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  • Par saint Martin de Tours, Dieu revient sur les autels de France - Adoration Saint-Martin

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    adoration saint martin,adoration eucharistique,sandrine treuillard,la france,Écologie humaine,sacré cœur,politique,miséricorde divine,transmission,foi,agriculture,cœur eucharistique de jésus,nouvelle pentecôte eucharistiqueLe jeudi 17 mars 2022, j'ai participé à la prière très charismatique de la Fraternité du Cœur Eucharistique de Jésus, à Besançon, tout près de la chapelle Notre-Dame du Refuge – au tabernacle de laquelle Sophie Prouvier a reçu la révélation du Cœur Eucharistique de Jésus, les 22 janvier et 1er septembre 1854.

    Dans le texte qui suit, datant d'une messe au Carmel de Nevers, le 26 juillet 2015 (un an avant le sacrifice eucharistique du Père Jacques Hamel), suite à ma participation à la Fraternité du Cœur Eucharistique de Jésus, à Besançon, j'ai mis en caractère rouge ce qui a trait à l'amour du Cœur Eucharistique de Jésus.

    Sandrine Treuillard
    Vanves, le mardi 22 mars 2022

    Emblème/Blason spirituel dessiné le 19 mars 2022,
    en la Saint Joseph - © Sandrine Treuillard

     

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    La messe miraculeuse de saint Martin de Tours par Simone Martini
    XIVème
    s. Assise, Église San Francesco (détail)


    Carmel de Nevers après la messe du dimanche 26 juillet 2015

    adoration saint martin,adoration eucharistique,sandrine treuillard,la france,Écologie humaine,sacré cœur,politique,miséricorde divine,transmission,foi            La proximité du prêtre dans sa façon de célébrer la messe avec les habitants du quartier et dans son homélie, m’a beaucoup touchée. Il m’a donné les larmes aux yeux évoquant son père qui, à la fin de la journée où les enfants revenaient à pieds de l’école à 3km, revenant lui-même du bois où il préparait les bûches de chauffage pour l’année, rapportait dans son sac un pain qui avait un peu séché durant la journée, et le partageait avec ses enfants leur disant que c’était le pain d’alouette, un pain d’oiseaux… Ce souvenir lui revenait en résonance avec l’Évangile du jour, en ce dimanche 26 juillet, où Jésus a pitié de la foule nombreuse qui le suit et n’a rien à manger. Il multiplia les cinq pains d’orge et les deux poissons qu’un jeune garçon avait là, fit asseoir la foule sur l’herbe fraîche et les leur fit distribuer. Il se donne comme signe, lui-même, pour leur signifier l’existence de Dieu le Père qui pourvoie avec abondance à leurs besoins, et celui de Ciel dont ils n’ont pas encore conscience. Une fois ce signe divin donné, Jésus retourne sans ses compagnons les disciples, seul, dans la montagne, pour le cœur à cœur avec son Père du Ciel. Ainsi fuyait-il le désir des gens d’en faire leur roi sur la terre, son heure n’étant pas encore venue pour devenir celui du Ciel. Ainsi évitait-il de ”se faire manger” par le commun des mortels de façon précoce et inopportune, ce qui aurait gâché son don de lui-même, qui est tout spirituel et divin, dans le sacrifice de la Croix et jusqu’à la Résurrection. 

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                Ce qui m’a particulièrement touchée dans la parole du prêtre est son souci de l’homme rural et de la reconnaissance de ses besoins spirituels. Ce prêtre se souvient et nous transmet un épisode de la simplicité du monde rural où la bonté originelle s’exprime. Son père avait été élevé chez des ”frères” ; il connaissait bien ”sa” Bible. Ainsi le pain des oiseaux avec ce côté merveilleux du conte n’était pas sans lien avec le Corps du Christ que nous aimons à célébrer à la messe. L’enfant qui a écouté son père et mangé avec les autres enfants ce pain des oiseaux un peu dur est devenu prêtre. C’est très beau !

                Hier matin, j’ai pris mon petit déjeuner en compagnie de ce même prêtre après la messe qu’il avait célébrée. Il est originaire de Pouilly-sur-Loire. Je lui ai parlé de mon projet d’Adoration Saint Martin. Ce matin, après la messe, nous sommes venus prendre le petit déjeuner avec Philippe, le monsieur à la grande moustache qui sert la messe et distribue la communion le dimanche. Je lui avais demandé si je pouvais apporter le calice à l’offertoire. Il m’a du coup proposé de donner la communion. Je ne savais pas si j’en étais digne… si cela m’était autorisé. Je ne l’avais jamais fait. Eh bien, aujourd’hui est un grand jour, puisque pour la première fois de ma vie j’ai tendu le calice à chaque paroissien en disant : « Le Sang du Christ ! ». J’ai aussi porté la Paix du Christ aux Sœurs, dans leur clôture. Quelle joie de voir chaque visage souriant m’accueillir et accueillir la Paix du Christ et la partager ensemble ! Le plus beau sourire était celui de sr Marie-Dominique. Mais tous étaient très beaux. J’ai découvert le visage de l’une d’elle, âgée, aux yeux bleus aveugles, voilés de blanc. Sr Christiane aussi a accueilli la Paix du Christ dans un très large sourire, la dernière… Comme si je venais faire partie de leur communauté de carmélites…

    adoration saint martin, adoration eucharistique, sandrine treuillard, la france, Écologie humaine, sacré cœur, politique, miséricorde divine       Tout à l’heure, je vais proposer à Sr Michèle-Marie, ma bienfaitrice ici, celle qui a su accueillir la première mon récit de vie spirituelle et discerner avec moi l’importance de l’expression artistique dans ma vie et pour l’évangélisation… avec sainte Thérèse Bénédicte de la Croix qu’elle a introduite dans ma vie, Édith Stein… je la bénis, que Dieu bénisse toujours sr Michèle-Marie !, je lui proposerai donc de regarder avant mon départ la vidéo-diaporama « Le sens d'une église : Saint-Martin de Sury-ès-Bois (18) » avec ses sœurs Christiane et Marie-Dominique. Je souhaite leur exposer mon projet d’Adoration Saint Martin pour les campagnes, pour mon village du diocèse de Bourges qui manque tant de prêtre, qui n’a pas un seul séminariste, comprenant pourtant deux départements : le Cher (Bourges) et l’Indre (Issoudun, Châteauroux). 

