Le culte du Cœur de Jésus : synthèse de toute la religion catholique
Congrès Adoration - Conférence aux Sanctuaires de Paray-Le-Monial.
Le 7.VII.2014 - Père Bernard Peyrous : Haurietis aquas in gaudio de fontibus Salvatoris : « Vous puiserez de l’eau avec joie aux sources du salut » Jérémie 30,21. Citation reprise aux premiers mots de l'Encyclique de Pie XII, le 15 mai 1956.
L’Encyclique de Pie XII Haurietis aquas commence comme cela : « Vous puiserez les eaux aux sources du Salut ». C’est le père Kars qui a voulu que nous parlions de cette Encyclique parce que dans tous les documents pontificaux existants c’est celle qui parle le plus de l’eau. Alors il avait prévu le temps d’aujourd’hui… (rire de l’assemblée) c’est donc une prophétie en réalité (rire de l’assemblée). Bien, allez, on va être sérieux et on va, s’il-vous-plaît, confier d’abord nos cœurs à la Vierge Marie, et après nous commencerons cet enseignement. (Prière Je vous salue Marie). Notre-Dame de la Sagesse, Priez pour nous.
La plus grande encyclique sur le Cœur de Jésus est cette Encyclique de Pie XII, dont on vient de vous donner le titre, Haurietis aquas in gaudio, « vous puiserez les eaux avec joie aux sources du Salut » ou « du Sauveur ». C’est le plus grand document sur le Cœur de Jésus et quelque part elle n’a pas été dépassée, même si, je pense, qu’une nouvelle encyclique à l’heure actuelle serait utile. Cette encyclique a été promulguée en 1956 : ce n’était pas un hasard, c’était le centenaire de l’institution par le Pape Pie IX de la Fête du Cœur de Jésus. Cette fête avait été demandée par le Christ à sainte Marguerite-Marie (Alacoque) en 1675 et elle n’a été instituée que beaucoup plus tard, en 1956. Cette encyclique a été faite pour le commémorer. Je voudrais dire un petit mot, non pas de l’ensemble de l’encyclique, qui est un document assez long, mais je voudrais donner quelques points importants et aussi le rapport entre cette encyclique sur le Cœur de Jésus et le Saint Sacrement, l’Eucharistie. Le titre de l’encyclique vient naturellement des deux phrases que l’on trouve chez saint Jean. La première phrase quand Jésus dit ceci, le dernier jour de la fête, le plus solennel : « Jésus debout s’écria : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive. Celui qui croit en moi comme le dit l’Écriture, des fleuves d’eau vive couleront de son sein. » Les fleuves d’eau vive c’est évidemment la charité du Christ qui coulera de notre cœur vers le monde. Cette charité du Christ est liée, en réalité, à la mort de Jésus sur la Croix, et à ces fleuves d’eau vive qui coulent du Côté transpercé du Christ. Ce qui veut dire que si nous regardons le Christ, si nous aimons le Christ, nous sommes remplis de la Charité. Et comme le dit le Pape Pie XII au début même de son encyclique, « la Charité, l’Amour, c’est le Saint Esprit ». L’Encyclique Haurietis aquas présente cette particularité d’être extrêmement centrée sur le rôle de l’Esprit Saint. Si nous croyons en Jésus, si nous aimons Jésus, si nous contemplons Jésus, si nous prions Jésus, si nous recevons les sacrements, alors les fleuves d’eau vive coulant du Côté du Christ viennent dans notre âme, et à notre tour de notre côté coulent les fleuves d’eau vive sur le monde. Ces fleuves d’eau vive qui vont couler de notre côté, c’est aussi une réponse à l’Amour du Christ, et c’est ce que dit également le Pape dès le début même de l’encyclique, c’est-à-dire que, au fond, nous allons rendre, et cela c’est tout à fait le message de Paray-le-Monial manifesté dès le début de l’encyclique, nous allons rendre Amour pour Amour. Rappelez-vous que le message de Paray-le-Monial tel que l’on en a brièvement parlé hier soir, c’est un appel à l’Amour. Le Christ qui n’est pas aimé demande aux hommes de l’aimer. Ce qui peine le plus le Cœur du Christ c’est que les hommes ne répondent pas. Quand le Christ sur la Croix dit : « J’ai soif ! », naturellement il est complètement déshydraté par le supplice du fouet qu’il a subi et le sang qu’il a perdu, il est comme un papier desséché, un papier buvard desséché… mais en même temps, c’est aussi un mot symbolique : le Christ a soif de notre amour et notre amour ne lui est pas donné. Notre amour rafraichît, en quelque sorte, le Christ. Quand nous entrons dans cette logique, nous aimons le Christ, nous rendons au Christ amour pour amour, et à ce moment-là le Christ nous envoie l’Esprit Saint et de notre cœur coulent vers le monde des fleuves d’eau vive. Le résultat est que quand on a compris ce mouvement très simple, on est au cœur même de la foi chrétienne. Le Pape Léon XII disait que le culte du Cœur de Jésus était la forme de religion la plus estimable. C’est-à-dire que quand on est là on est au cœur même de la foi. Et le Pape Pie XI déclarait que le culte du Cœur de Jésus était la synthèse de toute la religion. On est au centre, en quelque sorte, des choses, dès que nous parlons du Cœur de Jésus.
