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  • Adoration Saint Martin : Présentation (Màj)

    adoration saint martin

    Voici les pages de présentation
    du projet de l'
    Adoration Saint Martin

    tel que proposé dans le dossier 
    remis à Mgr Michel Santier
    le 12 mars 2016.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    adoration saint martin

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  • Le songe de saint Martin : La Compassion de saint Martin de Tours pour la France (Miséricorde divine) Dessin pour un vitrail de l’église Saint-Martin de Sury-ès-Bois (18)

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    En mars dernier, j'ai pu photographier le dessin sur papier de mon projet de vitrail pour l'église Saint-Martin de Sury-ès-Bois (18) et remettre à l'évêque de Créteil, Mgr Michel Santier, la totalité du projet de l'Adoration Saint Martin tel qu'il est actuellement, sous la forme d'un dossier papier illustré. Dans l'espoir qu'il transmette à son tour ce dossier à son ami du diocèse du Berry, de Bourges, Mgr Armand Maillard. Car le projet de l'Adoration Saint Martin part bien de l'église de mon village… Vous pouvez voir ici les photos de ce dessin dont l'idée remonte à fin 2014. Et ci-après la prière-poème qui soutient théologiquement l'iconographie mise en œuvre pour ce vitrail.

     

     


    Le songe de saint Martin : La Compassion de saint Martin de Tours pour la France (Miséricorde divine)

    Dessin pour un vitrail de l’église Saint-Martin de Sury-ès-Bois (18)
    Crayon aquarelle sur papier, 50 cm x 130 cm par Sandrine Treuillard (Mars 2016).

    Détails

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    Saint Martin Vitrail Sury.jpg

    LA COMPASSION DE SAINT MARTIN DE TOURS *


    Adoration à Saint-Gervais - Veillée des Semeurs d’Espérance du 16-I-2015[i]

     

     

     

    Photographie ci-contre : unique vitrail de l'église Saint-Martin de Sury-ès-Bois, diocèse de Bourges (18), représentant l'Évêque de Tours et Apôtre de la Gaule.                   
    Je fus baptisée le 25 mai 1975 dans cette église.
    @Sandrine Treuillard, 2014

     
     

    St Pierre-Julien Eymard malade.jpgQuand l’ostensoir a été déposé sur l’autel, aussitôt je vis :

               - Le visage du père Eymard malade [ii], que j’aime tant (photo ci-contre).
    Je me mis à pleurer. Toujours agenouillée en adoration devant l’autel à Saint-Gervais, ce fut alors l’autel de Saint-Martin de Sury-ès-Bois que je vis, l’ostensoir exposé. En larmes je vis :

           - Saint Martin et Jésus Ecce Homo : présence si forte & si intime de saint Martin : la compassion de Martin pour les paysans qui ne croient pas en Jésus et ont pourtant une grande soif spirituelle.

            - Le vitrail que je vais dessiner a pris une nouvelle forme. Tout le temps de l’adoration fut une émulation de l’Esprit Saint, avec des affections corporelles où la joie s’amplifiait. Je pris mon carnet et écrivis :



                Le fourreau au côté droit de saint Martin couché et dormant, lové dans le cercle du vitrail, ce fourreau dépasse de sa hanche, est visible, alors que le pan gauche de la cape rouge recouvre une partie de son corps endormi

                Il songe

                Le fourreau est vide

                La main de Dieu brandit l’Épée dans la nuit bleue

                La justice de Dieu sépare les ténèbres du jour

                L’Épée à double tranchant désigne deux espaces différents

                Le songe de saint Martin

                Il dort : on voit sa sandale de romain lacée à son tibia

                Il voit en songe la partie supérieure droite du vitrail

    Capture d’écran 2015-02-07 à 17.56.48.png            Jésus outragé, le visage ensanglanté, la couronne d’épines ayant broyé la chair de son front, de son crâne

                Son épaule gauche et sa poitrine gauche sont recouvertes de la seconde moitié de la cape rouge de Martin

                Le sein droit du Seigneur est nu et visible

                Là où est sa Plaie, son flanc droit est visible

                L’Épée sépare le jour de la nuit

                L’Épée désigne le côté du Christ

                L’Épée adoube la souffrance du Christ

                L’Épée, la justice de Dieu, sanctifie la souffrance du Christ

                Son Épée est la Lumière

                L’épée de la justice de Dieu a la couleur du jour, de l’argent lunaire

                Elle contraste avec le bleu foncé de la nuit

                Elle est grâce

                L’épée de Dieu est la Grâce

                L’épée de Dieu couleur d’argent est la source de l’eau qui coule de la plaie du côté du Christ

