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  • Que pèse un homme dans l’art aujourd’hui ?

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    Quel rapport y a-t-il entre l’art et l’écologie humaine ? Le mouvement culturel de l’Écologie Humaine s’est construit ces dernières années sur l’expérience de l’accueil et la défense des plus faibles, et se caractérise par une approche pragmatique de la personne, prise dans sa globalité, corps et esprit. Pour mieux aborder ce que l’écologie humaine et l’art, à l’heure de l’art contemporain – peuvent trouver en commun, il importe qu’une définition des concepts d’art soit partagée. Ce point commun trouvera vie dans le choix qui est imparti à chaque artiste, en l’occurrence de ce qu’on est prêt à laisser parler en soi.

    Qu’est-ce que l’art à l’heure contemporaine ?

    L’art et la culture, ces dernières décades, ont été le champ d’expé-rimentation de la culture de la déconstruction la plus avant-gardiste, que nous voyons aujourd’hui à l’œuvre sur le terrain sociétal, avec la même approche abstraite et conceptuelle que la loi sur le mariage à laquelle nous sommes confrontés. Déconstruction d’autant plus forte en France, que subventionnée, et imposée par l’État.

    L’art occidental est aujourd’hui à l’image du consumérisme et de l’individualisme de masse. Il revendique d’être la totalité de l’art, il trouve sa raison d’être dans le détournement  de  la mission de l’art, qui était d’exprimer par la beauté, et l’évocation de la vérité, l’existence en toute créature d’une transcendance, d’une histoire sacréeà l’image du Dieu fait homme des chrétiens ; l’art se pare maintenant d’être son propre but, et son apparition se présente comme une véritable révé-lation. La création artistique contemporaine revendique le surnaturel pour elle-même, dans l’horizon indépassable de la matérialité. La recherche de l’absolu et des fins ultimes se cantonne alors au pôle de la mélancolie et de la mort.

    L’art contemporain parle alors par énigmes et nécessite une véritable initiation. Il est aussi le résultat d’une véritable atomisation du langage, dans le sens où la réalité profonde de l’homme se voit laissée à des visions subjectives et partielles. L’art contemporain dissocie très souvent les deux dimensions, qui réunies, forment la totalité de la personne humaine, à savoir la dimension corporelle, et sa réalité de vie spirituelle, sa dignité intrinsèque et sacrée : tantôt un art conceptuel qui évacue la présence du corps, aussi bien dans l’idée qui préside à la création – le concept -, que dans le processus créatif (la peinture, la sculpture, faites avec les mains sont devenues très suspectes, à moins d’avoir comme sujet leur propre anéantissement) ; tantôt un art qui ne désigne comme réel que ce qui est visible. Pourtant, le désir profond d’associer l’art à la recherche de la vérité existe toujours. L’art qui partage les mêmes fondations que l’écologie humaine s’appuie sur le réel ; l’art se doit, en effet, pour être véritablement art, de tenir compte de la composante charnelle et de la composante spirituelle. La frontière passe donc entre réalisme matérialiste et un irréel spiritualiste qui nient tous deux la valeur réelle de la vie humaine, et constituent à son égard une véritable violence.

    Qu’est-on prêt à laisser parler en soi ?

    L’art et l’écologie humaine existent et fonctionnent grâce à une particularité humaine fragile, qui est aussi une boussole remarquable : le don de s’émerveiller.

    Le lien qui existe entre l’écologie humaine et l’art, passe au milieu de chacun de nous-même, ce lien est particulièrement fragile face à la volonté de puissance à laquelle nous sommes tous, en nous-mêmes, confrontés : la faculté de s’émerveiller, qui, loin d’être le produit de l’intelligence intellectuelle, est liée à la vie intérieure de chaque homme, qui a le choix de l’enterrer à chaque instant, ou de fonder sa vie dessus, à chaque instant. L’émerveillement procède d’abord de la réception, de l’accueil de quelque chose permis par l’acceptation de sa propre faiblesse.

    L’émerveillement, c’est la surprise face à la vie qui survient, face à la grâce de vivre, face à la réalité du mystère d’être, à la dimension infinie et de la personne et qui mérite que je témoigne de cette expérience. Le rôle que je m’accorde est donc celui de témoin de ce que j’ai vécu de plus fort, c’est-à-dire recevoir et accepter en moi quelque chose de vivant et de plus grand que moi. J’ai retenu le choix de l’émerveillement pour fonder mon travail de peintre.  Cette compréhension de l’essence de l’inspiration artistique propose de rentrer dans une expérience de contemplation, de me mettre en face de ce qu’il y a à saisir, plus sûrement qu’avec mes seules capacités intellectuelles, de la réalité profonde de notre condition d’homme. C’est-à-dire ce qui lie ma chair et mon esprit au mystère de l’Etre. Cette contemplation bienveillante ressemble véritablement à l’attitude que l’on peut avoir avec la personne handicapée, ou la personne en état de faiblesse, à ses tout débuts ou dans ses derniers instants.

