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Exploration de la voie unitive – 5 - 6 et 7ème Demeures spirituelles d'Artisans de Paix

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Le logo d'Artisans de Paix résume en lui-même la contemporanéité
des 7 Demeures spirituelles.
Quand nous pénétrons dans le labyrinthe
(de la cathédrale de Chartre),
cheminant, nous nous rapprochons et nous éloignons du centre,
alternativement, chacun à son rythme.
Le centre
(aux six lobes) représente le lieu de l'accomplissement.
De ce centre jaillit la paix
(et tous fruits spirituels), ici symbolisée par le rameau.

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Paula Kasparian présente la menorah juive,
symbole des 7 Demeures spirituelles d'Artisans de Paix.

1 à 3 : Les Demeures PURIFICATIVES :
-1- Un immense désir -2- Le combat spirituel -3- L'illumination spirituelle 

La quatrième, pilier de la ménorah, voie ILLUMINATIVE :
-4- Les trois qualités du Souffle primordial :
La création, la rédemption et la participation à l'offrande

5 à 6 : Les Demeures UNITIVES :
-5- L'élection  -6- Les fiançailles spirituelles  -7- Les noces spirituelles

 

            Pour vous parler de la 6ème Demeure spirituelle d’Artisans de Paix, qui correspond aux fiançailles spirituelles, je ferai appel à deux grands épisodes de la vie de Jésus-Christ : au moment de son Incarnation, d’une part ; et au moment de son eucharistie sur la croix, d’autre part. La Vierge Marie est une présence active et cruciale lors de ces deux événements : elle est à la fois participante et vecteur de l’Esprit de Dieu en Jésus pour les hommes, à l’Annonciation (5e Demeure de l’Élection) et à la Visitation ; et au pied de la croix. Marie représente l’humanité qui acquiesce au dessein du salut de Dieu lors de ces deux extrémités de la vie terrestre de Jésus-Christ.

            Dans la Lettre aux Hébreux, après avoir expliqué l’efficacité du sacrifice du Christ Jésus qui fut donné en offrande sur la croix par Dieu lui-même pour le pardon des péchés et le salut de tous les hommes (He, 10, 12-18), l’auteur de la lettre aux hébreux écrit ceci : 

Lettre aux Hébreux 10, 19-20

19 Ainsi donc, mes frères, nous avons une pleine liberté pour entrer dans le lieu très-saint, grâce au sang du sacrifice de Jésus. 20 Il nous en a ouvert le chemin, un chemin nouveau et vivant à travers le rideau du sanctuaire[3], c'est-à-dire à travers son propre corps.

Par le rideau ou le voile du sanctuaire nous pénétrons dans le lieu très-saint, dans la présence même de Dieu : à travers le corps-même de Jésus-Christ.

            C’est par-là que je vous convie à entrer dans la 6ème Demeure spirituelle d’Artisans de Paix : par le rideau ou le voile du sanctuaire qui est le corps de Jésus-Christ lui-même, qui nous fait pénétrer dans la présence-même de Dieu. Ce rideau, ce voile du corps du Christ à travers lequel nous passons, ce lieu du passage est la Demeure des fiançailles spirituelles. Avec tout ce que les fiançailles impliquent de respect de l’autre : respect de sa liberté dans ce temps du discernement de l’amour, avant les noces. Respect qu’a Dieu de notre liberté, pour notre engagement dans son Alliance. Dieu se présente à nous, il désire plus que tout au monde notre oui à l’Alliance qu’il nous propose, mais ne le force pas. Il ouvre notre intelligence à ses mystères, avec beaucoup de délicatesse, mais ne viole jamais notre liberté. C’est ainsi qu’il se présente lors de l’Annonciation à la Vierge Marie de Nazareth, par l’ange Gabriel, plein de prévenance et de chasteté.

            Dans le passage de Luc, l’annonce faite à Marie de la naissance de Jésus (5ème Demeure : l’Élection), je souligne ce qui a trait à la prévenance de Dieu par son ange et en gras ce qui a trait à la liberté de Marie qui se traduit par des questions qui impliquent l’exercice de son intelligence. Enfin, en caractère romain (standard), je souligne le mouvement du haut vers le bas, la kénose, l’abaissement de Dieu vers l’homme (en l’occurrence, ici, la femme, la Vierge Marie), dans son dessein d’incarnation de son Esprit divin dans la chair humaine :

— par son ange ;

— par l’Esprit Saint (« la puissance du Dieu très-haut »). 

