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  • De la forêt aux sols devenus infertiles (Le Temps des Grâces)

    Matthieu Calame
    Ingénieur agronome

    Matthieu Calame Forêt & Ordre.jpg

    Quand vous êtes un producteur, l’état du champ, au fond, reflète votre travail. Et si vous aimez votre travail, le sens de votre vie. Là, il est vrai qu’il y a des gens, au-delà de toute rationalité économique ─ et ils le reconnaissent ─ qui mettent des pesticides et des engrais pour une raison esthétique. Parce qu’ils aiment bien cette uniformité, cet ordre qu’on retrouve dans la Cours Carrée du Louvre, par exemple. Qu’on retrouve dans le jardin à la française qui est le summum de la géométrie, de la pensée qui s’impose à l’ordre naturel qui, lui, n’est d’ailleurs pas défini comme un ordre, mais comme un chaos. C’est-à-dire que dehors il y a la forêt : c’est le monde chaotique par excellence. Les arbres poussent n’importe comment, mélangés. L’ordre… Dieu a dit qu’il fallait séparer les choses. La forêt c’est l’anti Dieu. Donc, effectivement, le coquelicot, dans mon champ de blé, est quelque chose qui bafoue le désir d’ordre.  

     

    Pierre Bergounioux
    Professeur et écrivain originaire de Corrèze
    Résident à Gif-sur-Yvette

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             Le mot de Rabelais à propos de la Beauce — je ne sais pas si vous vous rappelez l’épisode : c’est au chapitre VI du Pantagruel. Pantagruel circule à travers la Beauce qui est redevenu une forêt, après le XVème siècle. Sur sa jument qui est importunée par les taons et les mouches. Pour s’émoucher elle agite la queue et fait tomber tous les arbres. Pantagruel se retourne et constate simplement : « Beau c’est beau ! ». Oui, parce que la forêt est laide, la forêt est le repère des brigands, des bêtes fauves. C’est l’espace infertile. Et rien n’est beau, déjà, aux yeux de ces hommes de la Renaissance, comme la forêt abattue et remplacée par le sillon et la promesse des récoltes des moissons. J’ignore quelle est l’étymologie réelle. Celle de Rabelais m’a parue si touchante, si belle, et en même tant si chargée historiquement de signification qu’elle est la seule qui me soit restée. 

    Route en forêt 2.jpg 

             Dominique Marchais (réalisateur du film Le temps des grâces) : Finalement les considérations esthétiques priment…

    Claude Bourguignon
    Microbiologiste des sols

    C. Bourguignon .jpg         Oui, la notion de parcelle propre est très importante pour l’agriculteur. Ce qu’il appelle propre, c’est quand c’est mort. Pour nous c’est mort, pour lui c’est propre. L’approche n’est pas la même. Ce sont deux mots différents pour décrire une réalité. Nous c’est « la mort », lui c’est « propre ». C’est vrai que la mort c’est propre. Nickel, la mort, il n’y a plus rien.    

     

    Matthieu Calame
    Propriété de la Fondation Charles-Leopold Mayer
    Chaussy, Val d’Oise

    Matthieu Calame Bêtes à l'afffût.jpg         Au fond il y a des nuisibles : vous avez des champignons, des araignées rouges… qui sont à l’affût. Qui sont en permanence prêts, qui sont malins, des esprits malins… D’ailleurs la Création est mal faite ! Pourquoi Dieu les a-t-il créés et laissés ?… Ils sont là, et puis ils attaquent ! Donc la seule solution quand on est en face d’Al Quaïda, ce n’est pas de se poser la question de pourquoi est-ce qu’il y a un dysfonctionnement, pourquoi il y a de l’islamisme ? C’est : on va détruire les terroristes d’abord. Puis après, on réfléchira. Résultat : on intervient comme en Iraq. Il y a le bordel : Paf ! On crée encore plus de désordre. De fil en aiguille, le refus de reconnaître que les systèmes vivants sont des équilibres subtils qu’il faut apprendre à gérer et intervenir de manière subtile dedans, et l’idée que tout se résout au bazooka !… : on rentre dans des logiques où le chaos va croissant. C’est-à-dire qu’à force de simplifier le système on casse tous les systèmes de régulations et donc on crée de la dérégulation. Et alors à chaque fois pour ramener on utilise un outil encore plus puissant qui lui-même accroît le déséquilibre à un autre endroit, etc. Et donc, on a cette espèce d’amplitude chaotique.

             Quand on est ici, tout le but est de créer un système qui a de la résilience : qui a la capacité de retrouver lui-même son équilibre. Qui a un potentiel propre, une sorte d’autonomie du système, qui est autorégulateur. Il est « auto »… mais il est pensé parce qu’on dit : il nous faut des bovins parce qu’on ne veut pas être que sur des végétaux. Il faut des arbres, des haies… tout cela participe à l’autorégulation. La forêt est un extraordinaire écosystème auto-régulé.

