Les Veilleurs : ”La force intérieure de la non-violence irrépressible” (Tugdual Derville)
Très beau témoignage d'une jeune, Marie, qui était mercredi 17 avril au soir sur l'esplanade des Invalides :
« Chers amis,
Voici simplement un petit témoignage de ce qui se passe ici à Paris, en ces jours étranges. Le combat où nous sommes n'est pas anodin. Beaucoup de médias caricaturent et ridiculisent. Voici en toute vérité ce que j'ai vécu hier soir.
Hier après-midi, j'ai rejoint comme la veille La Manif Pour Tous, qui défile de Sèvres-Babylone à l'Assemblée Nationale tous les soirs cette semaine entre 19h et 22h, à grand renfort de chants, de sifflets et de casseroles. L'ambiance était joyeuse comme toujours ; beaucoup de jeunes, peut-être les deux tiers du cortège.
Lors de la dispersion aux Invalides, nous avons rejoint avec deux amis une pelouse, un peu plus loin, sur laquelle se tenaient assis des groupes de jeunes, calmes, avec des bougies. J'avais entendu parlé la veille de cette initiative, dite « Les Veilleurs » : 100 ou 200 jeunes étaient restés calmement sur les Invalides, rejoints par Hervé Mariton, Jean-Frédéric Poisson et un autre député. Vers 1h du matin, les CRS les ont sommés de partir. Ceux qui sont restés ont été enlevés de force, poussés dans la bouche de métro ; des bombes lacrymogènes ont été lancées dans la bouche du métro ; 40 jeunes (au hasard, ceux qui étaient les plus proches du bus selon le témoignage d'une amie !) ont été embarqués et emmenés au poste, puis, pour ne pas reproduire une garde à vue contestée, relâchés à 3h du matin à l'autre bout de Paris.
Je ne savais que penser de cette initiative. Ce rassemblement était parfaitement légal et, tant qu'il ne provoquait aucun trouble à l'ordre public, les forces de l'ordre n'ont, selon la loi, aucun droit de le disperser. En même temps, est-ce vraiment utile d'en rajouter, de provoquer des incidents avec les forces de l'ordre ? Après en avoir discuté avec plusieurs amis, j'ai décidé de suivre ceux qui avaient vécu l'expérience la veille.
22h : Nous sommes un peu plus de 800 jeunes, assis par terre dans le calme, sur l'esplanade des Invalides, avec des bougies. Axel, le chef de file du mouvement, explique au porte-voix l'esprit de cette initiative. Il s'agit de résister à ce gouvernement et à ses lois iniques, non par la violence, mais par notre force spirituelle – au sens large, celle qui habite tout homme, ce n'est pas réservé aux croyants. C'est notre vie intérieure, notre paix, notre amour qui constitue la plus grande force de résistance ; à cela le gouvernement ne peut rien opposer. Je connais Axel de vue, il vient à EVEN le lundi soir. Il est d'un calme olympien, il parle d'une voix douce, ni coléreux ni revendicatif ; il sait où il va et tient le cap. Il mène cela avec une jeune fille nommée Alix. Peut-être 25 ans, pas plus.
22h30 : Axel nous parle de la paix intérieure, et nous écoutons des textes (Madeleine Daniélou, Victor Hugo...) sur la France, l'intelligence, l'amour, la liberté... Les CRS sont encore partout sur l'esplanade, où des groupes de manifestants, restés après la dispersion, font du bruit et refusent de partir. Très tôt, les CRS prennent position autour de nous. Axel explique calmement qu'à la deuxième sommation, ceux qui voudront partir partiront ; qu'accomplir demain notre devoir d'état est plus important que de rester ; que ceux qui peuvent rester et résister devront, s'ils aterrissent au poste, demander un avocat commis d'office et un médecin : il sera évidemment compliqué de trouver plusieurs centaines d'avocats et de médecins en même temps ! Nous continuons de rester paisibles ; au bout d'un moment, les CRS nous contournent et partent s'occuper d'autres groupes bruyants et violents.
23h : Ce soir, nous ne resterons que jusqu'à 1h du matin, a encore dit Axel. Ensuite, nous irons tranquillement nous coucher. Arrive un commissaire de police, qui parlemente avec Axel quelques instants. Celui-ci nous informe ensuite au micro : « Ce policier nous demande de nous disperser à minuit et demie, pour que nous puissions prendre les derniers métros. Si nous partons à minuit et demie, nous pouvons rester, nous ne serons inquiétés par aucun policier. Je suis très heureux de ce qu'il se passe, notre paix commence à faire son effet. Nous resterons jusqu'à minuit et demie. » Le policier part.