Avant d’aller plus loin, il faut que je reprenne la logique de l’encyclique parce que le Pape a voulu fixer théologiquement le culte du Cœur de Jésus. Il a voulu l’affermir théologiquement. Quand nous parlons du culte du Cœur de Jésus, de quoi parlons-nous ? Il est très important de comprendre cela : nous parlons d’une personne qui s’appelle Jésus-Christ, qui est une personne. Une personne est un être uni, cohérent, unique, absolument unique. Et en même temps une personne humaine est composée d’éléments divers. Par exemple notre corps est composé d’éléments divers : nous avons nos mains, nous avons nos pieds, certains d’entre nous ont des cheveux… Mais il n’y a pas que le corps. Il y a aussi l’intérieur de notre être, c’est-à-dire nos capacités de connaissance : je l’appelle notre intelligence ; et notre décision sur l’action, qu’on appelle la volonté, et la volonté qui est orientée vers l’Amour. Nous sommes des êtres unis, mais composés. Et composés dans un Tout, qui est un tout harmonieux et solide. Le Christ est une personne comme nous, un être absolument unique, et parfaitement cohérent, parfaitement construit. Mais, à notre différence à nous qui ne sommes que des hommes, le Christ est une personne humano-divine. Il a les deux natures de façon complète et plénière : il a la nature divine, il est vraiment le Verbe de Dieu, seconde personne de la Trinité, et son humanité ne réduit pas le Verbe de Dieu. Mais en même temps il est absolument Homme. Il est totalement Homme. Et sa divinité ne réduit pas son humanité. Les deux natures sont plénières. On a dit d’ailleurs que personne n’a été plus homme que le Christ. Il a épousé l’humanité, et non seulement il l’a épousée mais il a exploré l’humanité, il a exploré tous les sentiments du cœur humain, il a été très profondément dans l’humanité.
Le Cœur de Jésus, c’est évidemment son cœur de chair, ce cœur qui bat dans sa poitrine, qui a été percé sur la Croix, comme nous tous avons un cœur que nous sentons battre. Mais vous savez aussi que le cœur est un symbole. Le cœur est le symbole du mystère et de l’amour. Quand nous parlons du Cœur de Jésus nous ne parlons pas d’abord prioritairement de son cœur de chair, mais nous parlons aussi des sentiments qui ont habités chez lui. Et les sentiments qui ont habité chez lui sont de deux ordres : il y a les sentiments normaux d’un être humain, les émotions. Par exemple quand on est amoureux le cœur fait « boum boum » ; quand on a peur, le cœur fait « boum boum » aussi. Et il y a aussi la Volonté, cette partie noble de nous-mêmes qui peut être habitée par l’Esprit Saint et qui s’oriente vers l’amour. Quand nous parlons du Cœur de Jésus nous ne parlons pas tellement du cœur de chair qui n’est qu’un symbole, mais nous parlons des sentiments normaux de Son cœur : la tendresse, la joie, la gentillesse, l’affection, la peur, le dégoût, l’impatience, l’amour pour le Père… toutes ces choses-là qui sont dans sa sensibilité et aussi dans son intelligence, l’Intelligence de Jésus, la Volonté de Jésus, la plus noble partie de l’être humain de Jésus qui s’oriente vers le Père. Cela, c’est du côté humain. Mais il est Dieu. Donc nous parlons aussi de l’Amour Divin qui habite Jésus. C’est-à-dire que en Jésus, dit l’encyclique, il y a un triple amour : l’amour divin, puisque la divinité du Verbe n’est pas réduite dans l’humanité de Jésus, et il y a l’amour de sa Volonté avec les sentiments de son Cœur. Je dis cela de façon extrêmement simplifiée, mais ce qu’il faut retenir, comme le dit le Pape Léon XIII cité par le Pape Pie XII, « Il y a dans le Sacré Cœur de Jésus un symbole et une image clairs de l’Amour infini de Jésus-Christ, Amour qui nous pousse à nous aimer les uns les autres. » Ce que je vous ai dit est peut-être un peu