     

    Claude & Lydia Bourguignon
    Microbiologiste des sols

    C.B. Bourguignon.jpg         C.B. : En tant que microbiologistes on se rend compte de quelle est la part la plus détruite dans le sol. Ce sont les champignons. Les champignons sont à la base de la pyramide alimentaire de la vie. D’ailleurs, c’est un règne à lui tout seul. Ces champignons vivent de lignine. Et les grands producteurs de la lignine, ce sont les arbres.

    L.B. : Le bois raméal fragmenté est un stockage d’eau, d’humus et de champignons.

    Dominique Marchais : Plutôt que de mettre la forêt au-dessus, on la met…

    C.B. : On la taille. On taille les haies. On a maintenant des machines qui taillent les haies automatiquement, qui broient. Puis, on épand sur le sol cette couche de bois raméal et on relance les champignons.

    D.M. : En fait, la haie peut retrouver un intérêt agronomique énorme.

    L.&C.B. : Énorme !

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             C.B. : Un kilomètre de haie c’est trente tonnes de bois raméal fragmenté par an. En France, on a financé l’arrachement de 3 millions de kilomètres de haies, dans la campagne française. Vous imaginez : trente tonnes par kilomètre. Cela veut dire que la haie française produisait… 3 millions à 30 tonnes, cela nous fait 90 millions de tonnes de bois raméal chaque année, et on a 30 millions d’hectares. Donc, on peut faire trente tonnes de bois raméal par hectare. Si vous faites une rotation, puisqu’il en faut 200 tonnes pour réamorcer le processus… 30 tonnes cela fait 6 hectares par 6 hectares… 6ème de la surface agricole par 6ème de la surface agricole : au bout de six ans vous avez recouvert toute la France de bois raméal fragmenté. Vous avez relancé la fertilité. Vous avez réamorcé la pompe biologique. Mais alors maintenant, il faut replanter ces 3 millions de kilomètres de haies. Mais les replanter intelligemment pour que ça ne gêne pas les agriculteurs. Pour que ce soit dans le sens du travail du sol… Qu’on repense le paysage, puisqu’on n’est plus au cheval mais à la machine. Mais il ne fallait pas tout arracher… Une haie le long d’un chemin n’a jamais gêné le moindre agriculteur. Une haie ne gêne pas si elle n’est pas au milieu de votre travail.

    C.Bouriguignon La Belette.jpg         On réoriente la forêt, mais surtout, on refait un maillage pour que la faune circule, pour que les animaux s’échangent, pour que les bêtes puissent circuler. Une belette qui arrive à l’entrée de la Beauce, je peux vous dire qu’elle s’arrête tout de suite, incapable de retrouver un bout de bois pour continuer son chemin ! Elle a 80 kilomètres de terrain nu, sans aucun arbre. Donc après, ils disent : « Ohhh ! On a des campagnols qui bouffent nos cultures… ! ». Évidemment, il n’y a plus de belettes, il n’y a plus de haies ! C’est refaire un paysage, réintégrer la nature. 

    Paysage vert haie bosquet.jpg 

             Filmage d’un écran d’ordinateur : « Les petits agriculteurs en zone tempérée » Commentaires du diaporama.

    C.B. : Voilà sur quoi on a démarré. On voit même la terre au travers tellement la densité de végétation est faible. Il y a de petits arbres rabougris…

    L.B. : Donc là, on fait étendre du bois raméal. Voilà le bois raméal qui est en train de moisir. Plein de champignons se sont développés. Ici, on a fait le semi direct dans le bois raméal. On voit les morceaux de bois ici, et là c’est notre semi de sarrasin et de nos plantes qui commencent à germer. Et on est en train de refaire du sol : donc refaire de la fertilité. Ce qui refait le sol c’est le bois raméal, et les céréales, et la faune qui revient : leurs déjections font de l’humus. Ça c’est nous et ça c’est le voisin…

    C.B. : Il y a des gens qui restaurent des maisons, nous on restaure du paysage agricole.

     

    Matthieu Calame

    Matthieu Calame Ivanohé.jpg         Quand on lit Ivanhoé, la première scène est la rencontre d’Ivanhoé avec l’esclave saxon qui garde les cochons dans la forêt. C’est la rencontre du seigneur avec le porcher. Le porcher étant à moitié un charbonnier, un homme des bois. C’est celui qui conduit les porcs dans les bois. Ces animaux qui étaient rentrés le soir transféraient bien la fertilité forestière vers la partie cultivée. D’une certaine manière, le bois raméal fragmenté c’est une autre manière d’admettre que l’écosystème qui crée de la fertilité c’est la forêt. Et qu’on fait du transfert en permanence de la partie forestière.

             Le pétrole et le charbon à l’heure actuelle c’est exactement la même chose : c’est de la fertilité des écosystèmes qui a 300 millions d’années qu’on brûle pour faire de l’azote, et créer de la fertilité dans les zones agricoles. Donc, fondamentalement, la modernisation telle qu’on l’a vécue n’est pas une amélioration de l’agrosystème. C’est une capacité d’exploiter de la fertilité. Un surplus de fertilité qui n’a pas 5 ou 10 ans, mais qui a 300 millions d’années.   

