec une justesse plus que scientifique cette surprise que la réduction biologisante nous voile : « Et fallait-il qu’un luxe d’innocence / Allât finir la fureur de nos sens ? »


    Ainsi nos manifestations ne sont pas celles d’une corporation, mais celles de nos corps. Elles ne partent pas d’une visée politique ou partisane, mais d’une reconnaissance anthropologique. Elles ne cherchent pas à prendre le pouvoir, mais à rendre un témoignage culturel à un donné de nature, dans un élan de gratitude. En grec, « nature » se dit « physis », mot qui vient du verbe « phuein », qui signifie « apparaître » ou, justement, « se manifester ». La nature n’est pas d’abord une réserve d’énergies ni une mine de matériaux, manipulables à notre guise, mais une manifestation de formes organisées, souvent éblouissantes à notre regard. Certes, la nature est aussi blessée, désordonnée : il y a la souffrance, il y a la mort, il y a l’injustice. Mais ces ruines ne nous font horreur que parce nous avons d’abord entrevu sa générosité jaillissante : si nous n’avions pas perçu la bonté de ses formes, nous ne serions pas scandalisés par ce qui les défigure... Nos manifestations ne sont donc que pour attester l’éclat de cette manifestation première. Elles ne relèvent pas du rapport de force. Elles se fondent sur une exigence d’hospitalité envers cette présence réelle, physique, initiale (ne pas scier la branche qui nous porte, ne pas prétendre faire éclore la fleur en forçant le bourgeon). Et c’est pourquoi ces manifestations dureront aussi longtemps qu’il y aura des pénis et des vulves, et leur ordination d’abord involontaire, et leur fécondité troublant notre avarice.


    Mais c’est précisément cette exigence d’hospitalité, cette relation d’émerveillement et de gratitude envers notre origine, disons même ce rapport de faiblesse, qui sont insupportables à ceux qui conçoivent tout en termes de rapport de force. Ils voudraient que nous ne soyons qu’une faction. Ils préféreraient que nous posions des bombes. Cette violence leur serait moins violente que notre manifestation élémentaire, celle de la simple présence physique d’un homme et d’une femme, et d’un enfant dont ils sont aussi le père et la mère... Si ce n’était que notre opinion, s’il n’y allait que de notre arrogance, ils pourraient nous faire taire. Mais comment faire taire la présence silencieuse du corps sexué ?


    Qu’il nous soit permis – après ce rappel de ce que nous sommes essentiellement : des émerveillés – d’insister sur cinq conséquences importantes pour nous comme pour les autres – car nous ne sommes pas à l’abri de l’ingratitude, et, à force de ne pas être reconnus dans notre émerveillement, l’indignation peut finir par offusquer cet émerveillement fondamental, et nous risquons de verser, soit dans le découragement, soit dans une violence illégitime.

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    Certains nous accusent d’être des « fascistes », procédé linguistique très réducteur, qui permet de désigner un ennemi sans l’entendre, et qui relève, précisément, des procédés du fascisme historique. D’autres nous taxent seulement de « réactionnaires », comme si le fait de réagir était un mal, et non un signe de vitalité, et comme si la rhétorique du « Progrès », qui a tant servi la Terreur et le totalitarisme, n’avait pas fait long feu. D’autres diront que c’est parce que nous sommes des « cathos », ou des « juifs intégristes », ou des « fondamentalistes musulmans »... mais non, nous sommes des Français et, plus simplement encore, des hommes et des femmes, très éloignés de tout puritanisme et de tout fondamentalisme, puisque ravis de la fesse, ne craignant pas d’admirer la conjonction improbable de la « bite » et de la « chatte » et du surgissant polichinelle... On pourrait avec plus de rigueur nous ranger parmi les tenants d’une écologie intégrale. Mais on évite ce genre de classement, par crainte de reconnaître les contradictions de nombreux mouvements écologistes actuels, mais aussi parce qu’on n’a rien, au fond, à nous reprocher, ou que le reproche ne peut nous atteindre qu’en atteignant aussi le donné de la chair. De fait, si nous sommes fascistes, il faut en conclure que la nature elle-même est fasciste, et qu’il convient de l’éliminer, ce qui n’est pas sans avoir certains inconvénients...

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    Beaucoup ne comprennent pas que nous manifestions contre une réforme du code civil qui satisfait les intérêts de certains, sans léser les nôtres (il n’est pas parlé, cependant, des intérêts de l’enfant). Voilà, en effet, de quoi ébahir les utilitaristes de tous bords : nous ne manifestons pas pour le triomphe de nos intérêts particuliers. Nous cherchons seulement à témoigner de ce qui est antérieur à tout intérêt, et qui est le don de la naissance.

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    3° C’est justement ce que vient occulter le slogan de « l’égalité » qu’on nous sert à toutes les sauces, sans penser à ce que ce terme veut dire, et les menaces de nivellement, voire de « raccourcissement » qu’il a toujours contenu. Il y a une évidente et naturelle inégalité entre le couple d’un homme et d’une femme, et celui de deux hommes ou de deux femmes. Pour égaliser les conditions, il convient de recourir à l’artifice, et passer de la naissance à la fabrication, du born au made... Derrière la prétendue égalisation juridique, il y a donc un assujettissement technocratique, et le projet de produire des personnes non comme personnes, donc, mais comme produits, au gré de nos caprices, selon la loi de l’offre et de la demande, d’après les désirs fomentés par la publicité : « Un enfant à la carte, votre petit chose, l’accessoire de votre épanouissement, le tiers compensatoire de vos frustrations, enfin, pour une somme modique, le caniche humain ! »

