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Louis Daufresne, dans son émission Le Grand Témoin, s'entretient avec Tugdual Derville, le 28 janvier 2013.
La Vaillante retranscrit en trois vidéos l'entretien radiophonique, plus une quatrième de l'éditorial du jour.
1èrepartie/3
Tugdual Derville (interviewé par Louis Daufresne), extraits :
« La nécessité pour nous est de manifester un profond respect des personnes et ce profond respect ne peut être manifesté que si au fond de nos êtres nous sommes dans une non-violence intérieure. »
« Cela me fait penser à une société adolescente qui récuse tout ce qui peut poser des limites, limites nécessaires à la vie en société, les dures limites qui constituent la condition humaine aussi, et qui nous permettent, si nous nous limitons nous-mêmes, de respecter les plus faibles. Parce que la démocratie c'est la loi du plus faible qui l'emporte sur la loi du plus fort, sinon il n'y a pas besoin de loi. Effectivement, ceux qui posent des limites sont brutalisés. Mais ça ne veut pas forcément dire qu'ils ne sont pas entendus. Les parents le savent bien : à certains moments, l'adolescent vomit sa famille (et c'est, d'une certaine manière, une façon pour lui de s'exprimer, c'est peut-être nécessaire). Et à un moment donné l'adolescent reconnaît que cette autorité a construit l'exercice de sa propre liberté. »
« La France est un pays où nous nous divisons parfois très fortement. C'est aussi un pays où le peuple se rebelle lorsque le pouvoir entre dans la toute-puissance, avec d'énormes risques. On n'a pas tout à fait les mêmes risques que dans d'autres périodes révolutionnaires, mais j'ai noté que certains quotidiens italiens avaient parlé de « Révolution française ». Effectivement, ce projet de loi est dans la toute-puissance : il vient nier un repère fondamental, celui de l'engendrement, celui dont nous sommes tous issus, tous nés d'un homme et d'une femme. Et ce qui couvait sous la cendre, le feu de résistance qui couvait sous la cendre a éclaté le 13 janvier. Face à cela, c'est vrai, il y a une idéologie de la toute-puissance qui refuse toute forme de limites et qui ne sait même pas elle-même où elle nous conduit, si nous ne résistons pas. Elle l'ignore. Mais les conséquences peuvent être extrêmement graves pour l'anthropologie, pour l'humanité des années à venir. Et c'est cela qui aujourd'hui nous mobilise. »
2cde partie/3
Tugdual Derville (interviewé par Louis Daufresne), extraits :
« La France n'a pas à se limiter au « moins disant » éthique, c'est l'expression du Conseil d'État. Autrement dit : la France est le pays des droits de l'homme, c'est vrai. C'est un pays où il y a de vrais débats de société, contrairement à la Belgique ou à la Hollande. Nos amis belges et hollandais nous ont dit : « C'est incroyable, chez nous c'est passé comme une lettre à la poste, on n'a même pas pensé résister ! ». Et donc, moi je suis fier que dans notre pays tant de manifestants se soient levés et certains pour la première fois de leur vie, indépendamment des générations. Alors voilà : l'inéluctabilité qu'on nous impose c'est une figure de dialectique. Comme s'il y avait un sens de l'histoire. Moi, ce que je dirais plutôt, c'est que dans l'histoire de l'humanité on tâtonne d'abord, en matière d'éthique, on fait parfois n'importe quoi, et progressivement la conscience humaine vient au secours d'une science qui pouvait être sans conscience, et petit à petit, nous révisons nos comportements. Le sens de l'histoire pour moi c'est l'humanisation du regard de l'homme sur l'homme, c'est le respect croissant pour le plus petit, le plus faible. On voit que le bébé est considéré comme une personne désormais, et heureusement ; on voit que la lutte contre la maltraitance a fait d'énormes progrès ; que nous continuons d'inventer en matière de solidarité sociale, humaine, des façons de faire tout à fait nouvelles et inédites, très créatives et pleines, oui, j'ose le dire, d'amour. Sur ce sujet aussi [le projet de loi Taubira « Le mariage pour tous »], le tâtonnement c'est aujourd'hui, peut-être, mais demain, je l'espère, et c'est pour cela que nous travaillons, les générations futures seront préservées de l'effacement d'un repère très précieux, celui de l'engendrement que nous devons leur léguer. »
3ème partie/3
Tugdual Derville (interviewé par Louis Daufresne), extraits :
« Beaucoup de français ignorent encore que derrière ce slogan de « mariage pour tous » c'est l'adoption d'enfants que nous confierions (notre société) à deux hommes ou deux femmes, les privant par-là même d'un père ou d'une mère alors qu'ils ont été eux-mêmes endeuillés. »
« J'aime beaucoup discuter (avec les adversaires), j'ai beaucoup de respect pour les adversaires qui se mobilisent. Parce que je sais qu'ils y croient au plus profond. Il y a quelque chose de très profond dans leur revendication. Mais je vois aussi que cette revendication est à la fois irrépressible, d'un certain côté, et sans limites. « Il ne faut pas croire qu'on va s'arrêter là ! ». Plus on donne et plus le besoin de reconnaissance, au fond, risque de nous entraîner loin. Et vous l'entendez parfois dans certains groupes, qu'ils demandent beaucoup plus. Il y a le mariage religieux, bien sûr, et bien d'autres choses encore. Et ce « mariage » entre personnes de même sexe aboutit à des situations de parentalité multiples. Certains demandent déjà : « Pourquoi pas trois ? », comme au Brésil, « le mariage civil à trois ». Non pas que soient conscients de la transgression ceux qui la revendiquent, mais ils nous font entrer dans un système de « sans limites ». »
Édito de Gérard Leclerc
« Les médias, qu'on le veuille ou non, sont les vecteurs consentants d'une certaine culture qui nous a menés justement à ce projet de loi. »
Très beau témoignage d'une jeune, Marie, qui était mercredi 17 avril au soir sur l'esplanade des Invalides :
« Chers amis,
Voici simplement un petit témoignage de ce qui se passe ici à Paris, en ces jours étranges. Le combat où nous sommes n'est pas anodin. Beaucoup de médias caricaturent et ridiculisent. Voici en toute vérité ce que j'ai vécu hier soir. Hier après-midi, j'ai rejoint comme la veille La Manif Pour Tous, qui défile de Sèvres-Babylone à l'Assemblée Nationale tous les soirs cette semaine entre 19h et 22h, à grand renfort de chants, de sifflets et de casseroles. L'ambiance était joyeuse comme toujours ; beaucoup de jeunes, peut-être les deux tiers du cortège. Lors de la dispersion aux Invalides, nous avons rejoint avec deux amis une pelouse, un peu plus loin, sur laquelle se tenaient assis des groupes de jeunes, calmes, avec des bougies. J'avais entendu parlé la veille de cette initiative, dite « Les Veilleurs » : 100 ou 200 jeunes étaient restés calmement sur les Invalides, rejoints par Hervé Mariton, Jean-Frédéric Poisson et un autre député. Vers 1h du matin, les CRS les ont sommés de partir. Ceux qui sont restés ont été enlevés de force, poussés dans la bouche de métro ; des bombes lacrymogènes ont été lancées dans la bouche du métro ; 40 jeunes (au hasard, ceux qui étaient les plus proches du bus selon le témoignage d'une amie !) ont été embarqués et emmenés au poste, puis, pour ne pas reproduire une garde à vue contestée, relâchés à 3h du matin à l'autre bout de Paris. Je ne savais que penser de cette initiative. Ce rassemblement était parfaitement légal et, tant qu'il ne provoquait aucun trouble à l'ordre public, les forces de l'ordre n'ont, selon la loi, aucun droit de le disperser. En même temps, est-ce vraiment utile d'en rajouter, de provoquer des incidents avec les forces de l'ordre ? Après en avoir discuté avec plusieurs amis, j'ai décidé de suivre ceux qui avaient vécu l'expérience la veille.