                Ce fleuve est un ruban d’argent

                Le fourreau au côté droit de Martin est vide

                Martin s’abandonne au sommeil et voit Jésus Ecce Homo en songe

                Il reçoit la grâce de la compassion à la souffrance du Christ

                Il reçoit la grâce de devenir l’instrument de la Justice d’Amour de Dieu

                Saint Martin, le soldat romain, comprend le besoin spirituel des paysans gaulois

                Par la grâce de la compassion à la souffrance du Christ, devenu Évêque de Tours, saint Martin répandra le fleuve et la parole d’Amour du Dieu Sauveur

                Le ruban d’argent qu’est la Loire rejoint la lumière de la Justice divine

                La Loire est l’épée de Dieu, à double tranchant

                le fleuve d’Amour

                qui coule du Côté du Christ

                le Fleuve qui restaure la Gaule

                à la Bonne Nouvelle instaure

                la France.

                A M E N

                

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    Adoration Saint-Martin

    Le sens d'une église : Saint-Martin de Sury-ès-Bois (18) – Adoration Saint Martin :
    Ré-évangéliser les campagnes

     

      


    [i] Note du samedi 17 février, au matin : Lors de la communion, tandis que le Seigneur fondait dans ma bouche, je demandai la faveur de ne plus éprouver la faim qui me taraudait, afin d’être toute concentrée en Jésus-eucharistie lors de l’Adoration qui allait suivre. Grâce accordée. À donc suivi cette prière qui est un poème d’Adoration, le fruit direct de cette prière d’abandon. Une grande grâce de recevoir saint Martin pour compagnon de cette année (de la vie consacrée) avec lequel approfondir ma foi, duquel découvrir la vie spirituelle et le prendre pour modèle. Saint Martin est une force, le premier saint que Dieu me donna lors de mon baptême, le 6 novembre 1974, en l’église éponyme de Sury-ès-Bois (diocèse de Bourges). À minuit, quand Romain Allain-Dupré reprit la parole pour clore la veillée, je traçais le AMEN sur le carnet, en fin de prière.

    [ii] L’Apôtre de l’Eucharistie Biographie de saint Pierre-Julien Eymard, André Guitton, Nouvelle Cité, 2012.

    Courrier des lecteurs envoyé à Famille chrétienne à propos de « Notre-Dame de Vierzon profanée » FC n°1934 :
    « En lisant cet article, j'ai reçu comme un choc non pas que les hosties aient été volées, mais qu'il y ait une église à Vierzon ! En effet, j'y ai passé mes trois années d'internat au lycée public Édouard Vaillant et ma conscience politique a grandi avec Lutte Ouvrière, par un camarade de classe actif dans ce parti d'extrême gauche révolutionnaire.
    Savez-vous que Mgr Maillard gouverne un diocèse où il n'y a aucun séminariste ? Le diocèse de Bourges comprend pourtant aussi la belle œuvre du père Jules Chevalier, fondateur des Missionnaires du Sacré-Cœur et bâtisseur de Notre-Dame du Sacré Cœur d'Issoudun. De ce cœur de France, en Berry & Sologne, Notre Seigneur demande que l'on se soucie, du haut de nos pénates parisiennes. L'Église pourrait-elle envoyer des prêtres dans ces régions désertées ?
    J'ai moi-même eu une vocation religieuse contrariée, par manque d'accompagnement. Aujourd'hui, j'ai pour mission de puiser à la source de l'Apôtre de la Gaule, saint Martin de Tours, afin de faire revivre les églises de nos campagnes, potentiels foyers d'amour eucharistique.
    Répartissons les prêtres sur le territoire pour faire revivre notre foi !
    Sandrine, future Jehanne de la Sainte Eucharistie »

     

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  • La Tunique sans couture désigne la foule, devenue un seul corps, le Corps du Christ, le peuple de Dieu

    Tunique photo originale.jpg


             « Une grande foule suivait Jésus parce qu’elle avait vu les signes qu’il accomplissait sur les malades ».