    Paysage.jpg

             Dominique Marchais (réalisateur du film Le temps des grâces) : L’association de plusieurs techniques : le bois raméal fragmenté, le semi direct sous couvert, et quoi encore ?…

    C.B. : Faire revenir les légumineuses dans l’exploitation.

    D.M. : Tout cela fait une révolution agronomique du même ordre que celle du XVIIIème siècle.

    C.&L.B. : Bien sûr !

    D.M. : Donc il y a de l’espoir !…

    Marc Dufumier
    Ingénieur agronome     

    Marc Dufumier.jpg         Non, les agronomes ne sont pas désespérés aujourd’hui, quand ils sont strictement agronomes. L’agroéco-nomiste commence à désespérer quand il voit que la politique ne suit pas. Que ce qui est raisonnable n’est pas écouté. Il faut réhabilité un fait évident pour beaucoup, mais que certains quand même ignorent : l’objet de travail de l’agriculture n’est pas la plante, n’est pas l’animal, n’est pas le troupeau, n’est pas le sol. L’objet de travail de l’agriculteur est l’écosystème : c’est un sol avec des plantes, avec des ravageurs, avec des plantes utiles, avec des haies, avec des microbes, avec des microbes qui peuvent fixer l’azote, avec des microbes qui font l’inverse. Ce sont des vers de terre qui creusent des trous, des termites qui percent la cuirasse latéritique. C’est de l’eau : qui peut ruisseler, qui peut s’infiltrer. Peut-être que, parfois, dans les pays du sud, le meilleur stockage de l’eau n’est pas de faire des barrages et de la mettre au soleil pour qu’elle s’évapore et devienne de plus en plus salée. Parfois, le mieux, est qu’elle s’infiltre dans le sol, qu’un arbre aille la chercher, fixer à une feuille, restituer en surface…

    Ras de Terre labourée.jpg         Peut-être que là on découvrira que les circuits courts et les moindres dépensent en énergie sont hyper rentables pour une nation. Évidemment, à la condition de payer les choses à leur vrai coût. Mais comme dans le coût monétaire, notre économie, on ne paie pas tout : on ne paie pas les pollutions. Ou alors c’est le contribuable. Mais il n’y a pas le principe pollueur/payeur. On est dans une économie dans laquelle on ne paie pas les choses à leur vrai coût. Il y a donc là un problème chez les économistes et chez les agronomes de comprendre que ce qui pouvait avoir un sens d’un point de vue théorique à l’intérieur de leur propre discipline, eh bien, leurs disciplines et leurs théories, s’il-vous-plaît, vous n’en faites pas un dogme. Et quand vous passez au normatif de ce qu’il conviendrait de faire, il faut rester scientifique, il faut y compris analyser scientifiquement les pratiques agricoles. Ne pas oublier des choses qui devraient être évidentes. L’objet de travail de l’écosystème est de raisonner l’écologie, le technique, l’économique et le social dans un même discours. Enfin, prendre les gens très au sérieux, et les respecter un peu…  

    Sol Terre Vigne Les Bourguignon.jpg

             D.M. : Et pourquoi ne pourrait-on pas relancer la fertilité des sols si on s’y remettait activement ?

    C.B. : Parce que vous allez vous heurter à des lobbies qui sont les plus puissants de la planète, les lobbies agro-industriels qui feront tout pour que les gouvernements ne développent pas des méthodes durables d’agriculture. Parce que les méthodes durables ne rapportent rien. Le monde vivant n’est pas rentable.

    L.B. : Il est gratuit.

    C.B. : Il est gratuit. Le microbe travaille gratuit.

    C&L Bourguigon 1.jpg         L.B. : Quand on donne des cours à des élèves de lycées agricoles et qu’on leur demande s’ils connaissent le cycle du phosphore, le cycle de l’azote, comment une plante se nourrit… Ils n’en n’ont aucune idée : les microbes là-dedans, rien. Par contre, ils sont hyper compétents sur les engrais, les machines… Quand on leur dit oui, mais si vous avez un sol vivant et que dans votre sol il y a des microbes qui vont, par un mécanisme chimique, solubiliser les éléments, que ces éléments vont passer dans la sève et que c’est cela qui va servir… Votre potasse, votre phosphore, vous l’avez… C’est gratuit, ça. Et ce n’est pas enseigné. Lors d’une formation, les gamins étaient comme ça (ébahis), ne comprenant pas du tout ce qu’on leur disait. On leur demande combien d’heures ils ont d’enseignement et le programme. Un prof qui n’osait pas le dire : sur deux ans, ils ont quatre à cinq heures. Ce n’est pas en quatre heures que vous assimilez la vie du sol. Alors les collamboles, la faune, les acariens… n’en parlons pas ! Si vous n’avez pas cet enseignement, si le seul enseignement qu’on leur donne est la fertilisation du sol grâce à certains engrais ; les doses : ne pas dépasser tant d’unités ; et les machines… L’engrais, c’est le lobby. Si on se sert bien de la nature, quelque part elle a une gratuité gênante à notre époque. Il faut que tout le monde gagne de l’argent.    
          