22h : Nous sommes un peu plus de 800 jeunes, assis par terre dans le calme, sur l'esplanade des Invalides, avec des bougies. Axel, le chef de file du mouvement, explique au porte-voix l'esprit de cette initiative. Il s'agit de résister à ce gouvernement et à ses lois iniques, non par la violence, mais par notre force spirituelle – au sens large, celle qui habite tout homme, ce n'est pas réservé aux croyants. C'est notre vie intérieure, notre paix, notre amour qui constitue la plus grande force de résistance ; à cela le gouvernement ne peut rien opposer. Je connais Axel de vue, il vient à EVEN le lundi soir. Il est d'un calme olympien, il parle d'une voix douce, ni coléreux ni revendicatif ; il sait où il va et tient le cap. Il mène cela avec une jeune fille nommée Alix. Peut-être 25 ans, pas plus.
22h30 : Axel nous parle de la paix intérieure, et nous écoutons des textes (Madeleine Daniélou, Victor Hugo...) sur la France, l'intelligence, l'amour, la liberté... Les CRS sont encore partout sur l'esplanade, où des groupes de manifestants, restés après la dispersion, font du bruit et refusent de partir. Très tôt, les CRS prennent position autour de nous. Axel explique calmement qu'à la deuxième sommation, ceux qui voudront partir partiront ; qu'accomplir demain notre devoir d'état est plus important que de rester ; que ceux qui peuvent rester et résister devront, s'ils aterrissent au poste, demander un avocat commis d'office et un médecin : il sera évidemment compliqué de trouver plusieurs centaines d'avocats et de médecins en même temps ! Nous continuons de rester paisibles ; au bout d'un moment, les CRS nous contournent et partent s'occuper d'autres groupes bruyants et violents.
23h : Ce soir, nous ne resterons que jusqu'à 1h du matin, a encore dit Axel. Ensuite, nous irons tranquillement nous coucher. Arrive un commissaire de police, qui parlemente avec Axel quelques instants. Celui-ci nous informe ensuite au micro : « Ce policier nous demande de nous disperser à minuit et demie, pour que nous puissions prendre les derniers métros. Si nous partons à minuit et demie, nous pouvons rester, nous ne serons inquiétés par aucun policier. Je suis très heureux de ce qu'il se passe, notre paix commence à faire son effet. Nous resterons jusqu'à minuit et demie. » Le policier part.
23h30 : Nous écoutons toujours des paroles et des textes, alternés avec des temps de silence. Ailleurs encore, des pétards, des sirènes... Il est difficile de rester tranquilles, ancrés dans sa « paix intérieure » comme le rappelle Axel, quand les camions de CRS passent et repassent dans tous les sens sur l'esplanade. Des jeunes partent, d'autres se dissipent...Certains, au téléphone, tentent de faire venir leurs amis restés avec des groupes plus violents. Axel garde son calme. Mgr Aillet, évêque de Bayonne, nous rejoint un moment, nous bénit et bénit notre « résistance spirituelle » et notre courage. Xavier Bongibault et un organisateur de la Manif pour tous nous rejoignent aussi. Un garçon récite par cœur un texte de Gramschi sur l'indifférence : « Je hais les indifférents. (…) Ce qui se passe, le mal qui s’abat sur tous, le bien possible qu’un acte héroïque peut provoquer, tout ça revient moins à l’initiative de quelques personnes qui agissent qu’à l’indifférence, à l’absentéisme de la majorité. Ce qui arrive, arrive non pas parce que certains veulent qu’il arrive, mais parce que la majorité abdique sa volonté, laisse faire, laisse se grouper les nœuds qu’ensuite seule l’épée pourra couper, laisse promulguer les lois qu’ensuite seule la révolte fera abroger, laisse aller au pouvoir les hommes qu’ensuite seul une révolution pourra renverser. La fatalité qui semble dominer l’histoire n’est que l’apparence illusoire de cette indifférence, de cet absentéisme. Des faits mûrissent à l’ombre, juste quelques mains, à l’abri de tout contrôle, tissent la toile de la vie collective, et la masse ignore, car elle ne s’en soucie point. Les destins d’une époque sont manipulés selon des vues étriquées, des buts immédiats, des ambitions et des passions personnelles de petits groupes actifs, et la masse ignore, car elle ne s’en soucie point. »
Axel nous invite encore à examiner pourquoi nous sommes là, ce que nous voulons défendre. Nous voulons montrer notre détermination, de manière pacifique, en s'appuyant sur notre vie intérieure. Nous préférons ce que nous croyons à notre vie, à notre confort. Toujours dans un grand calme, sans exaltation, sans triomphalisme, humblement.
Minuit : Nous voyons brusquement arriver et se ranger juste devant nous dix cars de CRS, ainsi que le bus bien connu qui sert aux arrestations. Le même policier revient parlementer ; son porte-voix ne fonctionne pas, Axel lui prête le sien. « C'est bien, tout s'est bien passé, maintenant vous allez vous disperser et rentrer calmement, si vous ne voulez pas que cela se passe mal. » Axel rappelle, toujours très calmement, qu'on lui avait assuré que nous pouvions rester jusqu'à minuit et demie, et qu'il n'y aurait pas de policiers autour de nous. Il discute un peu avec le commissaire, puis reprend le micro. « Visiblement les ordres ont changé ; nos amis les policiers nous demandent de partir une demie-heure plus tôt. Là il faut que vous m'aidiez, j'ai une décision à prendre. Peut-être vaut-il mieux rester, parce qu'on nous dit minuit et demie, puis minuit, puis 22h, et demain on n'existe plus ; peut-être vaut-il mieux partir, quelques minutes plus tôt, et éviter des incidents avec les forces de l'ordre. » Sur ce, il demande au policier deux minutes de réflexion et, écartant tous ceux qui veulent le conseiller, prend seulement Alix à part. On les voit discuter quelques minutes, rejoints ensuite par deux ou trois autres.
Minuit quinze : Axel et Alix reviennent : « Chacun est libre, mais nous, nous allons rester. Ce quart d'heure qui reste ne changera rien, nous allons seulement montrer que nous sommes libres et déterminés, nous resterons jusqu'à l'heure qu'on nous a dite, dans le silence absolu. Puis, à minuit et demie, nous nous disperserons calmement et nous irons nous coucher. » Approbation muette de la « foule », par les mains.
Minuit vingt : Les CRS sortent des bus, casqués et bouclier en main, et commencent à nous encercler. Nous avons resserré les rangs, rangés en ligne, alternés garçon et fille, nous tenant par les bras, et essayons de rester dans le calme. Axel et Alix restent devant nous, nous exhortent encore à rester ancrés dans notre paix intérieure.
