adoration saint martin
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La petite lumière rouge du Tabernacle était éteinte… Ré-évangéliser les villages de banlieue
Liminaire
Le 2 août 2021, jour de la fête du fondateur de la Congrégation du Saint Sacrement, le Père Eymard, Sandrine Treuillard et moi avons repris contact via la communauté de prière en ligne qu’elle anime, consacrée à Saint Pierre-Julien Eymard sur le réseau social Hozana[1].
Nous nous sommes connues grâce à une série de conférences[2] que Sandrine donnait chez les Pères du Saint Sacrement, avenue de Friedland, il y a trois ans. Nous avons tout naturellement sympathisé et depuis nous nous contactons régulièrement, toujours soutenues par la spiritualité de Saint Pierre-Julien Eymard, notre ami commun du Ciel.
Lorsque Sandrine m'a demandé d'apporter mon témoignage sur ma rencontre spirituelle avec le Père Eymard et comment cela se concrétise dans ma vie actuelle, je fus un peu déroutée, car c'est un exercice auquel je ne me suis jamais adonnée. Mais, poussée par la spontanéité de cet appel, je m'y suis prêtée.
Quels commencements ?
Chapelle Corpus Christi – Avenue de Friedland, Paris 8eTout débute en 2008, date à laquelle je commence à vivre dans le quartier de la Chapelle du Saint Sacrement, à Paris. Les fenêtres de l'appartement donnent dessus ! Tout naturellement je découvre les lieux, ou plutôt je les découvre à nouveau car, je m'étais souvenue, qu'il y a longtemps, jeune étudiante, je m'y étais déjà rendue....
Au fur et à mesure des messes, des Adorations, des conférences, je m'imprègne de la spiritualité du Père Eymard et surtout du sens du Saint Sacrement dont j'approfondis le mystère.
Tout le temps où je vis dans cette proximité, un renforcement de ma foi s'opère.
Petit à petit, le Seigneur s'occupe du "terreau" de ma foi et agit doucement en me faisant connaître et "appuyer" par un de ses grands serviteurs, le Père Eymard. Souvent, je prie devant la Châsse où son corps intact[3] repose : témoignage de la grâce du Seigneur. Ce temps de proximité, où le Seigneur jette les bases en moi du sens de son Sacrifice et de Sa Présence vivante, est intense.
Saint Léon – Paris 15eAprès un certain temps, je déménage dans un autre quartier où je dois aller découvrir d'autres choses : le quartier de l'église Saint-Léon dans le 15e arrondissement. La vie intense de cette paroisse me fait nouer des contacts amicaux qui perdurent toujours, malgré l'espace et le temps. Des grâces exceptionnelles sont venues illuminer mon cœur : deux voyages à Rome : pour la Canonisation des Saints Jean-Paul II et Jean XXIII ; ainsi que pour l'année Jubilaire de la Miséricorde ont été des étapes fondatrices pour ma foi.
Il y eut ensuite le vendredi 29 juillet 2016. Cette journée était consacrée au jeûne, à la prière pour le monde, en communion autour du Père Jacques Hamel, mort en martyr au pied de l'autel, trois jours plus tôt. Ce soir-là, j'allai à l'Adoration et ce fut pour moi un moment mémorable où je reçus une grâce personnelle qui est toujours vive à mon cœur.
Servantes du Saint Sacrement – Paris 16e
L'année suivante, je déménage à nouveau et la Providence me fait trouver un logement accolé à la Chapelle des Servantes du Saint Sacrement[4] dont le fondateur de la communauté n'est autre que le Père Eymard… Me voici à nouveau en proximité étroite avec notre bon Père Eymard et les Sœurs qui portent sa spiritualité. Je peux entendre de chez moi les chants des offices, et bien sûr ma prière devant le Saint Sacrement s'intensifie et, dès que je le peux, je vais prier puisque le Saint Sacrement est exposé en quasi permanence. Ce rayonnement est exceptionnel pour moi. Je fais l'expérience de la puissance d'amour du Seigneur et de la force du pardon, là, au pied de Jésus-Hostie.
C'est une période d'une intensité extrême où les très durs événements de ma vie sont transformés en grâces spirituelles pratiquement instantanément à la lumière du Saint-Sacrement exposé. Je fais l'expérience que le Seigneur se sert de tout pour ”éduquer ses brebis”.
C'est, forte de ce vécu, que je déménage à nouveau avec un changement de vie total, en banlieue parisienne. Je retrouve le village de mon enfance.
Mézy-sur-Seine
Après des années d'éloignement, je reviens un soir dans l'église de mon village, très émue d'y pénétrer à nouveau, à l’occasion d'une réunion organisée par le nouveau curé du secteur, soucieux de connaître les paroissiens de ce petit village.
Oui, tout est là et en même temps, il y a beaucoup de poussière partout, des toiles d'araignée, des gravas, des traces d'inondation. Tout me paraît sombre, sans entretien, sans vie et pourtant, tout est aussi comme avant. Double impression, mais je suis heureuse de retrouver des visages connus et cette joie à l'air d'être partagée. Cette prise de contact est positive et en même temps mon cœur se serre tristement, car je me suis rendue compte que la petite lumière rouge du Tabernacle est éteinte…
Comment en était-on arrivé là ?
J'avais tellement de souvenirs où, dans cette église, il y avait tant de fidèles. Les gens du village et des environs venaient régulièrement. Les offices étaient magnifiques ; notre curé, le dernier en titre pour Mézy, l'Abbé Marchioni, avait le souci de la beauté, de la solennité de toutes les célébrations. Dans ma tête résonnaient ses paroles : « Rien n'est trop beau pour le Seigneur ». Et mes yeux d'enfants étaient éblouis par les lumières, les fleurs, les ornements, les habits sacerdotaux, les nappes d'autel. Je pouvais sentir l'odeur de l'encens, j'écoutais à nouveau les chants en grégorien qui m’émouvaient. Tous mes sens avaient été touchés par la beauté de ces messes qui ont marqué durablement mon âme d’enfant. Les murs résonnent encore de tout ce passé.
1991-2018 : Presque trente ans se sont écoulés depuis le départ du dernier curé de Mézy… L’église fut ensuite rattachée au secteur de Meulan, composé de 8 clochers. Au début, les messes continuèrent à être assurées tous les dimanches, car deux prêtres à la retraite venaient aider. Ces deux bons pères sont décédés au bout de quelques années et n’ont pas été remplacés. Les messes se sont donc espacées et ont fini par être supprimées. Plus tard, le secteur a subi aussi un grand remaniement, l’Evêque de Versailles ayant regroupé Meulan et Triel et nommé deux prêtres pour l’ensemble. C’est une grande tâche pour eux !
Ré-évangéliser les villages de banlieue
Donc, je reviens dans ce contexte inédit pour moi. Je passe de la vie parisienne où les messes, Adorations, confessions, enseignements, formations etc. sont à volonté, à la vie de banlieue, à 50 km, où c’est pratiquement le désert ! La différence est criante ! Toute cette région que j’ai connue, si vivante il y a quelques années, est à ré-évangéliser !! J’apprends que, dans mon village, il n’y a plus de catéchisme sur place ; pire, il n’y a que deux enfants du village inscrits sur la commune de Meulan qui assure maintenant le catéchisme pour le secteur !
Une peine fécondante
Le Seigneur a dû saisir en moi cette peine car, quelques mois après, j’apprends qu’il y a une Adoration le dimanche soir chez les Sœurs de Saint Paul de Chartres, regroupées maintenant à Vaux‑sur‑Seine. Je m’y rends donc pour la première fois un dimanche soir. En sortant de la chapelle, une jeune Sœur, que je ne connaissais pas, me sollicite et me demande si je peux prendre « au pied-levé » un groupe de première année de catéchisme. Je me souviens de ses paroles : « Je viens de prier le Seigneur à l’Adoration de m’envoyer quelqu’un pour le catéchisme, car il me manque une personne pour débuter l’année. La rentrée a lieu la semaine prochaine et je me fais beaucoup de souci, car je n’ai personne pour ce groupe. Mais, lorsque je vous ai vue, je me suis dis d’aller vous parler… » Je fus très surprise par cette demande spontanée, presque désespérée et évidemment, je n’ai pas pu dire non, malgré mes réticences. Je n’avais jamais enseigné le catéchisme et me demandais comment je pourrais en avoir le temps ! Et bien, le Seigneur a fait en sorte que je puisse lever toutes ces objections et j’ai suivi mon petit groupe d’enfants pendant trois ans jusqu’à leur Première Communion, cette année. Ce fut source de grandes joies !
Le retour du Saint Sacrement au tabernacle
La première chose à laquelle je me suis ”attaquée”, à mon retour aux sources, fut de faire revenir la Présence Vivante de Notre Seigneur dans son Tabernacle. Grâce à la messe de rentrée et du verre de l’amitié, toujours organisé à son issue, j’en fais la demande au Père Mathieu Berger qui me répond alors un magnifique « oui ». Quelle joie ! Immédiatement, j’en fais part au petit groupe et nous nous organisons, à la fois pour assurer une prière hebdomadaire et donc une présence régulière de fidèles devant le Tabernacle, ainsi que la messe solennelle du retour de Jésus-Hostie chez Lui !
Le samedi 1er décembre 2018 fut la date choisie[5] pour cette célébration où, dans notre église pleine, les paroissiens, émus, ont pu à nouveau assister à la messe à Mézy.
Le retour de l’adoration eucharistique
Par la suite est décidé que les 5ème samedis de l’année, une Adoration sera proposée par notre prêtre. Cela correspond à cinq fois par an environ. Le samedi 30 mars 2019 fut la date de la première Adoration et bien sûr les phrases lumineuses du Père Eymard tirées du livre Une pensée par jour (éditions Mediaspaul) guidèrent notre méditation.
La Sainte Cécile
Le groupe de prière était lancé avec, chaque semaine, la présence d’une dizaine de personnes régulièrement. Nous avons la chance aussi d’avoir des musiciens, des chanteurs et notamment Hervé qui, quelques années auparavant a installé un orgue à tuyaux et monté un chœur de musique sacrée. Le 22 novembre 2019, pour la Sainte Cécile, un très beau concert est donné par le Polyphone 1664 dans l’église pleine ! Le verre de l’amitié scelle le moment et nous promettons de donner rendez-vous chaque année aux mélomanes, avec dans l’idée que si nous pouvions récolter un peu d’argent, nous pourrions engager quelques restaurations…
Les travaux d’urgences réalisés
Notre église a besoin de travaux d’urgence : des fuites dans la toiture, gouttières, vitraux… abîment le mobilier, détériorent les plâtres qui en se désagrégeant ont causé la chute de plusieurs stations du chemin de croix, en terre cuite. Nous nous disons qu’il faut nous mobiliser pour intervenir.
Grâce aux élections municipales de 2020, nous avons alerté les candidats sur ces constatations.
Fabrice Zuccarelli a eu une écoute attentive sur le sujet et son goût pour l’art, et spécialement les vitraux, ont débouché sur des engagements concrets. Une fois élu maire du village, il a pris contact avec la Direction régionale du Patrimoine, à Versailles, qui a envoyé des experts sur place afin d’analyser les besoins. Ceux-ci nous ont fait part du processus de sauvegarde du Patrimoine historique qui offre un partenariat aux communes pour la prise en charge des travaux. Le Conseil Municipal a voté à l’unanimité l’engagement de la commune à ce plan de coopération avec le département. D’autre part, le maire a fait réparer le toit et donc, il n’y a plus d’inondation dans l’église à chaque pluie !
Création d’une association
Afin d’être efficaces, nous nous sommes organisés en association. Hervé, qui avait créé le Polyphone 1664, avec les membres de l’ensemble ont bien voulu modifier les statuts afin que naisse l’ASPEM – Association de Sauvegarde du Patrimoine de l’Eglise de Mézy –. Celle-ci a vu le jour le 22 juillet 2021 !
La prière revivifiée
Depuis bientôt trois ans, nous prions toutes les semaines dans notre église alternant les chapelets, les Adorations suivis le plus souvent d’un verre de l’amitié. Nos deux prêtres ont décidé que la messe de la semaine serait célébrée à tour de rôle, dans chaque église du secteur. Nous avons donc la joie d’assister à la messe dans notre église tous les mardis à 18h30, pour un mois dans l’année. Même si ce n’est pas beaucoup, c’est toujours mieux que rien du tout.
Expansion de l’adoration par les laïcsEn revanche, pour les Adorations, il n’était plus possible pour nos prêtres de les assurer. Ce fut un vrai problème pour nous qui fut levé par notre curé : il donna l’autorisation à notre petit groupe de la proposer. Au début, nous étions bien timides devant un tel acte car, jusqu’ici, les prêtres s’en chargeaient mais, petit à petit, nous nous sommes organisés.
L’adoration en temps de pandémie
Finalement, ces temps de prière nous sont devenus de plus en plus indispensables. Le temps de la pandémie arriva, avec ces différents stades pour chacun et pour tous. Nous avons assuré une continuité de prière dès que les différents confinements/couvre-feux ont été levés. Tous les samedis, de décembre 2020 à mai 2021, nous avons prié devant le Saint Sacrement exposé. Et toujours avec les méditations édifiantes du Père Eymard. Nous avions besoin de nous retrouver au pied du Saint Sacrement dans cette période inédite. Ce moment nous fortifiait les uns les autres.
Cette heure avec notre Seigneur est toujours à part dans la vie de chacun. Nous prions dans le silence de notre cœur, puis une méditation du Père Eymard surgit en alternance avec un chant, une louange, une intention de prière… tout cela est spontané et nous porte dans notre vie de baptisés.
Une église ouverte à la prière et au monde
Saint-Germain-de-Paris de Mézy est à nouveau ouverte à la fois à la prière des fidèles, aux célébrations – mariages, obsèques – également à l’attention de nos élus pour la prise en charge de ses travaux. Même si tout cela est balbutiant, notre église reprend petit à petit sa place dans l’esprit de nos concitoyens comme le cœur du village, témoin de son histoire, de l’histoire des habitants et de l’histoire de notre pays.
En Île-de-France, de nombreuses et magnifiques églises de villages sont fermées, en mauvais état. C’est vraiment triste de voir un tel patrimoine s’abîmer. Nous prions pour qu’un nouvel élan saisisse les esprits pour les sauver et sommes prêts à nous engager dans d’autres actions communes. Nous avons l’espoir que notre bon Père Eymard soutienne cette démarche, lui qui a tellement œuvré dans sa vie pour évangéliser dans les zones de grande misère spirituelle et matérielle.
L’Eglise Saint-Germain-de-Paris, à Mézy-sur-Seine, est inscrite au répertoire des monuments historiques – seul édifice du village à recevoir cette distinction – et si vous vous promenez dans cette jolie région, à l’orée du Vexin français, n’hésitez pas à venir découvrir cette jolie église ouverte le samedi de 16H30 à 17h30.
Marie-Claude Antoni
Le 16 septembre 2021
Mézy-sur-SeineRetrouvez cette article sur les pages enrichies :
L'Adoration Saint Martin - Ré-évangéliser les campagnes
& Pierre-Julien Eymard – Prophète de l'Eucharistie - Un saint d'avenirImages
Gisant de cire du Père Eymard dans la châsse du Curé d'Ars - Chapelle Corpus Christi Paris 8 - 23 avenue de Friedland - Photo ©Rundolph Fernandez Bayaua, 2 août 2021.
Logo de l'Adoration Saint Martin - Ré-évangéliser les campagnes
Design graphique ©Sandrine TreuillardVitrail : sainte Cécile - église Saint-Germain-de-Paris, Mézy-sur-Seine.
Proposition de bannière pour l'association Priants des Campagnes
Design graphique ©Sandrine Treuillard
Priants des Campagnes : Le miracle, c'est la prière !NOTES
[1] Saint Pierre-Julien Eymard – Prophète de l’Eucharistie sur hozana.org
[2] Catéchèse eucharistique à l’occasion du Jubilé du Père Eymard, les 150 ans de son enciellement, de janvier à juin 2018. Conférences données avec le père André Guitton sss, et le père Paul Mougin sss, Chapelle Corpus Christi, avenue de Friedland, Paris 8e.
[3] Il s’agit en fait d’une représentation en cire, le corps du Père Eymard n’ayant pas été conservé intact, par suite d’une erreur lors de l’exhumation. Au début du XXe siècle, on pratiquait beaucoup le culte des reliques. C’est ainsi que des membres de son corps ont été dispersés en plusieurs endroits, et les débris d’os mis sous capsules reliquaires se sont répandues. Actuellement, le chef du Père Eymard est à l’église Saint-Claude à Rome. Une nouvelle châsse a été réalisée pour le jubilé de 2018, à La Mure d’Isère sa ville natale et de décès qui en contient d’autres, rapatriées de Scherbrooke, au Canada. À Paris, avenue de Friedland, sous « la châsse qui fut celle de son saint ami, le Curé d’Ars », une caissette rassemble d’autres reliques. Ce sont les trois points principaux. (sources : les pères Manuel Barbiero sss et André Guitton sss)
[4] Rue Cortambert, Paris 16e
[5] Jour de la fête du bienheureux Charles de Foucauld, grand amoureux de Jésus-Hostie dans le Sahara algérien, en milieu musulman.
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Par saint Martin de Tours, Dieu revient sur les autels de France - Adoration Saint-Martin
Le jeudi 17 mars 2022, j'ai participé à la prière très charismatique de la Fraternité du Cœur Eucharistique de Jésus, à Besançon, tout près de la chapelle Notre-Dame du Refuge – au tabernacle de laquelle Sophie Prouvier a reçu la révélation du Cœur Eucharistique de Jésus, les 22 janvier et 1er septembre 1854.
Dans le texte qui suit, datant d'une messe au Carmel de Nevers, le 26 juillet 2015 (un an avant le sacrifice eucharistique du Père Jacques Hamel), suite à ma participation à la Fraternité du Cœur Eucharistique de Jésus, à Besançon, j'ai mis en caractère rouge ce qui a trait à l'amour du Cœur Eucharistique de Jésus.
Sandrine Treuillard
Vanves, le mardi 22 mars 2022Emblème/Blason spirituel dessiné le 19 mars 2022,
en la Saint Joseph - © Sandrine TreuillardLa messe miraculeuse de saint Martin de Tours par Simone Martini
XIVème s. Assise, Église San Francesco (détail)
Carmel de Nevers après la messe du dimanche 26 juillet 2015La proximité du prêtre dans sa façon de célébrer la messe avec les habitants du quartier et dans son homélie, m’a beaucoup touchée. Il m’a donné les larmes aux yeux évoquant son père qui, à la fin de la journée où les enfants revenaient à pieds de l’école à 3km, revenant lui-même du bois où il préparait les bûches de chauffage pour l’année, rapportait dans son sac un pain qui avait un peu séché durant la journée, et le partageait avec ses enfants leur disant que c’était le pain d’alouette, un pain d’oiseaux… Ce souvenir lui revenait en résonance avec l’Évangile du jour, en ce dimanche 26 juillet, où Jésus a pitié de la foule nombreuse qui le suit et n’a rien à manger. Il multiplia les cinq pains d’orge et les deux poissons qu’un jeune garçon avait là, fit asseoir la foule sur l’herbe fraîche et les leur fit distribuer. Il se donne comme signe, lui-même, pour leur signifier l’existence de Dieu le Père qui pourvoie avec abondance à leurs besoins, et celui de Ciel dont ils n’ont pas encore conscience. Une fois ce signe divin donné, Jésus retourne sans ses compagnons les disciples, seul, dans la montagne, pour le cœur à cœur avec son Père du Ciel. Ainsi fuyait-il le désir des gens d’en faire leur roi sur la terre, son heure n’étant pas encore venue pour devenir celui du Ciel. Ainsi évitait-il de ”se faire manger” par le commun des mortels de façon précoce et inopportune, ce qui aurait gâché son don de lui-même, qui est tout spirituel et divin, dans le sacrifice de la Croix et jusqu’à la Résurrection.
Ce qui m’a particulièrement touchée dans la parole du prêtre est son souci de l’homme rural et de la reconnaissance de ses besoins spirituels. Ce prêtre se souvient et nous transmet un épisode de la simplicité du monde rural où la bonté originelle s’exprime. Son père avait été élevé chez des ”frères” ; il connaissait bien ”sa” Bible. Ainsi le pain des oiseaux avec ce côté merveilleux du conte n’était pas sans lien avec le Corps du Christ que nous aimons à célébrer à la messe. L’enfant qui a écouté son père et mangé avec les autres enfants ce pain des oiseaux un peu dur est devenu prêtre. C’est très beau !
Hier matin, j’ai pris mon petit déjeuner en compagnie de ce même prêtre après la messe qu’il avait célébrée. Il est originaire de Pouilly-sur-Loire. Je lui ai parlé de mon projet d’Adoration Saint Martin. Ce matin, après la messe, nous sommes venus prendre le petit déjeuner avec Philippe, le monsieur à la grande moustache qui sert la messe et distribue la communion le dimanche. Je lui avais demandé si je pouvais apporter le calice à l’offertoire. Il m’a du coup proposé de donner la communion. Je ne savais pas si j’en étais digne… si cela m’était autorisé. Je ne l’avais jamais fait. Eh bien, aujourd’hui est un grand jour, puisque pour la première fois de ma vie j’ai tendu le calice à chaque paroissien en disant : « Le Sang du Christ ! ». J’ai aussi porté la Paix du Christ aux Sœurs, dans leur clôture. Quelle joie de voir chaque visage souriant m’accueillir et accueillir la Paix du Christ et la partager ensemble ! Le plus beau sourire était celui de sr Marie-Dominique. Mais tous étaient très beaux. J’ai découvert le visage de l’une d’elle, âgée, aux yeux bleus aveugles, voilés de blanc. Sr Christiane aussi a accueilli la Paix du Christ dans un très large sourire, la dernière… Comme si je venais faire partie de leur communauté de carmélites…
Tout à l’heure, je vais proposer à Sr Michèle-Marie, ma bienfaitrice ici, celle qui a su accueillir la première mon récit de vie spirituelle et discerner avec moi l’importance de l’expression artistique dans ma vie et pour l’évangélisation… avec sainte Thérèse Bénédicte de la Croix qu’elle a introduite dans ma vie, Édith Stein… je la bénis, que Dieu bénisse toujours sr Michèle-Marie !, je lui proposerai donc de regarder avant mon départ la vidéo-diaporama « Le sens d'une église : Saint-Martin de Sury-ès-Bois (18) » avec ses sœurs Christiane et Marie-Dominique. Je souhaite leur exposer mon projet d’Adoration Saint Martin pour les campagnes, pour mon village du diocèse de Bourges qui manque tant de prêtre, qui n’a pas un seul séminariste, comprenant pourtant deux départements : le Cher (Bourges) et l’Indre (Issoudun, Châteauroux).
Quand le prêtre a imité le Christ consacrant le pain et le vin, il a évoqué les agriculteurs et les vignerons qui produisent ce pain et ce vin. Cette reconnaissance des agriculteurs au cœur de la messe devrait se faire avec autant de générosité dans toutes les églises de France.
