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Les nombreuses demeures dans la maison de Dieu - Homélie du père Armand Veilleux - 8 mai 2020 - Martyrs d'Algérie
Homélie pour vendredi de la 4ème semaine de Pâques, 2020
8 mai 2020, vendredi de la 4ème semaine de Pâques Actes 13:26-33 ; Jean 14:1-6
Thomas est un personnage vraiment intéressant. Il n'hésite jamais à intervenir même avec des questions qui n'ont rien de diplomatique. Lorsque Jésus dit aux Apôtres qu'il va leur préparer une place près de son Père et qu'il reviendra les prendre avec lui, Thomas objecte : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment saurions-nous le chemin ? » Et comme à chacune de ses interventions, Jésus le prend au sérieux et non seulement lui donne une réponse, mais lui fait une révélation importante : « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie. Nul ne vient au Père sinon par moi. »
Ce qui est propre au christianisme ce n’est pas d’être une religion, ni même la seule vraie religion. Vatican II a reconnu dans les grandes religions de l'humanité des voies de salut pour les personnes cherchant sincèrement Dieu. Ce qui est propre au christianisme c'est d'être la foi en la personne de Jésus de Nazareth – une foi qui reconnaît explicitement en Lui le Chemin vers le Père. Notre foi chrétienne n'est pas simplement une foi générale en Dieu, créateur de l’Univers ; elle est une relation personnelle et aimante avec Jésus, reconnu explicitement comme la Voie qui mène au Père, comme la Vérité tout entière et comme la source et la plénitude de la Vie.
Jésus nous a appelés, chacun de nous par notre nom. Il a avec chacun de nous une relation particulière. Dieu nous a tous faits différents les uns des autres et il est le premier à respecter cette différence. C'est pourquoi il y a, nous révèle Jésus, de nombreuses demeures dans la maison de son Père. En réalité il y a autant de demeures que de personnes appelées au salut ; et tous les humains sont appelés.
Le Fils de Dieu s'est fait l'un d'entre nous. Il est mort et il est ressuscité et il est allé nous préparer à chacun et chacune d'entre nous une place auprès de son Père. Comme le dit Paul aux Juifs dans la synagogue d'Antioche de Pisidie, « la promesse faite à nos pères, Dieu l’a accomplie en notre faveur à nous, leurs enfants : il a ressuscité Jésus » (première lecture). Paul affirme donc explicitement et clairement que c'est "en notre faveur" que le Père a ressuscité Jésus. Célébrons donc cette Eucharistie dans la joie pascale et l'action de grâce.
Et n’oublions pas que nous célébrons aujourd’hui la mémoire de nos frères de Tibhirine, déclarés bienheureux par le pape François, le 8 décembre 2018, en même temps que douze autres témoins de l’Évangile qui ont donné leur vie en Algérie et pour l’Algérie.
Armand Veilleux Moine trappiste, Abbaye Notre-Dame de Scourmont, Chimay (Belgique) Ses homélies en ligne
Aux 7 bienheureux martyrs de Tibhirine - 8 mai 2020 - Premiers iris sauvages - Île Saint-Pardoux
Les portes tournantes de la prière et de la solitude - Lecture de l'homélie d'Armand Veilleux à Saint-Pardoux
Homélie pour le mercredi de la 2ème semaine de Pâques
22 avril 2020 – Mercredi de la 2ème semaine de Pâques Ac 5, 17-26 ; Jn 3, 16-21
Il y a quelque chose qui m'a toujours intrigué dans le texte des Actes que nous venons de lire. Pourquoi l'ange s'est-il donné la peine de fermer les portes de la prison après avoir laissé sortir les apôtres ?... En effet, au début du texte, Luc dit que l'ange du Seigneur a ouvert les portes de la prison et a fait sortir les apôtres ; mais quand le gardien du temple arrive le matin, il trouve les portes bien fermées ! Il doit y avoir une signification symbolique dans cette histoire de portes ouvertes et puis verrouillées.