             Aujourd’hui Jésus ressuscité, à travers le signe de la Sainte Tunique d’Argenteuil, attire une grande foule.

             Or dans l’Évangile, par le signe de la multiplication des pains, nous voyons que Jésus va faire de cette foule anonyme un peuple, le peuple de Dieu.

             De même par la célébration de cette eucharistie, le sacrement de Sa mort et de Sa résurrection, Jésus va faire de nous son peuple.

             Jésus porte sur nous son regard d’amour comme il portait déjà ce même regard sur les foules de Galilée.

                      « Jésus leva les yeux et vit qu’une foule nombreuse venait à lui. »

             Il discerne que cette foule a faim, non seulement de pain, mais d’entendre une parole qui fait vivre, qui donne sens à la vie au moment où le pays occupé par les romains n’a plus de liberté. La foule attend un libérateur et elle est prête, à la vue du signe de la multiplication des pains, à faire de Jésus son Roi. Mais le chemin de Jésus n’est pas celui-là ; la foule s’arrête au pain, mais ne reconnaît pas le mouvement d’amour du donateur. Elle n’a pas compris qu’à travers ce pain multiplié c’est Jésus lui-même qui se donne entièrement à chacun et à tous, ensemble.

             Jésus est vraiment le Maître du repas, il pose la question : « Où pourrions-nous aller acheter du pain ? » Cette question a pour but de former ses disciples Philippe et André, de les faire grandir dans la foi, il leur fait constater la pauvreté, le manque de moyens : 5 pains et 2 poissons, « qu’est-ce que cela pour tant de monde ? »

             Quelle disproportion avons-nous souvent entre ce que les hommes et les femmes, les jeunes d’aujourd’hui attendent de nous, et nos pauvres moyens ! Mais Jésus, en Maître du repas, en Bon Berger, Pasteur du Psaume 23, donne à la foule de s’asseoir sur l’herbe verte : « Il prend alors les pains, et après avoir rendu grâces, les distribue aux convives. »

             Le mot rendre grâces – eucharistein en grec – désigne l’Eucharistie. Après la mort et la résurrection de Jésus, les disciples ont vu dans le signe de la multiplication des pains l’annonce, la préfiguration de l’Eucharistie qui nous rassemble ce soir. Jésus continue de distribuer le pain aux convives. Jésus, dans l’Eucharistie, rend présent le don de sa vie qu’il a fait pour nous sur la Croix. Il se donne entièrement à nous.

    SainteTuniqueArgenteuil2016.jpg


             Un signe de ce don total de Jésus, qui nous a aimés jusqu’au bout, nous est donné à voir à travers l’ostension de la Sainte Tunique. Comme le tombeau vide n’est pas une preuve scientifique de la résurrection de Jésus mais un signe qui nous appelle à croire à l’amour de Jésus pour nous et pour tous les hommes.

             Dans l’Évangile de Jean, il nous est dit que la tunique de Jésus était sans couture, tissée tout d’une pièce, de haut en bas. Ce qui entraîne une réflexion entre les garde : « ne la déchirons pas, désignons par le sort celui qui l’aura. »

             L’Évangéliste voit dans cette tunique sans couture comme l’accomplissement de l’Écriture, le juste souffrant du Psaume 22 :

                      « Ils se sont partagé mes habits, ils ont tiré au sort mon vêtement. »

             La Tunique sans couture désigne la foule, devenue un seul corps, le Corps du Christ, le peuple de Dieu.

             Si Caïphe, le grand Prêtre, avait souhaité qu’un seul meure pour tout le peuple, il avait sans le savoir dévoilé que Jésus est mort afin de rassembler tous les enfants de Dieu dispersés.

             Jésus lui-même, avant sa mort, a prié pour l’unité de tous ses disciples : « que tous soient un, Père, comme toi, Père, et moi, nous sommes un. »

    CiergePascale&Tunique.jpg         Pourtant la Tunique a été déchirée, le Corps du Christ a été divisé à cause de nos péchés, le monde continue de se déchirer en opposition violente. Pourtant, à travers le signe faible et beau de cette tunique, nous est révélé le dessein d’amour de Dieu sur l’humanité, il désire l’unité entre les chrétiens et l’unité du genre humain.

             L’Eucharistie que nous célébrons ce soir est ce sacrement de l’unité, où Jésus en se donnant à nous par sa Parole, son Corps et son Sang, fait de nous un corps, son Corps, il nous apprend à faire Corps. L’Eucharistie est le sacrement de l’Amour, l’école de la Charité et de l’Unité.