       

    Le tps des graces 7.jpgRetrouvez toutes les retranscriptions du Temps des Grâces    

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  • On autoriserait le médecin à donner la mort à son patient, en conscience

    Retrouvez cet article sur la page enrichie De la dignité humaine & de la loi Leonetti.

     

    SDD ouvertureSite.jpg         Nous sommes plus de 500 étudiants en médecine de toute la France, regroupés au sein de l'association Soigner Dans la Dignité pour encourager la réflexion et la formation sur la fin de vie.

             Nous voulons lutter contre les peurs entourant la fin de vie, la défiance entretenue par certains contre le corps médical, et contre un préjugé destructeur : non, on ne meurt pas en France dans d'atroces souffrances, les solutions existent mais manquent de moyens et de visibilité.  

    SDD Logo.jpg         Les lois sur la fin de vie ne sont pas assez connues et appliquées. Ce constat unanime motive certains pour demander un nouveau texte. Nous refusons cette démarche. Le cadre actuel de 2005, reconnu et estimé à l'étranger, ouvre une troisième voie raisonnable entre acharnement thérapeutique et euthanasie. La priorité est de faire connaitre cette loi, et non d'en écrire une nouvelle.  

             Alors que le rapport que vont rendre prochainement Jean Leonetti et Alain Claeys à l'Assemblée Nationale devrait proposer des changements importants dans ce domaine, il nous semble important de revenir sur le cas de la sédation en phase terminale d'une maladie.

    SDDOuvertureSite2.jpg         Ce procédé consiste à faire baisser la vigilance du malade de manière réversible dans les situations extrêmes de souffrances liées à une angoisse forte, de détresse respiratoire ou de très rares douleurs réfractaires au traitement antalgique. Ce protocole n'intervient qu'en dernier recours, il concerne une très faible proportion des personnes accompagnées en soins palliatifs. En effet, les médicaments utilisés sont néfastes pour l'organisme, et peuvent abréger la vie du patient par ailleurs. 

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             La loi encadre l'utilisation de tels produits. S'applique alors le principe du double effet : un tel acte médical n'est possible que si l'intention et la volonté du médecin sont d'apaiser les souffrances de la personne, et non d'abréger sa vie. L'intention du médecin introduit ici ne se réduit pas à un concept moral, au contraire. L'intention qui préside à la mise en place d'un traitement régi par le double effet est visible dans les doses mises en place. Les médecins recherchent en effet la plus faible dose efficace, pour minimiser les effets secondaires du produit.  

             Nous sommes alertés par certains propos concernant la sédation. On nous parle notamment d'un « droit à la sédation profonde et terminale », évacuant le principe du double effet. On autoriserait alors très clairement le médecin à donner la mort à son patient, en conscience. Il pourrait ainsi utiliser un sédatif à forte dose, sans que la loi ne prenne en compte son intention. Nous refusons le raccourci mensonger et malheureux d'une euthanasie par sédation profonde, hypocritement déguisée sous ce nom de sédation terminale.

    SDD OuvertureSite 3.jpg         Cette mesure n'est pas un ajustement. Elle franchit une limite dangereuse : nous entrons dans la logique euthanasique. 

             Nous payons aujourd'hui le lourd tribu du manque critique de praticiens formés et disposant des moyens nécessaires à accompagner le mourant dans le respect de sa dignité d'homme. 

     

             Nous, soignants de la France de demain, voulons être une force de proposition au service d'une médecine à visage humain.  

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             Nous constatons l'urgence d'informer nos concitoyens sur la loi. Nous désirons être formés à l'accompagnement et refusons toute mesure qui donne au médecin le pouvoir de mettre fin à la vie de son patient. Notre vocation de médecins reçue d'Hippocrate est de « guérir parfois, soulager souvent, réconforter toujours ». Nous sommes au service de nos patients, nous ne voulons pas d'une médecine qui distille la vie ou la mort à volonté.

    Jean Fontant SDD.jpgJean Fontant
    Interne en soins palliatifs, Président de Soigner Dans la Dignité
    Article repris du Figaro Vox

     

     

     

    Alix, étudiante en médecine et porte-parole de Soulager mais pas tuer

     

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  • Nous ne sommes pas là pour conserver mais pour libérer ! #5 oct 2014 Les Veilleurs

    La Vaillante est heureuse d'accueillir une nouvelle fois la parole du représentant des Veilleurs.

    Capture d’écran 2014-12-16 à 15.26.53.pngChers amis, 

             Il y a seulement quelques mois, nous n’imaginions pas que le bien commun de la Cité et la valeur inaliénable de la personne puissent être ainsi sacrifiés. Et pourtant voici venue, avec la PMA et la GPA, l’ultime transgression vers la marchandisation de tout ! Mais nous n’imaginions pas non plus, il y a seulement quelques mois, que notre génération de veilleurs se lèverait ainsi, refusant de vivre dans une société soumise à tous les narcissismes sans avoir rien dit. Sans avoir rien proposé d'alternative aux valeurs avariées d’une culture du mensonge et de la consommation. Dans une société où la pulsion prime sur la réflexion, et les plaisirs rapides sur les joies profondes, les Veilleurs sont un signe de contradiction radicale, ou plus simplement humaine. Camus disait que la seule façon de faire face à un monde non libre est de devenir si absolument libre que votre existence même devient un acte de rébellion. Dans un monde en perpétuelle quête de sens, la dialectique du progrès et ses promesses frelatées ont montré leur incapacité à préserver les équilibres naturels et culturels, et à assurer une cohésion sociale fondée sur la justice. Leur échec est là et nous en sommes les témoins. Mais l’espoir est là, aussi, et nous en sommes le signe.

