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  • La branche d'hysope - Les Larmes de Pierre & La Visitation

    Méditation commencée avec la peinture reproduite en couverture de la Revue Magnificat du mois de mai 2019, Saint Joseph et Jésus enfant (v. 1650), par Sebastián Martínez (1615-1667), Madrid (Espagne), musée du Prado.

    Sebastian Martinez (v.1650) - Prado.jpg

    La branche d’hysope

                Je vois cette branche, peut-être d’hysope, droite comme un bâton et fleurie en son extrémité. Ce bâton que Joseph semble tendre à Jésus enfant d’environ 4 ans, qui lui, tend la main vers les raisins blancs de la corbeille de fruits. Finalement, si ces fruits symbolisent sa Passion à venir, défendus pour le moment par Joseph, son père adoptif, la branche droite fleurie semble indiquer qu’il sera le Bon Pasteur des brebis que nous sommes tous. Un mystère circule entre ces deux personnes de la sainte Famille. Le regard du petit s’accroche à celui de son père ; les joues roses esquissant la gravité naissante qui va peut-être s’exhaler, dans quelques secondes, de cette bouche, de ce petit nez, en pleurs de contrariété. Mais, la lumière caressante sur ce visage transfigure la naturalité de l’enfant, le bénit : lui donne une force surnaturelle et divine. Il ne pleurera pas — comme tout enfant l’aurait fait alors —, devant les fruits défendus, le bras tiré pour interrompre son geste de saisir un grain du raisin blanc, à sa portée. Ce visage est lui-même le fruit préféré du Père, qu’il a choisi d’illuminer de sa divinité.

                Oui, la main de Joseph prend fermement le bras du jeune Sauveur, tandis que ses yeux semblent déjà plongés dans une méditation profonde, au delà du quotidien, non pas à la surface des choses, mais « méditant chaque événement en son cœur », telle Marie qu’il a prise chez lui.

                Ces échanges de regard, ce mystère enveloppant les deux figures, cette lumière dorée — qu’on dirait d’un crépuscule, d’ombres accompagnée — c’est l’amour de Dieu fait chair et présent à l’humanité. Ce mystère des regards et de la lumière donne un relief particulier à ce bâton, droit et fleuri : surnaturel.

                Oui, c’est aussi l’annonce de sa Passion, la branche d’hysope au bout de laquelle une éponge gorgée de vinaigre sera plantée, dont les lèvres du Christ en croix seront imbibées, pour seul cruel breuvage à sa soif (Jn 19,29). Ces fleurs qui remplacent l’éponge vinaigrée, sont déjà la vie. Issies du souffle de la vie que le Ressuscité répandra sur ses disciples rassemblés dans la peur au Cénacle. Et déjà sur ceux présents au pied de la Croix quand, ayant rendu son souffle au Père, son Cœur sera transpercé ; d’où jailliront les fleuves de l’eau vive de son Esprit.

                Quand il eut pris le vinaigre, Jésus dit : « Tout est accompli. » Puis, inclinant la tête, il remit l’esprit. (Jn, 19,30)

     

    Les Larmes de saint Pierre

                Et puis, voulant lire le commentaire de cette peinture par le rédacteur Pierre-Marie Varennes, en fin de la Revue Magnificat —que j’ai lu et qui m’a appris le sens des fruits vers lesquels la main de l’enfant est suspendue —, j’ai vu, d’abord, l’œuvre méditée sur la page de droite : Les Larmes de saint Pierre (v. 1612) par un autre espagnol, Juan Bautista Maíno, qui se trouve au Louvre.

                Oh lala ! Quelle merveille ! Avant de lire le texte, j’ai pleuré, à la vue de cette image si puissante et éloquente. Et, après avoir lu le texte, j’ai pleuré davantage.

    Les Larmes de saint Pierre Juan Bautista Maíno.jpg

                 C’est alors que j’ai repensé à ces moments si beaux avec le père orthodoxe Marc-Antoine Costa de Beauregard, à Avon chez les Carmes, le samedi 19 janvier dernier.

                Il nous était permis de lui faire parvenir de petits papiers avec des questions auxquelles il répondrait, dans le flux de sa parole sur le Grand Carême orthodoxe. C’est alors que je déchirai un morceau d’une page de mon petit carnet — celui que je porte toujours dans mon sac, au cas où —, et j’y inscrivis ceci : « Et les larmes de Pierre ? » Le père Emilian Marinescu, orthodoxe roumain qui avait invité le père Marc-Antoine, se retourna vers moi au crissement du papier, et je le lui tendis. Nous échangeâmes un clin d’œil. Quand il put le faire, il tendit mon petit bout de papier au père Marc-Antoine qui ne tarissait pas sur le sujet du merveilleux sens du carême orthodoxe.

                Il roulait le petit bout de papier entre ses doigts, tout en parlant. Tous les yeux étaient posés sur ses lèvres, sur sa barbe clairsemée de patriarche qui monte et descend sous sa bouche, quand il parle. C’est sa bouche qui produit tous ces souffles articulés et pleins d’amour…

                C’est alors que je fus doucement mortifiée… : ma question entre ses doigts, roulée, c’était un peu moi, mon ego pétri, signe de ma patience mise à l’épreuve… Allait-il enfin lire ma question avant que le papier ne devienne illisible ? Dans cette nonchalance — non pas négligence mais détachement — comme si ce papier était l’occasion d’un divertissement pour ses doigts, alors que sa parole inspirée poursuivait sa pensée —, ma patience était mise à l’épreuve, mon orgueil doucement humilié. Dans ce geste de rouler le papier entre ses doigts en un jeu sans fin répété, avec ma question inscrite Et les larmes de Pierre ?, mon ego en était secrètement mortifié : « Quand va-t-il lire ma question ? Va-t-il finir par la lire ou le bout de papier va-t-il passer directement à la corbeille ?… » Le diviseur était de la partie en moi, et personne d’autre ne le sut… Il m’empêchait de me concentrer sur ce que le père disait, focalisant toute mon attention sur cette ‘balayure’ de papier où mon ego se réduisit. Ce fut un véritable combat spirituel, en miniature…

                Mais enfin, il finit sa phrase — à plusieurs reprises il sembla finir sa pensée… La fois fut venue où ce fut la dernière phrase : il déroula le papier, ses yeux se posèrent enfin dessus. Il était à l’envers. Il dit : « Il est à l’envers ! ». Il a beaucoup d’humour, le père Marc-Antoine Costa de Beauregard. Il le retourna et le lut tout bas : « Ah ! les larmes de Pierre !… C’est très beau !… »  Et après un temps où il se laissa pénétrer par ce drame de Pierre, sa parole repris son cours de plus belle…

                Ouf ! J’étais soulagée, délivrée de mon bout de papier…

     

    La Visitation

    La Visitation d'Arcabas.jpgEn milieu d’après-midi, quand il dut repartir chez d’autres amis catholiques — en cette fin de semaine pour l’Unité des chrétiens —, je regardais les livres posés sur la table au fond de la salle — celui sur la confession orthodoxe attira mon attention. Le père Marc-Antoine allait partir, debout, dos à la porte. Je vins à lui, simplement. Et, tout aussi simplement, il m’embrassa en me prenant les mains. À ma grande surprise, il me fit ce baiser de la paix, sur les deux joues, avec ferveur et grande amitié. Ce baiser inattendu scella quelque chose au delà de nos personnes. Peut-être que saint Pierre y était pour quelque chose. En tout cas, la Paix de Notre Seigneur Jésus Christ y demeure encore… Car en Jésus Christ, vous êtes tous fils de Dieu par la foi. En effet, vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ ; il n’y a plus ni juif ni païen, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus (Gal. 3, 26-28).