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    Voilà pourquoi nous ne sommes pas « homophobes ». Nous sommes émerveillés par les gays vraiment gais, les « folles » sans cage, les sages de l’inversion. L’amour de la différence sexuelle, si fondamentale, avec celui de la différence générationnelle (parents/enfants), nous apprend à accueillir toutes les différences secondaires. Si moi, homme, j’aime les femmes, si étrangères à mon sexe, comment n’aurais-je pas de la sympathie, sinon de l’amitié pour les homos, qui me sont, au final, beaucoup moins étranges. D’ailleurs il y en eut toujours, qui n’avait pas peur d’affirmer leur différence, d’assumer une certaine excentricité, un travail dans les marges. Aussi croyons-nous que, ce qui est vraiment « homophobe », c’est le pseudo-« mariage gay ». Il y va d’une tentative d’embourgeoisement, de normalisation de l’homophilie, d’écrasement de son incivilité sous le code civil. Quel cadeau que ce « mariage » qui n’est plus qu’un aménagement patrimonial ou un divorce ajourné ! Pourvu que les homos rentrent dans le rang, et qu’ils soient stérilisés, surtout, dans leur fécondité propre. Car qui ignore leur fécondité artistique, politique, littéraire, compassionnelle ? Les anciens Grecs l’entendaient ainsi : libérés des devoirs familiaux, ils pouvaient se consacrer davantage au service de la Cité. Ils savaient que leurs amours avaient quelque chose de contre-nature, mais ils n’en méprisaient pas pour autant la nature (de là, très souvent, cet amour pour leur mère – voir Proust ou Barthes), et y trouvaient des ressources pour l’art.

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    5° Comment, émerveillés comme nous sommes, nous lancerions-nous dans des actions violentes, dénigrantes, exclusives ? Une fois de plus, nous ne cherchons pas une victoire politique. Nous ne sommes même pas sûrs qu’il y ait vraiment quelque chose à sauver dans ce mariage privatisé, qui n’a plus rien de républicain depuis belle lurette. Et c’est pourquoi, malgré la défaite législative (mais quand on voit le piège médiatique et partisan dans lequel se trouvent nos législateurs, on se demande si le législatif d’aujourd’hui mérite qu’on s’y arrête), nous continuerons à manifester, sans armes, sans haine, au fond sans slogan même, mais avec notre petite épiphanie de créature, en chair, en os et en esprit.

    Fabrice Hadjadj 

     

  • Ce qu'est l'homophobie selon la Théorie du Genre

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    Qu'est-ce que l'homophobie ? Réponse de SOS Homophobie dans cette émission "Du grain à moudre" sur France Culture.
    Vous voulez voir l'état de la culture officielle dans notre pays ? Où en est la Théorie du genre ? Écoutez cette émission où dès le début, par la problématique posée, l'antenne France Culture se place en propagandiste de la cause de cette théorie. Tugdual Derville s'en sort bien, mais aura-t-il été écouté et entendu par les auditeurs habitués au bain de la culture libertariste & libéralisante ? :

    http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4607954

    http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4607954     "Du Grain à moudre" le 15 avril 2013

    Et aussi Observatoire de la Théorie du Genre : http://www.theoriedugenre.fr/
    Page facebook de l'Observatoire de la Théorie du genre :
    https://www.facebook.com/pages/Observatoire-de-la-théorie-du-genre/301879863274835?fref=ts

    Théorie du Genre : Institut de Formation Politique (PDF) :
    http://www.ifpfrance.org/images/stories/Fichiers/les%20notes%20de%20l%5C%27ifp_n%B04_la%20th%E9orie%20du%20genre_d%E9cembre%202012.pdf

    Camille Fornello
    pour La Vaillante

  • Les Veilleurs : "La force intérieure de la non-violence irrépressible" (Tugdual Derville)

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    Très beau témoignage d'une jeune, Marie, qui était mercredi 17 avril au soir sur l'esplanade des Invalides :

    « Chers amis,

    Voici simplement un petit témoignage de ce qui se passe ici à Paris, en ces jours étranges. Le combat où nous sommes n'est pas anodin. Beaucoup de médias caricaturent et ridiculisent. Voici en toute vérité ce que j'ai vécu hier soir.
    Hier après-midi, j'ai rejoint comme la veille La Manif Pour Tous, qui défile de Sèvres-Babylone à l'Assemblée Nationale tous les soirs cette semaine entre 19h et 22h, à grand renfort de chants, de sifflets et de casseroles. L'ambiance était joyeuse comme toujours ; beaucoup de jeunes, peut-être les deux tiers du cortège.
    Lors de la dispersion aux Invalides, nous avons rejoint avec deux amis une pelouse, un peu plus loin, sur laquelle se tenaient assis des groupes de jeunes, calmes, avec des bougies. J'avais entendu parlé la veille de cette initiative, dite « Les Veilleurs » : 100 ou 200 jeunes étaient restés calmement sur les Invalides, rejoints par Hervé Mariton, Jean-Frédéric Poisson et un autre député. Vers 1h du matin, les CRS les ont sommés de partir. Ceux qui sont restés ont été enlevés de force, poussés dans la bouche de métro ; des bombes lacrymogènes ont été lancées dans la bouche du métro ; 40 jeunes (au hasard, ceux qui étaient les plus proches du bus selon le témoignage d'une amie !) ont été embarqués et emmenés au poste, puis, pour ne pas reproduire une garde à vue contestée, relâchés à 3h du matin à l'autre bout de Paris.
    Je ne savais que penser de cette initiative. Ce rassemblement était parfaitement légal et, tant qu'il ne provoquait aucun trouble à l'ordre public, les forces de l'ordre n'ont, selon la loi, aucun droit de le disperser. En même temps, est-ce vraiment utile d'en rajouter, de provoquer des incidents avec les forces de l'ordre ? Après en avoir discuté avec plusieurs amis, j'ai décidé de suivre ceux qui avaient vécu l'expérience la veille.