Il y avait quelque chose de similaire dans l'Évangile de dimanche dernier, de Jean. Les disciples avaient fermé les portes du lieu où ils étaient assemblés. Cela est sans doute à mettre en relation avec la recommandation de Jésus : "Quand tu veux prier, entre dans ta chambre, ferme la porte à clé, et prie ton père en secret". Ce que Jean semblait dire dans ce récit, c'est que Jésus a manifesté sa présence parmi ses disciples lorsqu'ils étaient assemblés pour prier. Mais alors, que fait-il ? Il souffle son Esprit sur eux et dit « Recevez le Saint-Esprit. Comme mon Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie ». Dans le texte des Actes des Apôtres d'aujourd'hui, l'ange du Seigneur apparaît aux disciples lorsqu'ils sont derrière des portes fermées. Mais l'ange du Seigneur est-il distinct du Seigneur lui-même ? Et que fait-il ? Il leur dit : "Sortez maintenant... et prêchez au peuple au sujet de cette Vie".
Les portes de la prière et de la solitude sont des portes tournantes. Elles séparent du monde au sens johannique du terme. Paradoxalement, les portes verrouillées sont une invitation au Seigneur à entrer. Mais, en même temps, il nous invite à sortir de nous-mêmes, vers nos frères et sœurs. Mais si nous sortons en Son nom, pour accomplir les services que nous sommes appelés à remplir, nous sommes toujours à l'intérieur et, en fait, la porte est toujours fermée.
Dans notre Ordre monastique, nous célébrons aujourd’hui la mémoire de la bienheureuse Gabriella Sagheddu*, une moniale de la Trappe de Vitorchiano, en Italie, morte en 1939. Elle est connue comme l’apôtre de l’Unité des Églises chrétiennes pour laquelle elle donna sa vie.
Armand Veilleux Moine trappiste, Abbaye Notre-Dame de Scourmont, Chimay (Belgique) Ses homélies en ligne
* Maria Sagheddu est née en 1914 à Dorgali, en Sardaigne, dans une famille de bergers. Dès l'enfance, elle fait preuve d'un caractère affirmé. Elle appartient à un milieu catholique fervent. Jeune fille, elle est membre de l'Action catholique et consacre du temps au service des malades et des personnes âgées.
À vingt-et-un ans, elle décide de s'orienter vers la vie religieuse et choisit d'entrer au monastère de Grottaferrata, de l'Ordre Cistercien de la Stricte Observance (les trappistes), le . Le monastère est alors de fondation récente et pauvre. Maria, qui a reçu comme nom de religion Maria Gabriella, craint de ne pas être admise à la profession (c'est-à-dire l'engagement monastique selon les trois vœux d'obéissance, de conversion de vie et de stabilité). Elle a en effet la critique et l'impatience faciles. Mais elle est acceptée par la communauté. Elle prend l'habit le , émet ses premiers vœux (pour trois ans) le , fête du Christ-Roi.
La communauté de Grottaferrata et son abbesse étaient très sensibles à la cause œcuménique : la réconciliation des chrétiens désunis. Maria Gabriella se sentit appelée à offrir sa vie pour l'unité des chrétiens. S'« offrir » ainsi, pour un chrétien, signifie aimer jusqu'au bout Dieu et ses frères. Le « jusqu'au bout » de Maria Gabriella fut rapide : atteinte de la tuberculose, elle mourut le , après quinze mois de souffrances et de tentatives infructueuses pour la guérir.
Sœur Maria Gabriella a été béatifiée par Jean-Paul II le . Dans son encyclique Ut unum sint (Qu'ils soient un, pour l'unité des chrétiens) ce même pape dira : J'ai voulu proposer aux fidèles de l'Église catholique un modèle qui me paraît exemplaire, celui d'une sœur trappistine, Maria Gabriella de l'Unité, que j'ai proclamée bienheureuse le 25 janvier 1983. Sœur Maria Gabriella, appelée par sa vocation à être en dehors du monde, a consacré son existence à la méditation et à la prière centrées sur le chapitre 17 de l'Évangile selon saint Jean et elle a offert sa vie pour l'unité des chrétiens. Voilà ce qui est au centre de toute prière : l'offrande totale et sans réserve de la vie au Père, par le Fils, dans l'Esprit Saint. L'exemple de sœur Maria Gabriella nous instruit, il nous fait comprendre qu'il n'y a pas de moments, de situations ou de lieux particuliers pour prier pour l'unité Ut unum sint, , §27).