    Capture d’écran 2014-12-16 à 15.24.40.png         Le signe de l’éveil des consciences, c’est que beaucoup d’entre nous s’engagent dans la vie associative, politique et spirituelle, souvent après des années de laisser-aller. Aujourd’hui, nous ne sommes pas seulement réunis dans l’espoir d’une victoire de parlement. Ne serait-ce pas dérisoire dans un pays traversé par une triple crise, économique, morale et politique ? Nous sommes avant tout réunis dans l’espoir d’une véritable metanoïa personnelle et collective, c’est-à-dire un renversement de la pensée dialectique dans notre pays. Ce renversement commence par la conquête de soi, puisque dans la guerre culturelle qui s’est ouverte, c’est bien la conscience qui est visée, la saine conscience de la personne, le bon sens du peuple profond. Les Veilleurs mènent la bataille décisive : par une expérience à la fois intellectuelle et esthétique, ils font le choix de la culture, qui est une option anthropologique. En réconciliant les approches culturelles et politiques, écologiques et anthropologiques, ils leur rendent leur unité perdue. Les Veilleurs agissent à l’ombre des antennes médiatiques et politiques car la vertu naît dans l’ombre. Ils font la lumière sur les affres du temps, puisque le vice meurt à la lumière. Mais ils font surtout le choix de la rencontre plutôt que celui de la division. Car c’est dans la relation que l’homme se reconnaît. C’est à cette insoumission que nous vous appelons ! Veut-on laisser l’homme, et la France in fine, se fracturer de toutes parts ? Levons-nous ! avant que le peuple ne se soulève ! Rejoignons-le, faisons corps avec ses aspirations légitimes. Ne nous préoccupons plus de questions de patrimoine et de comptes en banque : cela passera ! Soucions-nous de ce qui demeure ! Nous ne sommes pas là pour conserver mais pour libérer ! Mettons-y notre cœur, notre courage, reconstruisons la France libre que nous aimons ! C’est une tâche exaltante, une responsabilité, un devoir. C’est un élan d’amour !


    Capture d’écran 2014-12-16 à 15.26.54.pngAxel Nørgaard Rokvam
    réécrit dans la nuit du 4 au 5 octobre 2014

     

     

     

     

     

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  • Certains êtres reçoivent des grâces qui, à vue d’homme, peuvent nous paraître scandaleuses

    À propos de la vidéographie « Enciellement Édith Etty »
    Par Sandrine Treuillard

    sandrine treuillard,Édith stein,etty hillesum,charlotte delbo,foi,christianisme,art & culture,artiste,la france,politique            Certains êtres reçoivent des grâces qui, à vue d’homme, peuvent nous paraître scandaleuses. Comme percevoir, sentir la présence divine à travers la vermine. Voir Dieu dans un corps décharné, un visage gris et des yeux globuleux, hagards de faim, ou glacés de mort. Certainement, Édith Stein et Etty Hillesum ont posé ce regard sur les humains, leurs frères, leurs sœurs, avec lesquels elles ont partagé les derniers mois et jours de leur vie. Etty en a témoigné dans ses lettres de Westerbork[i]. Quand à Édith, elle était préparée depuis longtemps au sacrifice, à l’acquiescement à la mort pour le salut de ses frères Juifs[ii].

    sandrine treuillard,Édith stein,etty hillesum,charlotte delbo,foi,christianisme,art & culture,artiste,la france,politique            Leur humanité s’est trouvée décuplée dans le camp de la mort d’Auschwitz parce que Dieu était en elles, elles le recevaient par leur cœur de compassion. Leur cœur, un miroir de Dieu. Les autres, dans la souffrance extrême, physique, morale, existentielle, des parcelles de Dieu. En leur centre à elles, l’amour solaire rayonnait dans cette ténèbre de mort qui rôde, frôle, nargue. 

                À la lecture de Chalotte Delbo, revenue du camp de Auschwitz Birkenau, déportée politique, je perçois la présence de Dieu au sein du style, très épuré, de son écriture. Ce souffle de vie qui décrit la mort dont elle a été rescapée, la souffrance, l’horreur physique et psychologique dans le réel vécu et perçu des paysages, de la saison, la description des corps, de gestes, de mouvements, de détails sur lesquels elle « zoome », tout manifeste la vie en résistance à la mort qui rôde. C’est la vie qui gagne dans son style. Parce qu’écrire est vivre et participer de la vie, même s’il s’agit de témoigner de choses extrêmement morbides et mortelles. Décrire le lieu, l’atmosphère météorique, s’appliquer à rendre compte sensiblement d’un détail, une brindille prise dans la glace que frappe un rai de lumière, même la bouche ouverte noire d’un cri muet, nous parle de la vie. De la présence victorieuse de Dieu. 