             Mais vous vous dites : « Que puis-je faire pour construire l’unité ? Cette mission me dépasse… je suis faible, je n’ai que 5 pains et 2 poissons… » Or Jésus a besoin de nos 5 pains et 2 poissons pour construire l’unité dans nos familles qui se déchirent parfois, dans nos paroisses, pour que ceux qui voient la manière dont nous nous aimons reconnaissent la présence de Jésus entre chrétiens de toutes confessions, pour que nous marchions ensemble vers l’unité entre tous les hommes, tous les croyants d’autres religions, car la mission de l’Église à la suite de celle de Jésus vise l’unité du genre humain.

             Dans cette Eucharistie, Jésus nous attire dans son offrande, pour que partout où nous vivons, à l’image de la Sainte Tunique, nous soyons des artisans de Paix, d’Unité, de dialogue. Prendre un autre chemin c’est se tromper, regarder la Tunique c’est aller de l’avant !

    IMG_1651.JPG+ Mgr Michel Santier Évêque de Créteil

    Pèlerinage à Argenteuil Ostension de la Sainte Tunique du Christ Basilique Saint-Denys d’Argenteuil – 8 avril 2016

     

    Lectures : Ac 5, 34-42 ; Ps 26 (27), 1, 4, 13-1 ; Jn 6, 1-15

     

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  • L’héritage de la libre-pensée et de l’athéisme a profondément marqué l’évolution de la société vers la sécularisation, éloignant Dieu et la religion de l’espace socio-politique et socio-culturel

    Logo-ImageCollgBernardins.jpgLaïcité et sociabilité
    aux Bernardins

    Le retour du religieux invalide la thèse de la ”mort de Dieu” et bouscule l’héritage de la libre-pensée. Il appelle des dialogues à frais nouveaux, fondés sur la raison.  

             L’héritage de la libre-pensée et de l’athéisme a profondément marqué l’évolution de la société vers la sécularisation, éloignant Dieu et la religion de l’espace socio-politique et socio-culturel. C’est un fait marquant qui a changé en profondeur la société, laquelle était jadis structurée par une métaphysique politique et une forte imprégnation socioreligieuse. Lors de la précédente session de ce séminaire, Dominique Reynié a cependant dressé le constat de la « fin de la politique matérialiste ». C’est un fait que Dieu et la religion reviennent par la grande porte de l’Histoire, invalidant en quelque sorte le déterminisme historique qui voulait que Dieu et la religion ne soient définitivement plus des données pertinentes. La situation présente crée un choc inattendu : d’une part, elle est porteuse de convulsions dont la violence religieuse n’est pas absente ; d’autre part, elle plonge dans le désarroi les ”croyants” de la ”mort de Dieu” et de la ”sortie de la religion”. Chacun sent qu’une nouvelle ère est en gestation, nul ne sait ce qu’elle pourrait être. Au plan prospectif, l’idée que le système ancien soit prêt à reprendre ses droits, dans une forme de revanche de l’Histoire, semble exclu. Si les héritiers de la libre-pensée et de l’athéisme sont aujourd’hui en perte de vitesse vertigineuse, cela ne signifie pas pour autant que l’héritage soit perdu en tous points.

    Fragilités et limites de l’héritage de la libre-pensée


    Bernardins Libre-pensée Guillaume2Prémare.jpg
             Il semble que la libre-pensée et l’athéisme ne soient pas parvenu à être opératoires comme métaphysique de substitution, comme ciment de la société, même s’ils marquent les mentalités. La libre-pensée n’est pas une religion de substitution capable de structurer la société comme jadis la religion la structurait, probablement parce que la nature religieuse de l’homme ne peut être abolie.

             Que reste-t-il de l’héritage de la libre-pensée et de l’athéisme ?

             En premier lieu, je dirais qu’il demeure une culture politique et philosophique qui se divise principalement en deux branches : la culture politique anarchiste libertaire – revendiquée par exemple par Charlie Hebdo – et la culture politique laïciste, celle des hussards noirs de la 3ème République, attachés – au contraire des anarchistes – à la rigueur de la loi, à une morale portée par la loi et les institutions, adossée à une forme d’athéisme d’État.