                C’est ainsi que ce jour, dimanche du Bon Pasteur, me revient cette rencontre avec le père orthodoxe Marc-Antoine Costa de Beauregard et je la vois, cette rencontre, comme la figure de l’hospitalité réciproque en Jésus Christ, comme la Visitation recommencée entre la Vierge et sa cousine Élisabeth, si chère à Christian de Chergé.

                Dieu soit béni, éternellement, qui vit dans nos entrailles, celles de la foi !

     

    Jehanne Sandrine du SC & de la SE.jpg

     

     

     

    Sandrine Treuillard
    Jehanne Sandrine du Sacré Cœur & de la Sainte Eucharistie

    Dimanche du Bon Pasteur, 12 mai 2019, Vanves

     

     

     

     

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    Artisans de Paix - où le désir de rencontrer l'(A)autre

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  • L’oasis du soufi & la graine d’Évangile - Un père spiritain témoigne : 50 ans de cohabitation en République islamique de Mauritanie

    paul grasser,spiritain,mauritanie,islam,foi,soufisme,christianisme,eucharistie,transmission,prêtre,conscience,artisans de paixReligieux spiritain, le père Paul Grasser a d’abord exercé son ministère en Mauritanie, puis à Rome, à Paris, en Algérie. Il est aujourd’hui au siège d’Apprentis d’Auteuil.

    Je l’ai côtoyé en 2013-2014. C’est le 31 octobre 2014, dans une chapelle aux Apprentis d’Auteuil, que nous avons partagé sur notre relation aux musulmans en survolant la préface du tapuscrit Le livre des miroirs — ouvrage à quatre mains (encore inédit) rassemblant d’une part des textes de la tradition chrétienne le Miroir catholique (dont je m’occupais) ; et d’autre part des textes de la tradition musulmane, le Miroir musulman (par Slimane Reski)—. Lui laissant ce tapuscrit, il me remit Animés par l’Esprit de Dieu (Éditions de l’Emmanuel) de son frère spiritain, le père Alphonse Gilbert.

    Régulièrement, il m'envoie des photos de ses expéditions. Ce récit autobiographique, écrit le 2 février 2019, a été publié dans le n°235 de la revue Spiritus, en juin 2019.

    Sandrine Treuillard
    pour La Vaillante
                       

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    Le diocèse de Nouakchott est né à la suite d’un accident d’avion, en juin 1965 à Zouerate, ville minière au nord du pays, qui coûta la vie à Mgr Joseph Landreau, préfet apostolique de Saint-Louis du Sénégal, dont dépendait la chrétienté en Mauritanie. Après de longues années à Brazzaville, Mgr Michel Bernard accepta de lancer ce diocèse à la condition que la Congrégation du Saint-Esprit, à laquelle il appartenait, lui envoyât chaque année un des jeunes prêtres nouvellement ordonnés. Le premier envoyé ne tint pas longtemps. Les quatre suivants, à partir de 1967, s’enracinèrent parfaitement.

    Découverte

    paul grasser,spiritain,mauritanie,islam,foi,soufisme,christianisme,eucharistie,transmission,prêtre,conscience,artisans de paixJ’ai eu l’honneur d’ouvrir la piste ; et ce à l’Université de Dakar : deux ans d’islamologie et surtout de langue arabe. Mai 68 ! L’onde de choc venue de Paris saccage une partie de l’université de Dakar. Grandes vacances pour moi. J’accepte avec enthousiasme et appréhension de remplacer le prêtre de Zouerate en juillet et août, par cinquante degrés, hors climatisation ! Pour le mois de septembre, je me dirige par train minéralier, puis par taxi-brousse, vers la capitale des oasis : Atar, prise dans un immense massif montagneux ayant déjà servi de décor à des westerns. Je découvre. Malgré la chaleur toujours inhumaine, ce jour-là je saute sur le véhicule du directeur de l’usine de commercialisation des dattes. Il va régler un litige avec les producteurs fournisseurs, à Aoujeft. Une vingtaine d’hommes palabrent pendant quatre heures, assis sur les nattes. Les voix se relayent. Par deux fois, un participant, assis dans l’angle de la pièce prend la parole. Simplement, en dialecte arabe local. Je suis percuté par ce qui émane de cet homme ! La séance levée je me précipite vers lui : « Vous ne le trouverez plus, me dit-on, il ne traîne pas dans la rue ». Vite j’écris son nom dans un bout de papier. 

    Cathédrale Nouakchott.jpgUn an plus tard je suis nommé à la cathédrale de Nouakchott. Arrive un lycéen voulant me vendre ses aquarelles pour gagner trois ouguiyats. « Et ton papa il fait quoi ? — Il est religieux à Aoujeft. » Vérification : c’est bien son nom qui est sur mon bout de papier : Mohamed Lemine ould Sidina. « Il faut que je le voie. » Il était de passage à la capitale. Facilement nous le trouvons, assis par terre, au milieu de quelques dizaines de fidèles, hommes et femmes, dans la maison d’un de ses disciples, les « Amis de Cheikh ». Thé, cordialités, visages détendus. Après vingt minutes, je repars ; un fidèle me suit, c’est Mohamed Naaman. Bien vite je l’appellerai « mon frère ».

    P1016829.JPGVoici donc les graines, les personnages qui ont couru avec moi pendant cinquante ans. Et alors ? Très vite Mohamed Naaman me fut utile comme locuteur dans le cours du soir, lancé à travers la paroisse de Nouakchott pour permettre aux étrangers d’apprendre le dialecte, le hassanya. Mohamed refusait toute rémunération. Des semaines avaient passé. « Mohamed tu es chômeur, je te demande un service et tu n’acceptes rien ? » Réponse : « Quand je t’ai vu chez mon marabout, j’ai compris que vous cherchez la même chose que nous. Alors, il faut vous aider. »

     

    Aller plus loin

    paul grasser,spiritain,mauritanie,islam,foi,soufisme,christianisme,eucharistie,transmission,prêtre,conscience,artisans de paix1983. Bien enracinée dans ma double mission — servir les chrétiens, tous immigrés, et rencontrer les Mauritaniens, tous musulmans —, j’éprouve le désir d’aller plus loin. Reprendre des risques, aller au fond du désert, seul, sans bagages, chez des gens qui ne me connaitraient pas. J’ai le tort d’en parler à Mohamed Naaman, qui me dit : « Tu viens chez nous à Maaden. » Je n’y suis jamais allé, mais j’y suis trop connu par réputation. « Tu auras une dose suffisante de dépaysement et d’ascèse » me convainc Mohamed.

