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Théorie du Genre : destruction de la personne

RÉFLEXION SUR LE GENDER ET SES CONSÉQUENCES SUR L’HUMANITÉ
Entretien avec Yann Carrière, docteur en psychologie 

 

DÉFINIR LE GENDER

Yann Carrière Doct en psycho Théorie du Genre.jpgDéfinir est une démarche de rigueur. Or la rigueur, comme il m’a été rétorqué une fois à l’université, c’est un truc d’homme hétérosexuel blanc du XVIIIème siècle. Avec la théorie du genre, on est dans un domaine où on est systématiquement pas rigoureux. C’est une technique de prise de pouvoir. C’est comme ça que la théorie du genre a pris le pouvoir à Pékin en 1995 en faisant signer, par des étrangers qui ne connaissaient pas l’emploi du mot gender en anglais, quelque chose qu’ils pouvaient  croire correspondre simplement à une autre désignation des sexes (masculin, féminin), mais qui en réalité renvoie aussi à une théorie assez confuse où un ensemble de mouvements d’idées (mouvements idéologiques et politiques)  qui a derrière lui des implications radicales. Je crois que c’est Marguerite Peeters qui parle de couches comme pour un oignon. Vous avez des façades dans le genre qui sont tout à fait respectables, et en effet le genre, comme aspect social de l’identité sexuée, c’est quelque chose de tout à fait scientifique. Si on l’approche de manière rigoureuse, on peut essayer de voir effectivement comment sont variables les aspects sociaux de l’identité sexuée. Mais si on s’en tient à ça, et ça c’est la façade soft que les idéologues du gender présentent quand ils veulent faire passer leurs idées, c’est une recherche scientifique légitime.

Et puis vous avez, très lié au reste, le noyau dur, pour qui le gender est une approche uniquement en terme de pouvoir. C’est-à-dire que les hommes et les femmes n’existent pas : parler d’hommes et de femmes, c’est juste transmettre une vision complètement politique, hiérarchisée et oppressive de la société et c’est cela qu’il faut détruire. Et à ce moment-là, il faut détruire toute l’hétérosexualité, l’identité d’homme et l’identité de femme. Donc il n’y a pas de définition, c’est normal et c’est très utile pour les idéologues du gender.

En fait, c’est George Orwell qui, en écrivant « 1984 », avait onze ans d’avance. La théorie du gender, qui est une théorie fascisante, a pris le pouvoir au niveau mondial à l’ONU en 1995 à Pékin. George Orwell n’avait que onze ans d’avance. Et pas en disant « Il n’y a pas d’homme, il n’y a pas de femme ». On est vraiment dans « la guerre, c’est la paix », on est vraiment dans la redéfinition des mots ; qui n’est pas seulement un trait du genre, on trouve ça déjà dans les idéologies de libération ; mais c’est une stratégie générale qui est utile pour noyer l’esprit. Depuis des décennies, on substitue au raisonnement et à l’intellect des fonctionnements par émotions et par images, notamment grâce à la publicité. Le brouillage des mots fait partie de cette dégradation, en partie voulue et délibérée, de la réflexion intellectuelle.