compliqué. Mais ce n’est pas moi, c’est le Pape qui est compliqué, je n’y peux rien… On ne corrige pas un Pape. Ce que je voudrais bien vous faire comprendre — écoutez bien parce que c’est important de le comprendre et vous allez le comprendre très bien : nous sommes faits pour l’Amour, vous et moi. Tout notre être est fait pour l’Amour. Il n’y a pas de parties de notre être qui ne soient pas faites pour l’Amour. Notre corps est fait pour aimer et être aimé. On le voit très bien avec un bébé, par exemple : si vous n’aimez pas un petit bébé, il meurt. Le petit bébé n’est pas nourri que de lait. Il est nourri de l’affection d’une maman et d’un papa. Notre corps est donc fait pour être aimé et pour aimer. Notre sensibilité qui est liée à notre corps, est faite pour aimer et être aimée. Notre volonté profonde, le secret de notre cœur est fait pour aimer et être aimé. Est-ce que vous comprenez ?… Nous sommes des êtres d’amour, on est fait pour ça, et souvent on ne le sait pas, on l’oublie, ce qui fait que l’on dérive de façon spectaculaire, surtout aujourd’hui… mais en réalité nous sommes faits pour cela. Un amour qui soit bien placé et qui soit juste. C’est exactement pareil en Jésus-Christ qui est l’Amour même : tout l’être de Jésus symbolisé par son Cœur est un être d’amour. C’est pour cela que cette phrase de Léon XII que je relis est très juste : « Il y a dans le Sacré Cœur de Jésus un symbole et une image »… Si vous ne retenez de la première partie de cet enseignement qu’une seule chose, retenez ce que je vous dis maintenant : « Il y a dans le Sacré Cœur de Jésus un symbole et une image clairs de l’Amour infini de Jésus-Christ, amour qui nous pousse à nous aimer les uns les autres ». C’est l’image et le symbole de l’Amour. Un amour qui est un amour miséricordieux, comme le dit très bien le Pape. Un amour lié à ce Cœur de Jésus percé, à ce Cœur de Jésus qui s’est donné entièrement pour sauver les hommes. Tout l’être de Jésus se retrouve dans son Cœur et le Cœur de Jésus a palpité d’amour toute sa vie. Il est avec tous les sentiments en parfait accord les uns avec les autres dans un être qui était très cohérent, très harmonieux, et qui n’était qu’amour. Ce n’est pas la peine que je vous lise les phrases du Pape, surtout que certaines sont un peu compliquées, mais c’est très beau… Cet Amour qu’il y a dans le Cœur de Jésus, qui imbibe le Cœur de Jésus, va le pousser à se donner entièrement. « Il n’y a pas de plus grand amour » dit Jésus à ses Apôtres en célébrant la Cène, « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » ou pour ceux qu’on aime. Comment le Christ va-t-il se donner ? Il va aller jusqu’au bout du don. Il va aller à la mort sur la Croix, qui est une mort cruelle et douloureuse et il va donner la totalité de son corps, la totalité de ses sentiments, la totalité de son être par ce sacrifice. Il n’y a pas une cellule du corps de Jésus, il n’y a pas un recoin de sa psychologie, il n’y a pas une partie de son âme qui n’ait été donné pour nous, par bonté et par amour pour nous. Ce don est complet et absolu. Il se traduit par la mort de Jésus et sa Résurrection glorieuse car la Croix ne se comprend que par la Résurrection. La Résurrection est vraiment l’acte de la joie et de la vie. C’est quand on regarde Jésus ressuscité, comme les Apôtres, comme les Saintes femmes, comme Marie, qu’on est pris par une espèce de tourmente de joie et de bonheur. La mort de Jésus se continue par le don de la vie qui nous est donné au moment de la Résurrection de Jésus et qui va se continuer par le don de l’Esprit à la Pentecôte. Tout cela est rappelé, est rendu actuel — écoutez bien cela — chaque fois que nous célébrons l’Eucharistie. L’Eucharistie est le mémorial de la mort et de la Résurrection de Jésus.