    22h : Nous sommes un peu plus de 800 jeunes, assis par terre dans le calme, sur l'esplanade des Invalides, avec des bougies. Axel, le chef de file du mouvement, explique au porte-voix l'esprit de cette initiative. Il s'agit de résister à ce gouvernement et à ses lois iniques, non par la violence, mais par notre force spirituelle – au sens large, celle qui habite tout homme, ce n'est pas réservé aux croyants. C'est notre vie intérieure, notre paix, notre amour qui constitue la plus grande force de résistance ; à cela le gouvernement ne peut rien opposer. Je connais Axel de vue, il vient à EVEN le lundi soir. Il est d'un calme olympien, il parle d'une voix douce, ni coléreux ni revendicatif ; il sait où il va et tient le cap. Il mène cela avec une jeune fille nommée Alix. Peut-être 25 ans, pas plus.

    22h30 : Axel nous parle de la paix intérieure, et nous écoutons des textes (Madeleine Daniélou, Victor Hugo...) sur la France, l'intelligence, l'amour, la liberté... Les CRS sont encore partout sur l'esplanade, où des groupes de manifestants, restés après la dispersion, font du bruit et refusent de partir. Très tôt, les CRS prennent position autour de nous. Axel explique calmement qu'à la deuxième sommation, ceux qui voudront partir partiront ; qu'accomplir demain notre devoir d'état est plus important que de rester ; que ceux qui peuvent rester et résister devront, s'ils aterrissent au poste, demander un avocat commis d'office et un médecin : il sera évidemment compliqué de trouver plusieurs centaines d'avocats et de médecins en même temps ! Nous continuons de rester paisibles ; au bout d'un moment, les CRS nous contournent et partent s'occuper d'autres groupes bruyants et violents.

    23h : Ce soir, nous ne resterons que jusqu'à 1h du matin, a encore dit Axel. Ensuite, nous irons tranquillement nous coucher. Arrive un commissaire de police, qui parlemente avec Axel quelques instants. Celui-ci nous informe ensuite au micro : « Ce policier nous demande de nous disperser à minuit et demie, pour que nous puissions prendre les derniers métros. Si nous partons à minuit et demie, nous pouvons rester, nous ne serons inquiétés par aucun policier. Je suis très heureux de ce qu'il se passe, notre paix commence à faire son effet. Nous resterons jusqu'à minuit et demie. » Le policier part.

    23h30 : Nous écoutons toujours des paroles et des textes, alternés avec des temps de silence. Ailleurs encore, des pétards, des sirènes... Il est difficile de rester tranquilles, ancrés dans sa « paix intérieure » comme le rappelle Axel, quand les camions de CRS passent et repassent dans tous les sens sur l'esplanade. Des jeunes partent, d'autres se dissipent...Certains, au téléphone, tentent de faire venir leurs amis restés avec des groupes plus violents. Axel garde son calme. Mgr Aillet, évêque de Bayonne, nous rejoint un moment, nous bénit et bénit notre « résistance spirituelle » et notre courage. Xavier Bongibault et un organisateur de la Manif pour tous nous rejoignent aussi. Un garçon récite par cœur un texte de Gramschi sur l'indifférence :
    « Je hais les indifférents. (…) Ce qui se passe, le mal qui s’abat sur tous, le bien possible qu’un acte héroïque peut provoquer, tout ça revient moins à l’initiative de quelques personnes qui agissent qu’à l’indifférence, à l’absentéisme de la majorité. Ce qui arrive, arrive non pas parce que certains veulent qu’il arrive, mais parce que la majorité abdique sa volonté, laisse faire, laisse se grouper les nœuds qu’ensuite seule l’épée pourra couper, laisse promulguer les lois qu’ensuite seule la révolte fera abroger, laisse aller au pouvoir les hommes qu’ensuite seul une révolution pourra renverser. La fatalité qui semble dominer l’histoire n’est que l’apparence illusoire de cette indifférence, de cet absentéisme. Des faits mûrissent à l’ombre, juste quelques mains, à l’abri de tout contrôle, tissent la toile de la vie collective, et la masse ignore, car elle ne s’en soucie point. Les destins d’une époque sont manipulés selon des vues étriquées, des buts immédiats, des ambitions et des passions personnelles de petits groupes actifs, et la masse ignore, car elle ne s’en soucie point. »

    Axel nous invite encore à examiner pourquoi nous sommes là, ce que nous voulons défendre. Nous voulons montrer notre détermination, de manière pacifique, en s'appuyant sur notre vie intérieure. Nous préférons ce que nous croyons à notre vie, à notre confort. Toujours dans un grand calme, sans exaltation, sans triomphalisme, humblement.

    Minuit : Nous voyons brusquement arriver et se ranger juste devant nous dix cars de CRS, ainsi que le bus bien connu qui sert aux arrestations. Le même policier revient parlementer ; son porte-voix ne fonctionne pas, Axel lui prête le sien. « C'est bien, tout s'est bien passé, maintenant vous allez vous disperser et rentrer calmement, si vous ne voulez pas que cela se passe mal. » Axel rappelle, toujours très calmement, qu'on lui avait assuré que nous pouvions rester jusqu'à minuit et demie, et qu'il n'y aurait pas de policiers autour de nous. Il discute un peu avec le commissaire, puis reprend le micro. « Visiblement les ordres ont changé ; nos amis les policiers nous demandent de partir une demie-heure plus tôt. Là il faut que vous m'aidiez, j'ai une décision à prendre. Peut-être vaut-il mieux rester, parce qu'on nous dit minuit et demie, puis minuit, puis 22h, et demain on n'existe plus ; peut-être vaut-il mieux partir, quelques minutes plus tôt, et éviter des incidents avec les forces de l'ordre. » Sur ce, il demande au policier deux minutes de réflexion et, écartant tous ceux qui veulent le conseiller, prend seulement Alix à part. On les voit discuter quelques minutes, rejoints ensuite par deux ou trois autres.