Si on empêche de penser, c’est presque la mort de l’humanité. Le vivant et l’humain fonctionnent sur la discrimination. La première discrimination, c’est peut-être « cette plante est-elle comestible ou pas ? Je vais discriminer ce qui est bien de ce qui est mal. » C’est comme ça que la vie fonctionne et que la pensée fonctionne. Et il y a une menace, à partir du moment où on refuse de penser, (« supprimez le mot ‘race’ de la constitution, cachez ce mot » - on ne peut même plus nommer des choses – « homme, femme », on ne peut plus nommer la différence, etc.), eh bien c’est un aspect extrêmement mortifère. Mortifère assumé. Vous avez un des plus brillants auteurs de la théorie du genre qui s’appelle Lee Edelmann, il a écrit un livre qui s’appelle « No future : Queer Theory and the Death Drive » (death instinct as a drive - l’instinct de mort), et il le revendique. C’est-à-dire que les Queers sont ceux qui contestent cette proportion obligatoire - et donc oppressive – de l’humanité à se reproduire. Et il prend comme exemple (il insiste) le film d’Hitchcock « Les oiseaux » parce qu’il dit : « typiquement, ce sont les enfants qui sont les victimes ». Et il dit « les Queers sont ceux qui s’opposent à cette reproduction imposée ». Et il revendique cette place. Donc à partir de cette non-définition, on débouche sur la non-pensée, et sur quelque chose qui tue l’humanité, en fin de compte. Et c’est revendiqué, c’est-à-dire que chez les gens du Gender, vous avez des gens brillants, il faut le reconnaitre ; après on verra pourquoi et en quoi ça déconne, mais ce ne sont pas eux qui sont les plus dangereux, ce sont ceux qui les récupèrent. Il y a toujours deux couches dans l’idéologie : il y a ceux qui y croient, et les cyniques qui manipulent les idéologies. Eh bien ils sont brillants, et ils assument ce qu’ils disent. En particulier Lee Edelmann, qui dit parfaitement « Mais oui, nous sommes du côté de la pulsion de mort. »

 

LE GENDER ET LA SCIENCE

YC1.jpgVoici en gros les idées de la théorie du genre : il n’y a pas de différences entre les hommes et les femmes ; les différences, c’est un système social construit oppresseur qu’il s’agit de détruire. En gros, c’est ça. Donc une idée au départ en elle-même ni scientifique, ni pas scientifique. Ce qui va être scientifique sera la manière dont on va la creuser, et en particulier la manière dont on va accepter de lui faire passer les tests des preuves de la réalité. Et de voir si, expérimentalement, la théorie donne des résultats qu’on peut prévoir, etc. Les principaux auteurs ne se réclament pas du tout d’une approche scientifique. Mais même s’ils se le réclamaient, il y a un vice de fond dans l’idée principale de l’idéologie du genre : il n’y a pas de différence entre les hommes et les femmes, parce que scientifiquement c’est la seule chose qu’on ne pourra jamais prouver. Pourquoi ? Parce que quoi que soit ce que vous fassiez comme confrontation au réel, comme expérience, comme expérimentation, parce que c’est bien cela la science, ce sera toujours quelque chose de limité et fini. Et donc si dans cette expérience limitée et finie vous trouvez qu’il n’y a pas de différences entre les hommes et les femmes, vous n’aurez pas prouvé qu’il n’y a pas de différences : vous aurez prouvé que sur ce champ-là, dans ces conditions-là, il n’y a pas de différences. On pourra toujours vous rétorquer « oui mais les différences, pour les voir, il fallait faire autre chose, et vous ne l’avez pas fait ». On peut prouver qu’il y a des différences. Mais pour prouver qu’il n’y a pas de différences, il faut faire une infinité d’expérimentations tout le temps. Donc c’est la seule hypothèse idiote, en fait, qu’il n’y ait pas de différences entre les hommes et les femmes. On peut choisir plein d’hypothèses, mais celle-là est la plus absurde parce que c’est celle qu’on ne pourra jamais assumer.

 

LE GENDER ET LA CONTINUATION DU FÉMINISME RADICAL

YC2.jpgLe féminisme libéral : « nous voulons les mêmes droits » est le féminisme auquel moi j’adhère à cent pour cent. Il n’y a aucune raison de faire des droits différents avec les hommes et les femmes. Et puis, là, certains ont eu des attentes déçues. Parce que comme l’explique le journaliste norvégien dans « Norwich on paradox », si vous donnez les mêmes droits à des gens qui sont différents, qui ont des préférences différentes comme les hommes et les femmes, au résultat final vous aurez des divergences importantes. C’est-à-dire que si les femmes préfèrent les études de lettres et de psychologie et les hommes les études d’ingénieur, la société va se diversifier selon les genres et va décevoir tous ceux qui pensaient qu’ils auraient des femmes partout et surtout aux postes de pouvoir. Alors là, soit on accepte la réalité, soit on la refuse et on se réfugie dans l’idéologie. C’est là qu’intervient le féminisme radical qui, par analogie avec la conception marxiste des oppresseurs et des opprimés, a dit « c’est parce qu’il y a un système peu visible et une idéologie peu visible qui oppriment les femmes au bénéfice des hommes ».