Je fais un tout petit cours que peut-être on vous a déjà fait, et qui peut revenir dans ce congrès… Est-ce que vous faites bien la différence entre un souvenir et un mémorial ? Que ceux qui font bien la différence lèvent le doigt… Très bien. Alors je vais continuer pour les autres, d’accord ? Quand Jésus célèbre l’Eucharistie, il dit aux Apôtres : « Faites ceci en mémoire de moi ». Il aurait pu dire, mais il ne le dit pas : « Faites ceci en souvenir de moi ». Le mot qu’il utilise est un mot très précis. Quelle est la différence ? Vous et moi, nous avons des souvenirs que nous fêtons d’ailleurs quelques fois. Le souvenir de votre naissance vous le fêtez le jour de votre anniversaire. Vous fêtez peut-être, j’espère, le souvenir de votre anniversaire de mariage. Les Sœurs fêtent l’anniversaire de leur grand Vœu. Un prêtre se rappelle de l’anniversaire de son ordination sacerdotale et ainsi de suite. Un souvenir est quelque chose qui a eu lieu une fois, cela ne se répète pas. On s’en rappelle mais cela ne se répète pas. Vous êtes né une fois, vous vous en rappelez, c’est fait, non ? Jusque-là vous suivez ?… Le mémorial est absolument différent : il a eu lieu une fois, en effet, dans l’histoire des hommes à un moment précis, mais nous pouvons le rendre absolument présent aujourd’hui. Ou à l’inverse, nous pouvons à travers le temps et l’espace nous rendre présent au mémorial. Exemple : les Juifs pieux célèbrent tous les ans la Fête des Tentes. À Jérusalem, dans les quartiers où se concentrent les Juifs pieux, une fois par an, ils sortent des maisons, ils n’ont pas le droit d’y rentrer, et pendant une semaine ils vivent sous des huttes de branchages. Ils ne rentrent donc pas dans les maisons. Qu’est-ce que cela veut dire ? Ils rappellent, alors écoutez bien cela, ils rappellent sous la forme d’un mémorial la fuite des Hébreux depuis l’Égypte et tout leur passage dans le désert avant d’arriver dans la Terre sainte, dans la Terre promise. Ce n’est pas un souvenir, ils ne font pas le souvenir des quarante ans que leurs ancêtres avaient passés dans le désert. C’est un mémorial, c’est-à-dire que invisiblement ils y sont transportés. C’est comme si invisiblement ils étaient avec leurs ancêtres, ou réciproquement c’est comme si leurs ancêtres invisiblement étaient présents à ce qu’ils font. Eh bien l’Eucharistie est un mémorial, c’est-à-dire que chaque fois que nous célébrons l’Eucharistie « faites ceci en mémoire de moi » — rappelez-vous les paroles de Jésus redites à la consécration — nous traversons le temps, nous traversons l’espace, et c’est comme si vous et moi sur un registre différent nous étions présents le soir de la Cène quand Jésus célèbre la Pâque. Et la Pâque de Jésus concentre, en quelque sorte, tout le Mystère pascal, en tout cas la Cène concentre tout le Mystère pascal, ce qui veut dire que quand nous célébrons l’Eucharistie nous célébrons la mort de Jésus et nous célébrons aussi sa Résurrection. Mais on ne la refait pas, cela a eu lieu une fois. C’est comme si nous étions présents. Ou à l’inverse, on peut le dire de façon tout à fait inversée mais c’est la même chose : Jésus est présent, là, au milieu de nous. Est-ce que vous comprenez cela ? Et c’est cela qui est prodigieux à la messe. C’est prodigieux parce qu’une seule fois un sacrifice parfait a été célébré, par un prêtre parfait qui est Jésus, sur un autel parfait qui est l’autel de son corps, une seule fois dans l’histoire de l’humanité un acte absolument parfait a été fait par un être qui était à la fois un homme et un dieu. C’est toute l’Épître aux Hébreux. Si vous voulez approfondir ce que je dis, relisez simplement l’Épître aux Hébreux qui explique cela très bien. Une fois cela a été fait, mais chaque fois que nous célébrons la messe nous sommes unis à Jésus. Et, entre parenthèses, c’est pour cela que le prêtre célèbre in personna Christi, dans la Personne du Christ : cela veut dire que quand nous disons « ceci est mon corps » et« ceci est mon sang » ce n’est pas le prêtre qui le dit, c’est le Christ qui le dit à travers la bouche du prêtre. C’est très impressionnant de penser cela. Parce que toute la spiritualité sacerdotale part de là. C’est vous dire l’importance de l’Eucharistie comme mémorial. Et quand nous adorons l’Hostie, l’hostie est le prolongement en quelque sorte de la célébration eucharistique. C’est-à-dire que le corps de Jésus présent dans l’hostie, c’est ce corps qui est né de Marie, ce corps qui a souffert à la Passion, ce corps qui est mort et c’est ce corps qui est ressuscité. C’est donc le corps de Jésus mort et ressuscité que nous avons là devant nous. Et c’est ce Jésus qui est là dans l’Eucharistie qui nous dit qu’il n’est qu’Amour, qu’il a tout donné aux hommes, et que de la plupart il ne reçoit que des ingratitudes et des irrévérences et qui dit à Marguerite-Marie : « Mais toi du moins veux-tu me faire ce plaisir de suppléer à… ? ». C’est pour cela que l’Encyclique Haurietis aquas a un passage sur l’Eucharistie qui n’est pas très long et que je vais vous lire, parce que c’est la continuation même, la mise en application du culte du Cœur de Jésus, la contemplation de l’Eucharistie. Voilà ce que dit le Pape Pie XII :