    sandrine treuillard,Édith stein,etty hillesum,charlotte delbo,foi,christianisme,art & culture,artiste,la france,politique            Le style d’Édith et d’Etty, avant de se refléter dans leur écriture (pour Édith Stein, l’écriture date d’avant son extermination, alors que pour Etty, au sein même du camp de transit de Westerbork, elle put témoigner par lettres), c’était l’amour exprimé dans les gestes envers l’autre, l’aide fraternelle, bien que réduite, de donner un peu d’eau rare, et sans doute sale, à un vieillard au bord du mourir, toucher de cet amour une épaule maigre dans la force restante. Amour en elles tout aussi éprouvé par la souffrance mais comme protégé et décuplé par la grâce divine. Cet amour enveloppe les corps des hommes dans lesquels elles virent toujours une âme, et calme les cœurs, alors, non plus cernés par la seule angoisse de mort. 

                Charlotte Delbo a pu bénéficier aussi de cet esprit de vie au sein du camp. Comme par exemple le passage intitulé ”Boire”, d’ « UNE CONNAISSANCE INUTILE », nous le relate. Pas si inutile que cela, finalement… puisque nous bénéficions de son regard sur ces expériences extrêmes qui nous enseigne à la fois sur les gestes de solidarité dans le camp de la mort et sur le processus même de la perception. La rareté de cette expérience des camps (puisque peu en sont revenus indemnes et on pu en rendre compte, par l’écriture, comme ici) nous apprend le trésor que Dieu a mis en chaque homme, « la merveille que je suis ».

                BOIRE

                (…)

                J’avais soif depuis des jours, soif à en perdre la raison, soif à ne plus pouvoir manger parce que je n’avais pas de salive dans la bouche, soif à ne plus pouvoir parler, parce qu’on ne peut pas parler quand on n’a pas de salive dans la bouche. Mes lèvres étaient déchirées, mes gencives gonflées, ma langue un bout de bois. Mes gencives gonflées et ma langue gonflée m’empêchaient de fermer la bouche, et je gardais la bouche ouverte comme une égarée, avec, comme une égarée, les pupilles dilatées, les yeux hagards. Du moins, c’est ce que m’ont dit les autres, après. Elles croyaient que j’étais devenue folle. Je n’entendais rien, je ne voyais rien. Elles croyaient même que j’étais devenue aveugle. J’ai mis longtemps à leur expliquer plus tard que je n’étais pas aveugle mais que je ne voyais rien. Tous mes sens étaient abolis par la soif.

                Carmen, dans l’espoir de voir revenir à mon regard une lueur d’intelligence, a dû me répéter plusieurs fois : « Il y a de l’eau. Demain, tu boiras. »

                La nuit a été interminable. C’étais atroce, ce que j’avais soif, la nuit, et je me demande encore comment j’ai vécu jusqu’au bout de cette nuit-là.

                Le matin, accrochée à mes camarades, toujours muette, hagarde, perdue, je me suis laissé guider – c’était surtout elles qui veillaient à ne pas me perdre, car pour moi, je n’avais plus le moindre réflexe et sans elles j’aurais aussi bien buté dans un SS que dans un tas de briques, ou bien je ne me serais pas mise en rang, je me serais fait tuer. Seule l’idée de l’eau me tenait en éveil. J’en cherchais partout. La vue d’une flaque, d’une coulée de boue un peu liquide, me faisait perdre la tête et elles me retenaient parce que je voulais me jeter sur cette flaque ou sur cette boue. Je l’aurais fait à la gueule de chiens.

                Le chemin était long. Il me semblait que nous n’y arriverions jamais. Je ne demandais rien, puisque je ne pouvais pas parler. Il y a longtemps que je n’essayais même plus de former des mots avec mes lèvres. Sans doute mes yeux questionnaient-ils anxieusement ; elles me rassuraient sans cesse. « N’aie pas peur. C’est bien le bon commando. Il y a de l’eau, c’est vrai. Tu peux le croire. »

                (…)