Minuit vingt-cinq : Nous sommes encerclés, ils sont tous proches de nous. Vont-ils nous attaquer pour quelques minutes qui restent encore ? Ils n'avancent plus. Minutes héroïques : des CRS armés face à quelques centaines de jeunes désarmés, assis par terre en silence, qui ne résistent que par la force de leur détermination. Nous sentons que la force est de notre côté, elle est intérieure, elle est dans notre confiance et dans la communauté que nous formons. Certains CRS semblent un peu interloqués ; si on leur avait donné l'ordre de nous attaquer à ce moment-là, je ne sais pas ce qu'ils auraient fait. Il paraît que la veille, l'un d'eux s'est mis à pleurer, en disant : « C'est trop beau ce que vous faites, on nous fait faire du sale boulot ! » Les minutes s'égrènent, une à une ; le moindre cri ou mouvement de panique, et tout peut exploser. Il reste deux minutes. Quelqu'un entonne « l'espérance », et peu à peu le chant se propage, repris par toutes les voix. Il s'enfle, et devient un chant de victoire. Serrés les uns contre les autres, sans bouger, nous chantons.
Minuit trente : Axel donne le signal du départ. Tous ensemble, chantant toujours, nous nous levons et marchons calmement vers la bouche du métro. Extraordinaire moment : notre paix est victorieuse. Les CRS nous encadrent, ils ne savent pas trop quoi faire de leur force. Des ordres imbéciles fusent, certains empêchent ceux qui veulent partir à vélo ou à pied de passer, d'autres rattrapent avec violence deux filles qui partaient à pied. Certains CRS nous laissent passer, l'un d'eux crie : « Laissez tomber vos boucliers, les gars, il ne va rien se passer. » Ils sont tellement habitués aux rapports de force et à la violence, que notre manière d'agir les dépasse complètement. Ils se croient obligés de pousser ceux qui descendent dans le métro, de repousser ceux qui sont à l'extérieur... S'ils avaient eu confiance en nous, en dix minutes nous nous serions dispersés nous-mêmes dans le calme. Heureusement, pas d'incident grave, et à 1h l'esplanade est déserte.
Expérience faite, je crois que cette initiative est belle, et j'encourage ceux qui le peuvent à la rejoindre. Beaucoup de jeunes, et des moins jeunes, légitimement énervés par le déni et l'injustice dont nous sommes l'objet de la part du pouvoir et des médias, basculent dans la violence. Je crois que la vraie résistance est là, dans la force spirituelle de cette jeunesse de Paris, qui est prête à défendre la vérité, qui ne cède ni à l'indifférence ni à des pulsions de violence, qui fonde sa force sur celle de l'intelligence, celle du cœur, celle de la foi. Ce soir encore, et les jours suivants, de plus en plus nombreux sans doute, « les Veilleurs » seront là, sentinelles de l'aurore.»
Publié sur Médiapart sous le titre : "Le vrai visage de La Manif Pour Tous"
Photographie du collectif "La Manif Pour Tous" - 13 janvier 2013
"Les Zamis, zéro découragement ! Pensons aux résistants qui nous ont précédés. Allons aussi jusqu'au bout pour servir la justice et la paix."
Tugdual Derville
Tweet du 9 février 2013
On ne ment pas aux enfants,
On ne ment pas à la Tour Eiffel, On ne ment pas à La France, On ne ment pas à La Vaillante.
Rendez-vous le 24 mars à Paris
« Le gouvernement comme le chef de l'État n'ont pas encore mesuré tout de ce qui se joue avec notre mobilisation, même si son caractère historique est incontestable. C'est à nous de leur montrer notre ténacité... Il nous faut continuer à débattre partout en France sur le sujet, sensibiliser les parlementaires dans la durée et investir la rue par diverses initiatives. Maisce qui est né dépasse largement le quinquennat actuel. Notre engagement est méta-politique : il doit rayonner dans toutes les sphères de la société. Nous n'avons rien à vendre ni à acheter, étant mus par un altruisme qui nous fonde sur le roc ! Je crois surtout que l'attitude de non-violence, d'écoute et de respect est le meilleur gage de notre réussite. Face à la posture souvent agressive de nos adversaires, la bienveillance tenace est notre force. L'élan irréfragable né le 13 janvier est un mouvement de paix sociale. »
Qu'est-ce que l'homophobie ? Réponse de SOS Homophobie dans cette émission "Du grain à moudre" sur France Culture. Vous voulez voir l'état de la culture officielle dans notre pays ? Où en est la Théorie du genre ? Écoutez cette émission où dès le début, par la problématique posée, l'antenne France Culture se place en propagandiste de la cause de cette théorie. Tugdual Derville s'en sort bien, mais aura-t-il été écouté et entendu par les auditeurs habitués au bain de la culture libertariste & libéralisante ? :
Il y a deux ans et dix mois, La Vaillante relayait pour la première fois la parole de Tugdual Derville, analysant les grandes manifestations de 2013. Retrouvant ici ce même don de conscience positive des événements, voici ce texte qu’il publie dans son blog une semaine après les attentats du 13 novembre 2015.
Fluctuat nec mergitur : une maxime qu’on date du seizième siècle a émergé au lendemain des terribles attentats terroristes du 13 novembre 2015. Trois mots en forme de bouclier inscrits sur le blason d’une très vieille cité qui s’affirme insubmersible. Trois mots qui contrastent avec trois autres qui s’étaient imposés après les premiers massacres de janvier. Secoué, mais pas coulé ! La devise latine de Paris résonne aussi comme un pied de nez aux agresseurs. Mais nous sommes passés de la provocation à la vocation. De l’ironie à la vie. C’est elle qui continue, légère et grave. Les vivants le doivent aux victimes innocentes de ces tueries. Mort, où est ta victoire ?
Ce qui est vrai à l’échelon d’une personne éprouvée trouvant dans son passé les ressorts pour rebondir se vérifie pour les familles ou les communautés qui endurent une épreuve collective. Nous sommes en quête de sens. Voilà ce qu’expérimente aujourd’hui notre pays, par sa capitale où, du fait d’un système centralisateur, bat une bonne part du cœur de la France. Paris, qui n’en est pas à sa première blessure, se recueille pour se relever. A l’heure des cérémonies, l’on s’étonnerait à peine d’entendre une des têtes de l’exécutif évoquer la figure de sainte Geneviève, patronne de Paris et des gendarmes, qui sauva la ville d’autres barbares, en l’an 512 !
Embrasser la totalité de son Histoire, pour mesurer la valeur de son héritage, est bien plus consolateur et porteur de sens que l’appel incantatoire aux « valeurs de la République » qu’on exhibait jusqu’ici sans être en mesure de préciser leur contenu. Plus la blessure est profonde, plus il faut remonter loin, et haut. Et Dieu sait si, cette fois, la France est blessée ! Et le monde n’est pas indifférent comme l’atteste la diffusion mondiale d’un appel à la prière pour Paris, encore trois mots, cette fois d’Anglais, sous l’image stylisée de la vieille dame de fer qui veille sur la capitale…
Désormais, derrière le drapeau tricolore et l’hymne national, la référence à l’Histoire ne s’arrête donc pas à l’évocation d’un régime : ce sont toutes nos racines qui sont convoquées. Et parmi elles, la matrice chrétienne de notre pays ne fait plus autant l’objet d’un déni insolent. Qui prétend encore faire table rase de l’origine de notre nation en la faisant naître en 1789 ? L’Histoire est un tout. Et qui oserait refuser le recours à l’intériorité et à la prière dans les temps de grand deuil ? L’homme souffrant ne peut pas admettre qu’on le prive de son ressort spirituel.
De ce point de vue, l’alarme sonne aussi comme un réveil. Dimanche 15 novembre 2015, une affluence inhabituelle a été observée dans les églises, tandis que de petites lumières brûlaient devant les lieux où des Français et des étrangers, de tous âges, de toutes conditions et de toutes religions, avaient rencontré la mort.
