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La liberté, renforcée et purifiée par la grâce, rend possible de faire des blessures et des échardes de notre vie un chemin de joie

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         L’Année Paulinienne a donné à l’Église l’opportunité de méditer sur la vie et l’œuvre de l’un de ses plus grands saints. Les fruits de l’activité apostolique de saint Paul sont bien connus. Mais qu’est-ce qui a fait de cet homme un instrument si efficace entre les mains de Dieu ? Quelle était la raison de sa sainteté ? En guise de réponse, je propose un épisode rapporté par saint Paul lui-même, vers la fin de sa seconde lettre aux Corinthiens. Il dit qu’il était importuné par une "écharde", et qu’il a supplié le Seigneur par trois fois de la lui ôter. Nous ne savons pas de quelle écharde il pouvait s’agir, et en fait, cela n’a guère d’importance. Cependant, de l’ardeur de sa prière, nous pouvons présumer que cette matière affectait profondément Paul. Peut-être pensait-il qu’il pourrait être un apôtre plus efficace sans cette écharde. 

         « Vos chemins ne sont pas mes chemins », dit le Seigneur au prophète Isaïe (55,8). Dans le prolongement, Jésus précise ces paroles de l’ancienne alliance pour Paul : « Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. » (2 Co 12,9). Je crois que nous trouvons, dans ce passage, le secret de la sainteté de saint Paul. Dans l’expérience de sa souffrance, saint Paul comprend davantage la sagesse et la providence de Dieu. Assumant cet avertissement du Christ, saint Paul écrit alors des mots débordants de force et de consolation : « Quand je suis faible, c’est alors que je suis fort. » (2 Co 12,10). Il n’y avait pas d’autre voie de sanctification pour l’apôtre ; il en ira de même pour chacun de nous.

         Le Cardinal Newman disait que nous comprendrions toujours davantage la Croix du Christ en la portant à Sa suite, bien plutôt qu’en glosant à son sujet. L’épouse de Jésus, l’Église, le sait très bien dans son être propre et au travers de l’expérience vécue par ses membres. De même que la Croix a uni les cieux et la terre, Elle unit le cœur des hommes au Sacré Cœur transpercé et blessé. Dans un amour tout maternel, l’Église offre la grâce, la miséricorde et la paix de son Sauveur crucifié et ressuscité à un monde déchu et éprouvé, à travers ses sacrements, son enseignement, et ses œuvres apostoliques. Courage est l’une d’entre elles. 

It takes great COURAGE.jpg         Courage a été fondée à New-York il y a environ trente ans pour aider les hommes et les femmes qui sont affligés par l’écharde de l’attirance vers le même sexe (SSA[1]). Encourage est l’œuvre au service de leurs familles. Aujourd’hui, ces services sont internationaux et sont soutenus par le Saint Siège. Les membres de Courage veulent parvenir non seulement à une chasteté extérieure conforme aux enseignements de l’Église Catholique, mais aussi à une chasteté intérieure, ou "chasteté du cœur", comme la désignait souvent son fondateur, le Père John Harvey, OSFS. La prière, la Messe et la Confession, une vie intégrée dans la communauté chrétienne, et le service des autres sont les moyens de parvenir à ce but. De plus, la paternité spirituelle d’un aumônier-prêtre d’un groupe local de Courage peut aider à panser une "blessure paternelle", particulièrement dans le cœur d’un homme. L’œuvre cherche à encourager une chaste amitié entre ses membres. Par-dessus tout, Courage désire aider les hommes et les femmes avec une SSA à devenir saints, en leur permettant de reconnaître la grâce de Dieu dans et au travers leur faiblesse humaine.