Notre humanité a besoin de reconnaître le besoin spirituel de l’homme, et en particulier de l’homme rural abandonné, oublié et méprisé par le citadin. Ce mépris des autorités citadines pour l’homme rural le rend plus rude qu’il ne l’est. Il faut lever ce mépris qui est méprise et méconnaissance, regagner la confiance en la générosité tapie dans le cœur de l’homme rural, du paysan. Le paysan aime Dieu. Il a un lien privilégié à la Création par son travail au milieu de la nature pervertie par le Plan Marshall, les lois imposées depuis Bruxelles, les décisions bureaucratiques. La distribution mal avisée de subventions étatiques et européennes est un chantage pour maîtriser la production agricole. Elle coupe l’homme, le paysan lui-même qui, à l’origine, connaît et aime sa terre, de la vie même de cette terre. Les subventions éhontées obligent l’agriculteur à pratiquer avec ”sa” terre, avec l’écosystème (ce terme manifeste l’éloignement de la nature de l’homme qui travaillait avec elle : la nature serait devenue un système froid tout comme le système économique ou le système financier, l’homme surplombant la nature sans n’avoir plus de relation essentielle avec elle), des choses qui trop souvent sont contre le bien de la nature, contre le respect de la terre, contre l’éthique écologique et humaine. Et contre le cœur même de l’homme du pays, le paysan. Les autorités payent les agriculteurs qui doivent exécuter des pratiques anti-biologiques. C’est pourquoi il y a le plus de suicide dans cette catégorie de la population française. On apprend aux futurs agriculteurs, dans les écoles, non pas à connaître et aimer son pays, mais on les éloigne de la terre, du travail avec la terre. On éloigne la terre du corps et du cœur du paysan. On lui indique comment booster une terre déjà épuisée en ajoutant des engrais. Ou comment supprimer la vie des insectes par l’ajout d’insecticides qui viennent polluer les sols à long terme et tuer les abeilles. Constater que la terre que l’on est amené à travailler est sans vie est un drame humain pour l’agriculteur qui ne s’appelle plus ainsi d’ailleurs, mais ”exploitant agricole”. Les directives étatiques et européennes ont tellement exploité le travail des hommes dans de mauvais sens qu’il n’y a plus ni terre, ni humanité dans le travail, et que l’homme du pays est devenu l’esclave d’un travail qui n’a plus de sens que mortifère. Des hommes qui étaient en communion avec leur milieu agricole, on a fait d’eux des bureaucrates, des gestionnaires d’entreprise de destruction des ressources naturelles par des pratiques absurdes et artificielles, coupées du bon sens ordinaire, coupées de la perception naturelle de l’homme en harmonie avec son milieu de vie et de travail. L’homme du pays ne travaille plus avec la terre, avec la nature, mais contre la nature pour satisfaire une logique purement économique, abstraite, coupée de la vie. L’homme apprend à déconstruire les chaînes naturelles de la vie biologique sans plus avoir connaissance de l’harmonie naturelle de ces chaînes biologiques. Comment un agriculteur sain ne pourrait-il pas être profondément dégoûté de devoir pratiquer tout cela qu’il devrait faire subir à la terre, aux bêtes, à lui-même enfin !, en conscience ? Ceux qui se suicident montrent jusqu’où va l’absurdité du système : anti-biologique, contre l’homme, contre la vie. Une machine bureaucratique et idéologique devenue folle et meurtrière.
Qu’au sein de la messe le respect et l’amour de la vie par le Don de Dieu du Corps –le pain- et du Sang –le vin- de son Fils Jésus, le Sauveur, au Cœur transpercé qui nous donne la vie en abondance (la Miséricorde), que cela soit le cœur, le centre de la messe, est le plus grand signe d’espérance de la réconciliation possible entre les citadins et les ruraux. Les hommes des campagnes étant les garants de la dernière authenticité du pays, de la terre à aimer, à respecter, de laquelle recevoir tous les plaisirs sensibles mais aussi spirituels. Le cœur de la célébration eucharistique est le plus grand signe d’espérance de l’homme avec sa terre blessée. Cette terre blessée par l’homme devenu un administrateur éloigné de ses origines, coupé de ses racines, le citadin de Paris ou de Bruxelles qui décide de la production, du cours de l’économie, de la finance sans plus aucun lien avec le pays. La terre et le pays sont désaffectés. L’homme ne porte plus d’affection envers eux. Sa sensibilité affective est si émoussée qu’elle s’est réduite à la gestion économique. Ce qui le fait homme, sa subjectivité affective, est anéanti par un système qui le domine. Il est ainsi démuni même du sens de la responsabilité. Abêti et dominé par des règles qui n’ont plus de sens. L’homme rural qui voit le fruit de ces pratiques a le cœur qui saigne. Même la terre qui est devenue si sèche, sans vie, n’a plus de sang pour saigner. Elle souffre brutalement, à sec. Dans une région comme la Bourgogne, il n’y a plus de vie dans la terre. Le sang n’abreuve plus la terre. Elle a soif. Anémiée, elle crie sa sécheresse. Avez-vous entendu le témoignage de ce couple de microbiologistes des sols qui sillonnent avec leurs appareils de mesure les vignes bourguignonnes ? (Voir la page enrichie Le temps des grâces) Les vignes sont anémiées ! La terre n’a plus de ressource pour nourrir les ceps, elle a été épuisée par les engrais, par la surproduction contre nature, par l’atrophie du bon sens. Une terre sans ver ne respire plus et étouffe.
L’actualité du Christ dans la prière eucharistique, le don de Son Corps et de Son Sang est vivante et criante. Le miracle à opérer pour la conversion des cœurs à son Amour, à sa Vie, est là, à chaque messe, à la portée de chacun s’il veut bien ouvrir son cœur à la fraternité de base, au partage de base, à la solidarité humaine de base auquel nous convie Jésus lors de son dernier repas. Ouvrir notre cœur au don que Dieu veut nous faire de sa Vie, qu’il lui tarde de déverser dans nos vies par Jésus, avec abondance.
Il est venu répandre un feu sur la terre, le feu de son amour débordant, un feu de lumière, ce feu est lumière, un fleuve de lumière qui désaltère tout l’être et donne vie à toute chair, à toute terre.
Saint Martin avait perçu et compris le besoin spirituel du paysan dans un temps où son rapport à la nature n’était pas encore si malmené qu’aujourd’hui. Laissons-le revenir nous enseigner la Charité du Christ qu’il a partagée, à l’époque de l’Empire romain, avec les Gaulois que nous sommes toujours, au fond, mais que nous avons oubliés que nous sommes. L’homme est le même, ses besoins, mêmes spirituels, sont les mêmes. Après tout, non : le besoin spirituel de l’homme moderne a tellement été dénigré, renié, méprisé, que, comme l’annonçait Marthe Robin il y a quelques décennies, « la France est tombée encore plus bas ». Le message de la Bonne Nouvelle des bienfaits de Dieu pour l’homme n’a pas changé et est au contraire d’une très grande actualité. Il y a urgence à ce que l’homme considère son besoin de consolation et de direction spirituelle.
Sachons par là recevoir l’exemple de saint Martin de Tours. Écoutons saint Martin nous rappeler la bonté, la compassion de Dieu pour l’homme. Dieu nous veut reliés à lui dans sa grâce. Dieu nous fait miséricorde : gratuitement il nous propose son Amour sans condition. Relisons la vie de ce grand saint, moine puis évêque malgré lui. Écoutons la parole du prêtre. Tout prêtre est un autre Christ qui nous enseigne ce que Jésus lui-même enseigne. Saint Martin est la richesse du christianisme dans notre pays, un trésor d’humanité baigné de la divinité à redécouvrir. Il a eu pitié du pauvre. Il a pris part à la Passion du Christ. C’est cela la compassion, c’est cela « Jésus doux et humble de cœur » : se mettre à son école, écouter le cœur de Dieu battre pour nous.
A M E N
Le diagnostic est facile à poser. Il y a des décennies que l’on peut constater les dommages.
Le remède est cependant là, sous les yeux de qui veut bien le voir. C’est par le bois de la Croix que Dieu a donné le remède. Toute l’espérance est là. Elle coule à flot du Cœur de Jésus, la foi, dans le Sang et l’Eau. Sinon, la Croix ne serait qu’un bâton sec. Être chrétien aujourd’hui, et qui plus est dans le milieu rural, c’est s’abreuver au bois de la Croix, c’est recontacter le sens spirituel du christianisme. C’est puiser le remède à la source, dans le Cœur de Dieu, le Cœur de Jésus transpercé sur le bois de la Croix, du haut de laquelle il nous déverse tout son Amour. Le Cœur de Dieu bat au bois de la Croix. Il est tout espérance et tout amour. La Miséricorde Divine est là, pour vous, qui peinez dans les campagnes, qui souffrez de l’indifférence du pays qui ne voit pas que vous êtes sa vie, son cœur de France. Dieu, lui, le voit, le sait, et il est là pour vous, afin que vous puissiez à son Cœur qui est toute votre espérance. Dans la prière d’adoration du Saint Sacrement vous trouverez le Cœur de Dieu qui brûle d’amour pour vous. À la suite de l’évêque de Tours, avec saint Martin, vous participerez de l’amour de Jésus pour vous et pour vos frères, pour la génération humaine tout entière. Le saint Sacrement dilatera votre cœur au contact du Cœur de Dieu. Car l’Eucharistie est le mystère du Cœur de Dieu. C’est son Cœur incarné. Le Cœur de Dieu fait chair est l’Eucharistie. Laissez son silence œuvrer en vous et vous entendrez ce que personnellement il a à vous dire. Car Dieu vient pour tout homme. Il veut parler au cœur de chacun. Et plus tu es loin de Lui, plus il désire se rapprocher de toi. Le diocèse de Bourges est désert. C’est pourquoi Dieu veut y revenir. Il y est d’ailleurs : toute la vastitude le contient. Seulement, c’est l’humilité qui manque à l’homme qui fait qu’il ne Le rencontre plus. Le berrichon a perdu le lien avec son Dieu par manque de prêtres aussi. La laïcité a fait son œuvre de séparation. Non pas la séparation de l’Église et de l’État. Non. Celle-ci est toujours souhaitable. Mais la séparation de l’homme d’avec son Dieu. La dissuasion distillée au sein de l’éducation d’avoir recours au secours divin dans la difficulté inhérente au fait de vivre. L’esprit laïc mal transmis, et peut-être mal transmis à dessein et de façon renforcée depuis mai 68, a fini par interdire l’expression même du besoin spirituel fondamental de Dieu.
Mais Dieu revient dans les campagnes abandonnées de France. Justement parce qu’elle sont abandonnées, il y est d’autant plus présent. Les autochtones n’osent pas encore trop exprimer leur besoin de Dieu, de liturgie, de pasteurs. Mais Il est là, parmi nous, un reste dans les cœurs, gros comme un grain de moutarde, et qui contient toute son intensité. L’Adoration Saint Martin est une porte pour revenir au Seigneur, un canal qui y conduira à nouveau. Par l’adoration du Saint Sacrement sur l’autel, la sainte Eucharistie sertie dans l’ostensoir, laissons-nous pénétrer des trésors divins. Jésus est un délice. Sa Résurrection n’est pas une fiction, un conte de fée. Le christianisme n’est pas une sucrerie. C’est une réalité qui s’expérimente dans le cœur à cœur avec Dieu. L’adoration de la sainte Eucharistie exposée dans l’ostensoir sur l’autel de chaque église de France est une chance très belle de retrouver la relation au Dieu de la Nouvelle Alliance et éternelle. Buvons au fleuve de sa Miséricorde !
A M E N
Jehanne Sandrine du Sacré Cœur & de la Sainte Eucharistie
le di. 26.VII.2015, Carmel de Nevers, chambre Élisabeth de la TrinitéRetrouvez cet article sur la page enrichie
Adoration Saint MartinEt découvrez le Cœur Eucharistique de Jésus – Élévations de Sophie Prouvier
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Introduction aux ÉLÉVATIONS sur la prière au Cœur Eucharistique de Jésus
Sophie Prouvier (1817-1891) écrivit la prière au Cœur Eucharistique de Jésus en 1854, suite à la révélation du 22 janvier, réitérée par Jésus au tabernacle le 1er septembre 1854, dans la chapelle Notre-Dame du Refuge de l’Hôpital Saint-Jacques, à Besançon.
Elle en écrivit les commentaires seulement quatre ans avant sa mort, dans les circonstances suivantes :
En octobre 1886, stimulée par un père supérieur à écrire ses « méditations sur la prière au Cœur Eucharistique de Jésus d’après les lumières et les inspirations de Notre-Seigneur »*, et encouragée à faire retraite par le père Bailly, Sophie Prouvier (Mère Marie de l’Eucharistie dans la Société des Vierges de Marie et de Jésus) « se retira donc dans un petit appartement situé rue Jean de Bologne, près de l’église de Passy.** » Dès le lendemain de son entrée en retraite elle écrit : « Oui, une retraite qui durera 10 jours et ne se terminera pas. Je prendrai note durant cette nouvelle étape de mon existence, des grâces que certainement j’y recevrai et des peines que sans doute j’y endurerai. » « Les unes et les autres furent nombreuses durant ces quelques mois. »
Mère Marie de l’Eucharistie dut rompre sa solitude pour le Chapitre Général de l’Institut et fut réélue à l’unanimité Supérieure Générale de la Société des Vierges de Marie et de Jésus, le 2 août 1887. Juste après, elle reprit le travail des commentaires « qu’elle avait forcément interrompu » consacré aux Élévations sur la prière au Cœur Eucharistique. « Il se fit au milieu d’une souffrance morale intense et de pénitences excessives pour obtenir la lumière d’en-haut. Elle ne put achever et versa, comme elle le dit elle-même, « des larmes bien amères sur le deuil de son cœur. » Exténuée de fatigue et d’impuissances, écrit-elle le 21 décembre 1887, je viens de plier mes papiers et d’ensevelir tout ce qui concerne ces pauvres pages sur la prière au Cœur Eucharistique… Je ne crois pas avoir éprouvé pareille souffrance depuis mon premier travail des Constitutions. » Et dans son humilité elle ajoutait : « Oui, je me suis rendue indigne d’achever cette œuvre… » »
N’empêche que le père dominicain Régis Garrigou-Lagrange en apprécia beaucoup la valeur théologique à tel point qu’il en préfaça la première publication, en 1926. Voyons ce qu'il nous dit de cette prière…
* Les citations entre guillemets proviennent de la préface de la publication Vie de la Révérende Mère Marie de l’Eucharistie (1934), écrite par une religeisue de l'Institut et interne à la famille spirituelle fondée par Mère Marie de l’Eucharistie (Sophie Prouvier).
** Passy a d’abord été un village devenu un quartier du 16e arrondissement de Paris, en 1860.
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Qu'est-ce que le culte du Cœur Eucharistique de Jésus ?
Extraits de la Préface du Père dominicain Régis Garrigou-Lagrange aux Élévations sur la prière au Cœur Eucharistique de Jésus de Sophie Prouvier (première publication Éditions de la Vie Spirituelle, Saint-Maximin, 1926. Seconde impression sur laquelle nous nous appuyons : Atelier du Monastère Sainte-Catherine de Langeac, 2018.)
N.B. : Pour des raisons pédagogiques, nous adoptons ici des différenciations typographiques : gras, souligné, italiques…
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Cœur Eucharistique de Jésus – Élévations de Sophie Prouvier
Sur cette nouvelle page enrichie, nous vous proposons de découvrir
la dévotion au Cœur Eucharistique de Jésus
(révélation au Tabernacle en 1854)
par les Élévations sur la prière au Cœur Eucharistique de Jésus
de Sophie Prouvier – Mère Marie de l'Eucharistie – à Besançon.EN LIEN AVEC LA COMMUNAUTÉ DE PRIÈRE SUR HOZANA :
https://hozana.org/community/10595/coeur-eucharistique-de-jesus-elevations-de-sophie-prouvier -
'Je suis la porte' à Saint-Pardoux - Mercredi de Pâques - Confinement 2020 - #Covid19
Vidéo tournée le Mercredi de Pâques, 15 avril 2020, à Saint-Pardoux
Mardi de Pâques, 14 avril 2020
Les Bleineries, Sury-ès-BoisConfinement repoussé jusqu’au 11 mai.
J’implore Dieu de ne pas annuler la retraite/3ème visite à Blauvac,
pour me faire avancer avec les cisterciennes trappistes,
ma vocation à devenir moniale.J’implore Dieu de me redonner l’office des vêpres et la messe quotidienne
à Sainte-Bathilde, à Vanves.J’ai invoqué l’Esprit Saint qui est venu en moi directement avec ardeur, avant même que je ne chante « Viens Esprit de sainteté », avec « Âme du Christ » qui m’est venu sans crier gare… J’ai été envahie du désir de l’eau vive du Christ, de Sa présence et Il a été présent. Je peux dire que j’ai eu une exultation, une extase en Lui, avec Lui. Puis, j’ai ouvert la Bible de Louis Segond et suis tombée sur l’Évangile de saint Jean, chapitre 10, verset 5, que j’ai reconnu tout de suite (ici, traduction de l’AELF) :
« Jamais elles ne suivront un étranger, mais elles s’enfuiront loin de lui, car elles ne connaissent pas la voix des étrangers. »
Et je continuai la lecture :
« Jésus employa cette image pour s’adresser à eux, mais eux ne comprirent pas de quoi il leur parlait. C’est pourquoi Jésus reprit la parole :
« Amen, amen, je vous le dis : Moi, je suis la porte des brebis. Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des bandits ; mais les brebis ne les ont pas écoutés. Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra entrer ; il pourra sortir et trouver un pâturage. Le voleur ne vient que pour voler, égorger, faire périr. Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance. » »
Je sais que le Christ est en moi. Sa porte est en moi. Là, je puisse la patience dans l’épreuve. Là, je suis dans la confiance : « Il entrera et il sortira, et il trouvera des pâturages » (trad. L. Segond). C’est la prière au Christ qui est en moi, cette ‘garde du cœur’ qui me sauvera en ces temps de contrainte à rester immobile, ici. La Porte du Christ est en moi. Quand je vais dans les champs pour ma promenade-chapelet, en pèlerinage jusqu’à Saint-Pardoux, j’incarne ce qui se passe en moi et qui est décrit aux versets 9 et 10 :
« Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé ; il entrera et il sortira et il trouvera des pâturages. » (…) « Moi, je suis venu afin que les brebis aient la vie, et qu’elles l’aient en abondance. »
La paix dans laquelle je suis à Saint-Pardoux, avec laquelle je reviens chez mes parents, la paix de Jésus Christ ressuscité, c’est ce qui remplace l’Eucharistie sacramentelle. C’est ma messe quotidienne dans ce silence et cette solitude. C’est ainsi que le Seigneur me fortifie, chaque jour, à Saint-Pardoux. Je dois Le laisser faire, continuer à le laisser faire, à avoir confiance en lui et en son action qui bruisse comme la brise légère, qui agit puissamment dans la brise légère. Ma confiance doit être totale. Il n’oublie pas sa Promesse envers moi. Son Alliance, jamais Il ne la trahira. Il agit dans ma patience, dans ma persévérance. Je n’ai qu’à rester fidèle à ce pèlerinage quotidien. Il continue à faire très beau temps. Je n’ai pas à douter du Seigneur dont le dessein est sûr. Dont la fidélité est certaine. Je n’ai qu’à continuer à être, à demeurer là quand je suis à Saint-Pardoux. Je n’ai qu’à recevoir même ce que je ne perçois pas, ne sens pas avec mes sens mais sais avec LA FOI. Dieu n’oublie pas Ses Promesses. Je serai son épouse à Blauvac. C’est Lui qui me dira l’heure. C’est Lui qui agit. Je dois continuer à me couler dans la confiance en sa Paix, en sa Parole. L’ascèse qu’Il me demande est celle-là.
Continuer, chaque jour, à prier 3 heures jusqu’à Saint-Pardoux, aller-retour, et à y rester, y demeurer dans la confiance. C’est là que le Seigneur agit dans ma vie, ici, à Sury. Ce lieu est vraiment mon sanctuaire naturel. Je lis la Philocalie, Il m’enseigne, j’écoute et demeure. Là. C’est tout. C’est tout simple. Et sobre. C’est : JE SUIS LA PORTE. Ce lieu, ce sanctuaire naturel c’est : JE SUIS LA PORTE. Son souffle est là, dans les arbres, les branches, l’eau qui suppure et s’écoule. Les mouches à miel, les crevettes qui roulent dans l’eau. Les papillons. Les fourmis. Ma porte est à Saint-Pardoux. Jean 10, 9-10b c’est là-bas, en plus d’être en moi. (10h30)
Je vous emmène jusqu'à Saint-Pardoux par le 'tunnel de lumière'...
Mercredi de Pâques, 15 avril
Oraison du matin (avant de lire et prier avec les textes de la messe du jour) :
« JE SUIS LA PORTE. SI QUELQU’UN PASSE PAR MOI, IL SERA SAUVÉ.
IL ENTRERA ET IL SORTIRA ET IL TROUVERA DES PÂTURAGES. » Jean 10,9C’est exactement ce que je vis avec Jésus. C’est délicieux.
Je me sens LIBRE EN LUI, PAR LUI, AVEC LUI. JOIE PASCALE IMMUABLE. DIEU EN SOIT BÉNI. Jésus, je t’aime. J’entre et je sors par toi, je suis libre. De la liberté que Thomas Merton explique dans Le Nouvel Homme. Je suis en train de terminer cette lecture, le soir, et ce soir sera la fin. C’est une rencontre providentielle avec fr. Louis (son nom de religieux trappiste). Ce livre a suivi le chemin de Pâques que j’ai parcouru, avec une telle justesse. C’est ma lecture fondamentale, cruciale, qui me met bien droite et me révèle exactement où j’en suis. C’est une lecture fondement. Je suis prête à devenir cistercienne trappiste. SOBRIÉTÉ – SPONTANÉITÉ – LIBERTÉ. Ces notions spirituelles, je les expérimente. Elles sont effectives dans ma vie. Dans ma prière. Je n’ai plus qu’à vivre l’expérience de la vie fraternelle monastique avec la Règle de Saint Benoît et la spiritualité cistercienne trappiste.
JE SUIS LA PORTE etc, me renvoie à la vision des Vigiles du Christ Roi du 19 novembre 2016[i], quand, dans le noir, habillée en blanc, après avoir été relevée par le Christ de ma génuflexion, Lui me relevant par la main droite appuyée sur Sa main – je vois dans le noir ce que je sais être Sa poitrine, une rose rouge fermée comme un poing, – puis debout, face à Face, je vois Son visage, les traits de lumière de Son visage dans le noir de la nuit. Et à ce moment-là, Il disparaît, aspiré par la nuit obscure. Il est engouffré, son Image est aspirée par la nuit, laissant jaillir de moi un sanglot et un flot de larmes à sa suite. Ce moment-là de son évanouissement soudain, brutal, dans la nuit noire, dans l’espace et le temps cosmique de l’Univers, cet instant-là c’est le JE SUIS LA PORTE, c’est comme la fraction du pain. Le temps spirituel fait place à notre temps séculier. Mais le JE SUIS LA PORTE est pascal. C’est une porte de lumière qui donne sur les verts pâturages. C’est la porte du Paradis. Ce n’est plus du tout la nuit noire. C’est la transfiguration lumineuse par laquelle nous passons à Pâques. C’est le Christ ressuscité qui nous entraîne dans sa Lumière absolue. JE SUIS LA PORTE. J’entre et je sors librement par Lui, qui est ressuscité, j’entre et sors, éprouvant Sa lumière merveilleuse et je trouve les délices de ses pâturages. Il y a une perfection de l’amour. La liberté de l’amour. La spontanéité retrouvée avec Dieu. C’est ce que je vis en ce moment, chaque jour, quand je vais dans les champs, les chemins creux qui me mènent vers « les eaux tranquilles » dans les fonds, à Saint-Pardoux. Je passe dans les chemins creux qui, avec la végétation qui pousse, devient un tunnel sous les branches qui verdissent. Je passe dans ce tunnel ombragé qui laisse la lumière scintiller, filtrant, jouer avec les ombres. Ce tunnel végétal des arbres enveloppe ma marche et c’est comme quand Jésus dit : « Je suis la porte ». Je passe par ce tunnel qui est une porte qui dure longtemps, qui est délicieuse. Ce temps du passage dans ce tunnel, à l’aller et au retour, est vraiment délicieux.
Les oiseaux chantent dans le bois. Le son est très important. Je suis seule et j’avance, totalement libre avec Jésus que j’invoque, par ma prière du chapelet. Et quand je remonte (de Saint-Pardoux), j’invoque purement le nom de Jésus. Je dis : « Merci Jésus » ; « Jésus, je t’aime » et « Jésus, mon bon Jésus, mon doux Jésus… viens au secours de ma faiblesse ». Ou bien juste : « Jésus, Jésus… » comme un souffle délicieux. C’est La porte. Le nom de Jésus, c’est la porte. La prière du cœur. C’est ma garde. Jésus, tu es ma porte et je t’aime. J’entre et sors par Toi, comme je te dis : « Jésus, je t’aime. » Et je trouve mon plaisir en toi, en cela. Je trouve ma joie, en cela qui est si simple. Si pur. Si bon. Je trouve en Toi ma joie. Mon bonheur. Et je reviens, après trois heures dans les champs, les chemins creux et Saint-Pardoux, légère, heureuse, avec toi en moi. Tu es ma porte. Ma porte du cœur. Ma porte de l’Esprit. La porte de mon cœur. Tu es ma porte. Je repose en toi. Je marche en remontant dans le chemin creux, enveloppée par les branches modelant ce tunnel, et du cri de l’oiseau qui fuit devant moi. La lumière frétille, les taches de lumière ruissellent comme j’avance. Tout n’est que délice.