             L’athéisme, comme croyance dans la non-existence de Dieu, demeure une réalité marginale, au contraire de l’irréligion. Le philosophe Augustin Del Noce explique ainsi ce qui est arrivé :

             « La révolution athée (…) a servi de médiation pour le passage du monde christiano-laïque au monde de l’irréligion naturelle, caractérisée par la perte de la faculté du sacré. (…) L’irréligion naturelle se caractérise par le refus même de poser le problème en termes de théisme et d’athéisme, car cela ne l’intéresse pas ; par un relativisme absolu qui fait que toutes les idées sont rapportées à la situation psychologique et sociale de qui les affirme » [1].

             La culture anarchiste libertaire athée a connu ses heures de gloire en menant le combat de la désacralisation, en effet. Et elle a été absorbée par la culture laïciste de « l’irréligion naturelle », qui est un relativisme, au contraire de l’athéisme. Cet athéisme libertaire est aujourd’hui marginal et ne porte pas de projet de société, de vision du monde partageable. Par ailleurs, « la perte de la faculté du sacré » atteint aujourd’hui ses propres limites, notamment parce que des sacralités de substitution sont nées de la perte des sacralités traditionnelles. Ce qui était sacré hier ne l’est certes plus aujourd’hui ; mais d’autres sacralités sont apparues, comme nous l’avons vu dans le phénomène « Je suis Charlie ». En touchant à la liberté d’expression, les terroristes ont touché une sacralité. D’une certaine manière, ils ont non seulement tué, mais encore blasphémé.

             Le journal Charlie Hebdo s’est retrouvé face à un paradoxe : héritier de la culture de la désacralisation, il s’est vu investi – à son corps défendant – d’une hyper-symbolisation sacrée. D’une certaine manière, Charlie devenait ce que nous avions de plus sacré en commun. Le dessinateur Luz a souligné ce paradoxe la veille des rassemblements monstres du 11 janvier 2015, dans une interview donnée aux Inrocks :

             « On fait porter sur nos épaules une charge symbolique qui n’existe pas dans nos dessins et qui nous dépasse un peu. Je fais partie des gens qui ont du mal avec ça. (…) La charge symbolique actuelle est tout ce contre quoi Charlie a toujours travaillé : détruire les symboles, faire tomber les tabous, mettre à plat les fantasmes. C’est formidable que les gens nous soutiennent mais on est dans un contre-sens de ce que sont les dessins de Charlie. »

             Ceux qui ont opéré cette hyper-symbolisation de Charlie sont principalement les héritiers de la seconde branche de l’héritage de la libre-pensée, les ”hussards noirs”. Désorientés par la « fin de la politique matérialiste », ils ont été fortement bousculés par le succès de Houellebecq. L’écrivain prophétisait la mort de Voltaire, des Lumières, de l’athéisme, et même de la République. La ”prophétie Houellebecquienne” est simple : il n’y a pas de société sans religion ; une religion va donc s’imposer ; cette religion peut être l’islam.

             Certains ont vu dans ”l’esprit Charlie” une invalidation de cette prophétie : non, Voltaire et les Lumières ne sont pas morts ; au contraire nous venons de démontrer qu’ils constituent notre ciment commun. Las, cet ”esprit Charlie” s’est vite montré fragile et provisoire, notamment parce que la culture politique et philosophique qui le sous-tend n’a pas d’ancrage populaire.

             Par ailleurs, cet ”esprit Charlie” – qui essentialise le droit au blasphème et la liberté d’expression absolue comme symbole suprême de la France, au sommet de sa hiérarchie des valeurs – a fonctionné à contre-emploi. Alors même qu’il était supposé constituer un ”commun”, il n’était pas recevable pour le plus grand nombre des Français musulmans, ceux avec qui, précisément, il est urgent de dialoguer sur les ”communs”. D’une certaine manière, cet ”esprit Charlie” a contribué à accentuer la fracture culturelle, fournissant aux islamistes un moyen d’accélérer cette séparation des communautés qu’ils recherchent ardemment.

             Il faut également compter avec le fait que nous sommes, selon le mot de Pierre Manent, dans le contexte d’une « nation faible » face à un « islam fort » : « Comment imaginer une rencontre heureuse entre un islam fort et une nation faible ? », questionne-t-il [2]. Ce contexte met en difficulté le laïcisme traditionnel. Nous voyons que ses tenants se divisent aujourd’hui entre ceux qui veulent négocier avec les mœurs de l’islam et ceux qui s’y refusent. Nous voyons également la force d’une tentation : celle de tout régler par la loi, quand il s’agirait plus avantageusement de chercher des médiations par la culture.