23h30 : Nous écoutons toujours des paroles et des textes, alternés avec des temps de silence. Ailleurs encore, des pétards, des sirènes... Il est difficile de rester tranquilles, ancrés dans sa « paix intérieure » comme le rappelle Axel, quand les camions de CRS passent et repassent dans tous les sens sur l'esplanade. Des jeunes partent, d'autres se dissipent...Certains, au téléphone, tentent de faire venir leurs amis restés avec des groupes plus violents. Axel garde son calme. Mgr Aillet, évêque de Bayonne, nous rejoint un moment, nous bénit et bénit notre « résistance spirituelle » et notre courage. Xavier Bongibault et un organisateur de la Manif pour tous nous rejoignent aussi. Un garçon récite par cœur un texte de Gramschi sur l'indifférence :
« Je hais les indifférents. (…) Ce qui se passe, le mal qui s’abat sur tous, le bien possible qu’un acte héroïque peut provoquer, tout ça revient moins à l’initiative de quelques personnes qui agissent qu’à l’indifférence, à l’absentéisme de la majorité. Ce qui arrive, arrive non pas parce que certains veulent qu’il arrive, mais parce que la majorité abdique sa volonté, laisse faire, laisse se grouper les nœuds qu’ensuite seule l’épée pourra couper, laisse promulguer les lois qu’ensuite seule la révolte fera abroger, laisse aller au pouvoir les hommes qu’ensuite seul une révolution pourra renverser. La fatalité qui semble dominer l’histoire n’est que l’apparence illusoire de cette indifférence, de cet absentéisme. Des faits mûrissent à l’ombre, juste quelques mains, à l’abri de tout contrôle, tissent la toile de la vie collective, et la masse ignore, car elle ne s’en soucie point. Les destins d’une époque sont manipulés selon des vues étriquées, des buts immédiats, des ambitions et des passions personnelles de petits groupes actifs, et la masse ignore, car elle ne s’en soucie point. »
Axel nous invite encore à examiner pourquoi nous sommes là, ce que nous voulons défendre. Nous voulons montrer notre détermination, de manière pacifique, en s'appuyant sur notre vie intérieure. Nous préférons ce que nous croyons à notre vie, à notre confort. Toujours dans un grand calme, sans exaltation, sans triomphalisme, humblement.
Minuit : Nous voyons brusquement arriver et se ranger juste devant nous dix cars de CRS, ainsi que le bus bien connu qui sert aux arrestations. Le même policier revient parlementer ; son porte-voix ne fonctionne pas, Axel lui prête le sien. « C'est bien, tout s'est bien passé, maintenant vous allez vous disperser et rentrer calmement, si vous ne voulez pas que cela se passe mal. » Axel rappelle, toujours très calmement, qu'on lui avait assuré que nous pouvions rester jusqu'à minuit et demie, et qu'il n'y aurait pas de policiers autour de nous. Il discute un peu avec le commissaire, puis reprend le micro. « Visiblement les ordres ont changé ; nos amis les policiers nous demandent de partir une demie-heure plus tôt. Là il faut que vous m'aidiez, j'ai une décision à prendre. Peut-être vaut-il mieux rester, parce qu'on nous dit minuit et demie, puis minuit, puis 22h, et demain on n'existe plus ; peut-être vaut-il mieux partir, quelques minutes plus tôt, et éviter des incidents avec les forces de l'ordre. » Sur ce, il demande au policier deux minutes de réflexion et, écartant tous ceux qui veulent le conseiller, prend seulement Alix à part. On les voit discuter quelques minutes, rejoints ensuite par deux ou trois autres.
Minuit quinze : Axel et Alix reviennent : « Chacun est libre, mais nous, nous allons rester. Ce quart d'heure qui reste ne changera rien, nous allons seulement montrer que nous sommes libres et déterminés, nous resterons jusqu'à l'heure qu'on nous a dite, dans le silence absolu. Puis, à minuit et demie, nous nous disperserons calmement et nous irons nous coucher. » Approbation muette de la « foule », par les mains.
Minuit vingt : Les CRS sortent des bus, casqués et bouclier en main, et commencent à nous encercler. Nous avons resserré les rangs, rangés en ligne, alternés garçon et fille, nous tenant par les bras, et essayons de rester dans le calme. Axel et Alix restent devant nous, nous exhortent encore à rester ancrés dans notre paix intérieure.