IMG-20150428-00578.jpg         Bien sûr, toute une partie du monde ne considère pas la condition de l’homosexualité comme une faiblesse, et moins encore comme une croix ou une voie de sainteté. Les émotions et la confusion rendent difficile, voire pénible, toute conversation sur ce sujet. Nous devons aussi dire que les jugements raides et la sévérité ne sont pas dans le ton de l’Évangile. L’attitude de tous les disciples du Maître qui approchent cette question peut être trouvée dans l’exemple de saint Paul en 2 Corinthiens 12. Une humilité, un esprit docile, et une volonté joyeuse de se confier à la providence de Dieu disposent le cœur à trouver de la force dans la faiblesse, et de s’adresser avec charité à ceux qui sont affligés par la faiblesse. Désirant suivre l’exemple du Seigneur, Courage veut toujours se situer par rapport aux personnes individuelles et à leurs besoins, plutôt qu’à l’idée de l’homosexualité considérée comme un thème culturel. Saint Paul appellerait cela entrer « dans la pensée du Christ » (1 Co 2,16). 

Clément Borioli & le Pape François.jpg         La question de l’attirance vers le même sexe est souvent irritante pour ceux qui l’éprouvent, et cela ne se surmonte pas facilement. La honte, la solitude, et un sentiment de désespoir sont les ennemis. Avec une abondante charité, le Catéchisme de l’Église Catholique reconnaît que ceux qui ont des tendances homosexuelles sont nombreux, et que cette inclination « constitue pour la plupart d’entre eux une épreuve. » (§2358) Bien souvent, les personnes avec une SSA éprouvent également des dépendances au sexe, à la drogue ou sont confrontées à l’abus d’alcool, à la dépression, l’anxiété ou d’autres maladies psychiques. Cela reste avéré même dans les lieux où la promiscuité sexuelle est largement tolérée. Les hommes et femmes avec une SSA – peut-être jusqu’à 40% d’entre eux – pourraient avoir été les victimes d’un abus sexuel dans leur enfance. (Il est bon de garder ceci présent à l’esprit quand un jeune s’affirme "gay"). Dans bien des cas, ils diront que, aussi loin que remontent leurs souvenirs, ils se sont "toujours sentis différents", ou qu’ils "n’ont pas choisi cela". Mais saint Paul propose un chemin pour traverser cela : « Nous savons que Dieu œuvre en tout pour le bien de ceux qui L’aiment » (Rm 8,28). En tout... en chaque écharde. 

         Continuons avec un peu d’histoire, pour définir les termes et les origines de la SSA avant d’en arriver aux questions spécifiquement morales. Le Professeur anglais R.V. Young, de l’état de Caroline du Nord, remarque qu’il faut attendre la fin du XIXème siècle pour que le mot "homosexualité" soit considéré comme un terme du langage permettant de désigner la condition permanente d’un groupe déterminé de personnes, appelées "homosexuelles". Dans le langage des Grecs et des Romains, et dans les Saintes Écritures, le vocabulaire utilisé désignait en revanche les actes ou le comportement. Young suggère que cette nouveauté permet aux partisans de la révolution sexuelle de contrôler les termes du discours en société. Alors qu’il est indéniable que nous soyons transformés par nos actes, nous devons également convenir que l’identité d’une personne ne peut pas être réduite à ses désirs sexuels. 

         Le mot "homosexuel" utilisé comme un nom est donc ambigu, et peu utile dans une discussion. Fait-il référence à un attrait involontaire, à un comportement choisi, ou à un ensemble de convictions ? Plus encore, les sciences de la psychologie indiquent qu’il y a un large spectre, parmi ceux qui sont attirés par des personnes du même sexe, en termes d’intensité de l’attrait sexuel. C’est pour cela que Courage, porté par la charité chrétienne et par une saine anthropologie, utilise la terminologie "d’hommes et de femmes ayant une attirance vers le même sexe". 

Amitié David & Jonathan Courage.jpg         Quelle est l’origine de l’attirance vers le même sexe ? D’abord, aucun constat scientifique n’établit l’existence d’un "gène gay". S’il y avait une explication génétique, alors dans le cas de vrais jumeaux, l’un ayant une attirance vers le même sexe, l’autre devrait également l’avoir. Or il est établi que l’occurrence simultanée de la SSA en de tels jumeaux (qui ont des gènes identiques) est très faible, peut-être seulement de 10%. De plus, les nombreux cas bien établis de changement dans l’attrait sexuel tendraient également à infirmer, pour la SSA, une cause génétique (et donc déterminée). Enfin, comme le chercheur Dale O’Leary l’a remarqué, une sexualité active, orientée vers le même sexe, est toujours stérile et donc ne peut pas être considérée comme une variance neutre au sein de la population humaine.