Milan Kundera s’étonnait : « La France est le seul pays au monde où l’on n’apprend pas à aimer la France… » Car, en maints endroits du monde, la France est encore attendue. Fallait-il une Marseillaise entonnée à Londres avec nos adversaires anglais, avant le coup d’envoi d’un match sportif à l’enjeu soudain dérisoire, pour nous en convaincre ?
Quelque chose a donc changé. Depuis janvier, il n’est plus de bon ton d’afficher son mépris pour ceux de nos compatriotes qui s’engagent dans des métiers consacrés à notre sécurité…
Il est enfin possible d’éprouver, sans fausse pudeur, l’« amour sacré de la patrie », cette douce France, pays de cultures, où nous voulons vivre en paix.
Photographie du collectif "La Manif Pour Tous" - 13 janvier 2013
« Qui aurait imaginé devoir défendre l’altérité sexuelle à la source de toute vie ? L’immense foule du 13 janvier a manifesté son attachement viscéral à ce bien universel. J’ai salué ce jour-là, au Champ-de-Mars, un grand mouve- ment d’écologie humaine. Précisons qu’il ne s’agit plus seulement de décrire l’activité organisée de l’Homo sapiens : comme l’écologie environnementale, l’écologie humaine surgit de la prise de conscience d’une nouvelle capacité destructrice. Cardes chercheurs tablent sur les biotechnologies et sur la loi pour défaire l’articulation entre nature et culture propre à l’humanité ; nouveau Prométhée, ils nous affranchiraient de l’évolution, en appliquant au corps humain les progrès de la génétique, des neurosciences, des nanotechnologies, etc. Ils rêvent tout haut de recréer un homme “augmenté” : supérieur, invulnérable, immortel. L’enjeu éthique est majeur.
Dans une récente tribune pour Slate.fr, Jacques Attali, dont je ne suis pas un disciple, voit dans le mariage homosexuel une « anecdote »,étape d’une déconstruction de l’anthropologie naturelle vers une « humanité unisexe ». Le mariage homosexuel consacrerait la rupture entre la relation sexuelle et la procréation… Un marché de fabrication d’enfants à la demande, vérifiés avant livraison, se profile. Des tenants de la théorie du genre comptent sur l’utérus artificiel pour “libérer” les femmes de la maternité. Mais surtout le lobby de la “transhumanie” vise carrément un nouvel homme, le Cyborg (organisme cybernétique) domptant les trois limites de notre nature : le corps (sexué), le temps et la mort.Le stock français des 171 477 embryons congelés (réclamés par des chercheurs) ou les frères américains conçus ensemble in vitro, mais nés à vingt ans d’écart, bousculent déjà ces limites. Hormone de croissance, pilule de la troisième génération… N’avons-nous pas assez d’apprentis sorciers ?
Jacques Attali soulève trois questions : «Comment permettre à l’humanité de définir et de protéger le sanctuaire de son identité ? Comment poser les barrières qui lui permettront de ne pas se transformer en une collection d’artefacts producteurs d’artefacts ? Comment faire de l’amour et de l’altruisme le vrai moteur de l’Histoire ?»
En affirmant que tout être humain est marqué par l’interdépendance, osons répondre que l’humanité vit de quatre aspirations spécifiques : amour, vérité, justice et paix. Inconsciemment la loi Taubira en priverait des enfants.D’autres dérives de toute-puissance menacent ces valeurs : l’euthanasie, contraire à la dignité humaine, l’eugénisme, qui décerne des brevets d’humanité, et son pendant, le transhumanisme, qui rejette la fragilité propre à notre identité.
Face à ces fantasmes de toute-puissance, l’écologie humaine relève le défi d’une culture de vulnérabilité, clés du véritable progrès de l’humanité. »
Tugdual Derville Valeurs Actuelles, 14 février 2013
En ce jour de Prière pour la France, je suis heureuse de mettre en ligne ce texte relatant la genèse de La Vaillante, à l'occasion de son premier anniversaire, le 18 janvier prochain.
Nous étions là, une foule parquée rue de Suffren, chacun souffrant patiemment le froid, attendant qu’on nous ouvrît le passage sur le Champ. Il faisait nuit depuis longtemps déjà. Nous trépignions pour nous réchauffer le corps. Le bruit avait couru comme un immense frisson que la pelouse du Champ de Mars était noire du monde de milliers personnes. Notre cortège avait glissé depuis Denfert-Rochereau, étirant le temps en un immense ruban bleu blanc rose. Mais là, dans la nuit striée des lumières électriques notre cortège était interdit. Dans un peu de neige fondu il était interdit de pénétrer davantage sur le Champs de Mars.
On nous fit enfin bouger. Ce fut lent et interrogatif. La chaussée formait un coude où le cortège s’engorgea et, goutte à goutte, nous passions pour aller où ? rejoindre quoi ? Les balayeuses mêmes avaient terminé leur travail et s’immobilisèrent en un collier bruissant de moteurs, caressant les bitumes. Mais la pelouse ? Le cortège désengorgeait la rue de Suffren pour quoi ? Pour le vide. Nous passâmes goutte à goutte sans y croire devant le champ du silence, lui qui à 18h saturait de bruit, s’amplifiait des voix, des discours passionnés que nous n’avions pu entendre, planté d’une myriade humaine, à 19h15 nous abasourdissait de silence. Stupeur, incrédulité nous étreignaient, nos pas longeant la longueur du rectangle. Seuls restaient les grues rouges chargées des énormes enceintes noires. Plus un écran géant, plus un portique, plus une scène, tout, même, était plié, disparu. La pelouse parfaitement dégagée laissait vibrer sa couleur verte, foncée par la nuit. Quelques poubelles restaient encore à être ramassées.
La goutte que je fus et celle que fut mon mari, nous retrouvâmes au pied de la Tour Vaillante et lumineuse. Elle, victorieuse perpétuelle, veillant avec constance, elle seule avait su nous attendre. À son pied, je levai la tête vers elle. Quelques flocons de neige se mêlaient à sa lumière. Le grand rectangle de nuit sur le champ incessamment nous ahurissait. La Tour Vaillante nous réchauffa, nous emplissant d’une tendre gravité. Qu’elle était belle et digne. Digne de confiance, noble à nous en tordre le cœur. Pour la première fois je vis la Tour Eiffel, véritablement. Et ce fut un appel. Oui, ce moment eut épaisseur propre et durée spécifique, ce 13 janvier 2013 me devenait intimement historique : La Vaillante s’empara de mon cœur en me demandant d’en être témoin. La France se réveilla secouant ses brumes. Cette goutte que j’étais au pied de la dentelle de fer érigée dans la nuit, répondit oui à sa vocation muette. Pour la première fois je sortis mon téléphone portable pour prendre une photo. Une seule, à 19h24. J’acquiesçai à sa lumière dans la nuit. Je dis oui je témoignerai de toi, je te serai fidèle.
Nous passâmes sous elle, à travers elle, pour regagner plus haut encore la station Trocadéro.
Le 18 janvier 2013, La Vaillante publia son premier article (Le mariage gay ou la dictature de la confusion de Bertrand Vergely).
« Un grand mouvement réveille la France depuis plus de six mois, avec la perspective de la mobilisation du dimanche 24 mars. Marqué par l’unité et la diversité, il est observé avec surprise dans toute l’Europe et au-delà. Les manifestations de masse de l’automne 2012 et du 13 janvier 2013, l’énorme bouillonnement des réseaux sociaux et la multiplication des réunions publiques et des échanges ont de quoi surprendre même leurs organisateurs. Ce mouvement est historique. Il traduit à nos yeux un questionnement massif, en rupture avec la pensée dominante : que sommes-nous en train de faire de l’humanité ?