Hier, j’ai commencé une nouvelle série sur l’Eucharistie avec les textes de saint Pierre-Julien Eymard pour les priants de Hozana. Cela aussi est un tunnel de lumière, comme dans les chemins creux. Et on arrive au Paradoux de Saint-Pardoux. Et on en repart le cœur gonflé du passage de Jésus en soi. (10h24)
Homélie du père Armand Veilleux, moine trappiste, de ce mercredi de Pâques 15 avril 2020, lue à Saint-Pardoux.
Sandrine Treuillard
Jehanne Sandrine du Sacré Cœur & de la Sainte Eucharistie[i] Cette vision a été impulsée par la lecture, à l’ambon, de sœur Myriam. Au mot ‘adoration’, en gras dans le corps du texte, la vision a commencé :
« Quand tu t'approches, ne t'avance pas les paumes des mains étendues, ni les doigts disjoints ; mais fait de ta main gauche un trône pour ta main droite, puisque celle-ci doit recevoir le Roi, et dans le creux de ta main, reçois le corps du Christ, en disant ”Amen”. Avec soin alors, sanctifie tes yeux par le contact du saint corps, puis prends-le et veille à n'en rien perdre. Car ce que tu perdrais, c’est comme si tu perdais un de tes propres membres. Dis-moi, si l'on t'avait donné des paillettes d'or, ne les retiendrais-tu pas avec le plus grand soin ? Alors ne veillerais-tu pas sur cet objet qui est plus précieux que l'or et que les pierres précieuses ? Puis après avoir communié au Corps du Christ, approche-toi aussi de la coupe de son Sang. Incline-toi en une attitude d'adoration et de respect et dit : ”Amen”. Sanctifie-toi aussi par la participation au Sang du Christ. Puis en attendant la prière, rends grâce à Dieu d'un si grand mystère. Ainsi soit-il. »
Prière Eucharistique de Saint Cyrille de Jérusalem (315-387)
Toutes les photographies ont été prises à Sury-ès-Bois, sur le chemin de Saint-Pardoux, depuis le 20 mars 2020.
L'ostensoir est celui de Saint-Pierre de Rome, Vatican, Bénédiction Urbi et orbi du pape François, du 28 mars 2020.
Retrouvez cet article sur la sous-page :
Contemplation en Temps pascal - Île Saint-Pardoux
Sanctuaire naturel en Pays Fort (Berry) -
La sainte Couronne d'épines à Notre-Dame de Paris, le 21 juin 2015 — Lundi saint 2019
Ce que nous avons vécu avec/en la cathédrale Notre-Dame de Paris la maintiendra vivante. Nous sommes les pierres vivantes de l'Édifice. Cette expérience avec la Couronne d'épines contée là est le témoignage d'un tournant sur mon chemin spirituel.
Journal Spirituel - Notes de juin 2015
”Ce jour-là, la racine de Jessé sera dressée comme un étendard pour les peuples,
les nations la chercheront, et la gloire sera sa demeure” (Isaïe 1,10)Dimanche 21 juin 2015 (solstice d'été) :
À la lecture de la messe du jour, Mc 4, 35-41, où Jésus dort à l’arrière de la barque alors que les flots menace la nacelle où sont aussi ses disciples apeurés. Je vois dans le coussin sur lequel Jésus pose sa tête et dort, l’image du Cœur de Dieu lui-même, la paix absolue, la confiance. « Tous ont les yeux sur toi, Seigneur, ils espèrent, et tu donnes à chacun sa nourriture. » (Préface)
Je vais le matin à Notre-Dame de Paris, en bicyclette, appelée par ce lieu alors que je priais les laudes et la messe. [Je vais voir le numéro des bureaux de la Fondation Notre-Dame dont j’ai vu une annonce de stage pour septembre dans Ecclesia RH, pour lequel j’ai déposé ma candidature. Je n’ai jamais vraiment visité la cathédrale, n’appréciant pas le style gothique, ni la liturgie, ni la Maîtrise, ni la grandiloquence de l’orgue. Mais je viens palier à cette répulsion et décide d’aller voir la sainte Couronne d’épines, à laquelle je sais que le Père Richard Escudier (rencontré au Foyer de Charité Notre-Dame de Lacépède à Colayrac Saint-Cirq près de Agen, qui a prêché la retraite de février 2014 — ami du Père Bostyn, Père du Foyer, et connaissant aussi le Père Paul Grasser, spiritain — qui nous a montré le fac-similé de la prière d’abandon au Père de Charles de Foucauld et a été curé à l’église saint Augustin où il a créé l’espace Charles de Foucauld avec le carnet original de ce dernier visible en vitrine) est attaché, comme chanoine. Je me souviens lui avoir montré la gravure de saint Louis apportant la Couronne d’épines sur son cheval, du livre La France & le Sacré Cœur que mon père m’avait donné le 1er mars 2014, et que j’étais allée lui montrer à Saint-Pierre-du-Gros-Caillou.]
Quand j’entre dans la cathédrale, les fidèles sortent de la messe précédente et d’autres entrent pour celle de 11h15. Je décide de rester à la messe et m’installe. Après la messe, je commence ma visite en empruntant le déambulatoire à droite. Je prends quelques photos avec mon portable. J’arrive à la chapelle où est exposé, je crois, le Saint Sacrement. Je suis saturée par les vitraux que je trouve trop bavards et trop puissants de couleurs. Je me demande comment on peut prier devant le Saint Sacrement dans ce « décor » surchargé. Tout en reconnaissant que les couleurs et les vitraux sont magnifiques, particulièrement le vert.
J’arrive donc au chevet et je vois par une ouverture sur la chapelle, toujours arrivant par la droite, les bannières de l’ordre des Chevaliers du Saint Sépulcre (n’ayant aucune connaissance dans le domaine et peut me tromper d’appellation). Puis, mon regard tombe sur la statue au-dessus de l’autel, toute petite Vierge qui présente devant elle un coussin entre ses mains. Je me sens aussitôt accueillie par cette statue et comprend qu’il s’agit de la couronne d’épines, sur le coussin… Je passe devant le pan de mur qui cache la chapelle avant d’arriver à un lieu de prière plus intime (les visiteurs ne cessant jamais leur mouvement perpétuel avec le bruit constant et cette tension spécifique dans le déambulatoire de Notre-Dame). Deux bancs en prie-Dieu avec un écriteau invitent plus spécialement au silence et à la prière. Je m’installe sur le banc du second rang, devant la chapelle à la relique de la sainte Couronne d’Épines. Je suis d’abord très surprise et aussitôt conquise par le dispositif du reliquaire. Je m’attendais à un reliquaire en verre classique, comme une vitrine dans un musée, autour duquel circuler pour regarder la relique. Mais ce fut une forme difficilement descriptible, posée à même le sol, un verre rouge épais, enchâssé, triangulaire et courbe qui laisse deviner la fragilité d’un objet qui ressemble à un anneau posé à la verticale. J’étais à genoux devant ce dispositif et je pris peu à peu conscience avec mon corps de nos dispositions spatiales. J’écris nos dispositions parce que je me suis sentie incluse aussitôt dans ce que je voyais et percevais avec tous mes sens. Il y eut même un combat, car l’heure du déjeuner avait bien commencé, j’étais là depuis 11h15 et je sentais cette oppression de la foule instable des touristes se renouveler en permanence et une petite voix contraire m’invitait à quitter les lieux… Mais j’entrais en prière… Je voyais en haut la Vierge présentant la couronne sur le petit coussin.
Je ne la vis plus, m’étant agenouillée, mon regard regardait devant moi : le portrait de Jésus à la couronne d’épines posé sur la pierre d’autel [ réminiscences : le Jésus Ecce Homo que Christophe le sdf m’avait rappelé le jour de Pâques 2013 ; le visage du Christ couronné d’épines avec lequel je vécus dans ma chambre durant la retraite des 5 jours à Châteauneuf-de-Galaure, chez Marthe Robin. La couronne d’épines que je portais à la recollection au Sacré Cœur de Montmartre en février 2014. Et que je portais encore durant l’autre retraite de 5 jours, dont le même portrait (photo noir et blanc d’une sculpture en bois) était dans ma chambre à Notre-Dame de Lacépède… Ces sensations douloureuses et mystérieuses que je vécus de com-passion aux souffrances de la couronne d’épines du Christ, que je ne comprenais pas, et qui m’avaient préparée à vivre les deux petits mois de calvaire de ma grossesse qui se finit en fausse couche le vendredi 4 juillet (jour du Saint Chef, premier vendredi dans l’octave du Sacré Cœur) et dont la vie du petit Augustin cessa le vendredi du Sacré Cœur de Jésus (sang abondant indiquant le décrochage de l’embryon, et sensation de mort en moi le lendemain jour du Cœur Immaculé de Marie, à Notre-Dame de la Paix, rue de Picpus, chez les religieux des Sacrés Cœurs de Jésus et Marie sscc, Paris 12…].
Devant moi, ce dispositif triangulaire en verre rouge épais laissait deviner un cercle désigné comme étant la sainte Couronne d’épines du Christ. Je pris conscience de la superposition spatiale, à la verticale, de cette couronne de jonc sans plus d’épines avec la zone de ma poitrine, de mon plexus solaire. J’étais là, sans rien désirer de particulier, ouverte au temps présent et au lieu, j’avais réussi à chasser la tentation de partir et je baignais dans ce rouge, cette chaleur de l’amour et la Couronne d’épines était devenue une alliance que Dieu imposa en ma poitrine, simplement, comme un constat donné à cet instant dans la disposition de mon être et la super-position de mon corps agenouillé devant ce reliquaire et cette relique uniques. Je suis peut-être restée une demi-heure ainsi, là. Pendant la seconde messe (seconde messe commencée pendant ma déambulation, et là homélie devant la Couronne d’épines), je pris conscience de la citation que fit le prêtre durant son homélie, de Catherine de Sienne, citation dont j’ai oublié le contenu, mais qui me frappa sur le moment, à cause de ma position et de ce que je vivais devant, avec Jésus par la Couronne d’épines. Je compris immédiatement que Jésus me confirmait sa volonté que je devienne son épouse. J’en restais toute ébaubie.
Lundi 22 juin 2015 : Dessin au coucher du blason du Sacré Cœur avec la Croix, rouges, entourés de la couronne d’épines « Ô alliance éternelle – Il imposa sa couronne d’épines en ma poitrine » et récit de ce qui m’arriva ce lendemain de la confirmation de ce que le Seigneur me veut pour épouse :« Au coucher 21h42. Il m’est arrivé une bêtise. Voulant aller à la messe, je me suis précipitée, car j’étais prise dans mon travail de dessiner à l’ordi la couronne d’épines et mon cœur au milieu, et à la publication, recopiage de 3 chapitres de Catherine de Sienne sur le Saint Sacrement et la dignité des prêtres… si bien que j’en ai oublié mon rendez-vous avec l’orthophoniste qui m’a dispensée de venir aujourd’hui… Et me précipitant pour être présente à la messe à l’Immaculée Conception, je ne sais pas ce qui s’est passé, j’ai dû rater la dernière marche dans les escaliers du square, et une énorme douleur au pied droit qui a manqué me faire tomber dans les pommes. Vite, sentant mes forces m’abandonner, j’ai rebroussé chemin en boitant, un son terrible dans les oreilles, et dans l’ascenseur j’ai cru qu’il n’en finirait jamais de monter… j’étais au bord de m’évanouir. Je me suis mise au lit. Et Rémi est rentré avec ses béquilles remontées de la cave. Et alors, là, avant que Rémi n’arrive, environ 40 minutes après la chute, j’ai compris que le Seigneur m’avait assez donné hier ! Que j’avais assisté à trois messes dans la journée ! (Et celle du soir, habituelle à tous dimanches, avec Rémi à L’Immaculée Conception). Communié deux fois ! Durant la seconde messe de 12h45 à Notre-Dame, quand je vivais cette élucidation de la Couronne d’épines en moi, le prêtre prêchant a cité sainte Catherine de Sienne, en espagnol et en français. J’ai oublié la citation, mais comme j’avais l’intention de publier dans La Vaillante quelque chose sur le prêtre que j’avais lu dans ses Dialogues, son évocation me rejoignait profondément devant la charité de l’alliance au Christ par sa sainte Couronne d’épines sublime, comme ceinte par le verre rouge, comme un insecte incrusté dans l’ambre, anneau d’amour à la taille de mon plexus solaire qui s’imposait à moi, en moi.
Qu’avais-je besoin de me précipiter à la messe ce soir ! j’ai de quoi méditer durant des jours et des nuits, rendre grâce à Dieu de son Alliance avec moi, louer Dieu au Ciel de sa puissance !, dans la solitude, le recueillement, le calme de l’appartement, l’intimité de mon cœur. Ce que je faisais à l’ordi et que je continuerai demain (…).
Au fond de moi, je suis heureuse.
Le choc de la douleur m’a épuisée (diagnostic du lendemain par le docteur : entorse), mais, justement, le chant de l’Alléluia de la Maîtrise de Notre-Dame d’hier m’est revenu, alitée devant le Christ de la chambre : Aleluiuia, Allelu-u-ia ! Louez Dieu, louez Dieu au Ciel de sa Puissance !
Avec cette grande joie débordante.
Au plus intime de moi-même Jésus veut une alliance d’amour avec moi.
Mes règles ne sont pas encore venues. Ce qui est venu est ce que j’ai écrit : l’élucidation de cette alliance de charité avec la Couronne du Christ. Il n’y a plus d’épines à cette couronne. Ce sont des joncs. Une alliance imposée en ma poitrine, qui unifie tout mon être, l’aime, l’enveloppe. J’ai découvert le rapport de la Couronne d’épines du Christ à Notre-Dame avec le dessin que j’ai réalisé dans la cathédrale st Paul de Tours, d’après la photographie d’une sculpture, un visage du Christ en croix, portant la couronne d’épines. Et c’était un huit couché sur son front, le signe de l’infini, l’amour infini de Dieu sur la tête de son Fils, Dieu Homme, Amour ineffable.La couronne que je cherche à représenter ceignant le cœur d’où pendent trois gouttes de sang, un cœur joyeux qui donne joyeusement sa vitalité rougeoyante, cette couronne est faite de ces huit couchés, du signe de l’infini répété en un cercle. La Couronne d’épines de Notre-Dame ne porte presque plus d’épines. Dois-je figurer des épines tout de même ? Je pense que oui, absolument, en figurer 3 qui répondront aux perles de sang. Mais les épines qui entourent le cœur sont là pour protéger le cœur. Leur piquant est tourné vers l’extérieur. Je voudrais qu’ils soient des signes comme des virgules, qui apostrophent, attirent le regard et en même temps scandent ce cercle parfait de la couronne. La Trinité d’où jaillit l’amour divin pour moi.
Voilà ce à quoi me sert cet incident au pied droit ! Gloire à toi Seigneur, pour ton Esprit d’intelligence et de science ! Eucharistein merci Seigneur pour ce que tu opères en moi et me donnes à lire. Bénis sois-tu éternellement !
A M E N A L L E L U I A » (suit le dessin au stylo bleu et rouge du blason)
Samedi 26 juin 2015 : Messe de l’ordination sacerdotale à Notre-Dame regardée en ligne sur mon lit : prise de notes en direct, pleurs de joie : « Je vois saint Martin de Tours en chaque évêque et en chaque prêtre » (allusion à « saint Martin de Tours perle des prêtres » — miracle du globe de feu pendant sa célébration de l'Eucharistie — lu sur une ancienne bannière dans le chœur de la basilique de Tours, en février 2015).Sandrine Treuillard
Jehanne Sandrine du Sacré Cœur & de la sainte Eucharistie
Nuit du Lundi saint 15, au Mardi saint, 16 avril 2019, la cathédrale Notre-Dame de Paris ayant présenté la Croix de son transept incandescent, lors de l'incendie qui l'a défigurée.Vitrail de l'Arbre de Jessé, dormant.
(Aura-t-il résisté à l'incendie ? Le plomb a-t-il fondu ?)”Ce jour-là, la racine de Jessé sera dressée comme un étendard pour les peuples,
les nations la chercheront, et la gloire sera sa demeure” (Isaïe 1,10)Ce que nous avons vécu avec/en la cathédrale Notre-Dame de Paris la maintiendra vivante. Nous sommes les pierres vivantes de l'Édifice. Cette expérience contée là est le témoignage d'un tournant sur mon chemin spirituel. https://t.co/E481kCaRJA pic.twitter.com/dRYRIXjxVF
— Sandrine Treuillard (Jehanne Sandrine SC & SE) (@AdoStMartin) April 16, 2019 -
Des vidéos-prières #Covid19 en offrande du soir à l'Île Saint-Pardoux - Relecture de ce qui est advenu en ce lieu
Vidéo-prière du 8ème jour de la Neuvaine #Covid-19 - Île Saint-Pardoux
Premier réveil vers 6h. Puis, rendormie. Second réveil, de mauvaise humeur, deux heures plus tard. Mal au nez (c’est mon ‘épine dans la chair’. Au moment de l’Avent dernier, le Seigneur me l’avait fait comprendre, avec saint Paul (2 Cor 10) :
07 (…) Pour m’empêcher de me surestimer, j’ai reçu dans ma chair une écharde, un envoyé de Satan qui est là pour me gifler, pour empêcher que je me surestime. 08 Par trois fois, j’ai prié le Seigneur de l’écarter de moi. 09 Mais il m’a déclaré : « Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. »
Après la prière des laudes, au moment de l’oraison, je suis poussée pour invoquer l’Esprit Saint. « Viens, Esprit de sainteté ». Puis, parler en langues. Je m’enfonce dans le parler en langues. Ma bouche prononce le prénom Rebecca. Rebecca, la mère de Jacob et Esaü. L’épouse d’Isaac. Puis, j’ouvre la Bible de Segond. En voici le passage :
LÉVITIQUE 4, 27-35
27 Si un homme du peuple commet une faute par inadvertance et fait l’une des choses défendues par les commandements du Seigneur, et qu’il devienne ainsi coupable, 28 et si on lui fait connaître la faute commise, il amènera comme présent réservé une chèvre, une femelle sans défaut, pour la faute qu’il a commise.
29 Il posera sa main sur la tête de la victime ; celle-ci sera immolée à l’endroit des holocaustes. 30 Le prêtre prendra avec son doigt un peu du sang et en mettra sur les cornes de l’autel des holocaustes. Puis il versera tout le reste du sang à la base de l’autel.
31 Il détachera ensuite toute la graisse, comme on détache la graisse d’un sacrifice de paix, et la fera fumer à l’autel, en agréable odeur pour le Seigneur. Le prêtre accomplira ainsi pour cet homme le rite d’expiation, et il lui sera pardonné.
32 S’il amène un agneau comme présent réservé en vue du sacrifice pour la faute, c’est une femelle sans défaut qu’il amènera.
33 Il posera sa main sur la tête de la victime ; celle-ci sera immolée en sacrifice pour la faute à l’endroit des holocaustes. 34 Le prêtre prendra avec son doigt un peu du sang et en mettra sur les cornes de l’autel des holocaustes. Puis il versera tout le reste du sang à la base de l’autel.
35 Il détachera ensuite toute la graisse, comme on détache celle du jeune bélier du sacrifice de paix, et le prêtre fera fumer ces morceaux à l’autel, avec les nourritures offertes pour le Seigneur. Le prêtre accomplira ainsi pour cet homme le rite d’expiation pour la faute qu’il a commise, et il lui sera pardonné.
Le titre dans la Bible de Segond de ce chapitre 4 du Lévitique est Les sacrifices d’expiation. J’ai repris la lecture depuis le début du chapitre 4. C’est l’Éternel qui parle à Moïse.
Ce doit être pour ma patience que je suis tombée sur ce passage. Tout ce sang d’animal, toute cette graisse brûlée me semblent bien inutiles. Que d’affairement meurtrier d’animaux, extérieur à soi. Depuis notre époque, on ne peut pas le comprendre. Mais peut-être que ma mauvaise humeur est passée dans ces mots, cette lecture, et a été brûlée, consumée… C’est peut-être cela, l’action de l’Esprit Saint par cette lecture, en moi, ce matin.
Rebecca : c’est aussi le prénom de la jeune fille en seconde année des Beaux-Arts de Lyon qui m’a interviewée, il y a quelques semaines, sur ma ‘vie d’artiste’[i]. Je pense devoir lui envoyer le lien à la nouvelle sous-page de l’Adoration Saint Martin, avec les vidéos-prières filmées à l’Île Saint-Pardoux, quant à la pandémie du #Covid-19. Ce sont des offrandes, ces vidéos, en somme. Un rituel dans un sanctuaire. Le rituel de filmer le lieu tout en priant. Ce n’est pas tuer des animaux. Mais c’est consumer du temps vidéo, regarder le lieu tout en priant, invoquant Dieu pour le monde. C’est peut-être un sacrifice d’expiation. Mais qui n’est que recherche de la lumière dans les ténèbres de l’épreuve que nous vivons. Une prière qui cherche la lumière et la trouve, la reçoit. Des vidéos qui cherchent à communiquer avec l’invisible, avec Dieu et son Christ, pour faire cesser la pandémie de #Covid-19. Finalement, je suis le ‘sacrificateur’, la priante, l’invocatrice, celle qui intercède auprès de Dieu pour que cesse ce mal mortel, pour que des grâces soient accordées aux personnes qui combattent médicalement ce mal (Voir la vidéo du 8ème jour de la Neuvaine #Covid-19).
C’est vrai, cette Île Saint-Pardoux est devenue un sanctuaire, un lieu d’offrandes de prières, dans ce lien intime que je tisse en le filmant. Je me le rends intime en y étant, en y écoutant et regardant, en le filmant et prononçant des paroles d’invocation, de supplication et de louange à Dieu et à son Christ. Comme si en filmant ce coin de paradis terrestre, ce Paradoux (Le Paradou est le jardin dans La faute de l'Abbé Mouret de Emile Zola), j’offrais au monde une parcelle du Ciel, de la lumière divine qui est comprise dans ma prière. Car je reçois autant que je prie. Je reçois la lumière de Dieu dans le lieu quand je le filme. Avec la caméra toute petite, minuscule, du BlackBerry, je pénètre un peu du mystère du lieu. Ce lieu se révèle à la vidéo. Ce temps du rituel de filmer le lieu : temps de prière où je donne quelque chose. Temps de la grâce : où je reçois quelque chose du lieu et de Dieu dans le lieu. Échange. Finalement, communion. Ces instants vidéos sont vraiment un échange spirituel de dons entre Dieu et moi qui Le prie, qui Le cherche dans l’intimité du lieu que je considère comme sacré : un sanctuaire.
Il est vrai que ce petit périmètre de terre traversé par les rus, ces eaux fines qui buttent contre les racines des arbres et les silex du chemin, ce périmètre circonscrit par les plants d’iris sauvages non encore en fleurs, cette ronde des lys sauvages que le soleil vient effleurer, de derrière la haie, à l’ouest. Ce petit périmètre des iris sauvages, les pieds dans l’eau doucereuse, c’est comme l’autel où a lieu le sacrifice d’offrande du soir. C’est plutôt une prière vespérale, vers 17h.
Voilà ce que j’ai fait durant la Neuvaine. Voilà ce que j’ai été, durant cette Neuvaine où j’ai filmé, les cinq derniers jours. Maintenant, depuis trois jours que j’y retourne, je ne filme plus. Je reste là. Assise sur le tronc d’arbre, je suis dans le lieu, bercée par le cycle perpétuel des eaux qui se jettent doucement dans le ru plus impétueux qui sillonne la terre et délimite l’Île Saint-Pardoux, à l’Est-Sud. Je reste là, j’écoute, je regarde moins que je n’écoute, je laisse le temps passer et la lumière frémir, l’eau réverbérer des taches de lumière sur les troncs et les feuilles des iris toujours debout et non encore fleuris. J’ouvre le livre de La petite philocalie de la prière du cœur et médite les enseignements des Pères du désert. Je me laisse faire par Dieu dans le lieu. J’offre ce temps et je reçois de ce temps. Je ne produis plus rien. Je ne cherche plus à produire : ni vidéo, ni prière.
