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Qu'est-ce que le culte du Cœur Eucharistique de Jésus ?

Extraits de la Préface du Père dominicain Régis Garrigou-Lagrange aux Élévations sur la prière au Cœur Eucharistique de Jésus de Sophie Prouvier (première publication Éditions de la Vie Spirituelle, Saint-Maximin, 1926. Seconde impression sur laquelle nous nous appuyons : Atelier du Monastère Sainte-Catherine de Langeac, 2018.)

N.B. : Pour des raisons pédagogiques, nous adoptons ici des différenciations typographiques : gras, souligné, italiques…

 

Le fondement de la dévotion au Cœur Eucharistique

            En expliquant ce que doit être la dévotion au Sacré Cœur, la théologie enseigne que l’objet de notre adoration doit être à la fois le cœur de chair, symbole de l’amour, et l’amour symbolisé par le cœur, tous deux inséparablement unis. Le motif de ce culte est l’excellence de la charité du Christ, et aussi l’excellence de son cœur sensible, véritablement adorable en tant qu’il est le cœur de la Personne divine du Verbe fait chair, et le symbole de son amour. Le terme de cette adoration est la Personne divine elle-même, qui se manifeste dans l’amour et dans son symbole.

            La dévotion au Sacré Cœur contemple ainsi et adore en lui l’amour du Sauveur, principe de tous ses bienfaits, depuis la Nativité jusqu’à la consommation de l’œuvre rédemptrice dans le ciel. De ce culte est né une dévotion plus spéciale, qui en est un magnifique développement, celle au Cœur Eucharistique de Jésus.

            Elle consiste, dit S.S. Léon XIII :

« à rendre un culte d’amour, de reconnaissance, de vénération et d’hommages à cet acte de dilection suprême, par lequel notre divin Rédempteur, prodiguant toutes les richesses de son cœur, institua l’adorable sacrement de l’Eucharistie, pour demeurer avec nous jusqu’à la consommation des siècles. »

            Ce Bref de S.S. Léon XIII, établit l’église pontificale de Saint-Joachim à Rome comme centre général de l’Archiconfrérie du Cœur Eucharistique de Jésus, le 16 février 1903.

            C’est dans le même sens que le recueil officiel des prières indulgenciées par le Saint-Siège (la Raccoltà, éd. de 1898), définit dans une note la dévotion au Cœur Eucharistique :

« Le culte envers le Cœur Eucharistique de Jésus ne doit pas s’entendre comme s’il était en substance différent du culte que l’Église professe pour son Sacré Cœur ; seulement il prend pour objet spécial de vénération, d’amour, de reconnaissance et de réciprocité l’acte de suprême dilection, par lequel le Cœur très aimant de Jésus institua l’adorable Sacrement de l’Eucharistie et demeure avec nous jusqu’à la fin des temps. » Revue de l’Archiconfrérie du Cœur Eucharistique de Jésus, juin 1914.–

            Cette dévotion approuvée d’abord par Pie IX en 1868, puis par Léon XIII, l’a été d’une façon solennelle et définitive lorsque S.S. Benoît XV a accordé aux nombreux Cardinaux, Archevêques et Évêques qui le demandaient l’Office propre et la Messe du Cœur Eucharistique, fixés au jeudi après l’octave de la fête du Saint-Sacrement – soit le jeudi après le vendredi du Sacré Cœur.

 

Jésus instituant l’adorable sacrement de l’Eucharistie

           Cet acte souverainement important de la vie de Jésus demandait un culte spécial :

  • La dévotion au Sacré Cœur adore en lui d’une manière générale l’amour de Jésus-Christ donnant à l’homme tous les bienfaits du salut ;
  • Le culte de l’Eucharistie adore et glorifie le corps et le sang de Jésus, présents sous le voile des espèces sacramentelles ; il a pour objet la Personne même du Sauveur dans son état sacramentel. La dévotion au cœur Eucharistique s’adresse spécialement à un acte particulier de cette Personne adorable :

« à l’amour de Jésus-Christ instituant l’Eucharistie, pour rester avec nous, nous donner son corps en nourriture et son sang en breuvage, pour s’immoler sur l’autel d’une manière non sanglante et fonder ainsi l’unité de l’Église. » De cultu eucharistici explicatio dogmatica, par le P. Albert Lepidi, O.P., Rome, 1905, p. 10 ; opuscule réédité par le P. Hugon (Paris, Téqui).–

            Le Cœur de Jésus nous donnant l’Eucharistie est appelé eucharistique, comme l’air pur qui rend la santé est appelé un air sain.