Cette remise en cause s’est cristallisée autour du projet de loi dit du « mariage pour tous ».Mais il ne faut pas se leurrer : ce qui s’exprime désormais dans ce mouvement dépasse l’opposition à une loi ;il s’agit d’une revendication plus profonde, radicale. Elle concerne le sort de l’être humain dans la société contemporaine.Est-il un simple matériau, objet d’expérimentations techniques, sociales, économiques ou médicales ? Ou bien est-il la mesure de toute chose à laquelle s’ordonne et pour laquelle doit s’organiser la société ?
Dès lors que l’homme n’est qu’un matériau, il est utilisé au nom de l’amélioration de la performance économique ou biologique pourvu que cela comble certains désirs ; le Parlement légifère sur la nature humaine au gré de groupes d’intérêts ou de théories qu’on nommera « sens de l’Histoire » ; les entreprises considèrent l’être humain comme une variable d’ajustement de l’efficacité ; les politiques environnementales en viennent à protéger la nature au détriment de l’homme. Le voilà soumis à la technologie, à ses rythmes et ses exigences, au mépris de sa dignité et de sa liberté.Alors que le mot « humanisme » est dans tous les discours, c’est aujourd’hui la nature de l’homme qui est attaquée.
En s’emparant de la question du mariage et de l’engendrement, les manifestants ont affirmé que la personne humaine est la mesure de toutes choses.Y compris aux stades les plus vulnérables de son existence. Carl’humanité ne saurait être un problème à dépasser : c’est une espérance à accomplir.C’est pour l’homme que la société doit être gouvernée.Il est à nos yeux significatif que le projet de loi qui a fait naître pareille résistance soit marqué parla volonté de toute-puissance de ses promoteurs, à la fois sur le fond – le déni de la réalité de l’altérité homme-femme, du mariage et de l’engendrement – et sur la forme : le refus du véritable débat, jusqu’au rejet de la plus vaste des pétitions jamais enregistrées.Nos modes de coordination démocratique se révèlent donc incapables de prendre en compte des signaux majeurs, qui témoignent pourtant des préoccupations existentielles d’un grand nombre de citoyens. Pire, la puissance publique est elle-même mobilisée au service d’un projet de dénaturation de la vie humaine.
Il y a près d’un demi-siècle, l’écologie a émergé comme l’alternative au tout économique et à la mécanisation effrénée. Elle a donné l’espoir d’une société différente, plus respectueuse de la nature. Mais le statut de l’homme dans cette écologie est resté ambigu : en France, sa traduction politique a pu prendre des positions bioéthiques incohérentes. En raison des liens profonds et originels entre la vie humaine et cette nature, nous croyons toujours que la réconciliation entre la société contemporaine et la nature reste possible.
Le temps est venu de construire tous ensemble un grand courant d’écologie humaine. Nous sommes devant une responsabilité historique vis-à-vis de nos contemporains comme des générations futures.Il s’agit de reconnaître que l’essence de l’homme et son humanité constituent un précieux patrimoine intergénérationnel. Accueillir ce patrimoine avec émerveillement, en prendre soin et le transmettre fait partie intégrante de l’écologie humaine. Métapolitique, comme le fut l’écologie environnementale à son émergence, elle est appelée à être prise en compte dans toutes les sphères de la société, à commencer par les partis politiques. Elle offre une alternative durable à la tenaille libérale-libertaire où l’humanité est broyée.
L’homme est la seule mesure !C’est pour lui que nous appelons aujourd’hui à la tenue des Assises de l’écologie humaine. Elles seront ouvertes à tous les citoyens qui affirment que le progrès de la technique, de l’économie, de la bioéthique ou des politiques environnementales doivent avoir pour seule justificationle service de tout l’homme et de tous les hommes. »
Tribune collective de Tugdual Derville, fondateur de « À Bras Ouverts », délégué général d’Alliance Vita - Pierre-Yves Gomez, économiste, directeur de l’Institut français de gouvernement des entreprises/EM Lyon - Gilles Hériard Dubreuil, spécialiste de la gouvernance des risques technologiques, président du Fonds pour la culture démocratique. Publié dans le journal La Croix, le 21 mars 2013
La première fois que j’ai vu Tugdual Derville, je me trouvais couchée sur le parvis des Droits de l’Homme au Trocadéro. J’étais en blanc parmi cette foule d’anonymes dans la même position que moi. Un homme, debout, surgit et marcha à grandes enjambées en comptant les corps. Je crois qu’il en dénombra 700. Un de mes voisins me dit qui c’était : le Délégué général d’Alliance Vita. J’étais là, comme nombre de ces autres personnes, pour ne pas laisser brader la mort & la fin de vie, pour défendre les plus fragiles et les aimer jusqu’au bout tant qu’il y a souffle et étincelle. Une fois debout et animés pour la chorégraphie, les visages de cette foule étaient ceux de clowns tristes. Un même clown triste brandissant un cœur place des droits de l’homme, la Tour Eiffel en fond de toile. C'était en mars 2012.
Ce jour béni du 13 janvier 2013, je me trouvais au pied de la Tour Eiffel, dans la nuit et le froid, à 19h30 : des flocons frétillaient autour d’elle. Le Champ de Mars était désert. Je n’avais pas eu accès au podium, aux discours de cette fin d’après-midi, coincé qu’était le cortège venu de la place Denfert Rochereau dans une rue attenante. La nuit flottait au-dessus de la pelouse désertée. Les dégageuses balayaient. Quelques employés verts de la Ville de Paris ramassaient d’ultimes papiers sur le rectangle de pelouse. C’était le grand vide. Et l’extrême présence. Au pied de cette Tour majestueuse j’eus une vocation. Pour la première fois je pris une photographie avec mon Blackberry. Une seule. En contre-plongée. Le rai de lumière, phare à son chef, et celle révélant la dentelle de sa robe d’acier. La Tour Eiffel devint le symbole immédiat de la France qui se réveille. Celui de La Vaillante, Paroles de fond & de veille au service de la vie dans la société française_Post 13 janvier 2013 : le blog que je mis en ligne dès le 16 janvier.
Dans ce blog, je commençai par relayer la parole de Tugdual Derville (avec Gérard Leclerc) : son analyse pertinente des événements travaillant la société & sa soif de propositions (Genèse de La Vaillante). Quand le Courant pour une Écologie Humaine prit naissance, j’étais là, à son lancement, le 22 juin 2013, à la Cité Universitaire. Je m’étais inscrite dans la section Art & culture : en tant qu’artiste vidéographe et au titre d’éditrice de La Vaillante, cela convenait parfaitement. Camel Bechikh témoigna de son amour et de sa reconnaissance pour/de la France. Je lui indiquai alors la page Connaître & aimer son pays. Quelques mois plus tard la page Une raison d’espérance commença à présenter la parole de Fils de France, assurant les retranscriptions des conférences & interventions publiques de son président. Par-là, j’en vins assez vite au dialogue islamo-chrétien, le pendant catholique étant la page La France & le Sacré Cœur.