                Quand le prêtre a imité le Christ consacrant le pain et le vin, il a évoqué les agriculteurs et les vignerons qui produisent ce pain et ce vin. Cette reconnaissance des agriculteurs au cœur de la messe devrait se faire avec autant de générosité dans toutes les églises de France. 

    adoration saint martin, adoration eucharistique, sandrine treuillard, la france, Écologie humaine, sacré cœur, politique, miséricorde divine            Notre humanité a besoin de reconnaître le besoin spirituel de l’homme, et en particulier de l’homme rural abandonné, oublié et méprisé par le citadin. Ce mépris des autorités citadines pour l’homme rural le rend plus rude qu’il ne l’est. Il faut lever ce mépris qui est méprise et méconnaissance, regagner la confiance en la générosité tapie dans le cœur de l’homme rural, du paysan. Le paysan aime Dieu. Il a un lien privilégié à la Création par son travail au milieu de la nature pervertie par le Plan Marshall, les lois imposées depuis Bruxelles, les décisions bureaucratiques. La distribution mal avisée de subventions étatiques et européennes est un chantage pour maîtriser la production agricole. Elle coupe l’homme, le paysan lui-même qui, à l’origine, connaît et aime sa terre, de la vie même de cette terre. Les subventions éhontées obligent l’agriculteur à pratiquer avec ”sa” terre, avec l’écosystème (ce terme manifeste l’éloignement de la nature de l’homme qui travaillait avec elle : la nature serait devenue un système froid tout comme le système économique ou le système financier, l’homme surplombant la nature sans n’avoir plus de relation essentielle avec elle), des choses qui trop souvent sont contre le bien de la nature, contre le respect de la terre, contre l’éthique écologique et humaine. Et contre le cœur même de l’homme du pays, le paysan. Les autorités payent les agriculteurs qui doivent exécuter des pratiques anti-biologiques. C’est pourquoi il y a le plus de suicide dans cette catégorie de la population française. On apprend aux futurs agriculteurs, dans les écoles, non pas à connaître et aimer son pays, mais on les éloigne de  la terre, du travail avec la terre. On éloigne la terre du corps et du cœur du paysan. On lui indique comment booster une terre déjà épuisée en ajoutant des engrais. Ou comment supprimer la vie des insectes par l’ajout d’insecticides qui viennent polluer les sols à long terme et tuer les abeilles. Constater que la terre que l’on est amené à travailler est sans vie est un drame humain pour l’agriculteur qui ne s’appelle plus ainsi d’ailleurs, mais ”exploitant agricole”. Les directives étatiques et européennes ont tellement exploité le travail des hommes dans de mauvais sens qu’il n’y a plus ni terre, ni humanité dans le travail, et que l’homme du pays est devenu l’esclave d’un travail qui n’a plus de sens que mortifère. Des hommes qui étaient en communion avec leur milieu agricole, on a fait d’eux des bureaucrates, des gestionnaires d’entreprise de destruction des ressources naturelles par des pratiques absurdes et artificielles, coupées du bon sens ordinaire, coupées de la perception naturelle de l’homme en harmonie avec son milieu de vie et de travail. L’homme du pays ne travaille plus avec la terre, avec la nature, mais contre la nature pour satisfaire une logique purement économique, abstraite, coupée de la vie. L’homme apprend à déconstruire les chaînes naturelles de la vie biologique sans plus avoir connaissance de l’harmonie naturelle de ces chaînes biologiques. Comment un agriculteur sain ne pourrait-il pas être profondément dégoûté de devoir pratiquer tout cela qu’il devrait faire subir à la terre, aux bêtes, à lui-même enfin !, en conscience ? Ceux qui se suicident montrent jusqu’où va l’absurdité du système : anti-biologique, contre l’homme, contre la vie. Une machine bureaucratique et idéologique devenue folle et meurtrière. 