Petite histoire de l'Île Saint-Pardoux
Á la fin, hier, j’ai invoqué brièvement saint Pardoux[ii], comme un rappel, un souvenir, faire mémoire de la prière de la Neuvaine qui continue à retentir dans le monde et l’univers, aux oreilles de Dieu. Cette prière passée des neuf jours continue à retentir. Inutile de la rabâcher. Elle coule encore, comme ces eaux calmes à Saint-Pardoux. Elle est enregistrée dans les vidéos et peut être réentendue à tout moment. Dieu l’a entendue et agit avec elle. Elle est esprit, elle-même, cette prière. Elle est. Elle prend part à l’économie de la sainte Trinité. Elle alimente le lien à la Trinité. Je retourne chaque jour à l’Île Saint-Pardoux, en pèlerinage quotidien, avec ces prières-vidéos qui ont été dites, faites. Elles sont redites, refaites dans le rituel quotidien d’y retourner, d’être, de rester dans ce lieu béni et plein de vie. De paix. D’éternité. C’est la respiration du monde. C’est un lieu voué à la respiration du monde qui étouffe, suffoque, panique dans l’épreuve de la maladie, de la mort, de la peur. C’est le lieu de la confiance. Le lieu de la libre parole. L’Île Saint-Pardoux, c’est le lieu de la parrhesia dont le monde a besoin pour se reprendre, se ressaisir en Dieu. Je suis une particule du monde et, comme une miette d’hostie représente, présente toute la présence du Christ, est le Christ en plénitude, dans ce lieu je suis le monde en plénitude offert à Dieu. Je n’ai besoin de rien faire, qu’être. Dieu fait le reste. Laisser faire Dieu. Laissons faire Dieu.
Sandrine Treuillard
Samedi 28 mars 2020
Les Bleineries 18260 Sury-ès-BoisRetrouvez cet article sur la sous-page enrichie :
L'Île saint-Pardoux - Sanctuaire naturel en Pays Fort (Berry)
[i] Ce qui m’a replongée à mes débuts aux Beaux-Arts, en 1994, où j’ai réalisé L’offerta, ‘l’offrande’, en Italie, exposée au Palais des Papes de Viterbo, dont voici deux autres vues photographiques.[ii] Saint Pardoux, né vers 658, était paysan dans le Limousin. Homme pieux, sage, charitable envers les pauvres, il se fit ermite. Le comte de Limoges ayant fondé un monastère à Guéret le désigna abbé (sous la Règle de saint Benoît, il devint donc moine bénédictin). Lors des invasions sarrasines, il aurait fait fuir ceux-ci de son oratoire alors que Charles Martel s’était lancé à leur poursuite.
Au VIIème siècle, Sury-ès-Bois était couvert de forêt. La légende locale veut que saint Pardoux y soit venu. Une chapelle avait été bâtie à son nom ”dans les fonds”, sûrement dans ce petit bois aujourd’hui au milieu des terres cultivées. Dans le terrain de ce bois isolé au milieu des champs ruissellent l’eau des sources.
C’est pourquoi j’appelle ce lieu « L’Île Saint-Pardoux ».
C'est là que j'ai filmé ces vidéos.
Article intégral et présentation dans la perspective de l'Adoration Saint Martin :
Le Paradoux de saint Pardoux : Neuvaine #Covid19 / Adoration Saint Martin - Ré-évangéliser les campagnes -
Le Paradoux de Saint-Pardoux : Neuvaine #Covid19 / Adoration Saint Martin - Ré-évangéliser les campagnes
Pour le 5è jour de la Neuvaine #Covid19 (17-25 mars 2020), samedi 21 mars, Sandrine Treuillard filme un coin de nature à Sury-ès-Bois (18) - vidéo ci-après, où elle énonce ses intentions de prière dans le cadre de l'Adoration Saint Martin. Voici comment elle est arrivée en ce lieu :
« Á Vanves, j’ai d’abord été poussée par l’Esprit, lundi matin 16 mars, à venir prier la Neuvaine à Notre-Dame de Lourdes (voir l'invitation à ouvrir toutes les églises rurales de Mgr Jérôme Beau, archevêque de Bourges, du 3è dimanche de Carême) dans l’église de mon village, Saint-Martin de Sury-ès-Bois, où j’ai été baptisée en la solennité de la Sainte Trinité, le 25 mai 1975. J’ai pris mes billets de train pour 10 jours, jusqu’au lendemain de la Neuvaine, 26 mars.
Á mon arrivée ce soir-là, Emmanuel Macron s’exprima à la télévision et déclara l’urgence du confinement.
Danièle m'ouvrit l'église Saint-Martin de Sury-ès-Bois, les 17 et 18 mars, deux premiers jours de la Neuvaine. Le premier jour, elle me dit que le Seigneur était là, au tabernacle. Joie de prier le chapelet malgré la gravité des intentions (pour les malades du Covid-19, les soignants et les personnes agonisantes et décédées). Le mercredi, après ma demi-heure de Neuvaine, en venant à 16h éteindre les bougies au tabernacle et fermer l’église, Danièle me dit qu'elle ne me l'ouvrirait plus, à cause du confinement (même seule !).
Alors, j'ai beaucoup pleuré le 3è jour, dans les champs, tout en faisant ma promenade-chapelet, et aux intentions de cette Neuvaine. Mes pas m'ont portée jusqu'au ru de saint Pardoux. Ce lieu, que j’avais vu asséché l’été dernier, ruisselait d’eau et de verdure. J’ai reçu beaucoup de joie. C’est alors que j'ai compris que c'est là que le Seigneur me voulait, et pas spécialement dans l'église. Tout le temps du confinement et de l’épidémie, cette nature-là sera mon sanctuaire. Avec, comme intercesseurs en renfort, saint Martin de Tours et saint Pardoux. »
Avant d’arriver à l'idéal d’adoration eucharistique retrouvée, l’expérience de la marche fraternelle pourrait être renouvelée en faisant le pèlerinage à la fontaine de S. Pardoux.
Saint Pardoux, né vers 658, était paysan dans le Limousin.
Homme pieux, sage, charitable envers les pauvres, il se fit ermite.
Le comte de Limoges ayant fondé un monastère à Guéret le désigna abbé (sous la Règle de saint Benoît, il devint donc moine bénédictin).
Lors des invasions sarrasines, il aurait fait fuir ceux-ci de son oratoire alors que Charles Martel s’était lancé à leur poursuite.
Au VIIème siècle, Sury-ès-Bois était couvert de forêt. La légende locale veut que saint Pardoux y soit venu.
Une chapelle avait été bâtie à son nom ”dans les fonds”, sûrement dans ce petit bois aujourd’hui au milieu des terres cultivées. Dans le terrain de ce bois isolé au milieu des champs ruissellent l’eau des sources.
C’est pourquoi j’appelle ce lieu « L’Île Saint Pardoux » (vidéo de présentation du lieu).
C'est là que j'ai filmé ces vidéos.
(Voir la sous-page : L'Île saint Pardoux - Sanctuaire naturel en Pays Fort (Berry) - Pandémie #Covid19)Sandrine Treuillard
Sury-ès-Bois
Les Bleineries
mars 2020Voici le récit de l’origine de la grosse pierre plate qui a servi d’autel : un cultivateur voulut se débarrasser de cette pierre encombrant son champ. Il fit atteler deux bœufs… puis quatre, mais impossible de la déplacer. Une fontaine près de la chapelle était réputée miraculeuse. On venait y tremper sa chemise pour se faire guérir des fièvres. Ces deux éléments : la grosse pierre plate de l’autel et S. Pardoux qui guérit les fièvres quand on trempe sa chemise dans l’eau de cette fontaine, peuvent être des supports pour parler du baptême et de la conversion, d’une part ; de la signification de l’autel qui représente le Christ et de la consécration d’un autel avec la grosse pierre plate, d’autre part.
Lors d’une marche fraternelle rappeler ces éléments de la présence de S. Pardoux. Marcher sur les sentiers communaux et dans les chemins creux, de l’église dans le bourg, jusqu’au lieu connu dans les champs, de la fontaine et de celui, présumé, de la chapelle (ici, dans cette vidéo, Le Paradoux de saint Pardoux) - d’où l’eau coule depuis des siècles. Faire une halte pour évoquer la pierre de l’autel qui est le Christ. Raconter les gestes liturgiques de la consécration d’un autel, leur signification dans l’ordre de la foi. Et, arrivés à la fontaine de S. Pardoux évoquer l’eau du baptême : humilité, conversion, acte de foi sont compris dans ce geste de retirer sa chemise et de la tremper dans l’eau. Rappeler que c’est le Christ qui guérit en utilisant les saints qui l’ont suivi. En évoquant ces deux sujets, on rappelle ce pour quoi une chapelle a été bâtie et nous rejoignons la préoccupation première de l’Adoration Saint Martin : Que veut dire une église dans la cité ?
C’est ainsi que j’envisage l’amorce d’une ré-évangélisation de la campagne en Pays Fort. Par ce pèlerinage, qui au Moyen-Âge drainait les paroisses voisines, redonner vie aux vérités de foi qui sont enfouies autant dans les mémoires que dans le paysage. Par-là, revigorer les cœurs et redire combien Dieu aime ses créatures, combien le Cœur de Jésus renferme de miséricorde divine. Qu’il lui en coûte de retenir, qu’il lui en coûte de n’être pas reçue. Et les amener à venir à l’église. Y faire de même : à l’aide de toutes les statues et images donner une catéchèse pour conduire les personnes à saisir le sens de la messe.
Pour goûter à sa parole de Vie qui est espérance pour tout homme. Pour goûter, un jour, à Jésus Eucharistie…
Sandrine Treuillard
in Présentation de l'Adoration Saint Martin
Septembre 2018Page enrichie
Adoration Saint MartinPhotographies et vidéo : Sandrine Treuillard
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Covid-19 : Ouvrir toute église rurale pour prier Notre Dame de Lourdes (17-25 mars 2020)
L'espérance de retour en France par les églises rurales
Homélie (extraits) de Mgr Jérôme Beau à l'Annonciade de Saint-Doulchard (Bourges) à 18'50" : 3ème dimanche du Carême - 15 mars 2020
Le Rocher qui nous abreuve, c'est l'Eucharistie, et les Sacrements. C'est le Christ lui-même.
« Entrer dans cette relation avec celui qui est le Rocher, le Christ, nourri par les sacrements : le Pardon et l'Eucharistie. Celui qui ne cesse d'être avec nous. Je peux transmettre beaucoup de connaissance, sur le Christ, sur la Bible, sur la théologie. Mais il y a une chose que je ne peux pas faire : c'est vous ouvrir à la rencontre du Christ, que vous puissiez dire oui à l'amitié avec le Christ. Et cependant, c'est cela être chrétien (là Mgr Jérôme Beau commence à toucher sa croix). C'est vivre cette rencontre et en vivre à chaque instant de sa vie comme étant sa force. La force que vous avez reçue lorsque vous avez reçu le don de l'Esprit Saint lors de votre confirmation. Et c'est la mémoire de ce don de Dieu. L'espérance ne trompe pas, car "l'amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le don de l'Esprit Saint". Vous vous rappelez de votre confirmation et donc vous vous rappelez comment cette confirmation a été le don de Dieu comme une force d'espérance dans votre vie. (Rappel de la devise épiscopale de Mgr Beau : "Pour l'espérance du monde"). Cette force d'espérance dont nous parle saint Paul, dans l'épître aux Romains. Oui, l'espérance ne déçoit pas. Mais l'espérance n'est jamais un optimisme béat. L'espérance est la force du courage qui se manifeste dans le don de soi-même. Et peut-être que l'épreuve que de nombreuses nations traversent aujourd'hui à travers la pandémie du Corona Virus, nous rappelle que l'espérance tient au courage du don de soi-même. C'est ce courage-là qu'il faut savoir voir. Le Seigneur dans sa bonté ne vient pas aplanir le chemin de tel façon qu'il n'y ait aucun obstacle. Il nous donne de traverser les obstacles et les épreuves par la seule force qui vient de Dieu : la charité. Car la charité ne nous tromperas jamais. "Si tu savais le don de Dieu…" si tu te laissais aimer par Dieu, alors tu aurais la force de témoigner et de traverser les réalités les plus fortes, les plus grandes épreuves, par la puissance de l'amour et de la miséricorde de Dieu. »
J'invite tous les diocésains à faire une Neuvaine à Notre-Dame de Lourdes dans les églises de chaque village, même et surtout s'ils sont seuls, à ouvrir chaque église.
« C'est peut-être cela la force qu'il faut pour les chrétiens de France aujourd'hui : la force de ne pas oublier que le Salut passe aussi par la prière. J'invite tous les diocésains (du Berry) à faire du 17 au 25 mars (Annonciation) une Neuvaine à Notre-Dame de Lourdes et à le faire dans les églises de chaque village, même et surtout s'ils sont seuls, à ouvrir chaque église, chaque jour du 17 au 25 mars, à 15h30, pour prier le chapelet, Notre Dame de Lourdes : à la fois pour tous ceux qui sont malades, pour le personnel soignant, et pour éradiquer ce virus Covid-19, pour nous, évidemment, pour la France et pour le monde. Nous pouvons faire confiance à Notre Dame de Lourdes : c'est une bonne Mère, elle entend notre prière, et elle sait la transmettre au Fils qui la dit au Père. Si nous avons la foi, la force de la prière pourra toujours nous aider. »
Monseigneur Jérôme Beau
Archevêque du Diocèse de Bourges
(24'20" à 27' sur la vidéo)Rejoignez les Priants des Campagnes
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Le miracle, c'est la prière ! Appel aux Priants des Campagnes - Église rurale
L e m i r a c l e, c ' e s t l a p r i è r e !
Écoute de l'émission sur Radio Notre Dame
Ecclesia Magazine invite Priants des CampagnesNous assistons avec tristesse à la disparition de lieux de cultes, parcelles ostentatoires de notre patrimoine cultuel et culturel : ici, une église est désaffectée ; là, transformée en musée ; là encore, abandonnée aux ravages des intempéries, quand ce n’est pas la pelle du bulldozer qui la met à bas. Ne sommes-nous pas, nous catholiques, en particulier ceux résidant dans nos campagnes et nos petites villes, responsables de la disparition des églises ? Ne condamnons pas trop vite les élus qui refusent de les entretenir, quand elles ne sont ouvertes qu’une fois par an, devenant le reste de l’année les tombeaux poussiéreux d’une foi populaire morte. Je rêve alors que ces églises retrouvent leur vocation de Lieu de prière (« La maison de mon Père est une maison de prière »). Elles retrouveront cette vocation par l’audace, le courage de quelques-uns, convaincus que la prière en commun est un des piliers de la demande d’intercession ou de louange avec la prière personnelle. N’est-il pas possible de voir filtrer pendant quelques minutes, une fois par semaine, la lumière à travers leurs vitraux, de faire entendre, à celui qui passerait sous leurs murs, les intonations priantes ou les paroles d’un « Je vous salue Marie » ? En outre, quelques tintements de cloches ne pourraient-ils pas porter aux alentours le message suivant : « Des catholiques prient dans leur église » ? Dans tel ou tel village de 200 habitants, n’y aurait-il un matin ou un soir que 20 priants dans l’église, cela suffirait pour faire entendre nos prières. Y en aurait-il que 10, ce serait assez pour témoigner de notre foi. Y en aurait-il que 5, c’est encore assez. Y en aurait-il que 2, fidèles parmi les fidèles, cela suffirait à Dieu, car « Là où deux ou trois sont assemblés en Mon nom, Je suis au milieu d’eux ». C’est assez pour redonner vie, aux yeux du monde, à cette maison de prière et témoigner qu’elle est un lieu privilégié de rencontre et de dialogue avec Dieu. Point n’est besoin de clercs pour rouvrir nos églises ; le laïc y entre de plein droit. Personne ne nous en chasse. C’est nous, catholiques, qui la désertons, par notre tiédeur, notre manque de courage, la peur de nous montrer, et par l’alibi, parfois justifié, des contraintes de la vie quotidienne. Oui, je rêve de voir nos églises de campagne devenir les multiples chapelles dispersées d’un monastère immense, sans clôture, celui des hommes et des femmes de toutes conditions qui y prieront quelques minutes par jour ou par semaine. Cette démarche de foi d’un petit nombre, véritable levain dans la pâte, vaudra sans doute témoignage plus fécond que la grand’messe annuelle, dédiée au Saint de la contrée. Alors, si nos églises sont habitées, je dirais même éclairées, fréquemment par la prière, alors seulement nous pourrons dire à nos élus : « Ne touchez pas à mon église, nous ne pouvons vivre sans elle, car c’est en ce lieu que monte notre prière commune à Celui qui est venu pour le salut de tous les peuples ». Quant à l’argent nécessaire pour leur entretien, j’ose dire qu’il nous sera donné par surcroît. Non pas qu’il tombera du ciel, mais que la nécessité d’une participation financière des catholiques de notre pays à la conservation de lieux de cultes s’imposera. Les modes de collecte associatifs, développés ici et là avec succès, apportent la preuve que les chrétiens savent et sauront réserver à cette grande cause de sauvegarde de notre patrimoine religieux une part de leurs biens matériels. Catholiques fervents des campagnes, osez ouvrir vos églises pour y prier, soyez les visibles Priants des campagnes ; votre témoignage touchera les cœurs, parfois même les plus endurcis, et votre présence fréquente et priante en ces lieux sera la cause première de la sauvegarde de nos églises. Une église où l’on prie est une lumière qui brille dans les ténèbres du monde.
Philippe de La Mettrie
Novembre 2013
www.priantsdescampagnes.orgSi vous voulez rejoindre l'association, écrivez à :
priantsdescampagnes@gmail.com : nom, prénom, département, paroisseÀ diffuser largement car notre nombre peut être déterminant pour la sauvegarde d’une église ou chapelle.
Téléchargez, Imprimez, Photocopiez & Déposez dans votre église :
l'Appel aux Priants des Campagnes & le Bulletin d'Adhésion à l'association,
ici : 1 page A4 horizontale.Les 2 photographies : Saint-Martin de Sury-ès-Bois (18)
Exemple d'église fermée pendant 10 ans pour travaux
et réhabilitée au culte, en avril 2014, par l'archevêque de Bourges,
par la célébration eucharistique.Retrouvez cet article dans la sous-page de la page enrichie :
Adoration Saint Martin -
St P-J. Eymard, Apôtre de l'Eucharistie - Écoute dans la nuit - 19 avril 2018 (Podcast)
St Pierre-Julien Eymard, L'Apôtre de l'Eucharistie
Jean-Marie Marçais de Écoute dans la nuit invite :
— le Père du Saint-Sacrement André GUITTON, biographe du saint, Chapelle Corpus Christi Paris 8
— le Père du Saint-Sacrement Brel DAOUDA, supérieur régional du Congo Brazzaville
— Sœur Teresa HONG, supérieure des Servantes du Saint-Sacrement, Chapelle Notre-Dame du Saint-Sacrement, Paris 16
— Sandrine TREUILLARD, responsable de la Fraternité Eucharistique, Agrégation du Saint-Sacrement, Chapelle Corpus Christi Paris 8
Merci à Gino Testa, des Groupes de prières Padre Pio de Paris, à l'initiative duquel cette émission a été réalisée. -
L'adoration eucharistique assume toute ma chair et ma psychologie pour la tourner vers Dieu
Enseignement par le Père Nicolas Buttet, fondateur de la Fraternité Eucharistein, pendant le Congrès sur l'Adoration Eucharistique, Adoratio 2017, avec pour thème "Adorer au Cœur du Monde".
Première réflexions introductives. D’abord, on a beaucoup de confusion entre la santé et le salut. Finalement ce que nous désirons profondément c’est être sauvés, c’est la vie éternelle. Et puis, on a reporté aujourd’hui, un petit peu, sur la santé la quête de vie éternelle. Il y a une sorte d’obsession de la santé et une sorte de désaffection pour l’idée du salut, de la rédemption, de la vie éternelle, de sorte que, finalement, on estime plus important parfois la santé que le salut. Il ne faut pas opposer l’un à l’autre. Dans le livre des Chroniques on nous dit que Asa eut les pieds malades, une maladie très grave, et même alors il n’a pas recourt dans sa maladie au Seigneur, mais aux médecins seulement. Il ne va pas chez le Seigneur, il est malade, ça ne va pas bien du tout et il ne va pas chez le Seigneur. C’est quand même terrible. Et puis, inversement, dans l’Évangile de saint Marc, on nous parle de cette femme atteinte d’hémorragies et elle avait beaucoup souffert de nombreux médecins et elle avait dépensé tout son avoir sans aucun profit, même que ça allait pire après, qu’avant. Elle va vers Jésus et elle va être guérie. Alors, pour la petite histoire, saint Luc ne parle pas qu’elle avait souffert des médecins. Comme il était toubib lui-même, il ne voulait pas d’ennui avec la profession, il dit juste que c’était compliqué pour elle. Donc, on se rend compte que, tout d’un coup, on a une frontière un peu particulière et saint Augustin nous dira : « Quelques fois le médecin se trompe en promettant au malade la santé du corps. Dieu te donne, à toi qu’il a fait, une guérison certaine et gratuite. Le Christ est à la fois le médecin des corps et des âmes. Dieu guérit parfaitement toute maladie, mais Il ne guérit pas sans le malade. » Première remarque dans cette relation santé/salut qu’il s’agit de bien intégrer.
Deuxième remarque : Est-ce que le malade doit être guérit dans la Bible ? Comme être vivant ou mort, ce n’est pas tout à fait ce qu’on croit. Évidemment la frontière ne passe pas entre une santé physique ou psychique et une maladie physique ou psychique. Elle passe entre être avec Dieu ou être sans Dieu. Quand quelqu’un est avec Dieu, même s’il est malade il est en bonne santé, quelque part. Quand quelqu’un est mort avec Dieu, Dieu lui parle. Á Lazare, vous imaginez !, le frère de Marie-Madeleine. Ça fait quatre jours qu’il est au tombeau, ça sent déjà mauvais et Jésus lui dit : « Sors ! ». On ne parle pas aux morts ! Alors que, à Hérode qui vient lui poser des questions à sa Passion, il ne répond pas parce qu’il est déjà mort dans le cœur. Il y a des vivants qui sont morts, il y a des morts qui sont vivants. Et finalement la frontière n’est pas tout à fait là où on pense qu’elle est. Finalement, au cœur de tout ça, c’est la présence de Jésus. Quand Mère Teresa était malade à l’hôpital, pour une nouvelle crise cardiaque qu’elle venait de faire, le médecin hindou dit au prêtre qui était à côté de Mère Teresa : « Père, allez vite chercher la petite boîte ! ». Le prêtre dit : « La boîte de médicaments ? Quel médicament ? Quelle boîte ? ». « Mais non ! La petite boîte qu’ils apportent et qu’ils mettent dans sa chambre. Quand la boîte est là, Mère Teresa la regarde tout le temps. Si vous la mettez, l’apportez dans sa chambre, elle sera toute calme. » Le prêtre a compris qu’il s’agissait du Tabernacle, la Présence réelle. Et le médecin rajoute : « Quand cette boîte est là dans sa chambre elle ne fait que regarder, regarder, regarder encore cette boîte. » Et donc Mère Teresa avait la grâce d’avoir la Présence réelle dans sa chambre d’hôpital. Et quelque fois Dieu a des manières assez surprenantes de nous voir. Je prends un exemple : Dans les Actes des Apôtres vous savez qu’il y a cet eunuque éthiopien, premier ministre de la reine d’Éthiopie qui retourne chez lui depuis Jérusalem et qui est en train de lire, seul. Alors, il faut s’imaginer ce qu’est un eunuque. C’est une personne qui ne peut plus avoir d’enfant. Dans la tradition antique la postérité était capitale. C’était une façon d’exister socialement. C’est la seule façon d’exister. C’est une sorte de malédiction de ne pas avoir de descendance. Il avait tout le pouvoir politique qu’il voulait. Il avait la reconnaissance de la reine et des gens qui s’inclinent et lui font des courbettes. Mais fondamentalement son être humain est complètement atrophié et sa suite n’est pas là. Il est en train de lire un texte un peu particulier quand Philippe le rattrape. Ce texte que l’on retrouve dans les Actes des Apôtres et qui est une citation du prophète Isaïe : « Dans son humiliation, ̶ c’est le même mot qui est utilisé en grec pour parler de l’humiliation de Marie : « Il a baissé les yeux sur l’humiliation de sa servante » ̶ son jugement a été levé et sa postérité, qui en parlera ? ». Donc, il a un texte où l’on parle de la postérité. Le type est seul sur son char, il va faire des jours de voyage, et Dieu vient mettre le doigt en plein où il a mal. Ta postérité, qui est-ce qui va en parler, un jour ? Non Seigneur, on ne veut pas de ça, pas de ça ! Ma postérité, c’est mon drame secret. C’est mon infirmité. C’est la question qui me travaille en permanence et quand je suis seul en silence, c’est ça qui me fait mal. « Ta postérité, qui en parlera ? » Et Dieu dit : c’est justement là que je vais te rejoindre. C’est dans cette question-là. Dans cette souffrance-là. Dans ce drame de ta vie. Dans ce qui fait, finalement, la vraie question de ton existence. Tu n’auras pas de postérité. Ton pouvoir c’est bien, ton avoir c’est bien, tout ça c’est bien, mais il y a une chose à côté de laquelle tu es en train de passer. Et Dieu lui dit ça et met le doigt en plein où ça fait mal, pour lui dire c’est là que je te rejoins et c’est là que je vais t’apporter la guérison. Et la guérison ce n’est pas qu’il aura une postérité. La guérison c’est qu’il va être investi par la grâce de Dieu en raison même de cette fêlure et c’est là qu’il va recevoir le baptême que Philippe va lui donner. Vous voyez, quelque part Dieu vient nous rejoindre, et c’est ça l’adoration eucharistique, on en reparlera tout à l’heure…
Troisième remarque : Je crois que l’adoration répond aussi à ce grand appel de Jésus : « Venez à moi vous tous qui peinez et ployez sous le poids du fardeau je vous soulagerai. Mettez-vous à mon école, prenez mon joug, apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur et vous trouverez le soulagement. Oui, mon joug est aisé et mon fardeau léger. » Qu’est-ce que le joug dans la tradition antique et aujourd’hui encore d’ailleurs ? Le joug c’est ce qui permet d’unir deux animaux afin de labourer plus facilement le champ. Le joug n’est pas un fardeau qui pèse, le joug est un moyen d’alléger le travail, de rendre plus facile le travail. Si un bœuf laboure seul le champ, c’est difficile, s’ils sont deux, avec le copain à côté, le pote, avec le joug qui les unit, c’est plus facile. Le joug est une façon d’alléger l’épreuve et la souffrance. Jésus nous invite à venir nous unir et ce joug c’est l’Esprit Saint que Jésus nous donne en permanence au Saint Sacrement. Á sainte Gertrude d’Helphta Jésus disait : « Là, dans l’Eucharistie, dans la généreuse bonté de mon cœur, je guéris les blessures de tous les hommes, je procure le soulagement aux pécheurs, j’enrichis la pauvreté par les dons et les vertus, et je console chacun dans ses épreuves. » Il y a dans cette expérience que là, devant Jésus, je vais pouvoir trouver la guérison. Là, devant Jésus, je vais pouvoir venir déposer mon fardeau pour prendre son joug, c’est-à-dire avoir son secours et son aide qui, joints à ma propre responsabilité, mon propre effort, va me permettre de sortir de cette épreuve dans laquelle je suis plongé. D’être là avec ce cri : « Toi seul, Seigneur, peut me sauver ! » Saint Pierre dira : « Lui-même a porté nos péchés dans son corps, sur le bois, afin que morts à nos péchés nous vivions pour la justice. Par ses blessures nous trouvons la guérison. » Et ce corps du Christ vivant ressuscité mais stigmatisé, on pourrait dire, dans l’humilité de la présence sous l’apparence du pain, est un lieu permanent de perfusion de l’Esprit Saint et de perfusion de la vie divine par nos propres fêlures qui passent par ses propres fêlures à Lui.