Là, on commence à entrer dans quelque chose de dangereux parce que ça suscite la haine. Parce que ça stigmatise – en psychologie on parle de clivage – les bons d’un côté, les méchants de l’autre. Évidemment, les méchants, tout le monde va se mettre à les détester. Et ça, c’est l’irruption et la domination de ce type de féminisme dans les années quatre-vingt. Ça a été la raison de l’émergence de la misandrie, c’est-à-dire le sexisme contre les hommes, des quotas qui empêchent les hommes d’avoir la juste rétribution de leurs efforts, de leurs goûts ou de leurs compétences, et cela donne lieu – et ça, c’est important de le dire – à deux énormes mensonges qui dominent aujourd’hui notre société, bien avant l’irruption de la théorie du genre : les mensonges sur les violences conjugales et les mensonges sur les prétendues inégalités salariales.

 

VIOLENCES CONJUGALES ET INÉGALITÉS SALARIALES

YC3.jpgUn mot sur ces deux mensonges parce qu’ils donnent une idée de comment fonctionnent nos médias et notre démocratie, qu’il est très important d’avoir si on veut comprendre comment fonctionne l’implantation d’une idéologie comme le genre et comment la combattre.

Depuis qu’on fait des études sur les violences conjugales, c’est-à-dire les années 1970, toutes les études ont toujours trouvé qu’il y a autant, sinon plus d’hommes battus que de femmes battues. Toutes les études. Il n’y en a pas d’autres. Si on fait une étude sérieuse en interrogeant hommes et femmes, on trouve qu’il y a autant d’hommes battus que de femmes battues, et autant de femmes violentes que d’hommes violents, voire un peu plus. Évidemment, vous voyez bien que ce n’est pas du tout ce qui est transmis ni par les médias, ni par le gouvernement. Il y a donc des mensonges délibérés, il y a des livres écrits là-dessus mais tout le monde s’en fout. L’important est de montrer que le féminisme radical a raison et que via cette violence, les femmes sont opprimées et qu’il faut toujours les avantager puisqu’elles sont toujours opprimées.

Le deuxième mensonge est celui sur les inégalités salariales qui est continuellement asséné par les médias et le gouvernement. Il existe des disparités salariales, mais si on cherche les raisons pour les expliquer, on les trouve. Un auteur américain comme Warren Farrell je crois, qui est tout à fait accepté par les féministes, a listé vingt-cinq variables qui, quand on les introduit dans l’analyse des différences, suppriment toute différence ; et même révèlent que les femmes sont plutôt plus payées que les hommes. Et ça, même les gens en France qui sont statisticiens peuvent le savoir. Pourquoi ce mensonge ? Pour pouvoir toujours avoir l’idée que les femmes sont opprimées. Personne n’est excusé de croire à ce mensonge, à mon avis, parce qu’il peut vérifier autour de lui. Et puis même la logique du système capitaliste, si vraiment les femmes étaient payées 20% de moins que les hommes, à travail égal et à performances égales, tout le monde se précipiterait pour les embaucher. Ca commence à se voir, que ça ne marche pas, cette théorie. Par exemple, si on prend la catégorie de femmes auto-employées, aucun système ne les opprime, ce sont elles qui font leur entreprise et décident de combien elles sont payées, et elles sont moins payées que les hommes. Il y a des explications à ça : c’est qu’elles font des choix différents des hommes. Par exemple, pour celles qui sont médecins, elles vont décider de voir moins de gens, mais de prendre plus de temps avec. Alors évidemment, elles vont gagner plutôt moins d’argent. Et là, la théorie de l’oppression, la théorie du féminisme radical ne marche plus. Alors comment expliquer ? La théorie du genre est géniale. Déjà, on y arrivait avec les derniers travaux du ministre radical, Carole Gilligan. C’est le problème de la socialisation. C’est-à-dire que les femmes se limitent elles-mêmes.