    adoration saint martin, adoration eucharistique, sandrine treuillard, la france, Écologie humaine, sacré cœur, politique, miséricorde divine            Qu’au sein de la messe le respect et l’amour de la vie par le Don de Dieu du Corps –le pain- et du Sang –le vin- de son Fils Jésus, le Sauveur, au Cœur transpercé qui nous donne la vie en abondance (la Miséricorde), que cela soit le cœur, le centre de la messe, est le plus grand signe d’espérance de la réconciliation possible entre les citadins et les ruraux. Les hommes des campagnes étant les garants de la dernière authenticité du pays, de la terre à aimer, à respecter, de laquelle recevoir tous les plaisirs sensibles mais aussi spirituels. Le cœur de la célébration eucharistique est le plus grand signe d’espérance de l’homme avec sa terre blessée. Cette terre blessée par l’homme devenu un administrateur éloigné de ses origines, coupé de ses racines, le citadin de Paris ou de Bruxelles qui décide de la production, du cours de l’économie, de la finance sans plus aucun lien avec le pays. La terre et le pays sont désaffectés. L’homme ne porte plus d’affection envers eux. Sa sensibilité affective est si émoussée qu’elle s’est réduite à la gestion économique. Ce qui le fait homme, sa subjectivité affective, est anéanti par un système qui le domine. Il est ainsi démuni même du sens de la responsabilité. Abêti et dominé par des règles qui n’ont plus de sens. L’homme rural qui voit le fruit de ces pratiques a le cœur qui saigne. Même la terre qui est devenue si sèche, sans vie, n’a plus de sang pour saigner. Elle souffre brutalement, à sec. Dans une région comme la Bourgogne, il n’y a plus de vie dans la terre. Le sang n’abreuve plus la terre. Elle a soif. Anémiée, elle crie sa sécheresse. Avez-vous entendu le témoignage de ce couple de microbiologistes des sols qui sillonnent avec leurs appareils de mesure les vignes bourguignonnes ? (Voir la page enrichie Le temps des grâces) Les vignes sont anémiées ! La terre n’a plus de ressource pour nourrir les ceps, elle a été épuisée par les engrais, par la surproduction contre nature, par l’atrophie du bon sens. Une terre sans ver ne respire plus et étouffe. 

    adoration saint martin, adoration eucharistique, sandrine treuillard, la france, Écologie humaine, sacré cœur, politique, miséricorde divine            L’actualité du Christ dans la prière eucharistique, le don de Son Corps et de Son Sang est vivante et criante. Le miracle à opérer pour la conversion des cœurs à son Amour, à sa Vie, est là, à chaque messe, à la portée de chacun s’il veut bien ouvrir son cœur à la fraternité de base, au partage de base, à la solidarité humaine de base auquel nous convie Jésus lors de son dernier repas. Ouvrir notre cœur au don que Dieu veut nous faire de sa Vie, qu’il lui tarde de déverser dans nos vies par Jésus, avec abondance. 

                Il est venu répandre un feu sur la terre, le feu de son amour débordant, un feu de lumière, ce feu est lumière, un fleuve de lumière qui désaltère tout l’être et donne vie à toute chair, à toute terre. 

    adoration saint martin, adoration eucharistique, sandrine treuillard, la france, Écologie humaine, sacré cœur, politique, miséricorde divine            Saint Martin avait perçu et compris le besoin spirituel du paysan dans un temps où son rapport à la nature n’était pas encore si malmené qu’aujourd’hui. Laissons-le revenir nous enseigner la Charité du Christ qu’il a partagée, à l’époque de l’Empire romain, avec les Gaulois que nous sommes toujours, au fond, mais que nous avons oubliés que nous sommes. L’homme est le même, ses besoins, mêmes spirituels, sont les mêmes. Après tout, non : le besoin spirituel de l’homme moderne a tellement été dénigré, renié, méprisé, que, comme l’annonçait Marthe Robin il y a quelques décennies, « la France est tombée encore plus bas ». Le message de la Bonne Nouvelle des bienfaits de Dieu pour l’homme n’a pas changé et est au contraire d’une très grande actualité. Il y a urgence à ce que l’homme considère son besoin de consolation et de direction spirituelle. 

                Sachons par là recevoir l’exemple de saint Martin de Tours. Écoutons saint Martin nous rappeler la bonté, la compassion de Dieu pour l’homme. Dieu nous veut reliés à lui dans sa grâce. Dieu nous fait miséricorde : gratuitement il nous propose son Amour sans condition. Relisons la vie de ce grand saint, moine puis évêque malgré lui. Écoutons la parole du prêtre. Tout prêtre est un autre Christ qui nous enseigne ce que Jésus lui-même enseigne. Saint Martin est la richesse du christianisme dans notre pays, un trésor d’humanité baigné de la divinité à redécouvrir. Il a eu pitié du pauvre. Il a pris part à la Passion du Christ. C’est cela la compassion, c’est cela « Jésus doux et humble de cœur » : se mettre à son école, écouter le cœur de Dieu battre pour nous.       

    A M E N 

     

                Le diagnostic est facile à poser. Il y a des décennies que l’on peut constater les dommages. 

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                Le remède est cependant là, sous les yeux de qui veut bien le voir. C’est par le bois de la Croix que Dieu a donné le remède. Toute l’espérance est là. Elle coule à flot du Cœur de Jésus, la foi, dans le Sang et l’Eau. Sinon, la Croix ne serait qu’un bâton sec. Être chrétien aujourd’hui, et qui plus est dans le milieu rural, c’est s’abreuver au bois de la Croix, c’est recontacter le sens spirituel du christianisme. C’est puiser le remède à la source, dans le Cœur de Dieu, le Cœur de Jésus transpercé sur le bois de la Croix, du haut de laquelle il nous déverse tout son Amour. Le Cœur de Dieu bat au bois de la Croix. Il est tout espérance et tout amour. La Miséricorde Divine est là, pour vous, qui peinez dans les campagnes, qui souffrez de l’indifférence du pays qui ne voit pas que vous êtes sa vie, son cœur de France. Dieu, lui, le voit, le sait, et il est là pour vous, afin que vous puissiez à son Cœur qui est toute votre espérance. Dans la prière d’adoration du Saint Sacrement vous trouverez le Cœur de Dieu qui brûle d’amour pour vous. À la suite de l’évêque de Tours, avec saint Martin, vous participerez de l’amour de Jésus pour vous et pour vos frères, pour la génération humaine tout entière. Le saint Sacrement dilatera votre cœur au contact du Cœur de Dieu. Car l’Eucharistie est le mystère du Cœur de Dieu. C’est son Cœur incarné. Le Cœur de Dieu fait chair est l’Eucharistie. Laissez son silence œuvrer en vous et vous entendrez ce que personnellement il a à vous dire. Car Dieu vient pour tout homme. Il veut parler au cœur de chacun. Et plus tu es loin de Lui, plus il désire se rapprocher de toi. Le diocèse de Bourges est désert. C’est pourquoi Dieu veut y revenir. Il y est d’ailleurs : toute la vastitude le contient. Seulement, c’est l’humilité qui manque à l’homme qui fait qu’il ne Le rencontre plus. Le berrichon a perdu le lien avec son Dieu par manque de prêtres aussi. La laïcité a fait son œuvre de séparation. Non pas la séparation de l’Église et de l’État. Non. Celle-ci est toujours souhaitable. Mais la séparation de l’homme d’avec son Dieu. La dissuasion distillée au sein de l’éducation d’avoir recours au secours divin dans la difficulté inhérente au fait de vivre. L’esprit laïc mal transmis, et peut-être mal transmis à dessein et de façon renforcée depuis mai 68, a fini par interdire l’expression même du besoin spirituel fondamental de Dieu. 