Un dernier point, quand même : Guérir ou soigner ? Un médecin ne peut pas guérir, il ne peut que soigner. Tout thérapeute ne peut que soigner. Il ne peut pas guérir. La guérison est un processus propre du corps, un processus qui ne peut revenir qu’à Dieu seul, quelque part. On peut faire en sorte que le corps aille mieux par une certaine thérapie, mais le processus de guérison est impossible. Il se fait par la dynamique propre de la vie qui m’habite. Dieu seul est capable de guérir. Un médecin peut soigner. Un thérapeute peut soigner. Mais Dieu seul peut guérir. Il n’y a pas de guérison en dehors de Dieu. On peut soigner, on peut « care » disent les anglais, on peut prendre soin, mais on ne peut pas guérir fondamentalement, puisque le processus de guérison ne dépend pas des médicaments ou de la thérapie, il dépend du processus propre, de dynamiques soit du corps, soit de la psychologie de la personne. Tous les thérapeutes en psychologie, en psychiatrie, savent bien que finalement s’il n’y a pas une collaboration de la personne, un oui de la personne, il n’y a pas de processus de guérison possible. Ultimement, c’est cet acquiescement de la personne qui va amener à ça.
Déjà les juifs avaient compris que tout ce mystère se jouait autour du pain, puisqu’il y avait un pain particulier, un pain azyme, la matsa shemoura, qui était un pain extrêmement important. « Matsa » c’est le pain azyme, « shemoura » veut dire surveiller. On surveillait attentivement toute la fabrication et toute la cuisson et puis là, autour… Ce pain était servi dans le remake, ou l’after de Pâque et on dit que c’était le pain de la foi et de la guérison. Déjà dans la tradition juive on avait l’idée qu’autour du pain de la foi se jouait la guérison.
Donc Jésus est présent, Jésus est là, il est présent partout, c’est sûr… Un jour on demandait à une classe d’enfants : « Où est Jésus ? » « - Dans mon cœur ! » Un autre dit : « Á l’église, au Tabernacle ! » « - Oui, très bien ! » « - Au milieu de nous, quand deux ou trois sont réunis en son nom ! » « Très bien ! » « - Moi monsieur, moi monsieur, j’sais ! » « - Il est où ? » « - Á la salle de bain ! » « - Á la salle de bain ! ?? Pourquoi tu dis ça ? » « Ben, chaque matin quand maman fait sa toilette et que papa est devant la porte il tape, il tape et il dit : « Bon Dieu ! T’es encore là ! ». Non, Dieu n’est pas étranger à nos vies, mais il y a un lieu dans lequel Il veut être, corporellement présent et c’est ça qui change tout, corporellement présent, c’est au Saint Sacrement. Il est là réellement, spirituellement et corporellement. Charnellement présent, réellement présent.
Alors, j’aimerais voir quatre aspects, rapidement. Le premier aspect est un aspect plus théologique : Comment l’Eucharistie devient un lieu de guérison. Deuxièmement un aspect plus anthropologique, humain : Comment l’Eucharistie est un lieu de guérison très personnel, très concret. Troisièmement : Comment l’Eucharistie peut être une guérison politique, économique, cosmique, si j’ose dire. Et dernièrement : Comment l’Eucharistie est déjà une préfiguration de la guérison ultime qu’est la parousie, la venue en gloire du Christ.
Le premier point. Comment l’adoration eucharistique est au cœur du drame de l’humanité. Le drame de l’humanité c’est le péché. La folie d’amour de Dieu c’est la création, c’est la rédemption qui va s’en suivre, bien sûr, mais le drame, c’est le péché. Et le péché, nous dit saint Thomas d’Aquin, c’est se détourner de Dieu pour se tourner vers la créature. C’est ce mouvement fou de l’homme qui préfère la créature au Créateur. Ou qui n’aime pas les créatures sous le regard du Créateur. Parce qu’il ne s’agit pas de rejeter la créature mais de voir les créatures en tant que don du Créateur et de voir le Créateur toujours là en premier. Comme dit le vieux proverbe chinois : « Quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt. » Ou alors, dans une classe, on demande : Mais d’où vient le lait ? Et un enfant dit du berlingot, de la brique. Oui, c’est vrai, mais il y a peut-être une vache derrière… Donc, nous sommes un peu bloqués sur les créatures sans voir qu’il y a un Créateur derrière. Alors, l’adoration va se mettre là : quand nous nous mettons en adoration, nous proclamons la source, nous proclamons Dieu. Nous renversons ce mouvement du péché qui est de préférer la créature au Créateur pour dire que je préfère le Créateur et le Rédempteur à la créature. Je viens affirmer de manière profonde et forte que le Créateur est au cœur de ma vie, de mon existence. Le péché me replie sur moi-même, l’adoration, disait le pape Benoît XVI, est une extase, une sortie de soi, là où les yeux m’amènent. Il y a un grand guide de montagne, René Desmaison, qui répondait à pourquoi vous êtes monté sur des montagnes, à faire des choses folles ? Il disait : « Je voulais marcher là où mes yeux me portaient. » Je voulais poser mes pieds là où mes yeux m’avaient attiré. Eh bien, voyez-vous, l’adoration, c’est ça : je regarde Jésus. Et je veux être là où est celui que je contemple. Je suis en extase de moi-même qui me met en exode de moi-même. Benoît XVI va dire : « L’extase initiale se traduit dans un pèlerinage, un exode permanent allant du je enfermé sur lui-même vers sa libération dans le don de soi. Et précisément ainsi vers la découverte de soi, plus encore, vers la découverte de Dieu. » Donc de l’exode à l’extase. Et de l’extase à l’exode. Je sors de moi, je suis en sortie de moi vers ce Dieu. Ça c’est le renversement du mouvement du péché. Le péché. Le péché me replie sur moi-même, me replie sur mon ego, m’enferme en moi-même dans l’enfermement, ̶ et dans enfermement il y a l’enfer aussi, vous voyez, une fermeture totale. Ça c’est le drame qui peut s’exprimer de manière spirituelle, de manière psychique, psychologique, de manière égoïste, pécamineuse, sans souci de l’autre et Dieu va briser ce mouvement pour me mettre hors de moi. Le pape François disait : « C’est dans le don de soi, dans le fait de sortir de soi-même que se trouve la véritable joie et que par l’amour de Dieu, le Christ, lui, a vaincu le mal. » Même des gens comme Boris Cyrulnik, psychiatre athée, d’origine juive, qui dit, mais écoutez : « La seule guérison possible dans les grands traumatismes c’est de sortir de soi et de regarder à l’extérieur. » Ce que le bon sens a compris, l’Eucharistie nous permet de le vivre, l’adoration eucharistique nous permet de le vivre. Sortir dans un exode qui nous tourne vers le Rédempteur qui est là, qui lui-même nous envoie vers les plaies de nos frères et sœurs. Un petit enfant disait un jour : « Cher Dieu, ça doit être difficile pour toi d’aimer toutes les personnes du monde. Il n’y en a que quatre dans notre famille et je n’y arrive jamais ! » Dieu nous amène à partir de cette extase vers Lui dans un exode et de l’exode vers Lui, un mouvement, se mettre en route, sortir de ma terre pour aller vers la terre de Dieu, sa terre charnelle qui est Présence au Saint Sacrement, et de là, aller vers la chair de mes frères et sœurs souffrants pour semer cet amour que Lui-même me donne.
Deuxième aspect important, théologique : Vous savez que l’on dit que l’Eucharistie est la prolongation de l’action de grâce pour la communion et la préparation dans le désir de la communion suivante. Ce qui est vrai théologiquement. Mais Benoît XVI avait souligné un aspect très important. Il disait déjà que, d’un point de vue naturel, l’homme est appelé à vivre dans la justice, qui est une vertu, et la justice consiste à rendre à chacun ce qui lui est dû. Or, il y a un premier élément constitutif de la vertu de justice, qui s’appelle la vertu de religion. D’un point de vue philosophique les grecs en ont parlé quatre siècles avant Jésus-Christ, soit cinq siècles, même, qui consiste à rendre à Dieu un culte d’adoration, d’action de grâce et de louange car il est la source de tout bien et à cette hauteur de tous les biens, on va lui rendre l’adoration, l’action de grâce et la louange qui lui est due. Eh bien voyez-vous, l’adoration eucharistique permet de remplir ce devoir fondamental de l’être humain à l’égard de son Dieu Créateur, de lui rendre ce qui lui est dû : l’adoration, la louange et l’action de grâce. De sorte que Benoît XVI pouvait même dire que, quelque part, avant même, du point de vue non pas de l’ordre chronologique, où l’Eucharistie, la messe, précède l’adoration, mais du point de vue de l’excellence, l’adoration précède encore tout. Et l’adoration est l’accomplissement du devoir premier du cœur de l’homme, en justice. Et je crois que c’est important de revenir à cela.
Saint Augustin disait que « personne ne mange cette chair sans auparavant l’avoir adorée. Nous pécherions si nous ne l’adorions pas. » Alors lui il l’entendait de manière très concrète puisqu’on communiait dans la main. On va recevoir le corps du Christ, on va L’adorer avant de Le porter à sa bouche. C’est ce que disait saint Augustin dans cette façon de faire. Mais profondément, cite Benoît XVI, il va faire précéder dans l’ordre de l’excellence l’adoration par rapport au reste pour montrer que c’est le premier devoir de l’être humain, en justice, que de dire : « Mais Dieu, Tu es mon Seigneur et mon Tout ! » Et donc de s’amener vers la gratitude et l’action de grâce, de dire merci. De dire merci à Dieu. C’est le mot efcharisto. Eucharistie ça veut dire merci. C’est l’attitude de l’homme qui dit merci, tout bien vient de Toi. L’ingratitude, l’acharistia en grec, est une catastrophe. Et l’eucharistia est le chemin de la délivrance. Même psychologiquement, aussi aujourd’hui. On se rend compte que la chose la plus importante pour vivre, dans la psychologie positive, c’est de dire merci, d’être dans l’action de grâce. Ceux qui rouspètent tout le temps, ceux qui marmonnent tout le temps, ceux qui sont dans la plainte tout le temps, dans le murmure, eh bien, c’est une tragédie. Le peuple hébreu quand il a commencé à murmurer, plutôt que de traverser le désert en quarante jours a mis quarante ans. Ce n’est pas très agréable, ça fait un peu plus long, vous voyez. Refusant l’eucharistie, ils sont enfermés dans l’acharistia et donc se sont retrouvés dans cette tragédie du murmure perpétuel. Eh bien, l’adoration eucharistique nous sort et nous disons : « Merci à toi Jésus, Gloire à Toi, Gloire à Toi ! » Donc, de sorte qu’à l’adoration on ne commence pas par soi mais on commence par le Christ : Ô Jésus, Toi, Toi, Toi… Vous voyez, ce mouvement de sortie de soi. Il y a un très beau conte soufi de la tradition mystique musulmane : c’est un fiancé qui rentre d’un long voyage et il se réjouit de rencontrer sa fiancée. Il frappe à la porte et la voix aimée à l’intérieur dit : « Mais qui est-ce ? » Il dit : « C’est moi, je suis ton fiancé, ça y est, je suis revenu ! C’est moi ! » La porte ne s’ouvre pas. Il se dit : « Mais ce n’est pas possible ! Elle n’a pas pu m’oublier, elle n’a pas pu m’abandonner… » Alors, il va dans le désert, il prie, il réfléchit, il jeûne. Il revient quelques jours plus tard, il frappe à la porte. La même voix aimée, dedans, dit : « Qui est-ce ? » Il dit : « C’est moi, je suis ton bien-aimé, je suis ton fiancé, je suis revenu du long voyage. Ouvre-moi ! » Et la porte ne s’ouvre pas. Alors il repart dans le désert, il prie, il jeûne, il réfléchit et il revient. Une troisième fois il frappe à la porte. La même voix aimée : « Mais qui est-ce ? » Á ce moment-là il va dire : « C’est toi, ma bien-aimée, c’est toi ! » Et la porte s’ouvre. Vous voyez, l’adoration eucharistique nous fait passer du moi à toi. Un philosophe juif et poète à sa manière, Martin Buber, a fait un poème extraordinaire. Du, qui veut dire en allemand toi. En haut Toi, en bas Toi, à gauche Toi, au-dessus Toi, dans le malheur Toi, dans la joie Toi, Toi, Toi, Toi, rien que Toi, uniquement Toi. Eh bien l’adoration c’est ça, voyez-vous… Je passe du je au Toi.
Peut-être un autre point très important dans l’adoration eucharistique, que j’aimerais soulever… Saint Thomas d’Aquin nous dit qu’il y a deux drames qui rongent le cœur de l’homme. C’est la présomption et le désespoir. La présomption c’est croire qu’on peut faire par nous-même les choses. Et le désespoir, c’est se retrouver dans cette pauvreté, cette vulnérabilité où on ne sait plus où donner de la tête, jusqu’à la dépression. Et saint Thomas d’Aquin dit que la présomption et le désespoir sont les deux péchés contre la vertu d’espérance. Ah, c’est intéressant, la vertu d’espérance ! Et l’espérance, dit-il, se nourrit de la prière. Et la prière en particulier du Notre Père qui es au cieux. Or, saint Paul nous dit que personne ne peut dire Abba, Père, sans la puissance de l’Esprit Saint. Or, il se trouve une chose incroyable : l’Eucharistie est justement le lieu de la pentecôte perpétuelle. Saint Jean Chrysostome, un père de l’Église, disait que, à l’origine, la Pentecôte n’était pas qu’un fait initial, c’était un mouvement qui avait été inauguré une fois et que Dieu ne cessait pas de donner l’Esprit Saint, et que l’Esprit Saint est un jaillissement permanent du Cœur eucharistique de Jésus. Il y a deux Pentecôte, on les connaît tous : celle de saint Luc dans les Actes des Apôtres cinquante jours après Pâque, où une flamme arrive, où l’Esprit Saint arrive, de grands signes et de grands phénomènes, avec les flammes sur la tête des apôtres. Ils sortent, Pierre fait un sermon et trois mille conversions. Un ami prêtre m’a dit un jour : « Tu te rends compte ! Un sermon, trois mille conversions ! Moi, trois mille sermons et pas une conversion ! » Je dis : « Non… Le Seigneur travaille quand même, pas de souci ! » Voilà. Et il y a une Pentecôte dont on parle moins, c’est la Pentecôte de saint Jean. Saint Jean ne situe pas la Pentecôte de la même manière que saint Luc, mais pour Jean la Pentecôte est immédiatement à la Croix. Au dernier jour de la fête de Soukkot, la fête des Tentes, où le peuple juif vivait sous des tentes en dehors de leur maison, rappelant le séjour au désert, le dernier jour il y avait un rite particulier où le grand prêtre descendait à la fontaine de Siloé, qui était la seule fontaine jaillissante d’eau vie à Jérusalem. Le reste c’était des puits. Il allait chercher l’eau vive, l’amenait sur l’autel du Temple pour verser l’eau en offrande. Et à ce moment-là, dans une acclamation, ̶ le commentaire du Talmud dit qui n’a pas vu la joie de la fête de l’eau qui clôt la fête des Tentes ne peut pas connaître la joie. C’était l’apothéose de la joie. Et Jésus crie à ce moment-là : « Si quelqu’un a soif qu’il vienne à moi, car il est écrit de son sein jaillira l’eau vive. Il parlait de l’Esprit Saint qui jaillirait de son côté, à sa glorification », c’est-à-dire au moment de la Pâque. Donc, pour saint Jean le Cœur ouvert du Christ est la Pentecôte. Or, le Cœur du Christ ne cesse de palpiter au Saint Sacrement. Et l’Esprit Saint ne cesse d’être donné. De sorte que, en l’adoration eucharistique, Dieu vient me libérer de la présomption et du désespoir. Qui suis-je pour, pardonnez-moi l’expression un peu directe, me la péter devant le Bon Dieu, au Saint Sacrement ? Qui suis-je pour avoir quelque sentiment d’orgueil devant Jésus au Saint Sacrement ? Lui, le Tout-puissant s’est fait dans une telle vulnérabilité, sous l’apparence d’un bout de pain inerte, et c’est Dieu qui est là. Et en même temps qui suis-je pour désespérer, puisque la grâce m’est donnée. Puisqu’Il s’est revêtu de mon humanité, Il a pris l’humilité de descendre et vient aux tréfonds me rechercher et m’empoigner. On a accueilli une fille chez nous qui avait fait cinq tentatives de suicides, des violences extrêmes, la drogue depuis douze ans, son copain était un dealer qui s’est fait assassiné, dans la rue comme ça… Enfin voilà, c’était vraiment un truc incroyable. Et quand elle a débarqué chez nous, elle était en hôpital psychiatrique juste avant. Elle avait fracassé l’infirmière qui était venue lui faire une piqûre de calmants, du coup l’infirmière avait dû être hospitalisée pour coups et blessures. Elle avait quinze ans, on ne savait plus que faire d’elle. Alors on l’a amenée chez nous. Un jour elle a pété les plombs, c’était horrible. Et puis elle me dit : « J’me casse ! » J’dis : « Écoute, de toute façon il n’y a plus personne qui peut te supporter ici, donc… Mais avant, on cause. » Et puis elle me dit : « J’ai pas envie de parler avec toi, tu dégages, connard ! » Très bien. Alors j’dis : « Mais on cause. » Alors je la poursuis, j’arrive à la chambre, elle m’envoie la porte à la figure, je bloque la porte. Je dis : « Écoute, j’ai dit qu’on causait ! » Elle me dit : « T’as pas l’droit de rentrer ici ! » J’dis : « Écoute, c’est ni chez toi, ni chez moi, c’est chez le Bon Dieu, donc on est chez le Bon Dieu tous les deux. » Elle commence à faire sa valise. Á ce moment-là je ferme la valise, je m’assieds dessus, j’dis : « J’t’ai dit qu’on causait avant que tu te casses, quoi ! » Et là, elle vient vers moi avec le poing comme ça, vous savez… Alors j’enlève vite mes lunettes parce que j’me dis qu’il vaut mieux un œil au beurre noir qu’un œil crevé. Et elle s’arrête à ça de moi avec le poing ! J’étais très content, d’ailleurs. Et elle me dit : « Mais pourquoi je suis comme ça, Nicolas ? » « Ah !, j’dis, ça c’est une très bonne question, assied-toi. » On a passé un long moment à discuter, et puis à la fin, elle me dit : « J’fais quoi, maintenant ? » « Si tu veux t’casser, tu veux t’casser… Á moins que tu aies une autre idée, maintenant. » « Tu veux que j’aille où ? » J’dis : « J’suis tout à fait d’accord avec toi, à part la rue, tu n’as rien. » Elle me dit : « Tu m’gardes encore ici ? » J’dis : « Ouais ! Mais à une condition. C’est que quand tu pètes les plombs, tu vas à la chapelle. » Elle me dit : « Non ! mais moi je n’y crois pas à ton machin de Jésus, avec ton machin blanc, là ! J’y crois rien ! » J’dis : « C’est pas ça que je t’ai dit. Je t’ai dit : Il n’y en a qu’un seul qui te supporte ici, c’est Jésus. Et la chapelle est insonorisée. Et il n’y a personne qui te supporte, par ailleurs. Donc, quand tu as envie de péter les plombs, tu vas chez Jésus péter les plombs. D’abord on n’entend pas, ensuite c’est Lui qui te supportera. » Et elle faisait ça très gentiment d’ailleurs, par obéissance. Et un jour, elle sortait de la chapelle, je la vois arriver. Je passais juste devant la chapelle à ce moment-là, c’est vraiment providentiel et elle me dit : « Aïe ! Aïe ! Nicolas ! » J’dis : « Quoi ? » « - Le cœur !... » J’dis : « Saute dans la voiture, on part à l’hôpital tout de suite ! » Je me suis dit, avec toutes les substances qu’elle a prises, le cœur est en train de… Elle dit : « Non, c’est pas ça, c’est l’amour de Jésus ! » « Ah, j’dis, c’est bon ! » Elle me dit : « Tu vois, j’ai dit à Jésus : Tu as une heure, montre suisse en main, tu as une heure pour me dire si tu existes ou pas. Soit tu existes et tu fais quelque chose, soit, s’il n’y a pas de réponse, je vais me suicider. Peut-être, si tu existes, on se retrouvera de l’autre côté. Mais moi je ne supporte plus la vie comme ça. » Elle s’est mise à genoux, une heure montre en main. Après une heure, elle s’est levée et elle a dit : « Tu n’m’as rien dit. Peut-être qu’on se reverra de l’autre côté, si tu existes. » Et à ce moment-là elle me dit : « Je ne sais pas ce qui s’est passé Nicolas, j’ai senti mon cœur brûler, je me suis effondrée au pied du… Elle était à ça de Jésus ! Á ça de l’ostensoir, au bord de l’autel, comme ça ! Elle a dit : « J’l’ai pas quitté des yeux, hein ! J’te lâche pas ! J’te lâche pas les baskets ! » Elle m’a dit : « J’me suis effondrée là, je sors maintenant de la chapelle. Il m’a dit qu’Il existait et qu’Il m’aimait. » Elle avait des médocs à n’en plus finir. On a fait le pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle. Elle a fait un chemin comme ça. Bref, elle a fait son Bac, elle a terminé son Master en Sciences Po, croyante et tout… Avec cette expérience du Christ qui vient sauver, qui vient regarder. Tout d’un coup, entre la présomption et le désespoir, il y a le cœur de l’enfant de Dieu qui nous est restitué par l’effusion de l’Esprit Saint jaillissant du Cœur eucharistique du Christ. De sorte qu’il y a cette Pentecôte permanente qui est là, et qui fait que tout d’un coup je peux venir à ce Cœur miséricordieux.