             Le double héritage de la libre-pensée et de l’athéisme se trouve donc aujourd’hui dans une situation de crise majeure, sans que l’on puisse voir clairement la manière de la régler, sauf à consentir un renoncement cruel, voire un reniement.

    Les acquis de la libre-pensée

    11412345_659753040823299_3629092463104494234_n.jpg         Cependant, il ne faut pas croire que cette crise signifie que l’héritage de la libre-pensée et de l’athéisme puisse être compté pour rien. La crise des cultures politiques ne signifie pas que cet héritage n’ait pas ancré dans l’histoire des acquis solides. Il semble en effet que le retour à l’état antérieur de l’Histoire soit inenvisageable. Certains aspects fondamentaux de la libre pensée ne sont pas près de s’effondrer, particulièrement le postulat que la raison soit affranchie des dogmes religieux et des révélations divines. La libre-pensée a consacré la fin de l’argument d’autorité fondé sur le religieux : ne sera peut-être plus jamais considérée comme raisonnable et crédible une raison assujettie à des dogmes et/ou à une révélation. C’est l’hypothèse que je formule.

             Bien évidemment, cette donnée est une difficulté apparente pour les religions, qui avaient jadis pris l’habitude d’asseoir un ordre social sur une autorité elle-même fondée sur une mystique. Il y une occasion de choc entre la raison affranchie du religieux et le retour du religieux : la société moderne va devoir se faire à l’idée que les religions sont dans l’espace public, que le fait religieux produit un fait culturel ; les religions vont devoir accepter qu’étant dans l’espace public, elles sont dans l’espace critique, dans le cadre de sociétés pluralistes voire éclatées.

             Cet espace critique du religieux est aujourd’hui très centré sur la question de la violence religieuse et de la liberté de conscience. Il ne suffit pas aux religions de dire que toute violence religieuse n’a rien à voir avec la religion. C’est faux, hier et aujourd’hui. L’islamisme djihadiste est bien une violence religieuse, certes à forte connotation politico-religieuse. Aujourd’hui, le fait religieux produit dans certaines parties du monde une négation de la liberté de conscience, pénalisant par exemple le changement de religion. Nul ne peut sérieusement prétendre que cela n’ait rien de religieux.

             Il ne suffit pas non plus de dire que la religion est par nature facteur de progrès humain. Une fois encore, c’est faux. Par exemple, quand l’hindouisme structure une société sur la base de castes étanches, avec des basses castes intouchables qui se voient dénier une quelconque dignité, s’agit-il d’un progrès humain ?

             Toutes ces questions sont dans l’espace critique et nul religieux ne saurait, de manière crédible, les appréhender en prétendant s’affranchir de la raison, ou en subordonnant la raison à une révélation, un livre, des dogmes. Cela n’est plus possible. Dans les catégories de la raison, il y a aujourd’hui des dialogues à nouveaux frais à mener. C’est le moment favorable.

    Quels dialogues à nouveaux frais ? Premier exemple de dialogue : la question de la vérité

    12646709_10208920132826744_8187243206975859802_o.jpg         L’un des arguments de la philosophie relativiste est de dire que si une vérité est affirmée, les hommes se font la guerre en son nom. A contrario, s’il y a multitudes de vérités, relatives aux individus, aux conditions sociales et psychologiques, ou encore aux époques historiques, les hommes n’ont pas de raison de se battre au nom d’un absolu. Il est possible de rétorquer que les hommes se battent aussi pour bien autre chose qu’une vérité absolue et universelle : appétit de puissance, de pouvoir, de domination, captation des ressources, etc. Cependant, l’absence de vérité absolue constitue, à tout prendre, une occasion de moins de se faire la guerre. Au nom de cela, le relativisme tend à interdire l’affirmation d’une vérité objective et devient ainsi lui-même un impératif catégorique.

             Joseph Ratzinger dénonce cet impératif sous le nom de « dictature du relativisme :
             « L’on est en train de mettre sur pied une dictature du relativisme qui ne reconnaît rien comme définitif et qui donne comme mesure ultime uniquement son propre ego et ses désirs » [3].