 

LA DOMINATION MASCULINE

YC4.jpgL’éducation conditionne des tout-petits : les garçons à être dominants et à revendiquer, et les filles à être soumises et à se déprécier. Et ça, ça va être le gros travail de Carole Gilligan dans les années quatre-vingt-dix en faisant des études pas du tout sérieuses sur le plan méthodologique mais très à la mode sur le plan idéologique, en même temps que les livres de Judith Butler (ce sont toujours les mêmes époques : « Gender trouble » de Butler date des années 90, et les études de Gilligan aussi). Voilà comment le relais se fait. Parce qu’on ne peut plus arguer qu’il y a un système. Le mythe du plafond de verre, quand on le regarde de près, en fait ça ne marche pas du tout. En revanche, si on dit que c’est dès le conditionnement, dès la constitution de l’identité que tout s’installe, alors on a une bonne idée. Et ça aboutit à ce que vous trouvez maintenant sur les sites américains d’éducation : si on tolère que les petits garçons se conduisent différemment des petites filles, alors on perpétue l’oppression des femmes. Conclusion : il faut empêcher les petits garçons d’être différents des petites filles. Et c’est cela, l’ambition de la théorie du genre dans l’éducation.

 

LES DISCRIMINATIONS

YC5.jpgIl m’arrive de donner des conférences et j’ai remarqué qu’il y a vraiment une difficulté, voire une incapacité pour des personnes y compris qui ont fait des études supérieures, à raisonner de manière satisfaisante pour conjuguer à la fois les contraintes de la réalité et les aspirations légitimes à l’égalité et à l’absence de discriminations injustes. En fait, le raisonnement à tenir à tout moment est relativement simple : il est de dire que si on prend des groupes, il est normal d’avoir des différences statistiques entre les hommes et les femmes, ne serait-ce que de taille, de force musculaire au niveau des bras ; mais ce n’est pas un prétexte justifié pour brimer un homme ou une femme en fonction des caractéristiques de son groupe.

Quand je donne des conférences, je prends l’exemple des bûcherons. Il n’y a pas de raison d’interdire à une femme d’être bûcheron si elle en a la force, l’agressivité, l’énergie et l’envie d’être bûcheron. En revanche, il ne faut pas s’étonner s’il y a plus de bûcherons hommes que femmes parce qu’en principe, au niveau du corps, dans la force des bras et des muscles, les hommes sont plus costauds et ils ont peut-être plus de plaisir à le faire. Eh bien ce raisonnement, si tout le monde le tenait, il suffirait à résoudre tous les problèmes de discrimination. Parce qu’on accepterait à la fois les différences générales quelles qu’elles soient, et évidemment qui sont toujours bonnes ou mauvaises pour les uns et les autres, tout dépend de quel côté on se place. Et on serait toujours en train de traiter avec équité les personnes qu’on a devant soi en fonction de leur réalité : il peut y avoir des hommes féminins, des femmes masculines etc. Mais ça, je me rends compte quand je donne des conférences que bien des gens ne sont plus capables de ce raisonnement.

 

LA PERVERSITÉ DU GENDER

YC6.jpgJe pense que le plus simple est de reprendre l’analogie avec le communisme. Qu’a fait le communisme, qui est le fascisme le plus violent qu’ait connu l’humanité au XXème siècle ?

Au nom du bien, et de la défense des prolétaires qui est une bonne cause, il a massacré des paysans, des bourgeois, des millions et des millions de personnes. Et ça, c’est pervers. C’est pervers au sens étymologique, parce que le pervers retourne la logique naturelle. Le communisme était censé faire le bien et il a fait le mal. Dans ce sens-là, le gender se promet de prendre la suite ; c’est-à-dire qu’il ne promet pas une société sans classes, mais il promet une société sans sexes, puisqu’il y aura une infinité de genres.