Á sainte Faustine Jésus disait : « Tu vois, mon enfant, ce que tu es par toi-même, la cause de tes échecs, c’est que tu comptes trop sur toi et que tu t’appuies trop peu sur moi. Mais que cela ne t’attriste pas outre mesure, je suis le Dieu de la Miséricorde, ta misère ne saurait épuiser mon Amour, puisque je n’ai pas limité le nombre de mes pardons. Sache, mon enfant, que les plus grands obstacles à la sainteté sont le découragement et l’inquiétude. Toutes les tentations réunies ne devraient pas, même un instant, troubler la tranquillité intérieure. Quant à l’irritabilité et au découragement, ce sont les fruits de ton amour propre. » Le diagnostic est clair, c’est bien, on sait où on en est.
Une autre chose fondamentale dans l’adoration eucharistique c’est qu’on a le choix entre adorer et idolâtrer. Le cœur de l’homme est ainsi fait qu’il ne puisse pas ne pas s’attacher à quelque chose. Qu’il ne puisse pas aller à un endroit où le sens de sa vie prend source, où il s’accroche. L’athéisme comme tel est impossible. J’aurais de toute façon une idole à la place de Dieu. Je peux être athée d’un certain Dieu, du Dieu de Jésus-Christ, je peux être athée d’un autre Dieu, peu importe… Mais je ne peux pas vivre d’un athéisme. J’aurais nécessairement quelque chose qui tient lieu : mon travail, mon sport, ma littérature, ma science, mon art, une personne, mon moi, mon ego… bref, quelqu’un tiendra lieu de Dieu qui remplira cette tâche dans mon existence. C’est subtil, parfois… Un petit enfant de cinq ans : « Maman, t’aimes mieux qui le plus au monde ? – Mais mon p’tit chou ! tu sais bien que je te préfère à tout ! – Ah, c’est là le problème, alors, maman. » C’est que tu n’as pas quelqu’un devant, qui est là et qui pourrait dire : eh bien, oui, c’est parce que j’aime Dieu en premier que je peux t’aimer toujours mieux. Donc l’idolâtrie sera toujours là et Benoît XVI disait : Enfin, avec Jésus au Saint Sacrement, on a quelqu’un devant qui plier le genou : « Celui qui plie le genou devant l’Eucharistie fait une profession de liberté. Il ne pourra plus jamais plier le genou devant quelque idole que ce soit. » Je suis libre quand je plie le genou devant Dieu, quand je m’agenouille devant le Seigneur et Sauveur, quand je me prosterne devant l’unique Seigneur. Ce geste d’adoration devient une contestation révolutionnaire face à notre monde des idoles. Adorer le Saint Sacrement, répandre l’adoration sur la terre entière devient la plus grande contestation révolutionnaire mais dans un sens prophétique et positif du terme de la révolution. Non pas dans un sens destructeur mais au contraire dans la proclamation d’un nouvel ordre du monde qui est un peu déboussolé, qui est un peu désorienté. Un monde qui a perdu l’Orient devient désastré. Il a perdu l’astre. Et c’est une catastrophe. Replier le genou devant celui qui est le Soleil levant qui porte en ses rayons notre guérison, le Christ, Soleil levant, c’est se tourner vers l’Orient, c’est réorienter le cœur de l’homme et le monde et retrouver l’astre du matin qui vient illuminer notre monde. Voilà. C’est ce renversement qui s’opère comme ça. Et je pense qu’il y a une profession de foi prophétique par l’adoration permanente du Saint Sacrement. Un jour à Lyon, un jeune qu’on avait accueilli qui s’était converti et qui allait être confirmé. Il avait invité à la fois des amis de la paroisse, des cathos bien engagés et ses amis du travail qui était athées, musulmans… Á la fin, il m’a dit : « Il faudrait que tu parles… Un petit mot comme ça, devant tout le monde… » J’dis : « Écoute, j’peux pas parler aux gens de ta paroisse de l’Emmanuel de la même manière que je vais parler à un musulman, ou à un athée… Enfin, c’est pas possible ! » Il fait : « Débrouille-toi, ça c’est ton problème, c’est pas le mien ! » C’était un hall de gymnastique, il avait mis une croix quelque part et il y avait un petit pique-nique, là, un petit buffet. Et puis… j’étais tellement perdu que je me suis prosterné devant la croix en mettant le front par terre et disant : « Jésus ! il n’y a plus que Toi qui peut me dire ce qu’il faut dire. » Je me relève. Je raconte, je ne sais pas ce que j’ai raconté… Á la fin, un monsieur vient me voir et me dit : « Voilà… j’aimerais vous dire que je suis musulman, j’aimerais devenir chrétien. » Je dis : « Ah bon ! Vous y pensez depuis longtemps ? » Il me dit : « Non, depuis tout à l’heure. » Je dis : « Quand ça ? » « Quand vous vous êtes prosterné le front par terre devant la Croix du Christ, comme nous on fait en direction de La Mecque, mais vous devant la Croix du Christ, j’ai su que vous adoriez le vrai Dieu ! » Et deux ans après il a été baptisé à Saint-Jean, à la cathédrale de Lyon. Dieu s’est servi de ce geste que j’avais fait de manière "égoïste", en disant Seigneur, moi je ne sais pas ce qu’il faut dire. Je n’avais aucune intention en posant ce geste. Dieu s’est servi de ce geste qui n’avait aucune intention. Je crois qu’il n’a pas écouté ce que j’ai dit après, il a bien fait d’ailleurs, tellement bouleversé par ce que Dieu lui avait donné, ou ce que l’Esprit Saint lui avait donné, par ce geste d’adoration. Professer le Christ dans l’adoration c’est délivrer l’homme de toutes les idoles.
Peguy disait : « Tous les prosternements du monde ne valent pas le bel agenouillement droit d’un homme libre. Toutes les soumissions, tous les accablements du monde ne valent pas une belle prière bien droite, agenouillée, de ces hommes libres-là. Toutes les soumissions du monde ne valent pas le point d’élancement, bel élancement droit d’une seule invocation d’un libre amour. » C’est bouleversant, ça, voyez… Donc l’adoration est là au cœur du drame de notre humanité pour renverser les choses.
Du point de vue anthropologique, le premier drame de l’humanité, c’est l’orgueil. Quand on est devant le Saint Sacrement exposé, quand on regarde Jésus dans son look du bout de pain, dans son apparence d’un bout de pain, dans cette vulnérabilité-là, vraiment, on est bouleversé. Le Tout-Puissant s’est fait le désarmé. Le Seigneur des armées est devenu le Seigneur désarmé. Désarmé, vulnérable, pauvre. Il ne peut même pas sortir du Tabernacle tout seul. Bon, des fois, il le fait. Avec sainte Faustine, un jour, Il débarque dans sa chambre et Il se pose sur ses mains, et dit : J’en ai marre, ici, il n’y a personne qui m’aime. Il n’y a que toi, donc je quitte cette maison et j’me casse ! Et Faustine négocie, elle dit : Tu ne peux pas Jésus, quand même, non… Il était sorti du Tabernacle, du ciboire, comme ça, et puis Il lui dit, bon, tu m’as convaincu, rapporte-moi au Tabernacle. Elle lui dit non, t’es venu tout seul, tu retournes… Il dit, non, j’y retournerai avec toi. Il lui a fait trois fois le coup comme ça. Trois fois Il lui a dit, non, je ne veux plus rester ici, ça va pas. Et trois fois Faustine dit, mais non, Jésus, écoute… Faut pas faire comme ça, elles sont bien mes sœurs quand même, tu sais… Et donc, elle ramènera trois fois Jésus au Tabernacle. Á part ça, il a besoin des mains du prêtre ou du diacre, pour sortir, être exposé. Benoît XVI dit : « Sa façon d’être Dieu provoque notre façon d’être homme. » C’est prodigieux cette phrase, aussi. Qui es-tu devant ce Dieu pour revendiquer quoi que ce soit ? Au point que Jean-Paul II a pu dire : « La première tâche de la théologie est l’intelligence de cet abaissement de Dieu ̶ qu’on appelle en grec la kénose, en français venant du grec ̶ le Dieu qui se vide de lui-même, vrai et grand mystère pour l’esprit humain. » Dieu s’abaisse jusqu’à la Croix, jusqu’à l’Hostie. « C’est pourtant dans ce mystère de l’abaissement de Dieu que le mystère de l’homme s’éclaire totalement. Le mystère de l’homme ne s’éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné. »
Deuxième point : l’égoïsme et le repliement sur soi. Nous sommes libres mais nous avons tous besoin d’être libérés. Si de manière générale, théologiquement, l’adoration renverse le mouvement du péché, qui est la préférence de la créature pour le Créateur, d’un point de vue très concret, l’adoration me donne ce goût de la liberté, élargit mon espace, élargit mon cœur. Dans la confiance de la présence de Celui qui me regarde et qui m’aime il y a un mouvement de libération qui peut se faire.
Troisième point de ce côté-là : les troubles de l’estime de soi, les maladies du refus de vivre. Vous savez, on est très marqué par rapport à ça : Je ne m’estime pas, je ne vaux rien, je suis nul, c’est n’importe quoi, rien à foutre… C’est une fille que j’avais accueillie, qui avait fait aussi plusieurs tentatives de suicide. Qui était dans un état aussi incroyable. Elle a passé neuf nuits d’adoration. Neuf nuits de 10h du soir à 6h du matin. Sans trop y croire, d’ailleurs. Après ces neuf nuits elle m’a écrit un mot. Elle ne pouvait pas encore parler parce qu’elle était tellement blessée, traumatisée. Je lui avais dit, t’es trop cassée. Il n’y a qu’une chose qui peut te relever c’est te laisser regarder par Jésus. Elle me dit : « Mais j’y crois pas ! » « Ça fait rien, Lui croit en toi. Alors si tu veux passer une nuit d’adoration, je peux accepter. » La première nuit, de 10h du soir à 6h du matin, elle n’a pas bougé. Moi j’avais la tête qui tombait. Elle rien, rien. Je dis : « Tu peux revenir une fois, si tu veux. » Elle me dit : « Je reviens ce soir. » Je dis : « Non, pas toutes les nuits, une nuit sur deux, quand même ! » Et donc, elle a fait les neuf nuits. Elle m’a écrit : « Tu vois, Nicolas, je me trouvais moche, nulle et conne. Et Dieu dans l’adoration m’a dit : « Tu es belle, tu as du prix à mes yeux et je t’aime. » Et j’ai compris que ce qui compte c’est pas ce que moi je pense de moi, même pas ce que mon père pense de moi. ̶ Qui avait dit en psychothérapie systémique : « Tu peux crever, j’en ai rien à faire », ce qui n’était pas son intention profonde, mais dans le désespoir et la souffrance qu’il avait, c’est la seule chose qu’il a pu sortir, mais elle l’a pris en pleine figure, comme une parole vraie. ̶ Et puis, c’est pas ce que pensent les copains de moi. Ce qui compte, c’est ce que Jésus pense de moi. » Et ça a été le chemin de la libération.
On est vraiment aux antipodes, dans les Métamorphoses d’Ovide, avec le mythe de Narcisse. Ovide dit : « Il meurt victime de ses propres yeux. » C’est extraordinaire : à force de regarder là-dedans, il est séduit par lui-même, il meurt victime de son propre regard replié sur lui-même. Nous, nous allons vivre du regard du Christ posé sur nous. Á l’adoration où Jésus est exposé, nous nous exposons à son regard de miséricorde. Jean-Paul II dans la Théologie du corps dit : « L’homme accueille par un regard celle qui lui est donnée. » Il y a toujours un regard qui est là, voyez-vous. Au cœur de ce mystère, il y a ce regard. François Roustang, un thérapeute psychanalyste, disait : « Dans le regard sur ma propre chair, sur ma propre corporéité, sur ma propre sensibilité, j’ai la certitude d’être vivant en tant que tel, d’une pleine évidence telle qu’elle rejette dans l’ombre toutes les modalités de la vie individuelle. Je suis vivant, je suis assuré d’être vivant et cela me donne une fermeté et un aplomb que je n’avais jamais ressenti auparavant. » Pour lui, il le dit de manière psychanalytique athée, c’est-à-dire que le regard de l’autre me sort de mon narcissisme destructeur, de mon renfermement sur ce regard qui me fait mourir, parce qu’il m’enferme sur moi-même, et me met en présence de Celui qui m’extasie, justement, et qui me regarde. Cette parole d’un psychanalyste s’applique dans sa perfection et son excellence à l’adoration eucharistique. Jésus, avec son regard d’amour, il est là, il a ses yeux. J’étais avec un petit enfant, un jour, cinq ans, devant le Saint Sacrement. Il regarde l’Hostie comme ça, il dit : « Jésus, Toi tu ne me vois pas, hein, mais moi je sais que c’est Toi qui es là ! » Alors : « Oui, oui, Il te voit aussi… » Je l’ai trouvé tellement beau… Tu ne me vois pas, mais moi je sais… On est complice. Et le Pape François disait : « Dans l’adoration, j’ai l’expérience que Dieu m’aime. Cette sécurité, personne ne pourra nous l’enlever, personne ne pourra nous l’arracher. Personne. » Dieu est là. C’est juste l’inverse du regard de Sartre. Dans Les mots, Sartre raconte qu’il était dans le salon de la maison familiale. Il avait joué avec des allumettes, il avait mis le feu au tapis. Le tapis a cramé. Il a réussi à éteindre mais il restait les marques et il dit : Dieu m’a vu, j’étais devenu une cible vivante. J’essayais d’échapper à son regard. J’ai été me cacher sous la table du salon, il me voyait toujours. J’étais à la salle de bain, il me voyait toujours. Alors, je me suis mis à jurer comme mon grand-père. Sacré nom de Dieu, de nom de Dieu, de nom de Dieu, tu ne me regarderas plus ! Je n’ai pas immédiatement cru que Dieu n’existait pas, mais je ne voulais plus qu’il me regarde. Vous voyez l’image qu’il avait du regard de Dieu. Le père Fouettard. Je suis athée de ce Dieu-là de Sartre. Le Dieu auquel je crois n’est pas un Dieu qui regarde pour juger ou accuser. C’est un Dieu qui regarde pour relever, faire exister. Et au Saint Sacrement il me relève et me fait exister. On apprend par Jésus l’expérience de cela. Quand Jacob se bat dans son combat contre Dieu dans cette nuit à Penuel, le nom Penuel veut dire la face de Dieu, se tourner vers le seul vrai Dieu. Et saint Ambroise commentant Marie-Madeleine dit : « Qui cherche-tu ? demande le Christ à Marie. Regarde-moi ! Tant que tu ne me regardes pas je t’appelle femme. Tu me regardes, je t’appelle Marie. Tu reçois le nom de celles qui engendrent le Christ, car, en me regardant spirituellement, tu engendres le Christ dans ton âme. » Et Hagar, chassée par sa maîtresse, Saraï, pas très gentille, là, l’envoie au désert. Elle est là, elle croit qu’elle va mourir. Elle a son enfant d’un côté et va de l’autre côté. Et tout d’un coup, Dieu vient la visiter et lui montre le puits. Elle a l’audace, pour une esclave non juive, de donner un nom à Dieu. Elle va donner à Dieu le nom : « Toi tu es Dieu qui me voit ». Atta-El-roï. C’est pourquoi on appelait ce puits le puits pour le vivant qui me voit. C’est la seule qui ose donner un nom à Dieu. Vous voyez la liberté d’une esclave ! Elle ose donner un nom parce qu’elle a fait l’expérience que dans sa misère et dans la mort qui s’annonçait, pour sa descendance et pour elle, Dieu la voyait et lui a donné la vie. Il lui a donné l’eau vive. Donc n’ayons pas peur de nous présenter à Dieu comme ça, devant lui.
Un autre point. On vit beaucoup dans l’affectivité, l’émotion, le ressenti. L’adoration eucharistique est une guérison de mon émotionnalité. Je ne sais pas si ceux qui adorent régulièrement parmi vous ont beaucoup de guili-guili qui partent de l’occiput à la pointe du petit orteil, mais… Moi, en tout cas, c’est pas trop le cas, depuis des années que je fais cela… Par contre, je vois une chose qui est absolument prodigieuse qui se passe en moi. Ce n’est pas ma sensibilité qui rejoint Dieu. D’ailleurs, elle ne permet jamais de rejoindre Dieu. Elle peut être un cadeau, il ne faut pas rejeter les cadeaux de Dieu dans notre sensibilité, si sa bonté, sa tendresse nous donne ça. Mais c’est un cadeau de Dieu, ce n’est pas Dieu lui-même. Dieu lui-même ne se touche que par la foi, l’espérance et la charité. Par les vertus que l’on appelle théologales. Et donc, l’adoration eucharistique… Si les Pères de l’Église disaient il faut fixer son regard ̶ et toute l’adoration eucharistique au XIIIème siècle est née du fait que l’on voulait voir Dieu avec nos yeux de chair, puisque certains contestaient sa présence réelle ̶ On a toujours dit : oui, mais nos yeux de chair, qui sont le vecteur de ce regard posé sur Dieu, portent un autre regard, ceux de l’âme, qui est perfectionné par la foi, l’espérance et la charité. Donc, toute l’adoration eucharistique consiste à poser des actes de foi, d’espérance et de charité. Je crois que Tu es là, Seigneur. Je T’aime, Seigneur, je T’adore et je compte sur Toi, parce que sans Toi, je ne peux rien faire. Et un jour je te verrai face à face. Acte de foi, acte d’espérance et de charité. De sorte que quelques soient mes émotions, quand je ressens, je dis merci Jésus, mais ce n’est pas ça ce à quoi je veux m’attacher. C’est à Toi que je veux m’attacher. Ce n’est pas pour tes cadeaux que je T’aime, c’est pour Toi-même. Et quand je ne ressens rien, encore mieux : je peux au moins m’attacher à Toi par la foi, l’espérance et la charité. Et donc je suis lié à Lui de manière indéfectible. Un jour, un petit enfant de 6 ans, qui préparait sa première communion, devant le Saint Sacrement : « Nicolas, c’est fou, hein ? de penser que c’est Jésus qui est là ! » Je dis, génial, on va… Il me dit : « Enfin, c’est la Toute-Puissance de Dieu, quoi ! » Oui, t’as raison, c’est vrai, la Toute-Puissance peut se faire toute petite.
L’adoration nous délivre des maladies de la subjectivité ̶ qui se transforment d’ailleurs en pathologies : boulimie, anorexie, dépression, crise identitaire, toxicomanies diverses… ̶ pour nous établir dans une structuration de notre être profond par la dimension essentielle de notre dignité humaine, qui est l’âme spirituelle, qui elle-même est faite d’intelligence et de volonté, qui elles-mêmes, ces facultés, sont perfectionnées par la foi, l’espérance et la charité. Ce qui ne me désincarne pas, ce serait une tragédie, mais qui assume toute ma chair et ma psychologie pour la tourner vers Dieu.
Un autre point qui me paraît important. Parfois, on a une maladie que l’on appelle l’acédie. Acédie veut dire la perte du désir, la perte de la soif, la perte de la faim ; le train-train, la paresse ; l’assoupissement, le manque de force et de détermination pour aller vers Dieu. L’adoration m’amène à crier vers Dieu en permanence. L’adoration est vraiment ce cri qui me tourne vers Dieu perpétuellement. Paul Claudel disait : « Lève les yeux et tiens-les fixés devant toi. C’est là ! Et regarde l’azyme (le pain) dans la monstrance. Le voile des choses, pour moi, sur un point est devenu transparent. J’étreins la substance, enfin, à travers l’accident. » C’est-à-dire : j’étreins Jésus à travers l’apparence du pain. Il y a donc là un désir. L’adoration est le lieu du désir. C’est Toi que je veux ! J’ai faim de Toi, j’ai soif de Toi ! Je le mange des yeux ! Je le mange du regard et je nourris ma foi, mon espérance et ma charité. Je n’arrête pas de le désirer. Saint Augustin dit : « Le gémissement de mon cœur me faisait rugir. Et qui connaissait la cause de mon rugissement ? Tout mon désir est devant Toi. Non pas devant les hommes mais devant Dieu. Car ton désir c’est ta prière. Si le désir est continuel, la prière est continuelle. » Ça, c’est beau ! Donc, j’apprends le désir. En même temps devant le Saint Sacrement, j’apprends à être moi-même, aussi. Ma vulnérabilité, ma pauvreté, je suis là. Le monde nous pousse à la performance, nous pousse à la réussite. Nietzsche avait parlé du surhomme, aujourd’hui c’est le transhumanisme qui fait fureur partout. J’en parlais avec un spécialiste du transhumanisme ici, en France, Laurent Alexandre, qui me disait : « Mais qui, aujourd’hui, voudrait vivre avec 120 de QI ? Mais c’est 175 minimum, voire 200 ! Il n’y a plus de raison de vivre avez 120 ! » Je dis : « Moi, je n’ai encore jamais rencontré une seule personne qui m’a parlé de son QI ! Mais toutes les personnes que j’ai rencontrées m’ont parlé de leur cœur. Qui souffraient de ne pas être aimées. De ne pas avoir l’amour. De ne pas trouver sens à la vie. Ça oui. Mais personne ne m’a dit, là, j’ai un problème avec mon QI. Jamais. Ou alors avec des gros intellos. Mais c’était très bien pour eux. » Finalement, devant cet appel au culte de la performance et à la fatigue d’être soi (Nietzsche) il y a, devant Jésus, la pauvreté, l’expérience que ma vulnérabilité est aimée, que ma vulnérabilité est le lieu de l’entrée de la grâce, que ma pauvreté est le lieu par lequel Dieu va passer. C’est le lieu par lequel Dieu va me rejoindre. La désappropriation radicale de l’humanité de Jésus dans l’Eucharistie est un lieu pour que je puisse aussi m’abandonner tel que je suis. Ma pauvreté est la porte d’entrée de la grâce. Ma misère est la porte d’entrée de la grâce. Elle est le reposoir de la miséricorde de Dieu et le lieu par lequel Dieu va tout transformer. Et c’est par-là que ça se passe, voyez-vous. C’est capital de redécouvrir cela. De redécouvrir que la vulnérabilité est au cœur de l’existence humaine et au cœur de l’étreinte divine. Dieu vient épouser ma vulnérabilité. Ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin du médecin. Ce sont les malades. « Je suis venu pour les pécheurs et pas pour les justes. » Vous voyez. Et quand j’arrive comme ça devant Dieu, je peux Lui dire : « Tu n’es pas venu pour rien, Seigneur, tu n’es vraiment pas venu pour rien. Tu as trouvé ton bonhomme devant Toi. »Je pense qu’il y a aussi dans l’adoration eucharistique quelque chose d’assez extraordinaire qui se produit. C’est une… Je disais tout à l’heure que si l’homme est fait pour trouver le sens à sa vie, pour ad-orer, ̶ adorer veut dire "mettre une source à sa bouche pour en vivre". On ne peut pas vivre sans eau. Ou je mets ma bouche à la source de Dieu ; ou je la mets à d’autres sources frelatées. Il y a une autre chose qui me caractérise : je ne peux pas vivre sans une certaine dépendance. Si je ne dépends pas de l’unique nécessaire qui est Dieu, je vivrais dans des dépendances affectives diverses. Mon cœur sera balloté. Et ce cœur balloté va se trouver aussi, parfois, souillé. Et Dieu vient me redonner par l’adoration eucharistique la possibilité de m’attacher à l’unique nécessaire, Lui, et une purification aussi du cœur, une chasteté. « Tu nous as fait pour Toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose pas en Toi » dit saint Augustin. Il y a, par ce regard posé sur le Christ, une chasteté qui nous est donnée. Jésus dit : « Ton regard, c’est la fenêtre de ton cœur. Garde ton regard pur afin que ton regard soit pur. » On a accueilli une fille qui était dans la prostitution sadomasochiste, dix ans de prostitution, de violence et d’horreur « mais je ne peux même pas, Nicolas, te raconter ce que j’ai fait, parce que tu ne supporterais pas d’écouter ce que moi j’ai vécu. » Et à l’adoration eucharistique, elle passait des heures chaque jour. Elle s’en est sortie. Elle fait de belles études maintenant. Et un jour elle vient vers moi et elle me dit : « Mais tu sais, Nicolas, il semble que Jésus m’a recréé ma virginité. « Je dis, d’accord. Elle me dit : « Je la sens même physiquement. Mon corps qui me faisait mal en permanence, ma féminité qui avait mal en permanence… » pas tant physiquement… Je ne sais pas, je n’ai pas exploré ce qu’elle voulait me dire dans ces mots… Mais en tout cas, dans sa chair meurtrie par ce qu’on lui avait fait par son corps, sa virginité lui était restituée par l’adoration eucharistique. Le regard chaste du Christ et son regard à elle posé sur le Christ venaient à la fois purifier son cœur et purifier son corps. Je crois que dans un monde très marqué par ça, par l’érotisme et la pornographie, l’adoration devient un lieu de guérison profonde. Qui a posé son regard sur le corps du Christ ne peut pas regarder le corps de l’autre n’importe comment. De la même manière que lorsque l’on a touché le corps du Christ on ne peut plus toucher son corps ou le corps de l’autre n’importe comment. La charnalité du Christ, la corporalité du Christ au Saint Sacrement me met en rapport immédiat avec mon corps. Et le respect du corps du Christ et l’adoration du corps du Christ renverse aussi ce mouvement-là. « Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu. »
Tout ça passe aussi par ce fameux regard dont je vous parlais. Je crois que c’est très important. Si l’on expose Jésus au Saint Sacrement, c’est pour le regarder, voyez-vous. Autrement, c’est pas le Tabernacle. En Suisse, j’étais dans une chapelle, un jour… Il n’y a que les suisses pour faire ça… Le tabernacle était un coffre-fort. Les portes blindées du coffre-fort, vous voyez. Il fallait y penser, moi je n’y avais pas pensé… Mais… Voilà. En fait, c’est vrai, c’est un trésor, Jésus. Le seul trésor. C’est même plus important que tout ce qu’il y a dans les coffres-forts de toutes les banques suisses. Ce n’est même pas cette porte blindée qui empêchait Jésus de rayonner. Alors, pourquoi l’expose-t-on s’il est là dans le Tabernacle ? C’est parce qu’il y a ce mystère du regard qui peut se poser sur le vrai corps du Christ, sur la vraie corporalité. Le cardinal Journet avait cet exemple, il disait : Imaginez deux amoureux qui se téléphonent. Ils se parlent : je t’aime, moi aussi, mon petit lapin, ma petite chérie… tout ce qu’on veut comme petits diminutifs et tout d’un coup, paf ! ils tombent l’un sur l’autre. Ils se voient et ils s’embrassent. Vous voyez la différence ? Entre le coup de fil et l’étreinte. Si vous n’avez pas compris, vous ne pouvez pas comprendre l’adoration eucharistique. Si vous avez compris la différence qu’il y a entre un coup de fil et une étreinte, vous avez compris l’adoration eucharistique. C’est-à-dire qu’à un moment donné, vous passez d’une communication avec Jésus, d’une présence réelle, spirituelle, à une présence réelle, spirituelle et corporelle. Et la chair est importante.