    Les aînés des palmiers dattiers avaient alors treize ans ; leurs petites sœurs — ils ne plantaient que peu de palmiers mâles — sont nombreuses. Sous les palmiers, les légumes poussent avec parcimonie : carottes, tomates, menthe, luzerne, blé. Nous sommes dans un lit d’oued coincé entre un complexe de dunes vives et un flanc de montagne formant une immense plaque rocheuse. Pourquoi cette oasis ?

     

    Un homme épris de savoir, épris de Dieu

    paul grasser,spiritain,mauritanie,islam,foi,soufisme,christianisme,eucharistie,transmission,prêtre,conscience,artisans de paixNé en 1918 à Aoujeft, Mohamed Lemine ould Sidina, fils d’un goumier de la force coloniale française, est épris de savoir, épris de Dieu. Pendant quatorze ans, il s’assied au pied de grands théologiens de son pays. Il ira jusqu’au Maroc, puis au Sénégal, à Kaolack, pour y chercher le savoir ; et ce, dans la voie confrérique Tijaniya qui prône tolérance, fraternité, entraide et ouverture. De retour, non point à Nazareth mais à Aoujeft, il est rejeté par les siens ; de fait, il dénonce l’esclavage, le tribalisme, la sorcellerie. Il rachètera et libérera les vieilles servantes que souvent l’on achevait par lapidation au motif qu’elles étaient « suceuses de sang. » Mohamed Lemine s’exilera à trente kilomètres sud, dans un endroit désert qu’il nommera Maaden El Ervane (i.e. « Mine de connaissances, source de la foi en Dieu et de la bonté humaine »). Avec les « Amis du Cheikh » qui l’ont suivi, il crée un barrage en terre battue pour obliger l’eau de l’oued à s’infiltrer dans le sable : on pourra ainsi le retrouver dans des puits de un à trois mètres de profondeur.


    paul grasser,spiritain,mauritanie,islam,foi,soufisme,christianisme,eucharistie,transmission,prêtre,conscience,artisans de paixLes premiers palmiers sont plantés en 1970. Les buissons de henné, quasi sauvages, étaient déjà d’un apport appréciable. L’habitat rectangulaire ou rond est fait de murs de pierres sèches couverts de feuilles de palmiers. Aujourd’hui, en janvier 2019, cette oasis s’étire en chapelet sur sept kilomètres de long grâce à des barrages filtrants (galets contenus dans du gros grillage métallique.) Le savant agro-écologiste Pierre Rabhi, séduit par ce développement endogène, propose le village de Maaden comme modèle de développement durable, intégrant à la fois l’humain, le divin, le terrien. Un film long métrage est en préparation : Maaden développement intégral.

     

    Immersion intégrale
    paul grasser,spiritain,mauritanie,islam,foi,soufisme,christianisme,eucharistie,transmission,prêtre,conscience,artisans de paixC’est donc là que, en janvier 1983, je vis quinze jours d’immersion intégrale. Je ne mange que quand ils mangent (ils m’invitent dans différentes familles) ; quand ils prient, je prie, soit à côté d’eux, à ma manière, soit dans ma case, ou sur un rocher ; et quand ils travaillent, je donne mon petit coup de main. Cheikh, avec douceur et autorité, coordonne toutes les activités de la collectivité. Chaque secteur a son responsable. Tout un chacun qui a le désir d’approfondir sa foi, sa connaissance du Coran et surtout la pratique de sa religion, est le bienvenu parmi les « Amis de Cheikh ».


    paul grasser,spiritain,mauritanie,islam,foi,soufisme,christianisme,eucharistie,transmission,prêtre,conscience,artisans de paixEffectivement, le mélange social est total. Parmi eux : un Égyptien, un Marocain, un Sénégalais. Celui-ci, simple petit immigré, bricoleur de motopompes, s’intègre à merveille. Avec lui, je navigue, par voie de sable, de puits en puits. Sa consécration sociale sera manifeste quand Cheikh lui accordera une de ses filles en mariage. Leur fils, sorti de l’école locale, sera brillant bachelier à seize ans. Il vient d’achever son mandat de Ministre de la Jeunesse et des sports. Oui, à Maaden, depuis des années, on fait le cycle primaire en trois ans au lieu de sept ; de même pour le secondaire ; et ce, sans aucun frais pour l’État. Leur secret : pas de vacances scolaires. Les adultes travaillent chaque jour… pourquoi les jeunes subitement débrayeraient-ils ?

    Les hommes font, chaque semaine, deux jours de travail pour la communauté : l’un collectif, l’autre individuel. Spécificité spirituelle, leur dhikr, récitation litanique de telle ou telle formule, généralement comptabilisé au moyen d’un chapelet, est constitué chez eux par un interpellatif : « Allah, Allah, Allah ! » à l’infini, sans compter, seul ou en groupe, ou par relais, à voix forte et ferme, dans les champs ou en toute circonstance, la formule classique, elle, est déclarative : « Il n’y a de Dieu que Dieu ».

     

    « Quelle grandeur ! »

    paul grasser,spiritain,mauritanie,islam,foi,soufisme,christianisme,eucharistie,transmission,prêtre,conscience,artisans de paixDécembre 1984. Le frère Roger Schutz de Taizé, avec deux de ses frères, trouve chez nous, à Nouakchott-cathédrale : refuge pour écrire, selon son habitude, sa Lettre aux jeunes. Cette année-là, leur rassemblement aura lieu à Cologne. In extremis je réalise que Cheikh Mohamed Lemine est en visite pastorale à la capitale : « Frère Roger, il faut absolument que vous veniez rencontrer mon ”marabout”. — Trop tard, nous sommes sur nos bagages .» Nous finissons par passer vingt minutes, assis, très à l’aise, au cœur des « Amis de Cheikh. » Brève prière commune. Au sortir, le Frère Roger a quatre mots : « Quelle grandeur, quelle grandeur ! » « Et cette mélopée incessante qui montait de la cour ! » dit un autre frère. Il s’agissait effectivement de cette louange continue. Elle honore Dieu et irrite fort les voisins, tous musulmans. Nous aurons, à cette occasion, entendu une phrase revenant si souvent dans la bouche de Cheikh : « On ne voit bien Dieu qu’avec les yeux de Dieu. »[1]

     

