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L'égalité entre homme et femme selon F-X. Bellamy

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François-Xavier Bellamy, auteur de « Les déshérités - ou l’urgence de transmettre » répond à Sylvie Braibant et à Mohamed Kaci (Émission « 64’ Le monde en français », rubrique « Grand angle », TV5Monde, du 2 septembre 2014).

 

 

 

                      S.B. : C’est une question un peu sous forme d’interpellation, puisque, François-Xavier Bellamy, vous vous présentez comme un défenseur irréductible entre les sexes et vous soutenez que, pour parvenir à cette égalité, c’est la transmission du savoir qu’il faut faire.

         Je voudrais vous soumettre des chiffres. En France, 71% des filles réussissent au baccalauréat. 61% seulement pour les garçons. Et malgré cette supériorité, les filles se dirigent majoritairement vers les filières littéraires ou médico-sociales, tandis que les garçons se précipitent, eux, dans les secteurs d’excellence tels les sciences dures et les hautes technologies. Cette orientation naturelle ne date pas d’hier, comme le montre cette « Fabrique des filles » qui retrace la pédagogie mise en place depuis Jules Ferry pour inciter les élèves elles-mêmes à se diriger vers des filières où elles pourraient appliquer leurs qualités ”féminines”. Et c’est un travers, d’ailleurs, qui n’existe pas seulement en France, mais dans toute l’Europe, sauf en Suède. Peut-être parce que dans ce pays on a mis en place depuis des décennies ces « ABCD de l’égalité » que vous aimez tant détester.

         Alors, je vous repose la question : Croyez-vous donc toujours que c’est seulement par la transmission du savoir que l’on parviendra à surmonter l’inégalité entre les ”genres” ?

 

FX Bellamy Photo.jpg         F-X.B. : Merci beaucoup pour votre question et merci pour la formulation de votre question. Vous avez dit quelque chose qui me paraît très symptomatique. Vous avez dit que « les filles ne se dirigeaient pas vers les filières d’excellence mais qu’elles se dirigeaient vers les filières plutôt littéraires. » Moi qui ai fait une filière littéraire et qui suis un professeur, un métier extraordinairement féminisé, je suis absolument en désaccord avec vous sur la formulation même de votre question. Je crois que les filières littéraires sont des filières d’excellence et je ne suis absolument pas jaloux de mes camarades qui ont fait des carrières d’ingénieurs ou de financiers. Je crois que l’enseignement de la philosophie…

 

          M.K. : … Les débouchés ne sont pas les mêmes, quand même…

 

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         F-X.B. : À quelle aune les évalue-t-on ? Si on les évalue en terme strictement financiers oui, c’est vrai que je gagne peut-être moins qu’un ou une de mes ami(e)s qui serait entré(e) dans la banque ou dans la finance. Mais je ne suis pas moins heureux pour autant et même je peux vous garantir le contraire. C’est un métier dans lequel on peut trouver un épanouissement extraordinaire.

         Je crois qu’il faut éviter de plaquer des modèles de réussite exclusifs. Vous voyez, c’est très paradoxal : les métiers vers lesquels les hommes se dirigent majoritairement vous les décrivez comme des métiers d’excellence. En réalité, n’est-ce pas là précisément faire peser une forme d’aliénation sur les femmes qui, parce qu’elles sont attirées par d’autres métiers, se voient déniée la possibilité d’incarner une forme d’excellence dans ces métiers-là ? Moi qui suis enseignant, je crois que c’est un métier qui suppose des compétences extrêmement complexes, variées et dans lesquelles on peut exprimer une excellence particulière. Je ne vois pas pourquoi on serait plus excellent parce qu’on a choisi d’aller compiler des tableaux Excel dans une tour de La Défense.

 

        M.K. : Alors, comment remettre la transmission au cœur du système éducatif français ? Quelles sont les pistes que vous proposez et que vous évoquez dans ce livre ?

 

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         F-X.B. : Pour assurer l’égalité à tous les élèves, l’égalité entre les sexes mais aussi l’égalité entre les origines, les milieux sociaux… je crois précisément qu’il faut que l’école redevienne une école de la transmission qui offre à tous la possibilité d’accéder aux mêmes savoirs. C’est-à-dire au meilleur de ce que notre culture a à transmettre parce que – et c’est l’idée que j’essaie de défendre au cœur de ce livre – au fond, le propre de notre expérience humaine est que nous ne sommes pas nous-mêmes par nature, nous avons besoin de la rencontre avec l’autre, avec ce patrimoine qui nous est transmis pour devenir nous-mêmes et conquérir notre propre personnalité. Garçons comme filles, issus de milieux sociaux divers, nous avons besoin de cette culture que nous recevons. Je crois que la meilleure chose que nous puissions faire est, au lieu de se focaliser sur la volonté de produire des uniformités qui ne répondent à rien, d’obliger les filles à s’intéresser à des métiers d’ingénieur parce que nous avons l’impression que c’est cela l’excellence… Donnons à chacun la même possibilité d’accès au savoir. Les filles qui voudront être ingénieurs seront ingénieurs, les filles qui voudront enseigner la philosophie enseigneront la philosophie. Et de la même façon pour les garçons. C’est la meilleure façon par laquelle nous pourrons servir une égalité réelle et aussi - et c’est très important - une liberté réelle de chacun, l’accès de chacun à sa propre singularité que de transmettre vraiment le meilleur de notre culture, de notre langue, de notre capacité d’écriture et de parole à chacun des enfants de France.  

 

 

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