 

LA PATHOLOGIE DU NARCISSISME

YC7.jpgOn est dans la pathologie du narcissisme. Simone de Beauvoir a dit « On ne naît pas femme, on le devient ». Au départ, c’est une intention libératrice quand elle l’écrit dans « Le deuxième sexe » de 1949. Seulement quelques temps plus tard, une féministe, Betty Friedan, lui dit « Mais vous savez, il y aura toujours des femmes qui voudront être mères et privilégieront ça au travail ». Simone de Beauvoir lui répond, du moins c’est ce qui est écrit dans le livre de Christina Hoff Sommers : « Eh bien dans ce cas, il faudra le leur interdire ». Ce qui signifie « je libère les gens mais je ne tolère pas qu’ils aient un avis différent du mien ». Ça, c’est du narcissisme : « je réorganise le monde ». Et les gens qui ont une dynamique narcissique sont souvent des révolutionnaires, des leaders, et en ce sens-là ils peuvent être bénéfiques ; mais il y a une dérive possible qui est « je libère le monde uniquement dans le sens de mon idéal et il n’est pas question que je tolère que l’autre ait aussi son avis ».

Dans le Genre, c’est ça qui se passe. Au départ de la théorie du genre, et notamment chez Judith Butler, vous avez une ambition légitime, une ambition bénéfique, qui est de défendre les gens qui n’ont pas la chance de tomber facilement dans une catégorie hommes ou femmes : soit parce qu’ils sont hermaphrodites, soit parce qu’ils ont une orientation sexuelle non hétérosexuelle. Ils vont avoir du mal à se caser dans le monde très normé, et parfois, ça peut aller, comme elle le soulignait elle-même, jusqu’au meurtre. On peut tuer des gens parce qu’ils sont homos. Et c’est tout à fait louable, en tout cas à mon avis, de vouloir aménager le monde pour que ces gens-là trouvent au mieux leur place.

Seulement, la théorie du genre qui se répand aujourd’hui, ce n’est pas du tout ça. La théorie du genre qui se répand aujourd’hui, c’est dire « pour que ces gens trouvent leur place, il faut détruire la structure psychique de tous les gens qui trouvaient naturellement leur place en hommes et femmes et en hétérosexuels ». Et là, c’est pervers. Vous voyez bien qu’à nouveau, au nom de la libération d’une petite quantité de gens (mais ça vaut toujours le coup de s’occuper des gens même s’ils ne sont pas nombreux), on va opprimer la majorité. Et comme dans le communisme, il y a un retournement pervers.

 

LA NÉGATION DE LA RÉALITÉ

YC8.jpgEn psychanalyse, les pervers nient une partie de la réalité qui est la différence des sexes. Donc effectivement, la théorie du genre est emblématique en niant une partie de la réalité, qui est la différence des sexes, mais je voudrais rétropédaler par rapport à votre question : la négation de la réalité est une très vieille tradition en occident même ; et quand on veut se pencher sur les racines des dysfonctionnements actuels, il faut absolument prendre ça en compte. Moi, je remonterais presque jusqu’au nominalisme au Moyen Âge, qui réduisait la possibilité de faire une adéquation vraiment à la réalité. Mais après, quand vous avez Descartes qui dit « Je suppose que rien n’existe et je m’aperçois qu’il ne reste plus que ma pensée », on est aussi dans le doute de la réalité. Quand vous avez Rousseau qui dit « Commençons par écarter tous les faits », on est aussi dans l’éloignement de la réalité. De ce point de vue-là, les théoriciens du gender ne font pas de saut qualitatif important, mais prolongent une longue tradition. Et à la limite, si on n’est pas content, ça veut dire qu’il faut se poser la question « comment tout a dérivé depuis Saint Thomas d’Aquin ? ». J’exagère à peine.

 

LE NARCISSIQUE ET LA RÉALITÉ

YC9.jpgQuand on parle de toute puissance narcissique, en tant que psychologue c’est là que je place la racine du mal. On parlait de nier la réalité. Le narcissique est à cheval entre ses rêves et la réalité et quand il est en bonne santé, il arrive à jongler entre les deux. Mais quand il commence à délirer, comme dans ses mouvements révolutionnaires, il veut plier la réalité à son rêve (communiste ou gender) et à ce moment-là, il va massacrer ceux qui lui résistent.