La vie spirituelle de Maria Sagheddu nous enseigne trois choses : la première et la plus évidente, c'est la reconnaissance de la miséricorde que Dieu lui témoignait en lui demandant de lui appartenir totalement. La seconde, c'est son désir de répondre avec toute son énergie à la grâce : que s’achève en elle ce que le Seigneur a commencé. Enfin que s’accomplisse en elle la volonté de Dieu. C'est ainsi, nous rappelle-t-elle, que nous pouvons parvenir à la paix véritable.
Écouter Psaume 18 “Ouvre mes yeux à tes merveilles” (Vêpres), extrait de Les Voix Cisterciennes (SM)
PSAUME 18
Les cieux proclament la gloire de Dieu, le firmament raconte l'ouvrage de ses mains. Le jour au jour en livre le récit et la nuit à la nuit en donne connaissance.
Pas de paroles dans ce récit, pas de voix qui s'entende ; mais sur toute la terre en paraît le message et la nouvelle, aux limites du monde.
Là, se trouve la demeure du soleil : + tel un époux, il paraît hors de sa tente, il s'élance en conquérant joyeux.
Il paraît où commence le ciel, + il s'en va jusqu'où le ciel s'achève : rien n'échappe à son ardeur.
La loi du Seigneur est parfaite, qui redonne vie ; * la charte du Seigneur est sûre, qui rend sages les simples. Les préceptes du Seigneur sont droits, ils réjouissent le cœur ; * le commandement du Seigneur est limpide, il clarifie le regard.
La crainte qu'il inspire est pure, elle est là pour toujours ; * les décisions du Seigneur sont justes et vraiment équitables : plus désirables que l'or, qu'une masse d'or fin, * plus savoureuses que le miel qui coule des rayons.
Aussi ton serviteur en est illuminé ; + à les garder, il trouve son profit. * Qui peut discerner ses erreurs ? Purifie-moi de celles qui m'échappent.
Préserve aussi ton serviteur de l'orgueil : qu'il n'ait sur moi aucune emprise. * Alors je serai sans reproche, pur d'un grand péché.
Accueille les paroles de ma bouche, le murmure de mon cœur ; * qu'ils parviennent devant toi, Seigneur, mon rocher, mon défenseur !
Les cieux proclament la gloire de Dieu, le firmament raconte l'ouvrage de ses mains. Le jour au jour en livre le récit et la nuit à la nuit en donne connaissance.
Pas de paroles dans ce récit, pas de voix qui s'entende ; mais sur toute la terre en paraît le message et la nouvelle, aux limites du monde.
Là, se trouve la demeure du soleil : + tel un époux, il paraît hors de sa tente, il s'élance en conquérant joyeux.
Il paraît où commence le ciel, + il s'en va jusqu'où le ciel s'achève : rien n'échappe à son ardeur.
La loi du Seigneur est parfaite, qui redonne vie ; * la charte du Seigneur est sûre, qui rend sages les simples. Les préceptes du Seigneur sont droits, ils réjouissent le cœur ; * le commandement du Seigneur est limpide, il clarifie le regard.
La crainte qu'il inspire est pure, elle est là pour toujours ; * les décisions du Seigneur sont justes et vraiment équitables : plus désirables que l'or, qu'une masse d'or fin, * plus savoureuses que le miel qui coule des rayons.
Aussi ton serviteur en est illuminé ; + à les garder, il trouve son profit. * Qui peut discerner ses erreurs ? Purifie-moi de celles qui m'échappent.
Préserve aussi ton serviteur de l'orgueil : qu'il n'ait sur moi aucune emprise. * Alors je serai sans reproche, pur d'un grand péché.
Accueille les paroles de ma bouche, le murmure de mon cœur ; * qu'ils parviennent devant toi, Seigneur, mon rocher, mon défenseur !
Prier avec sr Maria Gabriella Sagheddu
Dans la simplicité de mon cœur, je T'offre tout avec joie, ô Seigneur.