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Chœur de l'église le Cœur Eucharistique de Jésus – Paris 20.
Peinture murale de Pauline Kaspers (1865-1946) – 1937.

 

Un culte spécial pour l’acte de dilection suprême du Christ

            On le voit, cette dévotion s’inspire surtout du mot de saint Jean (13,1)« Cum dilexisset suos qui errant in mundo, in finem dilexit eos : Avant la fête de la Pâques, sachant que son heure était venue de passer de ce monde à son Père, après avoir aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à la fin. »

            Cet acte de dilection suprême, oublié de tant de chrétiens, demandait un culte spécial, fait d’action de grâces, d’adoration intérieure, de réparation et de supplication. Notre-Seigneur l’a fait comprendre à certaines âmes chaque jour plus nombreuses.

            Les paroles de saint Jean-Baptiste restent, hélas ! toujours vraies : « Au milieu de vous, il y a quelqu’un que vous ne connaissez pas » (Jean 1,26). C’est ce que nous rappelle l’admirable prière dont ce livre contient le commentaire :

« Cœur délaissé, – Cœur oublié, – Cœur méprisé, – Cœur outragé, – Cœur méconnu
des hommes. »

            Et pourtant Notre-Seigneur ne pouvait davantage s’incliner vers nous, davantage s’unir et se donner à nous. Essayons de mesurer, si possible, l’étendue des grâces qu’il accorde à tous, à la sainte messe, dans la sainte communion, dans la visite au Saint-Sacrement, lorsque les âmes ne résistent pas à ses prévenances divines. C’est ce que nous dit cette prière :

« Cœur aimant nos cœurs, – Cœur patient à nous attendre, – Cœur pressé de nous exaucer, – Cœur désirant qu’on le prie, – Cœur foyer de nouvelles grâces. »

            Particulièrement les âmes généreuses qui aspirent humblement à l’intimité de l’union divine par l’Eucharistie, doivent avoir cette dévotion. Elles surtout doivent pénétrer le sens de cette prière :

« Cœur silencieux voulant parler aux âmes, – Cœur doux refuge de la vie cachée, – Cœur maître des secrets de l’union divine, – Cœur de celui qui dort, mais qui veille toujours, – Cœur eucharistique de Jésus, ayez pitié de nous. »

            L’âme qui entend le sens profond de ces paroles doit s’unir à Notre-Seigneur par de ferventes communions, par une fidèle oraison ; elle doit lui porter un cœur droit, l’abnégation des joies sensibles dans la dévotion, surtout l’humilité et la charité. Ainsi elle pourra dire sincèrement ce qu’on lit en cette belle prière :

« Jésus-Hostie, je veux vous consoler, … je veux m’oublier pour penser à vous, être oublié et méprisé pour l’amour de vous. Faites que je soulage ainsi votre soif de mon salut, votre soif ardente de ma sainteté, et que, purifié, je vous donne un pur et véritable amour. »

Tabernacle CœurEuchdeJésus 22 janvier 1854.jpg

La prière : ÉLÉVATIONS d'après Sophie Prouvier

Élévations sur la prière au Coeur Eucharistique de Jésus

               Coeur Eucharistique de Jésus, doux compagnons de notre exil, je vous adore.

                 Coeur Eucharistique de Jésus,

                 Cœur solitaire, Coeur humilié, cœur délaissé,

                 Cœur oublié, Cœur méprisé, Cœur outragé,

                 Cœur méconnu des hommes,

                 Cœur aimant nos cœurs,

                 Cœur suppliant qu'on l'aime,

                 Cœur patient à nous attendre,

                 Cœur pressé de nous exaucer,

                 Cœur désirant qu'on le prie,

                 Cœur foyer de nouvelles grâces,

                 Cœur silencieux voulant parler aux âmes, Cœur doux refuge de la vie cachée,

                 Cœur maître des secrets de l'union divine,

                 Cœur de Celui qui dort, mais qui veille toujours.