Et donc, dans la chair, le regard, qui est le sens qui m’extasie le plus ̶ alors que l’ouïe m’enstasie, fait rentrer en moi les sons et fait vibrer en moi le son qui rentre en moi ̶ le regard, l’adoration m’extasie, me sort de moi-même et me permet de voir celui qui m’aime. Á sainte Gertrude d’Helfta Jésus dit : « Autant de fois l’homme regarde avec amour et révérence l’Hostie qui contient sacramentellement le Corps et le Sang du Christ, autant il augmente ses mérites futurs. J’ai réservé des trésors d’amour et des récompenses particulières pour chaque regard qu’on aura dirigé vers le Saint Sacrement. » Á l’adoration, à l’élévation. Alors, ses sœurs baissaient la tête à l’élévation. Et elle, elle trichait. Elle regardait par-dessous comme ça. Et puis elle dit : « Jésus, ça t’embête ? – Non, ça me fait tellement plaisir. » Au point que le pape Pie X a dû accorder une indulgence particulière de plus de sept ans à quiconque au moment de l’élévation à la messe regarde Jésus en disant : « Mon Seigneur et mon Dieu ! ». Parce que l’amour veut regarder. L’amour regarde. Je voyais un couple, récemment. Ils viennent vers moi, ils ne se regardaient pas l’un l’autre. Ils disent : « On peut parler avec vous ? On a un problème. » Je dis : « Je savais. » « - Quelqu’un vous a dit ? » « - Non, j’ai vu. Vous ne vous êtes pas regardés depuis que vous êtes entrés ici. Vous n’avez pas échangé de regard entre vous. Quand on ne peut plus se regarder, on ne peut plus se voir. » C’est Raymond Devos, l’humoriste, qui disait : « Ma femme et moi on était tellement timide, qu’on n’osait pas se regarder. Après, on ne pouvait plus se voir. » Se regarder et se voir.
Autre maladie très forte aujourd’hui : la solitude. On parle beaucoup de cette maladie de la solitude. Et elle est réelle pour tant de personnes. Si je vais à l’adoration, le Christ vient rejoindre ce qui est le plus profond, ce qui est ma solitude. Mais ma solitude en tant que capacité d’être moi-même. Ce que Jean-Paul II appelait la solitude originelle dans le texte de la Genèse. Cette capacité d’exister sous le regard de Dieu, seul, qui me permet la vraie relation avec l’autre et avec les choses. Dieu, en venant combler ma solitude affective par sa Présence réelle, vient me restituer à cette solitude profonde qu’est la solitude originelle, seule capable de me mettre en relation avec les autres de manière juste et guérissante. Je passe donc, avec l’adoration, de Dieu pour moi, à moi pour Dieu. Je peux être capable de venir enfin dans ce qui est l’apothéose de ma dignité humaine, de m’offrir totalement à Dieu, de me donner à Dieu. Lui s’est offert à moi : « Prenez, mangez. » Ce n’est pas rien ! Il s’offre à moi pour que je m’offre à Lui.
Et Dieu devient aussi la force des martyrs. Le bienheureux Fulton Sheen disait que ce qui l’a bouleversé dans sa vie ̶ c’était un évêque américain, il a fait des émissions télévisées, des millions de personnes regardaient ça, Pie XII le regardait, ou l’écoutait à la radio, en tout cas ̶ et donc, il dit : Enfant, j’ai appris ça un jour, à l’époque de la révolution des boxers en Chine, en 1917. Des gens sont venus dans une église, ont profané le Saint Sacrement, ont mis le prêtre aux arrêts dans le presbytère. Et le prêtre voyait une jeune fille de onze ans, une petite chinoise. Ils avaient jeté le Saint Sacrement par terre et le prêtre savait exactement qu’il y avait trente-deux hosties dans le tabernacle, trente-deux parcelles du Corps du Christ qui étaient là. Et le prêtre voyait depuis sa fenêtre, toutes les nuits, quand les gardes dormaient ou étaient distraits, cette fille qui allait là-bas. Pendant une heure, elle adorait Jésus sur le sol et avec sa langue, elle prenait une hostie, comme ça. Un jour, deux jours, trente et un jours. Il dit : Le trente deuxième jour, j’ai vu arriver cette fille : « L’enfant revînt et échappant à la vigilance des gardes, s’agenouillait, se baissait à quatre pattes après avoir passé une heure en adoration et lapait une hostie de sa langue. Un jour, il ne restait plus qu’une dernière hostie que la petite consomma comme d’habitude. Mais elle fit, sans le vouloir, un bruit qui éveilla l’attention du garde. Celui-ci courut derrière elle, l’attrapa, et la frappa avec la crosse de son arme. » Il l’a tuée comme ça. Fulton Sheen dit : « Depuis ce récit j’ai fait la promesse que jusqu’à ma mort je passerai une heure d’adoration chaque jour devant le Saint Sacrement. Une promesse que j’ai tenue pendant les soixante années de ma vie sacerdotale. » Puisque c’est devant le Saint Sacrement exposé, dans sa chapelle privée, qu’il est mort le 9 décembre 1979.
Je vous parle aussi, mais j’irai très vite, de l’aspect cosmique et social. En un mot : ou le monde est dévoré par la consommation et défiguré par la consommation, ou il est transfiguré par l’adoration. C’est l’alternative dans laquelle nous nous trouvons. Ou la défiguration par la consommation, ou la transfiguration par l’adoration. L’adoration nous donne un vrai rapport aux choses et aux biens. Non pas un rapport de possession, de maîtrise et d’absorption. Mais un rapport de respect et d’utilisation pour le bien de tous. L’Eucharistie est donc à la charnière, aussi, d’un monde nouveau. Elle est aussi l’adoration réparatrice. C’est là que le monde nouveau est en train de se créer. Saint Pierre-Julien Eymard disait : « Le culte de l’adoration est nécessaire pour sauver la société. La société se meurt parce qu’elle n’a pas de centre de vérité, de charité. Mais elle renaîtra pleine de vigueur quand tous ses membres viendront se réunir autour de la vie à Jésus dans l’Eucharistie. Il faut Le faire sortir de sa retraite pour qu’Il se mette de nouveau à la tête des sociétés chrétiennes qu’Il dirigera et sauvera. Il faut lui construire un palais, un trône royal, une cour de fidèles serviteurs, une famille d’amis, un peuple d’adorateurs. Maintenant, il faut se mettre à l’œuvre, sauver les âmes et le monde par la divine eucharistie. Réveiller la France et l’Europe engourdis dans un sommeil d’indifférence parce qu’elles ne connaissent pas le don de Dieu, Jésus, l’Emmanuel eucharistique. C’est la torche de l’amour qu’il faut porter dans les âmes tièdes et qui se croient pieuses et ne le sont pas, parce qu’elles n’ont pas établi leur centre et leur vie dans Jésus-Eucharistie. » Au point que Jean-Paul II pouvait dire que tous les maux de la terre peuvent être guéris grâce à l’adoration permanente du Saint Sacrement. Quand on demandait à Mère Teresa comment faire pour guérir ce monde et ramener… – ce sont des américains qui avaient écrit L’Amérique à Jésus : « Instaurez dans toutes vos paroisses l’adoration perpétuelle du Saint Sacrement. » Voilà la réponse de Mère Teresa. Guérison aussi des communautés paroissiales grâce à ça. Benoît XVI disait que la vraie crise de l’Occident c’était la crise de la foi. Comment ramener les gens à la foi et à l’expérience de Jésus ? Il disait : « Une telle voie pourrait être des petites communautés où se vivent les amitiés qui sont approfondies dans la fréquente adoration communautaire de Dieu. » Voilà le remède que Benoît XVI trouve. Il disait cela en Allemagne, dans l’Église organisée d’Allemagne, extrêmement structurée, riche et tout ce que vous voulez, mais morte, disait Benoît XVI, parce qu’elle n’a pas son centre de gravité là où c’est important. Au monde de la violence va s’établir le monde de la paix du Christ eucharistique. Jésus dit à Faustine : « Dis bien au monde entier qu’il n’y aura pas de paix dans le monde si l’on ne vient pas à ma miséricorde. Or, le trône de ma miséricorde sur la terre, c’est l’Eucharistie, c’est le Tabernacle. » Ça veut dire : Dis bien au monde entier qu’il n’y aura pas de paix dans les cœurs, dans les familles, dans la société, si l’on ne vient pas à l’Eucharistie. Et pas de paix, à mon avis c’est aussi grave que ce que Marie disait à Fatima : « Si l’on ne vient pas à Jésus, une guerre plus grave éclatera sous le pontificat de Pie XI. » C’était Benoît XV qui était pape à l’époque. Pie XI arrive en 22 alors que cette révélation est en 17. Et la guerre éclatera en 38 avec soixante millions de morts. Cette parole à sainte Faustine est capitale. La paix que nous cherchons, la paix que nous désirons, en Syrie, partout, c’est au cœur miséricordieux eucharistique du Christ qu’on va pouvoir la puiser et la voir.Ultimement, le dernier point, le quatrième point c’est que l’Eucharistie est déjà la vie éternelle. Jésus va venir dans la gloire, on appelle ça la parousie. La venue ultime : plus de larmes, plus rien, les cieux nouveaux, une terre nouvelle. Nous croyons à ça ! Parousie veut dire en grec venue mais aussi présence. Il y a déjà dans la parousie eucharistique la présence du Christ, déjà les cieux nouveaux et la terre nouvelle. Et c’est ce qu’on va recevoir tout à l’heure. Amen.
Père Nicolas Buttet
Enseignement L’Eucharistie et la guérison
du mercredi 12 juillet 2017
Basilique Ste Marie-Madeleine, Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (Var).
Congrès sur l'Adoration Eucharistique, Adoratio 2017,
avec pour thème "Adorer au Cœur du Monde"
du 9 au 14 juillet 2017.Retrouvez cet article sur la page enrichie :
Adoration Saint Martin -
Versez dans le sein et le cœur de Marie tous vos trésors... St L-M. Grignion de Montfort
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L'humble croix du chemin creux - Foyer de Charité Saint Martin
Vendredi 7 octobre 2016 – Notre-Dame du Rosaire
Les Bleineries, Sury-ès-Bois – 18h01Les chemins creux sont formés à l’ombre
des arbres dans le creux entre deux haies qui, elles, délimitent les champs, eux, à ciel ouvert.Marthe : il s’agit de Marthe Robin
et de son ouvrage
De l’arrestation à la mise au tombeau
La douloureuse Passion du Sauveur Tome III,
Les cahiers de Marthe Robin,
Les Foyers de Charité éditions, avril 2016.
J’avais dit un chapelet après ce que j’ai écrit ce matin, plus haut dans ce cahier. Pour lutter contre le démon qui semait la zizanie dans ma vocation eucharistique à aller vivre au Foyer de Charité de Agen, en me faisant miroiter un homme de chair, encore un artiste, qui pourrait très bien devenir mon homme… et non ! Après le chapelet complet et éclair, en 20 minutes la paix est revenue avec la juste vocation à me consacrer totalement au Seigneur.Je reviens d’une autre promenade dans les champs, ma promenade ici, vers Glaire et au-delà, plus loin encore au-dessus des Bauchetières, dans le chemin creux, et j’ai prié le chapelet des Mystères douloureux jusque là-bas improvisant les 5 dizaines, me souvenant de ce que Marthe a écrit depuis l’arrestation du Christ ; sachant que le dernier était la Crucifixion, l’avant-dernier la Couronne d’épines, le premier à Gethsémani, en second la Flagellation et en troisième le Chemin de croix. J’ai narré les stations en me souvenant de ce que Marthe a écrit et du film de Mel Gibson La Passion du Christ. C’est merveilleux de prier le chapelet en marchant dans la douce campagne d’automne d’aujourd’hui, en cette fête de Notre-Dame du Rosaire qui tombe un vendredi…
J’ai terminé devant la mare au niveau du carrefour des trois chemins creux, au début de celui de droite qui descend vers les Bauchetières. Là, dans l’ombre de ce tunnel des arbres, j’ai prié longuement et me suis offerte à Dieu, à Jésus après la Crucifixion de la cinquième dizaine de ces Mystères. L’Esprit Saint a prié en moi, m’a inspirée cette prière finalement joyeuse, pleine de résurrection et d’amour, et je me suis retournée pour rebrousser chemin, et mon regard est tombé nez à nez avec une forme très belle et pourtant brute, d’une croix au milieu des pierres, un morceau de branche cruciforme si parfaitement cruciforme et comme pétrie, par endroits, de boue… Je me baissai immédiatement pour la ramasser et vraiment quelle beauté que ce signe ! C’est une croix humble de bois et de terre, une croix alors que j’avais dit de Jésus hissé sur la Croix qu’Il attire à lui tous les hommes, mon regard rencontra la terre et je vis comme un signe glorieux dans cette humble croix de branche et de boue.
Je ne puis alors qu’éclater de joie et me sentir en paix et confortée dans l’appel du Seigneur. Ce matin aussi, j’ai lu la suite de ce que Marthe a écrit, et d’ailleurs actuellement j’utilise ce gros ouvrage comme coussin pour écrire dans mon cahier assise sur le lit. J’ai lu, ce matin, Le jugement du matin (Caïphe) et Le désespoir de Judas.
Après le déjeuner, je me suis lavé les cheveux et ensuite suis allée à pied à l’église Saint-Martin de Sury-ès-Bois, pour y être avant papa et prier là-bas avant sa venue pour prendre les mesures des 5 baies dont 4 m’intéressent pour les 4 moments de vie de saint Martin. Mais, j’y pense, la plus petite près des fonds baptismaux devrait être illustrée par le baptême de saint Martin !
Après avoir trouvé cette petite croix, merveille de terre et de bois brut, je la voyais comme une croix glorieuse et j’ai pensé à sainte Catherine de Sienne qui porte la croix du Christ entre ses bras, et à la statue de sainte Solange (patronne du Berry) dans l’église de Sury qui fixe une croix absente tenue dans sa main gauche. C’est comme si j’avais trouvé sa petite croix disparue dont elle fixait son Christ glorieux au gibet, dans le creux de sa paume entre ses doigts.
Je suis frappée par l’absence de Jésus Eucharistie dans cette église, comme si tout criait par son absence, comme si son absence criait, absence criante qui dénonce la négligence de tous de le prier Lui, de faire qu’un prêtre célèbre son sacrifice eucharistique si beau et le rende présent sur l’autel, présent dans les saintes Espèces au Tabernacle, dans l’Eucharistie qu’expose l’ostensoir…Si un prêtre ne consacre jamais les hosties, ni ne célèbre la messe Jésus n’est pas présent dans l’église. Jésus Eucharistie a besoin d’être comme « entretenu » par le prêtre, lors de la célébration répétée, son saint sacrifice à chaque fois renouvelé pour vivre et faire vivre la foi et les fidèles. Moi, je demande à Dieu de faire revivre Jésus sur ses autels des campagnes de France, de faire revivre Jésus dans et par la messe, de faire revenir des prêtres ou même un seul qui soit comme un curé d’Ars pour souffler sur la braise de l’autel, réanimer le feu de l’Eucharistie par sa vie consacrée au Seigneur et à la célébration quotidienne de son sacrifice sublime, parfait, si beau et si plein des grâces de Dieu pour le cœur des hommes. Un prêtre et deux, trois laïcs consacrés.
Un prêtre et deux, trois laïcs consacrés qui prient, célèbrent la messe et recommencent à évangéliser. Un nouveau Foyer de Charité Saint-Martin, avec beaucoup d’adoration pour faire revivre Jésus Eucharistie et attirer à Lui tous les hommes du pays alentour.
(18h33)
[Ajout du 20 octobre : Adoration Saint Martin : ré-évangéliser les campagnes par un nouveau Foyer d’Amour Eucharistique. Fonder un Foyer de Charité Saint-Martin dans l’esprit de Marthe Robin : nouvelle Pentecôte d’amour, nouvelle évangélisation par des laïcs consacrés autour d’un Père avec la Vierge Médiatrice. Retraites Fondamentales organisées pour tous.]Jehanne Sandrine du Sacré Cœur & de la Sainte Eucharistie
Sandrine Treuillard
engagée dans la Fraternité Eucharistique
branche laïque de la Congrégation du Saint Sacrement (sss), fondée par st Pierre-Julien Eymard.Voici la vidéo Saint-Martin de Sury-ès-Bois (18) pour découvrir l'église
Vous retrouverez cet article et tout le projet d'évangélisation
sur la page enrichie
Adoration Saint MartinPrésentation du projet Adoration Saint Martin
Un appel à don pour la création de vitraux est lancé. (notamment pour la baie centrale chapelle nord, photo ci-contre). Contacter Nicole Godon, présidente de l'Association Les Amis de l'église Saint-Martin de Sury-ès-Bois au 02 48 73 77 00.
Page Facebook : Les Amis de l'église Saint-Martin (18) -
Adoration Saint Martin : Présentation (Màj)
Voici les pages de présentation
du projet de l'
Adoration Saint Martin
tel que proposé dans le dossier
remis à Mgr Michel Santier
le 12 mars 2016. -
Le songe de saint Martin : La Compassion de saint Martin de Tours pour la France (Miséricorde divine) Dessin pour un vitrail de l’église Saint-Martin de Sury-ès-Bois (18)
En mars dernier, j'ai pu photographier le dessin sur papier de mon projet de vitrail pour l'église Saint-Martin de Sury-ès-Bois (18) et remettre à l'évêque de Créteil, Mgr Michel Santier, la totalité du projet de l'Adoration Saint Martin tel qu'il est actuellement, sous la forme d'un dossier papier illustré. Dans l'espoir qu'il transmette à son tour ce dossier à son ami du diocèse du Berry, de Bourges, Mgr Armand Maillard. Car le projet de l'Adoration Saint Martin part bien de l'église de mon village… Vous pouvez voir ici les photos de ce dessin dont l'idée remonte à fin 2014. Et ci-après la prière-poème qui soutient théologiquement l'iconographie mise en œuvre pour ce vitrail.
Le songe de saint Martin : La Compassion de saint Martin de Tours pour la France (Miséricorde divine)
Dessin pour un vitrail de l’église Saint-Martin de Sury-ès-Bois (18)
Crayon aquarelle sur papier, 50 cm x 130 cm par Sandrine Treuillard (Mars 2016).Détails
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LA COMPASSION DE SAINT MARTIN DE TOURS *
Adoration à Saint-Gervais - Veillée des Semeurs d’Espérance du 16-I-2015[i]Photographie ci-contre : unique vitrail de l'église Saint-Martin de Sury-ès-Bois, diocèse de Bourges (18), représentant l'Évêque de Tours et Apôtre de la Gaule.
Je fus baptisée le 25 mai 1975 dans cette église.
@Sandrine Treuillard, 2014
Quand l’ostensoir a été déposé sur l’autel, aussitôt je vis :
- Le visage du père Eymard malade [ii], que j’aime tant (photo ci-contre).
Je me mis à pleurer. Toujours agenouillée en adoration devant l’autel à Saint-Gervais, ce fut alors l’autel de Saint-Martin de Sury-ès-Bois que je vis, l’ostensoir exposé. En larmes je vis :- Saint Martin et Jésus Ecce Homo : présence si forte & si intime de saint Martin : la compassion de Martin pour les paysans qui ne croient pas en Jésus et ont pourtant une grande soif spirituelle.
- Le vitrail que je vais dessiner a pris une nouvelle forme. Tout le temps de l’adoration fut une émulation de l’Esprit Saint, avec des affections corporelles où la joie s’amplifiait. Je pris mon carnet et écrivis :
Le fourreau au côté droit de saint Martin couché et dormant, lové dans le cercle du vitrail, ce fourreau dépasse de sa hanche, est visible, alors que le pan gauche de la cape rouge recouvre une partie de son corps endormi
Il songe
Le fourreau est vide
La main de Dieu brandit l’Épée dans la nuit bleue
La justice de Dieu sépare les ténèbres du jour
L’Épée à double tranchant désigne deux espaces différents
Le songe de saint Martin
Il dort : on voit sa sandale de romain lacée à son tibia
Il voit en songe la partie supérieure droite du vitrail
Jésus outragé, le visage ensanglanté, la couronne d’épines ayant broyé la chair de son front, de son crâne
Son épaule gauche et sa poitrine gauche sont recouvertes de la seconde moitié de la cape rouge de Martin
Le sein droit du Seigneur est nu et visible
Là où est sa Plaie, son flanc droit est visible
L’Épée sépare le jour de la nuit
L’Épée désigne le côté du Christ
L’Épée adoube la souffrance du Christ
L’Épée, la justice de Dieu, sanctifie la souffrance du Christ
Son Épée est la Lumière
L’épée de la justice de Dieu a la couleur du jour, de l’argent lunaire
Elle contraste avec le bleu foncé de la nuit
Elle est grâce
L’épée de Dieu est la Grâce
L’épée de Dieu couleur d’argent est la source de l’eau qui coule de la plaie du côté du Christ
Ce fleuve est un ruban d’argent
Le fourreau au côté droit de Martin est vide
Martin s’abandonne au sommeil et voit Jésus Ecce Homo en songe
Il reçoit la grâce de la compassion à la souffrance du Christ
Il reçoit la grâce de devenir l’instrument de la Justice d’Amour de Dieu
Saint Martin, le soldat romain, comprend le besoin spirituel des paysans gaulois
Par la grâce de la compassion à la souffrance du Christ, devenu Évêque de Tours, saint Martin répandra le fleuve et la parole d’Amour du Dieu Sauveur
Le ruban d’argent qu’est la Loire rejoint la lumière de la Justice divine
La Loire est l’épée de Dieu, à double tranchant
le fleuve d’Amour
qui coule du Côté du Christ
le Fleuve qui restaure la Gaule
à la Bonne Nouvelle instaure
la France.