Minuit vingt-cinq : Nous sommes encerclés, ils sont tous proches de nous. Vont-ils nous attaquer pour quelques minutes qui restent encore ? Ils n'avancent plus. Minutes héroïques : des CRS armés face à quelques centaines de jeunes désarmés, assis par terre en silence, qui ne résistent que par la force de leur détermination. Nous sentons que la force est de notre côté, elle est intérieure, elle est dans notre confiance et dans la communauté que nous formons. Certains CRS semblent un peu interloqués ; si on leur avait donné l'ordre de nous attaquer à ce moment-là, je ne sais pas ce qu'ils auraient fait. Il paraît que la veille, l'un d'eux s'est mis à pleurer, en disant : « C'est trop beau ce que vous faites, on nous fait faire du sale boulot ! » Les minutes s'égrènent, une à une ; le moindre cri ou mouvement de panique, et tout peut exploser.
Il reste deux minutes. Quelqu'un entonne « l'espérance », et peu à peu le chant se propage, repris par toutes les voix. Il s'enfle, et devient un chant de victoire. Serrés les uns contre les autres, sans bouger, nous chantons.
Minuit trente : Axel donne le signal du départ. Tous ensemble, chantant toujours, nous nous levons et marchons calmement vers la bouche du métro. Extraordinaire moment : notre paix est victorieuse. Les CRS nous encadrent, ils ne savent pas trop quoi faire de leur force. Des ordres imbéciles fusent, certains empêchent ceux qui veulent partir à vélo ou à pied de passer, d'autres rattrapent avec violence deux filles qui partaient à pied. Certains CRS nous laissent passer, l'un d'eux crie : « Laissez tomber vos boucliers, les gars, il ne va rien se passer. » Ils sont tellement habitués aux rapports de force et à la violence, que notre manière d'agir les dépasse complètement. Ils se croient obligés de pousser ceux qui descendent dans le métro, de repousser ceux qui sont à l'extérieur... S'ils avaient eu confiance en nous, en dix minutes nous nous serions dispersés nous-mêmes dans le calme. Heureusement, pas d'incident grave, et à 1h l'esplanade est déserte.
Expérience faite, je crois que cette initiative est belle, et j'encourage ceux qui le peuvent à la rejoindre. Beaucoup de jeunes, et des moins jeunes, légitimement énervés par le déni et l'injustice dont nous sommes l'objet de la part du pouvoir et des médias, basculent dans la violence. Je crois que la vraie résistance est là, dans la force spirituelle de cette jeunesse de Paris, qui est prête à défendre la vérité, qui ne cède ni à l'indifférence ni à des pulsions de violence, qui fonde sa force sur celle de l'intelligence, celle du cœur, celle de la foi. Ce soir encore, et les jours suivants, de plus en plus nombreux sans doute, « les Veilleurs » seront là, sentinelles de l'aurore. »
Les français sont-ils prêts à reconnaitre comme juste la théorie du genre et à l’appliquer à leur modèle de société ?
Axel Nørgaard Rokvam à Mme Taubira, Garde des Sceaux, en Sorbonne, le 18 mars 2013
Mais qui êtes-vous, Madame, pour changer ma civilisation ? Appartient-il au garde des sceaux de supprimer juridiquement la filiation biologique ? Appartient-il au législateur de me dire qui sont mes parents ? N’abusez pas de votre pouvoir, Madame, vous risqueriez de faire de nous des marchandises, rétablissant un esclavage dont je me ferai éternellement l’ennemi. Vous savez bien que ce projet ne rend service qu’à vous. Vous occupez ainsi les français en utilisant une communauté homosexuelle peu encline à se marier et encore moins à « avoir des enfants ». Vous vous honoreriez donc de le retirer dès maintenant, car il n’y a que l’orgueil qui puisse vous retenir de revenir à la raison.
Les français sont-ils prêts à reconnaitre comme juste la théorie du genre et à l’appliquer à leur modèle de société ? Je sais, parce que vous êtes là à tenter de nous convaincre du contraire, qu’une parole intérieure tente d’hurler en vous que ce que vous faites est grave, car c’est contre l’homme, au-delà de ses choix ou penchants religieux, sexuels et culturels. Quelqu’un en vous-même vous rappelle, au fond, que c’est contre l’homme tout simplement.
Comment pouvez-vous ignorer, Madame, tant de personnes compétentes qui vous disent, en substance, que ce projet de loi est le cheval de Troie d’un esclavagisme moderne, où le désir devient la mesure de toute chose. Cela ne marche pas, Madame, cela donne une société sans but, sans espoir et sans vie, nous le voyons tous les jours. Mais vous ne les lisez plus les sages, vous n’écoutez plus les immortels et les philosophes, et leur mise au pilori médiatique vous rend service. Espérez-vous, franchement, rendre le monde meilleur en supprimant le mariage et en acceptant la GPA et la PMA ?