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Le premier corps charnel où se révèle
l’Esprit de Jésus-Christ, Fils de Dieu,
est celui de Marie


            Ainsi, déjà, dans l’annonce faite à Marie de la naissance de Jésus, nous constatons que le tout premier lieu de passage dans le corps charnel humain où Dieu veut se révéler, se manifester, est celui de la Vierge Marie, la mère de Jésus. Marie est la première prévenance de Dieu envers nous, ses créatures, la première délicatesse, pour ne pas nous heurter dans sa venue divine en notre humanité.

 

            De la Visitation

            C’est dans ce corps humain d’une femme fécondée par l’Esprit de Dieu, que l’Esprit de Jésus-Christ va se manifester à travers une autre femme et un autre enfant, son aîné de 6 mois dans les entrailles de Élisabeth, la parente de Marie. À peine insensiblement couverte par l’ombre du Dieu très-haut (« c’est le secret de Dieu », comme l’écrit Christian de Chergé) à l’Annonciation, Marie se jette sur les chemins dans les montagnes pour rejoindre la maison de Zacharie. Elle médite en chemin ce grand bouleversement de la visite de l’ange, mais elle ne perçoit pas pleinement en son corps, en son intelligence, le mystère qui l’habite désormais : le Verbe qui prend chair en tout son être, et lui insuffle son dynamisme, cet enthousiasme à rejoindre son aînée âgée miraculeusement enceinte, elle aussi.

            Nous arrivons donc au seuil de la maison de Zacharie, à l’entrée de chez Élisabeth et frappe le mystère de la Visitation. Esprit Saint en Visitation, Marie passe la porte et invoque la paix sur cette maison et ses habitants, sans réaliser qu’elle porte elle-même en son sein le Prince-de-la-Paix. Toute son énergie est pourtant de Dieu, toute spirituelle, Esprit de Jésus en elle qui rayonne, se répand, se communique à Élisabeth, de Jésus, minuscules cellules embryonnaires et puissance d’Esprit et de Vie, à Jean-Baptiste dans les eaux fœtales de sa mère gravide. Le sein d’Élisabeth vibre alors comme la peau d’un tambour, ce ventre devient la caisse de résonnance de l’Esprit de Jésus, c’est-à-dire allégresse et joie de la Vie divine communiquée au petit Jean. Réminiscence de la danse de David devant l’arche d’alliance.

            La circulation de l’Esprit de Dieu d’une femme à l’autre, de l’enfant en leur sein, à l’autre ; des paroles qui s’exhalent d’une bouche, celle de Marie, puis de l’autre bouche, celle d’Élisabeth ; ces manifestations de la vie divine qui passe à travers elles et leur(s) enfant(s) à naître, nous enseignent déjà le mystère de l’Eucharistie : don de soi-même se laissant traverser corps, âme et esprit par l’énergie de Dieu pour avancer, bientôt, son grand OUI au nom de toute l’humanité, que sera le chant d’action de grâce de Marie, le Magnificat, qui est entrée dans la septième Demeure spirituelle : les noces, l’union avec Dieu, participant à son Eucharistie, communiant à la vie divine dans le don mutuel de l’Amour : Alliance accomplie. Réminiscence du cantique de Moïse qui a fait périr chevaux et cavaliers dans les eaux de la Mer rouge, que lance devant Dieu la voix de Maryam, la prophétesse, sœur aînée de Moïse et Aaron, ancêtre de notre Marie de Nazareth (cf. Pierre Claverie, Marie la vivante), dans le nouveau cantique de Marie, le Magnificat qu’elle exulte après la salutation d’Élisabeth en réponse à la sienne : ce sera la récapitulation de l’Amour de Dieu dans l’ancienne Alliance hébraïque, accomplie dans la Nouvelle, en Jésus Christ. Ainsi s’incarne, se manifeste et s’esquisse la victoire de Dieu en son Fils Jésus-Christ, au moment de la Visitation.

            La Visitation est inscrite comme fiançailles spirituelles, promesse de l’Union à venir. Mystère de l’hospitalité réciproque, de l’apprivoisement de l’autre dans l’ouverture et la joie de s’entre-(re)-connaître.