A M E N
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Adoration Saint-MartinLe sens d'une église : Saint-Martin de Sury-ès-Bois (18) – Adoration Saint Martin :
Ré-évangéliser les campagnes
[i] Note du samedi 17 février, au matin : Lors de la communion, tandis que le Seigneur fondait dans ma bouche, je demandai la faveur de ne plus éprouver la faim qui me taraudait, afin d’être toute concentrée en Jésus-eucharistie lors de l’Adoration qui allait suivre. Grâce accordée. À donc suivi cette prière qui est un poème d’Adoration, le fruit direct de cette prière d’abandon. Une grande grâce de recevoir saint Martin pour compagnon de cette année (de la vie consacrée) avec lequel approfondir ma foi, duquel découvrir la vie spirituelle et le prendre pour modèle. Saint Martin est une force, le premier saint que Dieu me donna lors de mon baptême, le 6 novembre 1974, en l’église éponyme de Sury-ès-Bois (diocèse de Bourges). À minuit, quand Romain Allain-Dupré reprit la parole pour clore la veillée, je traçais le AMEN sur le carnet, en fin de prière.
[ii] L’Apôtre de l’Eucharistie Biographie de saint Pierre-Julien Eymard, André Guitton, Nouvelle Cité, 2012.
* Courrier des lecteurs envoyé à Famille chrétienne à propos de « Notre-Dame de Vierzon profanée » FC n°1934 :
« En lisant cet article, j'ai reçu comme un choc non pas que les hosties aient été volées, mais qu'il y ait une église à Vierzon ! En effet, j'y ai passé mes trois années d'internat au lycée public Édouard Vaillant et ma conscience politique a grandi avec Lutte Ouvrière, par un camarade de classe actif dans ce parti d'extrême gauche révolutionnaire.
Savez-vous que Mgr Maillard gouverne un diocèse où il n'y a aucun séminariste ? Le diocèse de Bourges comprend pourtant aussi la belle œuvre du père Jules Chevalier, fondateur des Missionnaires du Sacré-Cœur et bâtisseur de Notre-Dame du Sacré Cœur d'Issoudun. De ce cœur de France, en Berry & Sologne, Notre Seigneur demande que l'on se soucie, du haut de nos pénates parisiennes. L'Église pourrait-elle envoyer des prêtres dans ces régions désertées ?
J'ai moi-même eu une vocation religieuse contrariée, par manque d'accompagnement. Aujourd'hui, j'ai pour mission de puiser à la source de l'Apôtre de la Gaule, saint Martin de Tours, afin de faire revivre les églises de nos campagnes, potentiels foyers d'amour eucharistique.
Répartissons les prêtres sur le territoire pour faire revivre notre foi !
Sandrine, future Jehanne de la Sainte Eucharistie » -
Le manteau de saint Martin ou le Cœur de Dieu donné en partage
« Comment faire pour que les urbains se sentent concernés par la question de la campagne ?* ». Commencer l’Adoration Saint Martin en ville pour la faire rayonner dans les campagnes.
En ville, j’ai été touchée par les sdf, par la dignité humaine mise au ban de la société.
Les pauvres, ces étrangers, rendus étrangers par leur extrême misère sociale, se voient en rupture d’avec les autres, dangereusement isolés. Les sdf sont les premiers étrangers et pauvres à avoir besoin de la reconnaissance de leur dignité, de l’espace sacré qui est en eux et qui les garde profondément ancrés dans l’humanité.
Quand saint Martin descend de son cheval et donne la moitié de son manteau au déshérité à la porte d’Amiens, Martin donne son amour à cette personne interdite de cité, déchue de la ville ou venant de la campagne pour y trouver de quoi subsister, y faire l’aumône. Chaque sdf est un étranger, un campagnard dans la ville, un déchu de civilité, un paysan, un païen urbain, un rejeté de la cité, un citoyen d’outre zone. Il n’a plus son mot à dire ni sur lui-même, ni sur la société qui l’a laissé se perdre, a encouragé, même par omission, la violation de sa personne jusqu’à une forme d’anéantissement. C’est la néantisation de l’homme, la négation de son humanité dont est coupable notre système anthropologique malade qui réduit l’homme à l’homo economicus, au matérialisme, à l’instrumentalisation des « couches hautes » de la personne humaine.
La charité de saint Martin ne fait pas que préserver du froid un homme, en cet hiver de l’an 353-354. Elle lui fait revêtir son humanité, sa dignité de personne en créant un lien fort et symbolique : la moitié de la chape que porte Martin est sur les épaules du miséreux. C’est le sens même du symbole : deux moitiés d’un même objet, qui, se retrouvant s’assemblent et font se reconnaître comme les deux parties d’un seul et même objet. La chape de saint Martin devient le symbole de l’unité, de l’union par excellence. Cette chape rouge de la charité est la pièce de tissu unique de la communion. « Un cor unum et anima una ». « Un seul cœur et une seule âme », voilà ce que dit le geste de saint Martin, qui n’est pas encore baptisé ce jour-là, recouvrant les épaules du pauvre de la moitié de son manteau. Martin transmet l’amour du Christ au pauvre, il le partage.C’est bien le Cœur de Dieu qui est donné-là en partage. C’est bien un geste de communion d’amour. Un geste eucharistique. Il partage le Cœur du Christ quand il pose sa chape sur les épaules du malheureux. Il donne un aperçu de l’amour eucharistique de Jésus : ce manteau partagé, c’est comme le pain rompu puis distribué. Le Cœur du Christ étant compris dans la sainte Eucharistie, enceint en elle… ce Cœur rayonne dans la blancheur de l’hostie consacrée… le Cœur de Dieu est dans le Corps du Christ sur l’autel…
Martin revêt le corps du pauvre du Corps du Christ quand il le vêt du manteau partagé. Le geste de Martin est eucharistique. La porte d’Amiens, au ban de la ville, et déjà seuil de la campagne, devient un lieu consacré comme un autel par le geste eucharistique de Martin descendant de son destrier et jetant la moitié de sa chape sur les épaules du démuni. C’est le sacre du misérable. Une onction d’amour sur un corps banni, et en son âme. Par ce geste, Martin devient prêtre. Le corps du malheureux est à la fois autel et sur l’autel. Son corps et son âme sont rendus sacrés par le geste rempli de l’Esprit de Jésus dont Martin est agi. À la porte d’Amiens, au ban de la cité, au seuil de la campagne, ce lieu où la rencontre de Martin et du misérable se déploie devient (con)sacré par ce geste rempli de l’onction divine, de la Miséricorde.Toute la personne du misérable est ainsi revêtue du Cœur et du Corps du Christ. « Un cor unum et anima una ». Un seul corps et une seule âme en Jésus, communion de deux êtres en l’amour du Christ.
Ainsi, le lieu de l’action où se donne en partage le Cœur et le Corps de Dieu fait homme en Jésus, par Martin, ni ville ni campagne, plus ville, pas encore campagne, no man’s land, cette banlieue est aussi consacrée par l’onction divine contenue dans l’acte eucharistique du partage et du don de le moitié de son manteau de Martin.
Le cheval, un genou à terre, incline sa tête devant la scène.
Jehanne Sandrine du Sacré Cœur & de la Sainte Eucharistie
14-21 février 2016
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Adoration Saint Martin* Question posée par Michel Corajoud, paysagiste à Paris, dans le documentaire de Dominique Marchais, Le temps des grâces.
Images
La Charité de saint Martin. Manuscrit France du Nord, 1280-1290 - Bibliothèque Nationale
Charité de saint Martin. Église Saint-Martin de Donzenac. Limousin. -
L’adoration de l’étranger : Adoration Saint Martin
En cette fête de la saint Martin de Tours, approfondissons la notion d‘adoration suscitée par la lecture de l’Évangile du jour.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (17, 11-19)
En ce temps-là,
Jésus, marchant vers Jérusalem,
traversait la région située entre la Samarie et la Galilée.
Comme il entrait dans un village,
dix lépreux vinrent à sa rencontre.
Ils s’arrêtèrent à distance
et lui crièrent :
« Jésus, maître,
prends pitié de nous. »
À cette vue, Jésus leur dit :
« Allez vous montrer aux prêtres. »
En cours de route, ils furent purifiés.
L’un d’eux, voyant qu’il était guéri,
revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix.
Il se jeta face contre terre aux pieds de Jésus
en lui rendant grâce.
Or, c’était un Samaritain.
Alors Jésus prit la parole en disant :
« Tous les dix n’ont-ils pas été purifiés ?
Les neuf autres, où sont-ils ?
Il ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger
pour revenir sur ses pas
et rendre gloire à Dieu ! »
Jésus lui dit :
« Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. »Jésus : « Allez vous montrer aux prêtres. »
Ils furent purifiés en cours de route : c’est l’intention qui les a sauvés. Ils étaient tout tendus du désir d’être guéris. Leur foi les a sauvés.Seul le samaritain, l’étranger, revient se prosterner devant Jésus pour rendre grâce du miracle qu’Il a opéré sur et en lui. Les neuf autres semblent bien ingrats et indifférents. Peut-être ne partagent-ils pas la joie de leur maître, Jésus, qu’ils ne semblent pas reconnaître comme ce samaritain. Par ce miracle, le samaritain a connu Jésus et reconnu en son maître l’œuvre du Très-Haut.
Les neuf autres ne vont pas jusqu’au bout de leur vocation (l’appel que Dieu leur tend) : certes, nous sommes sauvés, mais si nous ne laissons pas circuler la joie, l’amour, la reconnaissance entre le Père et notre cœur, le salut n’est permis qu’incomplètement, ce n’est qu’une amorce de rédemption, sans la contemplation. La liberté que Dieu nous laisse, de Lui rendre grâce, de L’adorer pour ses bienfaits et la gratuité de sa miséricorde, qui n’est pas donnée selon notre mérite, cette liberté Dieu la respecte. C’est le cœur de sa pédagogie : il nous donne sans mesure, il attend notre réponse, ses entrailles s’émeuvent du désir de recevoir la réponse de notre amour au Sien, mais Il ne nous force en rien. Il nous rejoint là où nous en sommes avec Lui et saura nous attendre.
Si nous parvenons à nous laisser aimer par Dieu complètement, la joie ne manquera pas de déborder et le besoin de l’exprimer se traduira dans notre prière d’action de grâce et d’adoration. Dieu nous guérit, mais pas seulement en surface, pour la seule apparence (la lèpre se voit beaucoup, elle mange le corps et le visage). Non. Il nous guérit en profondeur : la rédemption est un grand nettoyage de tout notre être, qui, si l’on s’y prête totalement, si l’on s’abandonne à cet amour divin, nous transfigurera de l’intérieur dans sa Joie. Et nous pourrons alors le contempler, le voir face à face. Exulter en Lui.
Cette Joie se traduira par la louange, l’action de grâce, l’adoration, la joyeuse célébration de renaître en Dieu, par Dieu, d’ainsi se sentir corps et âme fils et fille de Dieu, aussi proche de Jésus. Toute l’attitude du samaritain lépreux guéri déborde de joie, de reconnaissance. Cette joie l’a conduit jusqu’à la source de la vie, Jésus. Jésus, source de la miséricorde de Dieu mise à l’endroit de son cœur d’homme pour que nous venions y puiser notre joie et participer de sa Joie. La plus grande joie de Dieu est de nous y faire participer.
« L’un d’eux, voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix. Il se jeta face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. »
Jehanne Sandrine du Sacré Cœur & de la Sainte Eucharitie
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Image : Couverture de la Revue Magnificat : La Charité de saint Martin, Gustave Moreau (1826-1898), collection particulière. © Artothek / La Collection.
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Comment apprendre à ce que les urbains reposent la question de la campagne ? (Le Temps des Grâces)
« Tant que les urbains n’auront pas pris à bras le corps cette question de leurs campagnes, et qu’il n’y aura pas réconciliation de ces deux mondes, il n’y a pas d’espoir. Parce que c’est quanti-tativement les urbains qui peuvent faire pression. Les paysans sont cuits, ils sont dans une seringue de laquelle ils ne peuvent pas sortir. Mais si un jour l’ensemble des urbains questionne la société en disant : « Eh ! Attention ! Notre grenier on doit le préserver… notre grenier pour manger, mais aussi notre grenier de paysages à conserver… » ça fait du monde, hein ?! Et comment apprendre à ce que les urbains reposent la question de la campagne ? Il n’y a que l’éducation, il n’y a que l’école.
Le fait que ces petites villes rurales gardent ce qui fait encore leurs qualités, c’est qu’elles sont en perspective de leur rivière, elles sont en perspective de leur montagne, leur territoire agricole est encore en vue, la situation n’est pas bouchée comme elle l’est dans les grands centres urbains où vous ne savez plus où vous êtes. Où il y a la Seine qui fait qu’à Paris on a une géographie qui s’impose quand on est au bord de la Seine. Et puis comme beaucoup du système urbain, Paris est orienté par rapport à elle, sa géographie reste très présente, mais… Et puis, on a la butte Montmartre, on a des choses comme ça, on a quelques éléments de géographie, mais… De plus en plus les villes ont tendance à masquer tout ça. Et je pense qu’il y a une sorte de retour nécessaire à faire pour que l’on retrouve cette sorte de simplicité qui est celle de l’attention où l’on est. Qu’est-ce qui vaut la peine d’être conservé ? À L’Isle-d’Abeau, par exemple, à la sortie de l’école les enfants regardent la vue sur le Mont-Blanc. J’ai le sentiment que c’est mieux que quand ils sortent de l’école ils ne voient rien du tout… Parce qu’ils sont dans des haies, dans des systèmes de protection qui font que l’attention n’est portée sur rien. Quand vous êtes à L’Isle-d’Abeau, de savoir que vous participez d’un paysage, d’une vallée, qui est la grande vallée du Rhône, et que vous avez à l’horizon la chaîne de montagnes des Alpes, je ne sais pas si ça vous guérit de tous les malheurs… mais vous restez en intelligence avec le lieu. Et ça, c’est réactionnaire de penser comme ça ? Je ne crois pas, je pense que cette frénésie de vouloir… Aujourd’hui, il y a toute une série de gens qui voudrait faire penser à tout le monde que la modernité c’est le chaos. »
Michel Corajoud
Paysagiste, ParisExtrait du film documentaire de Dominique Marchais
Le Temps des Grâces, 2009, Capricci"Le Temps des Grâces" en VOD - Film de Dominique Marchais - en Streaming et à Télécharger
Le Temps des Grâces Présentation sur La Vaillante
Le Temps des Grâces Retranscriptions sur La Vaillante
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Saint Martin, perle des prêtres
LE PLEXUS SOLAIRE & LE CŒUR
La petite boîte en verre enchâssée dans le buste-reliquaire se situe sous la croix pectorale de l’Évêque de Tours, à l’endroit même du plexus solaire[1].
La poitrine est le siège du cœur et ce dernier rassemble toute la personne en son symbole. La croix pectorale du Christ est ici placée pour être au plus près du cœur de celui qui la porte.
Le plexus solaire est, lui, situé au centre du diaphragme. Si nous posons notre poing sous les seins à ce niveau de l’estomac, dans ce creux entre la pointe du sternum & le nombril, nous trouvons cette zone qui est un centre nerveux, émotionnel et énergétique très actif et non moins précieux que le cœur. Le plexus solaire participe même de son rayonnement.
Quand le Christ a subi la crucifixion, sa cage thoracique était compressée de par l’étendue des bras en croix. Le diaphragme et la respiration oppressés, le rythme cardiaque ralenti, l’apport en oxygène dans le sang est raréfié. Lors du martyre de la crucifixion, le plexus solaire est lui-même esquinté : comme les cinq branches d’une étoile tiraillées. Le plexus solaire rassemble en son bulbe un réseau de nerfs intriqués parvenus à lui en rayons d’autres régions du corps. La symbolique du Cœur de Jésus au centre de la poitrine concentre ces deux aspects : du cœur, situé à gauche dans la poitrine ; et du plexus solaire, situé au niveau du diaphragme, sous la poitrine, au centre.
Sang et respiration. Souffle et pulsation. Sentiments et émotions.
Quand un saint est représenté sous la forme d’un buste-reliquaire il nous est rappelé que ce saint eut un lien de communion avec le Christ, à ses souffrances, à sa joie et à sa Charité. La relique que renferme la petite boîte en verre du plexus solaire n’est autre que cette Charité. Ce qu’il y a de plus précieux est ici conservé, protégé dans une boîte en verre, et bien souvent objet, fragment difficile à distinguer. Car la Charité est impalpable et invisible. Que ce petit réceptacle en verre fut vide serait plus représentatif du trésor qu’il étreint. La Charité se sent mais ne se perçoit pas comme un objet visible.
Ce buste-reliquaire de saint Martin n’exhale-t-il pas la charité pure ? La bonté ne se lit-elle pas dans les traits de son visage ? Le rouge de sa chape ne nous transmet-il pas la chaleur de ce qui l’habite ?
Comme nous l’avons vu dans un précédent écrit[2], saint Martin a communié à la charité du Christ. Il eut la grâce de vivre de sa Passion en voyant en songe l’Ecce Homo lui apparaître, recouvert de la moitié de sa cape romaine qu’il avait cédée la veille à un misérable, à une porte de la ville d’Amiens. La compassion de saint Martin pour ce misérable se révèle être, par le songe divin, participation à la Passion du Christ lorsque Pilate présenta l’Ecce Homo (« voici l’homme ») aux Juifs après l’avoir fait flagellé. Ecce Homo humilié et outragé par les soldats qui le vêtir de la couleur pourpre du Roi et enfoncèrent la couronne d’épines sur son crâne, lui imposant un roseau à maintenir pour sceptre.Le buste-reliquaire de l’Évêque de Tours renferme le précieux trésor de la Charité du Christ que Dieu lui partagea, à laquelle Martin eut le privilège de communier avant de se faire chrétien.
Le plexus solaire est le siège où converge cette énergie d’amour, zone dans laquelle elle circule et d’où elle rayonne.
SAINT MARTIN PERLE DES PRÊTRES
Dans le chœur de la Basilique Saint-Martin de Tours, je vis une bannière ancienne sur laquelle était brodée cette affirmation : Saint Martin perle des prêtres. Le bas-relief sculpté dans le bois de l'autel représente ce qui est dessiné ci-contre.
Laissons Sulpice Sévère, son biographe, disciple et témoin direct, nous relater cette scène :
« (…) ce jour-là, se produisit un fait merveilleux que je vais raconter. Comme l’évêque, suivant le rite, bénissait l’autel, nous avons vu jaillir de sa tête un globe de feu, qui s’éleva dans les airs avec un rayonnement lumineux comme une très longue chevelure de flammes. Cela, nous l’avons vu un jour de grande affluence, au milieu d’une grande multitude de peuple ; et cependant, les seules personnes qui l’aient vu, c’est une des vierges, un des prêtres, trois seulement parmi les moines. Pourquoi tous les autres ne l’ont-ils pas vu ? De cela, nous ne saurions être juges. »
Ce qui me frappe, c’est la correspondance des formes entre le cercle plein de la grande eucharistie présentée lors de l’élévation à l’offertoire ; le cercle de ce globe de feu flamboyant au-dessus de sa tête ; et la sensation globulaire de la zone du plexus solaire. Ces trois manifestations sont de l’ordre du rayonnement solaire. Il y a aussi une nette correspondance entre ces trois formes et cette caractérisation de perle (des prêtres), puisque la perle est aussi sphérique que le globe. Et accolée au nom de prêtres cette sphère minuscule atteint la taille du globe de feu, au-dessus de sa tête, ou de la sainte eucharistie qu’il élèvera et que nous adorerons un instant en silence.
La prière eucharistique commence par ce dialogue entre le prêtre qui célèbre la messe et l’assemblée :
- Le Seigneur soit avec vous.
- Et avec votre esprit.
- Élevons notre cœur.
- Nous le tournons vers le Seigneur.
- Rendons grâce au Seigneur notre Dieu
- Cela est juste et bon.Le prêtre prononce ces paroles en les accompagnant de gestes. Écartant les bras en un geste d’accueil et de partage : le Seigneur soit avec vous. Tendant les mains en coupelle vers le haut : élevons notre cœur. Par cette élévation du cœur nous nous tournons vers le Père du Ciel, nous disposant ainsi à la prière. Il s’agit d’une orientation de tout l’être vers Dieu (« Examinons notre voix, scrutons-la, et revenons au Seigneur, élevons notre cœur et nos mains vers Dieu qui est au Ciel. » Lm 3, 40-41). Ce mouvement du cœur vers les réalités célestes mimée par le prêtre préfigure l’élévation de l’eucharistie qui suivra, quand le prêtre présentera l’Hostie consacrée à l’assemblée, tendue devant lui et vers le haut, entre le pouce et l'index de la main droite, au-dessus du Sang dans le calice qu'il tient de la main gauche.
Le rituel de la messe met en scène la circulation de l’amour entre Dieu et les hommes, le prêtre représentant à la fois la personne du Christ et la personne de l’Église que forment les membres de l’assemblée de tous les croyants d’ici et du monde entier. Qu’il s’agisse de notre cœur que nous élevons ou de l’Hostie consacrée que présente le prêtre à l’assemblée, l’un symbolise l’amour humain pour Dieu ; l’autre montre la Présence réelle de l’amour de Dieu pour les hommes, dans ce rappel du Sacrifice saint de son Fils Unique Jésus Christ, qu’est l’Eucharistie.
Et quand, sur l’autel, nous exposons l’Hostie sainte sertie dans l’ostensoir, souvent sont figurés par l’orfèvre des rayons qui émanent du Saint Sacrement manifestant ainsi le rayonnement de l’amour de Dieu auquel il veut nous faire communier, auquel il nous attire par cette admirable dévotion qu’est l’adoration eucharistique.
L’ADORATION SAINT MARTIN
Suite à la visite de l’église Saint-Martin de Sury-ès-Bois (18) dont témoigne la vidéo-diaporama, enveloppé dans le chant Vivre d’amour de Thérèse de Lisieux (interprété a capella par la Chorale des Guides & Scouts d’Europe), apparaît, se détachant de la pierre au-dessus du portail (à 14'50"), le projet d’un groupe de prière pour les églises de campagne que j’ai nommé Adoration Saint-Martin.
Foyer d’amour eucharistique
l’Adoration Saint Martin
au cœur de nos campagnes.À la suite de l’Apôtre de la Gaule
l’Adoration Saint Martin
est une fraternité d’adorateurs.Pour faire jaillir cette sublime prière
au cœur des églises de campagne
l’Adoration Saint Martin
présente un enseignement
suivi de la célébration eucharistique.Le temps d’Adoration
découle de la Messe.C’est l’Apôtre qui a posé sa tête
sur la poitrine du Seigneur
et boit à la source
de son Sacré Cœur.L’enseignement peut avoir lieu après la messe, sous la forme d’une méditation lue, afin d’engager les adorateurs dans la prière. Puis, laisser l’Esprit saint œuvrer dans les cœurs, en silence. L’adoration en tant que telle doit se passer dans la prière silencieuse.
Comme premières méditations lues je propose les deux sous-titres de cet article Le plexus solaire & le cœur et Saint Martin perle des prêtres et, en premier, La compassion de saint Martin de Tours pour la France. Dans la page Adoration Saint Martin d’autres articles viendront enrichir le corpus des textes de méditation. La figure de saint Martin de Tours étant un modèle de sainteté à explorer comme homme, prêtre et évêque, à redécouvrir pour notre époque où l’évangélisation des campagnes est en jeu afin de restaurer le cœur abîmé des hommes et redonner sa vigueur à la foi chrétienne de notre pays.
Retrouvez cet article sur la page enrichie Adoration Saint Martin
& sur la page enrichie La France & le Sacré CœurToutes les photos & dessins : © Sandrine TreuillardBuste-reliquaire & arrêts sur image vidéo : église Saint-Martin de Sury-ès-Bois (18)Ecce Homo : église Saint-Martin d'Aubigny/Nère (18)
[1] Cet emplacement de la relique est remarquable dans d’autres bustes de ce type. J’en ai vu à Naples, au couvent des Clarisses, devenu un musée, lors de mon voyage en 2008. Comme celui de sainte Claire, datant du XVIIème.
[2]La compassion de Saint Martin de Tours pour la France : http://lavaillante.hautetfort.com/archive/2015/02/07/la-compassion-de-saint-martin-de-tours-pour-la-france5554222.html