    Minuit quinze : Axel et Alix reviennent : « Chacun est libre, mais nous, nous allons rester. Ce quart d'heure qui reste ne changera rien, nous allons seulement montrer que nous sommes libres et déterminés, nous resterons jusqu'à l'heure qu'on nous a dite, dans le silence absolu. Puis, à minuit et demie, nous nous disperserons calmement et nous irons nous coucher. » Approbation muette de la « foule », par les mains.

    Minuit vingt : Les CRS sortent des bus, casqués et bouclier en main, et commencent à nous encercler. Nous avons resserré les rangs, rangés en ligne, alternés garçon et fille, nous tenant par les bras, et essayons de rester dans le calme. Axel et Alix restent devant nous, nous exhortent encore à rester ancrés dans notre paix intérieure.

    Minuit vingt-cinq : Nous sommes encerclés, ils sont tous proches de nous. Vont-ils nous attaquer pour quelques minutes qui restent encore ? Ils n'avancent plus. Minutes héroïques : des CRS armés face à quelques centaines de jeunes désarmés, assis par terre en silence, qui ne résistent que par la force de leur détermination. Nous sentons que la force est de notre côté, elle est intérieure, elle est dans notre confiance et dans la communauté que nous formons. Certains CRS semblent un peu interloqués ; si on leur avait donné l'ordre de nous attaquer à ce moment-là, je ne sais pas ce qu'ils auraient fait. Il paraît que la veille, l'un d'eux s'est mis à pleurer, en disant : « C'est trop beau ce que vous faites, on nous fait faire du sale boulot ! » Les minutes s'égrènent, une à une ; le moindre cri ou mouvement de panique, et tout peut exploser.
    Il reste deux minutes. Quelqu'un entonne « l'espérance », et peu à peu le chant se propage, repris par toutes les voix. Il s'enfle, et devient un chant de victoire. Serrés les uns contre les autres, sans bouger, nous chantons.

    Minuit trente : Axel donne le signal du départ. Tous ensemble, chantant toujours, nous nous levons et marchons calmement vers la bouche du métro. Extraordinaire moment : notre paix est victorieuse. Les CRS nous encadrent, ils ne savent pas trop quoi faire de leur force. Des ordres imbéciles fusent, certains empêchent ceux qui veulent partir à vélo ou à pied de passer, d'autres rattrapent avec violence deux filles qui partaient à pied. Certains CRS nous laissent passer, l'un d'eux crie : « Laissez tomber vos boucliers, les gars, il ne va rien se passer. » Ils sont tellement habitués aux rapports de force et à la violence, que notre manière d'agir les dépasse complètement. Ils se croient obligés de pousser ceux qui descendent dans le métro, de repousser ceux qui sont à l'extérieur... S'ils avaient eu confiance en nous, en dix minutes nous nous serions dispersés nous-mêmes dans le calme. Heureusement, pas d'incident grave, et à 1h l'esplanade est déserte.

    Expérience faite, je crois que cette initiative est belle, et j'encourage ceux qui le peuvent à la rejoindre. Beaucoup de jeunes, et des moins jeunes, légitimement énervés par le déni et l'injustice dont nous sommes l'objet de la part du pouvoir et des médias, basculent dans la violence. Je crois que la vraie résistance est là, dans la force spirituelle de cette jeunesse de Paris, qui est prête à défendre la vérité, qui ne cède ni à l'indifférence ni à des pulsions de violence, qui fonde sa force sur celle de l'intelligence, celle du cœur, celle de la foi. Ce soir encore, et les jours suivants, de plus en plus nombreux sans doute, « les Veilleurs » seront là, sentinelles de l'aurore. »

     

    Deuxième nuit des Veilleurs, mercredi 17-18 avril 2013,
    Esplanade des Invalides 

  • Soumis depuis des décennies à une influence médiatique univoque, les Français n’ont pas pris la mesure du bouleversement anthropologique historique…

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    Les principes fondateurs du Collectif pour l’Humanité Durable®  :

    « Dans le respect de chacun, le Collectif pour l’Humanité Durable rappelle que les fondements naturels, culturels et universels de l’être humain et de sa dignité intégrale reposent sur les principes suivants :

    - Le respect de la vie, de la conception à la mort naturelle, à chaque âge et quel que soit l’état de santé des personnes.
    - La promotion de la famille fondée sur le mariage durable entre un homme et une femme et le respect des droits familiaux de l’enfant.
    - Le respect de la liberté d’éducation des parents.
    - Le respect des libertés de conscience, de pensée et de religion. Tous ces principes sont protégés par la Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948 et garantis par leur libre expression publique dans notre pays.

    Du respect de ces principes fondateurs dépend l’Humanité durable : les droits fondamentaux de l’Homme, la stabilité de la Société et la pérennité de l’Humanité. Mais aussi les fondements de notre civilisation judéo-chrétienne.

    Or, depuis plusieurs décennies déjà ces principes se délitent, sous l’effet de décisions politiques contraires associées à une confiscation croissante du débat public.

    Le principe même de liberté d’expression sur le devenir de l’Homme est remis en cause en France, ce qui n’est pas acceptable pour notre démocratie, patrie des droits de l’Homme et du Citoyen.

    Aujourd’hui, le nouveau pouvoir a clairement marqué sa volonté de faire disparaître ces principes d’Humanité durable par les engagements programmatiques suivants du président de la République :
    n°21 : légalisation de l’euthanasie ;
    n°31 : légalisation du mariage et adoption d’enfants par les couples de même sexe ;
    n°46 : constitutionnalisation de la laïcité ;
    n°37, 39 et 40 des “40 engagements qui vont changer la vie des femmes” : promotion de la contraception anonyme pour mineurs ainsi que généralisation et gratuité totale de l’IVG.

    Soumis depuis des décennies à une influence médiatique univoque, les Français n’ont pas pris la mesure du bouleversement anthropologique historique qu’ils réaliseront pour notre pays et notre prochain, dès la nouvelle Assemblée élue les 10 et 17 juin 2012.