 

           La pentecôte eucharistique – Effusion de l’Esprit saint à la croix

            La 6ème Demeure spirituelle est aussi ce lieu du passage dans le corps du Christ au moment de son eucharistie sur la croix, la pâque ultime qui nous baptise dans le Sang, l’Eau et l’Esprit, ce que j’appelle avec saint Pierre-Julien Eymard la pentecôte eucharistique. La pentecôte eucharistique commence effectivement déjà à la croix. Ce moment, cet événement est une autre économie du don eucharistique dans et de l’Esprit Saint. C’est aussi l’économie de la participation de l’humanité aux grâces divines, aux dons de l’Esprit Saint. Le commerce de la grâce divine n’attend pas cinquante jours après Pâques dans le régime chrétien, événement qui correspond à la Pentecôte hébraïque (Chavouat). Dès le moment où le centurion romain [Longin (ainsi surnommé parce que le terme en grec ancien signifie lance)] plonge le fer de sa lance dans le côté droit du Christ atteignant jusqu’à son cœur, nous bénéficions, nous qui sommes au pied de la croix, du baptême dans l’Esprit, l’Eau et le Sang du Christ. La pentecôte eucharistique est cette aspersion charismatique de l’Eau et du Sang jaillissant du Corps du Christ mort sur la croix, qui vient de remettre son âme entre les mains du Père. Mort, le Christ nous apporte tout le dynamisme de la Vie, sur la Croix. Nous sommes pécheurs, c’est en cela que nous transperçons tous son côté avec le centurion. Et nous confessons notre foi en recevant l’Esprit présent dans les Espèces de l’Eau et du Sang du Corps du Christ en croix. L’eucharistie à la messe n’est pas autre chose.

            Et Marie est au pied de la croix à ce moment-là. Avant que le fer de la lance de Longin n’atteigne le cœur de son Fils bien-aimé en croix, ce fer a traversé son âme à elle, longuement, et tout le temps de la marche au Calvaire, de la Passion de son fils, jusque-là. Elle a eu le temps d’être reçue par Jean comme sa mère, chez lui. Jésus en a fait notre mère spirituelle à tous, il nous l’a donnée avant de s’en remettre au Père. Jean la prend alors chez lui et nous la prenons chez nous, avec lui. Ce moment-là aussi représente des fiançailles. Voici ta mèreVoici ton fils. Hospitalité réciproque. C’est Jésus qui fait le lien, encore, Lui, véritable prêtre et victime véridique : qui s’offre librement pour le salut de tous. Cette hospitalité réciproque de Marie et de Jean est le don ultime de Jésus : par-là, il promet pérennité de vie à son Église qui vient. C’est dorénavant par son Esprit, l’Esprit de Jésus qui circulera de la Mère l’Église – Marie – à ses fils, tous nouveaux baptisés chrétiens – représentés ici par Jean – que le don eucharistique du Christ se perpétuera. C’est ce qui se passe au moment de l’épiclèse : l’invocation de l’Esprit Saint sur les Espèces du Pain et du Vin, par le prêtre célébrant la messe, au nom du Christ Jésus.

            Le commerce de l’amour, la circulation de la charité, c’est le dynamisme de la croix célébré à chaque Eucharistie. Tous les baptisés se retrouvent au pied de la croix dans la pentecôte eucharistique, pendant la messe.

 

Libre, tu t’éveilles, premier-né d’entre les morts !                 R É S U R R E C T I O N

De ton cœur naît l’Église à l’image de Dieu,                               S A C R É   CŒ U R

car toi seul tu baptises dans l’Esprit et le feu.        EFFUSION  DE  L’ESPRIT SAINT

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Antienne du Cantique de Zacharie, laudes du samedi,
deuxième semaine du temps liturgique ordinaire

 

Pour finir, une application visuelle de ce que je viens d'avancer pour l'exploration de la 6ème Demeure spirituelle d'Artisans de Paix, par mon blason spirituel.

Jehanne Sandrine du SC & de la SE.jpg


Sandrine Treuillard

Chargée de mission
de la
Fraternité eucharistique catholique
d'Artisans de Paix

16 mars 2021

 

[1] Ps 110.1.

[2] Jr 31.33-34.

[3] C'est-à-dire dans le lieu très-saint, dans la présence même de Dieu.

 

Retrouvez cette intervention sur la page enrichie :
Artisans de Paix — ou le désir de rencontrer l'(A)autre

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