    adoration saint martin, adoration eucharistique, sandrine treuillard, la france, Écologie humaine, sacré cœur, politique, miséricorde divine            Mais Dieu revient dans les campagnes abandonnées de France. Justement parce qu’elle sont abandonnées, il y est d’autant plus présent. Les autochtones n’osent pas encore trop exprimer leur besoin de Dieu, de liturgie, de pasteurs. Mais Il est là, parmi nous, un reste dans les cœurs, gros comme un grain de moutarde, et qui contient toute son intensité. L’Adoration Saint Martin est une porte pour revenir au Seigneur, un canal qui y conduira à nouveau. Par l’adoration du Saint Sacrement sur l’autel, la sainte Eucharistie sertie dans l’ostensoir, laissons-nous pénétrer des trésors divins. Jésus est un délice. Sa Résurrection n’est pas une fiction, un conte de fée. Le christianisme n’est pas une sucrerie. C’est une réalité qui s’expérimente dans le cœur à cœur avec Dieu. L’adoration de la sainte Eucharistie exposée dans l’ostensoir sur l’autel de chaque église de France est une chance très belle de retrouver la relation au Dieu de la Nouvelle Alliance et éternelle. Buvons au fleuve de sa Miséricorde !

    A M E N 

    Jehanne Sandrine du SC & de la SE.jpgJehanne Sandrine du Sacré Cœur & de la Sainte Eucharistie

    le di. 26.VII.2015, 
    Carmel de Nevers, chambre Élisabeth de la Trinité

     

     

     

     

     

    Retrouvez cet article sur la page enrichie
    Adoration Saint Martin

    Et découvrez le Cœur Eucharistique de Jésus – Élévations de Sophie Prouvier

     

  • Comment apprendre à ce que les urbains reposent la question de la campagne ? (Le Temps des Grâces)

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    LTDG Film de Dom Marchais.jpg

       

    Michel Corajoud Paysagiste.jpg« Tant que les urbains n’auront pas pris à bras le corps cette question de leurs campagnes, et qu’il n’y aura pas réconciliation de ces deux mondes, il n’y a pas d’espoir. Parce que c’est quanti-tativement les urbains qui peuvent faire pression. Les paysans sont cuits, ils sont dans une seringue de laquelle ils ne peuvent pas sortir. Mais si un jour l’ensemble des urbains questionne la société en disant : «  Eh ! Attention ! Notre grenier on doit le préserver… notre grenier pour manger, mais aussi notre grenier de paysages à conserver… » ça fait du monde, hein ?! Et comment apprendre à ce que les urbains reposent la question de la campagne ? Il n’y a que l’éducation, il n’y a que l’école.

    ZonePylones élect-Paysage.jpgLe fait que ces petites villes rurales gardent ce qui fait encore leurs qualités, c’est qu’elles sont en perspective de leur rivière, elles sont en perspective de leur montagne, leur territoire agricole est encore en vue, la situation n’est pas bouchée comme elle l’est dans les grands centres urbains où vous ne savez plus où vous êtes. Où il y a la Seine qui fait qu’à Paris on a une géographie qui s’impose quand on est au bord de la Seine. Et puis comme beaucoup du système urbain, Paris est orienté par rapport à elle, sa géographie reste très présente, mais… Et puis, on a la butte Montmartre, on a des choses comme ça, on a quelques éléments de géographie, mais… De plus en plus les villes ont tendance à masquer tout ça. Et je pense qu’il y a une sorte de retour nécessaire à faire pour que l’on retrouve cette sorte de simplicité qui est celle de l’attention où l’on est. Qu’est-ce qui vaut la peine d’être conservé ? À L’Isle-d’Abeau, par exemple, à la sortie de l’école les enfants regardent la vue sur le Mont-Blanc. J’ai le sentiment que c’est mieux que quand ils sortent de l’école ils ne voient rien du tout… Parce qu’ils sont dans des haies, dans des systèmes de protection qui font que l’attention n’est portée sur rien. Quand vous êtes à L’Isle-d’Abeau, de savoir que vous participez d’un paysage, d’une vallée, qui est la grande vallée du Rhône, et que vous avez à l’horizon la chaîne de montagnes des Alpes, je ne sais pas si ça vous guérit de tous les malheurs… mais vous restez en intelligence avec le lieu. Et ça, c’est réactionnaire de penser comme ça ? Je ne crois pas, je pense que cette frénésie de vouloir… Aujourd’hui, il y a toute une série de gens qui voudrait faire penser à tout le monde que la modernité c’est le chaos. »

     

    Michel Corajoud
    Paysagiste, Paris

    Extrait du film documentaire de Dominique Marchais
    Le Temps des Grâces, 2009, Capricci