                Carmen est revenue. Elle et Viva, après s’être assurée que le champ était libre, m’ont prise chacune par un bras et m’ont emmenée dans une encoignure formée par un pan de mur et de tas des arbustes que nous devions transporter. « Voilà ! » a dit Carmen en me montrant le seau d’eau. C’était un seau de zinc, de ceux dont on se sert à la campagne pour tirer l’eau d’un puits. Un grand sceau. Il était plein. J’ai lâché Carmen et Viva et je me suis jetée sur le seau d’eau. Jetée, pour de bon. Je me suis agenouillée près du seau et j’ai bu comme boit un cheval, en mettant le nez dans l’eau, en y mettant toute la figure. Je ne saurais pas dire si l’eau était froide – elle devait l’être, fraîche tirée, et c’était eu début de mars – et je ne sentais ni le froid ni le mouillé sur mon visage. Je buvais, je buvais à en perdre la respiration et j’étais obligée de sortir mes narines de l’eau de temps en temps pour prendre de l’air. Je le faisais sans cesser de boire. Je buvais sans penser à rien, sans penser au risque de devoir m’arrêter, d’être battue, si une kapo survenait. Je buvais. Carmen, qui faisait le guet, a dit : « Assez, maintenant. » J’avais bu la moitié du seau. J’ai fait une petite pause, sans lâcher le seau que je tenais embrassé. « Viens, a dit Carmen, c’est assez. » Sans répondre – j’aurais pu faire un geste, un mouvement – sans bouger, j’ai replongé la tête dans le seau. J’ai bu et bu encore. Comme un cheval, non comme un chien. Un chien lape d’une langue agile. Il creuse sa langue en cuillère pour transporter le liquide. Un cheval boit. L’eau diminuait. J’ai incliné le seau pour boire le fond. Presque couchée par terre, j’ai aspiré jusqu’à la dernière goutte, sans en répandre une seule. J’aurais encore voulu lécher le bord du seau. Ma langue était trop raide. Trop raide aussi pour lécher mes lèvres. Avec ma main, j’ai essuyé mon visage et j’ai essuyé ma main sur mes lèvres. « cette fois, viens », a dit Carmen, « le Polonais réclame le seau », et elle faisait signe à quelqu’un derrière elle. Je ne voulais pas lâcher mon seau. Je ne pouvais pas bouger tant mon ventre était lourd. Il était comme quelque chose d’indépendant, un poids ou un paquet, qui aurait été accroché à mon squelette. J’étais très maigre. Il y avait des jours et des jours que je ne mangeais pas mon pain, parce que je ne pouvais rien avaler, sans salive dans la bouche, des jours et des jours que je ne pouvais pas manger ma soupe, même quand elle était assez liquide, parce que la soupe était salée et c’était comme du feu sur les aphtes qui saignaient dans ma bouche. J’avais bu. Je n’avais plus soif, sans en être encore sûre. J’avais tout bu, tout le seau d’eau. Oui, comme un cheval.

                Carme, a appelé Viva. Elles m’ont aidées à me relever. Mon ventre était énorme. C’était comme si je reprenais conscience de mon sang qui circulait, de mes poumons qui respiraient, de mon cœur qui battait. J’étais en vie. La salive revenait dans ma bouche. La brûlure à mes paupières se calmait. On a les yeux qui brûlent quand les glandes lacrymales sont asséchées. Mes oreilles entendaient de nouveau. Je vivais.

                Viva m’a reconduite auprès des autres pendant que Carmen rapportait le seau. À mesure que ma bouche se réhumectait, je recouvrais la vue. Ma tête redevenait légère. Je pouvais la tenir droite. Je voyais Lulu qui me regardait avec inquiétude, qui regardait mon énorme ventre et je l’entendais dire à Viva : « Vous n’auriez peut-être pas dû lui en laisser boire tant. » Je sentais de la salive se former dans ma bouche. Je sentais que la parole me revenait. Mouvoir mes lèvres restait difficile. Enfin, j’ai pu dire, d’une voix qui était étrange parce que ma langue m’embarrassait encore, qu’elle reprenait à peine sa souplesse, enfin j’ai pu dire : « Je n’ai plus soif. »

    - « Elle était bonne, au moins, cette eau ? » a demandé quelqu’un. Je n’ai pas répondu. Je n’avais pas senti le goût de l’eau. J’avais bu.  

     

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    Oranienburg_Sachsenhausen
    Une perception : Sachsenhausenlager Complet.pdf

     


    [i] Publiées à la suite du journal « UNE VIE BOULEVERSÉE », éditions Points Seuil.

    [ii] Édith Stein se prépare au grand sacrifice pour le salut de ses frères Juifs

                « … C’est alors qu’il convient de nous ressaisir, de nous dire : Attention, rien de tout cela ne doit m’atteindre. La première heure de ma journée appartient au Seigneur. La tâche qu’il m’indiquera je l’accomplirai, mais c’est lui qui m’en donnera la force. Ainsi, « j’irai vers l’autel de Dieu ». Il ne s’agit pas ici de moi, ni de mes capacités limitées, mais du Sacrifice par excellence, du mystère de la Rédemption. Je suis invitée à y participer, à m’y laisser purifier et réjouir ; à me laisser prendre avec tout ce que je peux donner — offerte pour souffrir — avec la Victime pure, sur l’autel. » (Les voies du silence, paru dans le bulletin mensuel de la Societas religiosa, Union féminine catholique, à Zurich, février 1932. Cité, C, pp. 100 et suivantes, extrait de l’ouvrage « COMME L’OR PURIFIÉ PAR LE FEU – ÉDITH STEIN : 1891-1942 » de Élisabeth de Miribel, p. 122, Éditions du Cerf, 2012.)