    « Il nous donne le souffle »

    paul grasser,spiritain,mauritanie,islam,foi,soufisme,christianisme,eucharistie,transmission,prêtre,conscience,artisans de paixJuin 1985. Je retourne, pour trois semaines, m’immerger dans ce monde, dynamique, pauvre, croyant. Dans ma case ronde, glaciale, à l’aube, je suis réveillé par leur bruyante et massive prière. Que faire ? Sûr de ne pas être dérangé, n’est-ce pas le moment de faire ma grande prière ? En soutane kaki, mon chèche blanc pour étole, je célèbre l’Eucharistie. Bizarre tout de même : Dieu est unique, notre désir de nous orienter vers Lui est le même, et pourtant nous devons l’exprimer séparément. Le lendemain, même heure, mêmes prières… j’en arrive au Per ipsum : « Par Lui, avec Lui… à toi Dieu le Père… dans l’unité du Saint Esprit… » Je suis saisi. La voilà, l’ultime pointe de la prière : par Jésus, dans l’Esprit, au Père. N’est- ce pas là la clé de voûte qui manque à ces tonnes de prière musulmane ? Peut-être ne suis-je ici que pour cela !

    paul grasser,spiritain,mauritanie,islam,foi,soufisme,christianisme,eucharistie,transmission,prêtre,conscience,artisans de paixTous les soirs, de six à sept : heure sainte. Des nattes sur le sable. Au centre un grand drap blanc. Les « Amis » assis autour, femmes au deuxième rang, quelques gamins ; ambiance toujours un peu désordonnée, fraternelle, fervente. La théière n’est jamais très loin. Cheikh préside, son ami « Brahim, Paul »[2] à sa droite. On lit le Coran, Cheikh commente et à chaque fois me donne la parole. Tantôt j’approuve par un simple amîn, tantôt je cite le passage de l’évangile qui dit la même chose, parfois je marque un complément voire une différence, quelques hommes se lancent ensuite dans le « dhikr », cette même prière litanique permanente. Ils forment comme un début de mêlée d’équipe de rugby. Ils se dandinent, d’autres tournent, d’autres s’y agrippent, par moment le « Allah, allah » se réduit à un simple souffle. Je m’en étonne un peu auprès de Cheikh. Toujours avec sourire, douceur, parcimonie verbale il me fait : « Le souffle de Dieu. Il nous donne le souffle. Nos souffles veulent rejoindre le sien et fusionner entre nous. Oui, il arrive que intelligence, mémoire, savoir s’arrêtent un moment. Toute initiative est alors laissée à Dieu. »

     

    « Notre cadeau c’est toi
    Ton cadeau c’est nous »

    paul grasser,spiritain,mauritanie,islam,foi,soufisme,christianisme,eucharistie,transmission,prêtre,conscience,artisans de paixOctobre 1993. Je quitte la Mauritanie, suite à une agression dans la cathédrale de Nouakchott. J’y retournerai pour deux fois. Bien des amis chrétiens et musulmans m’accueillent avec joie. Cheikh est à Maaden, mais ses fidèles présents à la capitale se regroupent pour « célébrer » ensemble, avec moi, tant de choses… !  


    paul grasser,spiritain,mauritanie,islam,foi,soufisme,christianisme,eucharistie,transmission,prêtre,conscience,artisans de paixLa Mauritanie, vingt-quatre ans de ma vie, sans regret ni nostalgie, c’est fini.

    Et voici… qu’en février 2018, la presse française annonce la réouverture de la Mauritanie au tourisme. Divers périples proposés Terres d’Aventure offre cinq jours de trek intégral dans les oasis de l’Adrar. Au troisième jour, le top : passage dans une oasis récente fondée en 1970 ; ses palmiers, son maraîchage, son école : Maaden el Ervane. Alerte dans ma tête… Mais ce n’est plus pour moi !…


    paul grasser,spiritain,mauritanie,islam,foi,soufisme,christianisme,eucharistie,transmission,prêtre,conscience,artisans de paixLe 6 janvier 2019, je suis dans le charter Mauritania avec quatorze autres aventuriers : Roissy-Atar direct ! Maaden n’a cessé de s’allonger, les carottes prospèrent en vue de la commercialisation ; elles l’emportent sur les autres légumes. Au milieu du village, le mausolée de Cheikh attire les pèlerins de partout. Je me précipite pour retrouver mon vieux frère Mohamed Naaman, assis dans sa maison, les genoux bloqués par l’arthrose, des centaines de mouches pour l’accabler ; sa deuxième femme, répudiée, est loin ; ses deux enfants, aussi ! Vive émotion, cachée par quelques traits d’humour, à l’ancienne, qui claquent en hassaniya (il fut mon maître et s’empresse de me corriger encore.) Le lendemain midi, en tête à tête, repas traditionnel et rare : bouillie de pépins de coloquintes écrasées. Je signe une décharge à notre guide, je me sédentarise pour vingt-quatre heures.

    paul grasser,spiritain,mauritanie,islam,foi,soufisme,christianisme,eucharistie,transmission,prêtre,conscience,artisans de paixLe soir, plat de riz avec Djibrill et Brahim, sur la terrasse de « La grande maison » que Cheikh a léguée à la communauté. Repas terminé, deux autres hommes nous rejoignent. L’un tient dans sa main un téléphone qui émet la voix de Cheikh : lecture, commentaire et prière y sont enregistrés. Trois femmes, et d’autres encore, finissent par reproduire quelque chose du carré d’antan. Pendant trente minutes personne ne bouge, c’est le recueillement, la mémoire. Ils savaient que je comprendrais, apprécierais. Communion simple et forte. Convergence des consciences, dirait Pierre Rabhi. Je n’avais emporté de France aucun cadeau pour eux ; je n’en ai rapporté aucun : « Notre cadeau c’est toi, ton cadeau c’est nous, tous cadeaux de Dieu », aurait dit Cheikh avec sourire et douce action de grâce.

                Le lendemain matin on me fait visiter ce qu’il reste de la Bibliothèque de Cheikh. « Tiens ! Voici les albums dactylographiés des manuscrits de Cheikh. » Au hasard, quelques lignes écrites du Maroc. Je comprends difficilement son arabe classique. Je fais répéter une phrase. C’était celle dite aux frères de Taizé en 1984, que j’avais oubliée depuis, et que frère Charles-Eugène m’a rappelée en décembre 2018 : « On ne voit bien Dieu qu’avec les yeux de Dieu ! »

    paul grasser,spiritain,mauritanie,islam,foi,soufisme,christianisme,eucharistie,transmission,prêtre,conscience,artisans de paixQue d’honneur pour moi ! Le responsable spirituelle de la Fraternité appelle de Nouakchott pour me saluer. Le nouveau maire, habitant une Oasis voisine, se déplace pour moi. Mais rien du style réception, cadeaux, etc.

    Après la visite de la Bibliothèque, je demande à rester seul dans le grand salon pour y faire ma « grande prière ». Un verre à thé me sert de calice, une boîte à pastilles de patène, Prions en Église de Missel, le vaste monde d’assemblée. Oui, joie indicible du Corps et du Sang élevés : « Par Lui, dans l’Esprit, au Père… » Comme il y a trente-six ans. Je venais d’en avoir quatre-vingts.