    "Le Temps des Grâces" en VOD - Film de Dominique Marchais - en Streaming et à Télécharger 

    Le Temps des Grâces Présentation sur La Vaillante

    Le Temps des Grâces Retranscriptions sur La Vaillante 

  • De la forêt aux sols devenus infertiles (Le Temps des Grâces)

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    Matthieu Calame
    Ingénieur agronome

    Matthieu Calame Forêt & Ordre.jpg

    Quand vous êtes un producteur, l’état du champ, au fond, reflète votre travail. Et si vous aimez votre travail, le sens de votre vie. Là, il est vrai qu’il y a des gens, au-delà de toute rationalité économique ─ et ils le reconnaissent ─ qui mettent des pesticides et des engrais pour une raison esthétique. Parce qu’ils aiment bien cette uniformité, cet ordre qu’on retrouve dans la Cours Carrée du Louvre, par exemple. Qu’on retrouve dans le jardin à la française qui est le summum de la géométrie, de la pensée qui s’impose à l’ordre naturel qui, lui, n’est d’ailleurs pas défini comme un ordre, mais comme un chaos. C’est-à-dire que dehors il y a la forêt : c’est le monde chaotique par excellence. Les arbres poussent n’importe comment, mélangés. L’ordre… Dieu a dit qu’il fallait séparer les choses. La forêt c’est l’anti Dieu. Donc, effectivement, le coquelicot, dans mon champ de blé, est quelque chose qui bafoue le désir d’ordre.  

     

    Pierre Bergounioux
    Professeur et écrivain originaire de Corrèze
    Résident à Gif-sur-Yvette

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             Le mot de Rabelais à propos de la Beauce — je ne sais pas si vous vous rappelez l’épisode : c’est au chapitre VI du Pantagruel. Pantagruel circule à travers la Beauce qui est redevenu une forêt, après le XVème siècle. Sur sa jument qui est importunée par les taons et les mouches. Pour s’émoucher elle agite la queue et fait tomber tous les arbres. Pantagruel se retourne et constate simplement : « Beau c’est beau ! ». Oui, parce que la forêt est laide, la forêt est le repère des brigands, des bêtes fauves. C’est l’espace infertile. Et rien n’est beau, déjà, aux yeux de ces hommes de la Renaissance, comme la forêt abattue et remplacée par le sillon et la promesse des récoltes des moissons. J’ignore quelle est l’étymologie réelle. Celle de Rabelais m’a parue si touchante, si belle, et en même tant si chargée historiquement de signification qu’elle est la seule qui me soit restée. 

    Route en forêt 2.jpg 

             Dominique Marchais (réalisateur du film Le temps des grâces) : Finalement les considérations esthétiques priment…

    Claude Bourguignon
    Microbiologiste des sols

    C. Bourguignon .jpg         Oui, la notion de parcelle propre est très importante pour l’agriculteur. Ce qu’il appelle propre, c’est quand c’est mort. Pour nous c’est mort, pour lui c’est propre. L’approche n’est pas la même. Ce sont deux mots différents pour décrire une réalité. Nous c’est « la mort », lui c’est « propre ». C’est vrai que la mort c’est propre. Nickel, la mort, il n’y a plus rien.    

     

    Matthieu Calame
    Propriété de la Fondation Charles-Leopold Mayer
    Chaussy, Val d’Oise

    Matthieu Calame Bêtes à l'afffût.jpg         Au fond il y a des nuisibles : vous avez des champignons, des araignées rouges… qui sont à l’affût. Qui sont en permanence prêts, qui sont malins, des esprits malins… D’ailleurs la Création est mal faite ! Pourquoi Dieu les a-t-il créés et laissés ?… Ils sont là, et puis ils attaquent ! Donc la seule solution quand on est en face d’Al Quaïda, ce n’est pas de se poser la question de pourquoi est-ce qu’il y a un dysfonctionnement, pourquoi il y a de l’islamisme ? C’est : on va détruire les terroristes d’abord. Puis après, on réfléchira. Résultat : on intervient comme en Iraq. Il y a le bordel : Paf ! On crée encore plus de désordre. De fil en aiguille, le refus de reconnaître que les systèmes vivants sont des équilibres subtils qu’il faut apprendre à gérer et intervenir de manière subtile dedans, et l’idée que tout se résout au bazooka !… : on rentre dans des logiques où le chaos va croissant. C’est-à-dire qu’à force de simplifier le système on casse tous les systèmes de régulations et donc on crée de la dérégulation. Et alors à chaque fois pour ramener on utilise un outil encore plus puissant qui lui-même accroît le déséquilibre à un autre endroit, etc. Et donc, on a cette espèce d’amplitude chaotique.

             Quand on est ici, tout le but est de créer un système qui a de la résilience : qui a la capacité de retrouver lui-même son équilibre. Qui a un potentiel propre, une sorte d’autonomie du système, qui est autorégulateur. Il est « auto »… mais il est pensé parce qu’on dit : il nous faut des bovins parce qu’on ne veut pas être que sur des végétaux. Il faut des arbres, des haies… tout cela participe à l’autorégulation. La forêt est un extraordinaire écosystème auto-régulé.

     

    Claude & Lydia Bourguignon
    Microbiologiste des sols

    C.B. Bourguignon.jpg         C.B. : En tant que microbiologistes on se rend compte de quelle est la part la plus détruite dans le sol. Ce sont les champignons. Les champignons sont à la base de la pyramide alimentaire de la vie. D’ailleurs, c’est un règne à lui tout seul. Ces champignons vivent de lignine. Et les grands producteurs de la lignine, ce sont les arbres.