« Qui pourrait décrire dignement les sentiments dont était imprégné le Cœur Divin (de Jésus), indice de son Amour infini, au moment où il se donnait lui-même aux hommes dans le Sacrement de l’eucharistie où il leur donnait sa Mère très sainte et nous faisait participer à la charge sacerdotale. Avant de partager la dernière Cène avec ses disciples, le Christ notre Seigneur qui savait qu’il devait instituer le sacrement de son Corps et de son Sang, par l’effusion duquel une Nouvelle Alliance devait être scellée, sentit son Cœur s’animer de sentiments ardents qu’il exprima à ses Apôtres par ces paroles : « J’ai ardemment désiré manger cette Pâque avec vous avant de souffrir ». Ses sentiments ont sans doute été plus ardents encore lorsqu’il prit du pain et après avoir rendu grâce il le rompit et le leur donna en disant : « Ceci est mon corps donné pour vous, faites ceci en mémoire de moi ». Et pareillement pour la coupe après qu’ils eurent soupé en disant : « Cette coupe est la Nouvelle Alliance en mon Sang répandu pour vous ». On peut donc affirmer que la Divine Eucharistie en tant que sacrement par lequel il se donne aux hommes et sacrifie, et pour lesquels ils s’immolent perpétuellement, ainsi que le sacerdoce, sont des dons du Cœur très Sacré de Jésus. »
Je pense que vous avez compris… Jésus est réellement présent dans l’Hostie. Il nous unis tous les jours quand nous célébrons l’Eucharistie de vous et nous [i], et qu’on l’adore dans le Saint-Sacrement à sa Passion et à sa Résurrection. Il envoie l’Esprit Saint sur ceux qui le regardent et sur ceux qui le prient. La grande douleur du Cœur de Jésus, comme il le disait à Marguerite-Marie, c’est justement de ne pas être aimé, et donc, du coup, la grande joie de Jésus c’est d’être aimé dans l’Eucharistie. Parce qu’il ne faut pas s’arrêter à la plainte. Quand on a de grandes douleurs, quelque part, quand elles sont compensées, on a de grandes joies. Si nous aimons Jésus, nous suppléons, nous compensons, nous remplaçons ceux qui ne l’aiment pas et donc nous donnons au Cœur de Jésus une joie vraiment extraordinaire. C’est très beau. Le Pape dit que Marguerite-Marie n’a rien apporté de nouveau à la doctrine catholique mais elle a permis de préciser, d’une certaine façon, toute la doctrine de l’Église catholique et en particulier cet amour de l’Eucharistie. Le Pape, dans la dernière partie de son encyclique, rappelle une phrase de Léon XIII : « L’acte d’Amour suprême par lequel notre Rédempteur, répandant toutes les richesses de son Cœur afin de demeurer avec nous jusqu’à la fin des siècles, institua l’adorable Sacrement de l’Eucharistie ». Vous voyez ?… Il dit que ce n’est pas une part minime de son Cœur qu’il a tiré de l’Eucharistie. L’Eucharistie est vraiment le Sacrement de la grande Charité de Jésus pour les hommes. Ça va ? Vous êtes encore là ? Vous ne sortez pas parce qu’il pleut, hein… Il est possible que dans ce que je vous ai dit là il y ait des choses un peu complexes pour certains. Ne vous cassez pas la tête, balayez cela, quand vous sortirez de la tente, que vous aurez un temps d’Adoration, dites-vous simplement : « Qu’est-ce que je retiens ? ». Dans un enseignement il y a toujours quelque chose à retenir. Dites-vous : « Qu’est-ce qui m’a touché le plus dans ce que j’ai entendu là ? », et laissez le reste. C’est par là que Dieu veut vous parler.
Maintenant, je passe à la deuxième partie de cet enseignement. Puisque nous parlons des papes et du Cœur de Jésus, je voudrais vous parlez de saint Jean XXIII qui a énormément aimé le Cœur de Jésus. D’ailleurs, peu après son ordination sacerdotale, il est venu ici en pèlerinage à Paray-le-Monial, et il y est revenu ensuite trois fois étant Nonce, dont une fois plus solennelle que nous avons commémorée par une plaque qui est à l’entrée du Parc des Chapelains. Vous savez que Jean XXIII n’a pas écrit de document particulier ni sur l’Eucharistie, ni sur le Cœur de Jésus, en tout cas pas de document exceptionnellement solennel. Mais il a écrit un journal qu’on a retrouvé après sa mort, qu’on appelle « Le journal de l’âme ». Ce journal est le compte-rendu des retraites qu’il a faites dans sa vie, et il se livre en quelque sorte à lui-même, il écrit pour lui-même les sentiments de son cœur. C’est très touchant parce qu’on voit un homme qui est habité par l’amour du Cœur de Jésus. Je vais vous lire quelques passages et j’en ferai un commentaire tout simple.