                 Coeur Eucharistique de Jésus, ayez pitié de nous.

                 Jésus-hostie, je veux vous consoler,

                 Je m'unis à vous, je m'immole avec vous,

                 Je m'anéantis devant vous,

                 Je vais m'oublier pour penser à vous,

                 Être oublié et méprisé par amour pour vous,

                 N'être compris, n'être aimé que de vous.

                 Je me tairai pour vous entendre et me quitterai pour me perdre en vous.

                 Faites que je soulage ainsi votre soif de mon salut, votre soif ardente de ma sainteté, et que, purifié, je vous donne un pur et véritable amour.

                 Je ne veux plus lasser votre attente : prenez-moi, je me donne à vous.

                 Je vous remets tout mon agir, mon esprit pour l'éclairer, mon cœur pour le diriger, ma volonté pour la fixer, ma misère pour la secourir, mon âme et mon corps pour les nourrir.

                 Coeur Eucharistique de mon doux Jésus dont le sang est la vie de mon âme, que je ne vive plus, mais que vous viviez seul en moi.

                 Ainsi soit-il.

« Cette prière renferme toute la doctrine, toute la substance de la dévotion au Cœur Eucharistique de Jésus. »

            in préface du Père Régis Garrigou-Lagrange, O.P. des Élévations sur la prière au Cœur Eucharistique de Jésus de Sophie Prouvier – Première publication Éditions de la Vie Spirituelle, 1926, Saint-Maximin. Seconde impression sur laquelle nous nous appuyons : Atelier du Monastère Sainte-Catherine de Langeac, 2018).

Cœur Eucharistique de Jésus - Élévations de Sophie Prouvier sur Hozana

 

 

            – Le sens de la dévotion au Cœur Eucharistique de Jésus est donné dans l'oraison de la messe et dans le décret d'approbation.

            Nous lisons dans l'oraison : « Seigneur Jésus-Christ, qui, en épanchant les richesses de votre amour envers les hommes, avez établi l'eucharistie, faites, nous vous en prions, que nous puissions aimer votre Cœur très aimant et user toujours dignement d'un si grand sacrement ».

            Le décret d'approbation explique : « Cette nouvelle fête… a pour but de commémorer tout spécialement l'amour que nous témoigne Notre-Seigneur Jésus-Christ dans le mystère de la sainte eucharistie… Un autre but… est d'animer les fidèles à s'approcher avec une confiance toujours plus grande de la sainte eucharistie et d'embraser leurs âmes du divin amour dont Notre-Seigneur Jésus-Christ a la source dans son Cœur brûlant d'une charité infinie, qui institua la sainte eucharistie, qui aime ses disciples et les garde dans son Cœur sacré, puisqu'il vit et demeure en eux, comme eux demeurent en lui, lui qui, par l'eucharistie, s'offre et se donne à chacun de nous en qualité de victime, de compagnon d'exil, de nourriture, de viatique, enfin de gage du ciel » (AAS, t. 13, 1921, p. 545).

            • La dévotion au Saint-Sacrement a pour objet l'adoration de Jésus-Christ actuellement présent et le culte à lui rendre dans sa vie sacramentelle.

            • La dévotion au Sacré-Cœur honore le Cœur du Seigneur, qui a inspiré toutes les œuvres du Rédempteur, de son incarnation à sa passion et à sa résurrection.

            • La dévotion au Cœur eucharistique ne considère que l'œuvre d'amour par excellence du Christ, qu'est l'eucharistie, son immolation sacrificielle, sa donation ineffable en la communion, sa présence réelle et permanente en tout tabernacle. L'invitatoire des matines de l'office nous fait répéter : « Venez, adorons le Cœur de Jésus nous donnant la très sainte eucharistie ».

[In : Dictionnaire de Spiritualité ascétique et mystique. Doctrine et histoire,
T.4 - Éditions Beauchesne, 1995 – Article : Eucharistique (Cœur)
de André Rayez et Alfred Bonhome.]

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