Si vous faites passer ce projet de loi, Madame, vous aurez des comptes à rendre devant les personnes que vous aurez délibérément, en tant que garde des sceaux, privés de leur relation avec leur père ou leur mère, ou les deux. Si je me lève ici, ce n’est pas contre vous Madame, mais pour eux. Et aussi parce qu’en faisant cela, vous n’engagez pas seulement votre personne, mais vous engagez la France et nous tous qui la faisons, naissance après naissance, mort après mort et vie après vie, passant d’une famille où l’on né à une famille que l’on fonde. Enfin, j’irai dimanche prochain sur les Champs-Elysées, car la liberté d’expression est à ce prix dans votre civilisation, et parce que mon cœur n’a pas fini de battre pour mon pays. »
Axel Nørgaard Rokvam à Mme Taubira en Sorbonne, le 18 mars 2013
Nous ne sommes pas là pour conserver mais pour libérer ! #5 oct 2014 Les Veilleurs
La Vaillante est heureuse d'accueillir une nouvelle fois la parole du représentant des Veilleurs.
Chers amis,
Il y a seulement quelques mois, nous n’imaginions pas que le bien commun de la Cité et la valeur inaliénable de la personne puissent être ainsi sacrifiés. Et pourtant voici venue, avec la PMA et la GPA, l’ultime transgression vers la marchandisation de tout ! Mais nous n’imaginions pas non plus, il y a seulement quelques mois, que notre génération de veilleurs se lèverait ainsi, refusant de vivre dans une société soumise à tous les narcissismes sans avoir rien dit. Sans avoir rien proposé d'alternative aux valeurs avariées d’une culture du mensonge et de la consommation. Dans une société où la pulsion prime sur la réflexion, et les plaisirs rapides sur les joies profondes, les Veilleurs sont un signe de contradiction radicale, ou plus simplement humaine. Camus disait que la seule façon de faire face à un monde non libre est de devenir si absolument libre que votre existence même devient un acte de rébellion. Dans un monde en perpétuelle quête de sens, la dialectique du progrès et ses promesses frelatées ont montré leur incapacité à préserver les équilibres naturels et culturels, et à assurer une cohésion sociale fondée sur la justice. Leur échec est là et nous en sommes les témoins. Mais l’espoir est là, aussi, et nous en sommes le signe.
Le signe de l’éveil des consciences, c’est que beaucoup d’entre nous s’engagent dans la vie associative, politique et spirituelle, souvent après des années de laisser-aller. Aujourd’hui, nous ne sommes pas seulement réunis dans l’espoir d’une victoire de parlement. Ne serait-ce pas dérisoire dans un pays traversé par une triple crise, économique, morale et politique ? Nous sommes avant tout réunis dans l’espoir d’une véritable metanoïa personnelle et collective, c’est-à-dire un renversement de la pensée dialectique dans notre pays. Ce renversement commence par la conquête de soi, puisque dans la guerre culturelle qui s’est ouverte, c’est bien la conscience qui est visée, la saine conscience de la personne, le bon sens du peuple profond. Les Veilleurs mènent la bataille décisive : par une expérience à la fois intellectuelle et esthétique, ils font le choix de la culture, qui est une option anthropologique. En réconciliant les approches culturelles et politiques, écologiques et anthropologiques, ils leur rendent leur unité perdue. Les Veilleurs agissent à l’ombre des antennes médiatiques et politiques car la vertu naît dans l’ombre. Ils font la lumière sur les affres du temps, puisque le vice meurt à la lumière. Mais ils font surtout le choix de la rencontre plutôt que celui de la division. Car c’est dans la relation que l’homme se reconnaît. C’est à cette insoumission que nous vous appelons ! Veut-on laisser l’homme, et la France in fine, se fracturer de toutes parts ? Levons-nous ! avant que le peuple ne se soulève ! Rejoignons-le, faisons corps avec ses aspirations légitimes. Ne nous préoccupons plus de questions de patrimoine et de comptes en banque : cela passera ! Soucions-nous de ce qui demeure ! Nous ne sommes pas là pour conserver mais pour libérer ! Mettons-y notre cœur, notre courage, reconstruisons la France libre que nous aimons ! C’est une tâche exaltante, une responsabilité, un devoir. C’est un élan d’amour !
Axel Nørgaard Rokvam
réécrit dans la nuit du 4 au 5 octobre 2014