    L.B. : Le bois raméal fragmenté est un stockage d’eau, d’humus et de champignons.

    Dominique Marchais : Plutôt que de mettre la forêt au-dessus, on la met…

    C.B. : On la taille. On taille les haies. On a maintenant des machines qui taillent les haies automatiquement, qui broient. Puis, on épand sur le sol cette couche de bois raméal et on relance les champignons.

    D.M. : En fait, la haie peut retrouver un intérêt agronomique énorme.

    L.&C.B. : Énorme !

     Beauce 2.jpg

             C.B. : Un kilomètre de haie c’est trente tonnes de bois raméal fragmenté par an. En France, on a financé l’arrachement de 3 millions de kilomètres de haies, dans la campagne française. Vous imaginez : trente tonnes par kilomètre. Cela veut dire que la haie française produisait… 3 millions à 30 tonnes, cela nous fait 90 millions de tonnes de bois raméal chaque année, et on a 30 millions d’hectares. Donc, on peut faire trente tonnes de bois raméal par hectare. Si vous faites une rotation, puisqu’il en faut 200 tonnes pour réamorcer le processus… 30 tonnes cela fait 6 hectares par 6 hectares… 6ème de la surface agricole par 6ème de la surface agricole : au bout de six ans vous avez recouvert toute la France de bois raméal fragmenté. Vous avez relancé la fertilité. Vous avez réamorcé la pompe biologique. Mais alors maintenant, il faut replanter ces 3 millions de kilomètres de haies. Mais les replanter intelligemment pour que ça ne gêne pas les agriculteurs. Pour que ce soit dans le sens du travail du sol… Qu’on repense le paysage, puisqu’on n’est plus au cheval mais à la machine. Mais il ne fallait pas tout arracher… Une haie le long d’un chemin n’a jamais gêné le moindre agriculteur. Une haie ne gêne pas si elle n’est pas au milieu de votre travail.

    C.Bouriguignon La Belette.jpg         On réoriente la forêt, mais surtout, on refait un maillage pour que la faune circule, pour que les animaux s’échangent, pour que les bêtes puissent circuler. Une belette qui arrive à l’entrée de la Beauce, je peux vous dire qu’elle s’arrête tout de suite, incapable de retrouver un bout de bois pour continuer son chemin ! Elle a 80 kilomètres de terrain nu, sans aucun arbre. Donc après, ils disent : « Ohhh ! On a des campagnols qui bouffent nos cultures… ! ». Évidemment, il n’y a plus de belettes, il n’y a plus de haies ! C’est refaire un paysage, réintégrer la nature. 

    Paysage vert haie bosquet.jpg 

             Filmage d’un écran d’ordinateur : « Les petits agriculteurs en zone tempérée » Commentaires du diaporama.

    C.B. : Voilà sur quoi on a démarré. On voit même la terre au travers tellement la densité de végétation est faible. Il y a de petits arbres rabougris…

    L.B. : Donc là, on fait étendre du bois raméal. Voilà le bois raméal qui est en train de moisir. Plein de champignons se sont développés. Ici, on a fait le semi direct dans le bois raméal. On voit les morceaux de bois ici, et là c’est notre semi de sarrasin et de nos plantes qui commencent à germer. Et on est en train de refaire du sol : donc refaire de la fertilité. Ce qui refait le sol c’est le bois raméal, et les céréales, et la faune qui revient : leurs déjections font de l’humus. Ça c’est nous et ça c’est le voisin…

    C.B. : Il y a des gens qui restaurent des maisons, nous on restaure du paysage agricole.

     

    Matthieu Calame

    Matthieu Calame Ivanohé.jpg         Quand on lit Ivanhoé, la première scène est la rencontre d’Ivanhoé avec l’esclave saxon qui garde les cochons dans la forêt. C’est la rencontre du seigneur avec le porcher. Le porcher étant à moitié un charbonnier, un homme des bois. C’est celui qui conduit les porcs dans les bois. Ces animaux qui étaient rentrés le soir transféraient bien la fertilité forestière vers la partie cultivée. D’une certaine manière, le bois raméal fragmenté c’est une autre manière d’admettre que l’écosystème qui crée de la fertilité c’est la forêt. Et qu’on fait du transfert en permanence de la partie forestière.

             Le pétrole et le charbon à l’heure actuelle c’est exactement la même chose : c’est de la fertilité des écosystèmes qui a 300 millions d’années qu’on brûle pour faire de l’azote, et créer de la fertilité dans les zones agricoles. Donc, fondamentalement, la modernisation telle qu’on l’a vécue n’est pas une amélioration de l’agrosystème. C’est une capacité d’exploiter de la fertilité. Un surplus de fertilité qui n’a pas 5 ou 10 ans, mais qui a 300 millions d’années.   

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             Dominique Marchais (réalisateur du film Le temps des grâces) : L’association de plusieurs techniques : le bois raméal fragmenté, le semi direct sous couvert, et quoi encore ?…

    C.B. : Faire revenir les légumineuses dans l’exploitation.

    D.M. : Tout cela fait une révolution agronomique du même ordre que celle du XVIIIème siècle.

    C.&L.B. : Bien sûr !