     

    Pour terminer : deux surprises…

    paul grasser,spiritain,mauritanie,islam,foi,soufisme,christianisme,eucharistie,transmission,prêtre,conscience,artisans de paixEn taxi-brousse j’ai facilement rejoint mon équipe. « Mais comment donc est-il possible que je ne sois même pas allé me recueillir sur la tombe de Cheikh ! ». Je pense qu’il aurait approuvé.

                — Sur le tarmac pour le retour, un beau monsieur me fait :

    « Alors mon Père comment ça s’est passé ?

    - Parfait…

    - Je suis le correspondant mauritanien de Terres d’Aventure. On a essayé de vous arranger les choses pour le mieux. Mais, dites-moi, le Père Guy Daniel est-il encore en vie ? »

    - Oui, plus que jamais, il a quatre-vingt-un ans… Il est à Marseille.

    - Voici ma carte de visite. Je l’invite, je lui paye le voyage, car sa mère et la mienne étaient de grandes amies[3]. »

                — En octobre 2018, Pierre, à sa totale surprise et contre son désir, à quatre-vingt-un ans lui aussi, est invité par ses anciens élèves. Pierre leur avait enseigné les mathématiques au Lycée d’État de 1972 à 1979. Aujourd’hui, ils sont tous niveau cadre en Chine, Canada, voire en Mauritanie. La presse locale, en langue arabe relatait l’événement.  

                Ils étaient quatre spiritains à être envoyés en Mauritanie à partir de 1967 : Paul, Bernard, Pierre et Guy. Dieu les a comblés en même temps que leurs frères mauritaniens.

    Paul Grasser.jpg

     

     

     

    Paul Grasser, cssp                                                          
    Auteuil, le 2 février 2019

     

     

     

    Photographies :
    Jean-Michel Pénard, entre les 7 et 11 janvier 2019,
    dans l'Adrar mauritanien, à Maaden et ses environs.
    ©Paul Grasser

    Sauf : La cathédrale Saint-Joseph de Nouakchott - La carte de Mauritanie. 

     

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    [1] On peut retrouver ces faits dans le récit de la vie du Frère Roger (année 1984) en cours d’édition.

    [2] Sur leur proposition, j’avais accepté que l’on associe à mon nom celui de Brahim, Abram ayant vécu des années sans être ni juif, ni chrétien, ni musulman !

    [3] Mme Daniel avait 78 ans quand son fils Guy, contre l’avis de ses confrères, amena sa maman à Zouerate. Elle y passa neuf ans, grande missionnaire sans le savoir.

     

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    Artisans de Paix - ou le désir de rencontrer l'(A)autre

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  • La pentecôte eucharistique commence à la Croix

    Couv 1 pensée par jour PJ Eymard.JPGLe terme pentecôte eucharistique vient de saint Pierre-Julien Eymard qui l'emploie deux fois dans tous ses écrits, sans en préciser le sens. Sœur Suzanne Aylwin, Servante du Saint-Sacrement de la communauté de Sherbrooke (Canada), auteur de Une pensée par jour avec saint Pierre-Julien Eymard (éditions Médiaspaul, 2010), relève cet extrait où l'"on comprend ce qu’il entend par Pentecôte eucharistique" : 

    « L'archange ne dit pas seulement à Marie : “Le Saint-Esprit viendra en vous”, mais il ajoute : “Il vous couvrira de son ombre” [Lc 1,35]. Dieu est un feu consumant [Dt 4,24]. Quand Dieu vient en nous, il y vient avec sa nature divine et si le Saint-Esprit n'était en nous comme un voile, nous serions à l'instant consumés. Qu'est-ce qu'une paille au milieu d'un grand feu ? Que sommes-nous dans la divinité ? Le Saint-Esprit, comme une nuée, tempère ces ardeurs, n'en laisse transpirer que ce qu'il faut. Il fait comme au mont Sinaï. Il nous est nécessaire dans nos rapports avec Notre Seigneur. Notre Seigneur est homme, je le sais, mais il est Dieu aussi et nous avons besoin du Saint-Esprit pour recevoir Dieu. » (PP 32,2) 

    Pour ma part, je poursuis ma recherche pour rejoindre la pensée du Saint Esprit qu'avait le Père Eymard en méditant ce terme de Pentecôte eucharistique. Voici :

    « En cette fête de saint Maximilien-Marie Kolbe,
    nous nous souvenons du repas où le Roi des martyrs offrit sa vie pour nous
    et de la croix où il remet son esprit à son Père. »

    Sur la Croix, Jésus expire son Esprit entre les mains de Dieu le Père : son Âme monte au Ciel dans la kénose, et dans le même temps, quand le soldat romain transperce son Côté, le Sang et l’Eau s’écoulent de son Cœur pour la Terre et tous ses habitants.

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    Jésus-Christ est le médiateur sur l’ostensoir de la Croix. Cette Croix si visible sur le mont Golgotha a fait le vide autour d’elle pour ne laisser que Jean, Marie, les soldats et les deux autres larrons à son pied. Il est visible sur sa Croix mais personne ne le voit que Marie-Madeleine et quelques femmes avec Jean et Marie. Á la fois exposé aux yeux de ceux qui osent voir son supplice, et si humble. Je ne parviens pas à exprimer ce contraste que je perçois de l’humilité du Christ sur la Croix exposée. Ce qui attire à Lui tous les hommes, c’est son humilité qui est tout intérieure, dans la prière en union avec son Père. Je perçois l’amour dans cette humilité, je perçois le retrait de la prière sur la Croix. Il est là, dans le monde, avec nous et pour nous, mais Il n’est pas du monde. Il est en union avec Dieu le Père et c’est ce qui nous attire à Lui. C’est le lieu même de son retrait en Dieu qui nous attire à sa Croix. Ce n’est pas le supplice, ni même sa souffrance qui attire notre regard sur Jésus à la Croix. C’est la communion avec le Père qui nous attire. C’est cet amour que nous percevons à la Croix qui nous attire. Et c’est cet amour qui jaillit de la Croix que nous recevons. Cet amour sur la Croix nous le recevons dans la kénose du Christ quand son souffle le quitte pour le Père et que son Sang nous éclabousse de grâce. L’Eau aussi lors de la kénose de Jésus-Christ nous inonde de la lumière de son Esprit. Et nous recevons aussi son Âme quand Il rend l’Esprit, en expirant. Son Âme est répandue avec le souffle de l’Esprit dans son Sang et l’Eau issie de son Cœur sur nous. L’Esprit de vie qui planait sur les eaux au Commencement, c’est aussi l’Esprit de Jésus. Sur la Croix, l’Esprit Saint de toujours devient une personne de la Trinité, par la Vie du Christ qu’Il remet, rend à son Père et nous donne. La pentecôte eucharistique commence à la Croix. C’est quand la Terre reçoit le dernier souffle à la fois humain et divin du Christ. Á son dernier souffle, tout est accompli. Il se vide de Lui-même dans le don total. Sur la Croix, la communion trinitaire est parfaite, quand Jésus expire. Il nous distribue ses grâces en même temps qu’Il expire. Il rend à Dieu ce qui appartient à Dieu. Son Âme. Et de son Corps mutilé Il est donné tout entier aux hommes dans la merveille eucharistique de sa kénose où le don de son Sang et de l’Eau baigne dans la lumière de son Esprit. Son Âme est auprès du Père et pourtant, son Âme est partout depuis cette pentecôte eucharistique de la Croix. Elle rayonne depuis la Croix. Depuis la Croix nous pouvons la recevoir si nous levons les yeux vers elle. Son Corps saint ne cesse de nous inonder de sa grâce, de sa lumière d’amour. Lors de l’adoration eucharistique, nous adorons sa Croix. Nous ne cessons pas de recevoir son Esprit depuis la Croix, depuis ce moment de la Croix chaque fois que nous tournons notre visage vers Lui, Jésus Eucharistie.

