Porter le foulard en France est un choix - musulmane & patriote
L’acceptation ou, disons plutôt, le rapport apaisé au foulard islamique doit-il forcément résulter du passage de ce dernier sous le rouleau compresseur de la mode, de l’hyper-consommation et du divertissement à outrance ?
Il semble qu’il faille tout lisser.
Dévitaliser, tuer l’essence profonde des choses, l’énergie pure et vibrante qui habite les grandes actions pour que ces dernières trouvent finalement grâce aux yeux de la masse.
Tout est étrangement potentiellement appauvri ; rendu inoffensif, médiocre et tiède par la récupération silencieuse qu’en fait la société de marché.
Le Che ou Malcolm X sur un T-shirt floqué, du rap prolétaire au hiphop dansant populaire en discothèque, n’est-ce pas la même action mercantile qui vient ajouter son petit zest ?
Et maintenant… le foulard au pied des grandes marques, le foulard et le mannequinat, le foulard dans les concours de beauté, le foulard bientôt partout, à condition d’accepter que ce dernier soit relégué au même rang que toutes les autres différences. Nivellement par le bas, dont le slogan pourrait être : « si certains se travestissent, d’autres portent un foulard. »
Piège subtile, difficile à déceler.
Il ne faut pas confondre deux choses : d’un côté faire comprendre qu’une femme qui porte le foulard est avant tout une femme, reconnaître son humanité et ses droits légaux, constituent des points de lutte légitimes et importants.
De l’autre côté, il y a une fausse lutte, une escroquerie qui voudrait habilement faire oublier que choisir, c’est renoncer. Et le foulard en France est un choix.
En effet animées par notre foi, il y a des choses auxquelles nous renonçons, auxquelles nous disons non, et ce au risque de ne plus être ”comme tout le monde.”
Un « non » de principe et d’action. Un rejet, une tentative de résistance.
Car la banalisation graduelle du foulard sur certains supports – les moins sérieux – ne correspond pas à ce à quoi nous aspirons. Le foulard comme nous le comprenons va bien au-delà d’un simple fichu sur la tête car il est quelque part la manifestation d’un lien direct avec la transcendance.
Transcendance qui fait que nous rejetons la marchandisation potentielle d’absolument tout, et en première instance ici celle du corps des femmes.
Rappelons que l’islam comme système de valeurs, au même titre que de nombreuses traditions religieuses, spirituelles et même culturelles, ne peut être dissout dans toutes les folies de notre époque. Il impose encore une fois la résistance. Résister à ce qui nuit à l’Homme dans son ensemble en défendant ce qu’il a de plus précieux. Sa valeur intrinsèque, que certains voudraient pouvoir monnayer.
Ainsi notre posture n’est pas simplement celle qui réclamerait sa part du gâteau capitaliste. Qui voudrait que chaque chose soit halalisable, qu’il suffirait de flouter ce qui dépasse du cadre pour devenir « muslim friendly ». Non, ceci n’est ni notre approche, ni notre but.
Si certains se sont battus contre les discriminations à l’entrée des boîtes de nuit, c’est pour nous un honneur que de ne pas y avoir notre place.
Quelle reconnaissance y a-t-il au juste à devenir la proie des grandes marques qui ne nous nieront certes jamais le droit inaliénable que nous avons d’être avant tout des consommatrices ?
Si la foi est réelle, l’inspiration sera supérieure et les actions qui en découleront également. Il y aura donc des choses qui, dans leur essence, seront contre nos principes.
Nous ne nions pas la difficulté à définir la ligne et la limite entre les deux.
Nous ne faisons que témoigner de notre petitesse d’âme après tout.
Comment aimer ce système injuste et hideux qu’est l’hyper-matérialisme au point de vouloir en devenir la caricature déformée ?
Remettons les choses dans l’ordre : les femmes qui portent le foulard étaient bénies d’être épargnées par la publicité et les stratégies de communication en tous genres ; en revanche ces femmes continuent de subir l’épreuve du rejet quand il s’agit d’étudier, de travailler, de se rendre dans des lieux culturels ou de s’engager en tant que citoyennes.
N’orientons pas notre énergie vers la mauvaise lutte, ne nous réjouissons pas de l’entrée du foulard dans des industries qui prônent le contraire de ce dernier.
En toute fin, il est vrai que : « c’est la femme qui fait le foulard et non le foulard qui fait la femme. »
« Et j’aimerais mieux être, O fourmis des cités,
Tourbe, foule, hommes faux, cœurs morts, races déchues,
Un arbre dans les bois qu’une âme en vos cohues ! »
Victor Hugo, ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent
Hynd DFVS
Article initialement publié sous le titre :
Le foulard de demain, un simple accessoire ?
sur le site Des Française Voilées S'expriment
Précédent article de Hynd DFVS sur La Vaillante :
L’islam est une chance et une opportunité aujourd’hui en France,
afin que la France puisse renouer avec ses valeurs traditionnelles
qui ont fait d’elles cette grande nation
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