         Le Catéchisme de l’Église Catholique déclare précisément que la SSA est "objectivement désordonnée". (§2358) Ces mots peuvent résonner de manière fausse et libératrice tout à la fois. Ils sonnent faux, en tant qu’ils peuvent être perçus comme un jugement moral de la personne (ce qu’ils ne sont pas), plutôt qu’un jugement sur l’inclination considérée comme contraire à la nature humaine. Le désir de mentir est objectivement désordonné, de même que le désir de voler, de tricher, et de forniquer. Une fois mises en œuvre, ces inclinations iront toujours contre le bien de la personne tel qu’il peut être connu par la prima gratia, la loi morale naturelle, qui est imprimée dans le cœur et l’esprit de chacun (cf. Rm 2,15). Les mots du Catéchisme sont libérateurs précisément pour cette raison. Dans la personne qui a une SSA, quelque chose dit que ce désir ne s’accorde pas avec la nature, et la voix de l’Église confirme cet instinct.

         Revenons alors à la question de l’origine ou de la source du problème. L’attirance vers le même sexe est un désordre développemental qui est à la fois soignable et évitable. Il indique le développement incomplet d’un caractère probablement basé sur la convergence de plusieurs facteurs : le tempérament, l’environnement, l’expérience, et le libre arbitre. En d’autres mots, nous sommes nés mâle ou femelle, mais nous apprenons et croissons dans notre masculinité ou féminité au travers de la famille et des amis, des relations, et d’autres aspects de notre histoire personnelle et sociale. Ce qui compte dans chaque cas, c’est la manière dont la personne réagit face à ces facteurs. 

IMG-20150501-00621.jpg         Quelques circonstances sont récurrentes, lorsque l’on étudie les profils de nombreuses personnes avec une SSA : une famille éclatée ou troublée, une aliénation du parent du même sexe (par exemple, du père pour le garçon) ou même la perception d’un désintéressement, un échec de l’enfant à s’intégrer avec des pairs du même sexe (spécialement vrai pour les garçons), et un choc sexuel. Cela signifie que la SSA n’est pas d’abord un problème sexuel, mais un symptôme ou une composante d’un problème antécédent, c’est-à-dire un déficit dans l’identité au genre, et décelable en grande partie dans la manière dont quelqu’un réagit aux situations précédemment évoquées. Quelque chose qui aurait dû survenir dans le développement de l’enfant n’est pas survenu. En particulier, le désir naturel d’une relation saine avec des personnes du même sexe est frustré ou insatisfait. Quand cela s’ajoute à d’autres facteurs, particulièrement à un tempérament sensible, ce désir peut s’érotiser. 

         Ainsi, les sentiments de SSA ou d’"être différent", quelle que soit l’ancienneté avec laquelle ils sont perçus, ne constituent pas une preuve que quelqu’un est "né comme ça". 

         La conscience de ces choses nous aide à identifier les enfants qui pourraient être "à risques" et sensibles à une blessure émotionnelle. Parce que la fréquence des hommes avec une SSA est probablement au moins le double de celles des femmes avec une SSA, la relation entre pères et fils devra toujours mériter une considération spéciale. Le Dr Joseph Nicolosi, de l’Association Nationale de Recherche et de Thérapie de l’Homosexualité, parle d’une absence de "plaisirs partagés" dans l’enfance et l’adolescence d’hommes avec une SSA, du plaisir mutuel et régulier d’une activité ou d’une expérience partagée entre un garçon et son père, qui fait habituellement partie d’une enfance normale. Par exemple, beaucoup d’hommes avec une SSA ont un déficit de coordination main/œil et de ce fait ont été rejetés ou été sujets de dérision pour leurs pères ou pour les garçons du voisinage, parce qu’ils ne pouvaient pas jouer avec aisance à certains sports. Très simplement, si un garçon ne peut pas bien jouer au football, il y a beaucoup d’autres choses que lui et son père peuvent faire et apprécier ensemble... mais l’initiative doit venir du père. 