    C’est pourquoi le Collectif pour l’Humanité Durable lance aujourd’hui son action dans le but déterminé d’empêcher l’adoption de ces lois. Il agira en fonction du calendrier gouvernemental et législatif :
    - en affichant sa volonté d’ouverture et d’unité avec tous les autres mouvements et associations œuvrant déjà en ce sens ;
    - en envoyant des hommes et des femmes volontaires au cœur des medias et de la sphère politique pour mobiliser l’opinion, influencer leurs relais et éclairer les élus politiques ;
    - en demandant un vaste dialogue sociétal pour faire prendre conscience à l’esprit public de la gravité des enjeux vitaux et familiaux.

    La première de ces lois concerne à l’automne 2012 la remise en cause du mariage civil et de la filiation humaine avec la décision du gouvernement de « mettre en œuvre l’engagement n°31 du président de la République d’ouvrir le droit au mariage et à l’adoption aux couples homosexuels » (Communiqué du premier Ministre pour la Journée mondiale contre l’Homophobie du jeudi 17 mai 2012). »

    27 mai 2012, http://pourlhumanitedurable.com/

  • C’est pour l’homme que la société doit être gouvernée

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    « Un grand mouvement réveille la France depuis plus de six mois, avec la perspective de la mobilisation du dimanche 24 mars. Marqué par l’unité et la diversité, il est observé avec surprise dans toute l’Europe et au-delà. Les manifestations de masse de l’automne 2012 et du 13 janvier 2013, l’énorme bouillonnement des réseaux sociaux et la multiplication des réunions publiques et des échanges ont de quoi surprendre même leurs organisateurs. Ce mouvement est historique. Il traduit à nos yeux un questionnement massif, en rupture avec la pensée dominante :       que sommes-nous en train de faire de l’humanité ?

    Cette remise en cause s’est cristallisée autour du projet de loi dit du « mariage pour tous ». Mais il ne faut pas se leurrer : ce qui s’exprime désormais dans ce mouvement dépasse l’opposition à une loi ; il s’agit d’une revendication plus profonde, radicale. Elle concerne le sort de l’être humain dans la société contemporaine. Est-il un simple matériau, objet d’expérimentations techniques, sociales, économiques ou médicales ? Ou bien est-il la mesure de toute chose à laquelle s’ordonne et pour laquelle doit s’organiser la société ?

    Dès lors que l’homme n’est qu’un matériau, il est utilisé au nom de l’amélioration de la performance économique ou biologique pourvu que cela comble certains désirs ; le Parlement légifère sur la nature humaine au gré de groupes d’intérêts ou de théories qu’on nommera « sens de l’Histoire » ; les entreprises considèrent l’être humain comme une variable d’ajustement de l’efficacité ; les politiques environnementales en viennent à protéger la nature au détriment de l’homme. Le voilà soumis à la technologie, à ses rythmes et ses exigences, au mépris de sa dignité et de sa liberté. Alors que le mot « humanisme » est dans tous les discours, c’est aujourd’hui la nature de l’homme qui est attaquée.

    En s’emparant de la question du mariage et de l’engendrement, les manifestants ont affirmé que la personne humaine est la mesure de toutes choses. Y compris aux stades les plus vulnérables de son existence. Car l’humanité ne saurait être un problème à dépasser : c’est une espérance à accomplir. C’est pour l’homme que la société doit être gouvernée. Il est à nos yeux significatif que le projet de loi qui a fait naître pareille résistance soit marqué par la volonté de toute-puissance de ses promoteurs, à la fois sur le fond – le déni de la réalité de l’altérité homme-femme, du mariage et de l’engendrement – et sur la forme : le refus du véritable débat, jusqu’au rejet de la plus vaste des pétitions jamais enregistrées. Nos modes de coordination démocratique se révèlent donc incapables de prendre en compte des signaux majeurs, qui témoignent pourtant des préoc­cu­pa­tions existentielles d’un grand nombre de citoyens. Pire, la puissance publique est elle-même mobilisée au service d’un projet de dénaturation de la vie humaine.

    Il y a près d’un demi-siècle, l’écologie a émergé comme l’alternative au tout économique et à la mécanisation effrénée. Elle a donné l’espoir d’une société différente, plus respectueuse de la nature. Mais le statut de l’homme dans cette écologie est resté ambigu : en France, sa traduction politique a pu prendre des positions bioéthiques incohérentes. En raison des liens profonds et originels entre la vie humaine et cette nature, nous croyons toujours que la réconciliation entre la société contemporaine et la nature reste possible.

    Le temps est venu de construire tous ensemble un grand courant d’écologie humaine. Nous sommes devant une responsabilité historique vis-à-vis de nos contemporains comme des générations futures. Il s’agit de reconnaître que l’essence de l’homme et son humanité constituent un précieux patrimoine intergénérationnel. Accueillir ce patrimoine avec émerveillement, en prendre soin et le transmettre fait partie intégrante de l’écologie humaine. Métapolitique, comme le fut l’écologie environnementale à son émergence, elle est appelée à être prise en compte dans toutes les sphères de la société, à commencer par les partis politiques. Elle offre une alternative durable à la tenaille libérale-libertaire où l’humanité est broyée.

    L’homme est la seule mesure ! C’est pour lui que nous appelons aujourd’hui à la tenue des Assises de l’écologie humaine. Elles seront ouvertes à tous les citoyens qui affirment que le progrès de la technique, de l’économie, de la bioéthique ou des politiques environnementales doivent avoir pour seule justification le service de tout l’homme et de tous les hommes. »

    Pour en savoir plus, consultez le site http://www.ecologiehumaine.eu/

     

     

    Tugdual Derville, Pierre-Yves Gomez, Gilles Hériard Dubreuil

    Tribune collective de Tugdual Derville, fondateur de « À Bras Ouverts », délégué général d’Alliance Vita - Pierre-Yves Gomez, économiste, directeur de l’Institut français de gouvernement des entreprises/EM Lyon - Gilles Hériard Dubreuil, spécialiste de la gouvernance des risques technologiques, président du Fonds pour la culture démocratique.
    Publié dans le journal La Croix, le 21 mars 2013 

     

  • Acceptons nos limites au lieu d’imposer à tous une loi qui ne comblera en rien notre impossibilité à procréer

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    Lettre ouverte de Jean-Marc Veyron-la-Croix, Maire de Chasselas, à Jean-Luc Roméro

    Maire et homosexuel, je suis surpris par vos propos voulant mettre tous les homos dans le même sac :

    Oui il y a des homos contre le mariage gay et qui osent le dire (www.homovox.com) et ce ne sont pas des acteurs et ils ne sont pas manipulés !

