Les portes tournantes de la solitude - Homélie de Armand Veilleux à Saint-Pardoux
Les portes tournantes de la prière et de la solitude -
Lecture de l'homélie d'Armand Veilleux à Saint-Pardoux
Homélie pour le mercredi de la 2ème semaine de Pâques
22 avril 2020 – Mercredi de la 2ème semaine de Pâques
Ac 5, 17-26 ; Jn 3, 16-21
Il y a quelque chose qui m'a toujours intrigué dans le texte des Actes que nous venons de lire. Pourquoi l'ange s'est-il donné la peine de fermer les portes de la prison après avoir laissé sortir les apôtres ?... En effet, au début du texte, Luc dit que l'ange du Seigneur a ouvert les portes de la prison et a fait sortir les apôtres ; mais quand le gardien du temple arrive le matin, il trouve les portes bien fermées ! Il doit y avoir une signification symbolique dans cette histoire de portes ouvertes et puis verrouillées.
Il y avait quelque chose de similaire dans l'Évangile de dimanche dernier, de Jean. Les disciples avaient fermé les portes du lieu où ils étaient assemblés. Cela est sans doute à mettre en relation avec la recommandation de Jésus : "Quand tu veux prier, entre dans ta chambre, ferme la porte à clé, et prie ton père en secret". Ce que Jean semblait dire dans ce récit, c'est que Jésus a manifesté sa présence parmi ses disciples lorsqu'ils étaient assemblés pour prier. Mais alors, que fait-il ? Il souffle son Esprit sur eux et dit « Recevez le Saint-Esprit. Comme mon Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie ». Dans le texte des Actes des Apôtres d'aujourd'hui, l'ange du Seigneur apparaît aux disciples lorsqu'ils sont derrière des portes fermées. Mais l'ange du Seigneur est-il distinct du Seigneur lui-même ? Et que fait-il ? Il leur dit : "Sortez maintenant... et prêchez au peuple au sujet de cette Vie".
Les portes de la prière et de la solitude sont des portes tournantes. Elles séparent du monde au sens johannique du terme. Paradoxalement, les portes verrouillées sont une invitation au Seigneur à entrer. Mais, en même temps, il nous invite à sortir de nous-mêmes, vers nos frères et sœurs. Mais si nous sortons en Son nom, pour accomplir les services que nous sommes appelés à remplir, nous sommes toujours à l'intérieur et, en fait, la porte est toujours fermée.
Dans notre Ordre monastique, nous célébrons aujourd’hui la mémoire de la bienheureuse Gabriella Sagheddu*, une moniale de la Trappe de Vitorchiano, en Italie, morte en 1939. Elle est connue comme l’apôtre de l’Unité des Églises chrétiennes pour laquelle elle donna sa vie.
Armand Veilleux
Moine trappiste, Abbaye Notre-Dame de Scourmont, Chimay (Belgique)
Ses homélies en ligne
* Maria Sagheddu est née en 1914 à Dorgali, en Sardaigne, dans une famille de bergers. Dès l'enfance, elle fait preuve d'un caractère affirmé. Elle appartient à un milieu catholique fervent. Jeune fille, elle est membre de l'Action catholique et consacre du temps au service des malades et des personnes âgées.
À vingt-et-un ans, elle décide de s'orienter vers la vie religieuse et choisit d'entrer au monastère de Grottaferrata, de l'Ordre Cistercien de la Stricte Observance (les trappistes), le . Le monastère est alors de fondation récente et pauvre. Maria, qui a reçu comme nom de religion Maria Gabriella, craint de ne pas être admise à la profession (c'est-à-dire l'engagement monastique selon les trois vœux d'obéissance, de conversion de vie et de stabilité). Elle a en effet la critique et l'impatience faciles. Mais elle est acceptée par la communauté. Elle prend l'habit le , émet ses premiers vœux (pour trois ans) le , fête du Christ-Roi.
La communauté de Grottaferrata et son abbesse étaient très sensibles à la cause œcuménique : la réconciliation des chrétiens désunis. Maria Gabriella se sentit appelée à offrir sa vie pour l'unité des chrétiens. S'« offrir » ainsi, pour un chrétien, signifie aimer jusqu'au bout Dieu et ses frères. Le « jusqu'au bout » de Maria Gabriella fut rapide : atteinte de la tuberculose, elle mourut le , après quinze mois de souffrances et de tentatives infructueuses pour la guérir.
Sœur Maria Gabriella a été béatifiée par Jean-Paul II le . Dans son encyclique Ut unum sint (Qu'ils soient un, pour l'unité des chrétiens) ce même pape dira : J'ai voulu proposer aux fidèles de l'Église catholique un modèle qui me paraît exemplaire, celui d'une sœur trappistine, Maria Gabriella de l'Unité, que j'ai proclamée bienheureuse le 25 janvier 1983. Sœur Maria Gabriella, appelée par sa vocation à être en dehors du monde, a consacré son existence à la méditation et à la prière centrées sur le chapitre 17 de l'Évangile selon saint Jean et elle a offert sa vie pour l'unité des chrétiens. Voilà ce qui est au centre de toute prière : l'offrande totale et sans réserve de la vie au Père, par le Fils, dans l'Esprit Saint. L'exemple de sœur Maria Gabriella nous instruit, il nous fait comprendre qu'il n'y a pas de moments, de situations ou de lieux particuliers pour prier pour l'unité
Ut unum sint, , §27).
source: wikipedia
Méditer
source : Croire
La vie spirituelle de Maria Sagheddu nous enseigne trois choses : la première et la plus évidente, c'est la reconnaissance de la miséricorde que Dieu lui témoignait en lui demandant de lui appartenir totalement. La seconde, c'est son désir de répondre avec toute son énergie à la grâce : que s’achève en elle ce que le Seigneur a commencé. Enfin que s’accomplisse en elle la volonté de Dieu. C'est ainsi, nous rappelle-t-elle, que nous pouvons parvenir à la paix véritable.