Quand l’artiste est présent au lieu & au temps
Dans le processus de création qui m’anime, la contemplation du monde, de petits périmètres dans la nature, prend une grande place. Ou, plutôt qu’art de l’espace, la contemplation s’inscrit dans le temps, la durée. Je contemple : cum, avec, templum, le lieu : suis présente au lieu, attentive au temps qui passe dans et sur le lieu, à la métamorphose des éléments (lumière, vent, sons, paroles… : musique des lieux) qui le modèlent, l’altèrent (le rendent autre) et révèlent quelque chose de l’être du lieu, de l’invisible, au delà du hors-champ. Qui peint aussi, sur le motif, les liens qui se tissent entre mon intériorité et ces événements du lieu. Plus être au monde que faire. Plus recueillement, prière, accueil, qu’action. Mon outil est la caméra numérique dans la paume. Je suis moi-même l’instrument du lieu, du temps, avec cette prothèse organique qui opère, qui est vecteur de mon regard. Mon corps se laisse altérer, la fatigue faisant son œuvre dans l’incarnation même de l’acte du regard.
C’est aussi ce que j’ai fait avec La Vaillante : observant et m’engageant intérieurement avec le monde extérieur, collectant des articles, des textes, ou retranscrivant des vidéos, des passages de film ayant trait à l'agriculture & au monde rural (Le temps des grâces), des témoignages, des enseignements, des émissions radio. De natures politique, religieuse, sociétale, artistique, éducative… Les disciplines se croisent, se répondent, comme dans la société réelle.
Et plus récemment, la vidéographie intitulée Enciellement Édith Etty donna naissance à une nouvelle page enrichie de plusieurs articles :Faire œuvre de beauté, touchant à la mort, au don de soi, en résonance avec les vies de Édith Stein et de Etty Hillesum. Cette dernière page enrichie est issue d’une autre, La force impressionnée, antérieure et fondatrice de ma proposition de définition de l’Écologie Humaine par la méditation de cette citation de Édith Stein : « En fait d’impressionnabilité, l’enfant, l’artiste et le saint sont frères ». La notion spécifique d’impressionnabilité de Édith Stein y étant méditée et entendue comme une variation de la vulnérabilité créatrice.
Et vinrent les Premières Assises du Courant de l’Écologie Humaine, les 6-7 décembre 2014, après dix-huit mois de travail.
Les premières Assises du Courant de l’Écologie Humaine
Mes vidéographies étant toujours issues de filmages de l’environnement ”naturel” ou du jardin, du domaine cultivé et transformé par un homme, ce serait apporter dans la chambre d’hôpital un coin de ”nature”. Donner à vivre à la personne alitée une expérience de perception de la nature. Le temps de la maladie pourrait ainsi se conjuguer avec le fait de nourrir sa vie intérieure, de vivre une expérience intérieure en étant convalescent. D’établir un colloque intérieur avec l’expérience que la vidéographie transmet. Le temps de la maladie pouvant ainsi être une belle occasion de s’autoriser à vivre le temps de la contemplation, difficile d’accès dans le quotidien habituel. Par l’œuvre vidéographique accéder « la petite cellule qui est en soi », à son jardin intérieur.
Dans ce Journal de bord publié en ligne Machina perceptionis(ici, Konrad Fiedler « Sur l’origine de l’activité artistique ») sont publiés d’assez nombreux articles ayant trait à ce qu’est la vidéographie, écriture du voir: une attention au processus de la perception qui, avec le temps, s’affirmera de plus en plus spirituellement. Je pense ici aux articles
C'est avec très grand plaisir que je vous fais suivre, avec son autorisation, la belle lettre que mon ami Yves Meaudre a adressée à ses enfants.
Jusqu'à l'été dernier, Yves Meaudre était le directeur général d'Enfants du Mékong, ONG auquel il aura consacré sa vie pour sauver de jeunes asiatiques de la mort et/ou de la misère et leur offrir un avenir digne de ce nom.
Sans doute, un certain nombre d’entre vous ont-ils répondu à ses appels à la générosité.
Ce texte élevé constitue un bel appel à l'amour de la patrie, la nôtre, la France. On aurait aimé entendre plus de candidats s'exprimer avec cette hauteur de vue.
Je vous confie mes réflexions à la suite d’un dîner d’il y a quelques jours avec des amis à qui je porte une réelle estime mais ceux-ci m’ont profondément troublé. Appartenant sans doute aux familles dont les noms sont les plus prestigieux de France, dont la fortune encore aujourd’hui reste relativement considérable avec un niveau d’étude pour certains au plus haut niveau, ils m’ont déstabilisé. Toutes ces facilités n’excluant pas leurs drames intimes et profonds que le siècle provoque dans leurs propres familles. Nul ne peut se targuer d’être imperméable aux assauts d’un monde très offensif à l’encontre de nos convictions les plus profondes.
Le sujet du dîner était politique et les choix très ”marqués” avec des positions qui interdisaient tout désir de comprendre la raison pour laquelle tel ou tel adhérait à telle option. Certains sont mondains (parisiens), d’autres plus dans la réflexion affective, mais la plupart assez conditionnés et peu autonomes. Insister aurait risqué de rendre à l’avenir les relations pénibles. Sans trahir ce qui m’habite : l’amour profond de mon pays et de sa grandeur. Avec une certaine peine je constatais que ces petits fils de ”morts héroïques” pour la France avaient une vision ”sentimentale et mondaine” de la chose politique. Lieu grave parce que c’est un lieu de guerre. Comme nous les aimons bien nous n’avons pas voulu poursuivre. Comment se positionner en face d’arguments ”définitifs” ? Aussi ai-je réfléchi à ceux qui m’ont beaucoup marqué.
Je me souviens de la démarche intellectuelle des deux derniers papes, Jean Paul II et Benoit XVI. Tous les deux professeurs d’université qui, voyant un élève adhérer à des positions inverses de celles qu’ils développaient, se taisaient et se mettaient avec une acuité accrue à l’écoute profonde et sincère de ”leur adversaire”. Ils cherchaient en celui-ci les raisons justes qui l’avaient amené à cette position. Non pas pour les réfuter systématiquement mais pour dégager la vérité profonde qui pouvait sortir des éléments passionnels ou idéologiques. Cette position fût celle du Cal Ratzinger avec ”son ami” Hans Küng, ou Wojtyla proposant les conférences au journal Znack avec des personnalités comme Martin Frybes ou Adam Michnick ”marxiste anti communiste !! ”. C’est grâce à cette logique du principe des recoupements que le régime de fer communiste est tombé. Le diable diabolos effaçant toute possibilité de raisonnement pour ne retenir que la peur et la colère qui sont les lieux où il se complait en insistant sur ce qui divise les personnes, même les plus proches.
Le principe des recoupements est l’attitude d’un Tugdual Derville. Il a su en réunissant des personnes idéologiquement très lointaines voire opposées, les faire adhérer à des principes fondamentaux sur lesquels ils étaient en accord. Il a fait tomber des forteresses d’incompréhension sur son combat et a provoqué les manifestations monstres de 2013. Aussi est-il devenu l’objet de véritables violences depuis.
Mon temps polonais pour moi a beaucoup construit mon jugement. Une violence d’état interdisant tout débat sur le fond, comme aujourd’hui en France, nécessitait une intelligence de comportement dans les positions politiques. Les professeurs Tischner et Wojniakowski rappelaient à tous la priorité du combat au-delà de toute attache partisane : Défendre l’identité polonaise, l’apport de la culture polonaise dans la construction de l’unité de la patrie et rassembler autour de ces principes simples la nation polonaise. Les héroïques professeurs de l’université Jagelon, comme le Pr Wojniakovski soutenus par l’archevêque de Cracovie Mgr Wojtyla, maintenaient le fil.