             Nous voyons ici que l’impératif catégorique du relativisme sort lui-même du champ de la raison pour se réfugier dans celui du sentiment et du désir.

             Un autre aspect du relativisme doit être objet de dialogue : son lien avec le phénomène de « dissociété ». Pierre Manent explique, dans Situation de la France, que nous avons construit notre société sur « la souveraineté illimitée de l’individu particulier » [4], ce qui n’est pas sans conséquences sur la cohésion de la société. Il avait expliqué, vingt ans plus tôt dans La Cité de l’Homme, que la notion de libre-arbitre avait fait l’objet d’une doctrine qui induit une vision faussée de la liberté, la doctrine du libre-arbitre devenant alors un libre-arbitraire contre la nature de l’homme :
             « La doctrine du libre-arbitre affirme bien la liberté humaine, mais jusqu’à un certain point seulement. L’homme est libre dans le cadre et par le moyen de sa nature ; il n’a pas le choix de ses fins, qui sont inscrites dans cette nature. C’est dire, en sens inverse, que sa nature s’interpose entre lui et sa liberté. Le propos de libérer la liberté conduit à exténuer la nature, à démanteler la substance, à abolir l’essence. » [5]

             N’est-il pas vrai que cette vision faussée du libre-arbitre mène aujourd’hui à la nature humaine – y compris comme nature sociale – une guerre de déconstruction qui n’est pas sans conséquences sur les principes mêmes de vie en société ?

             La philosophie relativiste doit accepter le dialogue de raison sur ses propres conséquences. Parce que lorsque survient la dissociété, survient un jour ou l’autre la violence, sous la forme de la guerre de tous contre tous. Et dans ce dialogue, les religions et traditions spirituelles ont des éléments à faire valoir, des choses à apporter, sans pour autant s’affranchir de la raison. Il faut préciser ici que la vision de la raison à laquelle je me réfère n’est pas celle de la ”déesse raison”, mais une raison ouverte à la transcendance, tant il est vrai que la question de Dieu se situe dans le champ de la raison.

    Deuxième exemple de dialogue : la raison des religions

    12698587_10208920135906821_4120861061231378408_o.jpg         L’articulation entre foi et raison est aujourd’hui un élément de dialogue incontournable : entre les religions elles-mêmes ; entre les croyants et ceux qui ne croient pas. Cependant, pouvons-nous penser ce dialogue d’une manière indifférenciée comme réflexion sur l’articulation entre le fait religieux en général et la raison ? Cela semble difficilement tenable. L’analyse raisonnable du fait religieux conduit à distinguer les religions et à identifier leurs dynamiques propres, ce qui n’interdit pas d’identifier certaines tendances générales.

             Par exemple, où en est le catholicisme par rapport à la libre-pensée, laquelle fut jadis son ennemi mortel ? Comment le catholicisme envisage-t-il aujourd’hui le fait que la raison soit affranchie des dogmes et des révélations, que l’argument d’autorité ne soit plus recevable ?

             Il n’y a pas si longtemps, l’Église s’appuyait beaucoup sur l’argument d’autorité, comme maîtresse de vérité chargée d’enseigner les hommes. Cela pouvait se résumer ainsi : « C’est vrai parce que l’Église le dit ». Quand Pie IX publie le Syllabus, il publie un catalogue de propositions condamnées. Il fut un temps où l’Église pensait l’anathème et l’Index nécessaires voire suffisants pour préserver les âmes de l’erreur. Les choses ont bien changé. Que s’est-il passé ? L’Église a-t-elle épousé la philosophie de la Modernité, s’est-elle avouée vaincue par la libre-pensée ? Il semble que non puisqu’elle n’a pas relativisé – et encore moins jeté aux orties – ses dogmes, sa révélation, son Livre, sa tradition. Elle est entrée en dialogue sans céder aucune de ses bases. Elle a renversé la proposition « C’est vrai parce que l’Église le dit », qui est devenue « L’Église le dit parce que c’est vrai », proposant ainsi un dialogue entre la raison des lumières et la raison articulée avec la foi. Et l’Église montre ainsi sa capacité à proposer une référence commune de dialogue, qui est la nature et la raison.