Écouter
Psaume 18 “Ouvre mes yeux à tes merveilles” (Vêpres),
extrait de Les Voix Cisterciennes (SM)
PSAUME 18
Les cieux proclament la gloire de Dieu,
le firmament raconte l'ouvrage de ses mains.
Le jour au jour en livre le récit
et la nuit à la nuit en donne connaissance.
Pas de paroles dans ce récit, pas de voix qui s'entende ;
mais sur toute la terre en paraît le message
et la nouvelle, aux limites du monde.
Là, se trouve la demeure du soleil : +
tel un époux, il paraît hors de sa tente,
il s'élance en conquérant joyeux.
Il paraît où commence le ciel, +
il s'en va jusqu'où le ciel s'achève :
rien n'échappe à son ardeur.
La loi du Seigneur est parfaite, qui redonne vie ; *
la charte du Seigneur est sûre, qui rend sages les simples.
Les préceptes du Seigneur sont droits, ils réjouissent le cœur ; *
le commandement du Seigneur est limpide, il clarifie le regard.
La crainte qu'il inspire est pure, elle est là pour toujours ; *
les décisions du Seigneur sont justes et vraiment équitables :
plus désirables que l'or, qu'une masse d'or fin, *
plus savoureuses que le miel qui coule des rayons.
Aussi ton serviteur en est illuminé ; +
à les garder, il trouve son profit. *
Qui peut discerner ses erreurs ?
Purifie-moi de celles qui m'échappent.
Préserve aussi ton serviteur de l'orgueil :
qu'il n'ait sur moi aucune emprise. *
Alors je serai sans reproche, pur d'un grand péché.
Accueille les paroles de ma bouche,
le murmure de mon cœur ; *
qu'ils parviennent devant toi, Seigneur,
mon rocher, mon défenseur !
Les cieux proclament la gloire de Dieu,
le firmament raconte l'ouvrage de ses mains.
Le jour au jour en livre le récit
et la nuit à la nuit en donne connaissance.
Pas de paroles dans ce récit, pas de voix qui s'entende ;
mais sur toute la terre en paraît le message
et la nouvelle, aux limites du monde.
Là, se trouve la demeure du soleil : +
tel un époux, il paraît hors de sa tente,
il s'élance en conquérant joyeux.
Il paraît où commence le ciel, +
il s'en va jusqu'où le ciel s'achève :
rien n'échappe à son ardeur.
La loi du Seigneur est parfaite, qui redonne vie ; *
la charte du Seigneur est sûre, qui rend sages les simples.
Les préceptes du Seigneur sont droits, ils réjouissent le cœur ; *
le commandement du Seigneur est limpide, il clarifie le regard.
La crainte qu'il inspire est pure, elle est là pour toujours ; *
les décisions du Seigneur sont justes et vraiment équitables :
plus désirables que l'or, qu'une masse d'or fin, *
plus savoureuses que le miel qui coule des rayons.
Aussi ton serviteur en est illuminé ; +
à les garder, il trouve son profit. *
Qui peut discerner ses erreurs ?
Purifie-moi de celles qui m'échappent.
Préserve aussi ton serviteur de l'orgueil :
qu'il n'ait sur moi aucune emprise. *
Alors je serai sans reproche,
pur d'un grand péché.
Accueille les paroles de ma bouche,
le murmure de mon cœur ; *
qu'ils parviennent devant toi, Seigneur,
mon rocher, mon défenseur !
Prier
avec sr Maria Gabriella Sagheddu
Dans la simplicité de mon cœur,
je T'offre tout avec joie, ô Seigneur.
Tu as daigné m'appeler à Toi,
et je viens à Tes pieds.
En ce jour de Ta fête royale,
Tu veux faire de moi,
créature misérable, la reine.
Je Te remercie avec toute l'effusion de l'âme,
et en prononçant les saints vœux
je m'abandonne entièrement à Toi.
Ô Jésus
fais que je puisse demeurer toujours fidèle à mes promesses
et que je ne reprenne jamais
ce que je Te donne en ce jour
Viens et règne dans mon âme,
tel un Roi d'amour.
Photographies et vidéo à l'Île Saint-Pardoux, Sury-ès-Bois (Cher) ; "L'Offerta" (sculpture installée au Palazzo dei Papi di Viterbo - Italie, 1994) par Sandrine Treuillard.
Sauf celle de Maria Gabriella Saghedu
Retrouvez cet article et les vidéos sur la sous-page :
Contemplation en Temps pascal - Île Saint-Pardoux