La première limite, la limite minimale, la limite symbolique à la toute-puissance du narcissisme, c’est l’idée de Dieu : c’est l’idée que « moi, je ne suis pas tout, et je ne suis pas tout-puissant ». Vous avez des gens qui ont étudié les leaders, je pense à Kohut, un grand spécialiste du narcissisme, et je pense aussi à un Australien qui s’appelle Hawks. Ils ont remarqué qu’il y a deux types de gourous. Il y a les gourous qui se croient eux-mêmes la Divinité, et il y a ceux qui se croient messagers de la divinité. Ceux-ci ont leur narcissisme grandiose divisé en deux parties : eux et la divinité qu’ils représentent.

Évidemment, il y en a qui finissent mieux que les autres. Parce que si vous vous octroyez la divinité à vingt, trente, quarante ans ça peut encore marcher, à cinquante, soixante, soixante-dix ans la réalité vous rattrape et vous montre que la divinité n’est pas si glorieuse que ça. Ceux-là ne finissent pas très bien. Mais ceux qui sont simplement des messagers peuvent maintenir leur équilibre psychique plus longtemps. Parce que le grandiose, l’idéal, il est en Dieu. Et moi je crois que si on veut vraiment lutter contre ces délires qui arrivent régulièrement à l’humanité, il faut se pencher sur le lien avec la croyance en Dieu. Les deux grands fascismes qui ont massacré des millions de gens au XXème siècle sont des idéologies athées, que ce soit le communisme ou le nazisme.

Comme on dit « la crainte de Dieu est le début de la sagesse ». Si je ne suis pas le plus grand, je vais me relier au monde et aux autres différemment.

 

LE GENDER, UN MOUVEMENT POLITIQUE MONDIAL

YC10.jpgCe mouvement d’idées n’est pas resté un mouvement d’idées : il est devenu un mouvement politique, un mouvement qui a pris le pouvoir, un mouvement qui s’impose au monde entier depuis Pékin 1995. Et là, c’est une autre sorte de danger, et c’est même, à mon avis, un alignement fascisant de la société. C’est-à-dire que progressivement, vous n’avez plus le droit de penser différemment que ce que dit la théorie du genre.

J’ai répondu à des intervenants dans une entreprise où j’étais, qui faisaient de la propagande sur la théorie du genre, subventionnée par la Direction des Ressources Humaines.Ce que nous disait le psychiatre, c’est que dans des années il n’y aura plus de normes, nous serons tous des exceptions et ce sera peut-être difficile à gérer. Je lui ai répondu « Mais attendez monsieur, si nous sommes tous des exceptions, il n’y a plus d’exceptions. Il n’y a plus de loi, il n’y a plus de règle : on a un magma informe de gens paumés parce qu’ils n’ont plus d’identité et contrairement à ce que vous dites, ce n’est pas difficile à gérer, c’est extrêmement facile à manipuler. » Et ça, en tant que psychologue, c’est un message fort : si on détruit les repères des gens, ça donne des gens paumés faciles à manipuler.

Dans les années 1990, j’ai été amené à enseigner une théorie du management, qui s’appelle le chaos management. Le chaos du management, c’est casser les repères des gens pour les rendre plus créatifs et plus productifs. Mais ils sont aussi plus faciles à manipuler. Cette théorie, je n’en entends plus beaucoup parler en tant que théorie, mais en revanche je la vois appliquée partout, que ce soit dans les entreprises ou au niveau politique actuellement. Casser les repères des gens rejoint la prédiction de Marx. Marx disait « le capitalisme détruira tout ce qui s’oppose à lui ». Donc toutes les structures anciennes, les nations, les familles etc. sont en train d’être brisées à travers le monde : soit par les guerres, soit pas l’immigration, etc.

Ce qui se cache derrière est une mise en ordre, au niveau mondial et politique, de l’humanité, qui à mon avis va dans le sens – mais là je peux me tromper parce que ce n’est pas mon domaine – d’une sorte de mise en esclavage au profit des grandes puissances financières. C’est une hypothèse que je risque. En tout cas, ce dont je suis sûr, c’est que c’est dangereux, parce que ce n’est pas une idéologie, c’est un mouvement politique qui s’impose avec violence au monde.