    D.M. : Donc il y a de l’espoir !…

    Marc Dufumier
    Ingénieur agronome     

    Marc Dufumier.jpg         Non, les agronomes ne sont pas désespérés aujourd’hui, quand ils sont strictement agronomes. L’agroéco-nomiste commence à désespérer quand il voit que la politique ne suit pas. Que ce qui est raisonnable n’est pas écouté. Il faut réhabilité un fait évident pour beaucoup, mais que certains quand même ignorent : l’objet de travail de l’agriculture n’est pas la plante, n’est pas l’animal, n’est pas le troupeau, n’est pas le sol. L’objet de travail de l’agriculteur est l’écosystème : c’est un sol avec des plantes, avec des ravageurs, avec des plantes utiles, avec des haies, avec des microbes, avec des microbes qui peuvent fixer l’azote, avec des microbes qui font l’inverse. Ce sont des vers de terre qui creusent des trous, des termites qui percent la cuirasse latéritique. C’est de l’eau : qui peut ruisseler, qui peut s’infiltrer. Peut-être que, parfois, dans les pays du sud, le meilleur stockage de l’eau n’est pas de faire des barrages et de la mettre au soleil pour qu’elle s’évapore et devienne de plus en plus salée. Parfois, le mieux, est qu’elle s’infiltre dans le sol, qu’un arbre aille la chercher, fixer à une feuille, restituer en surface…

    Ras de Terre labourée.jpg         Peut-être que là on découvrira que les circuits courts et les moindres dépensent en énergie sont hyper rentables pour une nation. Évidemment, à la condition de payer les choses à leur vrai coût. Mais comme dans le coût monétaire, notre économie, on ne paie pas tout : on ne paie pas les pollutions. Ou alors c’est le contribuable. Mais il n’y a pas le principe pollueur/payeur. On est dans une économie dans laquelle on ne paie pas les choses à leur vrai coût. Il y a donc là un problème chez les économistes et chez les agronomes de comprendre que ce qui pouvait avoir un sens d’un point de vue théorique à l’intérieur de leur propre discipline, eh bien, leurs disciplines et leurs théories, s’il-vous-plaît, vous n’en faites pas un dogme. Et quand vous passez au normatif de ce qu’il conviendrait de faire, il faut rester scientifique, il faut y compris analyser scientifiquement les pratiques agricoles. Ne pas oublier des choses qui devraient être évidentes. L’objet de travail de l’écosystème est de raisonner l’écologie, le technique, l’économique et le social dans un même discours. Enfin, prendre les gens très au sérieux, et les respecter un peu…  

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             D.M. : Et pourquoi ne pourrait-on pas relancer la fertilité des sols si on s’y remettait activement ?

    C.B. : Parce que vous allez vous heurter à des lobbies qui sont les plus puissants de la planète, les lobbies agro-industriels qui feront tout pour que les gouvernements ne développent pas des méthodes durables d’agriculture. Parce que les méthodes durables ne rapportent rien. Le monde vivant n’est pas rentable.

    L.B. : Il est gratuit.

    C.B. : Il est gratuit. Le microbe travaille gratuit.

    C&L Bourguigon 1.jpg         L.B. : Quand on donne des cours à des élèves de lycées agricoles et qu’on leur demande s’ils connaissent le cycle du phosphore, le cycle de l’azote, comment une plante se nourrit… Ils n’en n’ont aucune idée : les microbes là-dedans, rien. Par contre, ils sont hyper compétents sur les engrais, les machines… Quand on leur dit oui, mais si vous avez un sol vivant et que dans votre sol il y a des microbes qui vont, par un mécanisme chimique, solubiliser les éléments, que ces éléments vont passer dans la sève et que c’est cela qui va servir… Votre potasse, votre phosphore, vous l’avez… C’est gratuit, ça. Et ce n’est pas enseigné. Lors d’une formation, les gamins étaient comme ça (ébahis), ne comprenant pas du tout ce qu’on leur disait. On leur demande combien d’heures ils ont d’enseignement et le programme. Un prof qui n’osait pas le dire : sur deux ans, ils ont quatre à cinq heures. Ce n’est pas en quatre heures que vous assimilez la vie du sol. Alors les collamboles, la faune, les acariens… n’en parlons pas ! Si vous n’avez pas cet enseignement, si le seul enseignement qu’on leur donne est la fertilisation du sol grâce à certains engrais ; les doses : ne pas dépasser tant d’unités ; et les machines… L’engrais, c’est le lobby. Si on se sert bien de la nature, quelque part elle a une gratuité gênante à notre époque. Il faut que tout le monde gagne de l’argent.    
          
       

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  • Une société d’artisans, de gens qui ne fassent jamais de copier-coller, toujours en éveil et en curiosité devant la complexité de leur travail

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    Lucien Bourgeois.pngOn a fait un travail, il y a quelques années, de prospective, dans lequel nous avions quatre scénarios. Un scénario dans lequel la Politique Agricole Commune continuait vaille que vaille. Un scénario dans lequel Auchan et Nestlé gouvernaient l’agriculture. Un scénario dans lequel on se mettait à faire cette politique de Qualité d’Origine. Et un scénario dans lequel le Conseil Général ou le Conseil Régional pilotait l’agriculture. Nous avions naïvement cru que le milieu agricole allait plébisciter le scénario de la Qualité d’Origine, puisque c’était le scénario le plus intéressant, en matière de valeur ajoutée, pour les agriculteurs eux-mêmes. Quelle n’a pas été notre surprise de constater que c’était le scénario qui entrainait le plus d’incrédulité et même de l’ironie, en nous disant : « Mais vous ne pensez pas que nous allons pouvoir vendre du blé comme on vend le vin ! ». Le principal argument était : « Nous sommes des producteurs de matière première. ». En revendiquant presque le statut de producteur de matière première. Pire encore dans les régions d’élevage, des gens nous disant : « Nous sommes des producteurs de minerai. ».