             S’agit-il d’une révolution ? Non, il s’agit d’une réforme. Réformer, c’est former à nouveau en repartant de ses propres fondations. Ce n’est pas en adoptant les catégories des Lumières – qui comportent bien des insuffisances – que l’Église a fait cela, c’est en puisant dans sa propre tradition. C’est, à mon avis, le sens profond de la réforme de Vatican II, notamment de cette fameuse déclaration sur la liberté religieuse. Bien avant les Lumières, c’est Thomas d’Aquin lui-même qui affirmait que l’argument d’autorité était bien le dernier des arguments. Bien avant les Lumières, c’est l’enseignement le plus traditionnel de l’Église qui disait qu’il ne peut y avoir de contrainte en matière religieuse, même si l’Église n’a pas toujours respecté cela. L’Église n’a pas eu besoin de catégories exogènes pour accomplir sa réforme contemporaine, elle s’est référée à des catégories endogènes, présentes de longue date dans sa propre tradition et ses fondements.

             Et en faisant cela, l’Église s’est donnée les moyens de traverser les temps modernes et de leur proposer sa propre lumière. Et la « fin de la politique matérialiste » trouve aujourd’hui un catholicisme prêt à proposer un éclairage, y compris au plan de la mystique politique ou du théologico-politique, précisément parce qu’il possède les clés pour distinguer le temporel et le spirituel, précisément parce qu’il n’y a pas de « Charia catholique », mais la reconnaissance d’une loi pour les hommes fondée sur la nature et la raison.

             Qu’en est-il maintenant de l’islam ?

             Il y a deux ans, le quotidien algérien El Watan a publié plusieurs articles sur un mouvement de jeunes algériens, appelés les ”non-jeûneurs”, qui refusaient de respecter le Ramadan et revendiquaient le droit de manger en pleine rue pendant le Ramadan, au nom de la liberté de conscience. Ils se sont attirés des ennuis avec la police et la justice, au motif qu’ils mettaient en danger l’ordre social. Ce qui était frappant dans cette affaire, c’était que ces non-jeûneurs se justifiaient en se référant à des catégories et à un vocabulaire manifestement empruntés à la libre-pensée occidentale et non fondés sur la tradition même de l’islam.

             Par ailleurs, la lecture de Lettre ouverte au monde musulman [6] d’Abdennour Bidar m’a conduit également à m’interroger sur les velléités de réforme de l’islam. L’auteur propose en quelque sorte un islam réformé par nos Lumières, donc sur le fondement extérieur à l’islam. Et il appelle de ses vœux un islam principalement spirituel qui puisse opérer une « sortie de la religion », idée née dans le contexte intellectuel occidental. Une question se pose : un tel islam ainsi réformé n’entraînerait-il pas la ruine de l’islam ?

             Plusieurs questions cruciales se posent donc aujourd’hui à l’islam : contient-il dans sa propre tradition les fondements et catégories d’une réforme qui lui permette de traverser les temps modernes et de leur apporter sa propre lumière ? Est-il prêt à donner, dans une perspective de dialogue, ses raisons en se fondant sur la raison ? Est-il prêt à examiner le fond de la violence religieuse qui s’accomplit en son nom ?

             Ces questions rejoignent celles qu’avaient posé Benoît XVI à Ratisbonne en 2006, lui valant alors un flot de critiques et la rupture des relations de l’université Al-Azhar avec le Vatican. Peut-être son unique tort fut-il d’avoir osé les poser trop tôt ? Nous avons besoin, sur toutes ces questions, de beaucoup de liberté de penser pour entrer de plain-pied dans ces dialogues à frais nouveaux.

     

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    Guillaume de Prémare

    Délégué général d’Ichtus

     

    Conférence donnée au Collège des Bernardins le jeudi 10 mars 2016 dans le cadre du séminaire « Laïcités et fondamentalismes » organisé par le département Recherche (Société, liberté, paix) des Bernardins, en partenariat avec Ichtus, Les poissons roses, l’Institut catholique de Paris et Fondapol.
    Titre initial : La libre-pensée face au retour de Dieu

     

     

    [1] Augustin Del Noce, Le dialogue entre l’Église et la culture moderne, 1964

    [2] Pierre Manent, Situation de la France, Editions DDB, p. 123

    [3] Cardinal Joseph Ratzinger, homélie lors de la missa pro eligendo romano pontefice, 18 avril 2005

    [4] Page 128

    [5] Pierre Manent, La cité des hommes, 1994

    [6] Éditions Les liens qui libèrent, 2015

     

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