 

QUAND LES DÉLIRES S’IMPOSENT AU RÉEL

YC11.jpgComment une erreur cognitive, ou ce qui peut apparaître à certains ou à certaines comme un gentil délire, donne des résultats terribles si on veut le forcer avec violence sur la réalité : c’est l’affaire Jandré Botha en Afrique du Sud. C’est cette affaire de deux lesbiennes dont l’une a un petit garçon, et sa compagne veut que le petit garçon l’appelle « papa ». Ce qui est parfaitement conforme à la théorie du genre. Le genre, c’est une question de rôle social construit : je ne vois pas pourquoi le petit garçon, même si je suis une femme, ne m’appellerait pas « papa ». Il a refusé, et il a été torturé à mort. Voilà ce qui se passe quand les délires sont imposés par la violence au réel. Ça donne des massacres comme on a connu au XXème siècle.

Donc ce n’est pas une théorie, c’est vrai que penser est toujours dangereux mais ce qui se passe n’est pas la théorie du genre : ce qui se passe, c’est l’imposition au niveau mondial de la théorie du genre. Et comme toutes les questions de diversité, de ce que je constate, que ce soit dans les entreprises ou dans les gouvernements, les questions de diversité servent, même si elles ont un bon fond au départ, de cache-sexe à des manœuvres de pouvoir et de domination sociale.

 

LE GENDER À L’ÉCOLE

YC12.jpgAu niveau de l’école, la première conséquence est une amplification de ce qu’a très bien décrit l’Américaine Christina Hoff Sommers dans son livre « The war against boys », La guerre contre les garçons. Derrière les discours lénifiants sur « déconstruire les stéréotypes », clairement, les Américains sont parfois plus francs, ils disent : « si on permet aux petits garçons d’être différents des petites filles, on perpétue l’oppression des femmes. On va donc interdire aux petits garçons d’être différents des petites filles. » On va donc les inviter fortement à jouer à la poupée, à porter des robes, on va supprimer les cours de récréation pour qu’ils ne puissent pas courir, etc. C’est ce que décrit Christina Hoff Sommers dans son livre. Et donc, on a vraiment, là, les traits d’un fascisme qui fabrique un homme nouveau, ou un androgyne nouveau, un homme-femme, si vous voulez. On a vu avec Simone de Beauvoir que ce n’est pas mieux intentionné vis-à-vis des femmes, mais malgré tout comme un des principaux axes est de libérer les femmes, la haine, ou l’agression, ou la rage est dirigée contre les garçons et les hommes.

 

LA DESTRUCTION DE LA PERSONNE

YC13.jpgLe but visé, à mon avis, ou l’intérêt, ce pour quoi cette idéologie rend service, c’est parce qu’elle aboutit à la destruction de la personne. Le sous-titre de Judith Butler, c’est Féminisme et subversion de l’identité. Ce n’est pas Subversion de l’identité sexuée. C’est subversion de l’identité tout court. C’est-à-dire que dans cette idéologie post-moderne, la personne, le sujet n’existe pas. Le chemin pris par Descartes « Je pense, donc je suis » a été mené jusqu’au bout, mais « je » n’existe pas. Donc, nous sommes juste un petit noyau de vie manipulé par des rapports de pouvoir qui nous font homme ou femme : c’est ça, le gender. Mais que la personne n’existe pas, ça, c’est génial pour un état totalitaire. Parce que ça va à l’encontre de toute la civilisation chrétienne qui est fondée sur la dignité de la personne faite à l’image de Dieu.