    Jehanne Sandrine du SC & de la SE.jpgSandrine Treuillard  —  Sury-ès-Bois, le 14 août 2017

    Engagée dans la Fraternité Eucharistique, de 2015 à 2018,
    branche laïque de la Congrégation du Saint Sacrement (sss),
    rattachée à la Chapelle Corpus Christi, 23 avenue de Friedland, Paris 8.

     

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    Saint Pierre-Julien Eymard, Prophète de l'Eucharistie, un saint d'avenir

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    Prier avec Hozana & la Communauté St Pierre-Julien Eymard - Prophète de l'Eucharistie 

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  • Christian de Chergé, Pentecôte 1994 : Le « martyre » de l’Esprit saint à Tibhirine : Artisans de Paix - 28ème Réunion interreligieuse de prières

    Voici le chant chrétien et les textes que j’ai choisis et lus/priés au milieu de mes frères et sœurs d’Artisans de Paix, le 2 juin 2019, au Monastère de l’Inspir des Sœurs Bouddhistes de Noisy-le-Grand (91). Le thème était l’Esprit Saint, préparant la Pentecôte du 9 juin. En note, le détail des participants et du déroulé de ces 2h15 de Réunion interreligieuse de prières.[i]

    Sandrine Treuillard
    Chargée de mission pour la Fraternité Eucharistique (catholique) d'Artisans de Paix

    Logo Artisans de Paix.jpg

    Viens Esprit Créateur

    1 - Viens Esprit créateur, nous visiter,
    Viens éclairer l'âme de tes fils ;
    Emplis nos cœurs de grâce et de lumière,
    Toi qui créas toute chose avec amour.

    2 - Toi le don, l'envoyé du Dieu très Haut
    Tu t'es fait pour nous le défenseur ;
    Tu es l'amour, le feu, la source vive,
    Force et douceur de la grâce du Seigneur.

    3 - Donne-nous les sept dons de ton amour,
    Toi le doigt qui œuvre au nom du Père ;
    Toi dont il nous promit le règne et la venue,
    Toi qui inspires nos langues pour chanter.

    4 - Mets en nous ta clarté, embrase-nous,
    En nos cœurs, répand l'amour du Père ;
    Viens fortifier nos corps dans leurs faiblesses,
    Et donne nous ta vigueur éternelle.

    5 - Chasse au loin l'ennemi qui nous menace,
    Hâte-toi de nous donner la paix ;
    Afin que nous marchions sous ta conduite,
    Et que nos vies soient lavées de tout péché.

    6 - Fais-nous voir le visage du très Haut,
    Et révèle-nous celui du Fils ;
    Et toi, l'esprit commun qui les rassemble,
    Viens en nos cœurs, qu'à jamais nous croyions en toi.

    7 - Gloire à Dieu notre Père dans les cieux,
    Gloire au Fils qui monte des enfers ;
    Gloire à l'Esprit de force et de sagesse,
    Dans tous les siècles des siècles.
    Amen.

     

    « Dès sa conception au IXè siècle, vraisemblablement par Raban Maur, cet hymne, le Veni Creator, n’a cessé de résonner dans la chrétienté, spécialement en la fête de la Pentecôte, comme une longue et solennelle invocation de l’Esprit Saint sur l’Église et sur toute l’humanité. Dans les églises chrétiennes d’Occident, l’avènement du XXIè siècle et du nouveau millénaire a été salué par ce chant solennel. Dès les premières décennies du second millénaire, il a inauguré chaque nouvelle année, chaque conclave et chaque concile œcuménique, chaque synode et chaque réunion importante de la vie de l’Église, chaque ordination sacerdotale et épiscopale et, par le passé, chaque sacre royal. » Raniero Cantalamessa, Introduction à Viens Esprit Créateur – Méditations sur le Veni Creator, Éditions des Béatitudes, 2008

     

    Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 14, 15-21

    Jésus vient de laver les pieds de ses disciples. Lors de ce dernier repas au Cénacle avant sa Passion, il leur donne ses dernières recommandations et annonce l'héritage de l'Esprit Saint.  

    Cœur Eucharistique de Jésus.jpg

    15 Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements. 16 Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : 17 l’Esprit de vérité, lui que le monde ne peut recevoir, car il ne le voit pas et ne le connaît pas ; vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous, et il sera en vous. 18 Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviens vers vous. 19 D’ici peu de temps, le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant, et vous vivrez aussi. 20 En ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et moi en vous. 21 Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi, je l’aimerai, et je me manifesterai à lui. »

     

    Le texte d’un saint

    Christian de Chergé (portrait de face).jpgPour ce morceau choisi dans la tradition catholique, je vais vous emmener dans un autre monastère : Notre-Dame de l’Atlas à Tibhirine, en Algérie. Nous sommes en 1994. C’est le prieur du monastère, Christian de Chergé, qui donne son homélie de la Pentecôte. C’est le début des années noires en Algérie (1992-2006). Dom Christian a déjà rédigé son testament spirituel en deux fois : à Alger, le 1er décembre 1993, « au moment où, après les attentats dans le métro de Paris et la prise d’otage des passagers d’un Airbus français qui s’était terminée dans le sang à l’aéroport de Marseille, le GIA (Groupe islamiste armé) demandait à tous les étrangers de quitter l’Algérie, les menaçant de mort. » Il termina la rédaction de son testament spirituel à Tibhirine, le 1er janvier 1994, après que « douze ouvriers Croates chrétiens aient été égorgés à Tamezguida, à quelques kilomètres du monastère et, » après que « durant la soirée du 24 décembre, six islamistes armés » se soient « présentés au monastère en présentant des requêtes et des exigences. Durant les jours suivants les moines avaient longuement réfléchi en communauté sur l’opportunité de rester ou de partir. Ils avaient finalement opté unanimement pour rester. Parmi les raisons de rester étaient leur solidarité avec la population locale. » (Citations de Armand Veilleux, ocso. Voir sa conférence La rencontre de l’Autre au cœur de la violence : Le message des sept moines de Tibhirine). 