    La force de l’art est l’éloge de la faiblesse. Ceci procède d’un véritable processus d’humanisation et d’éducation, celui du renoncement à la toute-puissance de ma volonté. En effet, dans le cas de l’artiste émerveillé, l’attitude première est que je cherche à aimer le monde plutôt qu’à vouloir le changer. D’où la véritable légitimité de l’art de la représentation qui, loin d’être seulement une volonté de copier, augmente la réalité par l’expérience de l’émerveillement. Pour conclure, je remercie le mouvement de l’Écologie Humaine, de s’interroger sur les liens qui unissent art et respect de la dignité humaine, et interroge mon expérience d’artiste. Je serais heureux de servir par mon art une vision de l’homme au nom de laquelle vous agissez, et que votre mouvement puisse proposer et promouvoir une vision de l’art qui lui corresponde. Ceci demande des moyens concrets comme des lieux spécialement dévolus à l’art, comme des galeries, ou d’autres manifestations culturelles.

    François-Xavier de Boissoudy
    Peintre
    in L’Écologie Humaine
    30 mai 2013

     

     

  • L’art et la culture, ces dernières décades, ont été le champ d’expérimentation de la culture de la déconstruction la plus avant-gardiste

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    Que faisons-nous-là à être assis par terre pendant ces heures tardives, en dehors de chez nous ?

    Nous répondons à un besoin vital d’être là.

    Nous sentons bien que ces moments ne sont pas vains : le Pouvoir nous pousse aujourd'hui à choisir à nouveau tout le socle de notre civilisation : ici, ou sur d’autres places de France, nous nous donnons maintenant des maîtres à penser et à vivre libres, des ancêtres pour réapprendre la liberté, non seulement pour lutter contre l'ordre nouveau qu'impose le gouvernement, mais pour nous refonder dans la culture dont nous nous sentons les héritiers, et être à notre tour la culture vivante ; Nous veillons à un avenir respirable pour nous-mêmes et pour nos descendants.

    Je vois les veilleurs comme une école de refondation personnelle et culturelle. Nous faisons l’expérience de notre liberté gagnée face à nos peurs, face aux menaces. 

     

    Nous sommes nous-mêmes paraboles, c’est-à-dire que nous incarnons, par l’expérience que nous vivons ici, en manifestant notre espérance, notre spiritualité, une vision pour le pays ; nous sommes les symboles vivants de la culture que nous promouvons. Cette culture qui se déploie par les textes qui nous sont lus, nous la vivons.

    L’art décrit et délimite la réalité ;

    Moi qui vous parle, je viens d’un secteur qui a été le laboratoire des changements nihilistes et libertaires qui touchent aujourd’hui la sphère intime de nos vies : celui de l’art et de la culture.

    L’art et la culture, ces dernières décades, ont été le champ d’expérimentation de la culture de la déconstruction la plus avant-gardiste, que nous voyons aujourd’hui à l’œuvre sur le terrain sociétal, avec la même approche abstraite et conceptuelle que la loi à laquelle nous sommes confrontés. Déconstruction d’autant plus forte que subventionnée, autorisée, et imposée par l’Etat. L’art dit contemporain est le plus souvent proposé comme un simple moyen de résistance par l’ironie à la société de consommation, et cette tendance, quand on aborde les questions existentielles et spirituelles : se mue en tentation du vide. La recherche de l’absolu d’une société sans transcendance aboutit à la mort absolue ;

    Aujourd’hui nous sommes la preuve vivante que la description de la réalité est fausse si l’Espérance n’y figure pas ; Quelle est donc en art cette espérance ?

    Face au constat amer et mélancolique contemporain de ne percevoir que la fin de tout être, et de toute chose matérielle, l’Espérance garde précieusement la faculté d’aimer la réalité et de s’émerveiller.

    Face aux signes de la présence de l’amour, l’émerveillement est ce moment intense de réception par tout l’être, de quelque chose qui lui est radicalement étranger. Ce n’est pas de l’ordre de l’idée, de la construction intellectuelle, mais de la réalité surprenante. Quelque chose qui survient, qui n’était pas là, et qui embrasse toute votre personne et la transforme. Un phénomène vivant, qui lie l’intimité de l’être au cosmos ; la chair à l’invisible.

    Je m’efforce dans ma peinture de témoigner de ces instants où j’accueille la pleine réalité, sans intellectuellement en faire le tour. Le surgissement du sublime.

    L’émerveillement est une expérience dont l’art a à témoigner ; L’émerveillement élargit la perception  de la réalité, et l’étend jusqu’à l’infini, l’émerveillement rend l’art fécond ; l’émerveillement accepté nous rend libre, et l’expérience artistique excitante.

    Nous sommes vraiment la société de la petite flamme, celle de ce que nous avons aperçu de la vie, celle que Bernanos appelle l’esprit d’enfance.

    Aujourd’hui, nous assis, silencieux, veilleurs, par notre présence même, refondons une culture pour la vie ensemble, vécue dans les principes de la réalité, celle de la chair, fondée sur la présence invariable d’un homme et d’une femme pour donner la vie, et celle de la spiritualité de l’amour fécond, qui ne sauraient être séparés.

    François-Xavier de Boissoudy, peintre