Je vais partir des passages sur le Sacré Cœur et je dériverai après vers des passages qui concernent le Saint Sacrement. Vous allez voir c’est très lié chez lui. Le premier passage que nous ayons, chronologiquement, est une retraite qu’il a faite quand il était séminariste à Rome, au séminaire romain. Il dit ceci : « Pour me préserver du péché, et ne pas me laisser courir trop loin de Lui (de Dieu), Dieu s’est servie de la dévotion au Saint Sacrement et au Sacré Cœur de Jésus. » Vous trouvez les deux unis. « Cette dévotion devrait être toujours l’élément le plus efficace de mon progrès spirituel. Je m’efforcerai de la pratiquer de telle manière que mon amour et ma tendresse pour le Divin Cœur de Jésus présent dans le Saint Sacrement vivifie tout mon être, mes pensées, mes paroles, mes actions et se manifeste dans tous mes actes. Donc union la plus possible avec Jésus, comme si ma vie devait se passer entièrement devant le Tabernacle. ». Vous ne trouvez pas cela fort ? C’est puissant comme texte. Là il a vingt ans. Il dit : « …comme si toute ma vie devait se passer devant le Saint Sacrement ». Il n’était pas appelé à une vocation contemplative. Je crois qu’il s’est posé la question à un moment donné… Il était appelé à une vocation de prêtre diocésain. D’ailleurs qui ne s’est pas du tout déroulé comme il le pensait… Mais, ce qui était important pour lui, c’était d’être uni au Cœur de Jésus et son union avec le Cœur de Jésus était liée à son union à l’Eucharistie.
Alors, un peu de temps se passe, il est toujours au séminaire, mais un peu plus âgé. Il fait une autre retraite et il dit ceci : « Aujourd’hui, tout ce qui regarde le Sacré Cœur de Jésus me devient familier et doublement cher. » Il avait vraiment intégré à l’intérieur de sa vie tout ce qui concernait le Cœur de Jésus. D’ailleurs je crois qu’il a fait partie d’une société de prêtres dédiée au Cœur de Jésus. « Il me semble que ma vie est destinée à se dérouler à la lumière qui rayonne du Tabernacle et que je dois trouver dans le Cœur de Jésus la solution de toutes mes difficultés. Il me semble que je serais prêt à donner mon sang pour le triomphe du Sacré Cœur. Mon désir le plus ardent est de pouvoir faire quelque chose pour ce cher objet de mon amour. » C’est-à-dire, c’est Jésus. Il était prêt à donner sa vie pour Jésus. Et il aurait voulu en quelque sorte faire comme sainte Marguerite-Marie qu’il cite, à qui Jésus disait : « Je t’ai choisie pour révéler les merveilles de mon Cœur parce que tu es un abîme d’ignorance et de misère. » Et ça l’a encouragé beaucoup d’entendre cela. Parce qu’il se disait : « Si le Christ a dit cela à Marguerite-Marie et si elle est sainte, alors, moi qui suis un abîme d’ignorance et de misère, après tout, je peux devenir saint moi aussi. » Et donc il disait : « Je veux servir le Sacré Cœur de Jésus aujourd’hui et à jamais. Je veux que ma dévotion au Cœur caché dans le Sacrement d’Amour soit le thermomètre de tout mon progrès spirituel. L’essentiel de mes résolutions de cette retraite consiste à vouloir faire tout ce que j’ai noté jusqu’ici, en union intime avec le Sacré Cœur de Jésus dans le Saint Sacrement. » Il disait qu’il voulait être littéralement anéanti dans le Cœur de Jésus. Alors c’est très beau, vous voyez, de mettre son cœur dans le Cœur de Jésus. De mettre notre petit cœur, notre cœur blessé, fripé, pécheur, pas toujours propre… de le mettre dans le Cœur même de Jésus. Ce qui est incroyable c’est que c’est possible. Il y a des saints auxquels le Seigneur l’a fait physiquement et c’est un symbole pour nous. Cela veut dire que simplement nous les hommes, nous les pauvres chrétiens qui sommes là sous cette tente, en commençant par moi, qui sommes des hommes tellement limités et tellement pauvres… Il est possible en réalité que nous placions notre cœur à l’intérieur même du Cœur de Jésus et que le Cœur de Jésus batte à l’intérieur de nous.