                À la date de la Pentecôte, le 22 mai 1994, deux religieux français installés en Algérie ont déjà payés de leur vie, et le prieur fera mention de ses amis à la fin de son texte. Le 8 décembre 2018, à Oran, Christian de Chergé a été béatifié avec les 6 autres moines de Tibhirine, et les 12 autres religieux martyrs d’Algérie, assassinés entre 1994 et 1996.

                Cette homélie de Pentecôte commence avec de fortes allusions à la foi musulmane puisque Dom Christian avec toute sa communauté vit en terre d’islam, par choix, comme les 18 autres martyrs. À Tibhirine, il a fondé avec les musulmans spirituels locaux un groupe de réunion interreligieuse : le « Ribât es-Salam », le lien de la paix, qu’il évoque aussi dans ce texte.

     

    Christian de Chergé,
    in L’invincible espérance

    Le « martyre » de l’Esprit saint
    Pentecôte
    22 mai 1994

         « C’est l’Esprit qui rend témoignage… »
                                                            1 Jn 5,6

     

                Pentecôte… au lendemain de l’’Aïd-el-Adhâ, de la « fête du sacrifice », de la « grande fête » (‘Aïd-el-Kebir). La Pentecôte aussi, une « grande fête » ! « Alors, qu’est-ce que tu sacrifies, qu’est-ce que tu égorges ? » me demandait un jeune du voisinage. On pourrait être tenté de répondre : j’offre la foule des TÉMOINS qui, depuis cet événement-là que nous célébrons, n’ont cessé de livrer leur vie pour l’annonce de l’Évangile, à l’exemple de leur Maître et Seigneur.

                En effet, la Pentecôte n’est-elle pas d’abord la grande fête du TÉMOIGNAGE, c’est-à-dire du « martyre » (en grec), ou encore de la « shahâda » (en arabe). Les apôtres étaient là, cloîtrés dans leur peur, mais fidèles à attendre en prière ce que Jésus avait promis. Et voici que les portes s’ouvrent. Un grand courant d’air dans tout leur être. Les langues se délient. Les cœurs s’élargissent aux dimensions du monde, réuni là et qu’ils ne voyaient pas. Bientôt Pierre prendrait la parole : « Ce Jésus… Dieu l’a ressuscité. Nous en sommes témoins » (Ac 2,32). Plus tard, il ajouterait la précision nécessaire qui avait échappé au premier moment tant ils ne faisaient qu’un avec la force neuve qui les portait à témoigner : « … nous sommes témoins de ces choses, nous et l’ESPRIT SAINT que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent » (Ac 5,32).

                Jésus leur avait annoncé : « Quand viendra le Défenseur que je vous enverrai d’auprès du Père, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra TÉMOIGNAGE en ma faveur. Et vous aussi – vous ensuite – vous rendrez témoignage » (Jn 15,26). C’est la Bonne Nouvelle, l’évangile de ce jour. Nous proclamons que l’Esprit saint nous a été donné, et nous témoignons qu’il témoigne en nous. C’est la « grande fête » du témoignage de l’Esprit, sans lequel le témoignage de l’Église, celui des apôtres, le nôtre, serait nul et vain. Nous célébrons le DON de ce Témoin qui n’en finit plus de se communiquer, de génération en génération, de langue en langue, de vie en vie, comme dans une course de relais, portant la flamme de l’Amour jusqu’aux extrémités des cœurs.

                Nous célébrons le « martyre » de l’Esprit saint. « Pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15,13). C’est là le témoignage de Jésus, son mystère pascal. C’est là, de toute éternité, le témoignage de Dieu. Si l’Esprit saint est le « martyr » par excellence, c’est parce qu’il est le don vivant que le Père et le Fils se font mutuellement de tout ce qu’ils sont. Il est la VIE en Dieu, éternellement donnée, et désormais communiquée à la terre pour une nouvelle création impliquant le sang et la souffrance d’un enfantement laborieux.

                Il semble bien en dehors du temps ce premier « témoignage » de l’Esprit présidant à la genèse, dans la sérénité d’une construction parfaite. Tout était bon… il planait sur les eaux de ce baptême primordial, dans l’amour du Père où le Verbe éveillait toutes choses. Ce « martyre »-là était celui d’un bonheur partagé. Il ignorait la souffrance et le sang répandu. Il se suffisait à lui-même. Il s’inscrivait profond, comme un sceau, une image, une ressemblance. Encore aujourd’hui, il émerge parfois, trace vierge d’une grâce initiale dans un cœur d’enfant que le mal a pu effleurer sans le déflorer… 

                En Jésus, ce témoignage est ressuscité. L’homme est restitué à lui-même. De toutes ses forces, l’Esprit vient témoigner que c’est cela que le Père a voulu pour nous. Que c’est cela qu’il vient accomplir en nous, dans la patience de nos chemins cahotants. Et ce témoin est là, qui veille et ne désespère pas. Il sait qu’en tout homme le Christ se cherche et s’accomplit. « L’Esprit saint en personne atteste que nous sommes enfants de Dieu » (Rom 8,16). Il est le témoin qui suscite les témoins, il est le « martyr » sans lequel il n’y a pas de martyre. Lui seul peut authentifier le témoignage. Elle est sûre, cette parole de Jésus : « Ne vous faites pas de souci ! L’Esprit saint vous donnera de dire et de faire… » Et ce témoin, ce « shahîd », nous dit de ne pas se satisfaire d’une « shahâda » purement verbale : « Ils disent et ne font pas ! » Ce« shahîd » nous dit que le témoin se reconnaît à ses fruits. D’après saint Paul (2e lecture), voilà ce que produit le témoin quand son témoignage lui vient de l’Esprit : « Amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité, maîtrise de soi. » (Ga 5,2 sq.). 

                Et l’Esprit lui-même nous invite aujourd’hui « à élargir notre regard pour contempler son action présente en tout lieu et en tout temps » (RM n°29)[1]. Nous pouvons tous en témoigner – et plus encore dans la situation douloureuse qui est la nôtre – nombreux sont autour de nous ceux qui triomphent des forces du mal et de désespérance parce qu’il y a en eux paix et patience, humilité, justice, maîtrise et oubli de soi… Ils sont cachés, comme l’Esprit en Dieu ; l’Esprit n’a pas de voix… Quand ils émergent, c’est parce que nous avons besoin de bornes témoins sur notre chemin. Ainsi, le cheikh Bouslimani : militant islamiste, et aussi cheville ouvrière d’une sorte de « Caritas » musulmane. Sollicité par des extrémistes de donner une fetwa (un jugement) autorisant la violence au nom de l’islam, il a préféré l’arrestation, la torture et finalement la mort. Pour nous tous, il est un témoin, parce qu’il n’a pas voulu pécher « contre l’Esprit saint ». Nous attestons que son « martyre » vient de l’Esprit, et nous proclamons que ce savant du droit musulman a partagé la grâce des simples et des tout-petits qui est de rendre témoignage à la vérité. 