    Capture d’écran 2014-05-15 à 13.54.39.png

    Certes, on ne va pas vendre demain du blé de la région de Provins. Mais si je crois en l’organisation, je crois aussi à l’organisation industrielle. Je pense que ce que peuvent vendre les producteurs de blé de la région de Provins est probablement une capacité à approvisionner des industries très sophistiquées de l’agro-alimentaire : pour faire avec ce blé un produit que personne d’autre dans le monde ne serait capable de faire. On le voit bien dans l’industrie : si nous ne sommes pas capables de faire ce que personne d’autre dans le monde n’est capable de faire, nous n’avons aucune chance dans l’avenir. Il faut être clair.

    Bennage blé.pngQui a envie de manger du minerai ?  C’est la plus belle contre publicité que l’on puisse faire pour son produit que de taxer sa viande de minerai. Le problème que nous avons vu est que, dans la tête des agriculteurs et dans la tête de ceux qui les accompagnent, il y a une culture de la matière première, une culture du produit indifférencié, une non-culture économique absolument affligeante qui règne et qui fait que les agriculteurs eux-mêmes ont du mal à croire à cette possibilité. Et quand on réfléchis bien, sur les deux agricultures, qui est le plus entrepreneur entre un producteur de fromage de chèvre des Causses, du Larzac, et un céréalier du Bassin parisien ? Si le céréalier se contente de benner son blé dans une coopérative et de ne pas se soucier du prix de ce blé, ce n’est pas un entrepreneur. Alors que le producteur de fromage de chèvre qui va vendre son fromage sur un marché est plus un entrepreneur, dans la conception de son métier.

    J’aimerais bien faire partie d’une société d’artisans, si je peux dire cela comme cela. De gens qui ne fassent jamais de copier-coller et qui soient toujours en éveil et en curiosité devant la complexité de leur travail. Je revendique cela comme idéal de société.

    Lucien Bourgeois
    Économiste
    Assemblée permanente des Chambres d’agricultures, Paris

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  • Production, homogénéisation : De nouveau… on a travaillé sur la planète Mars (Le Temps des Grâces)

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    MarcDufumier2.jpg« D’abord, depuis le néolithique jusqu’à il y a un siècle et demi, en France, à Navarre, aux Etats-Unis ou ailleurs, la sélection des plantes était faite par les agriculteurs. Et comme tout le monde faisait cela dans une multitude de petits pays à l’échelle mondiale, ces gens ont créé une multitude de variétés végétales, une multitude de races animales - qui portent souvent des noms de lieux, d’ailleurs… Ce n’était déjà pas les appellations contrôlées mais presque… On donnait un nom de lieu à des variétés qui avaient été identifiées à tel endroit, ou le nom d’inventeur d’un paysan qui en était à l’origine… - Cela créa une biodiversité culturale et animale que vous ne soupçonnez pas, et sans trop de préjudices à la biodiversité spontanée, parce que justement on cherchait, à l’époque où il n’y avait pas encore ces pesticides, des variétés qui étaient adaptées, tolérantes aux prédateurs et aux insectes du coin. C’est-à-dire, moi au Laos j’ai vu des cotons qui étaient velus, ils avaient des poils. Et les agriculteurs m’expliquent : « C’est vachement bien parce que vous voyez, les insectes piqueurs-suceurs se déposent sur les poils, essayent de piquer, essayent de sucer, et une fois sur quinze ils y arrivent… », c’est-à-dire que le coton survit. Et donc on n’était pas obligé d’éliminer des insectes pour que le coton puisse pousser. Cela s’est fait pendant des siècles. Et la rupture commence, il y a un siècle et demi en France, et il y a un demi siècle à l’étranger. La rupture commence quand on va confier la sélection à des agronomes et des généticiens. Alors, moi qui forme des agronomes et des généticiens, je n’ai pas très envie de couper tout de suite la branche sur laquelle je suis assis, mais il faut voir les raisonnements qui ont été les leurs :

    Paysage.jpgLa planète est de taille réduite, la population augmente, donc il faut produire plus à l’unité de surface. Donc on va chercher des variétés et des races animales capables de produire plus à l’unité de surface. Mais pour qu’on ne perde pas trop de temps à cette expérimentation, et s’assurer très vite que le facteur variétal est bien à l’origine de l’accroissement de rendement, on va sélectionner ces variétés, toutes choses égales, par ailleurs. Il ne faudrait pas que pendant nos expériences on mette du temps à avoir des résultats significatifs, parce que à un endroit de rendement ça a été bouffé par un phacochère, un autre par un insecte, un autre ça a été attaqué par un champignon… Il ne faudrait pas non plus qu’à un endroit il y ait plus de cailloux qu’en un autre. Donc il faut tout homogénéiser. Donc pour homogénéiser le nombre de cailloux, on fait là où il n’y a pas de cailloux ; pour homogénéiser le nombre d’insectes, on met un insecticide ; pour qu’il n’y ait pas de différence de phosphate, on met beaucoup de phosphate, comme ça s’il y avait au départ un peu de différence dans la teneur en phosphate d’un bout de la parcelle à l’autre, avec beaucoup de phosphate tout cela est gommé. On a donc fait cela dans un monde extrêmement artificialisé, qui assez étrangement ressemble à celui de l’agriculture industrielle des États-Unis et de l’Europe. C’est-à-dire qu'on a fait des variétés capables de bien intercepter la lumière mais très gourmandes en phosphate, très gourmandes en potasse, très gourmandes en eau, ne supportant pas les stress hydriques ; très souvent ne supportant pas les champignons, donc il faut leur mettre des fongicides ; ne supportant pas les insectes prédateurs il a fallut mettre des insecticides… De nouveau… de nouveau… on a travaillé sur la planète Mars. »


    Marc Dufumier
    Chaire d’Agriculture Comparée Institut National Agronomique, Paris      

     

    "Le Temps des Grâces" en VOD - Film de Dominique Marchais - en Streaming et à Télécharger 

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