À l’exemple de cet immense pape, sans renier notre personnalité ni nos convictions, définissons paisiblement dans nos positions politiques nos priorités : l’identité de ma patrie et la culture propre de ma civilisation. Le Père Popiełuzsko, dans ses sermons pour la patrie, touchait là les fondements de l’autorité morale de l’Etat communiste. Celui-ci avait bien compris que cette catéchèse mettait à jour l’incohérence de son système et la contradiction brutale de l’idéologie marxiste avec l’âme polonaise. On connaît sa réponse à celui dont la cause de canonisation est en route. La mort. Comme Jean Paul II, sera l’objet d’un attentat. Tout le travail de résistance de ce dernier s’est centré sur ce ”combat”. Abattre le marxisme pour lui passait par la construction de l’âme polonaise comme Soljenitsyne fera un immense travail de reconstruction culturelle de l’âme russe. On en trouve la synthèse dans son dernier petit livre : Comment reconstruire notre Russie. C’est un peu la réponse à son fameux discours de Harvard qui dénonçait la mort de l’âme de nos nations, ce qui pour nous est d’une cruelle actualité.
Il faut prendre acte que l’autre, en raison des innombrables couches sédimentaires qui ont construit son raisonnement et sa psychologie, ne peut pas en un dîner adhérer à tout ce qui nous a structurés parfois de façon privilégiée. Présentons à l’exemple de Ste Bernadette ce que nous savons de notre patrie mais avec la conscience que nous ne savons pas si notre interlocuteur le croira. « Nous ne sommes pas là pour vous le faire croire mais pour vous le dire » ! Or Bernadette Soubirous est venu au moment où les loges prenaient une grande ampleur sur les consciences en France.
Le dire est justement ce que déjà le système veut interdire. D’où la loi ahurissante et anticonstitutionnelle du « délai d’entrave ». La campagne électorale est la démonstration la plus claire du déni de démocratie.
Le démon joue avec un brio extraordinaire sur les affectivités blessées, les éducations très marquées socialement, les expériences personnelles. L’embrigadement intellectuel de l’école primaire à l’université, les mass media interdisent pratiquement toute autonomie intellectuelle. Raison pour laquelle le principe démocratique semble complètement cironné (vermoulu). La campagne électorale atteint un niveau de non raisonnement abyssal révélant par-là que le combat se fera dans l’éducation des âmes et des cœurs sur le long terme. Comme les fils des officiers de Katyn ont su reprendre le cours de l’histoire en permettant à Solidarnosk (non pas limité au seul mouvement ouvrier de Walesa) d’émerger et de chasser les assassins de leurs pères par la volonté des consciences.
Contingentement et sans passion :
Pour le court terme je m’en tiens à la pertinente position maurassienne. La politique est l’art du possible ; aujourd’hui elle n’est ni du domaine de la morale ni de celui du religieux, c’est du pragmatisme pur ou entre deux maux on choisit le moins pernicieux. Cela n’a pas une valeur morale propre. Les démocrates-chrétiens se sont, à la suite de Marc Sangnier du Sillon, toujours fourvoyés dans une vision irénique. Ils ont toujours exigé des hommes politiques des positions de dames d’œuvres. Les évêques ont souvent sur ces questions-là des jugements qui confondent le jugement moral sur la personne d’avec le jugement sur l’efficacité d’une politique. Si le ”saint” Louis XIII avait lu Sangnier il n’aurait jamais pu à 14 ans (!) faire assassiner sous ses yeux le redoutable Concini ! Si jeune il a su trancher pour le salut du royaume. Quelle leçon politique ! Si Louis XVI, très marqué par la vision sentimentale de l’abbé Soldini, avait fait le roi à la demande de sa très sainte sœur Madame Elizabeth il nous aurait épargné vingt-cinq ans d’hémorragie sanglante et le drame d’une lutte des classes endémique que nous vivons encore aujourd’hui. Faire le roi consistait à la façon de Bonaparte à monter sur son cheval et charger les révolutionnaires pour galvaniser ses troupes.
Vous voyez où j’en viens :
Que m’importe que Fillon ait abusé de sa position pour favoriser ”légalement” sa famille, s’il décide de défendre notre patrie, ce qui est pérenne et assure la continuité de notre culture et de notre rayonnement, que m’importe les outrances et les provocations d’une Marine Le Pen et ses positions économiques qu’elle adaptera sûrement à la situation qu’elle trouvera si elle était élue... cela ne me fait pas bouger de mes intentions de vote.
Ma priorité c’est la France. C’est de défendre mon pays actuellement en situation d’être submergé par une culture et une religion ou par la négation de nos racines spirituelles (ces deux logiques s’alimentant). Le fait d’aimer la France dans les termes que de Gaulle développait, le fait de désigner la mondialisation comme le moteur de désubtanciation de notre peuple appellent mon soutien. Que j’eusse de la sympathie pour l’un ou pour l’autre n’a aucun intérêt, je n’en ai ni pour l’une ni pour l’autre ! Je soutiens simplement le fait qu’il me semble impossible qu’un futur chef d’état devant les ennemis de son pays - et chez eux - insulte sa propre patrie en l’accusant de génocide. Pour moi cette déclaration - s’il venait à devenir chef d’état - est passible de la haute cour. Qu’il y ait un vice dans la construction intellectuelle et morale de ce garçon jouet de la grande finance et des libertaires les plus enragés est une chose, mais insulter les innombrables morts de nos propres familles est tout simplement impossible. Que Macron - puisque c’est lui que j’évoque - soit soutenu par les personnages les plus malsains qu’une société engendre, Xavier Niel pourvoyeur des sites pornographiques et du minitel rose, d’une Taubira chef d’un parti qui voulait mettre la France dehors de la Guyane, d’un Bergé qui a tweeté que si une bombe explosait au milieu de la Manif pour tous ce n’est pas lui qui allait pleurer, etc. le définit pour moi comme l’ennemi à qui il faut tout faire pour l’empêcher d’accéder au pouvoir. Mon choix obéit à une question d’âme.
J’ai fait le choix de donner la priorité à ceux qui aiment et disent vouloir défendre l’intégrité de notre pays et de notre civilisation. Que ce soit de l’opportunisme, du calcul peu importe, ils le disent et les paroles engagent. Ma prise de position justifiera pour les ennemis de notre pays les douze balles dans la peau qu’ils m’infligeront. Pour moi il est impossible de mettre sur un même plan ce personnage sans substance et otage des forces internationales les plus sulfureuses d’avec une fille sans doute outrancière mais se disant convaincue ”en termes sommaires” de son attachement à sa patrie.
Je ne veux en aucun cas des socialistes qui haïssent la France et tout ce qui est le fondement même de notre être : ils se sont attaqués à l’âme de nous-même. Le quinquennat terrifiant qui se prolongera avec son héritier est résumé dans un document qu’a sorti Tugdual Derville. Celui-ci est effrayant : 36 décisions politiques sociétales, le mariage pour tous est le plus connu, mais la suppression de la clause de conscience, le contournement de la PMA/GPA que Macron et l’inquiétant Mélenchon légiféreront, l’absolutisation de l’avortement, le divorce à l’amiable, la promotion du genre à l’école primaire, la diminution des prestations familiales font un document de 27 pages ! Une descente aux enfers.