Ensuite, troisième passage, là nous sommes en 1907, et Monseigneur XXIII, qui n’est pas encore Monseigneur d’ailleurs, l’abbé XXIII… L’Abbé XXIII ! L’abbé Roncalli ! — Seigneur, qu’est-ce que je raconte ?… — L’abbé Roncalli ! — n’importe quoi… on devrait créer une confrérie de gens qui s’appelleraient les historiens pour vérifier… — (Rire de l’assemblée). L’abbé Roncalli est devenu secrétaire de l’évêque de Bergame, qui s’appelle Radini-Tedeschi. Ce n’était absolument pas ce qu’il avait prévu, cela… Il fait une retraite et il dit ceci… D’abord il s’aperçoit que sa vie n’est pas du tout comme ce qu’il avait programmé… Mais il dit ceci : « Au cours de cette retraite j’ai éprouvé un grand élan pour la dévotion au Saint Sacrement et au Sacré Cœur de Jésus. Cette dévotion a été tout pour moi. Maintenant que je suis prêtre je dois être tout pour elle. Le Tasse, » qui est un grand écrivain italien, « disait : « De l’âme éprise de Dieu, elle va avec Lui, elle vient avec Lui, est toujours avec Lui. » Voilà comment doit être ma vie : toute tournée devant le Saint Sacrement. La dévotion au Saint Sacrement et au Sacré Cœur doit inspirer toute ma vie, mes pensées, mes sentiments, mes actions… en sorte que je ne vive que pour elle et en elle. » Vous voyez, c’est beau ! Il veut vraiment être uni à Jésus par son Sacré Cœur, dans l’Eucharistie. La retraite suivante est beaucoup plus tard, en 1931, en Turquie. À l’époque il est nonce en Bulgarie et en Turquie. 1931 n’est pas une période facile. Il s’isole pour faire une retraite pendant l’octave de la Fête du Sacré Cœur et il dit ceci : « Comme elle me plaît, la pensée de saint Augustin qui appelle le Cœur de Jésus “la porte de la vie“. « C’est magnifique : le Coeur de Jésus est la porte de la vie. « On trouve parfois que dans le développement de la dévotion au Sacré Cœur au cours des dernières années, on a été aux limites de l’exagération… » Il y a eu des excès, cela ne fait aucun doute, dont on a beaucoup souffert après. « Mais si le Cœur de Jésus est vraiment la porte il n’y a rien de trop exagéré. Il faut passer par là à tout prix pour entrer et pour sortir et moi je veux passer par là. Une autre pensée me donne grande confiance. Elle est de saint Bernard, dans l’Office du Sacré Cœur : « Où notre faiblesse trouve-t-elle la sécurité et le repos sinon dans les plaies du Seigneur ? L’univers chancelle, le corps pèse de tout son poids, le Diable tend ses pièges, je ne tombe pas car je suis campé sur un roc solide, j’ai commis quelque péché grave, ma conscience se trouble, mais ne perd pas courage puisque je me souviens des plaies du Seigneur. Le secret de son Cœur paraît à nu dans les plaies de son corps. » Vous voyez cet amour du Cœur de Jésus, en Bulgarie, là, montre vraiment sa confiance dans l’amour de Jésus, dans son Cœur.
La dernière retraite en Turquie, dans laquelle il parle du Cœur de Jésus, s’est passée en 1937, avant la guerre. Il dit ceci : « Je veux être un homme de l’Eucharistie (vir eucharisticus), je veux l’être vraiment ». Il explique qu’il a une vie difficile, parce que comme nonce il est très occupé, et il n’a à lui que deux heures de tranquillité par jour, entre 22h et 24h. C’est donc à ce moment là qu’il veut être, en quelque sorte, uni au Cœur de Jésus. Ensuite il a été nonce en France et a continué à faire des retraites dans lesquelles il parle aussi du Cœur de Jésus, de cet amour du Cœur de Jésus et de ce que cela lui a donné dans la vie. C’est très beau. On sent qu’il y est extrêmement attaché. Je ne veux pas rentrer dans les détails par rapport à Jean XXIII aujourd’hui, parce que tout à l’heure en relisant ces textes pour préparer cet enseignement, ce qui m’a touché à travers ces textes c’est le cœur de cet homme, Jean XXIII. Parce que je trouve qu’il nous livre son cœur. Ce sont des notes de retraite, donc ce ne sont pas des enseignements. Dans des notes de retraite qui ne sont que pour soi, on peut parler de soi, il faut parler de soi, il faut aller jusqu’au bout de ce qu’on peut dire. Il n’avait pas du tout écrit cela pour que ce soit publié, il n’a pas pensé un instant qu’il serait pape. D’ailleurs, quand il est à Paris, c’est assez drôle… il dit qu’il est indifférent à toute forme d’avancement ou d’honneur. Alors, du coup, comme il était indifférent, Dieu s’en est servi et l’a fait Pape. Il ne s’en ait pas glorifié, vous voyez. Ce qu’il y a de très beau dans le témoignage de Jean XXIII c’est précisément le cœur de cet homme. Et je trouve que c’est très intéressant de citer ces deux papes, Pie XII et Jean XXIII, l’un après l’autre. Parce que Pie XII est un intellectuel, il donne un texte très beau et très