         Dans le même temps, une mère qui est trop engagée dans la vie de son fils, spécialement si elle rabaisse le père aux yeux du garçon ou essaie de faire de son fils un mari de substitution, nuira certainement au développement de la masculinité du garçon. 

         Le fait que l’Église Catholique enseigne que l’activité homosexuelle (distinguée de l’inclination) est gravement immorale est largement connu, mais peut-être pas aussi largement compris. Peut-être peut-il être expliqué de cette manière. Le philosophe moraliste J. Budziszewski écrit que, en tant qu’individus, nous sommes « bienheureusement incomplets », ce qui est une autre manière de dire que nous sommes faits pour les autres. Dans le cas de l’amour conjugal, l’union de l’homme et de la femme en « une seule chair » commence dans la complémentarité des sexes où, précisément, l’homme est fait pour la femme et la femme pour l’homme. Cette complémentarité est physique, bien sûr, mais aussi émotionnelle, psychologique, et spirituelle. Au travers de l’union totale des esprits, des cœurs, des âmes et des corps, les époux se transcendent d’abord eux-mêmes, et alors leur amour s’incarne – ou se transcende – dans un enfant. Tel est le dessein de la nature sur le mariage et l’amour sexué. 

         Il n’y a qu’un petit pas entre le fait de séparer la procréation du mariage et de séparer l’activité sexuelle du mariage, et qu’un petit pas supplémentaire pour séparer l’activité sexuelle du dessein de la nature. Le rejet très large de l’enseignement d’Humanae Vitae, qui exprime simplement l’ordre naturel pour l’amour sexué, explique l’ambivalence de nombreux catholiques envers l’enseignement de l’Église au sujet de l’activité homosexuelle ou des unions entre personnes du même sexe. 

Courage Amitié spirituelle .jpg         Ni nos gènes ni notre environnement ne nous contraignent à faire quoi que ce soit, et ici se fonde une raison d’espérer. Une fréquente tentation de colère, par exemple, ne signifie pas que quelqu’un doive y céder ou se la permettre. Saint Paul nous assure que « où le péché avait abondé, la grâce a surabondé » (Rm 5,20). La grâce, la persévérance, l’amour et l’aide d’un thérapeute guidé par une saine anthropologie chrétienne peuvent transformer les cœurs de ceux qui ont une SSA. Quand Jésus dit que « la vérité vous rendra libres » (Jn 8,31), Il n’exprime pas tant un principe théologique qu’un rappel de ce que signifie être humain. Nous avons besoin de reconnaître humblement la vérité, et nous avons besoin de la vertu de courage pour la vivre. La liberté, renforcée et purifiée par la grâce, rend possible, pour chacun d’entre nous, de faire des blessures et des échardes de notre vie un chemin de joie.

         De manière regrettable, bien des gens pensent que tout ce que l’Église Catholique offre aux hommes et aux femmes ayant une attirance vers le même sexe est le mot « non ». Ainsi qu’une bonne mère, comme une forme d’expression de son amour pour ses enfants, l’Église dit effectivement « non » à l’autodestruction et au plaisir menteur du péché. Mais ce « non » est inclus dans un « oui » plus large, un oui à Celui qui est Amour, et qui S’est donné Lui-même au Père et à nous sur la Croix. Le Seigneur a demandé à saint Paul de trouver la force dans sa faiblesse au travers du pouvoir de la Croix. La mission de Courage est d’exprimer ce même paradoxe de salut aux hommes et aux femmes ayant un attrait vers le même sexe, et de les encourager à croire en ce qu’ils voient dans la vie du Maître et de Ses apôtres.

 

Courage p. Paul N. Check.jpgP. Paul N. Check, prêtre du diocèse de Bridgeport,
directeur de 
Courage International

Source : Courage et la Croix : la question de l’attirance vers le même sexe sur couragefrance.blogspot.fr

site internet de Courage : www.couragerc.org

 



[1] Note du traducteur : l’expression "Same Sex Attraction" a été traduite par "attirance vers le même sexe" ; sa forme abrégée SSA a été conservée.

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