                 Ainsi l’islam ne se trompe pas lorsqu’il inscrit le nom de « shahîd » parmi les 99 plus beaux noms de Dieu. Dieu est le témoin par excellence. La spécificité de ce Témoin-là, dit le Coran, c’est qu’il se suffit à lui-même (8 fois dans le Coran). Cela veut dire qu’il n’y a pas besoin « de deux ou trois témoins » quand c’est Dieu qui témoigne. En fait, ce témoin unique, c’est l’Esprit saint ; et voici qu’il témoigne qu’en Dieu les témoins sont deux, le Père et le Fils ! Il s’offre à nous comme le témoin de l’un et de l’autre, et c’est sa façon de nous introduire dans l’amour qui unit l’un à l’autre. « Celui-ci est mon Fils bien-aimé », atteste le Père, mais c’est l’Esprit qui nous le fait entendre. « Abba ! Père ! » atteste le Fils, mais c’est l’Esprit qui le murmure, en lui comme en nous. Sa Pâque à lui, c’est de passer de l’un à l’autre dans un total oubli de soi.

                Car le signe particulier de ce témoin, nous dit Jésus, c’est « qu’il n’a rien en propre, rien à lui » (Jn 16, 13 sq.). Tout, il le reçoit ; tout, il le donne, sans rien retenir. Le témoignage de l’Esprit, c’est l’esprit de pauvreté. Il faut avoir un cœur de pauvre pour être témoin selon l’Esprit saint. L’homme a été créé par Dieu, voulu par le Père, avec ce cœur-là, un cœur de fils. La Pentecôte c’est renaître à cette vocation. Ces apôtres apeurés que nous voyons confinés en prière, ils ont fait ce chemin-là qui est de se reconnaître démunis face à une mission trop grande pour eux, de tout attendre de Dieu jusqu’au premier mot de leur témoignage, d’attendre Dieu de Dieu, pour que ce soit Lui qui témoigne. Et le miracle va naître de la rencontre de deux pauvretés, celle des apôtres et celle de cette foule qui est là, dans l’attente. Dans cet événement tout le monde semble témoigner, chacun dans sa langue, et selon sa grâce propre.

                Si nous pensons à notre frère Henri et à notre sœur Paule-Hélène[2] – et comment ne pas y penser ? –, nous savons que leur témoignage ne peut se passer de ceux qu’en disent tous ceux qui ont longuement bénéficié de leur vie si vraiment donnée. Ils étaient venus, l’un et l’autre, avec un cœur de pauvre, prêts à accueillir, et ils ont confessé avoir beaucoup reçu de cette foule de gens pauvres qui les pleurent avec nous, témoignant qu’ils doivent beaucoup. L’Esprit faisait ainsi le « lien de la paix », et c’est lui qui nous aide à vivre leur sacrifice comme une Pentecôte en proclamant sur eux et avec eux « les merveilles de Dieu ».

                Je laisse la parole à Henri, lors d’une réunion de notre ribât, il y a un an : « Nous sommes tous habités par l’Esprit… Dieu chemine avec ce peuple, avec cette religion, mais je ne comprends pas (je suis comme Marie). Je suis en recherche de ce plan. Je me laisse questionner, et je questionne. Je déstabilise un peu l’autre, et l’autre me déstabilise. Il faut toujours essayer de découvrir ce qu’il y a de positif en chacun, et l’encourager. Être veilleurs, c’est être éveilleurs, c’est aider les gens à vivre selon l’Esprit. »

     

    Bénédiction finale

    Psaume 132 (133)

    Oui, il est bon, il est doux pour des frères
    de vivre ensemble et d’être unis. 

    On dirait un baume précieux,
    un parfum sur la tête,
    qui descend sur la barbe, la barbe d’Aaron,
    qui descend sur le bord de son vêtement. 

    On dirait la rosée de l’Hermon
    qui descend sur les collines de Sion.
    C’est là que le Seigneur envoie la bénédiction,
    la vie pour toujours.

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    [i] Constitution de l’assemblée :

    Mots d’accueil de Sœur GIAC NGHIEM, Prieure du Monastère de l’Inspir
    Et de Paula KASPARIAN, Présidente d’Artisans de Paix

    Chant chrétienSandrine TREUILLARD

    A l’écoute des signes annoncés par nos textes fondateurs respectifs :

    L’un et l’autre Testament : Sandrine TREUILLARD
    Coran : Théophile (Ahmad’Ali) de WALLENSBOURG
    Sutras Bouddhique : Sœur GIAC NGHIEM

    Invocation musulmane, Dikhr
    Théophile (Ahmad’Ali) de WALLENSBOURG

    Contemplant le témoignage de ceux en lesquels ces textes ont pris corps :

    Tradition chrétienne : Sandrine TREUILLARD
    Tradition islamique : Théophile (Ahmad’Ali) de WALLENSBOURG
    Tradition Bouddhique : Sœur GIAC NGHIEM

    Offrande de prière bouddhique
    Jean-Luc CASTEL et Vincent PILLEY

    Devenant chacun et ensemble,  prière vivante accueillant la Paix parmi nous,
    La recevant les uns des autres et  nous La donnant les uns aux autres :

    À l’écoute du Souffle ténu qui prend corps parmi nous,
    Se risquer à parler à Celui que certains appellent Dieu
    et que d’autres ne nomment pas,
    Se taire si l’on préfère ; en tous les cas, recevoir et transmettre la lumière.

    Offrande de prière bouddhique
    Moniales du MONASTÈRE DE L’INSPIR

    Témoins des Fraternités Artisans de Paix dont l’espérance prend corps parmi nous,
    Donner à goûter la paix dans le monde d’aujourd’hui, bénédictions et envoi :

    Fraternité eucharistique : Sandrine TREUILLARD
    Fraternité islamique : Théophile (Ahmad’Ali) de WALLENSBOURG
    Fraternité bouddhique : Sœur GIAC NGHIEM et ses Moniales

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    [1] Redemptoris Missio : Lettre encyclique du pape Jean-Paul II, du 7 décembre 1990.

    [2] 8 mai 1994 : Sur les hauteurs de la Casbah, à Alger, se tient un ancien palais oriental. C’est là qu’est aménagé la bibliothèque Ben Cheneb, fréquentée par des étudiants. L’établissement est confié à la direction du frère Henri Vergès, mariste, ex-professeur de mathématiques. Il est assisté de la sœur Paule-Hélène Saint-Raymond, Petite Sœur de l’Assomption, autrefois ingénieur à l’institut français du pétrole et ancienne de l’école Sainte-Marie de Neuilly. Trois agresseurs en tenue de policiers font irruption dans la bibliothèque et les abattent. L’imam de la mosquée locale dénonce ce crime et est assassiné à son tour. (source : Famille chrétienne n° 2134)

     

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