fort, il se livre à travers ce texte qui suit une continuité remarquablement bien faite. Jean XXIII c’est tout à fait différent : il ne fait pas d’enseignement, il livre son cœur, il donne son cœur, il expose son cœur à lui-même, mais mystérieusement à nous aussi. Dont nous bénéficions, nous qui sommes sous cette tente, là, ce soir. De ce cœur de cet homme qui était un homme bon, qui est devenu un saint, qui ne se prenait pas pour un aigle, qui ne passait pas pour un aigle. C’est un homme qui n’a pas été estimé. Quand il était nonce en Turquie on ne pensait pas que c’était un modèle. On l’a envoyé en France parce que la situation était très difficile, en 1944, et on pensait qu’il allait arranger les affaires en urgence, ce que d’ailleurs il a fait… Le nonce en France est automatiquement nommé cardinal… il est devenu cardinal… Comme il fallait en faire quelque chose on l’a mis sur le siège de Venise, mais il ne passait pas pour un génie. Et voilà qu’il est devenu pape et qu’il a changé le cours de l’Histoire. Pourquoi ? Parce que c’était un cœur pur. C’était un petit, c’était un cœur pur, c’était un homme bon. Et cette bonté, il l’a puisée où ? Pas dans son intelligence. Ce n’est pas qu’il était sot, c’était un homme très cultivé. Mais il a puisé, tout simplement, dans l’amour du Cœur de Jésus, qu’il contemplait dans l’Eucharistie. Il a aspiré, en quelque sorte, l’amour du Cœur de Jésus qui venait à l’intérieur de son propre cœur. Ça va ? Vous voyez, donc, c’est beau de voir ces deux papes l’un après l’autre, très différent l’un de l’autre, et qui pourtant nous parle de l’Amour de Dieu.
Je vais terminer en nous lisant une prière de Jean XXIII. Une prière à Jésus dans le mystère de l’Eucharistie. Il l’a probablement écrite assez tard, probablement même étant pape :
« Ô Jésus, voyez la prière qui s’élève plus intense et émue en ce jour de chaque autel et de chaque cœur de chrétien », (c’était la fête Dieu, la fête du Saint Sacrement), « Ô Jésus, regardez-nous de votre Sacrement tel que vous invoque le docteur angélique saint Thomas et avec lui la sainte Église. Ô Jésus Bon Pasteur, voici votre troupeau, le troupeau que vous avez rassemblé des quatre coins de la Terre, le troupeau qui écoute votre parole de vie et se propose de la garder et de la mettre en pratique, de la répandre, c’est le troupeau qui vous suit docilement, Ô Jésus, et qui sera si heureux de voir » (au Concile œcuménique qu’on allait réunir juste après) « le reflet de votre aimable visage, sur celui de votre Église, la Mère commune qui ouvre à tous ses bras et son cœur et qui avec émotion et confiance attend tous ses évêques » (là on voit bien qu’il a rédigé étant Pape) « Ô Jésus, Nourriture substantielle des âmes, ce peuple immense accourt vers vous, il veut répondre à sa vocation humaine et chrétienne avec une nouvelle ardeur, une nouvelle vie intérieure, disposé au sacrifice dont vous avez donné en paroles et en actes un exemple inimitable. Vous avez précédé chacun de nous Christ Jésus, qui êtes notre Frère aîné, vous avez pardonné les fautes de chacun, tous et chacun vous nous appelez à donner le témoignage d’une vie plus noble, plus convaincue, plus active. Ô Jésus, vrai Pain, unique et seule nourriture substantielle des âmes, rassemblez tous les peuples autour de votre table, elle est une divine réalité sur la Terre, un gage de faveur céleste, la garantie de bonne entente dans la justice entre les peuples et de pacifique compréhension pour le véritable progrès de la civilisation. Nourris pas vous et de vous, Ô Jésus, les hommes seront forts dans la foi, joyeux dans l’espérance, actifs dans les multiples applications de la charité. Les volontés sauront résister aux assauts du Mal, aux tentations de l’égoïsme, à la lassitude et à la paresse. Et aux yeux des hommes droits et craignant Dieu, apparaîtra la vison de la Terre des Vivants dont le cheminement de l’Église militante veut être l’image en faisant retentir dans le monde entier les premiers échos mystérieux et ineffables de la Cité de Dieu. Oui, Ô Jésus, soyez notre pasteur et notre protecteur, faites-nous connaître le bonheur dans la Terre des Vivants. Amen. Alleluia. »
Je relis cette dernière phrase, frères et sœurs, qui est tellement belle : « Oui, Ô Jésus, soyez notre pasteur et notre protecteur, faites-nous connaître le bonheur dans la Terre des Vivants. Amen. Alleluia. »
Père Bernard Peyrous
[i] L’assemblée et les prêtres.
Retranscription effectuée pour La Vaillante
par le podcast de réécoute de Radio Notre-Dame
Illustration & photographies :
Sanctuaire de Paray-le-Monial
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La France & le Sacré Cœur