    Oui il y a des homos contre le mariage gay et qui n’osent pas le dire pour x raisons hélas !

    Oui la majorité des homos n'a que faire de cette loi : la plupart ne sont ni pacsés ni en couple et sans enfants: ils veulent juste qu’on les laisse en paix !

    Oui il y a des militants pros qui veulent de ce projet juste pour l'égalité et qui n'ont aucune intention de se marier ni d'avoir des enfants: soit 2000 mariages par an d'après l'inter-LGBT pour 4 millions d'homos ça fait beaucoup de bruit pour rien.

    Oui l’État doit protéger les situations précaires : enfants de familles homoparentales et conjoints du même sexe.

    Cessez de voir la communauté homosexuelle comme vous la voyez : d'ailleurs elle n'existe pas plus qu’il existe une communauté hétérosexuelle : ces personnes ont milles facettes, et ils existent d'autres homos que le microcosme parisien et sa pensée unique !

    La souffrance homosexuelle, la blessure homosexuelle ou les limites de l’homosexualité ne sont en aucun cas une raison pour changer les bases d'une civilisation ou priver un enfant d’une partie de sa filiation et de l’affection d’un père ou d’une mère !

    Acceptons nos limites au lieu d’imposer à tous une loi qui ne comblera en rien notre impossibilité à procréer !

    Et condamnons avec force et détermination ceux qui jettent leurs enfants à la rue car homosexuels, battons-nous pour que les 80 pays où l’homosexualité reste un délit ou un crime abandonnent leurs lois abjectes !

    Que vous soyez pour le mariage est une chose et je le respecte, mais que vous vous vouliez imposer vos idées à l’ensemble des homosexuels est indigne, intolérant et antidémocratique !

    Bien à vous,

    Jean-Marc VEYRON la CROIX

    9 avril 2013
    http://www.mairespourlenfance.fr/

  • Le credo de la secte "LGBT" prétend imposer sa conception du monde au nom de "l'égalité"

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    « "Marier" entre elles deux personnes de même sexe revient à ériger en religion d'État l'idéologie selon laquelle l'identité sexuelle de la personne humaine dépend de données subjectives et évolutives comme sa volonté et ses attirances physiques et affectives davantage que de son sexe biologique, donnée objective et immuable (du moins génétiquement). L'Humanité serait ainsi constituée "d'homosexuels" et "d'hétérosexuels" davantage que d'hommes et de femmes. C'est de cette confusion entre désir et identité que découlent celle entre désir et droit et donc une revendication d'un droit à se "marier" avec une personne de son propre sexe. Le tout au nom d'un culte voué à une indifférenciation totale entre l'homme et la femme.

     

    Tel est le credo de la secte "LGBT", qui prétend imposer cette conception du monde en détournant vulgairement le principe juridique "d'égalité".

    Il s'agit là de traiter de manière strictement égale des situations qui sont pourtant objectivement différentes dans le monde réel. En effet, si la stérilité biologique d'un couple constitué d'un homme et d'une femme relève du cas particulier, celle de personnes de même sexe est absolue.


    Le fait d'avoir un désir homosexuel n'a jamais privé qui que ce soit d'aucun droit, celui de se marier pas plus qu'un autre. Ça n'est évidemment pas à raison d'une quelconque légitimation morale d'un désir par rapport à d'autres que le mariage ne peut unir que deux personnes de sexe opposé. Il ne s'agit que de la réponse rationnelle au principe qui garantit à l'enfant une filiation crédible et vraisemblable selon lequel celui-ci ne peut avoir à la fois qu'un seul père et qu'une seule mère (cf. Article 320 du code civil), quelles que soient les qualités personnelles de ceux-là.


    Des personnes de même sexe, fussent-elles quatre ou cinq en effet, ne peuvent "avoir" un enfant autrement qu'en recourant aux services d'un tiers de l'autre sexe dont la prestation consiste à abandonner l'enfant dont il concourt à la conception (ou pour un homme à directement fournir sa semence) afin de priver cet enfant de père ou de mère.


    C'est précisément ce marché de sperme et d'enfants que cette loi organise, en validant purement et simplement le processus qui consiste à "fabriquer" un enfant adoptable (pour l'instant à l'étranger), c'est-à-dire à priver volontairement un enfant de père ou de mère afin de le rendre adoptable par un deuxième homme ou une deuxième femme. Car si les enfants directement concernés par cette loi aujourd'hui n'ont qu'un seul parent légal et ont leur deuxième branche filiative vacante, c'est bien parce que le père ou la mère qui leur manque les a abandonnés ou/et leur a été délibérément volé.


    Du seul fait de cette loi, l'État français se fait ouvertement le "proxénète" de donneurs de sperme belges et de mères porteuses indiennes en attendant que le législateur ne soit contraint de résoudre cette incohérence flagrante en droit interne.
    On imagine d'ailleurs mal comment un juge condamnerait encore le délit de provocation à l'abandon commis sur le sol français alors même que la loi encourage à y recourir à l'étranger.