                « C’est du crucifix, encore suspendu à la même place, au-dessus de la table lui servant de bureau, qu’elle détenait déjà toute sa science. (…) Elle parlait peu mais chacune de ses paroles portait, car elles naissaient de la profondeur du silence et de la prière. Comment oublier ce regard si grave, indiciblement douloureux, qu’elle jetait sur le Crucifié — le Roi des Juifs — lorsqu’elle lisait à travers le miroir des événements l’annonce d’une persécution raciale de plus en plus violente. Je l’entendis un jour qui murmurait : « O combien mon peuple devra souffrir, avant qu’il ne se convertisse » — et une pensée me traversa l’esprit, rapide comme l’éclair : Édith s’offre à Dieu pour la conversion d’Israël. » (Souvenir de sœur Aldegonde Jaegerschmid, probablement datant de 1931, extrait de l’ouvrage précité, p. 120.)

                 « Je fis halte à Cologne, afin d’y rencontrer une jeune catéchumène dont je m’occupais dans la mesure de mes loisirs. Je lui avait annoncé ma visite lui demandant de chercher une chapelle où nous puissions prier durant l’heure sainte. C’était la veille du premier vendredi d’avril 1933 et en cette « année sainte » la mémoire de la Passion du Sauveur était l’objet d’une vénération particulière à travers l’Allemagne. Nous nous sommes retrouvées toutes les deux, vers 8 heures du soir, dans la chapelle du Carmel de Cologne. Un prêtre se mit à prêcher en termes émouvants. Mais j’avoue que j’entendais à peine son sermon, toute occupée que j’étais à une autre conversation. Je m’adressais intérieurement au Seigneur, lui disant que je savais que c’était sa Croix à lui qui était imposée à notre peuple. La plupart des Juifs ne reconnaissaient pas le Seigneur, mais n’incombait-il pas à ceux qui comprenaient de porter cette Croix ? C’est ce que je désirais faire. Je lui demandais seulement de me montrer comment. Tandis que la cérémonie s’achevait dans la chapelle, je reçus la certitude intime que j’étais exaucée. J’ignorais cependant sous quel mode la Croix me serait donnée. » (Mémoire rédigé par Édith Stein avant de quitter le Carmel de Cologne et relatant sa vocation (Avent 1938). Dans l’ouvrage précité, p. 132.)

     

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  • Prière d'Adoration du Bienheureux Charles de Foucauld

    Le Bienheureux tiret entre catholiques et musulmans. Une raison d'espérance

    Charles de Foucauld, la france, sacré coeur, foi, christianisme

    Prière

             Saint Mathieu. 4,10. « Tu adoreras le Seigneur ton Dieu »… C’est vous qui nous le dites, mon Seigneur et mon Dieu : c’est la première parole sortie de votre bouche qu’on trouve dans l’Évangile touchant la prière : c’est aussi le principal, le fond de nos prières : adorer : se mettre à vos pieds, sous vos pieds, comme un néant, comme une poussière, bonne seulement à être sous vos pieds, mais une poussière pensante, une poussière aimante, une poussière qui vous admire, qui vous vénère, qui vous respecte et vous aime passionnément, qui baise et embrasse vos pieds en étant foulée par eux et se fond en amour et en vénération devant vous… Voilà mon 1er devoir envers vous, mon Seigneur et mon Dieu, mon Maître, mon Créateur, mon Sauveur, mon Dieu bien-aimé !… C’est pour me perfectionner et perfectionner mon prochain que je fais ces petites méditations. Et ce double perfectionnement je ne le veux que parce qu’il est le plus que je puisse faire pour votre gloire. Daignez donc bénir, mon Dieu, ce petit travail, ce doux travail, entrepris uniquement pour votre gloire, pour la consolation de votre Cœur. Cœur sacré de Jésus, je dépose en vous ce travail fait pour vous : répandez sur lui vos grâces pour qu’il soit ce que vous voulez qu’il soit. Notre-Dame du Perpétuel Secours, accordez-moi en ceci comme dans toutes mes pensées, mes paroles et mes actions, votre secours tout-puissant. Ma mère, sainte Magdeleine, saint Joseph, saint Jean Baptiste, saint Pierre, saint Paul, mon bon Ange, saintes femmes qui avez broyé des parfums pour embaumer Notre Seigneur, broyez ce travail et broyez-moi surtout moi-même et répandez-nous comme un parfum d’agréable odeur sur les pieds de Notre Seigneur. Daignez m’aider aussi en cela et en tout, chers saints sous la protection desquels je me suis particulièrement placé, sainte Anne, saint Joachim, saints Apôtres, saints disciples, saint benoît, saint Bernard, saint François d’Assise, saint Augustin, saint Alexis, saint Pierre d’Alcantara, saint Charles Borromée, saint François Xavier, saint jean Chrysostome, sainte Monique, sainte Thérèse, sainte Marguerite-Marie. Enfin, protégez-moi tous, en ceci et en tout, saints et saintes, et saints anges du Paradis ! Amen.

     

    charles de foucauld, la france, sacré coeur, foi, christianismeCharles de Foucauld
    « Méditation sur l’Évangile
    au sujet des principales vertus » (1896)
    Extrait de l’ouvrage « L’Esprit de Jésus »
    Éditions Nouvelle Cité, 2005

     

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    La France & le Sacré Cœur

     


    Image : Paul Vitrailliste à Chartres

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