La personne n’est pas intéressante pour un système capitaliste, que ce soit du point de vue employeur ou consommateur. Et d’ailleurs, vous n’avez plus de Direction du Personnel, mais une Direction des Ressources Humaines qui s’occupe des compétences des gens. Vous avez des portefeuilles de compétences sur pattes, en gros ; ambulants, qu’on va exploiter au mieux, mais la personne, c’est gênant, parce que ça a des besoins, notamment spirituels. De même du côté de la consommation, on ne va pas se soucier de la personne, on va faire du marketing en fonction du fait que vous êtes – je ne sais pas, moi – musulman, chrétien, juif, ou en fonction de ce que vous êtes mère de famille, père isolé, parent isolé etc. et on va créer en vous des actes compulsifs d’achat, c’est ça le but du marketing. Mais il ne se soucie pas de la personne, c’est un encombrement, il faut la bipasser. Et quel meilleur moyen de la bipasser que d’enlever toute structure à l’identité ?

Bien sûr, c’est totalitaire, mais c’est bougrement commode si on a en vue un monde organisé uniquement sous le prima de la consommation et du fonctionnement capitaliste.

 

LE GENDER, LA VIOLENCE ET LE SACRÉ

YC14.jpgLe fondateur de la chaire de sociologie à Harvard est quelqu’un qui s’appelait Pitirim Sorokin et qui a beaucoup travaillé sur les groupes et la notion de l’amour. Il a écrit un livre qui s’appelle « The power of love », Le pouvoir de l’amour. Et il avait remarqué qu’on pouvait glisser assez rapidement de l’amour d’un groupe à la haine des autres groupes. Pas besoin d’insister : le nazisme, le communisme, etc., c’est vraiment typiquement ça : l’amour des Allemands – la haine des Juifs ; l’amour des prolétaires – la haine des bourgeois et des oppresseurs…

Alors, moi, ce qu’il me semble, c’est que en réalité, notamment dans une société qui a refusé Dieu, le besoin de sacré de l’homme est tellement fort qu’on va avoir tendance à idéaliser, à sacraliser une partie de l’humain. Et typiquement, à notre époque qui idéalise les victimes, les pauvres victimes d’injustices vont être idéalisées. On va complètement investir ce groupe. Ça peut être les femmes, ça peut être les homosexuels, ça peut être les hommes, ça dépend des circonstances. Le problème, c’est que s’il n’y a pas un régulateur qui est Dieu au-dessus de tout le monde, à ce moment-là l’idéalisation d’un groupe va être concomitante de la déshumanisation de l’autre groupe. Forcément, parce que s’il y a oppresseur et opprimés, on va porter aux nues les opprimés, et les oppresseurs sont des méchants qui perdent leur statut d’humains et on va les massacrer.

Et donc, voilà une autre raison pour laquelle il est important que le narcissisme soit mobilisé au niveau de Dieu. C’est Dieu qui est grand. Et une deuxième notion très importante du christianisme qui permet la régulation, c’est la notion de péché originel, qui fait que le mal est présent en tout le monde, donc on ne peut pas utiliser le mécanisme du clivage en disant « les bons d’un côté, et les gentils de l’autre ». Et c’est aussi en ça que l’éloignement de la religion chrétienne fait qu’on délire de plus en plus, parce qu’on va investir les gentils d’un côté et on va massacrer les autres.

 

L’OBJECTIF FINAL DU GENDER

YC16.jpgC’est un mouvement qui cherche à détruire. Et ce qui est curieux, c’est qu’il y ait un ennemi privilégié. Et l’ennemi privilégié, c’est le christianisme et l’Église catholique. Pour deux raisons essentiellement : d’abord parce que c’est une organisation internationale qu’on pourrait qualifier d’idéologique, qui propose aux gens une structuration (on a vu que le but était de déstructurer l’humanité pour la manipuler) ; et en particulier parce que la notion de personne est très ancré dans la foi catholique et la foi chrétienne, l’homme ou la femme à l’image de Dieu, et que c’est ça qu’il s’agit de détruire toujours dans le but de manipuler les gens. Ce qui rend les gens in-manipulables, c’est leur relation à Dieu. Donc c’est ça qu’il faut détruire.

 

Entretien : Matthias Barbier et Louis-Marie de l’Épinois de Réinformation-TV

Transcription réalisée par Sophie Naumiak pour La Vaillante

 

 

http://reinformation.tv/

http://www.vigi-gender.fr/

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