    Enfin et surtout, cela revient pour TOUS les futurs parents et TOUS les enfants à confondre totalement "parenté" et "parentalité", c'est-à-dire à réduire la parenté à un simple rapport d'éducation et d'affection, lien purement social entre l'adulte et l'enfant, dépendant uniquement du désir de l'adulte indifféremment de toute référence à la biologie. La présomption de paternité est ainsi réduite "au mieux" à une présomption d'intention parentale, le recours à la preuve biologique n'étant plus envisageable dans aucun cas de conflit.
    En effet, pourquoi le mari de la mère d'un enfant devrait-il prouver qu'il n'en est pas le père biologique pour se décharger d'une paternité non désirée alors que s'il était une femme il n'aurait qu'à prouver son absence d'investissement dans le projet parental ?

    Cette "parenté intentionnelle" laissera ainsi des enfants pour compte sans parent parce qu'ils n'auront pas été désirés et, à l'inverse, en placera d'autres au cœur d'inextricables conflits positifs entre les différents candidats à la "parenté intentionnelle", ce qui amènera finalement à allonger la liste des "parents" au-delà de deux comme c'est déjà le cas au Canada ou aux Pays-Bas.

    En outre et contrairement à ce que prétendent les partisans de cette filiation désexuée, les termes "père" et "mère" ne pourront pas subsister à terme sur les actes de naissance ni sur les divers documents administratifs relatifs à l'enfant et seront remplacés par des mentions comme "parent 1" et "parent 2" en attendant les "parents" 3 et 4.


    La "parenté" devient un droit de propriété sur l'enfant : un lien juridique ne dépendant que de la seule volonté des adultes, indifféremment de leur sexe ou de leur nombre.


    Article 1 de la DDHC : "les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits";


    Article 4 de la DDHC : "la liberté consiste à faire tout ce qui ne nuit pas à autrui";


    Article 7 de la Convention internationale relative aux droits de l'enfant, de 1989 : "L’enfant a le droit à un nom dès la naissance. Il a également le droit d’acquérir une nationalité et, dans la mesure du possible, de connaître ses parents et d’être élevé par eux";

    L’article 3-1 de la Convention internationale des droits de l'enfant dispose que "l’intérêt supérieur de l’enfant doit être une considération primordiale";


    L'intérêt supérieur de l'enfant, c'est assurer dans la mesure du possible et de manière générale que tous les enfants puissent avoir deux parents (un homme et une femme, qui seuls sont à même de l'avoir engendré, fût-ce de manière présumée ou symbolique).
    Ça n'est pas instituer légalement, en validant ces procédés a posteriori, le marché d'enfants auquel ont recouru les personnes qui aujourd'hui réclament de faire adopter par un deuxième adulte de même sexe leur enfant ainsi privé de père ou de mère.


    Il y a toujours eu et il y aura toujours des enfants auxquels il manque un père ou une mère, car la loi ne peut pas empêcher les gens de décéder ni toujours d'abandonner un enfant. Mais la loi les protège déjà au mieux (partage de l'autorité parentale, tutelle testamentaire...) et n'a pas à encourager ces situations pour satisfaire des désirs d'adultes au prétexte du fait accompli de ceux qui refusent d'assumer la situation dans laquelle ils se sont délibérément mis (le plus souvent en fraude à la loi) et qui n'est autre que celle de toute famille monoparentale.


    Oui, il est heureusement possible d'être épanoui et bien élevé tout en étant privé d'un père ou d'une mère par tel ou tel aléa de la vie. Nul besoin "d'études" pour le démontrer.


    Mais cela ne justifie certainement pas de la loi qu'elle encourage les gens à provoquer volontairement ces situations, ni qu'elle déconstruise le droit de la filiation en y substituant ainsi la volonté à la responsabilité.


    Faussement déguisée en lutte pour "l'égalité des droits" et sous couvert de bons sentiments, cette loi institue une véritable dictature idéologique et un retour à l'esclavage. Il est impératif d'y renoncer. »

     

    Victor Rességuier 

    Étudiant en Droit environnemental, Université Paris Sud 11

     

  • En finir avec la distinction des sexes : la Théorie du Genre imposée à toute la société

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    Patrice André, Juriste, dévoile l'application concrète par le gouvernement de la Théorie du Genre à toutes les couches de la société.  Vidéo du 21 mars 2013, Lille.

     

  • Toutes sortes de choses qui étaient implicitement attachées à l’idée d’humanité disparaissent silencieusement : l'Écologie Humaine

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    Le mouvement écologique est né d’une prise de conscience des impacts graves et irréversibles des activités humaines sur la nature. Lorsque nous disons "activités humaines", nous pensons à un certain mode de développement industriel et technologique qui s’est développé d’abord en Europe depuis environ deux siècles, puis dans le monde à travers différents systèmes politiques et aujourd’hui essentiellement dans un contexte libéral et financier mondialisé.


    UNE REMISE EN CAUSE NÉCESSAIRE

    Pour autant, le projet est-il de protéger la nature contre l’homme ? Lorsque nous affirmons que : "Nous croyons toujours que la réconciliation entre la société contemporaine et la nature reste possible", nous voulons affirmer notre conviction qu’il est possible d’inventer et d’expérimenter de nouvelles formes de vivre et de décider ensemble au plan local, national et international pour favoriser une relation harmonieuse entre les communautés humaines, leurs activités et la nature. En disant cela, nous sommes conscients des profondes remises en cause de nos modes de vie, de nos formes de confort, des formes de production et de consommation qui les caractérisent aujourd’hui. Mais notre conviction se fonde aussi sur l’existence de nombreuses innovations et initiatives sociales, professionnelles, coopératives, artistiques, inventions de nouvelles formes d’habitat, de production, d’échange, de mise en commun qui contribuent à renouveler la façon dont nous pouvons penser un mode de vie contemporain en harmonie avec la nature.

    Dès les débuts du développement industriel, les structures sociales et économiques traditionnelles ont été profondément ébranlées affectant gravement les conditions de vie et la dignité de nombreux êtres humains. Aujourd’hui, nous constatons encore chaque jour l’impact du développement de l’économie libérale mondialisée sur les communautés humaines dont la prise en compte rentre pleinement dans le champ de l’écologie humaine.