Tu as daigné m'appeler à Toi, et je viens à Tes pieds.
En ce jour de Ta fête royale, Tu veux faire de moi, créature misérable, la reine.
Je Te remercie avec toute l'effusion de l'âme, et en prononçant les saints vœux je m'abandonne entièrement à Toi.
Ô Jésus fais que je puisse demeurer toujours fidèle à mes promesses et que je ne reprenne jamais ce que je Te donne en ce jour Viens et règne dans mon âme, tel un Roi d'amour.
Association pour le rayonnement de la culture cistercienne
Photographies et vidéo à l'Île Saint-Pardoux, Sury-ès-Bois (Cher) ; "L'Offerta" (sculpture installée au Palazzo dei Papi di Viterbo - Italie, 1994) par Sandrine Treuillard. Sauf celle de Maria Gabriella Saghedu
L'expérience de la rencontre de Jésus - Lecture de l'homélie d'Armand Veilleux à Saint-Pardoux
Homélie pour le Samedi de l'Octave de Pâques 2020
18 avril 2020 – Samedi dans l’Octave de Pâques Ac 4, 13-21 ; Mc 16, 9-15
Ce passage de l’Évangile de Marc nous donne une description rapide et globale de la première évangélisation chrétienne, dans les jours qui suivent la résurrection de Jésus. Marc trace une distinction très nette entre ceux qui croient et ceux qui ne croient pas, entre ceux qui font une expérience personnelle de Jésus, et ceux pour qui ce qui leur est raconté par d’autres demeure quelque chose d’extérieur.
Marie-Madeleine est la première à faire une expérience personnelle de la rencontre de Jésus ressuscité le matin de Pâques. Elle va tout de suite le raconter à tous les disciples de Jésus qui se trouvaient à Jérusalem, mais ils refusent de la croire. Puis Jésus se manifeste aux deux voyageurs allant à Emmaüs, qui s’en vont aussi le raconter aux Apôtres à Jérusalem, qui ne croient pas non plus. Enfin Jésus apparaîtra aux Onze, à la fin du récit, il leur reproche d’avoir eu un cœur dur qui n’a pas su croire. Puis il leur commande d’aller porter la bonne nouvelle qu’il est vivant à toute la création.
De ce passage de l’Évangile de Marc nous pouvons retenir que ceux qui ont fait l’expérience personnelle de la présence de Jésus vivant doivent l’annoncer aux autres. Ce que Jésus reproche ici à ses disciples ce n’est pas de ne pas avoir cru en Lui, mais précisément de ne pas avoir cru en l’expérience de ceux qui l’ont vu. Il y a en cela une leçon très importante concernant la transmission de la foi. La foi se transmet de personne à personne. Si nous avons la foi, c’est que nous l’avons reçue à travers une longue chaîne de témoins, dont chacun a rendu témoignage de son expérience. L’enseignement sur ce que nous appelons les « vérités de la foi » est important, bien sûr. Mais ce n’est pas à travers cet enseignement que se transmet la foi. Elle se transmet à travers le partage d’une expérience vécue.
Par ailleurs il ne suffit pas d’entendre l’annonce de la foi, ou le partage d’une expérience de foi pour croire. Il faut faire en même temps l’expérience personnelle de la rencontre de Jésus. Ce qui empêche de faire cette rencontre, c’est la dureté du cœur, que Jésus reproche à ses disciples d’avoir. Un cœur dur est un cœur qui n’est pas pur, qui est divisé. Bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.
Demandons à Jésus de nous donner toujours un cœur pur qui nous rende possible de croire, c’est-à-dire de percevoir la présence continuelle de Jésus dans nos vies et aussi dans la vie de ceux qui nous entourent, surtout ceux et celles qui nous parlent de leur rencontre avec Jésus.
Armand Veilleux Moine trappiste, Abbaye Notre-Dame de Scourmont, Chimay (Belgique) Ses homélies en ligne
Le miroir du Merci Jésus à Saint-Pardoux
Photographies et vidéos de l'Île Saint-Pardoux, Sury-ès-Bois (Cher) par Sandrine Treuillard.