Ma priorité est de bloquer au premier tour toute possibilité à ce monde délétère d’être présent. C’est mon choix pour Fillon. Si malgré cela Macron devait passer au premier tour je voterai sans hésiter pour une fille qui dit vouloir défendre la France, refuser tout compromis avec la GPA et la PMA et proclame haut et fort que la France a une longue histoire fondée sur ses racines chrétiennes. Je n’ai aucune sympathie et pour l’un et pour l’autre et je comprends qu’on puisse ne pas en avoir ; ceux qui m’ont développé leur opposition à celle-ci ont des arguments. Mais je reste Maurrassien (toujours) ; j’estime que dans une guerre il faut faire des choix, les non choix sont des choix par défaut qui profitent à l’ennemi ; ici ils donnent du terrain à celui qu’on a défini comme le plus dangereux pour notre âme. Toujours Maurras : la politique du pire n’est jamais la meilleure. Pie XII a officiellement soutenu ceux qui prêchaient l’alliance avec l’URSS en 1942 pour abattre le nazisme. De Gaulle n’a eu aucun état d’âme à employer les communistes qui, six mois plus tôt étaient les alliés des allemands ! dans sa lutte contre les nazis. Sans vouloir accabler la pauvre Marine d’une telle comparaison j’ai conscience que l’alternative proposée est pire pour notre âme avec Macron qu’avec celle-ci. C’est la position cohérente de Villiers, même si celui-ci fait l’erreur de laisser entendre qu’il soutiendrait celle-ci dès le premier tour, ce qui n’est pas tactiquement judicieux. Mais ses raisons tiennent pour lui à des règlements de compte personnels à assouvir.
Dans tous les cas nous devrons travailler à l’exemple de Soljenystsine pour la Russie, de Jean Paul II pour la Pologne, à la reconstruction des intelligences de nos enfants.
Vous êtes revenus ! Nous sommes revenus, foule immense et pacifique, avec exactement la même motivation et pour la même raison que celles qui ont fait naître notre mouvement : la protection de l’être humain, de l’enfant contre une forme toute nouvelle de maltraitance, la maltraitance originelle. La privation délibérée de la moitié de son patrimoine généalogique, celle du père par détournement de la PMA, ou celle de la mère par la GPA.
Je ne reviendrai pas en détail sur ce que ces dernières semaines ont révélé. Ceux qui ont toujours tenté d’étouffer notre voix ne peuvent que constater aujourd’hui les faits : nous avions raison, depuis le début, nous disions vrai : cette loi nous vendait un immeuble entier, avec sa façade trompeuse (le mariage pour tous), sa pièce en fond de cour (l’adoption), et ses appartements cachés (la PMA et la GPA). Et le gouvernement n’a même pas eu le courage d’agir contre ces dérives, alors que de nombreuses personnalités de sa propre famille politique le lui avaient pourtant demandé.
C’est pourquoi, chers amis, je veux constater avec vous combien notre mobilisation de ce jour est précieuse : le Premier ministre lui-même nous a rendu hommage à sa façon en s’exprimant enfin sur ces sujets avant-hier. En effectuant un revirement sur la GPA, contredisant ce qu’il avait affirmé en 2011, quitte à humilier ceux auxquels il avait alors apporté son soutien ; et pour la PMA en se défaussant sur le Comité d’éthique… Cela ne trompe personne, il est intervenu pour décourager nos manifestations. Mais il nous a surtout donné raison ! Car ce ne sont que des paroles, et nous attendons des actes !
Avec les élus de tous bords qui nous soutiennent aujourd’hui, et qui sont plus nombreux que lors de notre dernière grande mobilisation, nous voulons donc adresser un message à tous les gouvernants d’aujourd’hui et de demain : à ceux qui s’étonnent encore que nous soyons simplement tenaces, redisons que nous le sommes parce que protéger le plus faible de la loi du plus fort est bel et bien un enjeu politique prioritaire.
Nous ne pouvons pas accepter qu’une poignée de personnes s’octroie le droit de faire basculer notre pays dans un tel changement de civilisation : une société dans laquelle on passe commande d’un enfant.
La politique digne de ce nom nécessite cohérence et constance, au service de la justice. La démocratie se dénature si elle piétine les droits des plus faibles, des sans-voix quels qu’ils soient : enfants, personnes handicapées, personnes rejetées, personnes isolées, personnes âgées.
Je voudrais surtout insister aujourd’hui sur la promesse magnifique que fait naître notre mouvement pour la France, pour l’Europe et le reste du monde : celle d’une autre culture, une culture altruiste, tournant le dos à l’individualisme dans lequel s’est engouffré la loi Taubira et ses conséquences. Cette nouvelle culture doit être fondée sur des repères anthropologiques qui ne trompent pas :
- L’altérité sexuelle, à la source de tout engendrement.
- La famille, écosystème de base à protéger en priorité, première source de solidarité, premier amortisseur de crise. Quand comprendront-ils qu’en période de chômage ou de crise du logement, c’est la famille qui est la valeur refuge ?
- Et – j’ose le dire – la maternité comme précieux élément du patrimoine de l’humanité, qu’on ne doit ni occulter, ni escamoter, ni éclater, comme c’est le cas dans la GPA. Oui, chers amis, c’est désormais le mot clé : maternité. Chacun d’entre nous, comme tout être humain, et quels que soient nos souffrances, nos errances et nos deuils, qu’il soit homme ou femme, a longuement séjourné dans le corps d’une autre. Cette expérience originelle fait partie intégrante de notre histoire intime et a un immense impact sur notre existence d’aujourd’hui. Valoriser et préserver la maternité : voilà le vrai progrès ! Dévaloriser la maternité, prétendre qu’elle peut être vécue comme un service marchand et s’achever par une séparation contractuelle, l’imaginer dans une machine comme certains scientistes persistent à la prévoir, qui prédisent l’utérus artificiel, c’est faire preuve d’un dangereux négationnisme anthropologique.
Voilà pourquoi ce que nous demandons au gouvernement est urgent et prioritaire : nous demandons que la France, dans la belle tradition qui est la sienne de non marchandisation du corps et de protection des droits universels de la personne, s’engage – comme elle a su le faire contre le clonage – pour l’abolition de la GPA et du détournement de la PMA. Désigner ces dérives pour ce qu’elles sont, des maltraitances originelles, c’est faire progresser l’humanité. Nous voulons aussi sauver notre politique familiale qui fut un modèle dans le monde entier. Le gouvernement actuel la remet en cause et nous ne pouvons l’accepter.
Chers amis, notre mouvement social devra compter demain dans les grandes échéances qui déterminent l’histoire de notre pays. Je veux parler des échéances électorales et politiques. Nous devrons alors nous faire entendre, avec la constance de nos convictions et la force de notre liberté, c’est à dire notre indépendance absolue vis-à-vis des joutes partisanes. Avons-nous conscience qu’aucune association, aucun mouvement politique ou syndicat ne peut rassembler autant de personnes pendant trois ans ?
Déjà nous agissons, chaque jour, dans nos associations, nos régions, nos quartiers, nos entreprises, parce que nous sommes tout simplement engagés au service du bien commun.
Nous sommes tout simplement en train d’insuffler une espérance nouvelle et cela se sait, cela s’entend bien au-delà de nos frontières, comme en atteste la présence des soutiens internationaux qui témoignent aujourd’hui devant nous ! Oui, la France a créé la surprise en faisant jaillir avec nous une alternative, fidèle à son Histoire : courageuse, généreuse, et qui sait se rebeller contre la toute-puissance.
Chers amis, l’âme de la France s’est réveillée, il ne tient qu’à nous qu’elle embrase le monde !
Merci ! »
Tugdual Derville Porte parole de La Manif Pour Tous Le 5 octobre 2014