    PRENDRE LA MESURE DE LA MENACE QUI PÈSE SUR L’HOMME

    L’écologie humaine que nous souhaitons promouvoir veut en particulier et de façon spécifique mettre l’accent sur la menace qui pèse aujourd’hui sur la nature de l’homme. Cette fois-ci, la menace ne concerne pas seulement les plus vulnérables des hommes mais aussi l’humanité. C’est cette prise de conscience qui nous semble être en jeu dans le mouvement actuel en France, au delà du contexte politique et législatif. Lorsque les hommes ont mis le pied sur la Lune, ils ont tout à coup vu la Terre, notre biosphère, comme quelque chose de petit dans l’univers, de fragile. Aujourd’hui nous prenons conscience que toutes sortes de choses qui étaient implicitement attachées à l’idée d’humanité disparaissent silencieusement ; comme certains papillons qui ont progressivement disparu.

    Il nous semble important d’affirmer que cette menace, ces risques qui pèsent sur l’humanité sont la résultante d’un ensemble de micro-décisions et macro-décisions, souvent indépendantes, qui font que progressivement la notion d’humanité est altérée, remise en cause. Nous devons tous nous interroger sur notre façon de vivre, sur nos priorités, sur nos responsabilités à cet égard.

    Nous devons faire ensemble un état des lieux, nous interroger sur ce qu’est pour nous l’humanité, accueillir cette réalité qu’est l’humanité avec émerveillement (certains diront gratitude), nous interroger sur les conditions d’une humanité authentique, ce qui est durable dans cette notion et ce qui est plutôt le fait du temps, des préjugés. Il faut discerner ce que nous souhaitons préserver et transmettre aux générations qui nous succéderont. En particulier, dans une époque marquée par l’idéologie libérale et individualiste, nous devons nous interroger sur ce qui est commun dans la notion d’humanité. L’humanité est une réalité individuelle et collective. Nous ne pouvons pas seulement interroger nos désirs personnels, nous devons tous nous interroger à l’échelle de notre dimension d’humanité pour identifier ce que nous devons respecter et préserver ensemble pour sauvegarder cette humanité authentique. En tant qu’être humain, nous portons une responsabilité commune, nous avons la garde de l’humanité, nous ne pouvons pas nous contenter d’observer ce qui se passe et de constater passivement ce changement, nous devons prendre nos responsabilités. Il s’agit de s’opposer à l’obscurcissement de l’humanité.

    Notre propos à ce stade n’est pas d’imposer une voie ou une autre (la décroissance par exemple) mais de créer les conditions d’un débat ouvert entre différentes composantes sociales, différents écoles de pensée, différents groupes de recherche.

    REPENSER LA TECHNIQUE

    Il ne s’agit pas non plus de prendre position pour ou contre la technique. Nous souhaitons au contraire affirmer la nécessité de "repenser la technique" pour mettre celle-ci au service de l’homme au rebours de la situation présente qui voit l’homme asservi par le développement technique. Mais ceci nous conduit d’abord à interroger la justification de tel ou tel développement technique et les conditions de sa contribution au bien commun. Ce qui doit d’abord être questionné c’est le projet de ceux qui cherchent à imposer un développement technique pour servir des enjeux qui n’ont rien à voir avec le bien commun.

    VERS UNE NOUVELLE ÉCOLOGIE

    Lorsque nous indiquons que "Dès lors que l’homme n’est qu’un matériau (…) les politiques environnementales en viennent à protéger la nature au détriment de l’homme", nous souhaitons souligner l’ambiguïté du statut de l’homme et de l’humanité dans le mouvement actuel de l’écologie. Il est bien connu que certains courants, comme celui de l’écologie profonde, mettent la priorité sur la défense de la biosphère sans donner de statut particulier à l’homme, et même, dans certains cas, voient dans l’homme la principale menace contre la nature. Par ailleurs, les politiques publiques environnementales se situent dans une logique d’instrumentation de l’action humaine qui vise à orienter cette action humaine par la contrainte réglementaire, ou par l’incitation économique (où chacun agit dans son intérêt privé pour servir une priorité qui est déterminée par d’autres). Dans ces politiques, il ne s’agit pas de créer les conditions pour que les hommes reconnaissent la nature comme un bien commun et agissent individuellement et ensemble pour en prendre soin. N’est-ce pas d’ailleurs la même logique qui risque de conduire la loi Peillon à promouvoir une véritable morale d’Etat qui est censée se substituer à la morale commune dans une défiance profonde vis-à-vis des parents et des valeurs qu’ils souhaitent transmettre à leurs enfants ? Ce n’est peut-être pas son intention, mais c’est ce que certains en déduisent.

    « LA PUISSANCE NAIT DU RASSEMBLEMENT DES HOMMES »

    Le courant de l’écologie humaine dont nous accompagnons la naissance nous semble devoir se situer dans une logique coopérative. Nous souhaitons d’abord lancer un appel à l’initiative de pensée, de dialogue, d’action, locale, nationale, internationale, sectorielle, globale, de tous ordres. Comme le dit Hannah Arendt : "La puissance nait du rassemblement des hommes". Il faut d’abord nous rassembler et construire ce qui nous est commun. Dans cette première étape d’état des lieux, il ne s’agit pas de chercher un consensus mais de croiser la pluralité des regards, des sensibilités des différentes composantes humaines qui souhaiteront s’engager dans ce mouvement, sans préjudice de leur propre position. L’image est celle d’une ruche neuve et vide posée par l’apiculteur à côté d’un essaim sauvage qui vient alors s’installer et s’auto-organiser dans cet espace.

    GILLES HERIARD DUBREUIL de l'Écologie Humaine
    http://www.ecologiehumaine.eu/gilles-heriard-dubreuil/